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par France Télévisions, 13/11/2020
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Plus de 15 000 résidents d'Etablissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes sont morts du Covid-19, dans leur Ehpad ou après leur transfert à l'hôpital ; c’est presque une victime sur deux de la pandémie entre mars et juillet 2020. Dans de nombreux établissements, l’irruption du virus a tourné à l’hécatombe : 20 morts à Buzançais dans l’Indre, 27 à Cornimont dans les Vosges, 40 à Mougins dans les Alpes-Maritimes… La maladie a frappé sans distinction : les Ehpad publics comme ceux appartenant à de grands groupes privés ont été touchés de plein fouet.
Catherine voudrait comprendre pourquoi Georges, son père, est mort du coronavirus Covid-19 dans son Ehpad. Olivia se demande comment Hermine, sa grand-mère, l’a attrapé. Nathalie cherche à savoir dans quelles conditions est morte Georgette, sa mère…
L’enquête de "Pièces à conviction" révèle que pendant le premier confinement, au printemps 2020, l’ensemble de la prise en charge des résidents d’Ehpad pose question. La plupart des établissements n’ont pas été équipés en masques de protection avant la fin mars. Les tests ont longtemps été limités à trois par maison de retraite. Certains établissements ont même placé des résidents dans une "unité Covid" sans même les tester au préalable.
Alors que leur état se dégradait, un certain nombre de malades ont été tardivement pris en charge par les services de secours débordés. A leur arrivée à l’hôpital, certains malades âgés n’ont pas été admis en soins intensifs car ils n’étaient pas prioritaires. Plusieurs médecins le confirment : il y a bien eu un tri des entrants à l’hôpital au détriment des pensionnaires des Ehpad. Certains établissements se sont murés dans le silence. Des familles sont restées plusieurs jours dans l’angoisse, sans nouvelles de leur proche, et sans aucune information sur leur état de santé.
Pourtant, partout en France, des soignants se sont battus pour trouver des solutions. Jusqu’à se confiner pendant plusieurs semaines avec leurs résidents pour éviter de faire entrer le virus dans leurs établissements.
Xavier Deleu et Julie Pichot ont enquêté pendant six mois. Ils ont filmé dans plusieurs maisons de retraite, ont rencontré les familles et des soignants en Ehpad, ont interrogé des médecins hospitaliers et remonté la chaîne des responsabilités jusqu’aux Agences régionales de santé et au ministère de la Santé. Alors que la pandémie de Covid-19 reprend de plus belle, les Ehpad sont-ils enfin prêts à faire face ?
Un documentaire réalisé par Xavier Deleu et Julie Pichot, produit par CAT & Cie avec la participation de France.tv.
Source : francetvinfo.fr
par Philippe Oswald, 16/06/2020
La gestion de la crise du coronavirus dans les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) risque d’occuper longtemps la chronique judiciaire.
Les informations éparses qui finissent par filtrer confirme l’hécatombe dont ont été victimes les personnes âgées que le confinement était pourtant destiné prioritairement à protéger. Entre le tiers et la moitié des presque 30 000 morts de la Covid-19 en France sont décédés dans des EHPAD (bilan approximatif, n’incluant pas les personnes mortes à leur domicile, ni les décès dans les EHPAD antérieurs au 2 avril, date à laquelle ils ont commencé à être inclus dans le décompte quotidien officiel).
Trop de ces pensionnaires des EHPAD sont morts dans des conditions inhumaines : privés des soins qu’aurait nécessité leur état, de promenade, de leurs familles, et d’assistance spirituelle – malgré le dévouement des personnels soignants dont beaucoup ont été contaminés et parfois ont succombé au virus. Les causes de cette tragédie sont à présent bien connues : absence de tests, de masques, de vêtements de protection, d’appareils et de lits de réanimation, entraînant le « tri » des malades.
Dès le début du confinement, au mois de mars, des responsables d’EHPAD alertaient sur ses conséquences pour les résidents et le personnel : l’enfermement des personnes âgées dans leurs chambres, la privation de contacts, de repas collectifs, de sorties, même dans les couloirs, le face-à-face anxiogène avec la télévision, les appels angoissés de la famille… « C’est d’une violence inouïe » témoignait Jean-Bernard Prim, directeur général de l’association Chemin d’espérances en charge d’une vingtaine d’établissements, dans le Point du 24 mars : « Non seulement nous n’avons nous-mêmes plus le temps matériel de leur tenir la main, mais nous n’avons plus le droit de laisser venir les familles pour les accompagner. » Quant aux soins funéraires, ajoutait-il, « les corps ne sont plus habillés, ils sont directement placés dans des housses mortuaires et mis en bière immédiatement. Cela aussi, c’est extrêmement dur. »
Les agences régionales de santé (ARS) sont sur la sellette pour leur gestion de la crise et l’opacité sur le nombre des victimes dans les EHPAD. Dominique Bussereau, le président du Conseil départemental de Charente Maritime, a poussé un « coup de gueule » retentissant après avoir appris incidemment, en lisant Sud-Ouest, le décès de 16 résidents d’un EHPAD à Tonnay-Charente. Ni lui, ni ses services, ni le maire, ni le préfet de Région n’avaient été informés de ces décès alors qu’ils constituent le tiers de ceux liés à la Covid-19 dans le département. Il dénonce les dysfonctionnements de l’Agence régionale de santé, « une machine devenue extrêmement technocratique ».
