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Bienheureuse vieillesse

par Gènéthique, 03/11/2015

Robert Redeker, professeur agrégé de philosophie et écrivain vient de publier Bienheureuse vieillesse, un livre dans lequel il appelle à « sauver la vieillesse de l’élimination, car sans elle, c’est notre civilisation qui risque de s’éteindre ».

Il défend l’idée que notre société ignore que « la vieillesse est libération. Elle débarrasse l’être humain de certains obstacles à sa liberté. La vieillesse est l’âge du bonheur, de la sagesse. » Elle est aussi « une chance : celle de redécouvrir le temps et la consistance des choses ». A l’inverse, notre société est obsédée par la jeunesse qui demeure « le seul âge légitime ». « Nous avons arrêté la jeunesse dans une trompeuse éternité », analyse Robert Redeker.

L’époque actuelle « ne veut de racines ni dans le passé ni dans l’avenir. Elle ne veut être ni redevable ni responsable », construisant un « vide temporel » qui a peur « des vieux », qui sont « la présence du passé, la présence et le présent des racines ». Notre société « refuse la vieillesse », et lui propose l’euthanasie. Mais l’euthanasie « est un mensonge, un mot totalitaire qui contient une contradiction : camoufler une mise à mort en opération humanitaire ». « Généraliser l’euthanasie signe la fin d’une civilisation, celle dans laquelle le ‘tu ne tueras point’ est un principe fondamental. C’est entrer dans une civilisation dans laquelle ‘tuer pour le bien être’ devient la norme. Serons-nous en état d’en fixer les limites ? »

Selon Robert Redeker, « le ‘gérontocide’ peut devenir le génocide du XXIème siècle ». Il prédit que « comme il y a l’avortement de confort, il y aura les euthanasies de confort, comme il y a l’avortement-contraception, il y aura l’euthanasie tranquillisation. Nous nous apprêtons à ouvrir une terrifiante boîte de Pandore ». Robert Redeker propose alors de « résister, par exemple en sauvant la vieillesse ».

par genethique.org

 

 

par Azulueta, 10/21/2013, extraits

Toujours le même procédé: situations émotionnelles tronquées, ‘sondages’ divulgués après intense formatage de l’opinion publique (les journaux ne disent-ils pas tous la même chose ?), vote en commission ou au Parlement sans examen sérieux des situations concrètes.

Tout cela procède d’une conception éminemment matérialiste de la personne.

Non! Nous ne voulons pas que nos enfants puissent être ‘euthanasiés’, comme des animaux portés à la fourrière.

Il n’y a eu que l’Etat national-socialiste en Allemagne pour entreprendre un tel programme d’euthanasie des plus faibles.

L’Etat prend la place des parents: il souhaite décider de la vie ou de la mort de chacun de nous et commence par les situations de faiblesse: les enfants et les personnes âgées. Il y a une manière particulièrement cruelle de faire comprendre aux autres qu’ils sont de trop. Nos enfants, même handicapés, surtout handicapés, ne sont pas de trop!

Un simple élan de solidarité résout la question : la chaleur de cet élan vers l’autre peut renverser cette logique mortifère qui habite certains de nos groupes parlementaires.

Vous pouvez en faire partie en disant clairement NON à cette logique économique où chacun est évalué en fonction de ce qu’il rapporte à la société. On appelle cela pudiquement « qualité de vie ». Cette ‘qualité de vie’ qui implique la mort (des autres) n’est pas pour nous. Nous pouvons agir, et réussir par notre voix à faire reculer cette implacable logique.

Source : citizengo.org

 

Euthanasie, un débat volontairement étouffé par Mélanie Raphaël-Béthune

par Funéraire Info, 

Alors que la proposition de loi Léonetti / Claeys passe en séance publique au Sénat les 16 et 17 juin prochain, le livre de Mélanie Raphaël-Béthune, « l’euthanasie, un débat volontairement étouffé« ,  offre un éclairage sur comment ce débat a occulté l’avis des citoyens.

Ce livre : un regard sur comment la communication politique a fait oublié le débat démocratique
Construit autour de l’historique de la loi, de la parole politique et la communication sur la question de la fin de vie et de l’aide active à mourir de 2004 à 2014, cet ouvrage montre que le citoyen est le grand oublié dans le traitement de cette question de société.

Une livre sur la gestion et les conditions de la fin de vie, question férocement d’actualité dans notre société. Cette analyse est à la fois l’histoire d’un manque de courage politique et celui de la conquête d’un droit social et d’une liberté individuelle.

Mélanie RAPHAËL-BÉTHUNE, l’auteur, une communicante militante
Convaincue qu’il faut savoir s’engager pour ses valeurs et donner du sens à son travail, elle devient réserviste gendarmerie à 18 ans et militante de l’ADMD à 19 ans. Chargée de communication publique, directrice de campagne municipale en 2014, co-fondatrice / secrétaire et chargée de communication de l’Agora Jeunes en Europe depuis avril 2015.

C’est à l’occasion de son mémoire de master en communication publique et politique à l’UPEC (2013) qu’elle entame ces recherches et ouvre le blog Ecoutez Nous Jusqu’au Bout sur la fin de vie, et commence la rédaction de ce livre.

« Il n’est qu’un sens à l’agonie, celui qui va vers la mort. Il n’est point de retour, il n’existe que des détours offerts par la médecine, pour arriver au même point, au même but, à la mort. »
Mélanie Raphaël-Béthune, p 29, « l’euthanasie, un débat volontairement étouffé »

Source : funeraire-info.fr

 

 

Une mort digne ou indigne ?

par Francis Gimenez, 25/05/2015, extraits

Les partisans de l'euthanasie font des pieds et des mains pour la rendre légale en France. Ils prônent la mort dans la dignité. Je ne comprends pas ce qu'ils entendent par là. Y aurait-il une mort indigne qui serait le pendant de la mort digne. Des vies dignes ou indignes, oui, mais des morts ? Il y a la souffrance physique et morale, mais cela n'a rien à voir avec le concept de dignité.

L'indignité est liée à des actes qui portent atteinte à la morale. Les racistes et les corrompus sont des êtres indignes. La mort, elle, n'est ni digne, ni indigne, elle est simplement et inéluctablement la fin de la vie. Il n'y a pas de mort digne, ni indigne, il y a la mort tout court....

Dans ces conditions parler de mort indigne des malades, incurables aujourd'hui mais peut-être pas demain, qui meurent soulagés de leurs douleurs, entourés des leurs et d'un personnel médical compétent et dévoué, n'a aucun sens.

Francis Gimenez

Source : clicanoo.re

 


Euthanasie, la mort dans l’âme

 

Fin de vie, soins palliatifs, euthanasie. Depuis la demande de « droit à mourir » de Chantal Sébire en 2008, cette femme de 53 ans atteinte à l’époque d’une tumeur rare, depuis « l’affaire » Vincent Lambert, les médias parisiens, en particulier, n’ont pas cessé de monopoliser le débat afin de l’orienter dans une seule direction : mourir « dans la dignité » est un droit. Comme si cela ne tombait pas sous le sens… Qui souhaite mourir dans « l’indignité » ? Beaucoup de médecins estiment que les médias parisiens ont kidnappé ce sujet. Cette enquête « Euthanasie, la mort dans l’âme », donne la parole à celles et ceux qui ne l’ont, pour ainsi dire, pas eue : médecins, infirmières. Armel Joubert des Ouches s’est rendu à Lille et dans la banlieue de Strasbourg à la rencontre des personnels d’un Centre d’unité de vie : centre où l’on accueille des personnes dans un état pauci-relationnel.

Un reportage d’Armel Joubert des Ouches
11 mars 2015

Source : reinformation.tv

 

 

Donner la mort, un progrès ?

par Anne De Poortere-Schillings, 22/11/2013

Tous étaient en proie à l’angoisse et hors d’état de se comprendre les uns les autres. Chacun cependant croyait être seul a posséder la vérité et se désolait en considérant ses semblables. Ils ne pouvaient s’entendre sur le bien et le mal et ne savaient qui condamner ou absoudre.

DOSTOIEVSKI : Crime et châtiment

Quelle conception de la mort ?

A côté des réflexions éclairées par le droit, la philosophie, la pratique médicale, à côté des témoignages prenants publiés sur ce site, je pense que les oeuvres d’imagination : romans, films... permettent d’approfondir notre vision de la mort, donc de l’euthanasie. Que nous disent ces ouvres, devenues des classiques ?

Le bien-être garanti

C’était en 1932... Le totalitarisme s’installe en Europe ; celle-ci se prépare sourdement à s’autodétruire. C’est le moment ou l’euthanasie systématiquement pratiquée est montrée pour la premiere fois dans notre culture. Le roman d’Aldous Huxley « Brave New World » (en français « Le meilleur des mondes» ), imagine une société future :“L’État mondial”, baignant dans un bonheur matérialiste sous l’égide de la science. La crainte de la mort n’existe pas : les mourants sont accueillis dans un hôpital spécialisé ou, plongés dans une atmosphere festive, ils reçoivent leur dose létale de “soma”, la drogue qu’ils ont déja consommée durant toute leur vie.  

“Je suis libre de me donner la mort quand je le souhaite.»

Dans l’État mondial, chacun est libre de se donner la mort quand il le souhaite, ainsi que les partisans de l’euthanasie le demandent aujourd’hui. Fin de l’angoisse ? Peut-être, mais à quel prix ? Huxley le dit: le projet d’euthanasie garantie est indissociable d’une vision globale de la société. Dans « le meilleur des mondes », le citoyen qui vient recevoir l’euthanasie dans un lieu prévu a cet effet est conditionné par tout son environnement. La recherche d’un bien-être physique immédiat est son unique horizon. Absence de livres, absence de jugement critique : le citoyen est prêt a tout accepter sans réfléchir.  

Si Huxley a écrit ce roman, c’est bien pour attaquer avec tout le poids de l’ironie le modèle d’une société idéale. Il veut dénoncer ce qui est pour lui un scandale : une mort douce mais abrutissante par laquelle le mourant perd ce qu’il aurait pu avoir d’individualité, ce qui peut lui rester de conscience éclairée par une conception transcendante de l’être humain. Faisant référence a Shakespeare, Huxley souligne le fait que, dans le monde « normal », la mort est une tragédie, liée a une souffrance physique et psychique souvent insupportable. Mais affronter la mort est aussi le point culminant de l’expérience humaine, celui ou l’être humain donne la pleine mesure de sa destinée.

La confusion du langage

Un peu plus tard, dans un autre roman d’anticipation : « 1984 »,  George Orwell annonce l’érosion de la conscience individuelle par un autre procédé. Les dirigeants du monde futur bouleversent purement et simplement le sens des mots à contenu moral ou philosophique. Des slogans apparaissent assimilant la liberté a l’esclavage, l’ignorance a la force... Les fonctionnaires du Ministère de la Vérité passent leur temps a réécrire l’histoire en fonction des contraintes politiques, ceux du Ministère de l’Amour arrêtent et torturent les opposants.

Il s’agit certes de la situation extrême qu’un pamphlet peut se permettre de montrer. Mais, dans le débat sur l’euthanasie, les mots ne changent-ils pas de signification selon celui qui les emploie ? Le sens du mot « liberté » tel que reconnu par les droits de l’homme et utilisé par les partisans de l’euthanasie (« Je suis libre de me donner la mort ») coexiste avec le sens moral du même mot utilisé par le camp opposé : la « liberté » est ici le fait d’agir conformément a la raison et a la morale. Que dire alors du mot « dignité » ? Comme le montre Xavier Dijon1, la dignité est inhérente a notre nature humaine ; mais, lorsque les partisans de l’euthanasie évoquent « le droit de mourir dans la dignité », c’est un autre sens du mot « dignité » qui est utilisé ; la dignité est liée ici à l’image que le mourant donne de lui-même aux autres et à lui-même, à la maîtrise qu’il a sur lui-même. Ces multiples significations d’un même concept sont presque aussi anciennes que le concept lui-même. En l’occurrence, elles demandent à être clarifiées avant d’entamer une réflexion. Sans cela, exactement comme dans la société de « 1984 »,  la confusion du langage ouvre la porte à la manipulation des consciences.

Et l’écologie dans tout cela ?

Pour minimiser l’empreinte de l’homme sur la terre, pourquoi ne pas recourir à l’euthanasie ? Le cinéma s’est déjà saisi de ce thème. La surpopulation, les difficultés économiques, l’épuisement des ressources naturelles ne devraient-ils pas amener la société a gérer de façon rationnelle le vieillissement de sa population ? « Soleil vert »2 montre brutalement comment affronter ces questions. En 2022, le monde est tellement pollué que la seule nourriture disponible est le « soleil vert », prétendument fabriqué a partir de plancton. La vérité est tout autre : l’euthanasie est pratiquée pour contrôler la surpopulation ; le « soleil vert » est fabriqué a partir du recyclage des cadavres humains.

S’agit-il d’un cauchemar ? L’un des rôles de l’art n’est-il pas de nous sensibiliser aux changements culturels, de nous montrer l’avenir que nos choix actuels préparent ?

Quatre-vingts ans plus tard...

Quatre-vingts ans plus tard, la perspective du « Meilleur des mondes » s’est inversée au point que la mort donnée par un être humain à un autre peut être présentée comme un acte d’ «Amour». Quatre-vingts ans pendant lesquels, imperceptiblement, le rouleau compresseur du conformisme social a rongé toute velléité de réflexion critique, a tenté de culpabiliser ceux qui veulent encore se référer a des valeurs transcendantes. A l’instar des reportages télévisés ou des publicités, des films travaillent nos émotions, nous poussent petit a petit a envisager des changements radicaux de société a partir d’exemples particuliers. « Mar adentro»3, « La belle endormie »4 éveillent la compassion pour les malades condamnés a une existence végétative.  Sans être un film à thèse, « Amour »5 montre la mort donnée comme l’acte qui s’impose face a un conjoint victime d’un AVC. Supprimer les êtres jeunes ou vieux, seuls, fragiles, diminués au lieu de les accompagner, ce n’est pas promouvoir la dignité humaine. C’est accepter la contagion du délabrement moral sur laquelle Hannah Arendt attire l’attention des 1950.

Bruxelles, 2032

La loi sur l’euthanasie de 2002 étendue en 2013... Quelle est la prochaine étape ?  Imaginons un instant :  

Nous sommes en 2032. La situation économique reste mauvaise. La Belgique cherche encore à réduire son budget. Monsieur X., 40 ans, rend visite à son médecin
parce qu’il s’inquiète d’un grain de beauté sur le dos qui commence à changer d’aspect. Il se sent fatigué, inquiet. Après les examens et analyse d’usage, le médecin diagnostique un mélanome et des métastases. Le médecin estime devoir dire la vérité a son patient : statistiquement, l’espérance de vie de monsieur X est de trois mois. Le médecin ajoute : « Vous avez déjà rempli votre déclaration anticipée d’euthanasie n’est-ce pas ? » Non, monsieur X. était loin de souhaiter cette issue brutale. Bouleversé par la nouvelle qu’il vient de recevoir, monsieur X. n’est pas en mesure d’évaluer sa situation. Il remplit le formulaire qu’on lui tend...

L’information concernant le cancer de monsieur X est encodée dans le réseau de la sécurité sociale. Elle est ensuite reprise par le comité de suivi de la nouvelle loi sur l’euthanasie. Ce comité estime que soigner le malade couterait trop cher étant donné ses chances de survie. Les soins palliatifs ne sont accessibles qu’aux malades ayant souscrit une assurance complémentaire ; ce n’est pas le cas de Monsieur X. qui, âgé de 40 ans, croyait que l’accès aux meilleurs traitements du cancer lui était garanti. Le comité de suivi de la loi sur l’euthanasie fait alors suivre le dossier a la police de la dignité qui prendra en charge le malade pour qu’il puisse être euthanasié.

 Nous n’en sommes pas là, pas encore...Face à la perspective d’une société déshumanisée, sans idéal, un retournement reste possible. C’est a chacun de le faire advenir.

Anne De Poortere-Schillings

1 Xavier Dijon : Droit naturel, Tome I, Paris, PUF, 1998
2 Richard Fleischer : Soleil vert, 1973
3 Alejandro Amenabar : Mar adentro, 2004
4 Marco Bellocchio : La belle endormie, 2008
5 Michael Haneke : Amour, 2012

Source : euthanasiestop.be

 

 

Euthanasie : « Quand la loi remplace la conscience »

par

Chantal Delsol, 27/03/2015, extraits

Valeurs d'avenir. Chantal Delsol est philosophe, membre de l’Institut. « On demande à l'Etat de dire le Bien pour éviter l'angoisse de décider », déplore-t-elle.

La question de la fin de vie interroge et parfois met en cause les principes fondateurs. ...

Les débats autour de cette question marquent avec acuité les métamorphoses des mentalités dont nous sommes les acteurs et les témoins.

Curieusement, on observe ici à la fois une radicalisation de l’individualisme et un effacement de la conscience personnelle. L’individu souverain voudrait avoir désormais la maîtrise totale de son destin : puisque je dois encore mourir (pas pour longtemps, nous promet le posthumanisme), au moins que je sois sûr d’en choisir le moment.

