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par Gènéthique, 08/10/2020
Vincent Lambert est mort le 11 juillet 2019, au terme d’un processus qui a conduit à « la mort intentionnelle d’une personne sur décision médicale pour cause de handicap neurologique à un stade évolué et irréversible ». Dans Vincent Lambert, une mort exemplaire ? publié aux éditions du Cerf, Emmanuel Hirsch, Professeur d’éthique médicale de l’Université Paris-Saclay, rassemble cinq années de chroniques (2014-2019). Il répond aux questions de Gènéthique.
Gènéthique : Vincent Lambert est décédé le 11 juillet 2019. Pourquoi avoir décidé de rassembler ces chroniques un an après son décès ?
Emmanuel Hirsch : Je ne pouvais qu’être attentif à ces longues années d’errance médico-légales qui ont abouti à la décision de préférer la mort de M. Vincent Lambert à la poursuite de son existence dans un environnement adapté à son état de santé. Près d’un an après, l’hommage que je lui rends dans ce livre est celui d’une réflexion éthique engagée qui me permet de reprendre pour la discuter cette chronique d’une mort médicalement décidée.
En 1995 j’ai été à l’initiative de la création de l’Espace de réflexion éthique de l’AP-HP[1], un lieu de référence de la démocratie en santé dont le modèle a été repris au plan national. Était-il surprenant que là où nous évoquions les fragilités humaines et les devoirs du soin, nous considérions indispensable de consacrer une réflexion aux personnes en situation d’extrême handicap ? C’est ainsi que se sont nouées à travers les années des relations fortes avec les proches de personnes en état de handicap neurologique comme l’était M. Vincent Lambert, ainsi qu’avec les associations et le milieu professionnel.
J’assume mes responsabilités sur le terrain en fidélité aux principes qui inspirent mon cheminement. Je n’ai pas attendu d’être universitaire pour vivre l’éthique comme un combat, pour militer dans les années sida, soutenir le développement en France des soins palliatifs, être aux côtés des parents pour que s’ouvre la première structure éducative accueillant des personnes autistes ou avec les personnes malades atteints de SLA[2] et leurs proches afin de contribuer aux avancées qu’ils rendaient possibles.
G : Vous indiquez qu’à « à ce jour, 150 unités dédiées sont fonctionnelles et assurent une mission au service de personnes en situation de handicap neurologique sévère ». Pourquoi Vincent Lambert n’a-t-il pas bénéficié des structures d’accueil dédiées aux patients dans un état semblable au sien ? Comment expliquer qu’un protocole de fin de vie lui ait été appliqué ?
EH : Ce qui pour moi demeure une énigme, c’est l’obstination à lui avoir refusé la possibilité d’être accueilli dans l’une de ces unités dédiées à l’accompagnement des personnes en « état végétatif chronique ou en état pauci-relationnel » comme le préconise un décret du 3 mai 2002. Il n’est pas anodin d’observer que deux mois après le vote de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, un texte règlementaire était spécifiquement consacré à des personnes affectées d’un handicap neurologique consécutif notamment à un traumatisme crânien ou un AVC. Car ce handicap neurologique, aussi dramatiques en soient les conséquences, n’est pas assimilé à la fin de vie. Les personnes bénéficient habituellement d’un cadre attentif à leur bien-être, à la prévention des altérations induites par leur handicap. Certaines vivent à domicile car elles ne justifient pas le besoin de dispositifs médicaux. C’est en termes de projet de vie qu’elles sont reconnues avec des droits, et que tout est mis en œuvre pour préserver une existence relationnelle, aussi ténue soit-elle.
La vie de M. Vincent Lambert a été spoliée de ses droits de manière arbitraire dès lors qu’on en a discuté et contesté la valeur et le sens. Au point de préférer l’application de la sentence d’une mort légalisée et médicalisée, à la poursuite de son existence dans un environnement humain adapté. Je cite du reste dans mon livre l’expertise du 8 septembre 2018 qui détaille ces points et évoque l’accueil habituel réservé aux personnes en état d’éveil sans conscience dans ces structures qui mobilisent auprès d’elles et de leurs proches les compétences qui ont été refusées à Vincent Lambert.
D’autres que moi, je l’espère, mèneront une investigation journalistique pour explorer un jour ce labyrinthe médico-judiciaire que je me suis efforcé de décrypter dans le livre du point de vue de critères éthiques.
G : Dans votre ouvrage, vous affirmez que « des approfondissements d’ordre ontologique, anthropologique et éthique s’imposaient, autrement que pour la forme, afin d’éclairer et d’argumenter l’approche décisionnelle ». Qu’est-ce qui, selon vous, a empêché de tels approfondissements, cantonnant l’approche aux « joutes médico-légales » que vous dénoncez ?
EH : Lorsque j’ai milité pour le développement des soins palliatifs, ce qui m’importait c’est que chacun puisse être respecté dans la plénitude de son humanité, au cours de son existence et jusqu’à sa mort. Auprès des personnes en situation de vulnérabilité humaine et sociale, notre présence témoigne d’un attachement à ce qu’elles sont et dont parfois elles doutent, au point parfois de demander la mort lorsque notre bienveillance et nos solidarités leurs sont refusées.
Il ne m’appartient pas davantage qu’à un médecin de juger ce qu’est une vie digne ou non d’être vécue, ou de m’ériger en défenseur d’une liberté qui justifierait que par délégation on puisse s’estimer légitime à refuser que vive une personne. Ce qui m’interroge à propos de M. Vincent Lambert c’est cette obstination qui est devenue la vulgate des bien pensants sans le moindre doute que son droit était de « mourir dans la dignité » alors que notre devoir était plutôt de « respecter sa vie dans sa dignité ». Je ne suis pas un obstiné de la vie, mais soucieux de la valeur inconditionnelle qui doit être reconnue à toute existence.
M. Vincent Lambert est le symbole de la vulnérabilité éprouvée dans le handicap et la maladie, le symbole d’une médecine qui réanime et ne parvient pas toujours à assumer les conséquences de ses choix.
Il a été le prisonnier d’une controverse qui portait sur l’évolution de notre législation sur la fin de vie. Le 17 juillet 2012 le président François Hollande avait en effet lancé une concertation nationale dont l’objectif était d’évoluer vers une conception de l’assistance médicalisée en fin de vie assimilable à l’euthanasie. La décision d’arrêt de l’hydratation et de la nutrition de Vincent Lambert le 10 avril 2013, reposait sur une interprétation controversée de la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie du 22 avril 2005 qui se trouvait de la sorte affaiblie. Les partisans d’une évolution législative s’en trouvaient renforcés. Si l’on ajoute que M. Vincent Lambert n’avait ni rédigé des directives anticipées ni désigné pour le représenter une personne de confiance, on comprend que les arguties judiciaires aient été amplifiées par les divergences d’opinions au sein d’une famille clivée entre droit à la mort et respect de la vie. M. Vincent Lambert est ainsi devenu un symbole idéologique et politique. Le cas juridique a pris le dessus sur les droits d’une personne en situation de handicap. Dans le livre j’égrène la multitude des argumentations, conclusions et décisions d’une rigueur formelle impressionnante
G : Comment comprendre l’intervention de l’Etat lui-même dans ce qui aura été le dernier acte de la procédure judiciaire avant la mort de Vincent Lambert ?
EH : En démocratie, l’exemplarité devrait relever de principes qui situent les droits de la personne au niveau le plus élevé de nos exigences. Nous l’avons constaté en ces temps de pandémie, l’État a souhaité préserver la vie des plus vulnérables en imposant le confinement au prix de conséquences économiques dont on découvre l’ampleur. Le parcours chaotique de M. Vincent Lambert dans les dédales médico-juridiques est exemplaire d’une déroute éthique et politique qui interroge nos valeurs de sollicitude et de solidarité.
Pour résumer, je pense que la vie de Vincent Lambert a été contestée au point d’être considérée illégale, ce qui devait aboutir à légaliser la décision de sa mort. Je résume d’une formule cet empilement de procédures et d’arrêts : la mort médicalisée de Vincent Lambert est-elle légale ou non ? M. Vincent Lambert n’était pas en fin de vie. Aucune expertise médicale ne porte du reste sur cette question, mais sur son degré de handicap et sur la réversibilité possible de son état.
Toute existence m’importe et doit être considérée dans ses valeurs, sa dignité et ses droits. Je ne suis pas partisan de la vie à n’importe quelle condition ou de l’obstination médicale déraisonnable. Mais une démocratie se doit d’être loyale et juste, tout particulièrement lorsque les fragilités humaines attendent de notre part l’affirmation que toute vie compte, qu’elle est digne de notre considération.
En juin 2019, l’État français n’a pas témoigné de cette attention en attaquant devant la Cour de cassation la décision de la Cour d’appel de Paris demandant de surseoir à la sédation terminale de M. Vincent Lambert. Cette position n’avait rien d’exemplaire, et je ne comprends toujours pas ce qu’elle souhaitait démontrer ou prouver. M. Vincent Lambert, dans sa mort même, nous interroge sur ce qu’est l’esprit de notre démocratie. C’est pourquoi j’ai estimé important de lui consacrer ce livre qui traite d’un échouement éthique et politique dont nous devrions tirer quelques leçons.
[1] www.espace-ethique.org
[2] Sclérose latérale amyotrophique
Source : genethique.org
Par Pauline Pennanec'h, Sébastien Baer, Radio France, 11/07/2020
Vincent Lambert est mort le 11 juillet 2019 au CHU de Reims, après l'interruption des soins et plus de dix ans de bataille judiciaire. Un an après, sa mère Viviane Lambert témoigne pour la première fois sur franceinfo. Elle continue à se battre en justice, mais aujourd'hui, elle est "très marquée" par la division de sa famille.
"Je ne me tairai pas, je dirai les choses jusqu'au bout, jusqu'à mon dernier souffle s'il le faut". Un an après la mort de son fils Vincent, Viviane Lambert se confie pour la première fois à franceinfo. "Profondément marquée", elle admet ne pas réussir à faire son deuil.
Il y a un an, le 11 juillet 2019, Vincent Lambert, plongé dans un état végétatif depuis 2008 après un accident de la route, s'éteignait au CHU de Reims à l'âge de 42 ans. Il est décédé une semaine après l'arrêt de ses traitements et des années d'une bataille judiciaire qui a déchiré sa famille. Son cas était devenu le symbole du débat sur la fin de vie en France. Deux camps s'opposaient : l'un dénonçait un acharnement thérapeutique, l'autre, dont les parents, opposés à l'arrêt des soins, criait au crime d'État. Le médecin de Vincent Lambert, poursuivi par les parents de Vincent Lambert pour non-assistance à personne en danger, a été relaxé. Viviane Lambert a fait appel, uniquement sur les intérêts civils. Elle l'affirme : "On a supprimé mon fils."
Un an après la mort de son fils Vincent Lambert, Viviane Lambert se confie au micro de Sébastien Baer.
franceinfo : Comment allez-vous aujourd'hui ?
Viviane Lambert : On est profondément marqués. Moi, je suis en dépression et vous savez, notre santé est tombée bien bas. Je ne me tairai pas, je dirai les choses jusqu'au bout, jusqu'à mon dernier souffle s'il le faut. Ça a été fait dans de très, très, très mauvaises conditions.
J'en rêve toutes les nuits. Ça s'est un peu apaisé, mais c'est traumatisant. En plus, on a eu des obsèques en trois jours : Vincent est décédé le 11, il a été inhumé le 13 ! On n'a même pas pu assister à sa mise en bière, et ça, c'est insupportable. C'est injuste. On nous a toujours menti, on nous a méprisés même. Donc non, on ne peut pas aller bien. Que voulez-vous ? Moi, je n'arrive pas à rentrer dans mon deuil.
Vous ne parvenez pas à accepter l'arrêt des soins ?
Non, non, non ! On a supprimé mon fils, on l'a supprimé ! Il n'était pas en fin de vie ! Il n'était pas en mort cérébrale, mon fils ! Non, jamais je n'accepterai qu'on ait tué mon enfant. Vincent n'était pas en fin de vie. Pourquoi eux prennent la décision de le supprimer ? Même s'il n'y avait pas d'amélioration, on ne jette pas les gens comme un Kleenex ! Comment se permettent-ils de prendre la décision à sa place ? Vincent était infirmier, il aurait pu laisser des directives anticipées. Il le savait. Jamais, jamais.
La mort de Vincent vous apporte-t-elle cependant un peu d'apaisement ?
Aujourd'hui, je me dis qu'il est parti dans un meilleur monde. J'ai la foi, je n'ai pas honte de le dire. On nous a assez critiqué parce qu'on avait la foi. On nous a traités d'intégristes, mais voyez, j'ai l'espérance.
Pour vous, était-il concevable que Vincent reste dans le même état des années et des années encore ?
Concevable ? On n'avait pas choisi. Vincent non plus ne l'avait pas choisi. Ça n'arrive pas qu'aux autres. Plusieurs personnes voulaient nous le prendre dans des maisons spécialisées. Vincent n'aurait pas fait un centenaire, ça aurait coûté moins cher que les journées d'hôpital. Jamais on a essayé cela. Jamais.
Votre combat a eu l'issue que l'on sait. Avec le recul, regrettez-vous qu'il ait duré aussi longtemps ?
Vous savez, on ne l'a pas voulu. On aurait préféré que ça se passe beaucoup mieux. Nous étions tous unis. Ceux qui disent qu'on n'est pas unis, qu'ils viennent, je leur montrerai nos albums de photos. Et Dieu sait qu'on en a. Et quand je relis et que je revois les photos, je me dis quel gâchis !
Nous avons l'âge que nous avons. Nous ne profitons plus de nos petits-enfants. On a acheté cette maison pour eux, avec une piscine en nous disant : quand ils viendront, ils seront contents, ils seront bien, les enfants, les petits-enfants. Si cela avait été pour nous, nous ne l'aurions pas achetée avec la piscine, cette maison. On ne voit plus notre petite-fille. Pourtant, on a toujours été présents.
Moi je suis prête à pardonner, mais pour pardonner, il faut qu'on nous demande pardon aussi. Mais je suis prête, ma porte est ouverte. Moi, je n'ai jamais coupé le fil. Je suis leur maman. Je les aime. Je souhaiterais bien, avant mon dernier voyage, les embrasser tous et être comme avant avec eux.
Source : francetvinfo.fr
par Grégor Puppinck, 08/12/2019
Quatre mois après la mort de Vincent Lambert, le docteur Sanchez et la France doivent encore répondre de leurs actes devant la justice et le Comité des droits des personnes handicapées de l'Onu. L'enjeu est de taille, car, au-delà des questions de procédure, c'est la loi française qui est jugée, en ce qu'elle permet l'euthanasie déguisée des personnes handicapées.
Deux procédures initiées avant la mort de Vincent Lambert sont encore en cours. L'une contre le Dr Sanchez, devant le tribunal correctionnel de Reims ; l'autre contre la France, auprès du Comité des droits des personnes handicapées de l'Onu. Ces procédures méritent d'être menées à leur terme, car, depuis la mort de Vincent Lambert, les témoignages d'euthanasies forcées affluent et aussi parce que les questions les plus importantes restent en suspens.
La loi Leonetti a été votée avec l'idée qu'elle ne s'appliquerait qu'aux cas désespérés, où l'alimentation et l'hydratation du patient en fin de vie ne font qu'empirer sa situation. Or, ce texte a été appliqué au-delà, à un patient qui n'était pas en fin de vie et qui ne souffrait pas d'être alimenté. Il a été mis en œuvre dans un but euthanasique ; et les instances françaises l'ont accepté.
À ce jour, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) ne s'est pas prononcée sur ce point. Elle s'est contentée de détourner le regard au motif qu'il n'y aurait pas de consensus sur cette question en Europe. Elle tolère ainsi une pratique qualifiée d'homicide volontaire par certains États membres… Étonnamment, la CEDH a omis de mentionner le texte international de référence : la Convention relative aux droits des personnes handicapées, qui interdit pourtant aux États « tout refus discriminatoire de fournir des soins ou services médicaux ou des aliments ou des liquides en raison d'un handicap ». Bien que la France ait ratifié ce texte, aucun juge ne l'a appliqué à ce jour. C'est pourquoi les parents Lambert ont saisi le Comité pour les droits des personnes handicapées, afin qu'il constate que la France a manqué à son obligation et qu'il confirme, comme précédemment, que « le droit à la vie est absolu et que la prise de décisions substitutive quant à l'arrêt ou la suspension d'un traitement essentiel au maintien de la vie n'est pas compatible avec ce droit » (2011).
L'ONU interdit la maltraitance et les traitements inhumains ou dégradants.
Il faut le dire, les conditions de la mort de Vincent Lambert ont été particulièrement pénibles. Selon l'avocat des parents, il a passé « neuf jours à suffoquer, à râler, à gémir, tout en ouvrant les yeux. Il est mort seul, comme on n'accepterait pas que meure un chien » . Cette agonie était prévisible, car c'est ainsi que l'on meurt de soif. Elle fut déjà dénoncée, en 2015, devant la CEDH, qui est si prompte, habituellement, à condamner de tels traitements inhumains. Mais, ici encore, cette Cour détourna le regard et s'abstint de tout jugement. Elle déclara, de façon scandaleuse, que les parents ne pouvaient pas invoquer au bénéfice de leur fils l'interdiction des traitements inhumains et dégradants. Circulez, il n'y a rien à voir…
Maintenant, c'est devant le tribunal correctionnel et le Comité des nations unies que le Dr Sanchez et le gouvernement devront répondre de cette mort indigne. Car, sur ce point comme sur d'autres, le texte de la Convention de l'Onu prohibe l'action des autorités françaises. Il interdit la maltraitance et les traitements inhumains ou dégradants et fait obligation aux États de fournir « aux personnes handicapées les services de santé dont celles-ci ont besoin en raison spécifiquement de leur handicap » . Or, Vincent Lambert était privé, depuis 2015, des soins ordinaires dont bénéficient pourtant toutes les personnes dans son état, tels que la kinésithérapie.
Ces instances devraient aussi se prononcer sur l'enfermement “sous clé” de ce patient dans une unité de soins palliatifs inadaptée à son état, ainsi que sur le refus de le transférer dans un établissement spécialisé où il aurait été traité dignement.
Le Comité de l'Onu a demandé à la France, à trois reprises, de ne pas laisser mourir Vincent Lambert. En vain. Le gouvernement prétendait ne pas avoir l'obligation de respecter ces demandes. La Cour de cassation a réussi le tour de force de casser l'arrêt de la cour d'appel de Paris, qui les déclarait obligatoires, tout en évitant de se prononcer sur leur portée juridique ! Quant à la CEDH, elle botta en touche, une fois encore, au plus vite. C'est ainsi que M. Lambert put être sédaté jusqu'à ce que mort s'ensuive, en violation de la demande de l'Onu. Sur ce point, il ne fait guère de doute que la France sera condamnée par l'Onu. Dans l'immédiat, c'est au tribunal correctionnel de se prononcer. Comme l'a reconnu le procureur de la République, à l'audience du 26 novembre, si les mesures provisoires sont obligatoires, alors le Dr Sanchez a effectivement commis un délit.
Bien sûr, le gouvernement invoque, tant qu'il peut, des arguments de procédure pour échapper au jugement de l'Onu, car l'enjeu de l'affaire est de taille. Il doit non seulement répondre des mauvais traitements et de la mort infligés à Vincent Lambert, mais c'est aussi la loi française qui sera jugée, en ce qu'elle permet l'euthanasie déguisée des personnes handicapées.
Source : valeursactuelles.com
par Guillaume de Thieulloy, 30/07/2019
Voici quelques jours, Vincent Lambert est mort, victime d’un acharnement médical et judiciaire sans doute inouï dans nos annales.
Comme on le sait, ce jeune homme était profondément handicapé du fait d’un accident de la route et se trouvait dans un état que l’on qualifie médicalement de «pauci-relationnel» – ce qui ne veut pas dire sans conscience (il se réveillait et s’endormait ; il réagissait à sa manière aux remarques de son entourage ; et il a notamment pleuré lors des adieux que lui ont faits ses parents qui venaient d’apprendre la décision judiciaire qui devait mettre fin à sa vie).
Sa femme, Rachel, voulait sa mort ; ses parents, Pierre et Viviane, s’y opposaient.
C’est donc d’abord un drame familial. Dans lequel il ne fallait surtout pas introduire l’État. Ce «monstre froid», comme disait Nietzsche, a déployé une logique mortifère terrifiante.
Pendant sept ans, les décisions médicales et judiciaires ont succédé aux décisions médicales et judiciaires. Jusqu’à ce qu’enfin, le résultat voulu depuis le début soit obtenu: l’application sans état d’âme de la loi Claeys-Léonetti, c’est-à-dire la condamnation à mort par déshydratation.
On sait qu’il s’agit d’une mort horrible. François Lambert, qui n’était rien pour Vincent, étant le fils d’un demi-frère, mais que l’on vit sur tous les plateaux télé pour porter la parole du lobby euthanasique, a, paraît-il, poussé le cynisme jusqu’à enregistrer les râles d’agonie de l’infortuné handicapé pour faire avancer la cause de l’euthanasie légalisée – et donc, probablement, faire condamner le docteur Sanchez pour avoir fait mourir son patient dans d’atroces souffrances.
Ce qui est certain, c’est que «l’affaire Lambert» nous a fait entrer dans une nouvelle ère.
Pour la première fois, l’État français a manifesté que sa mission n’était nullement de protéger les plus vulnérables, mais d’éliminer les «improductifs».
Le député LREM (ancien PS) Jean-Louis Touraine a annoncé son intention de faire avancer la légalisation de l’euthanasie.
Ce qui me fait irrésistiblement penser à une conversation déjà ancienne avec une religieuse responsable d’une importante clinique de soins palliatifs et qui, après des décennies de ce terrible et magnifique service, m’avait dit : Je ne connais pas un seul patient qui ait réellement envie d’être « piqué » ; ce souhait parfois exprimé n’est généralement que le souhait de ne plus être à charge pour ses proches ou de ne pas mourir seul, comme un chien.
Bien que Vincent Lambert ne fût pas en fin de vie, mais simplement handicapé profond, il est donc – par la volonté acharnée de l’État – mort comme un chien –, alors même que ses parents avaient proposé de le prendre chez eux, pour qu’il ne soit pas à la charge de la société.
Au nom de la dignité humaine, on a refusé à une personne humaine innocente le droit de vivre. Cette affaire crée un précédent tragique – car tous, comme nourrissons, vieillards, ou malades, il nous est arrivé ou nous arrivera de ne pouvoir nous alimenter seuls. Il ne s’agit pas de soins médicaux – qui relèveraient éventuellement de l’acharnement thérapeutique –, mais d’un besoin fondamental de tout être humain.
L’État français a piétiné les vœux de parents pour assassiner un innocent – lui qui se gargarise de propager dans le monde entier son opposition à la peine de mort.
Souhaitons que ce crime d’État réveille les consciences et qu’à l’avenir, la peine de mort soit réservée aux assassins!
Source : les4verites.com
par Jean-Marie Le Méné, 11/07/2019, extraits
En persistant dans la décision d'arrêt de l'hydratation et de l'alimentation de Vincent Lambert, malgré les injonctions de l'ONU, la France a pris une décision logique, estime Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune : l'inverse aurait supposé de “consacrer le droit à la vie comme une liberté à 'valeur suprême'”, et donc de remettre en cause les lois Veil et Leonetti.
La France vit de ses idées mortes qui impactent le droit et la médecine. Tuer Vincent Lambert était un devoir. Comme l'a écrit le procureur général près la Cour de cassation dans son avis, «consacrer le droit à la vie comme une liberté à “valeur suprême” aurait aussi pour conséquence immédiate la remise en question de
la loi dite Leonetti 'en faveur' des malades et des personnes enfin de vie ou encore celle relative à l'interruption volontaire de grossesse». La phrase est, au sens propre, renversante mais elle est explicite.Ce n'est plus l'avortement et l'euthanasie qui portent atteinte au respect de la vie humaine. C'est le respect de la vie humaine qui menace l'avortement et l'euthanasie. Faire respecter la vie des personnes fragiles devient une exception au droit de les faire mourir qui devient la règle. Le droit n'est plus au service de la justice, mais la justice au service du droit. Triomphe du droit et défaite de la justice. Quarante-cinq ans après la loi Veil qui permet de tuer des enfants handicapés jusqu'au jour de leur naissance, la loi Leonetti permet de tuer des adultes handicapés avant même les jours de leur vieillesse. (...)
