Communion de prière pour la Vie : "Jésus, Marie, protégez la vie " ! (ou toute autre prière à Dieu)
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par Albert Guigui, Grand Rabbin de Belgique
Le thème de fin de vie n’est pas évident. Il touche à un des fondements de notre civilisation et de notre culture. Il interpelle chacun d’entre nous.
Pour le judaïsme, le respect de la vie humaine est absolu, sacré, inviolable. La vie de l’homme n’est sujette ni à être mesurée, ni à être pesée. Chaque seconde d’une vie a une valeur absolue. Un instant, une minute dans une vie sont investis d’une importance incomparable, puisqu’il suffit d’un moment de repentir complet pour permettre à l’homme, de se transformer de pécheur endurci en juste parfait.1
La vie humaine a une valeur infinie parce que l'homme est fait à l'image de Dieu. " C’est pourquoi l’homme a été créé unique, pour t’enseigner que celui qui détruit une vie est considéré comme s’il détruisait un monde entier et celui qui maintient une seule vie est considéré comme s’il maintenait un monde entier."2
Cette importance considérable accordée à la protection de la vie n'est pas sans répercussion sur la vie religieuse. En effet, certaines prescriptions religieuses sont modifiées, voire supprimées pour sauver une vie en danger. Rapportons en quelques exemples:
On sait l'importance du repos du Chabbath. Or, il est permis voire obligatoire de contrevenir à ce repos Chabbatique et même de transgresser d'autres commandements pour sauver une vie humaine.3
Yom Kippour, jour du pardon est une des journées les plus sacrées du calendrier hébraïque. Durant cette journée, il est interdit entre autre de travailler et de consommer tout aliment. Toutefois, en cas de danger, il est permis de nourrir un malade autant que cela lui sera nécessaire.4
Nous comprenons dès lors pourquoi le mot « euthanasie » suscite l'opposition des penseurs juifs traditionnels. Le judaïsme refuse l'idée de mettre un terme à la vie même par compassion pour abréger les souffrances des malades.
Le droit hébraïque est contre toute forme de dépénalisation de l’euthanasie. Rabbi Yossef Caro dans son Choulhan ‘Arouch, code de lois juives, est catégorique à ce sujet. Il écrit : « Le moribond doit être considéré comme vivant en tout ce qui le concerne. Il est interdit de faire quoique ce soit qui puisse hâter la mort ...A quoi ceci peut-il être comparé ? A une lumière tremblotante qu’il suffit de toucher pour qu’elle s’éteigne. .....Même s’il reste longtemps en agonie et qu’il en résulte une grande souffrance pour lui et pour ses proches, il est cependant interdit de provoquer rapidement la mort.... » Rabbi Moché Isserles ajoute « Il ne faut pas faire en sorte qu’il meure vite. Ainsi, celui qui agonise longtemps sans parvenir à s’éteindre, on ne peut lui soustraire l’oreiller ou l’édredon sous prétexte que certaines plumes qu’ils contiennent ont pour effet de retenir la vie....Toutefois, si une cause extérieure l’empêche de rendre l’âme, par exemple, un bruit de coupage de bois parvenant jusqu’à lui et maintenant son attention en éveil ....il est permis d’écarter cet obstacle qui le rattache à la vie car ce faisant, on n’agit en rien ».
La tradition juive compare l'état du moribond à la lumière tremblotante d’une bougie qu’il suffit de toucher pour qu’elle s’éteigne.5 La Torah ne fait pas de distinction entre un enfant qui a toute la vie devant lui et un vieillard âgé. L’euthanasie, c’est ouvrir la porte à tous les abus.
D’autant plus que le souci principal de l’hôpital aujourd’hui est de réduire les frais exposés par des malades en phase terminale pour répondre aux pressions financières exercées sur eux par les gouvernements. Ils reçoivent une enveloppe budgétaire très souvent inférieure aux besoins. Aussi, on coupe là où l’on peut. L’euthanasie dans nos hôpitaux risque de devenir non pas un problème d’éthique mais un problème budgétaire. La maîtrise des dépenses en soins de santé préconisée par certains gouvernants peut déboucher sur une loi qui favorise " l'euthanasie économique " et dont les premières victimes seraient les pauvres et les indigents.
Le médecin n’a pas le droit de régler son attitude sur la notion de curabilité, ni d’incurabilité. Le médecin qui croit un malade incurable diminue par là même son pouvoir thérapeutique et son rayonnement comme un général qui engageant une bataille la croit perdue d’avance. Il n’a pas non plus le droit d’écouter le désir du malade car l’homme n’a pas le droit de décider de sa vie ou de sa mort. Rabbi David Ben Zimra connu sous le nom du RaDBaZ explique que l’homme n’est pas propriétaire de sa vie, celle-ci appartenant à Dieu. C’est ainsi que selon rabbi Yéhouda Hé HASSID, on ne peut satisfaire au désir de l’agonisant.