La loi morale élémentaire, antique et universelle, « Tu ne tueras pas », se donne partout des exceptions. Dans toutes les sociétés, ce sont la guerre et la peine de mort : les sociétés s’estiment fondées à tuer ceux qui les menacent. La modernité tardive, qui rejette avec dégoût la peine de mort et la guerre, et simultanément légitime l’IVG, même à un stade avancé de la grossesse, et l’euthanasie, marque par là la métamorphose des critères. Ce n’est plus la survie ou la sécurité de la société qui peut légitimer une exception au « Tu ne tueras pas », mais le refus de la souffrance individuelle (physique ou psychique).

Les lois sur la fin de vie vont cependant plus loin que ce déploiement de la souveraineté individuelle. Outre qu’elles traduisent un déplacement des critères de valeur, elles traduisent aussi un rabaissement de l’idée de conscience personnelle.

Les principes moraux élémentaires sont surplombants ; et pourtant toujours récusables par la conscience personnelle, dans des cas tragiques et au prix d’un débat intérieur. Les cas d’euthanasie existent et ont toujours existé. Dans des situations si singulières et si graves, des consciences individuelles prennent une décision. Mais on voudrait que cette exception au « Tu ne tueras pas » soit légalisée, qu’elle ne soit plus à la merci de la conscience personnelle. On voudrait que les individus jetés dans ce drame puissent appliquer une loi et ainsi s’exempter de l’angoisse de se prononcer, de la responsabilité et des éventuels remords. Le cas est le même pour l’IVG, pour laquelle nous recherchons toujours plus de loi déterminante, toujours moins de réflexion individuelle. Il y a là une récusation du tragique humain, une volonté de passer à la toise de la loi les situations les plus complexes. Dans les directives anticipées aussi, c’est la conscience personnelle qui se trouve dévalorisée, contrairement à ce que l’on pense : car je ne peux jamais préjuger de ce que je déciderai en situation limite ; dans cette situation, sans doute trouverai-je des ressources dont aujourd’hui je n’ai même pas idée ; une personne n’est pas une essence immuable, mais une entité en perpétuel développement.

La demande de légalisation toujours plus précise indique la persistance du positivisme juridique, déjà si présent au XXe siècle : la morale, ce ne serait rien d’autre que la loi positive, et ce qui est permis par la loi serait forcément bon — que l’État dise le Bien et nous ne nous poserons plus de question ! Au fond, nous voulons peut-être oublier que l’éthique traduit un perpétuel débat intérieur et extérieur — qu’elle engage notre responsabilité de personne libre, bien davantage que notre docilité de citoyen. ...

Les voix continuent à s’élever pour que nous adoptions les lois de certains pays voisins sur le suicide assisté. Ce qui est en jeu, c’est le maintien ou la récusation de la culture de vie qui anime le judéochristianisme depuis les origines, et pas seulement le sacre de la volonté individuelle. Car la Belgique en est déjà à programmer l’euthanasie des malades inconscients et des enfants : on bascule vite de l’« eugénisme libéral » (Habermas) à la suppression des “hommes en trop”. Pour nous tenir à cet équilibre précaire et éviter de tomber dans des extrêmes qui nous répugnent, il nous faudra argumenter sans cesse et demeurer nous-mêmes dans la modération.

Source : valeursactuelles.com

 

 

Pourquoi la loi sur la fin de vie risque d'affaiblir les soins palliatifs

par Anne-Laure Debaecker, 17/03/2015 à 20:50

FIGAROVOX/ ENTRETIEN - Alors que la proposition de loi portée par Alain Claeys et Jean Leonetti a été largement adoptée à l'Assemblée, Jean-Frédéric Poisson, auteur de Personne ne doit mourir seul prône un renforcement des soins palliatifs en France.


Titulaire d'un doctorat de philosophie Jean-Frédéric Poisson est député des Yvelines et élu local. Il est également président du Parti chrétien-démocrate. Auteur de plusieurs ouvrages sur les questions bioéthique et sur la dignité humaine, son dernier livre Personne ne doit mourir seul vient de paraître aux éditions universitaires.


Le titre de votre livre reprend ce que vous désignez comme le principe fondamental des soins palliatifs «la vie humaine est digne jusqu'au dernier instant, par conséquent personne ne doit mourir seul». Cependant, les patients qui se font euthanasier ne meurent pas seuls puisqu'on les «aide à mourir». De quelle solitude parle-t-on finalement?

Effectivement, dans une démarche d'euthanasie on est par définition accompagné: c'est une autre personne qui administre la dernière piqure. Mais la mécanique du suicide assisté ressemble à celle de l'accompagnement seulement en apparence. Cette mécanique consiste en effet à accepter l'idée que la mort est une affaire personnelle, comme le souligne le titre du livre du président de l'ADMD: Ma mort m'appartient. En fin de compte nous aurions le droit d'aménager notre mort exactement comme nous le souhaitons, y compris d'ailleurs si autour de nous personne n'est d'accord sur cette façon que nous avons choisi de mourir. Ce suicide assisté relève en réalité d'une solitude abyssale puisque l'on se fait complètement propriétaire d'un évènement qui a un caractère collectif.

La mort de chacun d'entre nous interpelle l'ensemble du corps social, même si nous n'en avons, évidemment pas conscience, dans la mesure où chaque décès nous replace dans notre condition d'homme mortel. Sa dimension sociale est donc évidente. A chaque fois que celle-ci est écartée, on replace l'homme devant l'une de ses plus profondes angoisses: mourir seul.

L'euthanasie apporte une réponse extrêmement partielle, pour ne pas dire illusoire à cette angoisse alors que les soins palliatifs, dans la mesure où ils consistent à accompagner jusqu'à la dernière seconde, garantissent à chacun qu'il ne mourra pas dans la solitude. Cet accompagnement se fait que la personne soit consciente ou pas, c'est ce qui est émouvant dans cette pratique. Cela relève d'une logique très différente de celle du suicide assisté.

Vous évoquez également une «société post mortelle», «où la mort passe du statut du socle ontologique à celui de contingence historique». Comment cette société se caractérise-t-elle ? Quel impact sur les soins palliatifs ?

Cette expression vient d'une sociologue canadienne, Céline Lafontaine, qui observe que l'on fait de plus en plus miroiter à nos contemporains la perspective d'une vie qui n'aurait pas de fin. Cette offre alléchante s'obtiendrait de plusieurs façons: soigner le corps humain pour que sa vie se prolonge sans cesse, les fameuses piqures anti-vieillissements par exemple, substituer par clonage des organes ou encore robotiser petit à petit le corps humain -ce qu'on appelle le transhumanisme.

Cette tentation de vaincre la mort est une tentation éternelle, c'est l'histoire de l'homme au fond. L'illusion selon laquelle la condition humaine pourrait se débarrasser de la mort parce que celle-ci n'aurait rien d'inéluctable. Si nous sommes encore mortels c'est parce que nous n'aurions pas découvert le moyen scientifique de ne plus l'être. Nous n'acceptons ainsi plus l'idée que la condition humaine soit limitée et nous cherchons tous les moyens pour en sortir. La société post mortelle -à laquelle nous n'arriverons pas car c'est une utopie- entretient l'illusion que nous aurions les moyens de tout simplement supprimer la mort.

Les soins palliatifs, au contraire, ont adopté comme un principe de soin et de relation avec les patients le fait que la mort est inéluctable et qu'il faut la traiter parce qu'on ne pourra s'en débarrasser. C'est une posture inverse de celle adoptée par une société «post mortelle».

Pourquoi politiser le débat sur la fin de vie?

Nous y sommes contraints. La manière de politiser ce débat, particulièrement ces jours-ci, n'est pas la meilleure façon de le faire puisqu'elle consiste à mettre dans le champ partisan des débats publics un sujet qui ne devrait pas y figurer.

Mais à partir du moment où le débat public existe, où ces questions sont dans l'espace public, il y a une forme de politisation qui est faite. La mort est un phénomène collectif par essence car elle rappelle au corps social à la fois la limite de la condition humaine et le replace devant un certain nombre de ses obligations à l'égard des mourants. Puisque celles-ci sont des devoirs collectifs, il y a un moment où la société doit s'en saisir. Et quand la société se saisit de ses propres devoirs, on est dans le débat politique.

On pourrait croire que la question de la fin de vie n'est qu'une question de personne «ma mort est mon affaire», mais en réalité en la considérant ainsi on participe à la déstructuration du corps social.

Certains considèrent l'euthanasie comme un complément des soins palliatifs. Que vous inspire cette position?

Cette position est celle, à peu près constante, tenue par le Parti Socialiste. Manuel Valls avait soutenu sa proposition de loi pour légaliser l'euthanasie en 2009 en affirmant que l'offre de santé publique sur la fin de vie n'était pas complète, dans la mesure où il manquait la mécanique par laquelle chacun devrait pouvoir demander à être suicidé si c'était son choix personnel. On a un peu moins entendu cet argument dans les débats de ces dernières semaines, néanmoins il y a toujours cette idée que la liberté personnelle ne peut pas s'exercer de manière complète si elle ne dispose pas d'un éventail complet de «services» et qu'il faut donc compléter l'offre de soin par la légalisation du suicide assisté. Vouloir associer euthanasie et soins palliatifs est pourtant antinomique : ces pratiques relèvent de philosophies et de relation entre patients et soignants radicalement différentes.

Le gouvernement n'a fait aucun effort depuis trois ans pour développer les soins palliatifs. Leur développement pourrait en effet manifester de manière formelle qu'il n'y aurait plus besoin d'une autre offre de santé, dans la mesure où la pratique palliative répond à toutes les angoisses que peuvent éprouver des personnes en fin de vie -si elles sont prises en charge de façon correcte et généralisée, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. En développant l'offre palliative comme objectif prioritaire de santé publique, il y aurait le «risque» de rendre inutile toute forme de légalisation du suicide assisté et je pense que c'est ce qui a poussé le gouvernement à cesser tous les efforts dédiés à la mise en œuvre de soins palliatifs.

Le dernier rapport de la Cour des comptes a effectivement dénoncé un retard français dans le développement des soins palliatifs. Ce retard serait-il donc imputable à des motifs idéologiques?

Il y a aussi des contraintes budgétaires qu'il ne faut pas ignorer: dans une société plus riche, les choses seraient peut-être allées plus vite.

Les soins palliatifs ne sont pas qu'une pratique médicale, c'est la thèse que je soutiens dans mon livre. Au-delà d'un simple soin, c'est une anthropologie, une vision de l'homme, des rapports sociaux et une philosophie assez précise. Cette philosophie est sensiblement différente de celle que la majorité actuellement au pouvoir défend la plupart du temps.

Pour vous, le rapport Clayes-Leonetti sur la fin de vie, adopté aujourd'hui à l'Assemblée nationale, peut porter un «rude coup» aux soins palliatifs, de quelle façon?

Le fait que la sédation terminale profonde se généralise et soit facilitée par ce texte entraine le risque que celle-ci s'impose petit à petit au détriment des soins palliatifs. Cette substitution serait facilitée par le fait que l'on propose au personnel médical une solution qui est beaucoup moins contraignante, plus facile à mettre en œuvre et qui sollicite beaucoup moins de moyens cliniques. Plus prenante psychologiquement et financièrement, la pratique des soins palliatifs deviendrait moins attractive que l'apparente bonhomie et la simplicité de la sédation. L'adoption de cette mesure apporte donc un risque d'affaiblissement de la culture palliative.

La première urgence, et c'est un des objectifs de mon livre, c'est de propager cette culture des soins palliatifs pour que tout le monde la connaisse et que chacun sache que nous sommes tous en situation d'exiger, si c'est notre foi personnelle, d'être accompagné par une unité de soin palliative lorsque nous serons en fin de vie, car la culture palliative est l'une des plus importantes manifestations d'humanité dans le monde d'aujourd'hui.

Source : lefigaro.fr

 

 

L’Euthanasie sur France 2 : plus belle la mort ?

Voudrait-on nous endormir ?

par Paulina Dalmayer, 15/03/2015

 Le patriarche décide d’en finir. Il a bâti un empire dans le domaine de la pâtisserie artisanale. Il a élevé trois enfants. Il aime la même femme depuis quatre décennies. Il a courageusement lutté contre un cancer. Mais là, il en a marre. Il décide donc de mourir debout, dans la dignité comme il dit, et comme disent tout ceux qui militent en faveur de la légalisation de l’aide active à mourir. Voilà en substance le synopsis du film Des roses en hiver, programmé en première partie de la soirée que France 2 a consacré hier au sujet de la fin de vie. On ne gâchera pas le suspense – il y en a rarement dans les productions télé diffusées aux heures de grande audience – en disant qu’au final l’octogénaire meurt chez lui, naturellement, dans les bras de son épouse bien aimée et bien aimante, à quelques jours de la date qu’il avait choisie pour son départ en Suisse. Grâce à ce dénouement, France 2 a pu habilement ménager son statut de chaîne publique, en s’attaquant à un problème de société majeur sans heurter la sensibilité de certains téléspectateurs et sans faire la promotion de pratiques illégales. Marc Lévy n’aurait pas mieux fait. Sauf que la vie, et surtout la fin de vie, ressemblent rarement à un téléfilm.

En témoignait avec beaucoup de verve Emmanuèle Bernheim dans son décapant récit Tout s’est bien passé (Gallimard, 2013), qui raconte le départ rocambolesque de son père malade pour le pays des Helvètes où, on le sait, on peut bénéficier d’une « mort douce » moyennant la modique somme de 10.000 euros. Quand bien même ce prix du passage à trépas dans la dignité est réservé aux happy few, nous autres aurions tort de les envier. En effet, ce n’est pas dans une chambre avec vue sur le lac que meurent les clients étrangers des associations d’accompagnement au suicide, mais plutôt dans des garages aménagés ou dans des bâtiments industriels, à l’instar du père de Jed Martin, le héros de Houellebecq dansLa carte et le territoire. Il n’est toutefois pas question ici de jeter la pierre à nos voisins suisses. Si la vue, ou plus précisément l’absence de celle-ci, nous froisse et si nous trouvons le forfait trop élevé, nous n’avons qu’à nous débrouiller avec nos malheurs et nos cancers en phase terminale. Inutile de dire qu’on n’y arrive pas.

Les choses n’iront pas mieux quand bien même la nouvelle proposition de loi sur la fin de vie, dont débat actuellement l’Assemblée nationale, serait votée. Son co-auteur, Jean Leonetti, présent sur le plateau lors de la discussion qui a suivi la projection du film, est probablement le dernier à croire le contraire. On dirait même que le député UMP a acquis une forme de dignité, dans son obstination déraisonnable à défendre un texte qui semble avoir pour principale qualité de pousser l’art de la nuance à son sommet. Si le projet devait passer, nous aurions en France la possibilité, en cas de maladie grave et incurable, de demander une sédation « profonde et continue » jusqu’au décès, accompagnée de l’arrêt de tout traitement de maintien en vie. Et ce, qu’il s’agisse de techniques invasives de réanimation, de traitements antibiotiques ou de nutrition et d’hydratation artificielles. La loi de 2005 en vigueur offre à peu de détails près une option identique. Certes, il serait désormais impossible de réveiller un patient une fois sédaté, ce qui est le cas à présent, du moins en théorie. Mais justement cette alternative théorique, appelée par certains médecins « le dogme de la réversibilité », marquait symboliquement la différence entre une sédation et une euthanasie. En l’abandonnant, comment nommera-t-on l’acte d’endormissement aussi profond qu’il devient irréversible, sinon euthanasie ? Une « troisième voie », selon le député PS Alain Claeys, l’autre corédacteur de la proposition de loi, laquelle écarte formellement tout recourt à l’euthanasie et au suicide assisté. Reste à savoir si les Français voudront l’emprunter, tant elle paraît sinueuse. En outre, dans la mesure où aucune loi relative à nos fin de vie – ni celle de 1999 qui devait garantir à chacun un droit d’accès aux soins palliatifs, ni celle de 2005 qui promettait de bannir la pratique de l’acharnement thérapeutique – n’a été appliquée, on s’interroge légitimement sur la démarche du législateur.

Depuis des décennies, on nous rabâche que les résultats des sondages d’opinion qui démontrent l’appui massif des Français à la légalisation de l’euthanasie ne démontreraient en réalité que leur ignorance en la matière. Ce n’est pas entièrement faux. Un des fils du vieil homme, dans Des roses en hiver, apprenant le souhait de son père, pose d’ailleurs la question : « Comment ça se passe alors ? » La veille, depuis la tribune à l’Assemblée nationale, Jean Leonetti a rappelé, non sans raison, que « ça » se passe toujours de façon violente, puisque la mort est un arrachement. Reste que pour beaucoup d’entre nous et de nos proches, « ça » pourrait se passer moins violement si nous n’étions pas obligés, par peur justifiée d’être mal ou pas du tout soulagés en France, de nous exiler pour mourir sans souffrance physique. « Ça » pourrait même se passer sans violence, si tous les Français qui en ont besoin avaient l’opportunité de profiter des soins palliatifs. Ils ne sont que 20 % à en bénéficier et souvent dans les tous derniers jours ou instants de vie. Il faudra encore attendre une trentaine d’années pour que cette couverture soit étendue à tous les mourants nécessitants. Qu’il nous soit alors permis de croire naïvement qu’en Suisse « ça » se passe dans des chambres avec vue sur le lac et de continuer de réclamer, à travers les sondages, que « ça » se passe de la même manière en France aussi.