Beaucoup de familles estiment que la dureté du confinement, au lieu de protéger les personnes âgées, a précipité leur déclin quand bien même elles avaient été épargnées par le coronavirus. L’assouplissement des règles en vigueur dans les EHPAD à compter du 5 juin n’a pas suffi à les rasséréner. Les « recommandations » du ministère de la Santé aux directions des établissements d’autoriser une reprise des visites des proches à condition que la situation sanitaire le permette, sont laissées à l’appréciation des directeurs des EHPAD, et certains se montrent fort rigides. Face à cette situation, un collectif a envoyé à Emmanuel Macron et au ministre de la Santé une pétition : « Pour un déconfinement humain dans les maisons de retraite (EHPAD et résidences) ». Les auteurs dénoncent un « enfermement et une atteinte discriminatoire à la liberté et au droit de sociabilité des personnes âgées ainsi que de leurs proches ». Dans Le Quotidien du Médecin (en lien ci-dessous) un ancien généraliste exprime sa colère de ne pas avoir pu fêter les cent ans de sa mère, pensionnaire d’un EHPAD dans la banlieue de Rouen (Seine-Maritime), à cause « d’une conduite bureaucratique dénuée de sentiment humain. »
Philippe Oswald
Cet article est republié à partir de La Sélection du Jour.
Source : infochretienne.com
par Pierre-Alain Brenzikofer, 29/05/2020
Chère maman,
Figure-toi que j’ai reçu une mission périlleuse de Manuella Maury, la pétulante jeune femme qui lit jusqu’à aujourd’hui bon nombre de ces lettres dans «Porte-plume», cette émission de la Radio romande qu’elle concoctait avec toutes les règles du confinement dans son coquet refuge de Mase. «Ta maman en fourrure! C’est ça que tu dois nous écrire! Ecris-nous une lettre avec ta maman au volant! Ça oui, alors! Ça fera du bien à tous les aînés qui nous contactent pour nous jurer qu’ils se sentent en superforme et qu’ils n’en peuvent plus des écrits paternalistes…»
Ben, moi qui me sentais le roi des figures libres, je me retrouve avec une imposée. La plus périlleuse pour les mauvais patineurs.
Mais avant d’en arriver à cette fameuse fourrure – d’ailleurs, en était-ce vraiment une, et si c’était le cas, elle ne pouvait qu’être fausse, ici, on n’achète ni ne vend la peau de l’ours –, situons le contexte!
Finalement, tu ne l’as pas si mal vécu, ce confinement. Avec ton jardin et tes multiples occupations, tu pestais quand même de ne plus pouvoir faire tes courses. On était là pour ça. Pour t’éviter les regards peu amènes de jeunes vieux. Tiens! l’ancien maire de Saint-Imier en est arrivé à se demander si on obligerait un jour les plus de 65 ans à se munir d’une crécelle de lépreux. Alors, quand nos hautes autorités ont desserré la vis, tu as repris le volant pour rallier ces jardineries à l’air libre de tout virus. Pour faire main basse sur une solide poignée de plantons. «C’est le grand moment d’aller m’occuper des tombes», m’as-tu fait savoir sur un ton péremptoire. Si les vieux sont persécutés, autant que les morts soient aux petits soins!
Ah! j’oubliais. Tu as refusé catégoriquement toute aide pour charger tes pneus d’été. Et seul un tour de rein t’a empêchée de passer la tondeuse à gazon. Ce n’est pas à ton âge qu’on va se refaire. Et puis, qu’est-ce qu’il a ton âge? Chez les gens bien élevés, on ne demande pas leur âge aux dames. Ce qui nous mène gentiment à cette fameuse fourrure.
Parmi tes autres occupations d’avant-confinement, tu adorais venir avec moi dans la région zurichoise pour chercher des voitures de test. Une qu’on ramène, une autre qu’on va prendre ailleurs: il fallait deux cornacs hors pair pour passer d’une Jaguar musclée à une Dacia haletante, d’une boîte automatique à double embrayage à une manuelle hoquetante. Sûr que tu aurais impressionné jusqu’aux as de la Formule 1. Ton plus beau coup, tu l’avais réalisé au volant d’un adipeux pick-up, quand deux casquetteux balkaniques t’avaient dépassée juste pour voir qui pilotait ce monstre. La surprise qu’ils avaient dû avoir en découvrant une vieille dame digne, vêtue d’une fourrure, même fausse. Sûr qu’ils avaient dû en déduire que la vie était décidément trop injuste.
Info+:
Bon, pendant le confinement, fallait pas tenter le diable. Prendre le risque de tomber sur un pandore argovien prêt à te confondre avec une activiste retraitée des Brigades rouges. Et on ne parle pas des inquiets, cafteurs et délateurs à deux balles qui foisonnent sous le règne du Covid-19. Pourtant, tu les adorais, ces transhumances pétaradantes. Moi, je rajeunissais. Je me faisais reprocher ma barbe mal rasée, mes cheveux trop longs, mon manque de goût vestimentaire comme à l’âge de mes 15 ans. Dans nos contrées reculées, on appelle ça avoir une sale allure. Quoi qu’il en soit, je suis sûr que tu retrouveras ce home de La Colline, où tu officiais comme visiteuse d’autres seniors généralement plus jeunes et bien plus mal portants que toi. Et, qui sait, si la perspective de ma retraite imminente me fait perdre la boule, tu pourras venir m’y visiter pour me parler de mes cheveux…
Pierre-Alain Brenzikofer, corédacteur en chef
Source : journaldujura.ch
par MC, 28/04/2020
« Son médecin traitant s’est émerveillé devant sa guérison miraculeuse et en voyant à quel point elle va bien. Merci beaucoup pour votre amour et vos prières ! À Dieu soit la gloire, Il a fait de grandes choses pour nous !!! »
Joyce Harrington une chrétienne de la Nouvelle-Orléans qui a commencé à développer des symptômes du coronavirus au mois de mars. Sans espoir, son médecin lui avait dit de « planifier le pire », mais aujourd’hui, âgée de 93 ans, elle est sortie de l’hôpital et loue Dieu de l’avoir guérie du coronavirus.