Lorsqu’on aura d’abord éliminé ceux qui sont très malades, on créera ensuite des gradations de gravité. Ne devrait-on pas créer un institut de la mort qui décidera qu’on n’a le droit de survivre que si l’on ne remplit pas telle ou telle condition. Pour nous, le destin malheureux est fait pour être redressé. Dans tous les cas, les malades doivent avoir les médecins avec eux et non contre eux.
On parle de mise à mort par pitié. Or, la pitié est un concept dangereux et ambigu. Souvent la compassion envers les malades cache des motifs moins nobles qu’on ne le pense.
Le psychiatre Henri BARUK rappelle que le mot euthanasie en hébreu se traduit par l’expression « Hamatat Hessed « (mise à mort par pitié). Or, le mot Hessed a une double signification en hébreu : pitié mais aussi opprobre, excès de compassion irréfléchie et abusive. Le sentiment de pitié et de compassion, affirment les Rabbins du Talmud, doit être soutenu par un souci de vérité selon l’expression classique : Hessed vé Emeth.
La volonté ou le simple accord du patient à mourir, n’a pas d’influence sur le caractère meurtrier de l’acte d’un tiers qui donnerait la mort directement et volontairement.
De fait, la délégation sur la vie et la mort n’existe pas et par conséquent, la notion de « suicide assisté » n’a pas de fondement.
Afin de soulager les souffrances (physiques et/ou psychologiques) liées à la fin de vie, on peut éliminer dans l’environnement du patient irrémédiablement condamné (donc à court terme), les éléments qui entravent et/ou ralentissent le processus d’agonie. Dans certains cas, ce souci pourra prendre la forme d’une cessation thérapeutique.
Dans tous les cas et même lorsque la cessation de traitement est autorisée, le soulagement de la souffrance immédiate et des besoins vitaux, devra obligatoirement être assuré avec la même vigilance que pour le patient dont le pronostic est positif .
La liberté morale du patient qui se sait condamné sans équivoque, consiste à pouvoir refuser de poursuivre une forme d’acharnement thérapeutique qui rallongerait un peu sa vie, mais au prix de souffrances incomparablement plus importantes.
Face à tel désarroi, l’entourage et le corps médical sont appelés à faire le nécessaire pour soutenir le patient moralement dans le sens du désir de vivre, ainsi qu’à valoriser dans son jugement, la valeur spirituelle d’une période de vie supplémentaire.
L’arbitrage financier ne peut en aucun cas servir de borne pour décider du maintien d‘un patient en vie. Envisagé dans son individualité immédiate, que ce soit pour les proches ou pour le corps social auquel il appartient, le patient dont il faut prolonger la vie dispose toujours de la priorité sur les ressources existantes.
L’ensemble des préceptes religieux et spirituels édictés par la Torah s’effacent ponctuellement face à l’urgence d’une vie à sauver, même lorsque le patient est médicalement condamné à très court terme . Ceci, à l’exception des trois interdits dont la transgression reste infranchissable : l’idolâtrie, le meurtre et l’adultère. Cette éviction ponctuelle de tout le reste répond à un principe qui anime l’esprit de toute réflexion opérationnelle sur la vie et la mort dans la halacha : le principe selon lequel la Torah est donnée comme véhicule matériel et spirituel de vie, au sens le plus fort du terme.
1. Gugenheim, E., Les portes de la loi , Albin Michel, Paris, 1982, p.249
2. Talmud de Babylone, Traité Sanhedrin 37a
3. Idem. Traité Yoma, 92,a
4. Choulhan ‘Arouch, Orah Hayym, 617,2
5. Idem. Yoré Déah, 339,1
Source : Perspective Juive
par le Grand Rabbin Michel Gugenheim, 2016
La question de l'euthanasie revient périodiquement sous les feux de l'actualité. Le développement des techniques médicales, parce qu'elles parviennent parfois à prolonger la vie mais pas la qualité de vie, accroît constamment le nombre de ces situations tragiques où la mort apparaît comme la seule solution satisfaisante, et comme le plus doux des remèdes.
Qu'il s'agisse de cas de malformations néonatales graves, de malades incurables en proie à des souffrances intolérables, ou de sujets plongés dans une vie purement végétative, le droit à l'euthanasie est revendiqué de plus en plus souvent, et ses partisans militent passionnément pour obtenir, au nom de la liberté, de la dignité, et du respect de la personne, la légalisation du "meurtre par amour". C'est dans ce contexte que nous tenons à rappeler la position du judaïsme de la Tora en ce domaine.
"Il est interdit de faire quoi que ce soit pour hâter le mort (...) et même si nous voyons qu'il souffre beaucoup dans son agonie et que la mort lui serait douce, il nous est néanmoins défendu de faire quoi que ce soit pour hâter la mort ; le monde et ce qu'il contient appartiennent à D. et telle est Sa volonté."