Paulina Dalmayer

 

 

Bruno-Nestor Azérot : « Je me battrai contre toute loi légalisant l’euthanasie »

par Antoine Pasquier, 16/03/2015 

À la veille du vote de la proposition de loi sur la fin de vie, défendue par Jean Leonetti (UMP) et Alain Claeys (PS), le député-maire divers-gauche de la Martinique annonce qu’il votera contre ce texte en toute conscience.

Quelle sera votre position lors du vote de la proposition de loi sur la fin de vie, le 17 mars ?

Toute vie humaine doit être respectée. Si on ne choisit pas d’être malade, on peut désirer être soigné. Un malade doit être soigné jusqu’à la dernière limite. Le fait d’euthanasier me dérange énormément. C’est pour cette raison que je voterai contre cette proposition de loi.

Qu’est ce qui vous dérange dans ce texte ?

Le problème essentiel, c’est le risque de dérives liées à la sédation. On connaît le résultat quand on ne nourrit pas un être humain : il meurt. Pour moi qui a eu à côtoyer de nombreux malades, j’ai souvent pensé, à un moment donné, qu’ils allaient mourir car ils étaient arrivés à la limite. Or, ils sont toujours vivants. Tant qu’il y a vie, il y a de l’espoir. Je crois absolument nécessaire, et c’est le rôle du politique comme celui de la médecine, d’accompagner les personnes et espérer avec elles qu’elles puissent guérir.

Je crois absolument nécessaire, et c’est le rôle du politique comme celui de la médecine, d’accompagner les personnes et espérer avec elles qu’elles puissent guérir.

Manuel Valls comme Marisol Touraine ont laissé entendre que ce texte ne serait qu’une étape… Faut-il s’en inquiéter ?

Lorsque les ministres s’expriment, on peut considérer que nous sommes déjà dans une étape vers un autre objectif. Cependant, nul ne peut prédire qui sera au gouvernement demain. Si aujourd’hui, il y a une volonté forte de la gauche sur l’euthanasie, rien ne nous dit que demain, la droite ne poursuivra pas ce même objectif ! Pour ma part, je crois que cette question n’est pas un débat de droite ou de gauche. Demain, si je suis toujours élu sur les bancs de la gauche ou sur quel que banc que ce soit, je me battrai contre tout projet de loi légalisant l’euthanasie. Je suis de confession catholique, je crois en des paroles fortes et c’est ma foi qui m’oblige à prendre cette position-là.

Je suis de confession catholique, je crois en des paroles fortes et c’est ma foi qui m’oblige à prendre cette position-là.

Plusieurs amendements ont été déposés par des députés de gauche pour légaliser une aide active à mourir. L’euthanasie n’est-elle pas contradictoire avec les valeurs de la gauche ?

Cette question divise la gauche. C’est pourquoi je fais appel au plus grand nombre de députés, quel que soit leur banc, à faire appel à leur conscience car demain, eux-mêmes peuvent être confrontés à la fin de vie d’un proche. J’ai choisi de siéger au groupe Gauche démocrate et républicaine, car les 15 parlementaires y ont une liberté de parole et de vote. C’est pour cette raison que je peux parler avec autant de liberté.

Ne vous sentez-vous pas seul à porter ce message dans votre camp ? D’autres députés partagent-ils votre sentiment ?

Les choses sont bien plus nuancées que cela. Rappelez-vous le mariage pour tous. J’ai fait un focus sur ce projet de loi à l’époque. Mes propos d’alors ont été salués par un grand nombre de députés de gauche qui ne pouvaient pas tenir ce type de discours du fait de leur appartenance à un groupe parlementaire. Ils subissaient des pressions. Aujourd’hui, nous sommes dans le même cas de figure. Tôt ou tard dans nos circonscriptions, nos populations nous rappellent à l’ordre et nous redisent les valeurs sur lesquelles nous devons asseoir nos politiques. Nous sommes élus par ces populations. Nous devons œuvrer avec elles et pour elles. Lorsque je m’exprime à l’Assemblée, je le fais en toute cohérence avec ma population. C’est d’ailleurs elle qui me demande de parler comme je le fais ici.

Plusieurs rapports ont souligné la grande disparité des soins palliatifs sur le territoire national. La Martinique est-elle encore plus dépourvue que les autres départements français ?

La Martinique est beaucoup plus dépourvue de soins palliatifs à cause de l’éloignement de la métropole, et donc du centre d’approvisionnement. La volonté martiniquaise est de faire en sorte que, de toutes les manières, les soins palliatifs arrivent jusqu’à nous avec la dimension nécessaire pour soigner jusqu’au bout. 85 % de la population martiniquaise est croyante. L’accompagnement des personnes malades est une évidence pour elle.

Antoine Pasquier

Source : famillechretienne.fr

 

 

Nouvelle étape vers la légalisation du suicide

par le député Jacques Bompard, 12/03/2015, extraits

Je pourrais prétendre douter des équivoques présentes dans la loi dite « nouveaux droits pour les patients en fin de vie ». Je pourrais jouer une comédie demandant des précisions sur un texte dont chacun sait bien qu’il promeut une euthanasie qui ne dit pas son nom. Simplement cette stratégie n’a qu’un lendemain : l’échec. ....

Entendre parler d’une « fin de vie digne et apaisée » (article 1), sous-entend que les rédacteurs de cette loi s’arrogent le droit de déterminer ce qu’est la dignité et donc la valeur d’une vie. Est-il simplement concevable que l’ubris politicienne ait atteint ces proportions qui rappellent les pires heures de la Terreur jacobine ou des grands totalitarismes ?

Certes, c’est le rôle d’un homme politique que de dire combien la notion de sédation terminale demeure imprécise. Certes, c’est le rôle d’un défenseur des lois naturelles de rappeler que l’alimentation et l’hydratation ne sont pas sujets à interprétation mais sont des dus pour toute personne en fin de vie. ...

Aussi faut-il rappeler que nous pourrons tous être Vincent Lambert et voir les tiraillements familiaux et juridiques décider de notre droit à la vie.... ...

Source : lesalonbeige.blogs.com

 

 

Mourir par sédation ou l’idéologie du « bien mourir »

Opinion de Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à l’université Paris Sud, 19/02/2015

Notre société fait le choix de légaliser une autre approche du mourir. À défaut d’être en capacité – comme certains y prétendaient hier – de « changer la mort », voir de la « maîtriser ». Il convient désormais d’intégrer le modèle d’une « bonne mort », d’un « bien mourir » opposé à cette conception du « mal mourir », figure emblématique de l’inacceptable, de l’insupportable que l’on se contente de fustiger. Car il est plus avantageux d’ériger des symboles que de s’investir au quotidien pour qu’évoluent les mentalités et les pratiques contestées depuis plus de trente ans par ceux qui assument la responsabilité politique de l’humanité du soin jusqu’au terme de la vie.

Les postures compassionnelles et les résolutions incantatoires imposent leurs règles. La discussion est close. Un dernier espace est concédé pour peu de temps aux disputations sémantiques attachées à ne pas encore assimiler la sédation profonde et continue à l’euthanasie. Le souci de la forme ne dissimule pas pour autant les intentions de fond. Il n’est pas convenable aujourd’hui d’entacher du moindre soupçon un consensus acquis après des années de concertations dont notre pays, affirme-t-on, sort « apaisé » et bénéficiaire de « nouveaux droits » (directives anticipées opposables, sédation profonde et continue).

À défaut d’être en capacité d’intervenir sur le « bien vivre », ce « vivre avec » revendiqué comme un droit fondamental par les personnes malades et leurs proches, nos responsabilités se sont figées dans la préoccupation de leur assurer un « bien mourir ». Les règles du « vivre-ensemble » s’étendront demain à l’administration – reconnue comme un droit – d’une sollicitude active dans la mort. Car la fin de vie n’est plus perçue que dans ses expressions les plus extrêmes. Comme une « souffrance totale » estimée incompatible avec une certaine idée des droits de la personne. Après avoir asséné comme une vérité l’inapplicabilité de la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie, le « mal mourir » s’est imposé comme une évidence scandaleuse justifiant sans plus attendre l’intervention du législateur. Peut-on encore affirmer qu’à ce jour en France – en institution ou au domicile – on meurt aussi et de manière majoritaire accompagné dans la dignité et le respect, et qu’aucune loi n’encadre, fort heureusement, ces approches en humanité ?

Il n’est plus l’heure de se soucier de l’état d’esprit que révèle, face à tant d’autres défis politiques et sociétaux, l’urgence législative « à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Les dépositaires de la sagesse publique se sont prononcés à ce propos de manière définitive, adossés à l’habileté de stratégies politiques parvenues de manière consensuelle à leurs fins. L’impatience est telle que l’on devient indifférent aux conséquences de ce qui se décide aujourd’hui, alors qu’il est tant question de lien social, de « valeurs qui font société », notamment là où les vulnérabilités humaines en appellent à nos solidarités.

« Éviter toute souffrance et ne pas prolonger inutilement sa vie », récapitule dans une prescription lapidaire nos devoirs d’humanité à l’égard d’une personne atteinte « d’une affection grave et incurable ». Face au « mal mourir » qui est l’expérience d’une souffrance existentielle profonde et complexe, notre souci de dignité se satisfera désormais de la perspective d’un « traitement à visée sédative et antalgique ». Peut-on encore soutenir que nos responsabilités auprès de celui qui souffre engagent autrement que la seule indication d’une sédation profonde, continue, terminale, voire euthanasique ? Lui témoigner notre considération et le soutenir, n’est-ce pas être auprès de lui et de ses proches lorsque l’exigence de confiance tient à la qualité d’une présence vraie et à la promesse de ne pas déserter ? N’est-il pas de l’ordre de nos obligations que d’être en capacité d’une mobilisation politique qui permette à chacun de parvenir au terme de son existence sans avoir été contraint à faire le deuil de sa dignité et de sa citoyenneté ? Au point de ne plus attendre de la société que l’acte d’une mort par compassion, d’une mort sous sédation, d’une mort médicalisée.

De quelles valeurs procède ce recours à l’anesthésie pour éviter toute exposition à notre finitude, à notre humanité ? Qu’en est-il du courage promu d’une mort « choisie », « autonome », ramenée au protocole d’un endormissement morphinique sous contrôle médical ? Qu’en est-il d’une mort « dans la dignité » invoquée comme « ultime liberté » par ceux qui en délèguent l’office à une procédure administrative et à un acte médical ?

L’idéologie du « bien mourir » imposera demain des normes, un « bien faire » qui visent l’abolition de toute exigence de questionnement, la délivrance des tourments existentiels comme des souffrances, et proposeront le cérémonial « apaisé » d’un dispositif encadré par la loi. Est-ce ainsi que s’entend la vie démocratique en termes d’humanité, de dignité et de responsabilité ? Il n’est pas certain que cette nouvelle législation de la « mort choisie » voire « revendiquée » n’ajoute pas à nos vulnérabilités sociales des souffrances inapaisables.

Source : la-croix.com

 

Euthanasie : soulagez ma douleur, écoutez moi

par Emmanuel Bourceret, 07/07/2014

Le débat autour de l’euthanasie a tendance à réduire la liberté du malade à un choix impossible : acharnement thérapeutique ou euthanasie. Dans les deux cas, cela revient à lui « voler » sa propre mort, en refusant au malade ce dont il a le plus besoin : une écoute de sa souffrance, une présence d’amour et un accompagnement spirituel.

Dans bien des cas, la demande d’euthanasie « Faites-moi mourir » peut en effet être traduite par : « Soulagez ma douleur et écoutez-moi ». Si l’on satisfait à ces deux besoins, la demande du malade n’est très souvent pas réitérée. Cette réponse au cri de souffrance est notamment celle des soins palliatifs.

Le réconfort humain, signe de la présence de Dieu

La deuxième demande du malade souffrant est de ne pas rester seul. Plus que jamais, il a besoin d’une présence discrète, aimante et réconfortante. « Une société qui légitimerait l’euthanasie chercherait sans doute à échapper à l’un de ses devoirs les plus élémentaires : celui de la fraternité humaine avec les plus pauvres de ses membres » (encyclopédie Théo). Ce réconfort humain est d’autant plus essentiel qu’il symbolise la présence de Dieu et la rend visible aux yeux des incroyants.

Voilà qui nous amène à la troisième demande du malade, celle du sens de la vie qui éclaire les deux précédentes. Car si la mort est « le passage dans les bras du Père céleste plein de tendresse et de miséricorde », comme le dit Benoît XVI dans son discours sur l’assistance aux personnes âgées malades, les chrétiens ont la mission d’être les témoins de cette proximité de Dieu, si oubliée aujourd’hui. D’autant plus dans ce monde de la santé où la prise en charge du malade se réduit trop souvent au seul plan physique, sans prise en considération de la totalité de la personne : corps, âme, esprit.

Emmanuel Bourceret

Source : famillechretienne.fr

 

 

Euthanasie : « Les lois introduisant des exceptions sont la porte ouverte à toutes les dérives »

par Jean-Marie Dumont, 26/01/2015

Miroslav Mikolasik, député européen d’origine slovaque, était présent à la Marche pour la vie le 25 janvier à Paris.

Qu’est-ce qui vous a conduit à participer pour la première fois à cette 10e Marche pour la vie ?

Je suis ici, car j’ai été invité par les organisateurs de la Marche… Je suis un député pro-vie. Je suis aussi père de famille et médecin. En tant qu’anesthésiologue, j’ai une connaissance précise des techniques de traitement de la douleur. À ce titre, je peux affirmer que les douleurs les plus importantes peuvent être soulagées. C’est essentiel, car les arguments invoqués par les partisans de l’euthanasie reposent notamment sur l’idée qu’il y aurait des douleurs impossibles à soulager. Or, c’est faux.

Plusieurs pays ont introduit l’euthanasie dans leurs législations. Que nous enseignent ces expériences ?

Les lois sur l’euthanasie introduisant des exceptions sont une porte ouverte à toutes les dérives. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe en Belgique, au Luxembourg. On introduit des « exceptions » d’euthanasie pour des cas prétendument très particuliers. Et ensuite on procède à des euthanasies sur des personnes dont la situation ne correspond pas à ces exceptions.

En Belgique, on euthanasie les prisonniers qui le demandent, alors même qu’ils ne sont pas en fin de vie et que leur douleur n’est pas insupportable : simplement, ils en ont assez d’être en prison ! Je connais aussi en Hollande le cas d’une jeune fille de 25 ans qui a demandé à être euthanasiée après une rupture amoureuse qui l’avait désespérée. Et elle l’a été. Les parents de cette jeune fille, leur fille unique, étaient détruits.

Que faut-il faire alors ?

Porter toute notre attention sur les soins palliatifs ! Et ceux qui disent que cela pose un problème financier sont à côté de la plaque. Dire qu’on va tuer quelqu’un avec du poison à cause d’un problème financier est évidemment inacceptable.

Dans un certain nombre de gouvernements européens, il semble que l’euthanasie apparaisse comme un progrès à poursuivre…

Beaucoup de ministres et de juristes qui se penchent sur ce sujet partent de l’idée que c’est nécessaire. Mais on oublie un peu vite qu’à la fin ce sont les médecins qui vont devoir faire le travail, donner le poison aux patients. Je propose donc que le ministre de la Justice des pays adoptant l’euthanasie vienne chaque jeudi injecter lui-même le poison avec la seringue. Après tout, c’est à ceux qui poussent ce genre de réforme de prendre leurs responsabilités ! Mais, dans les discussions avec des politiques, on me dit souvent : jamais je ne ferais cela ! Alors pourquoi vouloir l’imposer si on y est personnellement opposé ?

Comment voyez-vous, du point de vue européen, la pression exercée par les institutions communautaires sur les pays ?

Fort heureusement, l’avortement, l’euthanasie et les questions de santé en général, ne relèvent pas de l’Union européenne, mais restent de la compétence des États. C’est un motif d’espoir, car si les institutions communautaires avaient le pouvoir de légiférer dans ces domaines il y a fort à craindre que ces législations ne soient très libérales. L’atmosphère à Bruxelles est plutôt opposée à la vie, éloignée du respect de la personne. C’est donc une vraie liberté dont disposent les États et qu’il faut voir comme une opportunité et un motif d’espérance.

Jean-Marie Dumont

Source : famillechretienne.fr

 

 

« On nous dit qu’on va pouvoir donner la mort sans tuer »

par Nicolas Senèze, 24/06/2014

ENTRETIEN 

Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme-Lejeune (1) 

« Il est important de dissocier cette affaire de la question de la fin de vie. Vincent Lambert n’est pas en fin de vie : il vit une vie à la mesure de son handicap, une vie diminuée, mais une vie qu’on nous proposera peut-être demain de tuer. Mais la société est tellement bousculée qu’on ne réagit plus. Les responsables politiques sont dans une dimension très compassionnelle, très consensuelle, mais nous sommes dans la trahison du réel. On est bien dans l’acte homicide, mais, comme on répugne à utiliser le mot tuer, on nous dit que ce n’est pas vraiment une vie et que, par conséquent, y attenter ce n’est pas tuer…

On est entré dans un processus qui me rappelle ce qui s’était passé il y a quarante ans avec l’avortement. Dans une première phase, Bernard Kouchner nous parle, au procès Bonnemaison, d’‘‘illégalité féconde’’ : sur le modèle du manifeste des 343, on décide de violer délibérément la loi qui s’appuie sur une dimension éthique. Ensuite, Alain Claeys souligne qu’il faut ‘‘mener une réflexion sans tabou’’, c’est-à-dire, en fait, qui met de côté toute réflexion éthique. Enfin, avec Jean Leonetti, on vient ‘‘encadrer les dérives’’, c’est-à-dire que, une fois qu’on a accueilli des pratiques qui violent ouvertement la morale, on les encadrera en se donnant un sentiment de garde-fou… Et tout cela va se faire en six mois !