Joyce Harrington avait été admise à l’hôpital le 25 mars dernier avec des symptômes du Covid-19. Et le médecin de l’hôpital n’avait que peu d’espoir. Il lui avait dit, « espérez pour le mieux, planifiez pour le pire » et parlait de chances de survie « minimes » à ses filles. Mais celles-ci connaissaient bien la foi de leur mère.
« Ils ne connaissent pas maman, sa foi et son corps sont forts. »
De son côté, isolée dans sa chambre d’hôpital, Joyce s’en remet à Dieu.
« Seigneur, je suis prête maintenant. Je suis prête à voir les anges venir à mes côtés. »
Elle se dit alors « en paix »et continue de prier.
« Il y avait tellement d’émotions qui ont surgi, alors j’ai eu beaucoup de prières différentes. J’ai prié pour ma famille tous les jours. »
Un jour qu’elle prie pour connaître la volonté de Dieu, elle affirme, « si Dieu veut que je vive, je lui rendrai gloire ».
Pendant 7 jours, Joyce bénéficie de 15 litres d’oxygène par jour. Et contre toute attente, son état de santé s’améliore. Elle n’a plus besoin d’oxygène, s’alimente, se remet à marcher et dort mieux. Après deux semaines à l’hôpital, Joyce est prise en charge dans un centre de soins, où elle restera à nouveau deux semaines, avant de rentrer chez elle.
Et hier, pour la première fois en 6 semaines, Rhonda Kelley a pu revoir sa mère, Joyce.
« Son médecin traitant s’est émerveillé devant sa guérison miraculeuse et en voyant à quel point elle va bien. Merci beaucoup pour votre amour et vos prières ! À Dieu soit la gloire, Il a fait de grandes choses pour nous !!! »
M.C.
Source : infochretienne.com
par Yohan ROBLIN, 28/04/2020
SURVIVANTE - En Espagne, une femme de 106 ans, testée positive au coronavirus, a été déclarée officiellement guérie. Un siècle auparavant, alors enfant, elle avait déjà vaincu la grippe espagnole.
Ana Del Valle, la rondeña de 107 años que ha sobrevivido a dos pandemias https://t.co/tiaXWnvscs #Ronda pic.twitter.com/hHPZmaB1nD
— CharryTV Ronda (@charrytv) April 16, 2020
Ana del Valle est ce qu'on appelle "une force de la nature". Cette centenaire, qui soufflera ses 107 bougies le 20 octobre, a survécu à deux pandémies. Il y a quelques jours, elle a guéri du Covid 19 dans la maison de retraite, où elle habite à Cadix, dans le sud de l'Espagne. Un siècle plus tôt, en 1918 alors qu'elle n'était âgée que de 7 ans, l'Andalouse avait réchappé à l'épidémie de grippe espagnole. Son histoire miraculeuse a été contée par sa belle-fille Paqui Sánchez à l'agence de presse espagnole EFE.
"Elle vivait à la campagne et elle nous a dit, qu'à cette époque, tout le monde chez elle a été touché (par la grippe espagnole, ndlr). Sa famille n'avait ni lait ni nourriture. Alors quand elle n'avait que 7 ans, elle a quitté la ferme où elle vivait pour aller chercher du lait dans la ferme la plus proche", raconte Paqui. "Mais elle s'est évanouie sur la route, et quelques heures plus tard, sa mère l'a retrouvée avec une très forte fièvre." Prise en charge et soignée, la jeune fille survit à la souche particulièrement virulente et contagieuse, qui fera au moins 50 millions de morts à travers le monde entre 1918 et 1919.
Un siècle plus tard, c'est une autre pandémie qui fait vaciller le monde. Début mars, le coronavirus se répand en Espagne. Ana séjourne, elle, depuis 2012 dans une résidence pour personnes âgées. Sa famille reçoit, le 9 mars, l'interdiction de la direction de l'établissement d'aller la visiter après la détection du premier cas chez l'un des soignants. "Le 19 mars, ils ont confirmé qu'il y avait deux travailleurs infectés et qu'ils avaient dépisté toutes les personnes âgées. Ils m'ont également dit, officieusement, que sur les 22 employés de la résidence, 20 avaient été testés positifs", explique la belle-fille de la centenaire.
"Elle récupère à une vitesse incroyable"
Le lendemain, la nouvelle tombe : les proches d'Ana apprennent que la vieille dame a été testée positive pour le Covid-19. Sa famille s'inquiète alors du "manque absolu d'information" de la maison de retraite la concernant. Mais, à l'intérieur du centre, la centenaire peut compter sur les employés pour prendre soin d'elle au quotidien. "Les personnes âgées n'ont pas été abandonnées, elles ont été soignées par des travailleurs malades, mais elles ne manquaient de rien", assure Paqui Sánchez.