Dans la hiérarchie des normes, les lois mortifères ont de fait acquis une valeur quasiment supra légale. (...) Le droit intègre la vision trans-humaniste moderne dans laquelle la vie humaine n'est qu'un matériau à gérer parmi d'autres au sein du grand bouillonnement du vivant.
Ce n'est plus l'avortement et l'euthanasie qui portent atteinte au respect de la vie humaine. C'est le respect de la vie humaine qui menace l'avortement et l'euthanasie.
Ce déshumanisme véhiculé par l'avortement et par l'euthanasie empoisonne peu à peu la médecine hippocratique.
Même empoisonnement sémantique pour maintenir comme valeur suprême le débat apaisé. Interruption de grossesse au lieu d'avortement. Interruption des traitements au lieu d'euthanasie. Comme si la grossesse ou les traitements pouvaient reprendre, comme s'il fallait adoucir les mots pour adoucir la chose, comme s'il fallait nier la mort pour sauver celui qui l'inflige.
Même empoisonnement chimique pour conduire à l'issue fatale. Déshydratation provoquée
suivie d'insuffisance rénale, d'accumulation de potassium dans le sang, d'arrêt cardiaque pour Vincent Lambert. Injection de chlorure de potassium dans le cordon ombilical ou dans le cœur de l'enfant handicapé destiné à l'avortement tardif. La mort par défaillance des fonctions vitales est moins suspecte que le coup de grâce.
Même empoisonnement des consciences anesthésiées. Sédation profonde et continue pour Vincent Lambert. Analgésie fœtale en cas d'avortement. Pour donner l'illusion que la médecine ne trahit pas sa vocation seconde de combattre la douleur alors même qu'elle trahit sa vocation première de ne pas nuire au patient.
Même empoisonnement des sentiments puisque, dans les deux cas, il s'agit d'accorder une mort miséricordieuse à des semblables dont la vie ne mérite plus d'être vécue aux yeux du monde.
Même empoisonnement des spécialités qui incluent la mort du patient dans la trousse du médecin. La démographie catastrophique de la gynécologie entraîne un transfert des responsabilités abortives sur les sages-femmes, beaucoup de médecins ne voulant plus s'en charger.
Demain, la gériatrie confrontée à l'accroissement du nombre des personnes âgées et dépendantes, atteintes de diverses démences séniles, isolées, sans famille, connaîtra le même sort. La décision d'euthanasie laissée au seul médecin par la loi Leonetti fera exploser cette discipline entre ceux qui prennent soin et ceux qui acceptent de tuer. Dans ce secteur aussi, beaucoup de médecins ne se résoudront pas à “ débrancher ” leurs patients et on déléguera la tâche aux infirmières.
L'incompréhensible position de la Conférence des évêques de France
Enfin, il est difficile de ne pas regretter la position de la Conférence des évêques de France qui explique qu'elle est “contre” l'euthanasie mais “pour” la loi Leonetti, comme elle avait expliqué en son temps qu'elle était “contre” l'avortement mais “pour” la loi Veil. Comment les gens peuvent-ils s'y retrouver ?
En cherchant sans doute à bien faire, elle estime Vincent Lambert victime d'une mauvaise application de la loi Leonetti. C'est tout le contraire qui s'est passé, la loi a été bien appliquée, comme n'a cessé de le proclamer son auteur lui-même et comme les surabondantes décisions judiciaires en témoignent.
Le rédacteur de ces lignes, à travers la Fondation Jérôme-Lejeune, a créé la plus importante consultation médicale d'Europe dédiée aux personnes handicapées mentales. Il observe avec inquiétude le vieillissement accéléré de cette population et la faiblesse croissante de la prise en charge publique. De même qu'il sait par
expérience que les enfants handicapés ont été les premières victimes de l'avortement, il a de bonnes raisons de redouter que les adultes handicapés vieillissants ne soient les premières victimes de l'euthanasie.
Jean-Marie Le Méné, Président de la Fondation Jérôme Lejeune
Source : Valeurs Actuelles
par Sami RICHA, Comité Consultatif National Libanais d'Ethique, 25/07/2019
La récente mort dans des conditions tragiques de Vincent Lambert, après un feuilleton insolite et inédit que le monde entier a vu et entendu avec une stupéfaction qui n’avait d’égale que l’horreur à laquelle on assistait, nous interroge sur le sens contemporain de la vie et de la mort.
Fallait-il tant d’instances juridiques, médiatiques et médicales pour rappeler qu’alimenter et hydrater un patient en état de conscience limitée, quel qu’en soit le degré et quelle que soit la capacité de communication de l’intéressé, est une obligation de soins qui s’impose à tout médecin ?
Malgré cela, les traitements par hydratation et nutrition artificiels ont été arrêtés à la demande de la Cour de cassation en France.
Quel gâchis et surtout quelle souffrance cela devait-il générer chez un patient même aux capacités pauci-relationnelles !
Que le juridique s’immisce dans le débat quand il y a un tel litige, on peut le comprendre. Que les parents et l’épouse se disputent par médias interposés sur la valeur ou non de la vie de leur fils, on peut l’admettre. Mais qu’à aucun moment l’autorité médicale, principale concernée, ne puisse se prévaloir de son rôle et s’acquitter de sa mission de décision, voilà une première dans le monde médical, pourtant si enclin à défendre constamment son territoire.
Par ailleurs, on peut comprendre le malaise qu’on ait devant la mort, cette interminable suite de la vie.
La mort qu’on abhorre, qu’on craint et qu’on maudit. La mort que personne ne pourra jamais vaincre et qui triomphe toujours. La mort, seul cours que même les médecins ont toujours occulté de donner dans une faculté de médecine ! C’est cette mort-là, avec tout ce qu’elle charrie de passion et de flamme de vie, qui nous interroge.
La mort de Vincent Lambert aura au moins rendu un seul service, celui de désacraliser le débat sur la mort. Ce n’est plus désormais l’Église et les religions qui s’insurgent contre la mort donnée cette fois-ci, mais bel et bien le Français moyen, la personne lambda, même les anticléricaux et tant d’autres qui n’acceptent pas cette mise à mort finalement décidée par les autorités de l’État !
Car à partir de ce moment, l’on peut raisonnablement craindre de mettre à mort tous les cas de grand handicap.
Enfin, il est indéniable de penser de rappeler la valeur du mot « dignité humaine », trop souvent reprise dans le débat. Que n’a-t-on entendu « vie indigne d’être vécue », « vie amputée de sa dignité » ?
Toutes ces considérations sont fausses et surannées. Aucune vie, de quelque nature qu’elle soit et quelle qu’en soit l’issue, n’est indigne d’être vécue. Il est temps de se rendre compte qu’à partir du moment où on utilise la valeur du mot dignité pour le relativiser, l’on va tomber dans la tourmente du seuil à partir duquel on chiffrera vulgairement cette dignité. Et là, toutes les dérives seront possibles. La vie humaine, de son début à sa fin, ne peut faire l’objet de classification.
Malheureusement, il aura fallu encore la mort d’un homme pour nous rappeler ces vérités sur la vie pourtant si sages à être admises.
Dr Sami Richa
Membre du Comité consultatif national libanais d’éthique
Source : lorientlejour.com
#Vincent Lambert meurt peu à peu, tué par des pouvoirs inhumains. Aumônier d'hôpital j'ai vu des fins sublimes. Celle -ci est un martyre.
— Bernard Ginoux (@mgrginoux) 8 juillet 2019
#Vincent Lambert. Rien ne justifie la mort qui vient peu à peu.C'est un meurtre programmé sur ordre d'un médecin. La barbarie en marche...
— Bernard Ginoux (@mgrginoux) 5 juillet 2019
par Anne-Laure d'Artigues, 18/07/2019
Une semaine après la mort de Vincent Lambert survenue le 11 juillet au CHU de Reims, Maître Jean Paillot, l’un des avocats des parents du défunt, a accepté de revenir sur cette « affaire ».
Aujourd'hui, quel est votre état d'esprit ?
J’éprouve des sentiments partagés. Un sentiment de grande frustration, car justice n’a pas été rendue. Un certain nombre de faits, majeurs, ont été systématiquement occultés, à cause d’une expertise judiciaire qui a été très mal menée, le tribunal administratif de Chalons (et particulièrement son président) restant sourd aux explications de nos médecins de la filière EVC/EPR (filière médicale prenant en charge les personnes en état de conscience altérée : états pauci-relationnels ou états végétatifs chroniques, ndlr). Ainsi, le tribunal puis le Conseil d’État ont cru pouvoir justifier une décision d’arrêt de traitement en s’appuyant sur un état végétatif chronique de monsieur Lambert, alors que cet état était en soi extrêmement discutable, et alors que cet état, qui constitue un handicap, ne devrait pas suffire à justifier, au plan médical, un arrêt de traitement.
Un sentiment d’injustice profond ensuite, car un recours suspensif est encore devant un comité de l’ONU. Mais le gouvernement, avec toute la puissance de l’appareil d’État, a décidé de ne pas en tenir compte et de mettre fin à la vie de Vincent pour des raisons qui n’étaient pas d’ordre médical mais qui étaient d’ordre politique, avec la complicité des juridictions administratives et de la cour de cassation. Cette capacité à nier le droit, venant du gouvernement, est en réalité extrêmement inquiétante, et d’autant plus s’agissant d’une personne d’une particulière vulnérabilité.
Enfin je ressens un sentiment de gâchis, parce que le problème réel résultant de la situation de Vincent n’a en fait pas été traité.
Quand avez-vous su que le combat était terminé ?
Nous l’avons compris samedi 6 juillet au soir. Au début de la semaine, l’alimentation de Vincent a été arrêtée, son hydratation réduite. Un dernier recours devant le tribunal administratif de Chalons, le mercredi 3 juillet, n’a rien donné, le tribunal refusant de fixer audience et rejetant lapidairement nos demandes sans tenir compte de nos arguments. La semaine d’avant, la cour de cassation avait considéré les juridictions civiles comme incompétentes pour statuer sur une demande de contrainte de l’administration. Cette compétence relevait donc des juridictions administratives. Mais le tribunal saisi a refusé de fixer audience. C’est un déni de justice patent.
Pensez-vous que « le cas Vincent Lambert » était un prétexte, un pas en avant vers l'euthanasie ? Pensez-vous qu'il y a eu une instrumentalisation ?
Cette instrumentalisation est évidente. Elle est arrivée en cours de procédure, elle ne l’était sans doute pas au début. En 2014, le Conseil d’État a dramatiquement décidé d’étendre la loi Leonetti à toute personne, et pas seulement aux personnes malades ou en fin de vie. Je suis convaincu que certains, au Conseil d’État, se sont dit qu’il valait mieux sacrifier Vincent et préserver la loi Leonetti, à l’époque où la question d’une légalisation de l’euthanasie était déjà sur la table. Et d’autres se sont dit qu’obtenir la mort de Vincent était déjà un moyen détourné de mettre en œuvre des euthanasies sans en dire le nom. Ainsi, partisans et adversaires de l’euthanasie se retrouvaient pour mettre fin à la vie de Vincent, peu importe sa situation particulière et concrète. Il a été complètement instrumentalisé et tout argument avancé en sa faveur (je pense notamment à la remarquable étude du CCNE et à la non moins remarquable opinion de l’Académie de Médecine, qui considéraient qu’il n’y avait pas, dans sa situation, obstination déraisonnable) a été systématiquement rejeté.
La chose a été encore plus évidente en 2018 et en 2019. Le tribunal administratif de Chalons avait une opinion arrêtée depuis le début et n’a eu de cesse d’expédier au plus vite l’expertise puis la procédure devant le tribunal. La situation était tellement ahurissante que nous avons décidé de récuser le tribunal (en vain, évidemment). Imaginez-vous que Vincent, pendant toute cette procédure d’expertise, n’a en réalité été vu par les experts que pendant une heure et demi ? Imaginez-vous que ces experts n’ont même pas procédé à une nouvelle IRM, se contentant de rediscuter celle de 2014 ? Quel travail correct peut être réalisé ainsi ?
Le Conseil d’État a tout fait pour que sa décision de 2014 ne puisse être remise en cause. La Cour européenne en a fait de même : ne pas donner l’impression qu’on se soit trompé la première fois, quitte à ne pas écouter la deuxième fois.
Dans quel état d'esprit sont les parents de Vincent, aujourd'hui ?
Ils sont tristes, naturellement. Ils le sont d’autant plus qu’ils voyaient Vincent tous les jours et qu’ils voyaient bien que cette décision est totalement injustifiée. Leur tristesse est cependant portée par leur foi. Ils savent Vincent tout près du bon Dieu. Vincent est à sa façon une figure christique, victime d’un procès injuste, ayant côtoyé Judas, le Grand-prêtre, Ponce-Pilate, mais aussi Simon de Cyrène et les saintes femmes. Cela n’a pas empêché la foule imbécile de l’invectiver et de le condamner. Son agonie aura duré neuf jours et il y aura beaucoup à dire sur la façon dont sa sédation a été réalisée.
Étiez-vous aux funérailles de Vincent à Saint-Dagobert ? Comment s'est déroulée la cérémonie ?
Nous étions quatre, deux médecins-conseils et deux avocats, à avoir discrètement attendu la fin des obsèques et de l’enterrement de Vincent, qui ont eu lieu dans l’intimité d’une famille éclatée, pour rejoindre nos clients. Ils avaient besoin d’être entourés. Nous sommes retournés ensemble dans l’église saint-Dagobert pour prier à l’unisson pour Vincent, puis nous nous sommes rendus au cimetière pour un dernier moment de recueillement. Moments forts et émouvants, que nous gardons pour nous.
Et maintenant ?
Vincent est enterré. Mais « l’affaire » ne s’arrête pas. Il va maintenant falloir tirer les enseignements de cette tragédie. Elle n’est pas à la gloire de la loi Leonetti, dont on découvre aujourd’hui tout le fiel qu’elle recèle, quant au processus décisionnel qui n’est pas adapté, quant à l’absence de définition des notions de traitement et de soin, quant au manque de nuance dans l’affirmation du caractère de traitement de l’alimentation et de l’hydratation entérales, quant à son applicabilité aux personnes handicapées sans comorbidité. Je crains que beaucoup, qui voyaient cette loi comme un point d’équilibre, ne doivent désormais constater qu’elle a en réalité ouvert la voie à des euthanasies par omission ; avant peut-être de devoir accepter des euthanasies par action. Il y a comme la découverte d’une supercherie. Et elle est très préoccupante.
Anne-Laure d'Artigues
Source : famillechretienne.fr
L’affaire a parfaitement illustré le progressisme mou des médias
par Ingrid Riocreux, Agrégée de lettres modernes, spécialiste de grammaire, rhétorique et stylistique, chercheur associé à l'Université Paris IV. 15/07/2019
Le traitement fait par les journaux de la mort de Vincent Lambert est emblématique du progressisme mou de nos médias. Illustrations de leur petites hypocrisies.
L’affaire Vincent Lambert aura parfaitement illustré le progressisme mou des médias d’autorité.
Depuis des mois, nos journalistes avaient choisi leur camp, celui des bons, de ceux, donc qui voulaient « laisser partir Vincent », doux euphémisme qui évitait de prononcer le mot qui fâche. Que ledit Vincent ne fût pas mourant importait peu; on laissait planer des doutes, des confusions. Recevait-il des « soins » ? On parlait de « traitements ». Jusqu’au bout, on a savamment fait alterner dans le discours médiatique « arrêt des soins » et « arrêt des traitements », comme s’il s’agissait de deux expressions équivalentes. La seconde est pourtant spécifiquement médicale; elle suppose une démarche thérapeutique et donne l’impression que, ne pouvant obtenir la guérison du patient, on renonce à combattre son mal; ce qui ne correspondait pas à la situation de Vincent Lambert.
On posait la question de savoir s’il fallait « débrancher Vincent Lambert », qui n’était pourtant relié à aucune machine. Les guillemets dans ce titre sont très hypocrites, puisqu’ils empêchent d’affirmer que le journaliste assume pleinement le mot qui, de fait, est inadéquat : REIMS : LES MEDECINS VEULENT "DEBRANCHER" VINCENT, SES PARENTS S'Y OPPOSENT
Il est vrai que cette expression est de plus en plus métaphorique. A peine Vincent Lambert avait-il rendu l’âme qu’on se demandait s’il fallait « débrancher François de Rugy » !
Mais le décès de ce patient a rebattu les cartes. Soudain, le journalistes se sont désolidarisés des partisans de la mise à mort de Vincent Lambert. Deux catégories de personnes ont affirmé qu’il était mort dans des conditions horribles.
1. Bien entendu, les gens qui souhaitaient son maintien en vie et affirmaient depuis des mois que sa mort serait une agonie atroce.
"Laisser Vincent Lambert mourir de faim et de soif, c'est condamné un innocent!"
Notons que ce point de vue était présenté comme une propagande de fanatiques, tant par les partisans de l’euthanasie que par les médias.
2. Et les militants de l’euthanasie dite active, par injection létale. Jean-Luc Romero l’affirme : « ces neuf jours de sédation posent problème ».
Ils avaient obtenu la mort de Vincent Lambert et voilà qu’ils le plaignaient : c’était, disaient-ils, une longue et atroce agonie au long de laquelle nul ne pouvait être certain que le mourant ne souffrît pas.
On aura ainsi entendu le neveu du défunt, François Lambert, affirmer :
"IL AURA SOUFFERT JUSQU’AU BOUT; ENFIN, SON CORPS AURA SOUFFERT JUSQU’AU BOUT, C’EST UNE ÉVIDENCE. AU NIVEAU DE LA CONSCIENCE, ON ESPÈRE QU’IL N’EN AVAIT AUCUNE MAIS ON NE PEUT PAS ÊTRE SÛR À 100%"
Quant aux médias, ils ont parfaitement incarné ce qui caractérise leur discours : ce progressisme mou qu’on leur connaît bien et qui leur donne l’impression d’accompagner en toute neutralité la marche du progrès, voire de l’observer simplement, idée hautement paradoxale, et même fallacieuse puisqu’elle suppose que cette marche du progrès est un phénomène objectif. Sur toutes les chaînes, les explications données par les journalistes concernant « le processus de fin de vie » insistaient sur une idée :
Mort de Vincent Lambert : sous sédation profonde, il n'a pas souffert
Le juste milieu naïf de nos médias, en mode « dormez tranquilles braves gens », est toujours un victoire pour les lobbys qui savent avancer stratégiquement leurs pions. Bientôt viendront les reportages sur l’atroce agonie des Vincent Lambert qu’on « débranche ». Chaque chose en son temps.
Source : causeur.fr
par Gènéthique, 11/07/2019
Vincent Lambert est mort. La nouvelle est tombée ce matin. Ces derniers jours, la question s’imposait au saut du lit : est-il encore vivant ? Malgré la détermination de ses parents, de ceux qui l’entouraient, rien n’a pu sauver cet homme vivant, grand handicapé, qu’aucune machine ne maintenait en vie ; cet homme qui tournait la tête quand on l’appelait, qui vivait sous clé dans un hôpital et qu’un médecin a fini par laisser mourir de faim sous sédation, pour épargner aux vivants, le spectacle d’une trop cruelle agonie.
Qu’avait-il fait pour mériter une mort qu’avec l’abolition de la peine capitale, on se défend d’éviter aux plus terribles de nos criminels ? La maladie, la fragilité, la vulnérabilité sont-ils devenu des délits ?
Quels que soient les arguments des avocats, l’acharnement qui a été mis, contre toute raison, à débouter les recours, à annihiler la justice, laisse interdit. Jusqu’à ce que le gouvernement lui-même se dévoile en saisissant la Cour de cassation contre la Cour d’appel de Paris, faisant fi de ses propres engagements, de son propre droit, de ses propres lois.
L’heure est désormais à la peine. Finalement une peine d’Etat puisque la France, dans cet acte posé contre les demandes suspensives du Comité international des droits des personnes handicapées de l’ONU, abdique des droits de l’homme. Elle sait qu’elle sera condamnée, mais n’en a cure.
Vincent Lambert n’est qu’une étape. Emblématique certes, mais une étape. Avec sa mort, nous revenons aux heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité avec un mélange d’insouciance et de déraison. Eugénisme, euthanasie, les mots qui fâchent, qu’on brandit désormais comme des trophées, des victoires, les enveloppant d’une liberté vidée de son sens, d’une volonté devenue folle. Si la valeur d’un homme ne se mesure plus qu’à son capital d’utilité et non plus d’humanité, la pente douce ne sera que plus violente. Qu’allons-nous devenir ?
Source : genethique.org
1- Depuis le 10 mai, date de l’annonce de ta mise à mort, Vincent, nous nous sommes battus sans relâche, jour et nuit, avec mon frère d’armes Jean PAILLOT. Depuis deux mois jour pour jour.
Le 20 mai, l’œuvre de mort avait commencé. Le soir même, trois hauts magistrats ont sauvé l’honneur de la justice et ont exigé que soit respecté le recours suspensif dont tu bénéficies devant le Comité des droits des personnes handicapées. Notre joie ce soir-là n’était pas nous mais pour toi. Elle était pure.
C’en était trop. Les assassins nous ont conspué. Cet arrêt de vie a été cassé en urgence le 28 juin. L’essentiel était sauf : 4 jours plus tard, ton médecin mettait en œuvre son plan de mort.
Toute la semaine dernière encore, nous avons multiplié d’ultimes recours pour faire respecter ton bon droit. Tous rejetés.
Vendredi dernier à Reims, nous avons jeté nos dernières forces dans une ultime bataille. En vain.
Mais jusqu’au bout, nous aurons été tes avocats.
2- Maintenant, tu le sais, nous ne pouvons plus rien faire. Nous n’avons plus de recours. Et les atteintes qu’ils t’ont causées par la déshydratation sont désormais irréversibles. Tu es en train de mourir. Privé de l’alimentation et de l’hydratation due à tout être humain.
Et comme la souffrance provoquée est abominable, le législateur assassin impose une sédation profonde assimilable à une anesthésie générale.
Mais ton médecin ne respecte même pas cette loi. Ton supplice dure. Tu ne bénéficies pas d’une sédation profonde.
Selon les moments, tu es paisible ou tu gémis, tu râles et tu suffoques. Tu ouvres régulièrement les yeux.
3- Cette mise à mort léonéthique est insupportable et abominable, y compris, ils l’ont avoué, pour ceux qui se sont battus pour qu’elle intervienne.
Maintenant c'est la fin. Ce soir, tu sembles paisible. Viviane, Pierre, David et Anne sont auprès de toi en ce moment même, fidèles jusqu’au bout. Nous sommes tous auprès de toi ce soir.
4- Vincent, tu dois mourir au nom de la loi !
Tout cela avec la complicité de la majorité des médias dominants dont certains se sont laissé aller à titrer « Vincent Lambert : enfin la fin » !
Le procureur général Mollins avait réclamé de casser le magnifique arrêt de vie de la Cour d’appel de Paris avec un aveu terrifiant : « si vous érigez la vie en valeur suprême, c’en est fini de la loi Leonetti et de la loi Veil ». Il y aura de fortes leçons à en tirer. La vie n’est donc pas une valeur suprême. Et ton handicap lourd autorise toutes les transgressions.
Aujourd’hui, ils sautent tous comme des cabris : rédigez vos directives anticipées pour éviter une nouvelle affaire Lambert. Ils continuent à nous mentir. Car cela fait 5 ans que le Conseil d’Etat a décidé quelle était ta prétendue volonté sans que tu aies rédigé de directives anticipées. Ils n’en ont pas besoin.
Ceux qui les réclament veulent en réalité vos directives demandant la mort.
5- Une abominable boîte de Pandore vient de s’ouvrir. Après toi Vincent, à qui le tour des 1.700 autres Vincent qui semblent tant les encombrer ? Et après ? Ce sera le diminué, l’infirme, l’alzheimer, le dément, finalement l’improductif.
Et une loi sur l’euthanasie par injection létale sera votée. On commencera par ceux qui le demandent pour un jour finir par ceux qui ne demandent rien.
Elle concernera, je cite, « des patients considérés comme incurables, sur la base du jugement humain, après évaluation soigneuse de leur situation, pour leur accorder une mort miséricordieuse ». Fin de citation. Il ne s’agit pas là d’une proposition de loi française mais de l’ordre secret signé le 1er septembre 1939 par Adolf Hitler confiant à Philipp Boulher et au Docteur Carl Brandt l’exécution du programme Aktion T4 d’élimination des handicapés mentaux. Il y a tout juste 80 ans.
Les leçons de l’histoire n’ont donc pas été assez fortes. La propension nietzschéenne de l’homme à vouloir se débarrasser des plus faibles depuis l’origine de Sparte n’a jamais disparu.