C'est l'avis unanime des décisionnaires qu'exprime ici l'auteur du Aroukh Hachoul'han (Yoré Déa 339, 1) condamnant ainsi clairement toute forme d'euthanasie active. L'idée sur laquelle il appuie cette défense -l'âme tout comme le corps, appartient à D.; c'est Lui qui l'a insufflée, à Lui seul revient le droit de la reprendre - est exprimée déjà par le prophète Ezéchiel (18, 4) : "Voici, toutes les vies sont à Moi, la vie du père comme la vie du fils, elles sont à Moi."
Une prise de position si radicale est choquante à première vue en ce qu'elle semble se désintéresser totalement de la souffrance humaine. La miséricorde, la pitié, sont pourtant des vertus décrites dans le Talmud comme spécifiques d'Israël !
En réalité l'étude en profondeur du droit hébraïque montre à quel point celui-ci est sensible à la souffrance. Le concept même de "belle mort" est cité dans le Talmud (Baba Kama 51, a) : "Et tu aimeras ton prochain comme toi-même -choisis-lui une belle mort." C'est en vertu de ce principe que les condamnés à mort (1) buvaient une potion anesthésique avant de subir leur peine (cf. Maïmonide, Hilkhot Sanhédrin 13, 2).
La question de l'euthanasie consiste donc, en fait en un conflit d'intérêts qui touche tout spécialement des points de sensibilité juive : le souci explicite du judaïsme d'atténuer la souffrance humaine doit être pesé face à la sainteté de la vie elle-même". (2)
Ainsi, la primauté accordée, en l'occurrence, à la vie sur la souffrance exprime de la manière la plus éloquente possible le caractère sacré, intangible, absolu, que le judaïsme attribue à la vie. Idée qu'exprimait déjà le Psalmiste (Ps. 118, 18) : "Le Seigneur m'a fait beaucoup souffrir mais il ne m'a pas livré à la mort."
NUANCES
Même en sa durée la plus courte, même condamnée à brève échéance, la vie représente une valeur suprême, incontournable. Même pour une "vie d'un instant" on peut transgresser le Chabat (Yoma 85 a), ainsi que le consigne le Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm 329, 4) : "Même si on lui trouve la cervelle écrasée et qu'il ne peut vivre qu'un moment, on dégage les décombres (en cas d'ensevelissement sous un éboulement)."
Précisons que la valeur de la vie momentanée est indépendante de la qualité de vie dont dispose la personne, ainsi que de ses capacités, voire de sa conscience. En effet, "nous ne disposons d'aucun étalon nous permettant de mesurer le prix et l'importance de la vie" (3) ; "la valeur de la vie humaine n'est pas quantifiable, et c'est pourquoi elle est indivisible, chaque particule en est infinie" (2).
On conçoit, dès lors, que la loi juive considère l'atteinte portée à une telle vie momentanée comme un véritable meurtre : "Celui qui ferme les yeux (d'un agonisant) au moment où l'âme s'en va, est un meurtrier.(...) C'est comme une bougie en train de s'éteindre : qu'un homme mette le doigt dessus, elle s'éteint aussitôt." (Chabbat 151, b).
Dans la mesure où la Tora interdit catégoriquement le suicide (4), il est clair que le fait de se donner soi-même la mort ou d'autoriser les autres à accomplir l'acte fatal par la rédaction d'un testament, comme le préconisent les partisans de l'euthanasie, ne modifie en rien les données du problème : pas plus qu'un autre homme le malade n'est réellement maître de son corps et de sa vie.
Dans cette perspective, il apparaît également qu'il est formellement interdit de cesser de fournir au malade sa nourriture, même si celle-ci doit être administrée par sonde ou intraveineuse, ainsi que tout autre besoin naturel et vital, tel que l'oxygène, et les médicaments de base, comme les antibiotiques. Malgré le caractère passif d'une telle euthanasie, son auteur serait néanmoins assimilé à un meurtrier, et comparable à celui qui fait mourir de faim sa victime (voir Maïmonide, Hilkhot Rotséa'h 3, 10). Ici encore, la volonté du patient ne modifie en rien la donne.(3)
Il importe pourtant de souligner que la loi juive distingue entre le fait de provoquer la mort, et celui de s'abstenir de recourir à des moyens thérapeutiques qui empêchent artificiellement l'âme du patient de quitter le corps sans lui apporter pour autant la moindre guérison. Il ressort ainsi des Responsa rabbiniques que s'il est catégoriquement défendu de débrancher des appareils déjà fixés sur un malade tant que celui-ci présente le moindre signe de vie, on n'a pas non plus à installer un système de réanimation chez un mourant incurable et en proie à de grandes douleurs (cas, par exemple, d'une personne atteinte d'un cancer généralisé et qui ne respire plus, ou dont le cœur a cessé de battre).