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Mais l'état de santé d'Ana se dégrade. Hospitalisée, elle est transférée en soins intensifs, où elle est sédatée. Un mois après avoir déclaré le virus, elle est officiellement guérie, selon sa belle-fille, qui a désormais de ses nouvelles tous les jours. "Nous savions qu'il y avait une équipe de spécialistes, des psychologues et deux médecins qui prenaient soin d'elle. Ils organisent même des appels en visio et nous envoient des vidéos et photos", se réjouit-elle. Remise sur pied, Ana "récupère désormais à une vitesse incroyable". Elle a depuis recommencé à marcher, avec un déambulateur et l'aide d'une infirmière.
Source : lci.fr
par Docteur Véronique Lefebvre des Noettes, 28/04/2020
Agée de 95 ans, Odette avait déjà lutté plus de 10 jours contre le Covid-19. Elle avait vaillamment surmonté le confinement dans sa chambre, la toux épuisante, la fièvre qui monte et descend en un V caractéristique. Les soignants étaient confiants, rassurant même la famille par téléphone sur son état somatique. L’espoir renaissait. Mais brutalement, alors que son corps ne présentait plus de signes inquiétants, tout se précipita. On allait la perdre… Et ce qui la mettait en danger, c’était le chagrin de ne plus voir les siens.
Odette fermait les yeux, la bouche, tous les contacts et ouvertures possibles vis-à-vis des soins prodigués avec patience et d’infinies précautions compte tenu du danger potentiel de contamination par les soignants masqués, « charlottés », gantés, en blouse et surblouse. Rien n’y faisait. Elle se laissait mourir. De façon active, en arrachant la perfusion posée pour son hydratation. De façon passive, en refusant toutes les tentatives prises pour la nourrir comme un bébé – espérant que le réflexe de succion perdure, nous lui donnions des petites potions enrichies à boire, à téter. Le chagrin l’emportait. Elle se laissait glisser vers la mort.
Un état de grande déstabilisation somatique et psychique
Ce syndrome de glissement ne nous est pas inconnu : il a été décrit en 1956 par Jean Carrié, dans sa thèse de médecine. Partant de ses observations dans un hospice pour personnes âgées, ce gériatre remarque que certains processus de fin de vie s’apparentent à un « glissement », une sorte de « processus d’involution et de sénescence porté à son état le plus complet ». D’autres médecins ont ensuite précisé le propos. À l’instar d’Yves Delomier, qui lors du 4e congrès international francophone de gérontologie, en 1990, en donne une définition plus restrictive.
Selon ce gériatre, un tel syndrome spécifique de personnes âgées, fragiles et polypathologiques, marque un état de grande déstabilisation somatique et psychique d’évolution gravissime. Il y voit une décompensation aiguë (infectieuse, traumatique, vasculaire, chirurgicale, choc physique, etc.) qui fait suite à un facteur déclenchant physique ou psychique – ici le Covid-19, maladie fragilisante en elle-même et ayant qui plus est imposé des mesures de confinement pouvant être vécu de la part des personnes âgées comme un abandon familial.
Touchant de 1 à 4 % des personnes âgées hospitalisées, ce syndrome peut conduire à la mort en quelques jours à un mois, à travers des troubles biologiques et neuropsychiques sévères, si un traitement n’est pas mis en route suffisamment tôt : suivant les études, le décès survient dans 80 à 90 % des cas. S’il est mal défini dans la classification internationale des maladies, plusieurs signes physiques et psychiques doivent l’évoquer. À savoir, l’anorexie et l’absence de soif (adipsie), la dénutrition et la déshydratation, des troubles sphinctériens (atonie intestinale et vésicale), mais aussi un repli sur soi, le mutisme, le fait de vouloir rester au lit, le refus de s’alimenter et d’être soigné. Mais que sait-on précisément des origines de ce syndrome ?
Plusieurs hypothèses psychopathologiques
Si l’on ne dispose pas encore de véritable étiologie, différentes hypothèses psychopathologiques ont été avancées, qui mettent en avant la dépression avec une dimension suicidaire, une conduite régressive, un état post-traumatique ou un état de désorganisation psychosomatique. Certaines font de la dépression l’un des facteurs déclenchants, quand d’autres évoquent un état « confusodépressif » ou « asthénodépressif », ou encore une forme de dépression sévère, dépression différente dans ses manifestations de ce qu’elle est chez les personnes plus jeunes, la tristesse y étant rarement exprimée tandis que sont bien présentes l’irritabilité et l’opposition, avec refus de s’alimenter. C’est notamment ce que tend à prouver une enquête portée à la connaissance du public en 2012 et menée dans une maison de retraite de la région de Rabat.
Soixante hommes et femmes âgés en moyenne de 73 ans ont répondu à un questionnaire visant à établir la sévérité de la dépression associée à leur syndrome de glissement. Tous étaient délaissées par leurs proches et bon nombre avaient des antécédents médicaux ou chirurgicaux susceptibles d’avoir déclenché un syndrome de glissement : 57 % avaient souffert de pneumopathies, 43,5 % de cardiopathies, 15 % un antécédent d’AVC (accident vasculaire cérébral) et 78,33 % des endocrinopathies, en particulier du diabète. Ils ont répondu à un questionnaire connu sous le nom de geriatric depression scale (GDS) – en français échelle de dépression gériatrique (EDG) – et composé de 30 items permettant d’établir un score donnant la gravité de la dépression. Or quels résultats ont obtenu les chercheurs ? Pour 61,66 % des patients, la dépression était légère à modérée (score de 15 à 22), mais elle était sévère chez un tiers d’entre eux.