Nous sommes là dans quelque chose de très idéologique où l’intérêt du patient et des familles est devenu très secondaire. »

Recueilli par Nicolas Senèze

(1) La fondation a publié un manuel Euthanasie à destination des jeunes, des éducateurs, formateurs, parents et professionnels de santé.

Source : la-croix.com

 

 

Euthanasie : ne touchons pas aux Intouchables !

par Charles Vaugirard, 10/12/2014

13,5 millions de téléspectateurs. Un record d’audimat pour TF1 dimanche 7 décembre pour la diffusion d’Intouchables. La poignante histoire de Philippe Pozzo di Borgo n’en finit pas de toucher le grand public français. Record d’entrées au cinéma, de vente de DVD… Intouchables est cet hymne à la vie qui va droit au cœur des Français : un message d’espérance qui va à l’encontre des discours pro-euthanasie de l’ADMD.

Philippe Pozzo di Borgo est publiquement opposé à l’euthanasie. Il reconnait y avoir pensé au début de sa vie de tétraplégique. Mais maintenant non, sa vie a repris un sens grâce à l’amitié et à l’amour.

Etrange coïncidence, Intouchables connait un nouveau record cinq jours avant la remise au Président du rapport Leonetti-Claeys. Ce rapport, accompagné d’un projet de loi, est très attendu. Voulu comme un vaste compromis, il semble qu’il préconise une « sédation profonde terminale jusqu’au décès dans un délai non-déraisonnable ». La crainte que cette « sédation » soit une euthanasie déguisée est importante. En effet, si cette formule est maintenue, alors cela signifie que le but de cette sédation n’est pas seulement le soulagement de la douleur mais la venue du décès selon un court délai. Donner un délai raccourci à la mort revient à la provoquer.

Le risque est grand que cette loi soit la première étape vers l’euthanasie, puis le suicide assisté. La logique politique des petits pas est imparable : on commence avec une sédation, on continue avec une mort donnée dans la dignité, on finit avec le suicide assisté. Et enfin, quarante ans après, le suicide sera reconnu comme une liberté fondamentale.

Jean Leonetti connaitra-t-il le destin de Simone Veil, dont la loi d’exception a été transformée, et finalement trahie, pour devenir un « droit fondamental » quarante ans plus tard ? Monsieur Leonetti peut encore changer d’avis et s’en tenir à la loi, votée à l’unanimité, qui porte son nom.

Il est grand temps de nous mobiliser contre l’euthanasie. Le collectif Soulager mais pas tuer organise aujourd’hui un rassemblement à 19h au Trocadero. Il a aussi lancé un appel que nous vous invitons à signer. Philippe Pozzo di Borgo est le parrain de Soulager mais pas tuer.

Nous pourrions être tentés par le découragement devant certains sondages affirmant que 92% des français sont favorables à l’euthanasie. Ne baissons pas les bras, car ces sondages ne révèlent rien : alors qu’une majorité est pour l’euthanasie, nous trouvons aussi une majorité de français qui plébiscite Intouchables… Contradiction ? Peut-être, ou pas. L’attitude change d’une situation à l’autre. Une question de sondage présentant une situation atroce sans espérance induira une réponse favorable à l’euthanasie. En revanche, un film délivrant un message de joie de vivre aux tétraplégiques transmettra de l’espérance aux téléspectateurs. Qui dirait qu’il faut euthanasier le personnage joué par François Cluzet après avoir vu le film ? Personne.

Philippe Pozzo di Borgo explique : «Si vous m’aviez demandé quand j’étais valide de signer un papier comme quoi il fallait me débrancher si j’étais dans un état catastrophique, je l’aurais signé, comme 92% des Français le disent aujourd’hui» et il ajoute : «On me pose la question: “Est-ce que tu aurais souhaité que l’on te débranche quand ça allait si mal après ton accident?” J’ai souhaité me suicider, bien sûr. Mais je suis content, vingt ans plus tard, qu’on ne m’ait pas débranché». Autrement dit, il est très difficile de juger d’une question aussi difficile sur un simple sondage. Un Français qui se prononce pour l’euthanasie sera peut-être finalement contre quand il sera en fin de vie…

Peut-on alors prendre le risque de faire passer de telles lois aux conséquences irréparables ? C’est la question qui se pose en ce moment avec ce projet qui sera peut-être la première étape vers le suicide assisté.

Il est donc grand temps de se mobiliser.

Charles Vaugirard

Source : cahierslibres.fr

 

 

Jean-Claude Martinez : « Il y a un risque colossal, un risque écologique, un risque civilisationnel, que l'euthanasie devienne la variable d'ajustement. »

La France ouvre à nouveau le débat de société sur l’euthanasie. Le professeur Jean-Claude Martinez vient de publier un coup de colère cinglant contre «la piqûre pour tous» dans un ouvrage intitulé «Euthanasie stade suprême du capitalisme» (Editions Via Romana). Jean-Claude Martinez a été député européen FN pendant 22 ans et il travaille actuellement à la constitution de nouvelles listes pour les élections européennes sur le thème de «La vie pour tous». Il est professeur agrégé de droit et de sciences politiques à l’université Panthéon-Assas. Reconnu dans le monde entier comme l’un des meilleurs spécialistes en matière de fiscalité, il reste un fervent partisan de la suppression de l’impôt sur le revenu car c’est aussi, selon lui, la défense de la vie au sens de la création et de l’entrepreneuriat. Jean-Claude Martinez a été professeur à l’université Mohammed V de Rabat, conseiller du roi Hassan II sur les questions de fiscalité et il est à l’origine de la création de l’armature fiscale du Maroc moderne.
(...)

La thématique de l'euthanasie consiste à porter l'analyse au stade suprême en soulignant que nous sommes entrés sur un torrent extrêmement dangereux, parce que les déficits budgétaires étant ce qu'ils sont et les contraintes européennes ce qu'elles sont, nos dirigeants de gauche ou de droite n'arrivant pas à maîtriser la situation, pas simplement en France, mais dans l'ensemble de l'Europe et ailleurs, il y a un risque colossal, un risque écologique, un risque civilisationnel, que l'euthanasie devienne la variable d'ajustement. Je rappelle que quelqu'un comme Jacques Attali a été pionnier en la matière en proposant des choses folles, comme un permis de vie à la naissance : comme pour un permis de conduire, on enlèverait des points au fur et à mesure… A cela s'ajoute une expérience personnelle, puisque mon père et ma mère y sont passés derrière mon dos. C'est un problème terrifiant dans le monde entier. Au Japon, le Premier ministre s'est adressé en juin 2012 à ses compatriotes en leur expliquant que l'endettement du Japon est tel que les personnes âgées devaient être raisonnables et se sacrifier, en n’occupant pas sans arrêt les hôpitaux ! C'est un contexte terrifiant qui s'ajoute à la violence quotidienne que l'on voit dans notre société. La vie est en train de devenir le paradigme fondamental à protéger, pas simplement dans l'angle où l'entendent nos amis écologistes, mais sous l'angle ontologique. 

Lorsque l'on interroge le grand public sur l'euthanasie, on présente toujours le cas le plus extrême, en expliquant que telle personne est un légume et qu'elle souffre terriblement, sans aucune qualité de vie et, évidemment 90% des personnes interrogées sont alors favorables à l'euthanasie… Votre livre dénonce aussi cette présentation médiatique…

C'est présenté comme l'IVG, l'interruption volontaire de grossesse : l'interruption volontaire de vieillesse, l'interruption volontaire de souffrance, l’interruption volontaire de détresse… Évidemment, tout le monde comprend les problèmes de liberté individuelle, comme la petite jeune fille qui a 16 ans, mais il y a 225 000 IVG par an ! Cela veut bien dire que c'est un problème sociétal et un problème politique au delà des problèmes moraux. C'est la question de l'organisation de la société qui est posée et ce n'est pas le problème de Mademoiselle Y ou de Madame X : 225 000 IVG sur trente ans, faites le compte ! Pour revenir à l'euthanasie, on nous explique que la personne souffre, mais la souffrance est aussi due à l'entourage. Quand les enfants vont voir la personne âgée en lui disant : «C'est le mois de juillet, tu nous a emmerdés toute la vie et on ne peut pas partir en vacances à cause de toi !», si vous êtes Madame Bettencourt, tout le monde attend autour de vous… La personne seule n'a plus son conjoint, les enfants et les petits-enfants sont partis, elle se retrouve seule pendant l'été ou à Noël dans un hôpital où il n’y a personne, parce que c'est les 35 heures, elle se retrouve dans un environnement tel qu’elle lâche ! La première souffrance, ce n'est pas la souffrance physique, parce que l'organisme est fabriqué de telle façon qu'au bout d'un moment, aussi dramatique que cela puisse paraître, on finit par s'habituer à l'état qui est le sien. C'est comme un prisonnier : dans les premières minutes, il veut se suicider et, au bout de plusieurs mois de prison, il s'habitue. C'est l'environnement qui vous accule. Au delà, la loi générale et impersonnelle n'est pas faite pour résoudre le cas de Monsieur X ou de Monsieur Y. La loi est faite pour donner de grandes règles. En matière de vie, la règle ne peut pas tellement s'éloigner du premier commandement qui est «Tu ne tueras point». Si l'on change la règle en disant : Tu pourras tuer si tu n'es pas bien, si tu n'as pas d'argent, si tu es malade, si tu n'as pas le moral, si tu n'es pas gentil… Si l'on commence à créer des exceptions, à la fin la règle n'existe plus. Le législateur doit maintenir la règle. La vie est un miracle, il est dû au hasard ou à la nécessité ou au divin, peu importe, mais l'on ne peut pas toucher à la vie, parce que c'est le fondement d'une société. Le dérapage d'un médecin c'est une chose, il y a 25 000 euthanasies actives dans les hôpitaux français actuellement et quantité d'enquêtes montrent que ces personnes ont été tuées sans avoir voulu être tuées, ce qui est d'ailleurs le cas de Vincent Humbert. Il n'est pas vrai de dire qu'il y a des acharnements thérapeutiques dans les hôpitaux français. Il y a des abandons thérapeutiques pour des raisons matérielles. Toute personne qui est allée à l'hôpital à la Pentecôte, le 15 août ou la veille de Noël, sait qu'elle est restée sur un chariot pendant des heures… Si vous avez 70 ans et si vous avez un accident vasculaire cérébral, vous allez voir si vous avez un scanner dans les trois heures qui suivent ! Une personne âgée qui arrive à l'hôpital ne va pas en neurologie, mais en gérontologie. La légende de l'acharnement thérapeutique est une vaste blague. L'acharnement thérapeutique, c'est pour Chevènement, aussi pour Madame Taubira car, quand elle a un petit malaise, on met trois équipes de réanimation… Mais le commun des mortels ne court aucun risque d'acharnement thérapeutique. En ce moment, il y a le cas de Vincent Lambert : il a fallu que ses parents, avec l'aide de leurs avocats, fassent un référé pour qu'on le rebranche. Ce garçon avait un goutte-à-goutte minime, il était en train de traverser le Sahara, il n'était plus hydraté et il a fallu intervenir judiciairement pour qu'on le rebranche. Il faut bien savoir que l'on résoudra le problème des gens qui sont tétraplégiques, c'est évident. Dans 10 ou 20 ans, ce sera un problème banal qui sera traité... C'est l'obscurantisme et la stupidité à l'état pur qui amènent à ce discours sur l'euthanasie. C'est un discours de dingues et d'imbéciles au sommet… 

Pourtant, ceux qui défendent l'euthanasie invoquent leur liberté individuelle pour revendiquer le droit de disposer de leur corps. Vous, qui êtes un libéral, vous devez comprendre un tel discours…

Mais c'est un gag ! Si je suis en bonne santé, sous un parasol en train de bronzer, je peux avoir une discussion philosophique : «Alors, cher ami, si je ne dois pas mourir en pleine forme, je préférerais que l'on me pique…» C'est la liberté du type en bonne santé ! Mais quand le pépin arrive, c'est complètement différent, parce que notre cerveau n'a qu'une seule et unique fonction : celle de nous maintenir en vie. Le cerveau est une tour de contrôle qui a pour objet de maintenir en vie l'organisme qu'il contrôle. Si vous n'êtes pas bien, le cerveau vous met dans le coma pour économiser du sucre, parce qu'il a besoin de sucre pour fonctionner. Le cerveau vous met en économie d'énergie pour que votre organisme continue de vivre. Quand vous avez un pépin, votre cerveau déclenche tous les SOS, pour vous maintenir en vie, c'est ce que l'on appelle l'instinct de survie. À l'instant où vous avez le pépin, vous ne voulez plus mourir. Alors, vous pouvez dire, ce qui est une ruse de votre cerveau : «Aidez-moi, tuez-moi, c’est une souffrance insupportable…» Mais c'est exactement pareil quand vous vous mettez à pleurer, c'est une stratégie du cerveau pour faire diminuer la pression. Les larmes font partie de la panoplie des outils que le cerveau utilise pour vous maintenir en vie. Dans cette panoplie, il y a aussi les plaintes : «Je veux mourir…» En réalité, ce que vous voulez entendre autour de vous, c’est : «Arrête, tu nous enterreras tous, tu souffres, ce n'est pas rigolo, mais arrête ! » Mais si l'entourage vous répond avec une mine déconfite : «Tu veux te suicider, tu as bien raison…», cela n’arrange pas les choses. Il y a quelques semaines, dans Libération, il y a eu un papier signé par de nombreux soignants pour expliquer qu'ils n'ont jamais vu dans leur service quelqu'un maintenir une demande d'abrègement de souffrances une fois qu'on lui avait parlé. Et puis, cette notion de liberté est totalement fausse, la liberté est fonction de mille paramètres et contextes. La liberté de mourir, c'est d'abord l'environnement, les souffrances physiologiques et aussi les souffrances psychiques, le discours sur l'euthanasie, les échecs que l'on vous a imposés dans la vie… 

Vous affirmez d’ailleurs que c'est ce conditionnement qui avait entraîné la mort de Vincent Humbert…

Il raconte dans son premier livre, alors qu'il est apparemment dans le coma, qu'il apprend que sa petite amie le laisse tomber. Toute personne que le conjoint laisse tomber risque de faire une tentative de suicide. Son frère vient le voir, il vomit devant le spectacle... Et il ne revient plus le voir. Toute personne qui se fâche avec son frère est secouée. Ensuite, ses parents se séparent ! Quel que soit votre âge, si vos parents se séparent, vous subissez un choc qui n'est pas rien. Ses copains pompiers ne viennent plus le voir… Si tous vos copains ne viennent plus, il y a quand même un sacré choc ! Enfin, quand le médecin s'aperçoit qu'il entend et qu'il comprend, celui-ci vient lui dire à l'oreille : «Vincent, c'est bien embêtant, mais on ne peut plus te garder…» Tout cela pour des raisons économiques, les 35 heures, le déficit de la sécurité sociale… En Espagne, il y a quantité de personnes qui sautent par la fenêtre quand l’huissier vient sonner pour les expulser de leur maison ! Après tous ces chocs, vous avez un imbécile qui vient vous dire que c'était sa liberté de mourir ! Quel abruti ! Ce discours sur la liberté est indigne. Si la liberté consiste à détruire le miracle de la vie qui vous permet d'être libre, c'est quand même très fort… La liberté, elle n'est pas stratosphérique, elle existe d'abord parce que vous êtes un homme vivant. 

Justement, nous ne sommes pas dans une société du vivant, puisque nous subissons des agressions permanentes comme les contraintes fiscales et sociales, le stress...