Il semble donc possible d'affirmer que si le judaïsme s'oppose à l'euthanasie proprement dite, il réprouve également "l'acharnement thérapeutique" dès lors que celui-ci entretient ou augmente la souffrance sans véritable espoir de guérison. Les nuances en ce domaine sont cependant très délicates, et demandent à être précisées au cas par cas, par les grands décisionnaires. Moins la prolongation de vie sera importante dans le temps, et moins on parviendra à juguler la souffrance, plus il sera licite, sauf avis contraire du malade lui- même, de s’abstenir de tout traitement que l’on peut qualifier « d’extraordinaire ». (5)
En résumé, dans la difficile confrontation entre le souci d’atténuer et de supprimer la souffrance, et l’interdit de supprimer la vie, primauté absolue doit être accordée à la vie sur la souffrance.
Mais s’agissant du droit à s’abstenir des soins qui dépassent le cadre des besoins naturels, c’est précisément la prise en compte de la douleur qui constitue le paramètre de la décision halakhique.
Très caractéristique également est la position des décisionnaires concernant l’administration de morphine aux grands malades, malgré le risque entraîné d’abréger la vie. Tout dépend de l’intention du praticien et de la dose prescrite. Si on vise explicitement à abréger la vie – dose toxique, et a fortiori létale- cela est catégoriquement interdit. Mais si on ne vise que le soulagement du patient – dose apaisante – cela est non seulement permis, mais recommandé, malgré le risque fatal encouru. Même si la mort survenait, la responsabilité du médecin (ou de l’infirmière) serait dégagée en vertu du principe de « l’acte non- intentionnel » - Davar chéèno mitkaven (6).
"Le médecin a le droit de guérir", affirme le Talmud (Baba Kama 86b) : il est au service de la vie. La "mort douce" ou la "belle mort" ne relèvent donc ni de sa compétence ni de la mission dont la Tora l'investit. "Plus que jamais il importe de rappeler aujourd'hui, dans une civilisation tentée par des solutions désespérées, l'absolu des principes moraux, et, avant tout, celui du respect de la vie humaine. Le judaïsme est une doctrine de vie, il est pour ainsi dire tout entier un hymne à la vie(...) Message d'optimisme, de courage, de foi et d'espoir en Celui qui donne la vie." (7)
(1) Cf. supra Septième partie, chap.5
(2) Rabbi I. Jakobovits, Harefoua Vehayahadout (La médecine et le judaïsme), Jérusalem 1966.
(3) Rabbi S.Z. Auerbach, Min’hat Chelomo, chap.91, §24
(4) Cf. ‘Hatam Sofer, Yoré Déa, chap.326 et supra Septième partie, chap.6
(1) Cf. Igrot Moché, Yoré Déa, t.2, chap.174, 3è partie; ‘Hochen Michpat, t.2, chap.73-1 ,74-1,2, et3, 75-1. Rabbi S.Z. Auerbach et Rabbi Y.Sh. Elyachiv , cités dans Nichmat Avraham, t.2 Yoré Déa, p.153.
(6) Rabbi S.Z. Auerbach in Assia, n° 59-60. Cf. aussi Nichmat Avraham, Yoré Déa, p.246.
(1) E.Gugenheim, Le judaïsme dans la vie quotidienne II, Etudes et responsa (Albin Michel 2002).
Source : consistoire.org
extraits, 13/02/2018
Le 13 février, le Président de la République, Emmanuel Macron, accompagné de la Ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait convié institutionnels, représentants du monde médical, militants associatifs et représentants des cultes, parmi lesquels Mgr Michel Aupetit, Archevêque de Paris, le Pasteur François Clavairoly, Ahmet Ogras, Président du CFCM et le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, pour évoquer la fin de vie, dans la perspective de la révision des lois de bioéthique prévue au premier semestre 2019.
Tour à tour, les convives ont pu exposer leurs points de vue. Au cours de son intervention, le Grand Rabbin Haïm Korsia, a évoqué le principe de sacralité, en citant la Bible : « Voici je place devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction ; et tu choisiras la vie, pour que vive toi et ta descendance (Dt. XXX; 19). Il a en outre mis en exergue le contexte historique, à savoir le code de Nüremberg, ainsi que les fondements qui sous-tendent l’appréciation de l’éthique médicale d’aujourd’hui. « Toute l'éthique médicale est basée sur le refus absolu de ce qui s'est passé dans les camps de la mort et plus particulièrement à Auschwitz » a déclaré Haïm Korsia. S’il a renouvelé son opposition totale à l’euthanasie, il a rappelé que l’acharnement thérapeutique ne pouvait jamais être une solution. ...