Pour ces auteurs, si le syndrome de glissement est parfois considéré comme une forme de dépression, « il ne s’agit pas d’une véritable pathogénie, mais d’une polypathologie infra-clinique ». En clair, ils soulignent la présence d’une insuffisance rénale (liée à la déshydratation et à l’anorexie), d’un débordement des systèmes de défense par la maladie initiale, de déficits hormonaux exacerbés, ou encore de carences restant à un stade infra-clinique jusqu’à la décompensation entraînée par la maladie aiguë. Et ils considèrent que « ce syndrome, dont le pronostic est réservé, revêt la forme d’un suicide, et nécessite une prise en charge multidisciplinaire. »
Ne pas se contenter d’antidépresseurs
En pratique, il est en effet fréquent que l’on se contente de diagnostiquer un épisode dépressif majeur, voire une dépression sévère à tonalité mélancolique, et que des antidépresseurs soient prescrits en intraveineux. Mais comme le notent ces chercheurs, quelle que soit la molécule prescrite, dans 30 % des cas les patients ne répondent pas au traitement par antidépresseurs. Et plusieurs auteurs ont par ailleurs rapproché le syndrome de glissement de certaines dépressions du bébé, ou encore du concept anglo-saxon de failure to thrive, issu de la pédiatrie et correspondant à « un échec, une défaillance à croître, à prospérer, à bien se porter. »
Séparé de sa mère et manquant d’affection, le tout jeune enfant peut en effet sombrer dans état dépressif décrit en 1945 par le psychanalyste René Spitz et qualifié d’hospitalisme. Or de quoi s’agit-il ? De bébés qui, privés de lien affectif, se mettent à pleurer, à rester en retrait et détachés, avant de maigrir, d’être sujets aux infections, puis de voir s’altérer leur développement psychique et moteur : après cinq mois de carence effective, le développement s’arrête et les troubles peuvent conduire au décès.
Les analogies sont nombreuses. Chez le bébé victime d’hospitalisme comme chez la personne âgée souffrant du syndrome de glissement, les manifestations cliniques sont à la fois comportementales et somatiques, et les symptômes marqués par la passivité et le retrait, rendant les soins difficiles. Qui plus est, dans les deux cas, on note au départ l’alternance entre des phases d’apathie et d’agitation, et la succession de phases de détresse, puis de désespoir et enfin de détachement.
À l’évidence, les antidépresseurs ne sont donc en aucun cas suffisants. Il faut bien davantage pour retrouver le chemin de la vie. La prise en charge se doit en effet d’être médicale, infirmière, diététique, physiothérapique et psychique. Avec aussi et surtout, des mots doux, des caresses, des paroles tendres et affectueuses, et tout simplement les visites des personnes aimées… ce qui est malheureusement difficile à mettre en musique, en temps de Covid-19.
Véronique Lefebvre des Noettes, Psychiatre du sujet âgé, chercheur associé au Laboratoire interdisciplinaire d’étude du politique Hannah Arendt, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)
Source : infochretienne.com
par Monseigneur Michel Aupetit, Archevêque de Paris, 21 mars 2020
Paris, le 21 mars 2020
Chers amis soignants,
Je tenais tout d’abord à vous remercier d’être en première ligne pour secourir nos concitoyens. Vous retrouvez le sens profond de votre vocation : soigner vos frères humains qui sont dans la détresse. Alors que tant de personnes ont quitté la grande ville et travaillent à distance, vous êtes tous bien présents au front avec courage et dévouement. J’espère profondément que la nation saura s’en souvenir quand les temps seront meilleurs.
Il peut arriver devant l’afflux des malades que vous soyez confrontés à de vrais problèmes de conscience. Lorsque ceux-ci seront plus nombreux que les respirateurs qui peuvent leur sauver la vie, vous pourrez être amenés à faire des choix douloureux. Il ne faut surtout pas parler, comme je l’entends quelquefois, de faire un « tri » entre les malades. La fin recherchée qui est de sauver la vie ou de soulager le patient, est commune à tous. Les moyens pour y parvenir doivent être proportionnés à la réalité sanitaire.
Le Pape saint Jean Paul II dans son encyclique l’Évangile de la vie nous donne des clés de compréhension : « Il est certain que l’obligation morale de se soigner et de se faire soigner existe, mais cette obligation doit être confrontée aux situations concrètes ; c’est-à-dire qu’il faut déterminer si les moyens thérapeutiques dont on dispose sont objectivement en proportion avec les perspectives d’amélioration » (EV n°65). C’est donc votre discernement concerté entre soignants qui, devant ces situations concrètes, permettra d’ajuster la réponse en fonction de l’état du patient et de ses chances objectives de survie. Cela relève de votre compétence et de votre responsabilité.
Comme tous nos concitoyens, je vous fais confiance, vous remercie encore de votre implication généreuse et, si vous le souhaitiez, mes frères prêtres et moi-même, nous nous tenons à votre disposition pour vous soutenir spirituellement s’il en est besoin ainsi qu’auprès des mourants, des malades et de leurs familles.