Ce débat est un symptôme, c'est le débat sur la solitude, un système de fonctionnement qui fait que les conjoints se séparent. Quelques personnes demandent le mariage homosexuel dans un océan de personnes qui divorcent ! C'est comme les SDF dans la rue, ils ont tous la même histoire : un conjoint qui est parti, on avait un petit commerce, il a fallu vendre le commerce, il a fallu vendre la maison pour payer la pension… C'est toujours la même histoire ! Nous avons une logique de fonctionnement qui est devenu folle dans notre société. Cette logique, c’est celle de la performance, de la rentabilité et du profit. ... Cette loi du profit, c'est les suicides à France Telecom, les SDF… Regardez ce qui s'est passé pendant l'été 2003 : 14 803 papis et mamies mourant de soif, dont une partie à Paris, au moment où sur les quais de la Seine, on avait installé des brumisateurs et des douches pour que les gens jouent à la plage ! Quelques mètres plus loin, des personnes ouvraient la bouche en mourant par asphyxie et manque d'eau. C'est une société de zinzins ! 14 803 personnes ont été mises dans des camions frigorifiques à Rungis parce que personne n'a réclamé leur corps et parce qu'on ne savait plus où les mettre ! Jean-Pierre Raffarin n'a eu comme seule réponse que de dire que l'on allait travailler le week-end de Pentecôte pour les personnes âgées, alors qu'il aurait dû dire : «Mes amis, il y a un problème. Une société qui laisse mourir en quelques jours 14 803 personnes, ce n’est pas normal…» Heureusement que le docteur Pelloux a sonné l'alerte, sinon le ministre de la Santé, qui était lui-même médecin, était encore au bord de sa piscine… La vraie question c'est que le fonctionnement de la société française, des sociétés occidentales, c'est un fonctionnement de dingue. Il va bien falloir s'arrêter là à un moment donné. Or, la loi fondamentale, c'est le paradigme de la vie, il faut une fiscalité dont l'objectif n'est pas la liberté, l'égalité ou la fraternité, mais dont l'objectif est la vie. Il faut une fiscalité qui permette à la vie de continuer, c'est-à-dire la création, la vie économique, l'agriculture… Tous les choix doivent être opérés à partir de ce critère de la vie. Entre la vie au dernier stade et un dieu du stade, il faut d’abord des crédits pour les hôpitaux, pour les maisons de retraite et, après, s'il reste des crédits, on les utilise pour le PSG ! 

Tous ceux qui sont pour la vie au sens écologique, c'est-à-dire pour la nature, les petits oiseaux, les plantes, ceux qui vont vous dénoncer quand vous abattez un arbre dans votre jardin, ceux qui contestent votre permis de construire pour protéger un espace naturel, sont généralement les mêmes qui sont favorables à l'euthanasie… N'y a-t-il pas un paradoxe ?

Les grandes catastrophes de l'humanité sont dues à des idées chrétiennes dévoyées. En réalité, ce sont des animistes, avant d'arriver à l'idée du Dieu unique, il faut quand même une sacrée évolution de l'humanité. Ces gens sont animistes et pour eux il y a toujours une âme dans la pierre, dans le petit oiseau… Ce n'est pas faux. C'est évident que toute personne qui a assisté à la fin de son chien qui souffrait voyait bien qu'il avait quelque chose dans le regard, un esprit. C'est la grande unité du vivant. Au moment du grand passage, tout le vivant réagit à peu près de la même façon. On a vu des chevaux pleurer dans les abattoirs. La condition animale est extrêmement digne, il faut y faire attention, c'est exact. La terre est un organisme vivant en soi et la terre, au sens agricole du terme, est aussi un organisme qui vit. Je comprends bien cette dimension, mais il y a une hiérarchie dans le vivant. Vous ne pouvez pas vous intéresser à l'arbre et ne pas vous intéresser à la grand-mère qui est à côté et qui est en train de mourir de soif. C'est une perversion dans la perception de la hiérarchie du vivant. Voilà ce qu’il faut expliquer aux Verts sincères. Il y a aussi des Verts Pol Pot : chez eux, c’est une reconversion venant de l’abomination du goulag, après s’être peints en rouge, ils se sont peints en vert… Chez les «sincères», il y a une «rééducation» à faire sur la perception de la hiérarchie du vivant. Chez les autres, on est en face de pervers… L’arbre est plus important que la personne âgée et, lorsqu’ils parlent d’une personne âgée, ils parlent de légume… 

Finalement, on ne doit pas traiter les légumes avec des pesticides, mais quand il s’agit de l’être humain, cela ne pose pas de problème…

Vous savez, si le robot qui est en ce moment sur la planète Mars découvrait un petit pois, je ne vous dis pas le tam-tam sur la terre au retour du petit pois… Ce serait le film de Spielberg : tout le monde aurait peur que le petit pois contamine, tout le monde porterait des masques, les laboratoires de la planète se battraient pour récupérer le petit pois, toutes les télévisions du monde s’arrêteraient pour dire que l’on a découvert un petit pois sur Mars ! Alors, si le légume qui est sur la planète Mars a une valeur ajoutée colossale, cela pose la question de savoir si la vie est une forme ou si c’est un esprit. Si c’est une forme, alors, il est certain que la jeune fille qui termine en finale de Miss France a une valeur supérieure à celle qui marche à quatre pattes… Mais la vie prend des milliers de formes. Ce qui est important dans une personne, chez un malade, ce n’est pas sa forme, mais l’esprit qui est en action. Dans cet esprit, il y a toutes les potentialités de l’univers ! En Israël, Ariel Sharon est depuis des années dans le coma et il est en train d’émerger, après des années et des années; personne n’a parlé de l’euthanasier ! Cet homme réagit déjà à l’environnement. Le jeune Vincent Lambert, qui est à Reims dans le coma, pleure quand on lui parle, parce qu’il entend. Jusqu’à présent, vous ne voyez pas un légume pleurer ! Einstein, même dans le coma, aurait peut-être été capable de résoudre des problèmes d’arithmétique qu’un polytechnicien est incapable de résoudre sans sa calculette ! ...

Source : kernews.com

 

 

Donner la mort, un pouvoir délégué aux médecins ?

par Emmanuel Hirsch, Professeur d’éthique médicale, université Paris Sud, 14 novembre 2014

Dans les années 1980, le mouvement des soins palliatifs a tenté d’instaurer une nouvelle approche de la fin de vie. Dans un contexte d’abus de la technicité, alors que les personnes malades n’étaient pas encore reconnues dans leurs droits, cette mobilisation a permis de repenser l’engagement dans le soin. Ces militants d’une cause ignorée ou négligée, dénonçaient déjà les pratiques indignes : la dissimulation des pronostics graves, une indifférence au contrôle de la douleur et à l’apaisement de la souffrance, l’abandon lorsque la médecine s’avérait impuissante à guérir, le manque de concertation et déjà « la pente de l’euthanasie » pratiquée à l’insu sans susciter la moindre discussion.
Trente ans plus tard, alors que la mort intervient dans près de 70 % des circonstances en institution, notre société s’est habituée à déléguer à des professionnels ses obligations face à celui qui meurt, au point d’occulter la signification du temps partagé avec l’autre en fin de vie. Tout semble indiquer en effet qu’après avoir choisi dans un premier temps la justesse d’une approche législative prudente (le 22 avril 2005), il conviendrait d’y renoncer faute d’avoir eu le courage politique à la fois de la soutenir en pratique et de la faire connaître dans les avancées qu’elle permettait. Le chemin vers la « libéralisation de la mort » devrait franchir une nouvelle étape relevant d’une urgence politique : la France se doterait dans les prochains mois d’une loi dépénalisant le suicide médicalement assisté, voire l’euthanasie. La « dernière liberté » invoquée depuis des années par les militants de « la mort dans la dignité » relèverait demain de protocoles dument exécutés dans un contexte médicalisé, alternative soignante estimée par certains plus digne que ne l’étaient les soins palliatifs. Cette « assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité » (proposition n° 21 du programme électoral de François Hollande en 2012) conclurait des années de disputations visant, prétendait-on, à conférer à la personne au terme de sa vie une considération et une autorité que lui avait confisqué une médecine par trop technique pour encore comprendre le sens d’une sollicitude. C’est pourtant à cette médecine que l’on s’en remettrait pour accomplir le dernier acte, conclure son œuvre : paradoxe qui ne semble que peu préoccuper ceux qui souhaitent lui confier cette ultime mission.
À la suite d’une curieuse construction qui dans les années 1980 contestait la démesure du pouvoir médical et le scandale de « l’acharnement thérapeutique », c’est à son arbitrage que l’on s’en remettra pour abréger une existence considérée indigne d’être poursuivie. Certes, afin de sauver les apparences on y mettra pour la bonne forme la rédaction de directives anticipées opposables, voire un processus décisionnel collégial. Et le terme de sédation qui dénommera l’exécution d’un protocole médical ayant pour fin la mort d’une personne ne saura être attaché à l’acte euthanasique, tant les manipulations sémantiques permettent de préserver les apparences. La sédation serait ainsi « profonde » ou « terminale », pour ne jamais dire « euthanasique ». En fait, ces mêmes médecins que l’on contestait avec une telle véhémence hier dans leurs arbitraires et leur manque d’humanité, vont se voir confier le pouvoir légal d’interrompre une existence, certes dans le cadre procédural d’un dispositif élaboré avec la minutie d’un acte notarial et à la demande, nous dit-on, de 96 % des Français .
Cette délivrance de la vie ainsi déléguée par nos politiques à la compétence médicale, semblerait la solution qui s’impose, plus efficace en fait que l’exigence de respect et de sollicitude témoignés à la personne malade et à ses proches dans le cadre d’un accompagnement vrai. S’en satisfaire comme d’une conquête de la liberté et d’une avancée démocratique, c’est renoncer à considérer notre présence et notre attention auprès de celui qui va mourir comme l’ultime expression de la réelle solidarité qu’il attend de nous.

Source emmanuelhirsch.fr

 

 

7 arguments républicains contre l’euthanasie.

par Paul, 16/12/2013

NON A L’ASSISTANCE AU SUICIDE ! OUI AUX PROGRES DE L ASSISTANCE SOCIALE ! Une réponse courte à Jean-Luc Romero, Monsieur le Président, laissez-nous notre ultime liberté.

Jean-Luc Romero dans Monsieur le Président voudrait présenter son combat pour l’assistance au suicide (« euthanasie ») comme une lutte des « laïques » (p.46) contre les obscurantistes religieux (47, 48, 54, 60). Il est temps d’affirmer au contraire tout ce que cette proposition a d’antirépublicain ! Jean-Luc Romero se moque des arguments qui démontrent les dérives de l’assistance au suicide. Il a raison. C’est l’assistance au suicide qui est une dérive en elle-même, une dérive antirépublicaine. Au nom des valeurs de la République, non à l’euthanasie et au suicide assisté !

Une loi liberticide !

  • Pour le malade, puisque le moment où il formule le désir de mourir l’emporte de manière irréversible sur tous les autres moments où il affirmait sa volonté de vivre. Or le désir de mourir ne doit pas primer sur la volonté de vivre.
  • Pour les proches du défunt, puisque tous ne peuvent pas consentir au suicide de l’être aimé. Et ceux à qui on demanderait de consentir à cette assistance au suicide subiraient une responsabilité excessive.
  • Pour le système médical, car même si Jean-Luc Romero imagine une liste départementale de médecins volontaires, le système médical devra répondre à la demande de mort de certains patients. Et même celui qui ne voudrait pas tuer son patient devra « en deux jours »[1] trouver un autre médecin, dit Jean-Luc Romero en annexe. Cela suppose la destruction du lien entre le soignant et le patient, pour une relation de demande à prestataire.
  • Pour l’Etat, car ce qui est demandé est bien la mise en place d’un service public d’assistance au suicide, avec ses propres normes, ses propres contraintes, et ses impôts[2].

Contre ces quatre aspects liberticides de la loi, il faut réaffirmer une liberté républicaine, qui s’arrête où commence celle d’autrui !

 Une loi fondamentalement inégalitaire !

  • JL Romero veut une loi pour encadrer les dérives : l’assistance au suicide sera donc soumise à condition. Cela présuppose une discrimination entre deux types de citoyens, les euthanasiables et ceux qui conservent une dignité qui exige qu’on préserve leur vie à tout prix. Le système médical aurait donc à faire avec deux types de patients, ceux que l’on peut suicider, et ceux qu’il faut soigner à tout prix. C’est une discrimination inacceptable, contre laquelle il faut réaffirmer l’universalité du principe d’égalité, y compris dans les soins médicaux.
  • Face à la précarité du système médical, l’assistance au suicide n’est pas la solution ! Bien des patients, et surtout des personnes pauvres, subissent en raison du délitement des services publics des fins de vie indécentes. Mais contre ces situations, l’assistance au suicide ne peut pas être la solution ! Le vrai progrès consiste au contraire dans une amélioration des services gériatriques et des soins palliatifs, mais aussi des différentes formes d’assistance sociale. L’hypocrisie, c’est d’accepter que des milliers de personnes souhaitent être euthanasiées du fait des conditions précaires et parfois inhumaines du système hospitalier français. Combien de personnes vont demander l’euthanasie non pas par liberté, mais contraint par la détérioration du système de soin ?

Une loi anti-fraternité !

  • Il n’est pas plus inhumain de laisser vivre quelqu’un qui souffre que de l’achever. La fin de vie est bien souvent une situation d’impuissance, qu’on ne tranche par l’assistance au suicide ou par l’acharnement thérapeutique qu’au détriment de la dignité de la personne humaine.
  • Avec la loi, il y a l’esprit de la loi. La loi implique une mentalité euthanasique. On considérerait qu’un patient qui n’est pas guéri est un patient fini, alors que la médecine doit accepter de ne pas pouvoir régler tous les problèmes, à commencer par la vieillesse. Le regard porté sur les patients ne peut pas être celui de l efficacité des soins, mais de l humanité des soins. Ainsi il est absolument inacceptable de proposer à ceux qui sont atteints de « maladies psycho-existentielles »[3] l’assistance au suicide, Car bien souvent c’est un délitement du lien social qui est à l’origine de leur mal-être. Là réside, encore une fois, l’hypocrisie d’une société ultra-individualiste.

En plaçant le débat à un niveau éthique, et non passionnel, Jean-Luc Romero a le mérite de sortir de l’émotionnel pour se placer à un niveau rationnel. Mais il met l’accent uniquement sur la liberté individuelle… tout en soumettant l’assistance à l’euthanasie à certaines conditions qui détruisent le principe d’égalité. Contre cette loi anti-républicaine, il faut réaffirmer 1) que la liberté se trouve dans la relation aux autres citoyens, 2) que les soins doivent être adressés à tous de manière égalitaire, 3) que la médecine doit être un des vecteur de la fraternité, et non encourager les désespoirs suicidaires.


[1] Cette pression exercée sur le système médical est confirmé par le récent projet de loi déposé au Sénat (article 8)l

[2] Sur la question de l’augmentation des impôts, voir l’article 10 du projet de loi cité dans la note précédente.

[3] Selon l’expression de JL Romero p.34,

Source http://lesalternativescatholiques.fr

 

 

Damien Le Guay : "L’arbre de l’euthanasie et la forêt du mal mourir"

par

Damien Le Guay, 04/11/2014

 

Valeurs d'avenir. Philosophe, Damien Le Guay est président du Comité national d’éthique du funéraire, membre du comité scientifique de la SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs). Il vient de publier “le Fin Mot de la vie, contre le mal mourir en France”, aux éditions du Cerf.

L’euthanasie est au centre des débats sur la fin de vie. Va-t-on finir par accorder cette “liberté suprême” ou l’endiguement va-t-il se poursuivre ? Cette question échauffe les esprits, focalise l’attention. On finirait par croire qu’elle est essentielle. Or, il n’en est rien. L’euthanasie est une mauvaise réponse à une question qui ne se pose pas. Et si nos politiques voulaient (enfin !) agir, ils ne laisseraient pas perdurer de si nombreuses fins de vie aussi indignes.

Le rapport du professeur Sicard, en 2012, a dressé un constat accablant de la mort à l’hôpital. Il donnait des solutions. À budget constant, il demandait de réformer le système de santé, de mettre l’accent sur les soins palliatifs, tout en faisant des économies sur l’acharnement thérapeutique — trop souvent pratiqué et qui coûte très cher. Il demandait que se développe un accompagnement à domicile, plus confortable, moins cher et massivement désiré par les Français. À cela s’ajoutait une injonction à mieux former les médecins pour mieux soulager la souffrance. Il faut savoir que seulement 20 % des gens qui pourraient bénéficier des soins palliatifs y ont accès. Et que 150 000 personnes, chaque année, meurent dans de mauvaises conditions de confort et d’accompagnement, alors que l’euthanasie ne concernerait que 5 000 à 7 000 cas. Ajoutons à cela que sur le million des personnes âgées qui sont en Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), 75 % d’entre elles le sont par nécessité plutôt que choix.

Et que s’est-il passé depuis deux ans ? Rien. Mme Touraine n’a pas plus pris à bras-le-corps ces questions que Mme Bachelot avant elle. Les réformes de structures tant attendues se font toujours attendre. Et le rapport du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) du 23 octobre juge sévèrement cette inaction ministérielle qui maintient la pire de toutes les inégalités — celle des Français devant la mort. Si toutes ces recommandations avaient été suivies d’effet, dit-il, l’actuel débat « serait d’une tout autre nature ».

Car tout est lié. Les Français redoutent de mourir à l’hôpital, ils craignent l’indignité constatée et sont certains qu’ils n’auront alors plus leur mot à dire. Ils souhaitent plus de confort, plus d’écoute, plus de soins palliatifs. Et comme tout se fait attendre toujours et encore, ils disent vouloir l’euthanasie — de guerre lasse, sans enthousiasme, résignés qu’ils sont. Plutôt que d’entendre les doléances, on ne retient que la mauvaise solution. À croire que certains font tout pour elle — fût-ce au prix de centaines de milliers de morts indignes.