Et puisqu’on conspue certains d’entre nous pour notre foi, comment ne pas rappeler que c’est un catholique, certainement un intégriste, Mgr VON GALEN, qui l’a chèrement payé, qui s’est élevé seul contre ce programme d’élimination lorsqu’il apparaîtra aux yeux de tous à l’été 1941. Voici le sermon qu’il prononçât le 3 août 1941 et qui mit fin à ce programme d’euthanasie des personnes handicapées mentales :
" Nous devons nous attendre à ce que les pauvres patients sans défense soient, tôt ou tard, tués. Pourquoi? (…) ces malheureux patients doivent mourir, (…) parce que par le jugement d’un certain organisme officiel, sur la décision d’un certain comité, ils sont devenus « indignes de vivre, » parce qu’ils sont classés en tant que « membres improductifs de la communauté nationale ».
Ici il s’agit d’hommes et des femmes, nos prochains, nos frères et sœurs ! De pauvres êtres humains, des êtres humains malades. Ils sont improductifs, si vous voulez… Mais cela signifie-t-il qu’ils ont perdu le droit de vivre?
Malheur à nous tous, car nous deviendrons vieux et séniles !
Aucun homme ne sera en sûreté : n’importe quelle commission pourra le mettre sur la liste des personnes « improductives », qui dans leur jugement sont devenues « indignes de vivre ». Et il n’y aura aucune police pour le protéger lui, aucun tribunal pour venger son meurtre et pour amener ses meurtriers à la justice. Qui pourra alors avoir une quelconque confiance dans un médecin ?
On ne peut s’imaginer, la dépravation morale, la méfiance universelle qui s’étendra au coeur même de la famille, si cette doctrine terrible est tolérée, admise et mise en pratique.
Malheur aux hommes, quand le saint commandement de Dieu : « Tu ne tueras pas ! » que le seigneur a donné au Sinaï dans le tonnerre et les éclairs, que Dieu notre créateur a écrit dans la conscience de l’homme au commencement, si ce commandement n’est pas simplement violé mais sa violation est tolérée et exercée impunément ! "
Ce texte semble avoir été écrit pour toi Vincent. Ce cri résonne à travers le temps et personne ne veut l’entendre. Mais il fera reculer même Hitler.
6- Ils sont aujourd’hui tous en embuscade. Le narcissique maître d’œuvre judiciaire et médiatique qui prétendait uniquement mettre fin à un acharnement thérapeutique n’aura pas attendu ta mort pour réclamer le droit à l’injection létale.
Le maître d’œuvre politique de l’euthanasie n’a pas eu la décence d’attendre la mort de Vincent pour inviter hier ses honorables collègues à écouter une causerie sur « l’affaire Vincent Lambert » le 19 juillet prochain.
Tu n’es pour eux qu’un symbole et un moyen pour faire avancer leur combat euthanasique : regardez comme la mort lente provoquée est abominable, c’est un fait. Ils vont désormais pouvoir pousser sur la seringue.
7- Ils ont essayé de te tuer mon pauvre Vincent. Pendant 6 longues années.
9 fois nous avons réclamé de la justice que tu sois transféré dans une unité spécialisée où on prendrait soin de toi.
9 fois des juges nous l’ont refusé.
Des juges ont désigné et confirmé quatre fois comme tutrice celle qui se bat pour ta mort.
Tu as été placé pendant six années sous main de justice. Pour être bien certain que tu resterais à portée de décision.
Enfermé à clé dans une chambre dans un service de soins palliatifs dirigé par un gériatre. Surveillé par un babyphone. Allongé sur son lit à regarder le plafond de ta chambre. Toi dont la kinésithérapie quotidienne a été supprimée en octobre 2012 quand il a été décidé de commencer pour toi un chemin de mise en fin de vie.
Toi qui a été privé de tout fauteuil adapté permettant de sortir te promener, pour te permettre de respirer le grand air, d’entendre le chant des oiseaux, de sentir le vent sur ta peau et de respirer l’odeur de l’herbe fraîche coupée au printemps.
Pour ne pas donner raison à ceux qui te défendaient, plusieurs des juridictions saisies ont fait régresser le droit qui aurait du te bénéficier en inventant de nouvelles règles.
On est allé jusqu’à chercher des experts judiciaires à qui il a été demandé de t’évaluer en violation des règles de l’art, en 1h30 d’examen quand toute la littérature médicale et scientifique exige qu’une telle évaluation ait lieu sur une durée d’un mois pour tenir compte de ton état fluctuant.
Mais ces mêmes experts se sont révoltés. Ils ont écrit que tu n’étais pas en situation obstination déraisonnable. Si ! Ont décidé des juges en gravant leur décision dans le marbre dont on fait les caveaux : il est en obstination déraisonnable ont-ils décrété du haut de leur imperium depuis des sépulcres dorés à l’or fin.
Ta situation n’appelle aucune mesure d’urgence ont écrit les experts. Si ! Il est urgent de le tuer ont ils tous dit ! L’Etat et son gouvernement. Il nous est impossible d’attendre l’examen du recours devant le CDPH ! Nous y répondrons plus tard mais quand Vincent sera mort ! Et des juges ont décidé qu’il fallait de toute urgence casser l’arrêt qui avait fait respecter un recours suspensif de droit international.
Mes amis, comment ne pas être saisis d’effroi d’être ainsi à la merci d’un Etat dénaturé dont la fonction est de protéger les plus faibles et les plus vulnérables d’entre les siens ?
Qui préfère tenter désespérément de sauver la vie en Irak de djihadistes qui ont répandu le sang et le malheur et qui s’acharne à la mort d’un enfant de France dans un de ses hôpitaux ?
Comment ne pas être saisis d’effroi d’être ainsi à la merci de médecins dénaturés et de juges qui disent l’inverse des expertises qu’ils ont eux-mêmes sollicitées ?
Que ceux qui ont des yeux voient.
Que ceux qui ont des oreilles entendent.
8- Contre l’antique jugement de Salomon, c’est par un crime d’Etat qu’un homme léonéthiquement mort sera remis à sa femme et à sa mère pour la satisfaction de l’une et le désespoir de l’autre.
Au temps maudit de la peine de mort, la loi obligeait les magistrats à venir assister à l’exécution de ceux dont ils avaient réclamé la mort et scellé le sort.
Assumez maintenant charnellement vos décisions de papier. Venez assister à l’agonie que vous avez permise et décidée. La place sera certes comptée dans sa chambre où l’on ne sait pas encore qui, des membres de la famille qui ont défendu sa vie, ou de ceux qui se sont acharné judiciairement, médiatiquement et médicalement contre lui, auront la possibilité de tenir ta main au moment ultime.
Hier, les vôtres faisaient couler le sang des condamnés au petit matin dans les cours froides des prisons et aux fossés des villes.
Aujourd’hui, vous faites couler à terre l’eau que vous refusez à un être humain.
Tu n’auras pas droit au dernier verre du condamné. C’est même cette eau que l’on ne refuse à personne que l’on t’aura enlevé contre toutes les lois de l’humanité.
En attendant, que vous le vouliez ou non, vous serez tous présents pour assister à cette agonie, avec vos costumes bien mis, vos robes noires ou couleur de sang, vos hermines immaculées, vos maroquins, vos blouses blanches et vos serments parjurés.
Vous avez tous pleuré sur Notre-Dame mais vous êtes les mêmes qui avez permis de tuer un de ses fils.
9- Vincent, je ne peux pas te laisser mourir, sans rappeler la cohorte de ceux qui t’ont précédé, martyrs de l’utilitarisme et de la productivité d’une société robotisée et déshumanisée.
Terry SCHIAVO, ta grande sœur américaine.
Eluana ENGLARO, ta grande sœur italienne.
Mortes toutes deux au terme d’une abominable agonie provoquée.
Hervé PIERRA, mort parcouru d’atroces convulsions en six jours d’une abominable agonie privé d’eau et de nourriture, premier cobaye de la loi LEONETTI en 2005.
Et tes petits frères et sœur mineurs, Alfie EVANS, Charlie GARD en Grande Bretagne et Inès AFIRI en France, morts en violation de la volonté de leurs parents, malgré leurs objurgations, malgré des propositions d’accueil dans d’autres hôpitaux, morts sur ordonnance avec la validation de la Cour européenne dite des droits de l’homme.
C’est le médecin seul qui décide si et quand, y compris pour les enfants mineurs. C’est LEONETTI qui l’a dit.
Comme une épée de Damoclès posée sur le cœur de chaque parent de France.
10- Vincent, comme tous ceux qui t’ont défendu, je me suis donné corps et âme pour toi, comme un grand frère tente de protéger son petit frère contre ceux qui le persécutent.
Je vois encore ton regard étonné le 11 mai 2013 quand nous sommes entrés dans ta chambre alors que tu venais de recevoir une solution de glucose après 31 jours de dénutrition pour te faire mourir.
Je vois encore ton regard étonné quand ta maman t’a fait goûter de la nourriture que tu as avalée sans difficulté pour la première fois depuis des années.
Je te vois tourner la tête vers ta maman qui t’appelle.
Je vois encore ton regard suppliant et tes pleurs du 19 mai quand tu avais appris que tu allais mourir.
Des pleurs réflexes disent tes assassins. Mais réflexe à quoi ?
Les mêmes pleurs que ta maman essuyait en mai 2013 quand tu sentais ta fin proche.
Comme le dit ta maman, Vincent, tu n’avais pourtant besoin que de trois choses : de la nourriture, de l’eau, et beaucoup d’amour.
Des maisons d’accueil spécialisées voulaient t’en donner et on te l’a refusé.
Tu ne peux plus recevoir ce soir de nous que notre trop plein d’amour.
On nous a conspués parce que nous étions pour beaucoup croyants.
Faut-il que nous nous en justifions ?
Car nous l’avons tous lu : « j’avais faim et vous m’avez donné à manger. J’avais soif et vous m’avez donné à boire. Et tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Quelles que soient les croyances ou les non-croyances de tous ceux qui t’ont défendu, voilà la loi qui renferme toute notre humanité.
11- Car nous nous sommes battus au nom des lois de l’humanité, pour toi, petit frère persécuté.
Antigone a affronté Créon pour la sépulture d’un frère mort.
Mais nous, nous nous serons battus pour ton droit d’être traité en frère vivant.
Vincent, nous aurions tant voulu te sauver de la barbarie.
Pardon de n’avoir pas réussi à te défendre jusqu’au bout contre la méchanceté des bien portant et des tous puissants.
Pardon de n’avoir pas réussi à sécher tes larmes.
Le combat était trop inégal. Goliath l’a emporté.
Mais nous avons la conscience en paix.
Vincent tu ne mourras pas en vain.
La petite graine de sénevé est minuscule ; mais la moisson sera grande.
Toute l’amitié, tout l’amour, le dévouement, les prières, le combat que tu auras suscités, pour toi, pour les autres, pour nous, pour notre civilisation. Rien de cela n'est perdu.
Je sais que tu prieras pour nous tous mais aussi pour tous ceux qui se sont acharnés sur toi.
Ce soir, nous sommes malheureux mais nous avons le cœur en paix. Qu’en sera-t-il d’eux ?
Ce soir, nous sommes malheureux. Mais nous avons au cœur la petite fille Espérance.
Tout est bientôt consommé.
Petit frère persécuté, le supplice qu’ils t’imposent ainsi qu’à ta chère famille va bientôt prendre fin.
Tous les martyrs qui t’ont précédé, Terry, Eluana, Hervé, Inès, Charlie, Alfie, t’attendent pour te faire cortège et t’emmener vers la Lumière.
Nous ne t’oublierons pas.
Adieu mon petit frère persécuté.
Adieu Vincent.
10 juillet 2019
Source : lagrif.fr
Vincent est mort, tué par raison d’État et par un médecin qui a renoncé à son serment d’Hippocrate.
Cette cathédrale d’humanité qui brûlait depuis une semaine sous nos yeux impuissants s’est effondrée. Il n’aura été tenu aucun compte de la dignité de cet homme handicapé, condamné parce que handicapé.
Car la première dignité, c’est le respect de la vie d’une personne.
C’est un peu de notre humanité à tous qui s’en est allée aujourd’hui, tant cette faute ignoble qui ébranle les fondements de notre droit et de notre civilisation rejaillit sur nous tous.
L’heure est au deuil et au recueillement.
Il est aussi à la méditation de ce crime d’État.
Nous ne ferons aucune autre déclaration.
Jean PAILLOT, avocat Jérôme TRIOMPHE, avocat
11 juillet 2019
Source : lagrif.fr
par Jeanne Smits, 11/07/2019
Vincent Lambert est mort ce matin. Ses parents, Viviane et Pierre, ses frère et sœur David et Anne, ses avocats Jérôme Triomphe et Jean Paillot ont gagné pour lui six années de vie à force de courage et d’amour. Six précieuses années dont nous n’apprendrons la valeur surnaturelle que dans l’au-delà : pour lui, pour son salut, pour les proches qui l’ont défendu, pour les plus petits, pour la justice, et même pour l’humanité. Six années qui ont valeur d’éternité.
Six années qui ont permis de porter sur la place publique la réalité de la barbarie où la France s’est enfoncée, dès lors qu’elle a accepté que des médecins tuent délibérément l’innocent. L’affaire Vincent Lambert a commencé le jour de l’adoption de la loi Giscard-Chirac-Veil, le 17 janvier 1975.
François Mollins, le Procureur général qui a plaidé pour la mort de Vincent Lambert devant la Cour de cassation, le 24 juin dernier, a dit cela en une formule lapidaire et terriblement exacte dans sa concision :
« Eriger la vie en valeur suprême serait remettre en cause la loi Leonetti et le droit à l’IVG. »
C’est parce que la France (ou ceux qui la gouvernement) ne veut pas rompre avec la barbarie qu’elle s’est acharnée à faire mourir Vincent Lambert. Son euthanasie (car c’en est une) n’ouvre pas les digues, elle les élargit, elle facilitera la marche vers l’euthanasie sans ambiguïté – ou pas… Car il est au fond plus confortable d’avoir une loi qui autorise l’euthanasie déguisée au nom de la prétendue « autonomie » du patient là où des médecins rechignent encore à pousser la seringue.
Le décès de Vincent Lambert a rendu visible comme jamais la logique de la culture de mort qui recherche la mort (et son compagnon, le refus de la vie), pour elle-même, comme « solution » aux souffrances et aux difficultés des hommes. Il en a révélé toute la cruauté, habituellement camouflée sous les oripeaux de la fausse empathie.
Que de souvenirs…
Je me rappelle le premier article que j’ai consacré à Vincent, sans révéler son nom. Viviane Lambert venait d’apprendre que son fils était privé de nourriture et d’une grande partie de son hydratation en vue de le faire mourir, et elle cherchait qui pouvait défendre sa vie.
C’était dans Présent du 2 mai 2013. J’écrivais :
« Cela se passe aujourd’hui et maintenant, quelque part en France, en pleine légalité et par application de la loi Leonetti. Un jeune homme – appelons-le Hervé – dans le coma depuis plusieurs années après avoir été victime d’un accident de la route, a fait l’objet d’une décision d’“arrêt de soins”. Non pas des soins d’acharnement, d’interventions lourdes et pénibles. Non : on lui a supprimé la nourriture, et réduit de manière drastique la quantité de liquide administrée. De 3 litres en 24 heures, son hydratation a été ramenée à quelque 100 ml sur la même période. [En fait, ai-je appris plus tard, Vincent recevait 500 ml par jour.]
« Il n’y a qu’une issue possible, c’est l’issue recherchée : la mort.
« En France, aujourd’hui, alors qu’on fait mine de débattre autour de l’euthanasie, le corps médical peut décider de faire mourir un malade de faim et de soif, et les proches n’y peuvent rien. Ils ne peuvent que le regarder partir, la mort dans l’âme, bouleversés de voir que cette mort est voulue et organisée pour elle-même. C’est la définition de l’euthanasie. “Euthanasie par omission”, en l’occurrence. Mais euthanasie quand même. »
Je me rappelle que les Lambert, à force de chercher, ont trouvé pour les défendre devant la justice Jérôme Triomphe. Je souviens de son travail acharné. Il est arrivé à temps pour sauver la vie de leur fils. Vous connaissez la suite…
Il y a eu beaucoup de raisonnements, d’interprétations de la loi, de péripéties médicales et judiciaires, mais au cœur de tout cela, il y a toujours eu la volonté de Vincent Lambert, ou plutôt celle qui lui était prêtée.
Pourquoi ? Parce que la loi Leonetti de 2005, et celle de 2016 qui a fini par emporter sa vie, posent deux principes.
Le premier, c’est que le médecin est en droit (voire en devoir) de faire mourir un patient dans un état de handicap profond mais qui n’est pas en fin de vie, en s’abstenant de lui apporter des soins ordinaires : la nourriture, selon la loi de 2005, la nourriture et toute l’hydratation selon la loi de 2016.
Le deuxième, plus clairement affirmé dans Leonetti 2, reconnaît au patient le droit de refuser ce type de soins afin de pouvoir mourir de la privation de nourriture et d’hydratation si tel est son désir, affirmé de vive voix ou exprimé d’avance dans des directives anticipées.
Je me souviens qu’à l’époque de la première tentative de mise à mort de Vincent je bouillais, comme je l’avais fait neuf ans plus tôt, devant l’incroyable refus de l’immense majorité des bien-pensants – même catholiques – de comprendre que la loi Leonetti appliquée à Vincent Lambert sous le regard des médias était, a toujours été une loi d’euthanasie. Je l’avais écrit dès 2004, avec l’impression de hurler face à un mur.
Mais ce fut toujours la même rengaine, et elle persiste : la loi Leonetti est une bonne loi. Et l’affaire Lambert en était au mieux une application dévoyée.
Il y a eu au début des voix discordantes : mon chère confrère Yves Daoudal, d'emblée ; Mgr Vingt-Trois et le grand rabbin de Paris qui publièrent une excellente réflexion sur le thème « tu ne tueras pas » (mais c'était en 2007), et quelques autres, si je me souviens bien, au sein Conférence des évêques de France.
L'affaire Lambert devait par la suite provoquer l'admirable mobilisation que nous avons connue : Viviane et Pierre Lambert n'étaient plus seuls, ils ont été entourés d'avocats, de grands spécialistes, d'associations comme l'AGRIF et la Fondation Jérôme-Lejeune, l'ECLJ, des journalistes, des écrivains, des gens d'Eglise, et puis ces milliers de gens qui ont compris la gravité de ce qui se jouait dans une chambre d'hôpital à Reims. Tout cela n'aura pas été vain.
Il faudra revenir sur cette introduction subreptice de l’euthanasie – euthanasie lente mais euthanasie quand même – dans la loi française.
La singulière cruauté de la procédure appliquée à Vincent Lambert, qui n’a pas reçu une sédation profonde contrairement aux dispositions de la loi, et que ses proches ont vu gémir, pleurer, étouffer pendant les premiers jours de son jeûne abominablement contraint, va certainement ouvrir les vannes d’un nouveau débat en faveur de la légalisation de l’euthanasie pure et dure.
Que Vincent repose en paix, que ses parents et ses proches obtiennent du Ciel un regain de force et beaucoup de consolations.
Et que justice soit faite aussi. « J’avais soif et tu ne m’as pas donné à boire… » Pour la France l’heure n’est pas au deuil, et encore moins au soulagement, mais à l’examen de conscience.
Source : leblogdejeannesmits.blogspot.com
En ce triste jour, je prie pour le repos éternel de l’âme de Vincent Lambert, mort en martyr, victime de la folie effrayante des hommes de notre temps. Je prie pour sa famille et en particulier pour ses parents, si courageux, si dignes. N’ayons pas peur. Dieu veille. +RS pic.twitter.com/T9wyVlRjHt
— Cardinal R. Sarah (@Card_R_Sarah) 11 juillet 2019
Vincent Lambert est mort ce matin à 8h24.
par Vatican News, 10/07/2019
Vincent Lambert est mourant. Les soins, l'alimentation et l'hydratation ont été arrêtés le 2 juillet. Sur Twitter, le Pape François a affirmé qu'une société était humaine si elle protégeait chaque vie, sans choisir qui était digne ou non de la vivre.
Le Pape a publié aujourd'hui un nouveau tweet sur le compte @Pontifex en neuf langues: « Prions pour les malades abandonnés et qu'on laisse mourir. Une société est humaine si elle protège la vie, chaque vie, de son commencement à sa fin naturelle, sans choisir qui est digne ou non de vivre. Les médecins devraient servir la vie, et non l'ôter».
Ce nouveau tweet du Pape paraît alors que Vincent Lambert meurt de faim et de soif. L'infirmier français de 42 ans, dans un état végétatif ou de conscience minimale après un accident de la route en 2008, est hospitalisé au CHU de Reims. Le 2 juillet dernier, les médecins ont de nouveau suspendu l'approvisionnement en nourriture son l'hydratation après une longue bataille juridique qui a pris, au fil du temps, une dimension internationale.
Paris rejette la demande de l'ONU
La France a finalement décidé de ne pas tenir compte de l'appel du Comité de l'ONU pour les droits des personnes handicapées, qui avait demandé un délai de six mois pour examiner l'affaire.
La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées - ratifiée par Paris, mais non contraignante pour le gouvernement français - stipule en effet dans son article 25 la nécessité de «prendre toutes les mesures appropriées pour leur assurer l’accès à des services de santé (...), y compris des services de réadaptation» et «empêchant tout refus discriminatoire de fournir des soins ou services médicaux ou des aliments ou des liquides en raison d’un handicap».
Une douleur non respectée
Les parents de Vincent accusent: ils tuent une personne handicapée qui n'est pas mourante. C'est un cas d'euthanasie. Or, l'euthanasie est interdite en France. La douleur des parents, qui assistent à la mort programmée de leur fils, est rendue d'autant plus amère par les critiques, ou les insultes, de la part de certains secteurs qui disqualifient leur chagrin en les traitant de «catholiques intégristes».
Ne pas céder pas à la culture du déchet
Le 20 mai dernier, lorsque les médecins avaient commencé à interrompre l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert, avant de les rétablir suite à la décision de la Cour d'appel, le Pape avait tweeté: «Prions pour ceux qui vivent dans un état de grave infirmité. Protégeons toujours la vie, don de Dieu, du commencement à sa fin naturelle. Ne cédons pas à la culture du déchet».
Chaque patient doit être traité avec un grand respect pour la vie
L'année dernière, François avait lancé deux appels publics en faveur de Vincent Lambert, citant explicitement son nom, un cas rare pour des appels pontificaux de ce type. Le Pape avait fait le rapprochement avec l'affaire du petit Alfie Evans. Le 15 avril 2018, à l'occasion de la prière du Regina Coeli, il disait: «Je confie à votre prière les personnes, comme Vincent Lambert, en France, le petit Alfie Evans, en Angleterre, et d'autres dans différents pays, qui vivent, parfois longtemps, dans un état de grave infirmité, médicalement assistés pour leurs besoins essentiels. Ce sont des situations délicates, très douloureuses et complexes. Nous prions pour que chaque patient soit toujours respecté dans sa dignité et traité d'une manière adaptée à son état, avec la contribution concertée des membres de sa famille, des médecins et des autres personnels de santé, dans le plus grand respect de la vie».
Dieu est le seul maître de la vie
Trois jours plus tard, à l'issue de l'audience générale du 18 avril 2018, le Pape lançait un nouvel appel: «J'attire encore une fois votre attention sur Vincent Lambert et le petit Alfie Evans, et je voudrais réitérer et confirmer fortement que Dieu est le seul maître de la vie, de son commencement à sa fin naturelle ! Et notre devoir est de tout faire pour protéger la vie».
Une défaite pour tous
Dans le sillage de ses prédécesseurs, le Pape François a toujours eu des paroles claires sur le respect de la vie à 360 degrés. Le 5 juin dernier, adressant ses pensées et ses prières à Noa Pothoven, la jeune Néerlandaise de dix-sept ans qui a choisi de mourir accompagnée de médecins spécialisés pour son suicide assisté, déclarait dans un autre tweet: «L'euthanasie et le suicide assisté sont une défaite pour tous. La réponse à laquelle nous sommes appelés est de ne jamais abandonner ceux qui souffrent, de ne pas se rendre, mais de prendre soin et d'aimer pour redonner espoir».