Source : consistoire.org
Rabbin à la synagogue, Elie Botbol est également médecin généraliste à Strasbourg. Dans ce cadre, il a proposé et animé une conférence sur l’euthanasie qui a connu un vif succès auprès d’un auditoire varié.
par Vosges matin, 21/08/2015
Rabbin, le docteur Elie Botbol exerce sa profession de généraliste et homéopathe, spécialisé en nutrition, puis en médecin thermale et sportive à Strasbourg. C’est donc en connaissance de cause qu’il a proposé une conférence sur l’euthanasie. Auteur de nombreux ouvrages, tels que « Le judaïsme face aux biotechnologies médicales », ou encore « Ethique juive et transplantations d’organes », c’est sur le cas de Vincent Lambert, ô combien médiatisé, qu’il a axé sa conférence et ouvert le débat avec son auditoire. « Il y a eu beaucoup de monde pour y assister et par forcément que des gens de confession juive » , confiait Sonny-Huguette Eugène, la responsable de la synagogue vittelloise.
« C’était très intéressant, plus sur le fond que sur la forme » , ajoutait Bernard, un vacancier parisien fidèle à la station thermale pour sa synagogue. Si le principe des transplantations d’organes est accepté par le judaïsme, l’euthanasie assistée et provoquée est proscrite. Toutefois, l’idée de laisser partir naturellement une personne agonisante sans recours à un acharnement thérapeutique médicalisé peut être discutée, comme ce fut le cas lors de cette conférence qui a soulevé bon nombre de questions destinées à la fois au rabbin mais aussi au médecin.
Quelles ont été les questions les plus fréquentes ?
« L’éthique, le coma, les souffrances, l’émotion, l’acceptation, la religion… Trop de questions par rapport aux réponses apportées. C’est un peu du cas par cas. Il faut être dans la nuance et ne pas mélanger l’émotion à la raison. »
Qu’en est-il de l’euthanasie dans la religion juive ?
« Il y a trois principes de base dans le judaïsme : ne pas priver d’hydratation, ne pas priver d’alimentation et ne pas priver de respiration. A partir du moment où ces trois règles sont appliquées, cela ouvre le débat. Je vais vous raconter une histoire, celle de Rabbi qui souffrait atrocement des intestins. Sa servante est montée sur un toit pour prier Dieu de le laisser le rejoindre, alors que les rabbins priaient et demandaient miséricorde, ce qui avait pour effet de maintenir Rabbi en vie. Elle prit un vase et le jeta du toit vers le sol, les rabbins se sont tus dans leurs prières à cause du bruit et Rabbi est décédé. C’est ce que l’on a appelé la prière euthanasique. Les juifs croient Dieu et non pas en dieu. »
Y a-t-il un conflit entre la religion et la médecine ?
« C’est à la fois complexe et conflictuel dans le cas de l’euthanasie, mais pour toute forme de religion, pas que pour le judaïsme. La religion aide car l’âme ne meurt pas. Toutefois, les arguments sont contradictoires entre le fait d’ôter la vie volontairement et le fait de vouloir libérer la personne de ses souffrances. Pour ma part, je préfère parler de “la mort par le baiser “puisé dans un de nos textes, qui est une formulation pour l’acceptation de la fin de vie sans souffrance. C’est une fin mais pas la fin des fins… Le judaïsme interdit le “meurtre“ mais ne fait pas l’éloge d’une vie de souffrance. »
Source : vosgesmatin.fr
Sur la question de l'euthanasie :
par le site « Halacha Yomit », 28/12/2014, (extraits) ...
Question : Récemment, un malade en phase finale a demandé à ses médecins d’interrompre le fonctionnement des machines qui le maintenaient en vie, et entrainer ainsi sa mort. Après validation de la demande par un tribunal, un des médecins réalisa l’acte demandé par le malade. Un tel agissement est-il conforme à la Halacha ?
Réponse : Il est enseigné dans une Michna du traité Chabbat (151b) :
« Celui qui ferme les yeux d’un mort au moment où il rend son dernier souffle est un meurtrier. »
Cela signifie que celui qui ferme les yeux d’une personne agonisante, et rapproche ainsi sa mort d’un instant, est un véritable meurtrier, et son statut est le même que celui qui aurait assassiné un nourrisson d’un jour, car la chose n’est pas quantifiable, puisque même si la personne aurait pu vivre ne serait-ce qu’un instant supplémentaire et qu’on anticipe sa mort, il s’agit d’un meurtre.
Il est enseigné dans le Talmud Yérouchalmi (Chabbat chap.23) qu’il est interdit de toucher l’agonisant, car le simple fait de le toucher peut rapprocher sa mort.
C’est ainsi que tranchent tous les décisionnaires, le RIF (Mo’ed Katan 16b), le ROCH (ibid. chap.3 sect.75) et les autres décisionnaires.
Par conséquent, si le médecin constate que le malade est dans un état très grave, et afin de mettre fin aux terribles souffrances du malade, le médecin lui injecte un produit qui provoquera sa mort, ce médecin est un meurtrier. Même si le malade demande au médecin ou à toute autre personne de réaliser des actes qui rapprocheront sa mort, la chose est catégoriquement interdite, car le malade n’est pas agréé à formuler de telles demandes, comme il est dit dans le livre du prophète Yéh’ezkel (18-4) : « Les vies sont à moi », ce qui signifie que la vie d’un homme appartient à Hachem (RADBAZ sur le RAMBAM chap.18 des règles relatives au Sanhédrin).