Soyez assurés de ma prière et de ma reconnaissance.
+Michel Aupetit
Archevêque de Paris
Source : paris.catholique.fr
Le Pape a accordé un long au quotidien italien La Repubblica dans lequel il demande à chacun d’être proche de ceux qui ont perdu des êtres chers.
par Vatican News, 18/03/2020
«J'ai demandé au Seigneur de stopper l'épidémie: Seigneur, arrête-la de ta main. J'ai prié pour cela». C’est ce que révèle François au journaliste Paolo Rodari de La Repubblica lorsqu’il lui demande quelle avait été sa prière dimanche après-midi à Sainte Marie Majeure et San Marcello al Corso, au cœur de Rome.
Le Pape suggère comment vivre ces jours difficiles:
“Nous devons redécouvrir le caractère concret des petites choses, des petites attentions à avoir envers nos proches, nos parents, nos amis. Et comprendre que dans ces petites choses, il y a notre trésor. Il y a des gestes minimes, qui se perdent parfois dans l'anonymat du quotidien, des gestes de tendresse, d'affection, de compassion, qui sont pourtant décisifs, importants. Par exemple, un plat chaud, une caresse, un câlin, un appel téléphonique... Ce sont des gestes familiers d'attention aux petits détails de chaque jour qui donnent un sens à la vie et qui font qu'il y a communion et communication entre nous.”
«Parfois, poursuit François, nous vivons une communication entre nous qui n'est que virtuelle. Nous devrions plutôt découvrir une nouvelle proximité. Une relation concrète faite d'attention et de patience. Souvent les familles à la maison mangent ensemble dans un grand silence qui cependant n’est pas le fruit d’une écoute réciproque, mais lié au fait que les parents regardent la télévision pendant qu'ils mangent et que leurs enfants sont sur leur téléphone portable. On dirait des moines isolés les uns des autres. Il n'y a là aucune communication. Il est important au contraire de s'écouter les uns les autres parce que nous comprenons les besoins de chacun, leurs besoins, leurs efforts, leurs désirs. Il y a un langage fait de gestes concrets qui doit être sauvegardé. A mon avis, la douleur de ces jours doit s’ouvrir vers ce concret».
Une attention spéciale pour ceux qui sont en première ligne
Le Pape adresse une pensée particulière pour le personnel de santé, pour les bénévoles et pour les familles des victimes : «Je remercie ceux qui se dépensent pour les autres. Ils sont un exemple de ce caractère concret. Et je demande que chacun soit proche de ceux qui ont perdu des êtres chers, en essayant de les accompagner de toutes les manières possibles. La consolation doit maintenant être l'engagement de tous». François se dit frappé, à cet égard, par un article récemment publié par un autre journaliste, Fabio Fazio, en particulier par le fait que «notre comportement influence toujours la vie des autres» en citant l'exemple de ceux qui, ne payant par leurs impôts, affaiblissent les services de santé.
Enfin, François invite tout le monde à espérer, même ceux qui ne croient pas : «Tous sont enfants de Dieu, et Dieu les regarde. Même ceux qui ne l’ont pas encore rencontré, qui n'ont pas le don de la foi, peuvent trouver là leur chemin, dans les belles choses auxquelles ils croient : ils peuvent trouver la force dans l'amour pour leurs enfants, pour leur famille, pour leurs frères et sœurs. Quelqu’un peut dire : ‘Je ne peux pas prier parce que je ne crois pas’. Mais en même temps, il peut croire en l'amour des gens qui l'entourent et là trouver de l'espérance».
par Alliance Vita, 26/03/2020
« Alliance VITA demande aux pouvoirs publics de comptabiliser les décès par COVID-19 des personnes âgées, de donner accès aux tests de dépistage à tout citoyen sans limite d’âge, et de réaffirmer que chaque patient a le droit, à tout âge, d’être soulagé et soigné sans être tué », indique ce communiqué du 26 mars 2020.
CP-Alerte COVID-19 : personnes âgées discriminées et risque d’euthanasie
Alliance VITA constate que de graves dérives éthiques menacent de nombreuses personnes âgées, en cette période de contamination, de confinement, de manque de moyens matériels et humains et de saturation des services hospitaliers de réanimation.
Informée par les écoutants de son service d’aide SOS fin de vie, par de nombreux soignants membres de ses équipes et par ses experts médicaux, Alliance VITA lance l’alerte sur cette grave situation. Déjà confrontées à la solitude, de nombreuses personnes âgées se retrouvent isolées et sans défense, mais aussi menacées dans le respect de leur dignité et de leur vie.
Faute d’expérience et de formation suffisante de certains médecins, la multiplication des protocoles de sédation précipités, décidés du seul fait de l’âge des malades, et faisant l’impasse sur toute tentative curative, s’apparente à une discrimination, un déni de prise en charge avec le risque d’une forme d’euthanasie.
Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, fondateur du service SOS fin de vie et auteur de La Bataille de l’euthanasie (Salvator) : « Chacun sait que la pandémie aggrave la situation déjà préoccupante de nombreuses personnes âgées, pas seulement en EHPAD. Le fait qu’on ne comptabilise pas leur décès dans les statistiques des morts par COVID-19 est un scandale. Nos aînés devraient-ils être considérés comme des sous-citoyens, dont la vie ne compterait plus ? Certains discours le laissent entendre. Les « hécatombes » constatées chez les résidents âgés de plusieurs EHPAD sont tout aussi dramatiques que dans d’autres catégories de population. Leurs soignants nous alertent sur le rationnement des tests de dépistage (au maximum trois par établissement), le non-accès aux traitements (pas d’essai curatif ou prophylactique en cours), le non-accès à l’hôpital, et, dans certains cas, à l’oxygène.
D’un côté, de nombreux soignants en EHPAD se montrent héroïques, à l’image de ceux qui se confinent avec leurs résidents ou qui compensent, par un surcroît de présence, la détresse liée à leur isolement. Mais d’un autre, nous voulons mettre en garde contre la tentation et le risque réel d’euthanasie. C’est dans ces moments les plus difficiles que l’éthique soignante doit être pleinement respectée. »
Alliance VITA demande aux pouvoirs publics de comptabiliser les décès par COVID-19 des personnes âgées, de donner accès aux tests de dépistage à tout citoyen sans limite d’âge, et de réaffirmer que chaque patient a le droit, à tout âge, d’être soulagé et soigné sans être tué.
Source : zenit.org
par Michel Janva, 11/03/2020
Communiqué du bureau de presse de la conférence épiscopale de Pologne :
« Dans le cadre des recommandations de l’inspecteur sanitaire en chef selon lesquelles il ne doit pas y avoir de grands rassemblements de personnes, je demande d’augmenter – autant que possible – le nombre des messes dominicales dans les églises afin qu’un certain nombre de fidèles puisse assister à la liturgie à chaque fois, selon les directives des services de santé », écrit le président de la Conférence des évêques polonais, l’archevêque Stanisław Gądecki.
Dans le même temps, l’archevêque Gądecki a souligné que les hôpitaux guérissent les maladies du corps et que les églises servent, entre autres, à guérir les maladies de l’esprit.
« Par conséquent, il est impensable que nous ne priions pas dans nos églises ».
L’archevêque Gądecki a rappelé que les personnes âgées et les malades peuvent rester à la maison et suivre la messe du dimanche dans les médias.
« Je voudrais rappeler qu’il n’est pas nécessaire d’échanger le signe de la paix en se serrant la main pendant la Sainte Messe ».
L’archevêque Gądecki a demandé à prier pour ceux qui sont morts des suites du coronavirus.
« Prions pour la santé des malades et pour les médecins, le personnel médical et tous les services qui œuvrent pour arrêter la propagation du virus. Prions pour la fin de l’épidémie. Conformément à la tradition de l’Église, j’encourage particulièrement à prier avec la supplication Saint Dieu, Saint Fort… ».
En Italie, c’est l’inverse : les messes publiques sont suspendues jusqu’au 3 avril.
Source : lesalonbeige.fr
par Monseigneur Pascale Roland, Evêque du diocèse de Belley-Ars, 02/03/2020
Plus que l’épidémie du coronavirus, nous devons craindre l’épidémie de la peur ! Pour ma part, je me refuse de céder à la panique collective et de m’assujettir au principe de précaution qui semble mouvoir les institutions civiles.
Je n’entends donc pas édicter de consignes particulières pour mon diocèse : les chrétiens vont-ils cesser de se rassembler pour prier ? Vont-ils renoncer à fréquenter et à secourir leurs semblables ? Hormis les mesures de prudence élémentaire que chacun prend spontanément pour ne pas contaminer les autres lorsqu’il est malade, il n’est pas opportun d’en rajouter.
Nous devrions plutôt nous souvenir que dans des situations bien plus graves, celles des grandes pestes, et alors que les moyens sanitaires n’étaient pas ceux d’aujourd’hui, les populations chrétiennes se sont illustrées par des démarches de prière collective, ainsi que par le secours aux malades, l’assistance aux mourants et la sépulture des défunts. Bref, les disciples du Christ ne se sont ni détournés de Dieu ni dérobés au semblable. Bien au contraire !
La panique collective à laquelle nous assistons aujourd’hui n’est-elle pas révélatrice de notre rapport faussé à la réalité de la mort ? Ne manifeste-elle pas les effets anxiogènes de la perte de Dieu ? Nous voulons nous cacher que nous sommes mortels et, nous étant fermés à la dimension spirituelle de notre être, nous perdons pied. Parce que nous disposons de techniques de plus en plus élaborées et plus performantes, nous prétendons tout maîtriser et nous occultons que nous ne sommes pas les maîtres de la vie !
Au passage, notons que l’occurrence de cette épidémie au moment des débats sur les lois de bioéthique nous rappelle fort heureusement notre fragilité humaine ! Et cette crise mondiale présente au moins l’avantage de nous rappeler que nous habitons une maison commune, que nous sommes tous vulnérables et interdépendants, et qu’il est plus urgent de coopérer que de fermer nos frontières !
Et puis nous semblons tous avoir perdu la tête ! En tous cas nous vivons dans le mensonge. Pourquoi focaliser soudainement notre attention sur le seul coronavirus ? Pourquoi nous cacher que chaque année, en France, la banale grippe saisonnière fait entre 2 à 6 millions de malades et provoque environ 8.000 décès ? Nous semblons avoir également évacué de notre mémoire collective le fait que l’alcool est responsable de 41.000 décès par an, tandis qu’on estime à 73.000 ceux qui sont attribués au tabac !