Le Saint-Siège: nourrir et hydrater une personne malade est un devoir incontournable
Rappelons aussi la déclaration conjointe à ce sujet, préparée par le Cardinal Kevin Farrell, Préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, et par Monseigneur Vincenzo Paglia, Président de l'Académie Pontificale pour la Vie, dans laquelle ils soulignent «la grave violation de la dignité de la personne, que l'interruption de l'alimentation et de l'hydratation implique», contestant la décision des médecins de Reims qui qualifiaient d'obstination "irrationnelle" la volonté de garder Vincent en vie: «L'état végétatif, en effet, est assurément un état pathologique grave, qui ne compromet en rien la dignité des personnes qui se trouvent dans ces conditions, ni leurs droits fondamentaux à la vie et aux soins, entendus comme la continuité de l'assistance humanitaire fondamentale. L'alimentation et l'hydratation constituent une forme de soins essentiels toujours proportionnés au maintien en vie : nourrir une personne malade n'est jamais une forme d'obstination thérapeutique déraisonnable, tant que le corps de la personne est capable d'absorber une alimentation et une hydratation, sauf si cela provoque une souffrance intolérable ou nuisible pour le patient. La suspension de ces traitements représente plutôt une forme d'abandon du patient, fondée sur un jugement impitoyable sur sa qualité de vie. C'est l'expression d'une culture du déchet qui sélectionne les personnes les plus fragiles et sans défense, sans en reconnaître le caractère unique et la valeur immense. La continuité de l'assistance est un devoir incontournable».
Source : vaticannews.va
par Paris Notre-Dame, 09/07/2019
La douloureuse affaire Vincent Lambert met en lumière une question : la fragilité est-elle compatible avec nos sociétés performantes, avec le bonheur que l’homme recherche ? Les réponses de Philippe de Lachapelle, directeur de l’Office chrétien des personnes handicapées.
Paris Notre-Dame : L’affaire Vincent Lambert déchire une famille depuis dix ans, et, plus largement, la société dans son ensemble. Que révèle-t-elle selon vous ?
Philippe de Lachapelle – Je ne commenterai pas la division douloureuse de cette famille ni cette affaire complexe, sauf à dire que je ne comprends pas pourquoi cet homme de 42 ans n’a jamais été installé dans une unité spécialisée.
Que nous dit Vincent Lambert dans son extrême vulnérabilité ? Il vient toucher une grande question : qu’est-ce que la personne humaine ? Qu’est-ce qui fait sa dignité ? Les gens dans sa situation questionnent notre XXIe siècle, particulièrement travaillé par la fragilité. La violence des réactions sur ces sujets concernant la fin de vie et l’éthique le prouve. L’extrême vulnérabilité est ressentie de manière variable dans nos coeurs et dans nos têtes : chacun met ce qu’il veut dans ces mots, il y a une dimension personnelle et subjective. Mais personne n’y est indifférent car elle renvoie inévitablement à nos propres fragilités dans un système économique, politique et social qui fonctionne essentiellement à la performance. Le débat actuel, qui n’est pas le dernier, n’est donc pas seulement extérieur à nous-mêmes. Demain, à la suite d’un accident, d’une maladie, d’un événement personnel, nous pourrions tous être Vincent Lambert.
P. N.-D. – Quelle place la fragilité tient-elle dans notre société, sommes-nous tolérants avec elle ?
P. L. – Nous sommes encore très intolérants à la fragilité dans les leviers managériaux, économiques et même philosophiques de notre société. La manière dont sont traités les personnes âgées et le personnel qui les accompagne dans beaucoup d’établissements est, par exemple, scandaleuse. Parallèlement, il faut reconnaître que depuis 2005, les efforts faits par l’État en termes d’inclusion des personnes handicapées sont en progrès. Mais on peut faire mieux encore. Dans nos systèmes de management, on ne sait toujours pas comment accompagner ni « se servir » de la fragilité du handicap. Il ne s’agit pas de faire de l’inclusion à marche forcée mais plutôt en expérimentant : on peut organiser des tests en entreprise, ce n’est pas si compliqué et c’est gagnant-gagnant. Il est prouvé qu’ac¬cueillir des personnes, même moins performantes, dans une organisation, rend cette dernière plus performante grâce au climat de solidarité et à l’esprit de gratuité instaurés.
P. N.-D. – La vulnérabilité physique ou psychique n’est pourtant pas souhaitable. Est-elle compatible avec le bonheur ?
P. L. – Le handicap psychique ou physique est un mal en soi. Il est violent pour la personne qui le porte. Il peut être excluant, même éliminant dans certains cas d’avortement, par exemple, ou de décisions d’arrêt de soins. Mais à l’inverse, en se rassemblant autour de ces personnes, on ouvre des voies de bonheur collectif. Plus on avancera dans notre société post-moderne, plus on se retrouvera face à ces questions que va poser, par exemple, le transhumanisme. On voudrait absolument résoudre la question de la fragilité humaine mais n’oublions pas que cette dernière est justement le lieu de la rencontre et d’un combat commun. La fragilité fait partie de notre humanité. Si on cherche à la remplacer par la performance grâce à la science, on ira dans le mur.
Propos recueillis par Laurence Faure
Source : paris.catholique.fr
Par Le Figaro, 08/07/2019
Le collectif «Je soutiens Vincent» Lambert, opposé à l'arrêt des traitements de ce tétraplégique en état végétatif depuis plus de dix ans, a annoncé à l'AFP l'annulation du rassemblement prévu ce lundi à 16H00 à Paris.
Ce rassemblement, qui devait avoir lieu place Saint-Pierre à Montmartre, était programmé pour dénoncer «l'assassinat en cours» de Vincent Lambert. Les avocats des parents Lambert avaient déclaré un peu plus tôt à l'AFP qu'ils n'y participeraient finalement pas.
Source : lefigaro.fr
par Bénédicte Lutaud, 08/07/2019
La situation de santé du patient a «évolué», donc un nouveau recours «n'aurait plus de sens», confie au Figaro Me Paillot, avocat des époux Lambert.
«La mort de Vincent (Lambert) est désormais inéluctable» et «si nous ne l'acceptons pas, nous ne pouvons que nous résigner», ont déclaré lundi ses parents dans une lettre ouverte communiquée à l'AFP par leur avocat.
«Cette fois, c'est terminé. Nos avocats ont multiplié ces derniers jours encore les recours et mené d'ultimes actions pour faire respecter le recours suspensif devant l'ONU qui bénéficiait à Vincent. En vain», écrivent dans ce courrier Viviane et Pierre Lambert ainsi que la sœur de Vincent, Anne Lambert, et son demi-frère David Philippon.
Vendredi 5 juillet, les parents de Vincent Lambert avaient déposé plainte contre le Dr Vincent Sanchez pour «tentative d'homicide involontaire», confirme ce lundi l'un de leur deux avocats, Me Jean Paillot. Cette plainte n'est pas retirée mais depuis vendredi «la situation de santé» de Vincent Lambert a évolué, révèle-t-il au Figaro. «Des complications résultent de sa sédation, affirme Me Paillot. Dès lors, remettre en route l'alimentation et l'hydratation amènerait Vincent à se retrouver dans une situation d'obstination déraisonnable».
«Un recours n’aurait plus de sens au regard des dispositions de la loi Leonetti», poursuit Me Paillot, qui estime toutefois que Vincent Lambert «meurt aujourd'hui d'une application de la loi Leonetti qui ne lui était pas destinée.» La plainte pénale déposée vendredi «était destinée à appeler une dernière fois au secours : vendredi, Vincent était encore susceptible d'être sauvé», ajoute l'avocat. «Un jour, on fera les comptes. Mais aujourd'hui est venu le temps du recueillement. Ses parents accompagnent Vincent dans ses derniers moments», insiste le conseil de Pierre et Viviane Lambert, qui appelle à la «dignité» et à la hauteur de vue.»
Le médecin de Vincent Lambert, hospitalisé au CHU de Reims après un accident de voiture en 2008, avait engagé mardi un nouvel arrêt des traitements, effectif depuis mercredi soir. Cette décision a été rendue possible le 28 juin par la Cour de cassation. Le protocole médical prévoit notamment l'arrêt de l'hydratation et de la nutrition par sonde du patient ainsi qu'une «sédation profonde et continue».
«La mort de Vincent est désormais inéluctable. Elle lui a été imposée à lui comme à nous. Si nous ne l'acceptons pas, nous ne pouvons que nous résigner dans la douleur, l'incompréhension, mais aussi dans l'espérance», ajoutent Pierre et Viviane Lambert, fervents catholiques. «Nous voulions tous vous remercier de votre amitié, de votre amour, de votre soutien, de vos prières pendant toutes ces années. Il n'y a plus rien à faire sinon prier et accompagner notre cher Vincent, dans la dignité et le recueillement. Vous êtes avec nous tous par la pensée et la prière auprès de Vincent», déclarent-ils.
L'épouse de Vincent Lambert, Rachel, ainsi que six de ses frères et sœurs et son neveu François plaident à l'inverse depuis des années contre tout «acharnement thérapeutique» et pour laisser mourir cet homme devenu le symbole du débat sur la fin de vie en France. Dimanche, le père de Vincent Lambert avait dénoncé, en arrivant au CHU, «l'assassinat» en cours de son fils. Le collectif «Je soutiens Vincent», également opposé à l'arrêt des traitements, a annoncé à l'AFP l'annulation du rassemblement prévu lundi après-midi. Les avocats des parents Lambert avaient déclaré un peu plus tôt à l'AFP qu'ils n'y participeraient finalement pas.
Source : lefigaro.fr
Euthanasie ? Non, meurtre, assassinat parce que prémédité. Et en sont responsable les auteurs (et d'abord les auteurs de la loi Leonetti et Leonetti-Claeys) les exécuteurs, les instigateurs... Et TOUS CEUX QUI L’ONT LAISSÉ faire !
Devant le crime, qui se tait est complice.
Et chacun, selon le pouvoir que Dieu lui a donné, devait, DOIT agir, même quand on est à la dernière heure.
Je ne veux pas que l'Eglise de France, le peuple de France, la France soit responsable, ou considérée comme telle, d'un crime collectif qui initie un nouveau genre de crime contre l'humanité : le racisme anti-faibles !
Oui, c 'est un crime. Ce n'est même pas une euthanasie - qui serait encore légalement interdite en France.
Vincent Lambert, selon l'expertise demandée par le tribunal lui-même (mais dont ensuite il n'a tenu aucun compte !),
Au mépris de tous ces avis : on le tue. C'est clair. Il ne s'agit plus d'un acte médical mais d’un meurtre prémédité accompli par un médecin parjure de son serment, et par des hommes de loi qui jugent sous pression - ce qui n'est plus un acte de jugement.
Mais, de toute façon, c’est selon l'éthique que l'histoire jugera. Tu savais, mais tu as laissé faire !
On t'a appelé à la rescousse. Mais tu t'es tu. Et tu as empêché d'autres de parler.
"J'avais faim... j'avais soif... j'étais en prison... Allez loin de Moi, au feu éternel, maudits"
Qui révèle l'intention meurtrière de la loi Leonetti I et II ?
Le législateur Leonetti lui-même se démasque en déclarant que l'assassinat de Vincent Lambert n'en est pas un, au vu de sa loi.
Le procureur de la Cour de Cassation, François Molins, n'a pas hésité à en faire une idole : « "Reconnaître le droit à la vie comme valeur suprême dans l’échelle des droits de l’homme aurait pour effet de remettre en cause les lois Leonetti ou relatives à l’IVG" (selon le journaliste du Figaro, Stéphane Kovacs). Nous y sommes.
Tuer Vincent Lambert, ce n'est pas arrêter ses traitements. Il n'en avait pas. C'est lui introduire maintenant un "traitement" sédatif pour que mort s’ensuive. Donc le tuer et le tuer dans les affres de ce genre de "traitement".
C'est un acte positif de meurtre.
"L'intention est de soulager et n'est pas de tuer" -nous chantait-on pour essayer de nous faire acquiescer à l’usage souvent superflu de sédatifs... Même si la mort s'ensuit plus vite...
Mais ici, l'intention est de tuer ! C'est explicitement dit.
On met en fin de vie un homme qui n'était pas en fin de vie.
D'ailleurs, parler de fin de vie à propos de la mort, c'est oublier tout aspect spirituel de l'homme. C'est signer qu'on est plus bas que la pire barbarie ! dans celle qui réduit l'homme à un objet sans âme et la vie au travail.
"L'homme est travail" disait Marx.
Voilà que ce monde capitaliste est devenu marxiste en pratique. Cela fait seulement 34 ans que je l'avais écrit.
Eglise de France ! C'est l'heure du courage : sors de ta léthargie et montre-toi digne des martyrs d'Orient.
Prie ! Et parle, agis, résiste !
"Messire Dieu, premier servi" !
A signer d'urgence et à partager largement :
Monsieur le Président, sauvez Vincent Lambert !
par Jacques Bichot 07/07/2019 573 2
Pour maintenir un patient dans un service qui n'est pas adapté à son cas représente 2 500 euros par jour, soit plus de 900 000 euros par an.
Les plus hautes juridictions françaises ont prononcé l’arrêt de mort de Vincent Lambert. Cette condamnation d’un homme qui n’est coupable que d’être viscéralement attaché à sa survie, après un accident qui l’a rendu pauci-relationnel, c’est-à-dire incapable de parler, a fait l’objet d’un nombre impressionnant d’articles mais, curieusement, aucun – à ma connaissance – n’a procédé à une analyse économique de cette situation et des actions qu’elle a suscité. Il me semble nécessaire de combler cette lacune, parce que l’amour et la haine, l’altruisme et l’égoïsme, le choix entre la vie et la mort, ont une composante économique, comme tout ce qui est humain.
Une situation économiquement irrationnelle
Vincent Lambert est dans un état pauci-relationnel depuis un accident de voiture arrivé début 2008. Incapable de s’exprimer, et de se nourrir par lui-même, il survit fort bien moyennant une alimentation et une hydratation par tubage et quelques soins de kinés ou d’infirmiers, notamment pour éviter les escarres. Il n’est manifestement pas en fin de vie ; il a même résisté à un arrêt prolongé de son alimentation qui aurait fait passer de vie à trépas plus d’un homme en bonne santé ! Son maintien depuis plus de dix ans dans une unité de soins palliatifs, service médical destiné à adoucir les derniers moments de personnes dont la mort doit selon toute vraisemblance survenir à brève échéance, est un non-sens non seulement médical, mais aussi économique : dans de tels services, le prix de journée est parait-il d’environ 5 000 € par jour, alors que les établissements spécialisés dans le traitement des grands handicapés pratiquent des tarifs deux fois moins élevés.
Voici donc une première aberration économique, qui en dit long sur la gestion de notre système de santé : on gaspille 2 500 € par jour, soit plus de 900 000 € par an, pour maintenir un patient dans un service qui n’est pas adapté à son cas. En dix ans, cela représente un gaspillage de 9 millions d’euros. Il semblerait que la prise en charge de ces dépenses ne soit pas le fait de la sécurité sociale, mais d’une assurance privée : peu importe, un gaspillage est toujours un gaspillage, quelque chose de malsain pour l’économie. Si la mauvaise gestion de certains services publics fait dépenser des sommes extravagantes à des assurances complémentaires, celles-ci sont obligées de pratiquer des tarifs plus élevés, et des millions de personnes physiques et morales en supportent les conséquences.
Autres dimensions du gaspillage
Ce gaspillage n’est pas la seule conséquence de l’erreur d’orientation dont est victime Vincent Lambert et, par ricochet, sa famille. Dans un établissement adapté, il aurait reçu le type de soins que réclament ses parents, susceptibles de le ramener progressivement à l’usage de certaines de ses facultés. Vincent, à ce qu’en disent les media, est capable de déglutir, et il respire naturellement : c’est un point de départ intéressant pour, progressivement, lui redonner l’usage de certaines de ses facultés. Mais cela ne correspond pas aux compétences d’un service conçu spécifiquement pour limiter, et le cas échéant abréger, les souffrances de personnes dont les chances de survie sont nulles.
Placer une personne dont le pronostic vital à long terme est excellent dans un service dont la compétence et la vocation sont de prodiguer des soins palliatifs lui ôte quasiment toute chance de retour à une vie, sinon normale, du moins plus proche de ce que chacun estime être une existence acceptable. Vincent Lambert a donc été injustement privé d’une chance d’amélioration de son état. Mais il n’est pas le seul à être lésé par les dysfonctionnements de nos systèmes hospitalier et judiciaires : les dégâts collatéraux sont considérables. Ils concernent d’abord les proches de la victime : une famille divisée entre partisans et adversaires de l’euthanasie d’un époux, d’un fils, d’un frère, d’un cousin, d’un ami. Il serait évidemment ridicule de faire d’une somme d’argent une sorte de mesure de ce gâchis relationnel et affectif, mais l’économie n’est pas une discipline limitée à évaluer en argent les biens, les situations, les relations humaines. Bien des vulgarisateurs des travaux économiques, ainsi que certains de mes confrères, semblent considérer l’argent comme une mesure de la valeur : c’est un enfantillage !
Une dramatique destruction de valeur
La monnaie sert à organiser la production, la consommation, certains échanges, l’appropriation des biens, mais il faut la maintenir à son rang d’outil organisationnel. Les vraies valeurs ne s’appellent pas euro ou dollar, mais affection, amitié, amour, gentillesse, dévouement, générosité, et ainsi de suite. C’est pourquoi les perturbations apportées dans la famille de Vincent Lambert par le comportement irresponsable, pour ne pas dire inhumain, de médecins et d’hommes de loi, constituent aux yeux de tout économiste pas trop borné une très importante destruction de valeur. Cette expression, si souvent employée à propos de la baisse du cours d’une action, ne doit pas être confisquée au profit du « monde des affaires » : la destruction de valeur, c’est d’abord, bien sûr, la disparition d’un être humain, mais c’est aussi la destruction de tout ce qui fait la véritable richesse de l’espèce humaine, ce que nous avons suggéré par les mots affection, amitié, etc.
Or, à cet égard, comment ne pas voir dans l’affaire Lambert une grande destruction de valeur, autrement plus importante que la baisse du cours boursier d’un quelconque GAFA (les quatre « très grands » du numérique) ? Cette destruction de valeur ne s’exprime pas monétairement, mais elle touche à ce qu’il y a de plus important : la vie humaine et le respect qui lui est dû. Quand un tribunal donne l’ordre de tuer un innocent, ce n’est pas seulement Vincent Lambert que l’on assassine, c’est l’idée même du droit, protecteur de la vie et de l’innocence. Une des valeurs les plus importantes pour l’humanité et pour ses subdivisions, dont l’une est le peuple français, est le respect, non pas tellement du droit positif, dont les errements sont nombreux, mais des « règles de juste conduite », selon l’expression chère à Hayek, l’un des plus grands économistes du XXème siècle.
Il est possible que nos lois françaises justifient la mise à mort de Vincent Lambert : certains juristes éminents le pensent, même si d’autres tout aussi éminents pensent le contraire. Ces tergiversations, ces oppositions entre tribunaux, montrent une chose : que la valeur économique de notre capital juridique et de notre capital juridictionnel est bien moindre que ce qu’elle devrait être. Quand un système juridique et judiciaire produit un feuilleton tout juste bon pour une feuille à scandales, l’arbre doit être jugé à son fruit : il ne vaut pas grand-chose !
Ainsi l’affaire Vincent Lambert révèle-t-elle une double insuffisance dans ce qui est le véritable capital de notre pays : une mauvaise organisation de notre système hospitalier, et un mauvais état de notre système juridique et juridictionnel. La recapitalisation qui s’impose n’est pas une affaire d’argent, mais de gouvernance. Deux de nos systèmes les plus importants viennent de laisser entrevoir des failles très inquiétantes. Comme beaucoup de nos monuments, notre organisation médicale et notre droit positif, ainsi que le système judiciaire qui a la charge de son application, sont en danger. On s’en est déjà un peu rendu compte en constatant l’état lamentable du service des urgences médicales, le surpeuplement de nos prisons et les délais inadmissibles requis pour obtenir certaines décisions de justice. Puisse le calvaire de Vincent Lambert et de sa famille être la goutte qui, enfin, fera déborder ce vase !
Source : economiematin.fr
ANNULE
Rassemblement de soutien à Vincent Lambert lundi 8 juillet de 16h à 19h place Saint Pierre (en bas du Sacré-Coeur) à Paris (métro Anvers).
Jean Paillot et Jérôme Triomphe, avocats des parents de Vincent Lambert, prendront la parole. Venez nombreux !
https://www.facebook.com/events/618552725330736/
Source : jesoutiensvincent..com
par Gènéthique, 01/07/2019
Emmannuel Hirsch, Professeur d’éthique médicale, université Paris-Saclay, a souligné qu'alors que les soignants connaissant bien le « syndrome du glissement » qui est l’expression du choix de la personne de ce laisser mourir, « M. Vincent Lambert témoigne, résolu à vivre dans le confinement d’une chambre d’hôpital, d’un non abandon, d’un non renoncement à son existence ». Cet « acte de résistance » ne cesse de manifester son inlassable désir de vivre.
Aussi, pour l’éthicien, Vincent Lambert transmet « à sa façon, dans son étrange présence, celle d’un frère en humanité, une leçon de dignité, une sagesse et peut-être l’idée d’une forme inédite, voire paradoxale de résistance éthique ».
« M. Vincent Lambert est le symbole de la vulnérabilité extrême dans le handicap et la maladie, le symbole d’une médecine qui réanime en des circonstances extrêmes et doute de ses obligations lorsque la tentative déçoit les promesses ». L’affaire fragilise le discours politique en matière de bioéthique soit disant soucieux des « valeurs humaines fortes et intangibles » quand « la position du gouvernement a été de saisir la cour de cassation afin que dans l’urgence elle valide le processus de sédation profonde et continue jusqu’au décès d’une personne en situation de handicap neurologique ».
Source : genethique.org
Voilà, je voudrais vous parler, ben comme une maman, avec le cœur d’une maman. Je suis à ses côtés avec le papa, avec mon mari, au quotidien. Nous avons dû nous installer à Reims, quitter notre résidence principale pour nous installer à Reims pour rendre visite à notre fils. On voulait, bien sûr, ne pas le laisser seul, le stimuler, être près de lui, lui donner tout l’amour que nous avons encore à lui donner, parce que Vincent n’est pas en fin de vie, Vincent n’est pas un légume. Moi je n’ai jamais vu un légume qui tourne la tête quand on l’appelle. J’ai énormément de photos, de vidéos qui montrent tout le contraire de ce qui est raconté dans la presse.
Vincent, quand je lui demande de tourner la tête, il me regarde ; quand je lui demande s’il est content, je ne sais pas si c’est un réflexe ou pas, mais en attendant il cligne des yeux. Et ce qui m’a beaucoup traumatisée, je peux vous dire, la veille du jour où le médecin avait décidé d’arrêter son alimentation et une partie de son hydratation, écoutez le dimanche nous lui rendions visite et Vincent était très ému, je lui ai dit « mais qu’est ce que tu as Vincent ? » et il s’est mis à pleurer. Et ça je peux dire que c’est un signe pour moi que Vincent a bien une conscience. Et c’est un signe aussi que comme nous savions que ce médecin devait arrêter l’alimentation dans la semaine du 20 mai, j’avais demandé au personnel qu’on ne lui parle de rien. J’estimais que c’était nous parents qui devions le préparer puisque nous étions confrontés à cette situation. Et bien non ! Non, on lui en avait parlé ! Et Vincent quand il nous a vu le dimanche, la veille du jour où on devait arrêter l’alimentation, Vincent a pleuré. Et nous avons pleuré avec lui bien sûr. (pleure) Excusez-moi je suis ici un peu dans l’émotion, je ne suis pas habituée à ce genre de situation d’habitude je préfère écrire mais là je crie tout haut que Vincent, on veut l’assassiner. C’est le vrai mot.
Vincent je l’ai vu je lui ai donné parfois des cuillères de compote, des cuillères de crème, et Vincent déglutissait.
Pourquoi ? Pourquoi ne pas nous entendre ? Vincent est un être humain, il n’est pas un objet, on lui met la tête sous l’eau et je… c’est dramatique. Voilà. Si j’ai accepté de venir ici c’est pour espérer qu’au moins on puisse prendre sa défense ici. Puisque l’État, personne ne nous entend, personne ne veut nous écouter, nous avons des preuves, nous sommes les parents, nous connaissons notre fils et lui il est habitué à notre quotidien et il s’exprime, voilà. Il ne parle pas mais il s’exprime.
Source : eclj.org
par Gènéthique, Interview, 04/07/2019
Alors que Vincent Lambert est entre la vie et la mort, le professeur Xavier Ducrocq, neurologue, explique la gravité des dérives euthanasiques qui ont conduit à cet acte inhumain.
Gènéthique : Le Docteur Sanchez vient d’arrêter l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert, comment réagissez-vous à ce qui est en train de se passer ?