De ce fait, les décisionnaires écrivent (MAHARAM Yaffé chap.13) que même une personne qui a fait une tentative de suicide pendant Chabbat, nous avons le devoir de transgresser le Chabbat afin de la sauver. ...
Source : halachayomit.co.il
par le Professeur Fred Rosner, professeur de médecine à Mount Sinai School of Medicine (extraits)
La Torah interdit l’homicide [volontaire] ou le meurtre d’une manière catégorique ; le Talmud maintient cette interdiction d’intervenir activement pour mettre fin à la vie d’une personne, même dans le cas d’un malade en phase terminale.
La Bible déclare de manière explicite : “Si une personne verse le sang d’un être humain, par un être humain, son sang sera versé (Genèse 9:6).
Elle est dit aussi : “Tu ne commettras pas de meurtre” (Exode 20:13), et aussi “Si un homme agit avec haine contre son prochain, et le tue par ruse...: il sera mis a mort.” (Exode 21:14)
“Celui qui frappe un homme mortellement, sera puni de mort (Lévitique 24:17).
“Celui qui tue une personne [volontairement] sera mis a mort sur la base des témoignages de témoins.” (Nombres 35:30)
L’homicide involontaire ou accidentel est traité séparément dans la Bible.
Le premier cas d'euthanasie mentionné dans la Bible se rapporte à la mort du roi Saül vers l’an 1013 avant EC.
"Quand les Philistins attaquèrent Israël, les hommes d'Israël prirent la fuite et [beaucoup] furent tués sur le mont Guilboa. Les Philistins poursuivirent Saül et ses fils. Les Philistins tuèrent Jonathan, Abinadab et Malkischua, les fils de Saul.
Quand l’armée se rapprocha de Saül ; les archers l'atteignirent, et il fut sévèrement blessé. Saül dit alors à son écuyer : ‘Tire ton épée, et enfonce la [dans mon corps], afin que ces incirconcis ne me tue pas en se moquant de moi’. Mais son écuyer refusa de le faire. Saül prit alors son épée et se jeta sur elle. Quand l'écuyer vit que Saül était mort, il se jeta aussi sur son épée et mourut avec lui. Ainsi sont morts Saül et ses trois fils, son écuyer et tous les hommes, en ce jour”. (I Samuel 31:1-6). "
Ce passage semblerait indiquer que Saul se soit suicidé. Cependant, au début du second livre de Samuel, quand David est informé de la mort de Saül, le texte dit : "Et David demanda au jeune homme qui l’informa : « Comment sais-tu que Saül et Jonathan, son fils, sont morts ? Et le jeune homme lui dit: «Je me trouvais sur le mont Guilboa, et [j’ai vu] Saül s'appuyer sur sa lance alors que les chars et les cavaliers étaient en train de foncer sur lui. Il regarda autour de lui, et quand il me vit, il m’appela. Je répondis : “A votre service”!’ Et il me demanda: ‘Qui es-tu ?’ Je lui répondis: ‘Je suis Amalécite’ Il me dit alors : ‘Viens, je te prie et tue moi, car je suis en agonie et à peine en vie. Alors je l’ai tué parce que j'étais sûr qu'il ne survivrait pas après qu'il soit tombé ... » (II Samuel. 1:5-10)
Concernant l'euthanasie, l'histoire de Rabbi Hanina ben Teradion (Avoda Zara 18a), peut être considérée comme une source d'enseignement. Les Romains l'enveloppèrent dans un Rouleau de la Torah, et placèrent des bottes de paille autour de lui et mirent le feu à la paille. Ils mirent aussi des touffes de laine qu'ils avaient imbibées d'eau sur son coeur afin qu'il ne meure pas rapidement. Ses disciples le supplièrent d'ouvrir la bouche pour que le feu entre en lui et mette fin à son agonie. Il répondit: "C'est à celui qui m'a donné [mon âme] de l'emporter, car personne n'a le droit de hâter sa mort."
in : Euthanasie: les Sources Bibliques et Rabbiniques, Professeur Fred Rosner
par le Rav Brand (extrait d'un interview)
"Donc pour revenir à la question de l'euthanasie, la démarche à suivre selon la Thora doit être ainsi : le principe général est " tu ne tueras pas " et ce principe reste dans tous les cas applicable tant que nous n'avons pas de preuve qu'il existe une permission explicitement mentionnée dans la Thora concernant le cas exceptionnel. Ainsi personne ne peut prétendre que la Thora permet de tuer les gens ayant les yeux bleus sous prétexte qu'elle n'en a pas exprimé l'interdiction. Le raisonnement doit être inverse : tant que la Thora n'a pas explicité la permission, cela reste, cela va de soi, formellement interdit."