Loin de moi donc, l’idée de prescrire la fermeture des églises, la suppression de messes, l’abandon du geste de paix lors de l’Eucharistie, l’imposition de tel ou tel mode de communion réputé plus hygiénique (ceci dit, chacun pourra toujours faire comme il voudra !), car une église n’est pas un lieu à risque, mais un lieu de salut. C’est un espace où l’on accueille celui qui est la Vie, Jésus-Christ, et où par lui, avec lui et en lui, on apprend ensemble à être des vivants. Une église doit demeurer ce qu’elle est : un lieu d’espérance !
Faut-il se calfeutrer chez soi ? Faut-il dévaliser le supermarché du quartier et constituer des réserves afin de se préparer à tenir un siège ? Non ! Car un chrétien ne craint pas la mort. Il n’ignore pas qu’il est mortel, mais il sait en qui il a mis sa confiance. Il croit en Jésus qui lui affirme : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vite et croit en moi ne mourra jamais » (Jean 11, 25-26). Il se sait habité et animé par « l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts » (Romains 8, 11).
Et puis un chrétien ne s’appartient pas à lui-même, sa vie est donnée, car il suit Jésus, qui enseigne : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera » (Marc 8, 35). Il ne s’expose certes pas indûment, mais il ne cherche pas non plus à se préserver. A la suite de son Maître et Seigneur crucifié, il apprend à se donner généreusement au service de ses frères les plus fragiles, dans la perspective de la vie éternelle.
Alors, ne cédons pas à l’épidémie de la peur ! Ne soyons pas des morts-vivants ! Comme dirait le pape François : ne vous laissez pas voler votre espérance !
+ Pascal ROLAND
par Jeanne Smits, 06/03/2020
Jeremy Warner, analyste économique du Telegraph de Londres, a choqué de nombreux lecteurs de sa chronique du 3 mars sur les effets économiques du coronavirus. Ce sont les vieux et les plus fragiles qui mourront, a-t-il affirmé, évoquant un possible « léger effet bénéfique à long terme ».
Le journaliste analysait les effets de l’épidémie du COVID-19 sur l’offre de biens qui connaîtra une baisse mécanique dès lors que la baisse de production en Chine fera sentir ses effets à retardement, compte-tenu du délai d’acheminement par containers de cinq à six semaines.
D’autres pandémies, comme celle de la grippe espagnole, ont eu des effets économiques dépresseurs à long terme. Aux États-Unis, selon les calculs des Centers for Disease Control, un épisode infectieux similaire entraînerait aujourd’hui, au niveau de population actuel, quelque 270.000 décès – et une chute initiale de 1,5 % du PIB.
« Il y a cependant quelques différences clefs, la moindre n’étant pas le fait que la grippe espagnole touchait prioritairement la population en âge d’activité professionnelle maximale [de 25 à 49 ans], alors que le coronavirus tue d’abord les vieillards. Lors de l’épidémie de la Première Guerre mondiale il y eut donc des effets durables sur l’offre, et de nombreuses familles subirent la perte de leur principal soutien de famille.
« Il y a peu de chances que cela se produise cette fois-ci. Pour dire les choses sans circonlocutions, depuis une perspective économique totalement désintéressée, le COVID-19 pourrait même révéler un léger effet à long terme en éliminant de manière disproportionnée des personnes dépendantes âgées. »
Voilà qui a au moins le mérite d’être clair. Warner a choisi d’utiliser le verbe « to cull », qui en anglais signifie la réduction d’une population animale par l’abattage sélectif.
Face au barrage de commentaires outrés sous son article, l’accusant de considérer des êtres humains comme de simples unités économiques, Jeremy Warner a précisé le lendemain : « A la réflexion, je n’aurais pas dû employer le mot “cull”. Mais je ne me repentis pas en ce qui concerne l’argument économique que j’essayais d’avancer. Toute réduction des personnes en âge d’activité professionnelle maximale entraîne un choc sur l’offre bien plus important que lorsqu’il s’agit de retraités âgés. Évidemment, pour ce qui sont frappés il s’agit d’une tragédie humaine quel que soit leur âge, mais l’article concernait l’économie, et non la somme des misères humaines. »
Ce n’est pas faux. La froide prise en considération des effets économiques d’une épidémie ou de quelque autre événement n’est pas tabou – même si dans le domaine de l’humain, il paraît justement inhumain de ne pas l’assortir d’une réflexion sur les priorités des uns et des autres. Il s’agit de ne pas franchir le pas entre le constat et le souhait, justement parce que toute activité et même tout désir humain doit être soumise à une considération morale. Et cela va mieux en le disant.
C'est pour la même raison que l'interview sur la surpopulation récemment donnée par Alain de Benoist à Boulevard Voltaire était à ce point choquante, d'autant qu'il s'exprimait, lui, d'un point de vue soi-disant moral. Rappelons qu'il suggérait que « les épidémies » pourraient peut-être régler la question de la surpopulation.
Peut-être la chronique de Jeremy Warner pourra-t-elle cependant avoir elle-même un « léger effet bénéfique » en faisant prendre conscience du fait que d’autres réalités du jour, comme l’inflation des légalisations de l’euthanasie à travers le monde et de la hausse des euthanasies dans les pays où elle est déjà légale peuvent bien être voulues pour des motifs économiques.
Source : leblogdejeannesmits.blogspot.com
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