Si, après tout, l’euthanasie était “la” solution, les grincheux s’y résoudraient. Mais elle ne réglerait rien. La solution serait pire que les souffrances constatées. Les ministres devraient agir et non parler, réformer et non palabrer. Si 80 % des médecins n’ont pas reçu de formation pour la prise en charge de la douleur, à qui la faute ? Au ministère de la Santé. Si la France n’a pas mis en place un accompagnement à domicile, à qui la faute ? Aux décideurs. Si tous déplorent un “isolement en masse” dans les Ehpad, à qui la faute ? Aux politiques. Si le rapport Sicard regrette que « l’encouragement répété en faveur des soins palliatifs [ne fût] qu’incantatoire », à qui la faute ? Aux ministres, depuis des années.

Va-t-on encore une fois voir les partisans de l’euthanasie envahir les plateaux de télévision, tempêter contre le “complot des médecins et des cardinaux” ; ou Marisol Touraine, Manuel Valls et François Hollande vont-ils (enfin !), sans tergiversation ni double discours, lire jusqu’au bout le rapport Sicard (et le dernier du CCNE), prendre la mesure de la situation, se mettre à l’écoute des professionnels de l’accompagnement et des bénévoles en soins palliatifs et agir en profondeur ? Encore faut-il le vouloir. Le vouloir vraiment.

Source valeursactuelles.com

 

 

Emmanuel Hirsch appelle à ne pas légiférer sur la fin de vie

Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à la faculté de médecine de Paris-Sud et directeur de l’Espace de réflexion éthique de la région Île-de-France, publie un ouvrage Fin de vie : le choix de l’euthanasie ? (éd. du Cherche-Midi), dans lequel il appelle à rendre effectif les droits des personnes en fin de vie avant d’envisager toute autre loi.

Emmanuel Hirsch pointe «l’impact péjoratif et humiliant des controverses relatives à la fin de vie sur des personnes malades ou atteintes de handicaps». Pour lui, il est plus urgent d’apporter des solutions concrètes au «droit de vivre dans la dignité» qu’au «droit de mourir dans la dignité». Les maladies neurologiques comme la maladie d’Alzheimer témoignent de cette urgence à «penser la place parmi nous de personnes atteintes de maladies évolutives sur un long temps».

Une nouvelle loi sur la fin de vie poserait trop de questions difficilement solvables. Il faut surtout assurer aux malades des soins de qualité, et ce jusqu’au terme de leur existence : lutte contre la douleur, soutien des proches. Avant de légiférer de nouveau, «rendons effectifs les droits tels qu’ils sont énoncés dans la loi du 4 mars 2002» relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé affirme-t-il.

Emmanuel Hirsch conclue : « Nous ne sommes donc pas en manque de loi, mais de capacités d’initiatives reconnues aux professionnels de consacrer le temps indispensable à une relation de soin responsable ». 

Source genethique.org

 

 

Solitude des personnes âgées et euthanasie

Retrouvez la chronique du 30 septembre de Philippe de Lachapelle sur Radio Notre Dame.

La solitude touche 5 millions de personnes en France. Cinq millions ! Un français sur 8 est seul en 2014. L’enquête a été publiée au début de cet été par la Fondation de France. Elle a malheureusement reçu peu d’écho. Sans doute, nous nous habituons à cette information récurrente sur ce phénomène de la solitude. Pourtant le nombre de personnes touchées s’accroit à une vitesse vertigineuse. Un million de français de plus qu’en 2010 n’ont pas de relations sociales, ni familial, ni professionnel, ni amical, ni de voisinage, rien! Les personnes âgées sont les plus touchées, 27 pour cent en souffrent, alors qu’ils n’étaient que 16 pour cent il y a quatre ans.

Mais tout ça ne reste que des chiffres. La solitude des personnes âgées nous émeut quand on apprend que tel vieillard de notre voisinage s’est suicidé, ou que tel autre a été retrouvé mort chez lui plusieurs mois après son décès. Ensuite très vite le quotidien reprend le dessus, et on oublie.

On le sait, l’euthanasie est déjà en débat dans notre société. Il y a fort à craindre que cela s’accentue ces prochains mois, que ce soit à l’ordre du jour de notre parlement. Nous devons nous y  préparer individuellement et collectivement pour nourrir la réflexion. Promouvoir les arguments qui invitent au respect de toute vie, et qui conduisent à s’opposer tant à l’euthanasie qu’à l’acharnement thérapeutique.

Mais cela ne peut suffire si en même temps nous ne déployons pas notre énergie et notre créativité pour sortir ces personnes âgées de la solitude qui les écrase, et qui risque fort de conduire plusieurs d’entre elles à la demande d’en finir avec la vie. Nous chrétiens, devons être au premier rang dans ce combat, car la solidarité avec les plus fragiles est au cœur de ce que le Christ est venu dire et accomplir : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».

Les initiatives sont déjà nombreuses, souvent discrètes, mais efficaces, comme le révèle l’enquête du 200ème numéro d’Ombres et Lumière : les paroisses qui se mettent en état de veille pour ouvrir les yeux sur leur environnement sont nombreuses : tables ouvertes, vigi-paroisse, compagnons du cœur, accueils de nuit… Sans parler de l’engagement efficace des associations chrétiennes. A nous de multiplier ces initiatives, pour que la solitude diminue, et que la vie et la joie l’emportent !

Source : och.fr

 

 

Euthanasie : la Belgique vers le “meilleur des mondes” ?

par Valérie Hendrikx et Stéphane Rixhon, 23/09/2014

 

Personnes déprimées, en début d’Alzheimer, insatisfaites par leur opération de changement de sexe ou jumeaux aveugles : la “souffrance psychologique” ouvre grande la porte pour une euthanasie. Une opinion de Valérie Hendrikx et Stéphane Rixhon (*)

Frank Van Den Bleeken. Nous espérons que ce nom reste dans les mémoires comme porte-étendard d’une évolution inquiétante de notre société.

Ce détenu condamné à la réclusion pour viol et meurtre souffre de graves troubles psychiatriques. Il demande son transfert aux Pays-Bas pour recevoir des soins mais cela lui est refusé; en désespoir de cause, il veut être euthanasié.

Les autorités ont refusé son transfert mais accepté qu’il soit euthanasié. Si nous ne connaissons pas les détails du dossier, une telle situation ne peut toutefois que préoccuper les citoyens que nous sommes. En 2002, la Belgique devenait l’un des premiers pays à autoriser l’euthanasie dans des conditions strictes (1). Il est délicat – et ce n’est pas notre propos – de poser un jugement moral sur le choix d’adultes responsables confrontés à la situation inextricable de leur propre mort. Il est également difficile de contester le courage d’un législateur souhaitant encadrer cette pratique.

Notre conscience citoyenne (2) se heurte cependant aux suites réservées à la loi de 2002. Le texte permet au patient “qui se trouve dans une situation médicale sans issue et qui fait état d’une souffrance physique ou psychique constante et insupportable qui ne peut être apaisée et qui résulte d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable”, de demander à un médecin de lui permettre de partir. La presse s’est fait le relais d’euthanasies effectuées dans les règles mais dont on peut se demander dans quelle mesure elles relèvent du texte légal. Ce fut le cas de personnes déprimées, de patients atteints des commencements d’Alzheimer, de jumeaux aveugles, de personnes insatisfaites par leur opération de changement de sexe…

Comment expliquer cette situation dont M. Van Den Bleeken ne sera sans doute qu’un acteur parmi d’autres, puisqu’une quinzaine de détenus ont demandé à le suivre dans sa procédure ? Une loi doit en principe être interprétée par un juge. Quand ce dernier fait entrer des situations particulières dans un concept utilisé par le texte légal, les juristes disent qu’il “qualifie” la situation. Dans la loi sur l’euthanasie, il revient par contre depuis douze ans au médecin de qualifier les faits, sans contrôle du juge a priori, ce qui a été critiqué par le Comité des droits de l’homme de l’Onu (3). L’absence de contrôle préalable est d’autant plus dommageable que la loi laisse une grande marge de manœuvre aux médecins par le biais de la “ souffrance psychologique”. Après avoir pratiqué l’euthanasie, le docteur communique le dossier à une commission qui décide a posteriori de renvoyer le dossier au ministère public si une infraction a été commise. Très bonne application de la loi par les médecins ? Conflit d’intérêts (comme rapporté dans la presse) ? Ou simple constat que, lorsque la personne est décédée, il n’y a plus grand-chose à faire ? En tout cas, la commission n’a renvoyé absolument aucun dossier au parquet depuis 2002 (4).

Alors qu’il était souhaitable de renforcer les contrôles, c’est l’inverse qui s’est produit. La Belgique peut maintenant affirmer qu’elle est le premier pays au monde à avoir légalisé l’euthanasie des enfants sans la moindre limite d’âge (5). Réforme passée dans l’indifférence presque générale.

Le droit fondamental au respect de la vie est l’une des valeurs les plus importantes proclamées par la Convention européenne des droits de l’homme. Il est loin d’être certain que la loi, telle qu’appliquée aujourd’hui, soit conforme à la Convention (6).

La Belgique est-elle en route vers “Le Meilleur des mondes” ? L’œuvre d’Aldous Huxley (7) dépeint un enfer doux, où les individus sont totalement atomisés, réduits à leur condition utilitaire d’homme-outil, passionnés par leur activité sexuelle intense et les films ridicules qu’ils avalent après leur journée de travail. Il n’y a plus ni vieillesse ni handicap : les individus meurent quand ils sont inutiles.

Dans une société qui souffre d’un manque de compassion envers les plus faibles, qui a perdu ses dieux, qui voit le monde et l’être humain avant tout par le prisme de l’utilitarisme libéral (le terme en vogue d’ employabilité est, à cet égard, éloquent), l’accroissement du nombre d’euthanasies sans contrôle sérieux nous glace le sang. Et cela d’autant plus que le mécanisme qui devait permettre aux personnes désireuses d’opter pour une “bonne mort” tend de plus en plus à évoluer vers un moyen banal de se débarrasser des plus faibles et des inutiles.

Certes, on nous objectera que le sacro-saint consentement de la personne a été donné, mais que reste-t-il de celui-ci lorsque l’euthanasié était un vieillard qui avait l’impression de coûter cher à sa famille et d’être inutile à la société (8)? Que reste-t-il du consentement d’un détenu malade mental pour qui la politique carcérale n’est non seulement pas à même de proposer le moindre projet de réinsertion, mais encore de ne même pas lui fournir un traitement ad hoc ? Enfin, que reste-t-il du contrôle, lorsque le détenu a fait la tournée des médecins afin d’en trouver un qui soit d’accord de pratiquer l’euthanasie après une lecture personnelle de la loi ?

Nous espérons que cette situation fera réagir le monde politique, le monde associatif, mais d’abord chaque citoyen. L’euthanasie ne peut pas devenir une solution de complaisance au désenchantement du monde, elle ne peut pas fonder non plus une politique carcérale. Il faut la remettre à sa place : l’extrême limite de la fin de vie, et en assurer le contrôle effectif a priori par un juge. Nous croyons en la valeur inconditionnelle de la vie humaine, mais aussi au caractère non négociable des obligations morales et éthiques de la société dans son ensemble envers nos frères humains.

(*) L’auteur parle en son nom personnel et n’entend engager son institution d’aucune manière.

(1) Loi du 28 mai 2002 relative à l’euthanasie, publiée au “Moniteur belge” le 22 juin 2002.

(2) Les auteurs n’appartiennent à aucune communauté religieuse, d’aucune sorte.

(3) Human Rights Committee, 15/07/09.

(4) Cela ressort des 6 rapports de la Commission consultables sur http://www.health.belgium.be.

(5) La loi des Pays-Bas limite l’euthanasie aux jeunes de plus de 12 ans.

(6) Conseil de l’Europe, “Protéger les droits humains et la dignité de la personne en tenant compte des souhaits précédemment exprimés par les patients”, Résolution 1859 (2012).

(7) “ Le meilleur des mondes”, 1932.

(8) Une telle situation a été aperçue en Allemagne où des personnes âgées quittaient les Pays-Bas par crainte d’être soumises à une euthanasie proposée par la famille et accordée par le médecin : J. Leonetti, “Rapport d’information Solidaires devant la fin de vie”, Assemblée nationale, 12/2008.

Valérie Hendrikx et Stéphane Rixhon (*)

Respectivement ancienne aspirante FNRS, master en langues et littératures classiques, master en gestion et sciences du travail, étudiante en droit&chercheur en droit à l’Université de Liège et avocat (en octobre 2014).

Source : lalibre.be

 

 

Belgique : quand l’euthanasie a un furieux air de famille avec… la peine de mort !

par Gabrielle Cluzel, 16/09/2014 (exraits)

...Le Belge Frank Van Den Bleeken, meurtrier d’une étudiante de 19 ans et sous les verrous depuis presque 30 ans, a obtenu le droit d’être euthanasié, évoquant une « souffrance psychique insupportable ». Selon son avocat, il sera transféré dans un hôpital pour y faire ses adieux à sa famille, puis y mourir de manière « digne »… puisqu’en Belgique, comme en France, dès que l’on évoque l’euthanasie, les mots « digne », « dignité », « dignement », ne sont jamais très loin dans la phrase.

Pourquoi tant de bruit autour de cette affaire, alors qu’en Belgique l’euthanasie, depuis sa légalisation, tourne à l’épidémie galopante ? C’est que, dans son fond comme dans sa forme, elle a un furieux air de famille avec… la peine de mort. Peine de mort volontaire, soit, mais peine de mort quand même, qui apporte en sus de l’eau au moulin des partisans de celle-ci : si l’on en croit Franck Van Den Bleeken, il serait donc plus inhumain de garder un homme ad vitam en prison que de lui ôter la vie.

Puis il est des rapprochements qui sont un peu dérangeants pour les onctueux promoteurs du « droit de mourir dans la dignité ».

Dérangeants, car il ne faudrait pas que le quidam moyen, acquis à la généreuse cause « euthanasie » à force de long et lent travail des esprits et des cœurs, s’avise de poursuivre le raisonnement. Toutes les euthanasies, au fond, ne sont-elles pas des peines de mort ? Des peines de mort « charitables », s’entend, où, comme dans le cas Van Den Bleeken, le condamné volontaire ne se supporte plus dans la prison de sa triste vie. Un condamné volontaire (ou désigné volontaire par ses proches) qui a été tacitement jugé coupable, pas d’un viol ou d’un meurtre, bien sûr, mais coupable d’être inutile, une charge pour la société, une souffrance morale et matérielle pour la famille, coupable d’offrir à nos regards un corps moche et supplicié. Coupable enfin d’avoir perdu sa dignité.

Autrefois, la dignité était livrée dans le paquetage de tout « petit d’homme », inhérente à celui-ci, qu’il soit tordu, bossu, mal foutu, et même foutu tout court. Mais aux indigents qui n’ont rien – ni la jeunesse, ni la santé, ni l’usage des membres, ni de l’intelligence –, on vient de voler ce dernier bien, par un discours insidieux qui pénètre les consciences : puisque l’euthanasie, c’est mourir dignement, le contraire de l’euthanasie, c’est vivre indignement. Toute vie, par essence, n’est donc pas forcément « digne », digne d’être vécue.

Et cette peine de mort est bien plus lâche que l’autre. Puisque (Ponce Pilate) la société s’en lave les mains. Aucun Créon n’en portera la responsabilité, c’est le condamné qui a « décidé » : l’acte est humanitaire. On vient d’inventer le concept de « bourreau solidaire ».

À la pointe du combat pour l’abolition de la peine de mort, il y avait la gauche. Et au centre de son discours, il y avait l’inaliénable dignité humaine qui interdit d’ôter la vie. Même celle des assassins. À la pointe du combat pour l’euthanasie, il y a la gauche. Exit la dignité humaine. Même celle des innocents. ...

Source : bvoltaire.fr

 

 

 

IL FAIT SI BON VIEILLIR...