Xavier Ducrocq : Mon premier sentiment, c’est la tristesse et derrière, une sourde colère parce que ce qui arrive est injuste. Cette décision est fabriquée à partir d’un tissu de mensonges successifs dont le premier a été de faire dire à Vincent Lambert qu’il voulait mourir. Or, il n’a jamais pu exprimer une volonté certaine de mourir, ni même l’écrire. Ce mensonge transmis par l’équipe médicale a été cru par une partie de la famille quand l’autre a réagi. En 2013, suite à la malheureuse décision d’arrêter l’alimentation et de suspendre l’hydratation - Vincent a résisté pendant 30 jours à ce traitement inhumain - la famille s’est divisée. Si je pense qu’une réconciliation autour de Vincent vivant serait possible, cette fracture sera définitive une fois Vincent décédé.
Sur le plan médical, on va provoquer délibérément la mort d’une personne qui n’est pas en fin de vie mais qui est seulement grand handicapé parce qu’ « on » a estimé que sa vie était insoutenable et qu’elle ne valait plus la peine d’être vécue. Pourtant, comme neurologue, je constate moi-même que des personnes dans des situations incroyablement difficiles font preuve d’une volonté de vivre et d’une lutte pied à pied contre la mort. Depuis 6 ans, Vincent Lambert vit, seulement assisté pour l’alimentation et l’hydratation et on va le faire mourir à une heure donnée parce qu’on estime indécent qu’il vive.
L’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation accompagné d’une sédation est une action qui en elle-même et dans son objectif n’a d’autre visée que de provoquer la mort de Vincent Lambert. C’est une euthanasie qui ne dit pas son nom.
G : Jean Leonetti est intervenu dans de nombreux médias ces derniers jours pour expliquer que la mort de Vincent Lambert était conforme à la loi qui porte son nom et que ce n’était pas un « assassinat ». Qu’en pensez-vous ?
XD : Toutes les instances judiciaires, qui s’appuient sur la loi Leonetti, estiment qu’il est parfaitement légal de mettre fin à la vie de Vincent Lambert. Pourtant c’est une vraie régression qui nous ramène à l’époque du procès de Nuremberg. Hannah Arendt, journaliste et philosophe, qui a assisté au procès Eichmann, parlait de la « banalité du mal ». On y est. La ministre de la santé est allée jusqu’à dire que Vincent Lambert n’était pas handicapé. Le Président de la république qui a expliqué qu’il ne pouvait pas intervenir auprès de la justice sur cette affaire, il s’est pourtant pourvu en cassation. Aujourd’hui, on ne prend pas la mesure de la gravité de ce qui est en train de se passer. On justifie la mort au nom de la pitié, ce que les américains appellent le « mercy killing », la mort de miséricorde, l’argument compassionnel en français. Il n’y a pas de compassion dans le fait de donner la mort (cf. « L’homme de ce temps a le cœur dur et la tripe sensible » (Bernanos)). C’est une pitié dévoyée.
Au sujet des propos de Jean Leonetti, beaucoup vont se rendre compte de ce que contient effectivement sa loi. L’euthanasie devient une évidence. L’absence du mot ne supprime pas la réalité des faits. Il est symptomatique que, lors des préliminaires de la loi Claeys-Leonetti, l’Union Nationale des Associations de Familles de Traumatisés crâniens et de Cérébro-lésés n’ait pas été auditionnée. L’intention du législateur était claire : permettre de donner la mort à ces personnes. Et la loi n’a « évolué » que dans ce sens alors qu’il aurait été pertinent de préciser les définitions de l’obstination déraisonnable et de travailler autour de la procédure collégiale. Vincent Lambert est le premier d’une série dont il est à craindre qu’elle soit longue. Ce qui est dramatique, c’est que, dans ce contexte, les soins palliatifs s’accommodent de cette situation. Cette anesthésie est redoutable parce qu’on est en train de changer profondément la pratique médicale : faire mourir Vincent Lambert c’est enterrer Hippocrate, c’est introduire un nouveau paradigme où donner la mort devient une option thérapeutique. Et ce qui était un « choix » inscrit dans la loi va devenir un devoir : certains auront le devoir de mourir !
G : Comment les choses vont-elles évoluer pour Vincent Lambert ? Les parents de Vincent Lambert sont-ils auprès de lui ?
XD : Ces deux derniers jours, il semble qu’on ait administré des calmants au patient. L’alimentation va être arrêtée aujourd’hui, un minimum d’hydratation sera utilisé pour passer le produit sédatif.
Selon les jours pairs ou impairs, les différents bords de la famille qui s’opposent pourront venir quelques heures auprès de Vincent. La plupart du temps, il sera seul. Seul, handicapé, face à la mort. La sédation va abolir sa conscience et le priver de ce dernier faible maillon relationnel qui le liait à ceux qui l’entourent.
Quand la procédure a été engagée le 20 mai dernier, Rachel Lambert avait pu passer une nuit auprès de lui. Une seule. Avec cette procédure, Vincent Lambert, qui a prouvé sa résistance lors de la première procédure de 2013, peut mettre entre 4/5 jours et un mois à mourir. C’est finalement le niveau de sédation qui va décider de sa mort. Cette mise en scène est particulièrement inhumaine compte tenu de la fin poursuivie.
G : Ce passage en force est-il justifié ? Quel sens revêt-il pour le corps médical ? Pour l’avenir des patients en état végétatif ou pauci-relationnel ?
XD : Vincent Lambert est le premier d’une longue liste. Sur la base de la loi Leonetti, on va créer un devoir de mourir ; les personnes âgées le disent déjà qui ne veulent plus être un « poids » pour leur famille. C’est dramatique.
Je ne peux pas m’empêcher de me rappeler cette citation de Jean Rostand[1] : « Je pense qu'il n'est aucune vie, si dégradée, si détériorée, si abaissée, si appauvrie soit-elle, qui ne mérite le respect et ne vaille qu'on la défende avec zèle. J'ai la faiblesse de penser que c'est l'honneur d'une société que d'assumer, que de vouloir ce luxe pesant que représente pour elle la charge des incurables, des inutiles, des incapables; et je mesurerais presque son degré de civilisation à la quantité de peine et de vigilance qu'elle s'impose par pur respect de la vie... Quand l'habitude sera prise d'éliminer les monstres, de moindres tares feraient figure de monstruosités. De la suppression de l'horrible à celle de l'indésirable, il n'y a qu 'un pas... Cette société nettoyée, assainie, cette société où la pitié n'aurait plus d'emploi, cette société sans déchets, sans bavures, où les normaux et les forts bénéficieraient des ressources qu'absorbent jusqu'ici les anormaux et les faibles, cette société renouerait avec Sparte et ravirait les disciples de Nietszche: je ne suis pas sûr qu'elle mériterait encore d'être appelée une société humaine ».
G : Des études montrent que des moyens existent pour tester le niveau de conscience des patients. Lesquels ? Pourquoi n’ont-ils pas été utilisés ?
XD : En 2006, une première publication a bouleversé le regard sur ces personnes en état de conscience altérée : état végétatifs ou pauci-relationnels. L’IRM fonctionnelle a permis d’analyser les réactions du cerveau aux stimulations avec la question de distinguer celles qui étaient réflexes, de celles qualifiées de volontaires. L’étude a donné des résultats étonnants. Les réactions observées chez une patiente ont montré que ses différentes réactions étaient superposables à celles de personnes parfaitement conscientes et suggéraient que ces réponses n’étaient pas réflexes. Cette expérience s’est reproduite chez d’autres patients. L’un d’entre eux a recouvré plus tard des moyens de communication et a pu exprimer que ce moment avait été le meilleur de sa vie : on était entré en contact avec lui par le biais de l’IRM fonctionnelle. Le Professeur Laureys estime que, dans 40% des cas, on étiquette en état végétatif des personnes relationnelles en état de conscience minimale[2]. Comme je le dis souvent, l’absence de preuve de conscience n’est pas la preuve d’absence de conscience. Aussi, la prudence s’impose !!
Je fais souvent ce parallèle historique. A une époque pas si lointaine, on a pu considérer les sourds muets comme des demeurés. Or, on s’est aperçu que leur conscience était développée et on a pu communiquer avec eux en mettant au point un langage. Ils sont dans un monde différent du nôtre et ne souhaitent pas forcément être appareillés, mais leur intelligence est aussi développée que la nôtre.
De même pour les personnes en Locked-In Syndrome qu’on a longtemps crues en état de coma. Un jour, on s’est aperçu que ces personnes étaient parfaitement conscientes, qu’elles avaient des capacités intellectuelles intactes. Certaines ont écrit des livres. Que se serait-il passé si on les avait éliminées ?
La même prudence s’impose pour les personnes en état de conscience altérée. L’avenir va nous réserver des surprises au fur et à mesure que des outils vont se développer, on va pouvoir mieux connaître l’état de conscience de ces personnes. Un travail français récent (Naccache 2019[3]) a montré que les observations cliniques des soignants étaient aussi pertinentes que les résultats obtenus par des investigations sophistiquées. C’est dire l’intérêt d’une observation clinico-comportementale prolongée, ce dont Vincent Lambert n’a malheureusement bénéficié à aucun moment dans les expertises dont il a fait l’objet.
En 2018, une étude sur la stimulation du nerf vague, conduite par le Pr. Luauté à Lyon[4], où l’état de conscience de la personne s’est améliorée, a été tournée en dérision. Pourtant, des cas de récupération après des années de conscience altérée ont été signalés. Et quand les personnes se « réveillent », elles ne demandent pas à mourir ! Il est impératif de mener des recherches dans ce domaine. Comme pour la trisomie 21, il est urgent de trouver un traitement sinon ces patients vont être éliminés. Au-delà de l’état de conscience, il y a une vie et elle est respectable. Si nous éliminons les plus vulnérables, nous allons tomber dans la barbarie. Après les patients en état de conscience altérée, quelles seront les prochaines victimes ?
[1] Le courrier d'un biologiste.
[2] Science. 2006 Sep 8;313(5792):1402 - Detecting awareness in the vegetative state, Owen AM, Coleman MR, Boly M, Davis MH, Laureys S, Pickard JD.
[3] Wisdom of the caregivers: pooling individual subjective reports to diagnose states of consciousness in brain-injured patients, a monocentric prospective study. Hermann B, Goudard G, Courcoux K, Valente M, Labat S, Despois L, Bourmaleau J, Richard-Gilis L, Faugeras F, Demeret S, Sitt JD, Naccache L, Rohaut B ; Pitié-Salpétrière hospital Neuro-ICU.
[4] Volume 27, Issue 18, 25 September 2017, Pages R994-R996 - Restoring consciousness with vagus nerve stimulation, Author links open overlay panel, MartinaCorazzol, GuillaumeLio, ArthurLefevre, GianlucaDeiana, LaurenceTell, NathalieAndré-Obadia, PierreBourdillon, MarcGuenot, MichelDesmurget, JacquesLuauté, AngelaSirigu.
Source : genethique.org
par Euronews, 03/07/2019
L'affaire Vincent Lambert va-t-elle connaitre un énième rebondissement car ce mardi les médecins ont à nouveau interrompu les traitements de ce patient tétraplégique, suite à un accident de la route, et en état végétatif depuis plus de 10 ans. Cet arrêt fait suite à la décision vendredi dernier de la Cour de Cassation d'arrêter les soins.
Depuis des années, les proches de Vincent Lambert se déchirent sur le sort de cet ex-infirmer. D'un côté son épouse, favorable à l'arrêt des soins, de l'autre ses parents, qui s'y opposent. Ils ont menacé de poursuivre les médecins en justice pour "meurtre". Lundi, la mère de Vincent Lambert s'est rendue aux Nations unies à Genève pour lancer "un appel au secours".
Plusieurs personnalités ont réagit suite à la décision de suspendre les soins. Le député proche du Rassemblement National, Gilbert Collard, a qualifié cette nouvelle d'acharnement. Avis partagé par l'ancienne ministre Christine Boutin, membre du Parti Chrétien Démocrate, qui évoque sa "honte d'être française". Le gouvernement, quant à lui, ne prend pas position. Dernière réaction en date celle du Premier ministre Edouard Philippe qui a invité à respecter ce que disent les médecins et la loi.
Source : euronews.com
Par Marie de Hennezel, psychologue, 04/07/2019
Le docteur Claire Fourcade, vice-présidente de la société française des soins palliatifs, s’est exprimée sur ce qui lui paraissait « la moins mauvaise solution » dans l’affaire Vincent Lambert. À savoir l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation artificielle dont bénéficie ce patient, désormais condamné à mourir. Psychologue, ayant travaillé dix ans en soins palliatifs et enquêté sur les services qui accueillent des personnes en état végétatif chronique, j’aimerais exprimer ici mon désaccord. Selon moi, Vincent Lambert n’est pas en fin de vie et ne relève pas de la loi Leonetti. Une autre solution aurait pu être trouvée, puisque plusieurs services adaptés à son état acceptaient de le recevoir.
La décision qui vient d’être prise fera jurisprudence. Elle aura des conséquences sur les 1 700 personnes cérébrolésées, leurs familles et les soignants qui prennent soin d’elles. Pourquoi y aurait-il du « cas par cas » ou du « sur-mesure » dans une société qui juge que la vie de certains ne mérite plus d’être vécue, qu’ils n’ont plus leur place dans la communauté des vivants, à partir du moment où leur cortex est détruit ? Le jour où peut-être notre société jugera que les soigner coûte trop cher ?
Ce qui se joue autour du sort de Vincent Lambert est d’abord un enjeu éthique. On essaie de nous faire croire que le débat oppose croyants et athées, mais les questions éthiques concernant l’évaluation de l’obstination déraisonnable sont les mêmes pour tous. Au nom de quoi affirme-t-on - sans l’ombre d’un doute - qu’une personne est en obstination déraisonnable ? L’être humain se réduit-il aux connexions électriques du cerveau ? Comment les expertises scientifiques ont-elles pu passer sous silence le rôle du système limbique, parfois appelé cerveau émotionnel ?
Même si dans l’état actuel de la science, on sait encore peu de chose sur ce néocortex, n’est-ce pas un peu péremptoire de qualifier de « réflexes » les réactions émotionnelles de Vincent Lambert, et de tenir pour négligeable la résistance qu’il oppose à la volonté des autres de mettre fin à sa vie ? (1) Lors d’une visite de l’hôpital maritime de Berck, j’avais rencontré les soignants qui prenaient soin de ces personnes cérébrolésées. J’en avais rendu compte dans mon livre Le souci de l’autre. Une infirmière m’avait rapporté que la vie des personnes qu’elle soignait avait un sens parce qu’elles comptaient pour quelqu’un. Cela pouvait être un conjoint, un parent, souvent la mère. « Savez-vous, m’avait-elle dit, que la personne cérébrolésée meure dans les 48 heures qui suivent le décès de la personne qui vient régulièrement la voir, sans que l’on ait à intervenir médicalement. Elle s’arrête simplement de respirer ». J’avais été particulièrement intéressée par cette observation, qui montre qu’un lien affectif profond, malgré la détérioration des fonctions cérébrales, donne du sens à la vie. Je savais, comme tous les psy, que des liens inconscients tissent les profondeurs de notre psyché, et peuvent être si puissants que la vie et le sens sont maintenus.
Vincent Lambert aurait mérité une « solution » plus apaisante, digne de nos valeurs démocratiques d’humanité et de solidarité aux côtés des plus vulnérables, loin des enjeux politico-juridico-médiatiques. Pourquoi s’être acharné à refuser son transfert dans un service adapté à son état ?
(1) E.Hirsch, Le Figaro du 3 juillet.
Source : ouest-france.fr
L'hypocrisie de la langue étouffe la France.
Elle accepte sans broncher qu'il y ait une loi Leonetti, puis une loi Leonetti-Claeys, qui dit qu'il n'y aura pas d'euthanasie en France.
Qui dit aussi que cette sédation profonde et terminale, c'est pour éviter de grandes souffrances, des souffrances insupportables, "incontrôlables" de la fin de vie, des maladies incurables.
Or, aujourd'hui, le même Leonetti dit que l'assassinat de Vincent Lambert n'en est pas un.
La sédation profonde et continue, jusqu'à la mort, et l'arrêt de l'hydratation et de l'alimentation sont en passe d’être admis hypocritement comme une voie qui ne serait pas euthanasique.
C'est vrai qu'elle n'est pas euthanasique, elle est "thanasique" car il n'y a pas de bonne mort là-dedans. Voler la mort au malade, ce n'est pas lui offrir une bonne mort. Une balle en plein coeur serait plus clémente. Avec un silencieux pour ne pas affoler les chambres avoisinantes.
Mais pour arriver à dire que la mise à mort de Vincent Lambert n'est pas un assassinat, à mon avis il faut avoir perdu tout sens de la vérité, de l'humanité, du respect des auditeurs ou des lecteurs dont on se moque sans vergogne.
L'assassinat, selon sa définition, est un meurtre prémédité.
Le meurtre, c'est la privation de la vie d'un innocent.
En cela, il se distingue de la peine de mort qui est la mise à mort d'un être jugé coupable après un jugement rendu.
Or, nous sommes tous d'accord que Vincent Lambert est innocent.
Nous sommes tous d'accord que c'est un être fragile, qui mérite la compassion et certainement pas une mise à mort longue, préméditée, qui est donc un assassinat.
Selon le principe « le doute profite à la vie », devant le doute sur ce que Vincent Lambert aurait souhaité, il doit être laissé en vie et rééduqué dans une perspective de vie.
De toute façon, et quoiqu'il aurait souhaité, le rôle du médecin n'est pas d'être un tueur à gages, ni un prestataire de services de mort à la demande et à la carte.
Si Vincent Lambert, souhaitait mourir, cela n'autoriserait pas le médecin à se constituer bourreau. Ce serait contraire au serment d'Hippocrate et ce ne serait plus un acte médical.
Non, il s'agit ici d'un acte anti-médical, un acte qui est intentionnellement donneur de mort.
On a eu coutume d’excuser l’inique loi de Lesonetti en arguant de l’intention qui serait de soulager des douleurs insupportables sans pour autant que la mort ne soit recherchée ni expressément voulue.
Aujourd’hui Leonetti lui-même nous détrompe. Devant Vincent Lambert, volontairement mis à mort, Leonetti jette le masque, qu’il portait pour faire accepter la loi la plus hypocrite de l’histoire, et dit clairement que vouloir, rechercher et administrer intentionnellement la mort à un handicapé ne souffrant pourtant pas (de l’avis même des experts des tribunaux), ce n’est pas un assassinat.
D’autre part, il a été dit qu’il est possible de donner des sédatifs pour éviter une douleur incontrôlable mais que l'intention n'est pas de donner la mort mais de soulager la souffrance.
Or, ici, l'intention explicite est de donner la mort. Il y a donc mésusage des sédatifs puisqu’il a été établi par des experts que Vincent Lambert ne souffrait pas.
Répondre à cela qu'il ne souffrira pas parce qu'il est endormi, est un a priori, car bien des malades ont fait part à leurs médecins des souffrances psychiques insupportables qu'ils ont endurés sous morphine ou sous d'autres sédatifs en post-opératoire.
Ce qui est empêché, c'est l'expression de la douleur : la famille verra Vincent Lambert détendu. Ses muscles seront relâchés. Cela, oui. Mais lui, dans son psychisme, il n’en souffrira que plus.
La loi de Leonetti, est l’une des lois les plus criminelles que notre humanité ait produites.
Ceux qui meurent par la loi Leonetti, sont privés même de leur ultime dignité d'offrir leur vie aux intentions qu'ils souhaitent. Leur mort leur est volée. Et le pays devient un vaste couloir de la mort.
Quant à Vincent Lambert, les experts des tribunaux ont établi qu’il :
1 -ne souffrait pas
2- n'était pas en fin de vie
3- n’était pas un légume
4- n'était pas victime d'acharnement thérapeutique ou d'obstination déraisonnable
5- pouvait être transféré dans un service spécialisé pour son état.
Dès lors, qu'est-ce qui justifie ses pertes de chances et finalement sa mise à mort ?
Pierre Menhir
par ECLJ, 03/07/2019
« Je vous en prie, ne permettez pas le rétablissement de l’euthanasie des personnes handicapées !
Rappelez en urgence à la France ses engagements internationaux. »
Intervention magnifique de Christophe FOLTZENLOGEL, de l’European Centre for Law and Justice, devant le Comité des droits de l’homme de l’ONU pour la défense de Vincent Lambert :
« Monsieur le Président,
Il y a deux jours, Madame Viviane LAMBERT a exposé devant vous la situation terrible de son fils, Vincent LAMBERT, un homme tétraplégique en état de conscience altérée que son médecin a décidé d’euthanasier en raison de son handicap alors que même les experts judiciaires nommés par la justice française ont écrit qu’il n’était pas en situation d’acharnement thérapeutique.
Or, le processus d’euthanasie a été déclenché hier. Vincent LAMBERT est à présent privé d’alimentation et d’hydratation pour provoquer sa mort.
Si rien n’est fait, il va mourir dans les prochains jours.
Ses parents ont pourtant saisi le Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU, qui a demandé à la France à trois reprises, et hier encore, de maintenir l’alimentation et l’hydratation de Monsieur LAMBERT, le temps au moins de l’examen de cette requête.
Mais le Gouvernement français et le médecin refusent de respecter cette demande ! Ils s’apprêtent à faire mourir Vincent LAMBERT en violation flagrante de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et de son protocole facultatif.
M. le Président, la situation est grave : la France est en train de rétablir l’euthanasie des personnes handicapées ! Et le gouvernement exploite la vie et la mort de Vincent LAMBERT dans ce but idéologique sinistre.
En 1948, c’est contre cette politique inhumaine que la Déclaration universelle des droits de l’homme a rappelé fermement que le droit à la vie et la dignité sont inhérents à la personne humaine, sans distinction de race, de santé ou de handicap !
Je vous en prie, ne permettez pas le rétablissement de l’euthanasie des personnes handicapées !
Rappelez en urgence à la France ses engagements internationaux. C’est tout le système de protection internationale des droits de l’homme qui est ici fragilisé par la France au détriment d’un homme dont la vie est menacée de manière imminente.
Si Vincent Lambert est tué, alors les portes de la mort seront grandes ouvertes pour toutes les personnes vulnérables et incapables d’exprimer leur volonté. »
Source : ECLJ
par Docteur Xavier Ducrocq, 02/07/2019
Chef du service de neurologie du CHR de Metz-Thionville, le professeur Xavier Ducrocq rétablit la vérité médicale sur le cas Vincent Lambert : l'homme, dont l'euthanasie a débuté mardi matin, n'est pas en fin de vie ou en situation d'obstination déraisonnable. “Arrêter ses traitements”, c'est simplement le laisser mourir de faim.
Vincent Lambert va mourir. Ainsi en ont décidé ses médecins - pour la quatrième fois en six ans, au CHU de Reims - et la “justice des hommes” rendue par la Cour de cassation, vendredi 28 juin. Au mépris des mesures provisoires de suspension de cette décision demandées par le Comité international des droits des personnes handicapées (CIDPH) de l'Onu, la seule instance spécialisée dans le domaine du handicap.
Que lit-on et qu'entend-on à son sujet ? Citons quelques médias : « Vincent Lambert, symbole du débat sur la fin de vie », en « situation d'obstination déraisonnable », « arrêt des traitements », « en état végétatif irréversible » et même, de la bouche de la ministre des Solidarités et de la Santé : « Vincent Lambert n'est pas en situation de handicap » , expression reprise par le Dr Leonetti, auteur de la loi qui porte son nom. Vérités ? Non ! Pour nous qui avons pu approcher Vincent Lambert, mensonges.
Mais qui est Vincent Lambert ? Pourquoi nous annonce-t-on la date de sa mort, sinon parce qu'elle est programmée ? Ce que de rares pays voisins appellent “euthanasie” ?
Qui peut croire à une fin de vie qui s'éternise depuis six ans ?
Vincent Lambert n'est pas un « symbole » , mais une personne. Marié, père d'un enfant, sévèrement handicapé depuis un accident de voiture, en 2008. Il est lourdement paralysé et surtout en état de conscience altérée - c'est-à-dire que nous sommes incapables de préciser son niveau de conscience, parce qu'aucun code de communication fiable ne le permet. Pourtant, Vincent Lambert respire seul, il a des cycles de veille et de sommeil, tourne la tête, vocalise parfois, agite la jambe gauche. Il réagit à la présence de ses proches. Il est même capable de déglutir un peu de nourriture. En 2013, Vincent a résisté à trente et un jours de privation de toute nourriture, avec une hydratation minimale. Si bien que pour recommencer, dans quelques jours, on assortira cette privation d'alimentation d'une sédation profonde, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Au nom de la loi !
