Charles Rodwell : « Je m’opposerai à l’ouverture de l’aide active à mourir »
par Cyriac Zeller, 11/04/2024, extraits
Le projet de loi sur la fin vie a été présenté ce 10 avril en Conseil des ministres. Charles Rodwell, député des Yvelines, confie à Famille Chrétienne qu’il s’opposera au texte.
*Quelle est votre position sur le projet visant à légaliser « l’aide à mourir », autrement dit l’euthanasie et le suicide assisté ?
Je ne pense pas qu’il soit opportun de légiférer pour ouvrir un droit à une « aide active à mourir ». Ce projet de loi comporte deux sujets. Je soutiens pleinement le premier qui consiste à soutenir massivement le développement des soins palliatifs en France. Cela me parait essentiel. Le fait qu’un tiers des départements ne disposent pas d’unités de soins palliatifs est un scandale. Dans ma circonscription, la fermeture de l’unité de soins palliatifs de la résidence Claire Demeure et son transfert à l’Hôpital de la Porte Verte – dont je salue l’extraordinaire équipe – illustre par ailleurs le manque de moyens qui affecte le déploiement des soins palliatifs. Je serai favorable à tout effort pouvant être fait pour permettre aux citoyens d’être égaux sur une question aussi intime et fondamentale que la mort. Je déplore néanmoins que nous n’ayons pas eu deux textes qui auraient permis d’éclaircir les choses. Les deux objets de ce projet de loi n’ont pas grand-chose à voir. ...
Le Parlement est-il légitime pour se prononcer sur un tel sujet ?
Si vraiment on souhaite légiférer sur le sujet, je pense que l’on aurait dû demander directement l’avis des Français. J’étais plutôt favorable à la Convention citoyenne sur la fin de vie parce que je considère qu’il n’y a jamais de mal à débattre de sujets aussi vitaux que celui-ci. Si vraiment on souhaitait pousser la logique jusqu’au bout, nous aurions pu interroger directement les citoyens, par referendum par exemple.
Maintenant que je suis interrogé sur ce sujet, je ne vais pas me dérober. J’ai effectué une grande consultation dans ma circonscription. J’ai écouté ceux qui étaient pour, ceux qui étaient contre, des associations, des soignants, des malades, … La conclusion que j’en ai tirée c’est qu’il ne me semble pas opportun de légiférer sur l’aide active à mourir. C’était une conviction ancrée en moi depuis longtemps. Elle a été confirmée par cette large consultation.
Pourquoi une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté ne vous semble pas opportune ?
Certains considèrent l’aide à mourir comme une liberté ultime, je suis sensible à cette idée. Mais qu’est-ce qu’une liberté qui, lorsqu’on la met en action, disparaît ? D’un point de vue moral et philosophique, cela ne me semble pas être bon. Enfin, les exemples venant de l’étranger peuvent nous instruire. Quand on regarde la Belgique, est-ce que les législateurs qui ont dépénalisé l’euthanasie il y a vingt ans auraient imaginé qu’aujourd’hui cette pratique pourrait être ouverte aux enfants de moins de 14 ans ? Est-ce que le législateur canadien, plein de bonnes intentions, qui a ouvert l’aide à mourir il y a vingt ans imaginait que le gouvernement fédéral présenterait un plan d’économie sur la base de l’accroissement de l’euthanasie ? Ce qui m’effraie c’est l’élargissement du champ d’application, qui, si on légalise, me semble inévitable. Je ne veux pas prendre le risque d’ouvrir la boîte de Pandore. ...
Source : famillechretienne.fr