Alma ADILON-LONARDONI – Lycée Champagnat – Saint-Symphorien-sur Coise (69) - 2012

« Ils ne s’en rendent pas compte vous savez, ils sont vieux, ça ne les dérange pas... »
J’étais venue pour visiter cet institut ; cherchant un endroit pour accueillir humainement une vieille
femme souffrant de la maladie d’Alzheimer.
Une employée m’a ouvert la porte et m’a menée à un semblant de salon. Trois vieilles femmes
étaient recroquevillées sur leurs fauteuils, d’un air résigné. Trois vieilles femmes sur trois fauteuils, et
une chaise roulante. Une chaise roulante vide, à un détail près. Deux prothèses de jambe gisaient à
ses pieds, revêtues de bas de laine.
Remarquant mon trouble, l’aide-soignante a devancé ma question :
« Ne vous inquiétez pas, m’a-t-elle dit, ce n’est que le fauteuil d’une résidente qui est morte il y a
deux jours. »
Mon silence sans doute en disait trop. Une fois encore, elle a semblé percevoir une once de reproche
dans mon regard – comme si je trouvais choquant que l’empreinte de la mort soit disposée
nonchalamment au milieu de trois vieilles femmes. Trouvais-je choquant ce vestige d’une femme qui
était assise à leurs côtés, sur ces mêmes chaises, trois jours plus tôt ? Trouvais-je choquant que leur
soit imposée l’évidence: « Bientôt ce sera votre tour... » ? Trouvais-je choquant que ces trois femmes
soient considérées comme suffisamment amoindries pour ne pas avoir conscience de leur condition,
pour ne pas être angoissées par une échéance placée constamment sous leurs yeux, se rappelant à
leur bon souvenir : « Bientôt ce sera votre tour... » ? Trouvais-je que ces restes, posés là, n’avaient
rien d’anodin ?
Oui, elle a semblé percevoir une once de reproche dans mon regard — comme si je considérais ces
femmes comme dignes d’attention. Comme si je les considérais dignes. Comme si simplement je les
considérais.
Devinant vaguement mon indignation, elle m’a aimablement rassurée : « Ils ne s’en rendent pas
compte vous savez, ils sont vieux, ça ne les dérange pas... »
Aujourd’hui, mesdames, messieurs, j’accuse la société de reléguer ses mères, ses pères aux
oubliettes. Je pense, oui, qu’il est choquant et même injustifiable que des individus dits « personnes
âgées » soient entassés à trois dans des chambres froides et étroites.
Je pense qu’il est bien triste que certaines maisons de retraite – pardon, établissements
d’hébergement pour personnes âgées et dépendantes – soient devenues des asiles clos et malsains.
Je pense qu’il est anormal que la qualification du personnel varie d’un centre à un autre, et que les
services de qualité soient encore trop peu répandus. Je pense qu’il est indigne de notre société
d’avoir à ce point honte de ses vieux devenus inutiles qu’elle les cloître autoritairement. Je pense
qu’il est inacceptable que ces personnes soient considérées comme des enfants, voire comme des
objets.
C’est nous qui sommes les enfants, mesdames, messieurs, nous qui leur devons tout.
Nous avons été protégés par nos parents durant toute notre enfance. Maintenant que nous n’en
avons plus besoin, que les rôles pourraient être échangés, pourquoi prendre la peine de leur rendre
la pareille ?
Comment peut-on penser qu’une personne âgée n’a plus rien à nous apporter ? Un regard autre, qui
a connu d’autres valeurs et qui a su acquérir une sagesse particulière ne nous est-il plus nécessaire ?
N’a-t-on pas besoin de se remettre en question auprès d’une simplicité revendiquée par ces
personnes ? Finalement, il me semble parfois que, contrairement aux clichés que véhicule notre
société, ce ne sont pas eux les assistés, mais bel et bien nous...
Bien évidemment, il n’y a pas un seul type de personne âgée. Mais, de nous aux personnes âgées, il
n’y a qu’une figure : l’être humain. Il serait bon de ne pas l’oublier.
Nous sommes plongés dans une loi du plus fort, dans une course au profit et à l’efficacité, à la
rentabilité, la rapidité, qui évince et dévalorise la vieillesse de notre société.
Dès lors que les portes de la redoutable maison de retraite sont franchies, le statut de la personne
change. On n’est plus un être humain mais un « résident ».
Je ne cherche pas à généraliser. Les conditions de vie en maisons de retraite que je dénonce ne
s’appliquent heureusement pas à tous les établissements. Mais ceux dans lesquels l’on peut attendre
un minimum de respect, lorsqu’ils ne sont pas hors de prix, affichent bien souvent complet. De
même, bien sûr, tous les aides-soignants ne sont pas des irresponsables insensibles. Mais si certains
le sont bel et bien, beaucoup d’autres n’ont peut-être pas le choix... Parce que l’intégralité du
système médical public est gérée en amont.
Au-delà d’un personnel peu consciencieux, c’est l’État le plus responsable, qui de sa jouvence
immaculée, ne perçoit rien d’autre que des chiffres un peu flous. Une aide-soignante pour quatre-
vingts pensionnaires, qu’est-ce que c’est ? Ce sont des économies en plus, et si ça doit être au
détriment de vies humaines, qu’à cela ne tienne ? Quelle importance que des êtres humains
pourrissent dans des geôles impersonnelles, dans une souffrance qui pourtant serait évitable, quelle
importance que de vieilles femmes incontinentes soient parquées dans leurs lits par manque de
temps ? Quelle importance que le personnel n’ait pas le temps de veiller à ce que ces personnes
prennent les repas qui ont été balancés à la hâte dans leur chambre, si bien que les hospitalisations
pour déshydratation sévère fassent désormais partie de la routine ? Quelle importance aussi que des
pensionnaires soient, au nom de leur prétendue sénilité, gavés de médicaments lourds et nocifs, et
surtout injustifiés ?
Ces réalités durement envisageables sembleraient tout droit sorties d’un film tel que « Vol au-dessus
d’un nid de coucou », qui dépeint la douleur extrême des « asiles de fous » à une époque où les
maladies mentales étaient considérées comme honteuses et dangereusement incurables... Et
pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, celles dont je vous parle sont perpétrées
aujourd’hui plus que jamais, sur des individus inoffensifs et vulnérables et dans des lieux clos à
l’atmosphère insupportable. Comment ne pas se dégrader lorsque l’on n’est plus traité comme un
être humain, et surtout, comment garder un semblant de dignité dans une telle situation ?
Il est inacceptable que des établissements pour personnes âgées soient devenus des entreprises à
but lucratif. Là où le seul maître mot devrait être bien-être et entraide, c’est l’argent qui régit la vie
de personnes considérées comme « en fin de vie », et c’est ce seul titre qui fait s’imaginer à certains
que leurs dérives et abus sont justifiés.
Le Président, Monsieur Sarkozy nous avait promis, au début de son mandat, un nouveau dispositif de
financement de la prise en charge de la perte d’autonomie. Nous l’attendons toujours. Nous
l’attendons et, avec nous, des millions de personnes âgées délaissées et abandonnées à leur
souffrance.
Ces dérives ne sont pas seulement immorales, elles vont aussi à l’encontre de la Déclaration
Universelle des droits de l’homme.
Le premier article, en effet, stipule clairement que : tous les êtres humains naissent libres et égaux en
dignité et en droits et qu’ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les
autres dans un esprit de fraternité.
Que l’on m’explique où est la fraternité dans le fait de se considérer supérieur à d’autres êtres
humains, sentiment simplement appuyé par leur situation physique. Que l’on m’explique aussi dans
quelle mesure l’on peut dire d’une personne retenue contre son gré en maison de retraite, qu’elle
est libre. Que l’on me dise quelle dignité il reste à quelqu’un dont la présence en établissement va
dans l’imaginaire collectif automatiquement de pair avec une dégradation intellectuelle, voire une
sénilité aiguë.
Qu’enfin l’on me justifie la distinction qui s’est peu à peu creusée entre les droits de l’homme, et les
droits de la personne âgée. Ne sommes-nous plus humains lorsque nous vieillissons ?
Je souhaiterais comprendre, Mesdames et Messieurs, pourquoi la plupart des personnes âgées se
voient forcées de renoncer à ces droits fondamentaux.
L’article 5 de la déclaration, quant à lui, ne fait qu’appuyer mon incompréhension :
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Pourquoi l’État, la société, les citoyens, tolèrent-ils que ce principe soit bafoué chaque jour, au sein
même du pays des droits de l’homme ?
Pays des droits de l’homme ... Il est beau, le pays des droits de l’homme, pas même capable de
respecter ses racines.
Notre belle patrie, qui se veut à son plus haut degré de civilisation, également dans la manière dont
elle fait respecter ses lois (et ses droits, cela va sans dire), en oublie peu à peu que tout ce qui
constitue les anciennes coutumes n’est pas bon à jeter.
Les coutumes amérindiennes par exemple, qui ont conservé leur sens du respect traditionnel, me
paraissent hautement plus louables que celles de notre société actuelle.
Dans la tradition amérindienne, le vieux sage est capable d’enchanter, de favoriser le rêve, de deviser
à voix haute, d’initier, de transmettre, de conseiller, de montrer le chemin, de rendre compte de
l’Histoire...
De notre côté, aujourd’hui, une personne qui vieillit perd de son utilité et de son efficacité. Elle est
amoindrie, c’est là le seul statut qu’on lui reconnaît. Comment accorder son estime à quelqu’un à qui
on refuse seulement l’écoute ?
Mais le plus dérangeant sans doute, c’est que dans l’ensemble de notre société, qui prône et
magnifie l’éternelle jeunesse, la vieillesse soit vue aujourd’hui comme une échéance cruelle et
insurmontable, comme une épreuve douloureuse et non plus comme une étape naturelle de la vie
d’un homme.
Des solutions existent. Nous devons faire face à l’inacceptable et ne pas oublier qu’un jour, bientôt, à
nous aussi, ce sera notre tour...
Je demande, Mesdames et Messieurs, au nom de tous ceux qui souffrent depuis trop longtemps, une
hausse réelle du personnel dans notre société.
Je demande à ce que bien-être et traitements respectueux ne soient pas des services qui se
monnayent, mais à ce qu’ils soient accessibles à tous.
Je demande à ce que maison de retraite ne soit plus synonyme d’hospice ni de mouroir, mais de lieu
d’accueil solidaire et fraternel.
Je demande la dignité.

 

 

Euthanasie-GPA un marchandage "gagnant-gagnant" ?

par Laissez-les-Vivre SOS-Futures mères, 28/07/2014 (extraits)

"Les gesticulations sur la GPA masqueraient-elles la volonté d'imposer l'euthanasie ? Jean LEONETTI, le député sociétal de l'UMP, qui ne se préoccupait jusqu'à présent que de savoir comment il aurait "la peau" de Vincent LAMBERT, s'intéresse brusquement à la GPA. Le voilà qui s'indigne le 23 juin 2014 à l'Assemblée : pas question d'autoriser la GPA et puisque des hommes politiques tant de droite que de gauche dont le sénateur Alain CLAEYS travaille avec le député UMP sur l'euthanasie sont contre pourquoi ne pas déposer dès la rentrée une proposition de loi interdisant strictement cette dernière en France et renforçant les sanctions à l'encontre de ceux qui y ont recours.

Le gouvernement ne pourrait pas le lui refuser en échange d'une nouvelle loi faisait avancer l'euthanasie, par exemple sous forme de possibilités d'aide à mourir dans certains cas "extrêmes" bien entendu forcément "très limités"! L'urgence économique de l'euthanasie est tellement forte, ainsi que l'ont récemment rappelé les déclarations de la toute nouvelle ministre de la Santé de Lituanie Rimanté SALASEVICIUTE. "L'euthanasie sera le mode de gouvernement des sociétés futures" prédisait dès 1982 Jacques Attali... dans l'ouvrage de Michel SALOMON. Face au défi démographique, les pays européens plongés dans le marasme économique sont de plus en plus confrontés à la tentation de l'euthanasie. En France, plus particulièrement y aurait-il un accord tacite entre une grande partie de la classe politique de droite comme de gauche pour y accéder maintenant assez rapidement quitte à laisser tomber au moins en apparence la GPA. Certaines signatures de l'appel à François HOLLANDE du 14 juillet 2014 lui demandant dans le quotidien "Libération" de résister à la GPA sont à cet égard quelque peu étonnantes. Lionel JOSPIN, qui s'il est l'ex mari de Sylviane AGACINSKI, certes sincérement hostile à la GPA est aussi le fils de Mireille JOSPIN, grande égérie de l'ADMD qui avait mis en scène le 6 décembre 2002 son propre suicide. La plupart des ministres sont très favorables à la GPA mais seraient sans doute prêts à laisser de côté leurs revendications si les circonstances économiques l’exigeaient. ...

La reconnaissance de la loi LEONETTI, comprise d’ailleurs sous sa forme maximaliste, assimilant alimentation et hydratation à des traitements ainsi que le Conseil d’Etat l’a interprêté le 14 février 2014 semble constituer, ainsi que l’allégeance à la loi Veil, "le minimum démocratique" auquel tous les chefs des grands partis veulent désormais être soumis sous peine, s’imaginent-ils, de ne plus être fréquentables. Il en sera vraisemblablement de même d’une législation sur l’euthanasie surtout si elle était soutenue, voire présentée par une personnalité politique aussi consensuelle que Jean LEONETTI.

17 milliards d’euros sont dépensés chaque année pour les personnes âgées et les handicapés. Comme le déplore Jean-Claude MARTINEZ dans "Euthanasie, Stade Suprême du Capitalisme", il est temps pour les gestionnaires qui nous gouvernent d’ouvrir le filon en or des euthanasies possibles. Et cela est beaucoup plus urgent pour l’équilibre budgétaire imposé par l’Union Européenne que la GPA que de toute façon la CEDH arrivera à imposer progressivement et subrepticement. Que la CEDH ait eu à traiter la même semaine (fin juin 2014) à la fois du recours contre le refus d’inscription sur les registres français d’état-civil des enfants conçus par GPA à l’étranger et du référé concernant la décision de mise à mort de Vincent LAMBERT paraît certes être une coïncidence, mais cela a pu suggérer un marchandage facilité par des sondages favorables à l'euthanasie et hostiles à la GPA."

Source : lesalonbeige.fr

 

 

"Le silence des pantoufles est plus dangereux que le bruit des bottes"

Martin Niemöller (1892-1984)

par un auteur inconnu

Un homme dont la famille faisait partie de l'aristocratie allemande, avant la seconde guerre mondiale, possédait un certain nombre de grandes usines et de propriétés. Quand on lui demandait combien d'Allemands étaient de véritables nazis, il faisait une réponse qui peut guider notre attitude au regard du fanatisme.

«Peu de gens sont de vrais nazis» disait-il, «mais nombreux sont ceux qui se réjouissent du retour de la fierté allemande, et encore plus nombreux ceux qui sont trop occupés pour y faire attention. J'étais l'un de ceux qui pensaient simplement que les nazis étaient  une bande de cinglés. Aussi la majorité se contenta-t-elle de regarder et de laisser faire.

Soudain, avant que nous ayons pu le réaliser, ils nous possédaient, nous avions perdu toute liberté de manœuvre et la fin du monde était arrivée. Ma famille perdit tout, je terminai dans un camp de concentration et les alliés détruisirent mes usines».

La Russie communiste était composée de Russes qui voulaient tout simplement vivre en paix, bien que les communistes russes aient été responsables du meurtre d'environ vingt millions de personnes. La majorité pacifique n'était pas concernée.

L'immense population chinoise était, elle aussi, pacifique, mais les  communistes chinois réussirent à tuer le nombre stupéfiant de soixante-dix millions de personnes.

Le japonais moyen, avant la deuxième guerre mondiale, n'était pas un belliciste sadique. Le Japon, cependant, jalonna sa route, à travers l'Asie du sud-est, de meurtres et de carnages dans une orgie de tueries incluant l'abattage systématique de douze millions de civils chinois, tués, pour la plupart, à coups d'épée, de pelle ou de baïonnette.

Et qui peut oublier le Rwanda qui s'effondra dans une boucherie. N'aurait-on pu dire que la majorité des Rwandais était pour «la Paix et l'Amour» ?

Les leçons de l'Histoire sont souvent incroyablement simples et brutales cependant, malgré toutes nos facultés de raisonnement, nous passons souvent à côté des choses les plus élémentaires et les moins compliquées: les Musulmans pacifiques sont devenus inconséquents par leur silence.

Aujourd'hui, des «experts» et des «têtes bien pensantes», ne cessent de nous répéter que l'Islam est la religion de la paix, et que la vaste majorité des Musulmans ne désirent que vivre en paix. ...

Le fait est que les fanatiques gouvernent l'Islam, actuellement. Ce sont les fanatiques qui paradent. Ce sont les fanatiques qui financent chacun des cinquante conflits armés de par le monde. Ce sont des fanatiques qui assassinent systématiquement les  chrétiens ou des groupes tribaux à travers toute l'Afrique et mettent peu à peu la main sur le continent entier, à travers une vague islamique.

Ce sont les fanatiques qui posent des bombes, décapitent, massacrent ou commettent les crimes d'honneur. Ce sont les fanatiques qui prennent le contrôle des mosquées, l'une après l'autre. Ce sont les fanatiques qui prêchent avec zèle la lapidation et la pendaison des victimes de viol... La réalité, brutale et quantifiable, est que la «majorité pacifique», la «majorité silencieuse» y est étrangère et se terre.

Les musulmans pacifiques deviendront nos ennemis s'ils ne réagissent pas, parce que, comme mon ami allemand, ils s'éveilleront un jour pour constater qu'ils sont la proie des fanatiques et que la fin de leur monde aura commencé.

Les Allemands, les Japonais, les Chinois, les Russes, les Rwandais,
les Serbes, les Albanais, les Afghans, les Irakiens, les Palestiniens, les Nigériens, les Algériens, tous amoureux de la Paix, et beaucoup d'autres peuples, sont morts parce que la majorité pacifique n'a pas réagi avant qu'il ne fut trop tard.

Quant à nous, qui contemplons tout cela, nous devons observer le seul groupe important pour notre mode de vie : les fanatiques.

On ne peut s’empêcher de repenser à cette phrase de l’un de nos  congénères les plus éclairés, lui aussi allemand d’origine :

« Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. »

Albert Einstein

Source : dreuz.info

 

 

Euthanasie – Jean-Marie Le Mené : « L’opinion obéit par peur à la pensée dominante »

par Antoine Pasquier, 01/07/2014

Pour le président de la Fondation Jérôme-Lejeune, l’affaire Vincent Lambert confirme les faiblesses congénitales incluses dans la loi Leonetti, qui permet de faire mourir de faim et de soif sous couvert d’acharnement thérapeutique.