Vincent Lambert n'est pas « en fin de vie » - qui peut croire à une fin de vie qui s'éternise depuis six ans ? -, il n'est pas atteint d'une maladie incurable. Sa nutrition, artificielle, certes, mais simple, réalisée à domicile pour certains de ses 1 700 « compagnons d'infortune » (expression de sa maman, Viviane Lambert), ne pose aucun problème.
Arrêter ses traitements ? Ceux qui lui sont dus depuis la circulaire ministérielle du 3 mai 2002 - unité spécialisée, kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie, stimulations sensorielles, mise au fauteuil, sorties en famille… -, c'est depuis six ans qu'ils sont arrêtés. Et en plus, Vincent est enfermé à clé dans sa chambre, ses visites restreintes, ses sorties interdites. Ses parents, depuis six ans, doivent déposer leur carte d'identité pour être autorisés à entrer dans sa chambre. Y a-t-il là autre chose que de la maltraitance sur personne vulnérable ? Le CIDPH ne s'y est pas trompé.
Le déshonneur d'une médecine qui ne supporte pas ses échecs et ses limites
Les derniers experts ont affirmé que Vincent Lambert n'est pas en situation d'obstination déraisonnable. Mais les médias ont unanimement titré que ces mêmes experts confirmaient un état végétatif irréversible. Or, ironie de l'actualité, le lendemain de la décision du Conseil d'État, on apprenait qu'une femme saoudienne avait recouvré une conscience après vingt-sept ans en état végétatif. Son premier cri n'a pas été de demander la mort, mais d'appeler son fils par son prénom ! D'un autre côté, une cinquantaine de spécialistes des personnes en état de conscience altérée faisaient savoir au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne que les conditions d'une évaluation correcte de l'état de Vincent Lambert n'étaient pas réunies. En vain ! Enfin, Vincent Lambert, infirmier censé ne pas ignorer la loi datant de 2005, n'a jamais rédigé de directives anticipées. Il n'a pas voulu faire connaître sa volonté de façon certaine. Que d'incertitudes pour décider, blouses blanches et robes noires réunies, d'une mort certaine. Pourquoi tant d'acharnement à maintenir son incarcération et à refuser son transfert ?
C'est donc parce que handicapé, et uniquement parce que handicapé, que Vincent Lambert va mourir. Oui, Madame la ministre. Oui, Monsieur Leonetti. Cessons d'accuser la division de cette famille, qui, d'unie qu'elle était, depuis cinq ans, autour de son Vincent, s'est déchirée, en avril 2013, en découvrant la sordide décision médicale pour laquelle elle n'avait pas été consultée. « De la suppression de l'horrible à celle de l'indésirable, il n'y a qu'un pas. » (Jean Rostand) Voulons-nous franchir ce pas ? Faire mourir Vincent Lambert, c'est enterrer Hippocrate : « Je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande, ni ne prendrai l'initiative d'une telle suggestion. » C'est le déshonneur d'une médecine qui ne supporte pas ses échecs et ses limites. C'est confier aux soins palliatifs une nouvelle mission, contraire à leurs principes fondateurs. C'est la démission, la régression d'une société qui ne sait plus, ne veut plus protéger les plus faibles d'entre les siens.
Source : valeursactuelles.com
Nous avons informé ce 2 juillet le CDPH de la nouvelle annonce du docteur Sanchez d’arrêter ce jour l’alimentation et l’hydratation de VIncent LAMBERT.
Le service des requêtes et des enquêtes du CDPH vient de réitérer en urgence auprès de l’Etat Français sa demande de maintien de l’alimentation et de l’hydratation de M. Vincent LAMBERT à titre conservatoire.
Il est rappelé le caractère obligatoire des mesures conservatoires afin de garantir l’effectivité du recours auprès du CDPH qui impose qu’il ne soit pas porté atteinte à la vie de Vincent Lambert.
Ce caractère obligatoire des mesures conservatoires du CDPH a été rappelé par le Défenseur des droits lui-même le 17 mai 2019.
Nous venons d’en informer le docteur SANCHEZ.
Nous continuons à agir par toutes voies de droit pour faire respecter ces mesures provisoires.
Il n’y aura pas d’autre commentaire en l’état.
Jérôme TRIOMPHE – Jean PAILLOT
Avocats des parents, frère et soeur de Vincent Lambert
Cher collègue,
Vincent Lambert n’est pas en fin de vie.
C’est seulement un homme lourdement handicapé.
L’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation est un moyen infaillible de provoquer la mort.
Laisser mourir n’est pas la même chose que faire mourir.
Arrêter délibérément l’alimentation et l’hydratation artificielles d’une personne handicapée qui n’est pas en fin de vie, c’est faire mourir.
C’est de l’euthanasie par omission.
Le Conseil de l’Europe déclare :
« L’euthanasie, dans le sens de l’usage de procédés par action ou par omission permettant de provoquer intentionnellement la mort d’une personne dépendante dans l’intérêt allégué de celle-ci, doit toujours être interdite. »
(Résolution 1859 du 25 janvier 2012)
Attention, vous posez un acte de mort dont vous ne mesurez pas la portée.
Vous jouez le jeu de l’Etat Français qui n’a inventé la loi Leonetti – Claeys que pour habilement résoudre les problèmes économiques du pays.
Plus les personnes handicapées meurent avant l’heure et plus on fait faire d’économie à la sécurité sociale et on résout les problèmes de retraite..
C’est un eugénisme d’Etat subtil…
En Angleterre, on a voulu faire passer un loi pour autoriser le suicide médicalement assisté des personnes parvenues dans la dernière année de leur vie au motif avoué que c’est dans la dernière année de leur vie que les personnes malades ou handicapée coûtent le plus cher à la sécurité sociale… Présentée ainsi la loi n’est pas passée.
Mais la loi Leonetti Claeys permet habilement cela sans le dire…
Tout l’art est de faire prendre la décision aux personnes handicapées en leur faisant croire que leurs vies sont devenues inutiles.
Et les médias se chargent de manipuler les consciences en disant que les personnes handicapées sont des poids pour la société.
C’est ainsi que l’Etat organise tout pour permettre ces interruptions de vie prématurées, et cela sans avoir l’air d’y toucher.
C’est totalement l’inverse de la culture et de l’éthique de l’accompagnement et des soins palliatifs qui dans ses fondements est au service de la vie humaine jusqu’à son achèvement naturel.
Et sans pleinement le réaliser encore, vous devenez un maillon de la chaine de cet eugénisme d’Etat.
Un jour vous le comprendrez et ce sera trop tard, je le crains…
Derrière Vincent Lambert, ce sont de nombreuses personnes handicapées, et notamment des vieillards qui vont connaitre le même sort.
C’est déjà commencé, mais cela va prendre des proportions qui risquent d’être terribles d’ici peu.
Vous êtes en train d’ouvrir la vanne d’un eugénisme d’Etat monumental qui relève de crimes contre l’humanité, parce que cet eugénisme est organisé par l’Etat dans des lois perverses et que les tribunaux se chargent ensuite de faire appliquer.
En y coopérant, les professionnels de santé se font totalement manipuler par l’Etat et les médias sans s’en rendre compte.
Le mouvement des soins palliatifs s’est complètement fait berner par monsieur Leonetti qui est un beau parleur, mais qui a surtout trouvé le moyen habile de faire faire des économies à l’Etat.
La vérité, c’est cela.
Accueillez-là tant qu’il est encore temps.
Excusez-moi de vous dire les choses aussi simplement, mais en conscience, si je ne vous disais rien, je risquerais d’être complice pas seulement d’un meurtre, mais de tous ceux qui vont suivre une fois que l’on aura mis fin à la vie de Vincent Lambert.
Bien cordialement,
Dr Béatrix Paillot
Gériatre – PH CHI Poissy St Germain en Laye.
par Vatican News, 02/07/2019
Le médecin de Vincent Lambert a décidé d'arrêter les traitements essentiels tels que l'hydratation et la nutrition. Entretien avec Don Roberto Colombo, de la Faculté de médecine et de chirurgie de l'Université catholique du Sacré-Cœur de Rome
Le médecin de Vincent Lambert a décidé "d'arrêter les traitements" à compter d'aujourd'hui. Les sources de presse rappellent que vendredi dernier la Cour de cassation avait prononcé une sentence annulant la suspension de l'arrêt du traitement annoncée le 20 mai par la cour d'appel de Paris. L'épouse est en faveur de la suspension des traitements. Les parents, par contre, sont contre. Pour certains médecins, Vincent Lambert, tétraplégique âgé de 42 ans et immobilisé depuis 2008 à la suite d'un accident de voiture, est en état végétatif, tandis que pour d'autres, comme en témoignent les photos prises par ses parents, il est en état de conscience minimale.
Vincent n'est pas un mourant
"Vincent Lambert est vivant, comme l'un de nous. Il n'est pas ventilé mécaniquement et son coeur bat spontanément. Il n'est pas un patient en phase terminale de sa maladie, mais il est stabilisé. Il ne meurt pas. Il n'a besoin que de soins physiologiques, indispensables, ceux qui sont pratiqués pour chaque patient hospitalisé ou à domicile ". Voilà ce qu'a souligné, dans l'entretien accordé à Luca Collodi de Radio-Vatican Italie, le père Roberto Colombo, de la Faculté de médecine et de chirurgie de l'Université catholique du Sacré-Cœur de Rome, membre de l'Académie pontificale pour la vie et consultant auprès du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie.
Tentation de l'euthanasie
"La dernière phrase de la cassation française qui le prive d'hydratation et de nutrition est un acte d'euthanasie inacceptable et inhumain, car elle vise à la suppression intentionnelle et directe de la vie d'un patient". "Nous sommes, explique Don Colombo, face à une obstination euthanasique indigne de la bonne médecine et d'une société civile fondée sur le droit et l'égalité de tous les citoyens, même s'ils sont gravement handicapés ". Pour le pape, "l'euthanasie et le suicide assisté sont une défaite pour tous. La réponse à laquelle nous sommes appelés est de ne jamais abandonner ceux qui souffrent mais de prendre soin et d'aimer pour redonner espoir ».
L'appel de la mère à l'ONU à Genève
Hier, lors d'une intervention émouvante au Comité international des droits des personnes handicapées à Genève, la mère de l'homme tétraplégique a dénoncé la tentative d'assassinat commis légalement sur son fils : "Pourquoi ne pas nous écouter?" Vincent est un être humain, pas un objet ". "Vincent - dit sa mère - n’est pas un légume. Je n'ai jamais vu un légume qui tourne la tête quand on l'appelle. J'ai beaucoup de photos et de vidéos, poursuit Viviane Lambert, qui montrent exactement le contraire de ce qui peut être dit dans la presse ". Elle a lancé un "appel à l'aide" émouvant. "Sans votre intervention - a-t-elle dit - mon fils sera euthanasié par un médecin en raison de son handicap cérébral".
Source : vaticannews.va
Digne et émouvant témoignage de Viviane Lambert à l'ONU pour sauver son fils. Que personne ne soit tenté d'encourir le jugement de Dieu : "Allez-vous en loin de moi... car j'avais faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'avais soif et vous ne m'avez pas donné à boire"(Mt 25)
— Mgr Marc Aillet (@MgrMAillet) 1 juillet 2019
Le médecin du CHU de Reims a annoncé à la famille de Vincent Lambert un nouvel arrêt des traitements mardi de ce patient français tétraplégique en état végétatif depuis plus de 10 ans, selon des sources concordantes.
"Le cours de la procédure d'arrêt des traitements", à laquelle la Cour de cassation avait ouvert la voie vendredi, "sera poursuivi à partir de ce jour", a déclaré par courriel le docteur Vincent Sanchez à chacun des membres de la famille de Vincent Lambert.
Dans ce message envoyé à la mi-journée, le médecin en appelle "à la responsabilité de chacun" afin que "l'accompagnement de Vincent Lambert soit le plus paisible, intime et personnel possible".
"Point final"
Vendredi, la Cour de cassation avait ouvert la voie à un nouvel arrêt de l'alimentation et de l'hydratation maintenant en vie Vincent Lambert, "point final" de cette affaire selon l'avocat de son épouse, qui se bat pour qu'il puisse mourir.
La haute juridiction a cassé la décision de la cour d'appel de Paris qui, le 20 mai, lors d'un énième coup de théâtre dans cette affaire devenue le symbole de la fin de vie en France, avait ordonné la reprise des traitements, interrompue le jour même, de cet ancien infirmier de 42 ans, victime d'un accident de la route en 2008.
La mère de Vincent Lambert, Viviane, totalement opposée pour sa part à l'arrêt des traitements, a pris la parole lundi à l'ONU à Genève pour lancer "un appel au secours". "Sans votre intervention, mon fils Vincent Lambert sera euthanasié par un médecin en raison de son handicap cérébral", avait-elle affirmé.
Source : rts.ch
On est en train de faire faire à la France un crime.
Tuer Vincent Lambert, c'est tuer un handicapé. C'est un crime.
Or, devant un crime, quiconque se tait est complice.
Il n'y a là aucune obéissance, civile ou religieuse, qui tienne. Couvrir un meurtre par le silence, c'est en être complice, c'est devenir meurtrier par omission. Omission de porter secours... omission de protester, au nom de la conscience.
Car il s'agit ici d'un assassinat, commandité par l’État, par les trois pouvoirs : législatif, judiciaire, exécutif ! Le gouvernement, les juges, un hôpital... Tout cela au grand jour... Au nom de la France....!
Je ne me laisserai pas spolier de ma conscience, de ma parole, de ma responsabilité ! Avec Daniel "je suis innocent du sang de cet homme".
Et vous ?
Est-ce que nous faisons, maintenant, à l dernière heure, au moins, vraiment tout ce qui est en notre pouvoir ?
Si aujourd'hui, nous nous taisons, demain nos enfants, nos petits enfants, nous demanderont des comptes, comme devant tout crime de l'histoire : tu savais ! et tu n'as rien fait ?
La mise à mort de Vincent Lambert est programmée au moment même où nous commémorons le triste anniversaire du T4. Par ce programme, lancé en été 1939, les nazis ont tué plus de 100'000 handicapés. Le critère était la capacité de travail. Qui ne peut pas travailler doit être éliminé car improductif et coûtant cher.
Et nous y sommes. En cette heure décisive de notre histoire. Ces heures-là ont toujours l'air de rien. Peu se rendent compte du terminus du chemin où ils s'engagent. Par paresse de réfléchir. Par lâcheté de voir venir. Et de faire face.
Arrêtons de nous voiler la face ! L’État est en train de faire un crime. Un crime gravissime car contre celui qui est sans défense ! Contre celui, précisément, qu'il devrait protéger ! Et ce, au nom de la France !... Mais, qui peut supporter cela ?
Parlez ! Agissez ! Écrivez à vos élus, commentez sur internet, participez aux manifestations de soutien, trouvez mille et un moyens pour faire entendre que non, nous ne laisserons pas tuer Vincent Lambert !
par Officiel ECLJ, 01/07/2019
Viviane Lambert est intervenue lors d'une conférence en marge de la 41e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève ce 1er juillet 2019.
A l'initiative de l'ECLJ, cette conférence fut consacrée à la problématique juridique entourant la situation de M. Vincent Lambert, et plus particulièrement aux aspects internationaux de cette affaire.
M. Vincent Lambert est un patient français tétraplégique en état de conscience altérée qui risque d’être abandonné à la mort par déshydratation et sédation, sur décision de son médecin.
La tenue de cette conférence en ces lieux s’imposait car le Conseil des droits de l’homme est l’organe intergouvernemental de supervision du respect par les Etats des engagements qu’ils ont pris en matière de droits de l’homme. Il compte 47 Etats membres, mais presque tous les Etats du monde y sont représentés.
Il est chargé notamment de la supervision du respect par les Etats des droits des personnes handicapées, droits garantis spécifiquement par la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées du 13 décembre 2006.
Cette convention figure parmi les plus largement ratifiées : 179 Etats parties sur les 193 Etats membres de l’ONU. Elle est associée à une instance quasi juridictionnelle de contrôle du respect par les Etats de leurs engagements : le Comité des droits des personnes handicapées.
Or, un grave différend oppose Monsieur et Madame Lambert au gouvernement français quant à l’application de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. En jeu, pas moins que la vie de leur fils Vincent Lambert.
C’est de ce différend qui a été exposée ce 1er juillet en présence de Mme Viviane Lambert, mère de Vincent Lambert, du Professeur Xavier Ducrocq, neurologue, et des avocats des parents, Mes Jean Paillot et Jérôme Triomphe.
Source : ECLJ
BATAILLE JURIDIQUE Après l’arrêt de la Cour de cassation qui ordonne la reprise des soins, les avocats de Vincent Lambert menacent de plainte le médecin responsable de Vincent Lambert et « les ministres concernés »
par 20 Minutes, 29/06/2019
«Meurtre avec préméditation»: c'est le qualificatif qui sera retenu pour une plainte, ont menacé les avocats des parents de Vincent Lambert, patient tétraplégique en état végétatif depuis dix ans, vendredi. Plainte à l'encontre du médecin qui ordonnerait un arrêt des traitements, si celui-ci avait lieu, après l'arrêt de la Cour de cassation qui a cassé vendredi l’arrêt de la cour d’appel qui avait ordonné la reprise des soins.
«Si le docteur Sanchez (du CHU de Reims, ndlr) prétend remettre en route le processus de mort (...), il sera poursuivi également par plainte avec constitution de partie civile pour meurtre avec préméditation sur personne vulnérable», a déclaré Me Jérôme Triomphe devant la presse.
Vendredi, la plus haute juridiction judiciaire a cassé la décision de la cour d'appel de Paris qui avait ordonné le 20 mai la reprise des traitements de Vincent Lambert, en état végétatif depuis 2008, comme demandé par le comité de l'ONU pour les droits des personnes handicapées (CDPH) et en attendant que celui-ci se prononce sur le fond du dossier.
«Si le gouvernement prétendait ne pas faire respecter ces mesures provisoires, nous engagerions immédiatement des poursuites pénales contre les ministres concernés», a également assuré Me Triomphe, accusant le gouvernement de «parjure vis-à-vis de ses engagements internationaux». «La France ne peut pas se placer au ban des nations civilisées et risquer d'être condamnée par l'ONU à l'avenir», a-t-il également ajouté.
Patrice Spinosi, l'avocat de son épouse Rachel Lambert, favorable à l'arrêt des traitements avait estimé de son côté que les traitements pouvaient «s'arrêter dès à présent. Maintenant, c'est le choix des équipes médicales.»
Source : 20minutes.fr
par Docteur Xavier Ducrocq, 20/05/2019, extrait
Ils ont parlé, ils ont tous parlé. Les médecins, les juges, les législateurs, les ministres, les médias. Ils ont tous parlé, même quand, manifestement, ils ne savaient pas ce qu’ils disaient, même quand ils désinformaient, même quand ils en prenaient à leur aise avec la vérité.
Mais nous, Français, nous n’avons pas pu donner, en pleine conscience, en possession d’une entière connaissance du dossier, et non de ce que l’on voulait nous en dire, notre opinion.
Pourtant, si Vincent devait mourir, nous en porterions tous le poids et la responsabilité. Notre silence nous ferait tous complices de ce crime. « Qui ne dit mot consent » dit la sagesse des Nations.
Vincent n’est pas un monstre, Vincent n’est pas un légume, Vincent n’est pas « en fin de vie ». Vincent est vivant. Vincent, handicapé, n’en reste pas moins, et peut-être même davantage en raison de sa faiblesse et de son dénuement, l’un des nôtres.
Le laisserons-nous mourir ? C’est à nous qu’il appartient, en dernier ressort, de dire si nous consentons ou non à l’indicible trahison de toutes nos valeurs, toute notre civilisation.
Demain, il sera trop tard. Pas seulement pour Vincent, mais pour chacun d’entre nous car ce choix fatal est de ceux sur lesquels l’on ne revient pas. Voulons-nous vraiment que d’autres, demain, au nom d’intérêts mystérieux, décident à notre place de notre vie, de notre mort, de celle de nos proches ? Il est encore temps de se poser la question. Encore temps de faire comprendre à ceux qui nous dirigent que personne ne choisira à notre place. À nous de voir comment faire entendre nos voix !
Source : valeursactuelles.com
par Docteur Xavier Ducrocq, 20/05/2019
Sept ordonnances. Il aura fallu sept ordonnances pour envoyer Vincent Lambert, innocent de tout crime, à la mort. Mort qui, quoiqu’en disent les médias et ceux qui croient faire l’opinion, aura, loin d’être “naturelle”, été longuement calculée, voulue, programmée, provoquée et, enfin, administrée. Ce faisant, blouses blanches et robes noires sont devenues complices d’une infamie sans précédent. Explications du neurologue Xavier Ducrocq.
Ordonnance médicale
Tout commence par une funeste erreur d’appréciation lorsque, dans le courant de l’hiver 2012-2013, l’équipe du Service de soins palliatifs du CHU de Reims croit déceler chez Vincent Lambert une « volonté de mourir ». En soi, l’affirmation est étrange. En effet : ou Vincent est apte à manifester, sans équivoque possible, sa volonté et, en ce cas, il est conscient ; ou, comme l’établiront, unanimes en dépit des réserves formulées quant à leur déroulement, toutes les expertises, Vincent est en état de conscience altérée, donc incapable de manifester une telle volonté.
Cette contradiction évidente n’empêche pas l’équipe médicale de décider sa mort. L’ordonnance, datée d’avril 2013, est simple : elle se borne à prescrire une privation totale de nourriture jusqu’à ce que mort s’ensuive. Comme si Vincent avait, aux yeux du personnel soignant, déjà cessé d’exister en tant que patient, et en tant qu’homme.
Pourtant, Vincent est bien vivant. Sévèrement handicapé, certes, mais vivant, à l’instar de près de deux mille autres personnes en France, patients très particuliers demandant des soins adaptés, parfois à domicile, et dont une circulaire ministérielle de mai 2003, qui ne distingue pas entre « état d’éveil non répondant » et « état paucirelationnel », règle la prise en charge. Tellement vivant, même, qu’il résiste, trente et un jours, au traitement, et y survit !
Au vrai, la seule ordonnance qui, médicalement, s’impose, depuis le début, est une prescription de soins de kinésithérapie, orthophonie, stimulation sensorielle, et un transfert urgent vers une unité spécialisée dans les soins à donner à ce type de patients. Il en existe, prêtes à recevoir Vincent.
Cette ordonnance-là, personne ne la rédigera et, puisque le patient récalcitrant, accroché à cette existence qu’on lui dénie, ne meurt pas, la prochaine prescription, plus drastique, ajoutera à la privation de nourriture celle de toute hydratation accompagnée d’une sédation profonde et continue, telle qu’inscrite dans la loi depuis 2016, permettant légalement une mort rapide.
Ordonnance juridique
La justice, dans un sursaut de conscience, a, plusieurs fois, suspendu l’exécution de l’ordonnance médicale fatale, au motif d’une atteinte à la vie et d’une erreur dans la conduite de la procédure collégiale. Avant, se ravisant, de s’ingénier à encadrer cette décision des conditions en permettant l’application légale.
Dès lors, à l’en croire, la nutrition-hydratation artificielle s’est métamorphosée en médication, la sédation pour détresse incontrôlable en sédation terminale, et la volonté supposée de Vincent a tenu lieu des directives anticipées qu’il n’a jamais rédigées. À la fin de ce parcours juridique, la caractérisation de « l’obstination déraisonnable » relève malheureusement plus de la loi que de la médecine.
Ordonnance législative
Car il aura fallu plier la loi, l’ajuster au « cas Lambert » de sorte que l’on puisse tuer Vincent en toute impunité. Et après lui, bientôt, tous ceux et celles qui partagent son état.
Car, dès que le législateur aura bien établi que certaines vies, - celle de Vincent aujourd’hui mais demain, peut-être, la vôtre, ou celle de quelqu’un que vous aimez.- ne méritent pas d’être vécues, qu’elles sont « indignes », « vaines », « scandaleuses » même, combien de temps faudra-t-il pour interdire toute dépense de santé en faveur de ces « inutiles » ? Et de bien d’autres peut-être car nul ne peut dire où s’arrêteront les « économies » ?
Non, ce n’est certes pas un oubli, une erreur, un hasard, un fâcheux manque de temps mais une volonté délibérée si la commission de révision de la Loi Leonetti du 22 avril 2005 n’a pas daigné recevoir les représentants des victimes de traumatisme crânien qui s’inquiétaient de la tournure des événements et du contenu de la future loi de 2016.