"Cette vie se situant juste quelques instants voire quelques jours avant la mort, celle d'un agonisant par exemple, peut-elle être considérée comme une vie à part entière, dans le sens plein du terme ? Avant de voir les textes réfléchissons un peu. Qu'appelle-t-on vie ? Vie de bonheur, vie de souffrance ? Y a-t-il un sens à la souffrance ? Les derniers instants de la vie sont-ils importants ? Sont-ils considérés comme une " vie " ? Quel espoir de vie, quelle durée de vie doit être considérée comme seuil au dessous duquel il serait permit d'écourter la vie ? Un an, un jour, dix secondes ? Que peux-t-on faire d'important en dix secondes ? Nous savons que les dernières secondes servent quelquefois à rédiger le testament ! Ou à transmettre à leurs enfants un mot avant de mourir. Ou peut-être que ce mot est plus important que tout ce qu'ils ont dit durant leur vie. Qui va nous affirmer que ces instants ne
sont pas importants ? N'y a-t-il pas eu des gens qui ont pu dire ou faire des choses d'une grande importance et peut-être pour le monde entier dans les derniers instants de leur vie, au moment de leur souffrance ? Sommes-nous habilités à donner une moindre importance à ces moments et affirmer que cela ne constitue pas une vie, au point que l'on puisse décider d'écourter la vie ?"
"Ainsi donc quiconque provoque la mort d'un agonisant tombe sous le coup de l'interdiction d'assassinat et mériterait donc la peine capitale au même titre qu'un assassin par préméditation (Rambam Hilkhot Rotséah 2,7)."
"Est-ce que le malade lui-même est le " propriétaire de sa vie " ? Nous avons un texte fondamental dans la Pentateuque Parachat Noah (Genèse 9,5) : " vous n'avez pas le droit de verser votre sang pour vous-même... ". Nos sages ont expliqué que " votre sang pour vous-même" fait référence à l'interdiction d'ôter sa propre vie, de se suicider, qui est donc positionnée au même niveau qu'un assassinat (Rambam Hilkhot Rotséah 2,3)."
"il est dit dans le Sefer Hassidim à propos des paroles du Roi Salomon dans Ecclésiaste 3,2: " un moment pour naître et un moment pour mourir ". Le Sefer Hassidim dit (§234) " et quand arrive l'instant de la mort, on n'est pas obligé d'allonger artificiellement la vie pour ne pas lui causer de supporter des dures souffrances."
Source : Vie Juive
« La présence attentive auprès de celui qui s'en va est une expérience éprouvante. Ceux qui ont su dépasser leurs peurs et se rendre ainsi disponibles reconnaissent cependant qu'ils ont reçu plus qu'ils n'ont donné »
De tout temps l'homme a été confronté au mystère de la mort. Jamais peut-être n'a-t-il été autant qu'aujourd'hui désorienté par cette donnée pourtant fondamentale de sa condition. De multiples progrès ont permis de prévenir ou de guérir des maladies autrefois fatales.
Simultanément, des changements socioculturels et les impératifs d'une médecine technicisée ont fait que la mort a généralement cessé d'être un évènement social, ritualisé, intégré dans la vie des familles et des communautés humaines.
Cette perte de l'expérience de proximité, de familiarité même avec la mort est une des causes d'une banalisation de la vie qui perd en sérieux et en profondeur, et elle contribue à renforcer pour chacun l'angoisse de sa propre fin.
On en vient penser qu'un abrègement de cette phase de l'existence, une mort accélérée procurée de la main même de ceux qui ont pour fonction de soigner serait parfois préférable, serait même un geste d'humanité. La conviction tend à se répandre, s'affirme avec une insistance grandissante, qu'il serait souhaitable de donner la mort aux malades incurables qui manifestent qu'ils ne supportent plus leurs souffrances ou la dégradation de leur état.
Quelques remarques s'imposent, car le sentiment d'évidence fondé sur l'émotion risque toujours d'être trompeur. Que l'on puisse donner la mort directement, même si le patient le demande, risque de détruire la confiance indispensable aux relations du malade et de sa famille avec l'équipe soignante.
Déléguer ce rôle au corps médical lui donnerait dans la société un pouvoir exorbitant. La « mort douce » octroyée à quelques-uns pourrait devenir la source d'une angoisse irrésistible pour beaucoup de malades.
On tente de légitimer l'euthanasie par la demande de celui qui souffre. Certes il doit être écouté. II est capital de mieux percevoir sa souffrance, son désespoir, son sentiment de déchéance, pour mieux le soulager, lui témoigner l'attachement qu'on a pour lui, le rattacher ainsi au monde des vivants. Beaucoup le soulignent, la plupart des demandes d'euthanasie sont des interrogations sur l'estime d'autrui, des requêtes d'amour. La société répondra-t-elle par un geste de mort ?