Osez l’admettre, Mesdames et Messieurs nos législateurs, vous qui votez les lois, vous avez bel et bien, sans la nommer, laissé inscrire l’euthanasie dans notre droit ! Ayez au moins le courage de le dire à ceux qui vous élisent ! Ou sommes-nous déjà dans 1984 et le monde terrifiant d’Orwell où un État présumé omnipotent et omniscient décide à notre place de nos actes, de nos choix, de notre vie et de notre mort ?
Ordonnance gouvernementale
Car, pour inquiétant que cela soit, c’est bien l’État français qui, désormais, s’acharne à obtenir l’exécution de l’arrêt et la mise à mort d’un de ses citoyens. Comme le révèle Rachel Lambert, épouse, et tutrice, de Vincent, dans le livre qu’elle a publié, c’est à la suite d’une intervention du ministre de la Santé de l’époque, et sur son conseil insistant, qu’elle-même et le CHU de Reims ont fait appel auprès du Conseil d’État de la décision de justice qui empêchait l’assassinat de Vincent.
Plus grave encore, tout récemment, l’actuelle Ministre de la Santé, commentant la requête de la Commission internationale des Personnes handicapées de l’ONU, sollicitée par les parents de Vincent, n’a pas hésité à affirmer que Vincent n’était pas une personne handicapée.
Affirmation pour le moins surprenante puisque, incontestablement, Vincent, du fait des lésions cérébrales provoquées par son accident en 2008, souffre bel et bien d’un double handicap moteur et cognitif !
Une fois encore, et jusqu’au plus haut niveau de l’État, l’on biaise, l’on joue sur les mots, lorsqu’ils dérangent, lorsqu’ils pourraient, surtout, conduire les Français à s’interroger. Pourtant, Albert Camus l’a dit : « Mal nommer les choses, c’est ajouter de la douleur au monde. »
Ordonnance médiatique
Interroger jusqu’aux plus avertis de nos concitoyens sur « le cas Lambert » revient, hélas, à mesurer l’ampleur et la gravité de la désinformation à l’œuvre. Devenue, dans cette affaire, une redoutable Agence de Formatage de la Pensée des plus orwellienne, là encore, l’AFP, à travers ses dépêches reprises sans contrôle par une grande partie des médias, s’ingénie à façonner l’opinion d’un public déjà largement privé de sens critique et incapable, même sur un sujet aussi grave, de se forger une idée personnelle.
Ce pouvoir médiatique, d’ordinaire infiniment moins pudique, n’a pas hésité à crier à la violation du droit à l’image quand les défenseurs du droit de Vincent à la vie, et de la vérité, afin de rétablir l’exactitude des faits malmenée par la presse, ont diffusé une vidéo qui battait en brèche toutes les certitudes soigneusement inculquées dans cette affaire au public. Qu’y voyait-on, en effet, sinon la preuve des mensonges et des absurdités répétés à l’envi depuis le début, la démonstration flagrante que Vincent n’était pas dans le coma, qu’il n’était pas moribond, qu’aucune machine ne le maintenait artificiellement en vie, qu’il n’y avait, par conséquent, rien à débrancher ?
Combien de Français ont alors découverts, stupéfaits, que Vincent, loin d’être le « légume » qu’on leur avait décrit et même odieusement caricaturé, était un être humain comme eux, capable d’ouvrir les yeux, tourner la tête, déglutir, à condition que l’on prît la peine de lui donner à manger plutôt que de l’alimenter par sonde ?
Était-ce donc si gênant de l’admettre ? Et pourquoi les mêmes médias, commentant les derniers rebondissements de « l’affaire Lambert » ont-ils, presque unanimes, préféré titrer sur la confirmation par les experts de l’état végétatif « irréversible » de Vincent plutôt que sur leur affirmation de toute absence « d’obstination déraisonnable » dans les soins que réclame son état ? Lâcheté ? Incompréhension ? Négligence ? Ou volonté délibérée de tromper le public, de le manipuler, et, si tel est le cas, dans quel but, et pour satisfaire quels intérêts ?
Ordonnance familiale
Jusqu’en mai 2013, personne, dans la famille de Vincent, n’envisageait de le tuer. Tout au contraire, ses proches l’entouraient, l’accompagnaient, dans le même amour et la même volonté de l’aider et l’entourer. Personne n’avait jamais fait part de sa prétendue volonté de n’être pas maintenu en vie s’il se trouvait un jour dans cette condition de grand handicapé. Il a fallu, à cette date, la terrible, la mortelle décision médicale de cesser de l’alimenter pour que les siens, soudain, se déchirent, les uns emportés par la confiance que l’on a tendance à faire aux médecins, les autres guidés par leur amour intact, intangible, et la nécessité de protéger le plus faible.
Ces déchirements ne sont pas le moindre drame dans cette histoire cruelle et qui oserait prétendre que l’assassinat de Vincent y mettra un terme ? L’apaisement, le pardon ne seront possibles qu’autour de Vincent en vie, ou mort de mort naturelle.
Ordonnance citoyenne
Ils ont parlé, ils ont tous parlé. Les médecins, les juges, les législateurs, les ministres, les médias. Ils ont tous parlé, même quand, manifestement, ils ne savaient pas ce qu’ils disaient, même quand ils désinformaient, même quand ils en prenaient à leur aise avec la vérité.
Mais nous, Français, nous n’avons pas pu donner, en pleine conscience, en possession d’une entière connaissance du dossier, et non de ce que l’on voulait nous en dire, notre opinion.
Pourtant, si Vincent devait mourir, nous en porterions tous le poids et la responsabilité. Notre silence nous ferait tous complices de ce crime. « Qui ne dit mot consent » dit la sagesse des Nations.
Vincent n’est pas un monstre, Vincent n’est pas un légume, Vincent n’est pas « en fin de vie ». Vincent est vivant. Vincent, handicapé, n’en reste pas moins, et peut-être même davantage en raison de sa faiblesse et de son dénuement, l’un des nôtres.
Le laisserons-nous mourir ? C’est à nous qu’il appartient, en dernier ressort, de dire si nous consentons ou non à l’indicible trahison de toutes nos valeurs, toute notre civilisation.
Demain, il sera trop tard. Pas seulement pour Vincent, mais pour chacun d’entre nous car ce choix fatal est de ceux sur lesquels l’on ne revient pas. Voulons-nous vraiment que d’autres, demain, au nom d’intérêts mystérieux, décident à notre place de notre vie, de notre mort, de celle de nos proches ? Il est encore temps de se poser la question. Encore temps de faire comprendre à ceux qui nous dirigent que personne ne choisira à notre place. À nous de voir comment faire entendre nos voix !
Source : valeursactuelles.com
par vaticannews, 28/06/2019
La plus haute instance judiciaire française a considéré que la Cour d’appel de Paris n’était pas compétente pour statuer sur le maintien ou non des soins vitaux prodigués à Vincent Lambert. Cette décision ouvre la voie à un nouvel arrêt des traitements.
La Cour de cassation a cassé l’arrêt de la cour d’appel de Paris, déclarée incompétente, sans renvoyer l’affaire devant un nouveau juge. Le débat était purement juridique. La Cour de cassation n’était pas saisie de la question de la fin de vie de Vincent Lambert mais de la compétence ou non de la Cour d'appel de Paris. Saisie par les parents, elle avait exigé le 20 mai dernier la reprise de l'alimentation et de l'hydratation de Vincent Lambert dans l’attente d’un avis du Comité de l’Onu pour la protection des personnes handicapée. Cette décision avait été prise alors que le Conseil d'État, plus haute juridiction administrative, venait de valider l’arrêt des soins. L'État français, les ministères de la Santé et des Affaires étrangères et le CHU de Reims, où est hospitalisé Vincent Lambert, s'étaient alors pourvus en cassation.
Pour l'épouse de Vincent Lambert, qui réclame depuis des années l’arrêt des soins, il n'y a plus de voies de recours possibles. «C'est un point final à cette affaire» a déclaré son avocat ajoutant que les traitements pouvaient s'arrêter «dès maintenant».
Les avocats des parents de Vincent Lambert ont eux annoncé qu’ils porteraient plainte pour «meurtre avec préméditation sur personne vulnérable» contre le médecin qui ordonnerait un arrêt des traitements.
Sa mère, Viviane Lambert, avait indiqué avant même la décision de la Cour de cassation vouloir interpeller la communauté internationale. Elle doit intervenir lundi devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU pour évoquer la situation de son fils et surtout le refus du gouvernement français de respecter les mesures conservatoires prescrites par le Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU.
Dans un tweet publié le 20 mai dernier, jour de l'arrêt de l'hydratation et de l'alimentation de Vincent Lambert, le Pape François avait exhorté à toujours protéger la vie, don de Dieu, du début à sa fin naturelle, appelant à prier pour ceux qui vivent dans un état de grave handicap.
source : vaticannews.va
par 20minutes.fr, 24/06/2019
La Cour de cassation examine dès lundi la compétence de la cour d'appel de Paris, qui avait ordonné la reprise des soins du patient Vincent Lambert.
La cour d'appel de Paris pouvait-elle ordonner la reprise des traitements de Vincent Lambert le 20 mai? La Cour de cassation, qui s'est penchée lundi sur cette question juridique déterminante pour l'avenir de ce patient tétraplégique en état végétatif depuis dix ans, se prononcera vendredi.
Video L'affaire Vincent Lambert
Séparés par une seule rangée sous les ors du palais de justice, mais par des années d'une déchirante bataille judiciaire qui a eu raison de l'unité de leur famille, plusieurs proches de cet homme devenu symbole du débat sur la fin de vie en France ont assisté à l'audience.
D'un côté Viviane Lambert, sa mère, fervente catholique qui juge comme son époux et deux frère et soeur que son fils n'est pas en fin de vie mais simplement handicapé.
De l'autre l'épouse et le neveu de Vincent Lambert, Rachel et François, favorables comme six frères et soeurs à l'arrêt des traitements maintenant en vie cet ancien infirmier de 42 ans, victime d'un accident de la route en 2008. Réunie en assemblée plénière, sa formation la plus solennelle, la haute juridiction rendra sa décision à 17H00 vendredi.
La Cour de cassation n'est pas saisie de la question de la fin de vie de Vincent Lambert. Elle devra trancher un débat purement juridique en disant notamment si le juge judiciaire - la cour d'appel - était compétent, alors que ce type de litige relève habituellement de la justice administrative.
Si elle suit le procureur général François Molins, qui a préconisé de casser la décision du 20 mai, et ce «sans renvoi» devant une autre juridiction, un nouvel arrêt de l'hydratation et de l'alimentation du patient par ses médecins du CHU de Reims sera rendu possible.
Après une trentaine de décisions de justice, celle-ci sera-t-elle la dernière ? Son épouse et de son neveu l'espèrent, ses parents promettent de nouveaux recours si la décision leur est défavorable.
«S'il y a une cassation vendredi, il n'y aura plus aucun recours possible pour chercher à suspendre l'arrêt des traitements et celui-ci pourra être mis en oeuvre dans les jours à venir», a estimé à l'issue de l'audience Patrice Spinosi, l'avocat de Rachel Lambert.
Le cas échéant, «vous verrez en temps et en heure les juridictions que nous serons en mesure de saisir», a répliqué l'un des défenseurs des parents Lambert, Jean Paillot.
«Coup d'Etat»
Après des années de procédures, l'équipe du CHU de Reims qui s'occupe de Vincent Lambert avait débuté le 20 mai l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation le maintenant en vie dans un état végétatif irréversible.
Mais quelques heures plus tard, la cour d'appel de Paris, saisie par les parents, ordonnait contre toute attente la reprise de ces traitements, comme demandé par le Comité des droits des personnes handicapées (CDPH), émanation de l'ONU, en attendant que celui-ci se prononce sur le fond du dossier.
L'Etat, les ministères de la Santé et des Affaires étrangères et le CHU de Reims s'étaient pourvus en cassation.
Les débats, très complexes, ont principalement porté sur la compétence du juge judiciaire.
Pour se déclarer compétente, la cour d'appel s'était fondée sur la notion juridique de «voie de fait», qui permet au juge judiciaire de sanctionner une atteinte à la «liberté individuelle» commise par l'administration. Pour les juges, cette dernière avait porté atteinte au droit «à la vie» en se dispensant de maintenir les traitements comme le demandait le CDPH.
Pour M. Molins comme pour les avocats de l'Etat, du CHU, du cousin et de l'épouse de Vincent Lambert, les conditions juridiques nécessaires à l'existence de cette «voie de fait» n'étaient pas réunies: la cour d'appel, juge judiciaire, s'est donc arrogé une compétence qu'elle n'avait pas.
Patrice Spinosi a tancé «un coup d'Etat de juges qui ont fait passer leur passion avant leur raison» et, comme «la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf», ont fait fi des décisions du Conseil d'Etat et de la Cour européenne des droits de l'Homme, qui avaient validé l'arrêt des traitements.
Là où ces avocats mettent en avant la «dignité» de Vincent Lambert, l'avocate des parents, Claire Le Bret-Desaché, a quant à elle mis en garde contre la «mise à mort» de cet homme «qui fait partie de notre humanité».
Elle a demandé le rejet des pourvois au nom du «droit à la vie» de Vincent Lambert et du respect des demandes du comité de l'ONU - dont ses contradicteurs estiment qu'elles n'ont aucune force contraignante. «Il n'y a aucune urgence à tuer Vincent Lambert.»
Source : 20minutes.fr
par Bénédicte Lutaud, 21/06/2019
Le procureur général de la Cour de cassation préconise de casser la décision qui, à la surprise générale, avait ordonné le 20 mai la reprise des traitements visant à maintenir en vie Vincent Lambert, patient tétraplégique en état végétatif depuis 2008.
Énième étape dans «l’affaire Vincent Lambert», le gouvernement avait déposé, le 31 mai, un pourvoi en cassation contre la décision de la cour d’appel de Paris ordonnant la reprise des soins de ce patient tétraplégique en état végétatif irréversible depuis dix ans. La Cour de Cassation, réunie en Assemblée plénière, examine ce pourvoi de l’État ce lundi 24 juin en début d’après-midi.
Une réunion en Assemblée plénière de la Cour de Cassation n’a rien d’anodin: cela signifie que toutes les chambres de la Cour (civiles, criminelle, sociale) seront réunies. Cela a lieu «lorsqu’une affaire est trop importante pour être traitée par une seule chambre», nous explique une source proche du dossier. «Cela signifie qu’on attend un arrêt de principe», c’est-à-dire un arrêt dans lequel sera posé un principe d’application général, qui permettra de prendre des décisions dans des futurs cas analogues.
Selon cette même source, cet arrêt de la Cour de Cassation aura un impact analogue, en terme de jurisprudence, à l’arrêt du Conseil d’État d’avril 2019 (qui avait alors validé l’arrêt des soins».
Le 20 juin, le procureur général de la Cour de cassation a préconisé de casser la décision qui avait ordonné le 20 mai la reprise des traitements visant à maintenir en vie Vincent Lambert. Un avis qu’il soutiendra à l’audience de la Cour de cassation.
Source : lefigaro.fr
par Genethique, 17/06/2019
Comme Vincent Lambert, ils sont 1500 en France, cérébro-lésés. Le Figaro publie l’histoire de trois d’entre eux. Ils vivent à la maison, avec leurs proches.
Jean-Pierre Adams, ancien international de football, 70 ans maintenant, est diagnostiqué en état végétatif depuis 1982 à la suite d’une erreur d’anesthésie intervenue pour une banale opération du genou. « Après de brefs passages à l’hôpital, d’où elle l’a exfiltré en 1983 après qu’il y a développé des escarres », Bernadette Adams a toujours gardé son mari à domicile : «Là-bas, on ne s’occupait pas de lui : il avait perdu 11 kilos quand je l’ai repris». Le footballeur pèse aujourd’hui 70 kilos. « C’est bien la preuve qu’il a de l’appétit. Alors, arrêter de le nourrir... Jamais ! ». Elle n’a pas renoncé à le voir retrouver sa lucidité : « J’ai toujours l’espoir de quelque chose. Pourquoi pas ? ». Elle lui prépare un bol mixé de fraises : « Il aime ça et il me le fait bien comprendre», explique Bernadette Adams qui craint plus que tout de mourir avant son époux.
En août 2014, Amélie de Linage fait « une fausse route alimentaire ayant provoqué un arrêt cardio-respiratoire, Amélie est plongée dans un coma artificiel. On tente un réveil quelques jours plus tard, mais l’électroencéphalogramme, qui s’affole, témoigne d’un état de mal épileptique réfractaire à tout traitement ». A sa famille ébranlée, le médecin chef du service réanimation déclare que « son projet de vie, c’est de mourir ». Son mari s’insurge : « Vous n’avez pas à choisir pour elle! (…) Moi non plus d’ailleurs. Laissez-lui juste une toute petite chance de vivre, quel que soit son état ». Un jour, il constate que l’alimentation est coupée et l’hydratation réduite au minimum, il s’emporte, rien n’y fait. Le 5 septembre, on retire à son épouse le respirateur artificiel, « contre toute attente, Amélie récupère cette fonction parfaitement », mais les médecins refusent de remettre en route l’alimentation et l’hydratation. Après quinze jours sans alimentation, Amélie a fondu mais elle « est toujours là »: « Je sentais sa présence », raconte son mari. Mi-octobre, des « reprises de conscience » sont perçues, ainsi que quelques balbutiements. Amélie finit par articuler : « J’ai faim, j’ai soif !». Très handicapée, elle rentre chez elle en décembre 2015 : « Comme Vincent Lambert, j’ai été classée à tort en fin de vie et condamnée à la dénutrition. Aujourd’hui, je suis là pour dénoncer cette injustice, et dire que j’aime la vie ».
Camille avait 18 ans quand, au retour de la fac, « elle s’est fait violemment percuter par une Citroën Saxo blanche ». « Sur l’encéphalogramme, l’activité cérébrale de Camille est faible. Seul signe de vie, ses pupilles sont réactives ». Sa maman raconte : « On nous a simplement dit qu’elle ne serait jamais plus comme avant. On sentait bien qu’il y avait des tensions au sein de l’équipe médicale sur son cas, mais à aucun moment on ne nous a demandé de faire un choix. Camille était là. Elle respirait. C’est tout ce qui comptait. Je ne sais pas si ce serait encore possible aujourd’hui avec les progrès de l’imagerie ». Camille a aujourd’hui 34 ans, elle vit chez ses parents, dans leur maison de la Vienne. « Paralysée, allongée ou en fauteuil, elle peut respirer seule mais est nourrie et hydratée artificiellement ». En état Pauci-relationnel, la prise en charge, lui a permis « des progrès en compréhension fine, et son état d’éveil s’est amélioré » : elle « écarquille ses grands yeux noisette. Son regard est un peu fixe mais sa main droite papillonne autour de son visage. Elle peut brandir son pouce pour dire «oui» et agiter son index pour dire «non». Plaisanteries, jeux de mots, commentaires au second degré... Son visage s’anime à chaque boutade de ses parents ».
Marie-Françoise, sa mère, heurtée par l’image de Vincent Lambert sur son lit d’hôpital, en chemise de nuit, ne peut pas eux pas imaginer sa fille « dans une chambre, allongée à regarder le mur toute la journée ». Elle ne comprend pas que les proches ne soient pas plus associés aux décisions médicales d’arrêt des traitements : « La loi Leonetti/Claeys ne devrait pas s’appliquer à nos cas, estime-t-elle. Camille n’est pas atteinte d’une maladie incurable ou en fin de vie ». Elle s’insurge : « Arrêter l’alimentation, c’est inimaginable pour moi. C’est comme si on lui mettait un oreiller sur la tête. Si je le faisais, j’irais en prison. Mais les médecins, eux, ont ce droit ».
Source : genethique.org
par Breish-info, 09/06/2019
Ludovine de la Rochère : Cette affaire est une tragédie absolue. Il est du reste absolument incompréhensible qu’il n’y ait pas d’accord pour le transférer dans une structure ad hoc, ni d’explication à ce refus. Macron avait donné l’instruction à sa ministre de la Santé de ne pas suivre la demande de l’ONU, et maintenant l’État français fait appel : il veut tuer Vincent Lambert.
Breizh-info : L’ordre médical semble aussi peu enclin à se déjuger face à des proches déterminés à sauver leur fils. Pot de terre contre pot de fer ?
Ludovine de la Rochère : Dans l’hôpital même, le corps médical est très divisé. Et le jour de l’arrêt des soins, beaucoup se sont fait porter pâles pour refuser d’être partie prenante dans la mise en œuvre de la soi-disant « décision collégiale » de l’arrêt des soins.
Breizh-info : Finalement, il est à craindre que les bourgeois catholiques qui ont voté LREM n’aient voté AUSSI pour la mort de Vincent Lambert ?
Ludovine de la Rochère : En dépit d’une surinformation permanente, beaucoup ne se préoccupent que de leur vie quotidienne. Et beaucoup ont cru Macron quand il a dit n’avoir rien à voir avec cette affaire, et qu’il ne souhaite pas s’immiscer. Pourtant, avant que la ministre de la Santé dise que la France pouvait ne pas suivre la demande de l’ONU et que « l’équipe médicale est en droit d’arrêter les soins », elle a pris ses instructions. Quand on fait passer l’économie avant tout, quand on se voile la face, c’est toujours l’être humain qui en pâtit, les convictions qui sont abandonnées.
Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe
Source : breizh-info.com
par Sophie Constanzer, 04/06/2019
Après l'interruption surprise de la procédure d'arrêt des soins le 20 mai, les avocats des parents de Vincent Lambert ont décidé de poursuivre la directrice du CHU de Reims et le médecin en charge de leur fils, le Docteur Sanchez, devant le Tribunal correctionnel de Reims pour "non assistance à personne en danger". Et ce par voie de citation directe.
24.000 de consignation demandés à Pierre et Viviane Lambert
Il s'agit d'une énième procédure pour éviter toute nouvelle tentative d'arrêt des soins sur la personne de Vincent Lambert, déclaré en état végétatif irréversible depuis un accident de la route en 2008. L'audience de ce mardi 4 juin a permis de fixer les modalités de cette procédure et notamment le montant des frais estimés par le tribunal, en cas de citation abusive. Le tribunal a demandé au total la somme de 24 000 euros qui devra être consignée avant l'audience fixée au 26 novembre prochain à 14 h. Une somme qui doit être versée par les parents de Vincent Lambert, Viviane et Pierre Lambert.
Le pourvoir en cassation de l'Etat examiné d'ici 31 juillet
En attendant, une autre procédure est en cours puisque l'Etat a décidé de se pourvoir en cassation pour contester la décision de la Cour d'appel de Paris du 20 mai, qui avait ordonné la reprise des soins de ce patient tétraplégique. La Cour de cassation devrait trancher la question avant le 31 juillet. "On voit depuis quelques jours qui est notre véritable adversaire : contrairement à ce qu'on pense ce n'est pas une famille qui se déchire, c'est aujourd'hui un ensemble de procédures entre une partie de la famille de Vincent et le gouvernement français...", a commenté ce mardi Maître Jean Paillot, l'un des avocats des parents de Vincent Lambert.
"On est dans un combat qui est devenu plus seulement judiciaire mais aussi un combat politique", a encore souligne Maître Paillot. De leur côté, les avocats du CHU de Reims et du médecin en charge de Vincent Lambert n'ont pas souhaité commenté la procédure en cours devant le Tribunal correctionnel de Reims, ni le pourvoi en cassation de l'Etat.
Source : francebleu.fr
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par Xavier Bazin, 29/05/2019 ressources insoupçonnées
Selon l’épouse de Vincent et certains de ses frères et sœurs, Vincent « n’aurait pas voulu vivre comme ça ».
Ils disent que Vincent s’était exprimé en ce sens.
Mais très honnêtement, cela ne me paraît pas déterminant.
Déjà, il faudrait savoir ce que voulait vraiment Vincent, dans le détail.
Peut-être qu’il était contre « l’acharnement thérapeutique », mais qu’il aurait voulu qu’on lui laisse une chance minime de progresser, en le plaçant dans une unité adaptée.
Peut-être qu’il était contre « l’obstination déraisonnable », mais qu’il ne voulait pas non plus qu’on le laisse mourir de déshydratation !
Peut-être qu’il s’imaginait que l’état « végétatif » était indigne, invivable… et qu’il ne ressent plus du tout la même chose aujourd’hui !
Encore une fois, on n’en sait rien.
Comme le dit très justement le Dr Sabine Paliard-Franco :
« Tout le monde sait que lorsque l’on est fort et bien portant, l’on peut lancer à la volée, à qui veut l’entendre et avec conviction, qu’on ne supporterait pas d’être un légume, et qu’il ne faudrait pas en cas d’accident insister pour être maintenu en vie…
Or nous le constatons bien, nous médecins expérimentés dans ces questions de fin de vie, que la plupart des malades, une fois la maladie ou le handicap présents, trouvent d’autres ressources insoupçonnées, physiques, morales et spirituelles, pour lutter contre la maladie et partent souvent contre toute attente lorsqu’ils ont accompli ce qu’ils avaient à faire »[11].
C’est un fait également très connu des chercheurs en psychologie : nous autres, êtres humains, sommes très mauvais pour anticiper ce qui va nous donner du bonheur ou du malheur.
Ainsi, des millions de personnes jouent au « loto » dans l’espoir de transformer leur vie. Mais des études montrent qu’après quelque mois d’exubérance, les gagnants du loto retrouvent peu ou prou leur niveau de bonheur initial.
Et on observe la même chose pour les tétraplégiques : après des mois de profonde dépression, ils ont tendance à retrouver leur niveau de bonheur antérieur à leur accident.
Le grand physicien Stephen Hawkins, enfermé dans son corps gravement handicapé pendant 55 ans, explique ce paradoxe : « mes espoirs ont été réduits à néant lorsque j’avais 21 ans. Depuis, chaque chose est un bonus ».
Et oui : on n’imagine pas à quel point on peut prendre goût à des bonheurs simples lorsqu’on est en situation de lourd handicap.
Voilà pourquoi je ne suis pas totalement convaincu par les « directives anticipées », celles qu’on vous demande d’écrire noir sur blanc, dans le cas où un accident vous arriverait.
Je pense que personne ne peut vraiment savoir comment il réagira, quand cela lui arrivera.
Et dans le doute, il me semble qu’il est difficilement justifiable de faire mourir quelqu’un, surtout si ses parents y sont farouchement opposés.
En l’absence de volonté claire, en l’absence de souffrance manifeste, et en l’absence de consensus familial, il est troublant de vouloir mettre fin à une vie humaine.
Alors je le demande solennellement :
Pitié pour Vincent Lambert
Quoi qu’il arrive, sortez-le maintenant de sa chambre d’hôpital.
Et installez-le au plus vite dans une unité qui prendra soin de lui dignement.
Xavier Bazin
PS : je ne prétends pas avoir la vérité sur un sujet aussi délicat et j’aimerais vraiment avoir votre avis : n’hésitez pas à le partager, en commentaire de cet article.
PS2 : pour compléter, voici de larges extraits de l’excellent avis dissident de 5 juges de la Cour Européenne des Droits de l’Homme[12] (ils ont été mis en minorité par 12 autres juges, qui ont jugé que laisser mourir Vincent n’était pas contraire aux droits de l’homme) :
« Nous regrettons de devoir nous dissocier du point de vue de la majorité. Après mûre réflexion, nous pensons que ce qui est proposé revient ni plus ni moins à dire qu’une personne lourdement handicapée, qui est dans l’incapacité de communiquer ses souhaits quant à son état actuel, peut, sur la base de plusieurs affirmations contestables, être privée de deux composants essentiels au maintien de la vie, à savoir la nourriture et l’eau, et que de plus la Convention est inopérante face à cette réalité. Nous estimons non seulement que cette conclusion est effrayante mais de plus – et nous regrettons d’avoir à le dire – qu’elle équivaut à un pas en arrière dans le degré de protection que la Convention et la Cour ont jusqu’ici offerte aux personnes vulnérables.
Nous voudrions préciser d’emblée que, s’il s’était agi d’une affaire où la personne en question (Vincent Lambert en l’espèce) avait expressément émis le souhait qu’il lui soit permis de ne pas continuer de vivre en raison de son lourd handicap physique et de la souffrance associée, ou qui, au vu de la situation, aurait clairement refusé toute nourriture et boisson, nous n’aurions eu aucune objection à l’arrêt ou la non-mise en place de l’alimentation et de l’hydratation.
Selon les éléments disponibles, Vincent Lambert se trouve dans un état végétatif chronique, en état de conscience minimale, voire inexistante. Toutefois, il n’est pas en état de mort cérébrale – il y a un dysfonctionnement à un niveau du cerveau mais pas à tous les niveaux. En fait, il peut respirer seul (sans l’aide d’un respirateur artificiel) et peut digérer la nourriture (la voie gastro-intestinale est intacte et fonctionne), mais il a des difficultés pour déglutir, c’est-à-dire pour faire progresser des aliments solides dans l’œsophage. Plus important, rien ne prouve, de manière concluante ou autre, qu’il ressente de la douleur (à distinguer de l’inconfort évident découlant du fait d’être en permanence alité ou dans un fauteuil roulant).
Nous sommes particulièrement frappés par une considération développée par les requérants devant la Cour dans leurs observations du 16 octobre 2014 sur la recevabilité et le fond (paragraphes 51-52). Cette considération, qui n’est pas réellement contestée par le Gouvernement, est la suivante : « La Cour doit savoir que [Vincent Lambert], comme toutes les personnes en état de conscience gravement altérée, est néanmoins susceptible d’être levé, habillé, placé dans un fauteuil, sorti de sa chambre. De nombreuses personnes dans un état similaire à celui de Monsieur Lambert, sont habituellement résidentes dans un établissement de soins spécialisé, et peuvent passer le week-end ou quelques vacances en famille (…). Et, précisément, leur alimentation entérale permet cette forme d’autonomie. Le docteur Kariger avait d’ailleurs donné son accord en septembre 2012 pour que ses parents puissent emmener Monsieur Vincent Lambert en vacances dans le sud de la France. C’était six mois avant sa première décision de lui supprimer son alimentation… et alors que son état de santé n’avait pas changé ! »
Il ressort des éléments soumis à la Cour que l’alimentation par voie entérale occasionne une atteinte minimale à l’intégrité physique, ne cause aucune douleur au patient et, avec un peu d’entraînement, pareille alimentation peut être administrée par la famille ou les proches de M. Lambert (et les requérants se sont proposés pour le faire), même si la préparation alimentaire doit être élaborée dans une clinique ou dans un hôpital.
Dans ce contexte, nous ne comprenons pas, même après avoir entendu les plaidoiries dans cette affaire, pourquoi le transfert de Vincent Lambert dans une clinique spécialisée (la maison de santé Bethel) où l’on pourrait s’occuper de lui (et donc soulager l’hôpital universitaire de Reims de ce devoir) a été bloqué par les autorités.
En d’autres termes, Vincent Lambert est vivant et l’on s’occupe de lui. Il est également nourri – et l’eau et la nourriture représentent deux éléments basiques essentiels au maintien de la vie et intimement liés à la dignité humaine.
Nous posons donc la question : qu’est-ce qui peut justifier qu’un État autorise un médecin (le docteur Kariger ou, depuis que celui-ci a démissionné et a quitté l’hôpital universitaire de Reims, un autre médecin), en l’occurrence non pas à « débrancher » Vincent Lambert (celui-ci n’est pas branché à une machine qui le maintiendrait artificiellement en vie) mais plutôt à cesser ou à s’abstenir de le nourrir et de l’hydrater, de manière à, en fait, l’affamer jusqu’à la mort ? Quelle est la raison impérieuse, dans les circonstances de l’espèce, qui empêche l’État d’intervenir pour protéger la vie ? Des considérations financières ? Aucune n’a été avancée en l’espèce. La douleur ressentie par Vincent Lambert ? Rien ne prouve qu’il souffre. Ou est-ce parce qu’il n’a plus d’utilité ou d’importance pour la société, et qu’en réalité il n’est plus une personne mais seulement une « vie biologique » ?
Ainsi que nous l’avons déjà souligné, il n’y a pas d’indications claires ou certaines concernant ce que Vincent Lambert souhaite (ou même souhaitait) réellement quant à la poursuite de l’alimentation et de l’hydratation dans la situation où il se trouve à présent. Certes, il était infirmier avant l’accident qui l’a réduit à son état actuel, mais il n’a jamais formulé aucune « directive anticipée » ni nommé une « personne de confiance » aux fins des diverses dispositions du code de la santé publique.
Or, pour des questions d’une telle gravité, il ne faut rien moins qu’une certitude absolue. Une « interprétation » a posteriori de ce que les personnes concernées peuvent avoir dit ou ne pas avoir dit des années auparavant (alors qu’elles étaient en parfaite santé) dans le cadre de conversations informelles expose clairement le système à de graves abus. Même si, aux fins du débat, on part du principe que Vincent Lambert avait bien exprimé son refus d’être maintenu dans un état de grande dépendance, pareille déclaration ne peut, à notre avis, offrir un degré suffisant de certitude concernant son souhait d’être privé de nourriture et d’eau.
Comme les requérants le relèvent aux paragraphes 153- 154 de leurs observations – ce qui, encore une fois, n’a pas été nié ou contredit par le Gouvernement : « Si réellement M. Vincent Lambert avait eu la volonté ferme de ne plus vivre, si réellement il avait « lâché » psychologiquement, si réellement il avait eu le désir profond de mourir, M. Vincent Lambert serait déjà, à l’heure actuelle, mort. Il n’aurait en effet pas tenu 31 jours sans alimentation (entre le premier arrêt de son alimentation, le 10 avril 2013, et la première ordonnance rendue par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, le 11 mai 2013 ordonnant la remise en place de son alimentation) s’il n’avait pas trouvé en lui une force intérieure l’appelant à se battre pour rester en vie. Nul ne sait quelle est cette force de vie. Peut-être est-ce, inconsciemment, sa paternité et le désir de connaître sa fille ? Peut-être est-ce autre chose. Mais il est incontestable que, par ses actes, Monsieur Vincent Lambert a manifesté une force de vie qu’il ne serait pas acceptable d’occulter. À l’inverse, tous les soignants de patients en état de conscience altérée le disent : une personne dans son état qui se laisse aller meurt en dix jours. Ici, sans manger, et avec une hydratation réduite à 500 ml par jour, il a survécu 31 jours. »
En aucun cas on ne peut dire que Vincent Lambert se trouve dans une situation « de fin de vie ». De manière regrettable, il se retrouvera bientôt dans cette situation lorsqu’on cessera ou qu’on s’abstiendra de le nourrir et de l’hydrater. Des personnes se trouvant dans une situation encore pire que celle de Vincent Lambert ne sont pas en stade terminal.
Les questions relatives à l’alimentation et à l’hydratation sont souvent qualifiées par le terme « artificiel », ce qui entraîne une confusion inutile, comme cela a été le cas en l’espèce. Toute forme d’alimentation – qu’il s’agisse de placer un biberon dans la bouche d’un bébé ou d’utiliser des couverts dans un réfectoire pour amener de la nourriture à sa bouche – est dans une certaine mesure artificielle, puisque l’ingestion de la nourriture passe par un intermédiaire. Mais dans le cas d’un patient se trouvant dans l’état de Vincent Lambert, la véritable question à se poser (dans le contexte des notions de proportionnalité et de caractère raisonnable qui découlent de la notion d’obligation positive de l’État au regard de l’article 2) est celle-ci : l’hydratation et l’alimentation produisent-elles un bénéfice pour le patient sans lui causer une douleur ou une souffrance indue ou une dépense excessive de ressources ? Dans l’affirmative, il y a une obligation positive de préserver la vie.
À notre sens, toute personne se trouvant dans l’état de Vincent Lambert a une dignité humaine fondamentale et doit donc, conformément aux principes découlant de l’article 2, recevoir des soins ou un traitement ordinaire et proportionné, ce qui inclut l’apport d’eau et de nourriture.
Cette affaire est une affaire d’euthanasie qui ne veut pas dire son nom.
Il s’agit de « précipiter un décès qui ne serait pas survenu autrement dans un avenir prévisible. »
Le fait d’alimenter une personne, même par voie entérale, est un acte de soins et si l’on cesse ou l’on s’abstient de lui fournir de l’eau et de la nourriture, la mort s’ensuit inévitablement (alors qu’elle ne s’ensuivrait pas autrement dans un futur prévisible). On peut ne pas avoir la volonté de donner la mort à la personne en question mais, en ayant la volonté d’accomplir l’action ou l’omission dont on sait que selon toutes probabilités elle conduira à cette mort, on a bien l’intention de tuer cette personne.
En 2010, pour célébrer son cinquantième anniversaire, la Cour a accepté le titre de Conscience de l’Europe en publiant un ouvrage ainsi intitulé. Nous regrettons que la Cour, avec cet arrêt, ait perdu le droit de porter le titre ci-dessus. »
Sources
[1] Cité dans ce livre du Dr Sam Parnia.
[2] Citation retranscrite dans le livre du Dr Jean-Jacques Charbonier, Les 7 bonnes raisons de croire à l’au-delà, Guy Tredaniel Editeur, 2012.
[3] https://www.ladepeche.fr/etats-unis-declare-cliniquement-mort-enfant-reveille
[4] https://www.courrierinternational.com/sortir-du-coma-apres-vingt-ans-d-inconscience
[5] https://www.courrierinternational.com/sortir-du-coma-apres-vingt-ans-d-inconscience
[6] https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0960982217309648
[7] https://www.lemonde.fr/patient-dans-un-etat-vegetatif-recupere-une-conscience-minimale
[8] https://www.lexpress.fr/vincent-lambert-a-quoi-servent-les-unites-specialisees
[9] https://www.verein-eras.ch/uploads/files/pdf/AFFAIRE-LAMBERT-ET-AUTRES-FRANCE.pdf
[10] https://www.la-croix.com/Laffaire-Lambert-inquiete-familles-cerebroleses
[11] https://www.famillessanteprevention.org/lettres/docteur-sabine-paliard-franco/
[12] https://www.verein-eras.ch/uploads/files/pdf/AFFAIRE-LAMBERT-ET-AUTRES-FRANCE.pdf
Source : sante-corps-esprit.com
Article en plusieurs parties : 1 - 2 - 3 - 4 - 5
par Xavier Bazin, 29/05/2019
Au départ, la question de l’euthanasie se posait uniquement pour des personnes :
Mais Vincent Lambert ne correspond à aucune de ces caractéristiques :
J’insiste sur ce point.
Ceux qui souhaitent le laisser mourir disent qu’il s’agit de le libérer d’une vie indigne d’être vécue.
Mais qu’en savent-ils ? Rien.
Les experts qui l’ont examiné se sont hasardés à dire ceci :
« La limitation extrême ou totale de ses capacités d’accès à la conscience, de communication, de motricité, d’expression de sa personnalité, l’altération irréversible de son image lui portent atteinte à un point qui n’est pas acceptable par lui-même et par son épouse et tutrice ».
Pour moi, c’est une affirmation totalement gratuite.
L’état de Vincent est peut-être intolérable pour son épouse (ce qui est éminemment compréhensible), mais personne au monde ne peut dire ce qu’en pense Vincent lui-même !
A l’inverse, les parents de Vincent Lambert sont persuadés que leur fils souhaite vivre, « s’accroche à la vie » :
« Il n’aurait en effet pas tenu 31 jours sans alimentation s’il n’avait pas trouvé en lui une force intérieure l’appelant à se battre pour rester en vie. À l’inverse, tous les soignants de patients en état de conscience altérée le disent : une personne dans son état qui se laisse aller meurt en dix jours. »
C’est peut-être une indication, mais pas une preuve définitive.
Je répète que personne ne peut savoir ce que veut Vincent aujourd’hui.
Alors, dans le doute, faut-il arrêter de l’alimenter pour le faire mourir ?
Nourrir quelqu’un, est-ce de l’acharnement ?
Depuis la loi Claeys-Leonetti, l’alimentation artificielle est considérée comme un « traitement médical ».
Personnellement, je trouve ça très troublant.
Dans le cas d’une machine qui aide à respirer, les choses sont claires : c’est bien un traitement, une « assistance respiratoire ».
Si on vous « débranche », vous mourrez parce vous ne pouvez pas respirer sans appareillage.
Mais pour l’alimentation, c’est différent.
Personne au monde ne peut survivre sans boire ni manger.
Nourrir quelqu’un, même via une « sonde », ne me paraît pas être un « traitement médical ».
N’oublions pas que beaucoup de gens ne sont pas capables de se nourrir tout seul : les bébés, bien sûr, mais aussi beaucoup de personnes âgées dépendantes.
J’ai une grande tante aveugle, qui ne pourrait pas survivre si on ne la nourrissait pas. Certaines personnes âgées ont des problèmes de déglutition et doivent être nourries par sonde.
Du coup, la question se pose : alimenter quelqu’un, est-ce vraiment de « l’acharnement thérapeutique », ou de « l’obstination déraisonnable » ?
Si vous regardez bien, les conditions de la mort de Vincent Lambert sont assez dérangeantes.
S’il meurt, c’est uniquement parce qu’on arrête de le nourrir et de l’hydrater.
Vincent Lambert n’est pas branché à des appareils compliqués. Il pourrait parfaitement vivre dans une maison ou un appartement normal, avec une sonde alimentaire et des proches qui prennent soin de lui.
Écoutez ce que dit Philippe, médecin lui-même et papa d’un jeune homme qui est dans un état similaire à celui de Vincent Lambert :
« J’avoue que lorsque j’ai pris conscience, fin 2013, qu’il était question de mettre fin à l’hydratation et à l’alimentation d’un jeune homme en état végétatif chronique, je suis tombé de l’armoire !
Je me suis rendu compte que demain, je pourrais être pris à partie par un médecin qui me dirait : “Ce que vous faites de votre fils, c’est de l’obstination déraisonnable”. Aujourd’hui, il mange par la bouche, mais il est tout à fait possible que demain, s’il est affaibli, il soit lui aussi nourri grâce à une sonde, comme Vincent Lambert ».[10]
Ce malaise, beaucoup de familles l’ont ressenti.
« Un jour, la sœur d’une patiente fait irruption dans mon bureau, énervée et émue, a raconté un médecin qui s’occupe de patients dans le même état que Vincent Lambert. Elle me dit : “Promettez-moi que vous ne ferez jamais mourir ma sœur de faim et de soif ».
Pour certains médecins, il est faux de dire que Vincent Lambert pourrait « mourir de soif », puisqu’il n’est pas conscient.
Mais si on en était sûr à 100 %, pourquoi était-il prévu de donner à Vincent Lambert des anti-douleurs, une « sédation profonde et continue », et de lui humidifier régulièrement la bouche pour éviter la sensation de soif ?
Personnellement, je pense qu’il faut avoir de très bonnes raisons pour laisser mourir quelqu’un de cette manière.
Source : sante-corps-esprit.com
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Les médecins s’apprêtent à donner ses organes… mais il se réveille !
par Xavier Bazin, 29/05/2019
Prenez le cas du jeune Trenton McKinley, victime d’un grave accident à 13 ans[3].
Il fait plusieurs arrêts cardiaques, dont un qui a privé son cerveau d’oxygène pendant 15 minutes.
Pour ses médecins, il ne fait alors aucun doute que Trenton sera un « légume » toute sa vie.
Du coup, ses parents prennent la décision d’arrêter « l’acharnement thérapeutique ».
Ils autorisent même l’hôpital à donner les organes de Trenton à 5 autres enfants.
Mais la veille du jour où les médecins devaient le « débrancher », Trenton sort de son coma et revient à la vie !
Il doit suivre une longue rééducation, mais c’est tout sauf un « légume » :
Il a même gardé son sens de l’humour : « plus de corvée vaisselle pour moi », a-t-il déclaré à la télévision.
« Passer de l’absence totale d’ondes cérébrales à, maintenant, la marche, la parole et la lecture, et même les maths, c’est un miracle ! », s’est émerveillée sa mère.
Miracle ou pas, cette histoire montre que la médecine doit être humble face aux mystères du cerveau et de la conscience.
C’est d’autant plus vrai qu’on observe même des améliorations impressionnantes après 10, 15 ou 20 ans en état végétatif !
Des améliorations cérébrales stupéfiantes après plus de 15 ans de coma
Prenez le cas étonnant de Terry Wallis.
En 1984, ce jeune homme de 19 ans a un grave accident de voiture.
Il tombe dans le coma, avec de graves lésions cérébrales.
Pour ses médecins, non seulement il ne se réveillera jamais… mais avec son « cerveau en compote », il est condamné à rester dans un état végétatif à vie.
Mais en 2003, Wallis se met à parler, puis bouger. Il finit par réaliser avec stupeur que le président des Etats-Unis n’est plus Ronald Reagan !
Ce qui s’est passé, aucun médecin ne pouvait l’anticiper, vu ce qu’on savait à l’époque.
Figurez-vous que, pendant son coma, le cerveau de Wallis a développé de nouveaux circuits neuronaux qui ont remplacé ceux qui avaient été détruits dans l’accident !
Encore plus fort : parmi les nouvelles connexions qui se sont formées, certaines « n’existent pas dans un cerveau normal »[4] !
Cela veut dire que les possibilités du cerveau sont immenses… et que des améliorations sont toujours possibles !
Cela veut dire qu’on peut passer d’un état végétatif à un état de conscience[5] !
Et c’est encore plus vrai aujourd’hui, en 2019 avec les avancées de la science.
Tout récemment, un homme qui a vécu en état végétatif pendant 15 ans a retrouvé la conscience, grâce à une thérapie de pointe[6].
Voici ce qu’en dit le journal Le Monde, en 2017 :
« Il était plongé depuis quinze ans dans un état « d’éveil non répondant », souvent encore nommé « état végétatif ». Cet homme, aujourd’hui âgé de 35 ans, a récupéré un état de conscience minimale.
Comment ? Grâce à une intervention neurochirurgicale : la stimulation électrique répétée d’un nerf crânien, le nerf vague ».[7]
Comme l’explique le professeur Steven Laureys, les conséquences de cette nouvelle thérapie sont immenses :
« Un vieux dogme voudrait qu’il n’existe aucune chance d’amélioration chez les patients sévèrement cérébrolésés depuis plus d’un an. Mais ce dogme est faux, comme le confirme ce cas. La plasticité cérébrale, cette capacité de remodelage et d’adaptation de notre cerveau, est parfois étonnante ».
Et c’est ce qui me révolte profondément dans le cas de Vincent Lambert :
A aucun moment, on ne lui a donné une chance d’améliorer son état !
Incarcéré dans une chambre d’hôpital depuis 10 ans
Depuis 10 ans, Vincent Lambert est allongé sur son lit d’hôpital, au CHU de Reims, sans interruption, ou presque.
Non seulement on n’a pas essayé cette thérapie de « stimulation du nerf vague », pourtant découverte par une équipe de recherche française…
…mais c’est bien pire : on ne l’a même pas mis dans les conditions minimales pour qu’il fasse des progrès… et vive dans des conditions décentes !
Je m’explique : aujourd’hui en France, environ 1 700 personnes sont dans le même état que Vincent Lambert.
Beaucoup d’entre elles sont prises en charge dans des unités spécialisées, parfaitement adaptées à leur état.
Il y en a environ 150 en France. Et elles offrent aux patients toutes sortes de stimulations très intéressantes pour le cerveau : de la musique, du goût, du « toucher-massage ».
Pour Eric Vérin, professeur de médecine physique et de réadaptation, « Avec des moyens adaptés de communication et d’échange, vous pouvez voir apparaître de petits progrès »[8].
Dans ces unités, les patients bénéficient de l’intervention de kinesithérapeutes, d’ergothérapeutes et d’ortophonistes deux à trois fois par semaine minimum.
« Il est hors de question que la journée se passe dans le lit et dans la chambre : les patients sont levés, habillés, mis dans des fauteuils adaptés et vont rejoindre d’autres personnes pour créer une vie sociale. »
Ces femmes et ces hommes peuvent sortir à l’extérieur, sentir une brise d’air frais, entendre le chant d’un oiseau.
Mais pour Vincent Lambert, RIEN de tout cela.
Il a juste le droit d’être allongé sur un lit d’hôpital, regarder le plafond et attendre la mort.
Selon Edwige Richer, neurologue retraitée d’une de ces unités : « Si Vincent Lambert avait été dans une autre unité, il n’aurait pas perdu le temps qu’il a perdu là ».
Cinq juges de la Cour européenne des droits de l’homme s’en sont également émus :
« Nous ne comprenons pas pourquoi le transfert de Vincent Lambert dans une clinique spécialisée, où l’on pourrait s’occuper de lui, a été bloqué par les autorités »[9].
Pour moi, c’est profondément choquant, quoi qu’on pense du fond de cette affaire.
Et je voudrais aller encore plus loin.
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le cas Vincent Lambert n’a rien à voir avec le débat « classique » sur l’euthanasie...
Source : sante-corps-esprit.com
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