La mort provoquée ne représente-t-elle pas cependant un acte de pitié ? Nous avons été témoins de l'épreuve et des interrogations angoissées des familles, des soignants, et nous savons qu'elles peuvent susciter le désir d'abréger la souffrance d'un mourant. Des situations extrêmes sont largement exploitées dans les campagnes d'opinion. La pitié est un sentiment très profond qui témoigne de la sensibilité à la souffrance d'autrui, mais elle prend différentes formes. Passive, elle se laisse envahir par cette souffrance, la fait sienne, et en est obsédée. Active, elle se fait compassion, recherche la communication avec le mourant en affrontant le risque de souffrir soi-même davantage dans cette proximité. Certains se laissent bouleverser par le changement de l'autre qui ruine son image ancienne.
Celui ou celle qui compatit postule, cherche et perçoit, quelles que soient les apparences, la dignité, même la grandeur de celui ou celle qui reste un frère ou une sœur en humanité. L'émotion viscérale fait dire que l'existence de tel malade n'est plus humaine. Celui ou celle qui s'élève jusqu'à la compassion reconnait l'humanité même sous des formes repoussantes. La pitié qui désespère de la valeur de la vie d'autrui, de sa sacralité, peut devenir homicide pour se débarrasser, entre autres, de sa propre souffrance. La pitié compatissante cherche humblement à aimer.
Nous avons conscience que bien rude est la tache parce qu'elle est à l'opposé des tendances d'une société comme la nôtre. La présence attentive auprès de celui qui s'en va est une expérience éprouvante. Ceux qui ont su dépasser leurs peurs et se rendre ainsi disponibles reconnaissent cependant qu'ils ont reçu plus qu'ils n'ont donné. Ce qu'ils ont fait réalise une des formes les plus hautes de la fraternité humaine.
Ceux qui ont su témoigner d'une véritable compassion envers ceux qui quittaient cc monde dans la douleur et les apparences de la déchéance ont répondu à la parole de la Torah : « J'ai placé devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction ; choisis la vie » (Deutéronome 30, 19).
II a été question ici davantage des motivations des bien-portants que des souffrances des malades. Mais ce sont les bien-portants qui légifèrent et qui, demain peut-être, disposeront de la vie des malades.
Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France
Source : Actualité Juive, n° 1242 , jeudi 31 janvier 2013.
Le Talmud déclare :«Celui qui est dans un état d'agonie (goses) est encore considéré comme une personne en vie à bien des égards (Semahot 1:1)."
Cette règle est reprise par les codificateurs de la loi juive, y compris, Maïmonide et Joseph Karo. Le Talmud poursuit : "On ne peut placer une personne en agonie sur du sable ou du sel avant qu'elle ne soit morte. On ne peut fermer les yeux d'une personne mourante. Celui qui ferait une telle chose serait comme s'il avait causé la mort de cette personne, car Rabbi Meir enseigna : 'Une personne en agonie est comme une flamme vacillante. Dès qu'une personne la touche, la flamme s'éteindra. De même, si une personne ferme les yeux d'une personne mourante, elle est considérée comme si elle lui avait causé de rendre son âme." (Semahot 1:2-4)
Toutes les règles concernant une personne mourante (goses), comme la préparation d'un cercueil, d'un enterrement, les questions d'héritage, etc. doivent être reportées à plus tard.
in : Euthanasie: les Sources Bibliques et Rabbiniques, Professeur Fred Rosner
"À l’heure où le débat sur la fin de vie se poursuit dans notre pays, où un mouvement important s’affirme en faveur d’une mort lucide, digne, dont on soit le sujet, on pense trop souvent que la seule façon d’arracher la mort à la maladie ou aux médecins et de la faire sienne est de demander l’acte qui tue, l’euthanasie.
On réclame le « droit de mourir » en exigeant d’un tiers qu’il nous donne la mort si nous le décidons, sans aucune conscience de ce que représente cette demande pour autrui. Mais il existe une tout autre façon d’être sujet, celle qui consiste à être lucide, responsable, conscient. Préparer sa mort, oser interpeller ses médecins à propos de ses peurs, laisser à ceux qui vont rester une parole de vie, une parole de bénédiction qui les aident à vivre sans nous. Et puis il est difficile de mourir dignement, lorsqu’on est pris dans une conspiration du silence, lorsque nos plus proches, dans l’angoisse, assistent impuissants et muets à notre lente disparition.
Lorsqu’ils ne peuvent pas ou ne veulent pas nous accompagner. Comment se mettre en paix avec soi-même et les autres, dire au revoir, transmettre quelque chose de soi et de son expérience de vie, si tout le monde prend la fuite ou fait comme si on n’allait pas mourir ? La façon dont nous quittons ce monde dépend autant de la façon dont nous avons vécu que de l’attitude de ceux qui nous entourent."
Source: Grand Rabbinat de France
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