Le Conseil d’État a ordonné le 24 juin l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert. Cette décision ne signe-t-elle pas une forme de renoncement, voire de violence, face à la vulnérabilité humaine ?

Cette décision est conforme à une loi, portée par le député UMP Leonetti, qui date de 2005. On fait semblant de découvrir aujourd’hui qu’elle permet l’euthanasie. En 2005, la Fondation Jérôme-Lejeune a compté parmi les rares observateurs à déplorer que cette loi, dont tout le monde se félicitait, permette l’euthanasie, en assimilant arrêt de l’hydratation et de la nutrition à un refus d’acharnement thérapeutique, c’est-à-dire en confondant des soins qui sont toujours dus avec des traitements qui peuvent être suspendus. À l’époque, cette observation n’était pas politiquement correcte, mais elle était juste, on le voit aujourd’hui. S’il y a renoncement, il ne date donc pas d’aujourd’hui mais de 2005.

En revanche, je ne crois pas que la société, dans son ensemble, soit solidaire de ce renoncement. Si on lui explique mal, elle comprend mal et elle répond mal aux sondages qui nous diront invariablement que l’euthanasie est une demande sociale. En laissant croire à l’opinion, comme s’y emploient la majorité et l’opposition, que dans l’affaire Lambert, il n’est pas question d’euthanasie mais de refus de l’acharnement thérapeutique, on ment. L’effet de ce mensonge est qu’on peut désormais donner la mort sans tuer.

En s’appliquant à des personnes lourdement handicapées, la loi Leonetti ne montre-t-elle pas ses limites ?

La loi Leonetti ne montre pas ses limites aujourd’hui, elle avait des faiblesses congénitales. Elle a introduit des imprécisions et des confusions, alors que le code de déontologie médicale était suffisant. Ainsi elle ne donne pas de définition précise de l’euthanasie ; elle n’établit pas de distinction claire entre le refus d’un traitement disproportionné et l’euthanasie par omission, pas plus qu’entre soin et thérapie ; elle ne donne pas de définition des traitements, laissant entendre que l’alimentation peut être considérée comme un traitement.

Dans la culture contemporaine qui évacue la souffrance et la mort parce qu’elle n’en comprend plus le sens, le juge hérite d’une marge d’interprétation réduite. C’est ce que montre le cas de Vincent Lambert qui n’est pas en fin de vie et dont personne ne dit qu’il est en proie à des souffrances intolérables. Vincent Lambert est devenu handicapé, avec un degré de conscience diminué, à la suite d’un accident. Il vit d’une vie qui n’est pas petite, mais qui est la sienne. La société, nous dit-on, n’est plus prête à poser son regard sur des vies qui, à ses yeux, ne valent pas la peine d’être vécues.

La cour d’assises de Pau a acquitté, le 25 juin, le Dr Bonnemaison, poursuivi pour empoisonnement à l’encontre de sept de ses patients. La décision des jurés ne reflète-t-elle pas l’état d’esprit de nos concitoyens sur la question de la fin de vie ?

Je ne pense pas que la décision des jurés reflète le fond du cœur des gens. Il faut bien voir que nous sommes tous plus ou moins victimes d’un terrorisme compassionnel permanent qui inhibe la faculté d’appréhender la vérité. On nous recommande abusivement de pratiquer une sorte d’irénisme en décalage avec la violence qui nous est imposée. Autant ces injonctions sont pertinentes s’agissant des personnes, autant elles sont dangereuses s’agissant des principes.

À l’évidence, il doit être dénoncé qu’un empoisonneur ait fait l’objet d’un soutien aussi obscène que celui de Bernard Kouchner et aussi pathétique que celui de Jean Leonetti. Si l’appréciation morale d’actes homicides n’est plus possible, n’est plus exprimée, n’est plus reçue, et cela au nom d’une pitié fallacieuse, comment voulez-vous que l’opinion s’y retrouve ? Elle obéit par peur et par commodité à la pensée dominante.

Mais que nos contemporains soient en accord avec une justice qui, dans le même temps, condamne un malade et acquitte un homicide, cela, je ne puis l’imaginer.

L’Église a été très silencieuse sur ces deux affaires. Sa voix n’est-elle pas attendue avec force sur un sujet qu’elle maîtrise bien par ailleurs ?

Il faut distinguer le plan doctrinal et le plan pastoral. L’enseignement magistériel de l’Église existe et il est très clair. On avait même l’habitude de dire : il est connu de tous, ce n’est pas la peine de le répéter sans cesse. C’était peut-être encore le cas naguère. Cela ne l’est plus maintenant en raison d’une défaillance quasi généralisée de l’enseignement du catéchisme depuis des dizaines d’années. L’Église devrait donc redire ces vérités qui ne sont plus connues des générations les plus récentes.

Sur le plan pastoral, on a parfois abusé des témoins et écarté les maîtres. Or on a besoin des deux et sans doute plus des maîtres que des témoins. Ceci ne devrait pas poser de difficulté à l’Église qui maîtrise beaucoup mieux les sujets bioéthiques aujourd’hui qu’il y a vingt ans.

Je ne crois pas que l’Église ait peur de déplaire, elle qui brandit depuis 2000 ans l’image d’un mourant sur une croix ! Les silences de l’Église sont des mystères…

Le gouvernement a demandé aux députés Jean Leonetti (UMP) et Alain Claeys (PS) de travailler sur une modification de la loi du 22 avril 2005. À force de légiférer, ne risque-t-on pas de franchir le pas de trop vers la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie ?

« Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires », écrivait Montesquieu. C’est pourtant ce qui va se passer. Voir Jean Leonetti former un attelage avec Alain Claeys pour légiférer sur l’euthanasie nous donne une information très inquiétante sur les courants de pensée auxquels ils s’abreuvent l’un et l’autre.

Nous arriverons avec eux à boucler le cycle révolutionnaire classique, dont l’avortement a été l’archétype, caractérisé par :

– les « illégalités fécondes » qui mettent en échec une loi morale (sur le modèle des « 343 ») ;

– la « réflexion sans tabou » qui évacue le principe du respect de la vie ;

– l’« encadrement des dérives » qui légalise une pratique criminelle ;

– le « lifting sémantique » qui fait disparaître le mot « euthanasie » pour dissimuler la chose… Ainsi le crime est parfait.

L’étude des bons auteurs (dont le manuel Euthanasie de la Fondation Jérôme-Lejeune), ainsi que de grandes manifestations populaires que j’appelle de mes vœux, sont encore des moyens d’encourager de nouveaux Salomon à rendre justice à ceux qui défendent la vie des plus fragiles.

Antoine Pasquier

Source : famillechretienne.fr

 

 

La vie humaine, une valeur en chute

par Charles Rouvier, étudiant, 22/06/2014

L’euthanasie, tout comme l’avortement, si elle peut soulager une situation individuelle difficile, est néfaste à la société.

Le 11 juin s’est ouvert le procès du docteur Bonnemaison. Ce médecin compatissant, au lieu de s’acharner méchamment à soigner des gens, aurait attaqué le problème à la source en les euthanasiant. Le débat de l’euthanasie est à nouveau ouvert, comme pour l’affaire Vincent Lambert.

L’euthanasie progresse. Les trois pays du Benelux l’autorisent déjà entièrement. La Suisse, l’Allemagne et la Suède autorisent ce qu’il est convenu d’appeler le « suicide assisté » et les autres admettent, sinon en droit, du moins de fait, l’euthanasie passive, c’est-à-dire de « débrancher » le patient. Dans le cas du suicide assisté, rassurez-vous, celui-ci est rigoureusement proscrit lorsque le futur ancien patient le demande pour des motifs « égoïstes ». Il semblerait qu’une qualité trop méconnue des médecins est de lire dans les pensées.

Il est, bien sûr, des cas horribles où – je suis le premier à l’admettre – je supplierais qu’on me tue et peut-être le tenterais-je moi-même. Mais ces cas sont heureusement extrêmement rares. La loi est ordonnée pour ce qui est bon pour la communauté, pas pour l’exception. Plus simplement, ce n’est pas parce que je veux quelque chose que j’y ai droit.

L’euthanasie, tout comme l’avortement, si elle peut soulager une situation individuelle difficile (« mourir, ce n’est pas facile », comme disait l’autre), est néfaste à la société. Elle traduit une perte alarmante d’espoir dans l’avenir, alors qu’on ne compte plus les cas de rétablissement miraculeux de gens auxquels on avait déjà réservé un frigo à la morgue.

Bientôt, les pompiers jetteront de l’essence sur les immeubles en flammes : si on ne peut pas sauver ceux qui s’y trouvent, autant que ce soit vite fini.

Elle montre aussi la chute vertigineuse de la valeur d’une vie humaine. Marx a gagné : l’homme est « un être générique » dont la seule différence avec l’animal est qu’il produit ses moyens de subsistance au lieu de seulement les rechercher. Si l’animal est boiteux, il ralentit la marche du troupeau. Il vaut mieux le laisser se faire bouffer par des loups ou sécher au soleil. La dignité d’être un homme se résumerait au confort et à la santé. Sans ces deux choses, la vie serait un gâchis et l’humain une ordure.

On peut déplorer l’état avancé de décadence dont sont frappées nos société. D’un point de vue scientifique, il nous offre aussi une chance unique. Nous avons la chance d’observer en temps réel ce qu’engendre concrètement un monde privé de toute morale, principe, religion ou règne une liberté qui est en fait anarchie. Il produit la mort.

Pas seulement la mort spirituelle ou morale ou politique. Il s’agit de la vraie mort physique des êtres humains, mort infligée non par un ennemi mais par la société ! Pas la guerre, pas la maladie, pas la famine, non : la simple routine.

Source : bvoltaire.fr

 

 

Affaire Bonnemaison : un débat sur l’euthanasie qui n’a pas lieu d’être

par Antoine Pasquier, 10/06/2014

Les pouvoirs ont parfois la manie de se télescoper. Quand l’exécutif essaie de temporiser le débat sur la fin de vie, le pouvoir judiciaire appuie sur l’accélérateur. En moins de dix jours, deux juridictions auront à se prononcer sur deux affaires médiatiques : le 11 juin, devant les assises des Pyrénées-Atlantiques, s’ouvrira le procès du Dr Bonnemaison ; puis le 20 juin, le Conseil d’État tranchera le cas de Vincent Lambert, cet infirmier de 38 ans tétraplégique depuis un accident de la route en 2008.

Qu’ont en commun ces deux affaires ? En apparence, rien. Dans le premier cas, la justice poursuit un médecin urgentiste soupçonné d’avoir empoisonné en 2011 sept de ses patients en fin de vie. Dans le second cas, la haute juridiction administrative doit, pour la première fois de son existence, statuer sur la vie ou la mort d’un homme en état végétatif chronique, dont une partie de la famille demande l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation. Pourtant, l’une et l’autre affaire vont longuement s’attarder sur deux notions-clés des débats entourant l’euthanasie : le consentement et la définition de la dignité.

De consentement, il n’en a jamais été question dans l’affaire Bonnemaison. Particulièrement vulnérables, les sept victimes du médecin urgentiste bayonnais n’étaient pas en état d’exprimer leurs souhaits lorsque le médecin urgentiste leur a délibérément donné la mort. On ne peut dès lors, comme essaie de le faire la défense, parler d’un procès en faveur de l’euthanasie ou alors ce serait avaliser le fait qu’une euthanasie puisse être pratiquée sur une personne contre sa volonté au nom d’une certaine idée de la compassion. En justifiant les gestes du Dr Bonnemaison, les partisans d’une aide active à mourir ne font rien d’autre.
Comment peuvent-ils ensuite affirmer qu’une législation encadrée de l’euthanasie (consentement éclairé, stade avancé d’une maladie…) protégera de toute dérive quand eux-mêmes font déjà sauter les verrous au gré de leurs intérêts ? Comment peut-on raisonnablement faire de ce procès le débat citoyen sur la fin de vie dont tout le monde parle, à tort et à travers, depuis deux ans, alors même que les termes en sont faussés depuis le commencement ? Sans parler du risque d’aborder ces questions dans un contexte passionné. Tout ce qu’il ne faut pas faire, en somme.

De consentement, les experts nommés par le Conseil d’État n’en ont pas décelé la moindre expression dans les réactions de Vincent Lambert. Les juges pourront-ils balayer d’un revers de la main ce doute persistant qui avait déjà justifié la décision du juge de première instance de rétablir son alimentation et son hydratation ?

Ces procès seront aussi, et surtout, ceux de la dignité de la personne humaine. Est-elle une notion subjective ? Autrement dit, perd-on sa dignité lorsque l’on n’est plus en capacité d’entrer pleinement en relation avec l’extérieur, comme ce serait le cas pour Vincent Lambert, ou lorsque notre état est « perdu d’avance », comme l’a jugé le Dr Bonnemaison de ses sept patients ? Ou au contraire, est-elle intrinsèque et inaliénable à la personne humaine ? « Fixer des critères à la dignité, ce serait la mettre au conditionnel », met en garde la philosophe Chantal Delsol (Les Pierres d’angle, Cerf). Et risquer de la bafouer. Au nom de la compassion ou en fonction des changements d’idées ou d’humeur de la société.

Antoine Pasquier

Source : famillechretienne.fr

 

 

Parti pris pour la mort - entretien avec Yannis Papadaniel

posté à 17h38, par Julia Zortea, 10/06/2014 (extraits)

Leur démarche interpelle. Met mal à l’aise. Pourquoi s’inviter au chevet des mourants ? Qu’y gagnent-ils ? L’ethnologue Yannis Papadaniel a consacré un ouvrage à ces bénévoles suisses qui, dans le cadre des soins palliatifs, rendent visite aux personnes en fin de vie. Entretien.

En essor depuis une trentaine d’années, les soins palliatifs visent à soulager les souffrances d’une personne gravement malade, pour préserver une certaine qualité de vie jusqu’au décès. Comme le définit la Société française d’accompagnements et de soins palliatifs, ce mouvement considère « le malade comme un être vivant, et la mort comme un processus naturel ». Opposée à la pratique de l’euthanasie, cette discipline médicale se positionne également contre l’acharnement thérapeutique. Outre une réduction de la douleur par des traitements médicaux, elle encourage l’accompagnement des malades et de leurs familles par des soignants et des bénévoles.

En Suisse, Marie-Pierre, Michel, Jeanne et Rosy, parmi d’autres bénévoles, ont fait le choix de devenir accompagnants de personnes en fin de vie. Rattachés à deux associations conventionnées auprès des hôpitaux, des maisons de retraites et des organismes de soins à domicile, ces derniers sont régulièrement appelés pour passer quelques heures au chevet de personnes à l’agonie. Loin de considérer la mort de l’autre comme un phénomène tragique ou triste, ces bénévoles tirent parti, simplement, sincèrement, de leur expérience. « C’était valorisant », « C’était magnifique », confient-ils dans La Mort à côté, beau et troublant récit de Yannis Papadaniel, relatant une enquête ethnographique de plusieurs années au sein de ces groupes.

Aurions-nous affaire à des êtres étranges ? Pire, malsains ? « Celui qui se contente d’envisager la mort des autres sans être accablé, en se tenant à une distance ’’raisonnable’’, et/ou parce qu’il l’a choisi, remarque le chercheur, risque à tout moment d’être perçu comme une personne qui entretient un rapport aseptisé à la mort, ou pour un être morbide. Mais qu’est-ce qu’un bon rapport à la mort ? Ou situer la juste distance ? À ces deux questions, il n’existe que des réponses morales. »

Entretien avec Yannis Papadaniel à propos d’une enquête qui interroge les jugements prescrits.

Quelles certitudes sur la mort cherchez-vous à interroger ?

« Quand on parle de la mort, lors d’une conversation quotidienne ou dans le champ académique, le terme de ’’déni’’ ou de ’’refoulement’’ surgit très rapidement. Comme s’il s’agissait d’une évidence. Des travaux d’historiens ou d’anthropologues, tels ceux de Philippe Ariès ou de Louis-Vincent Thomas, ont contribué à asseoir ce discours commun en établissant que nous, ’’occidentaux’’, vivrions dans une société et avec une culture qui ne laisseraient que peu de place à la mort. Nous serions dépourvus de codes, de mots et de rites pour lui faire face quand elle survient. Cette conception avance de pair avec une croyance répandue, selon laquelle on mourrait mieux ’’ailleurs’’ - sans jamais vraiment définir cet ailleurs.Plus généralement, les sciences humaines, lorsqu’elles s’intéressent à la mort, privilégient une approche centrée sur la ritualité funéraire ou sur le deuil. Il s’agit bien entendu de déclinaisons possibles et courantes des rapports qu’entretiennent les êtres humains à la mort, mais il y en a également d’autres, dont on ne parle pourtant que très peu. » ...

Justement, quel rapport à la mort avez-vous choisi d’étudier ?

« Au départ, je cherchais un sujet de thèse de doctorat ayant trait au religieux... Jusqu’à ce que je visionne Mort à Venise, film de Visconti où l’on assiste à l’agonie du personnage principal. La tension dramatique réside dans le fait que le mourant prend conscience des erreurs qu’il a commises au cours de sa vie, mais qu’il est alors trop tard pour changer quoi que ce soit. C’est ainsi qu’il meurt…

Il s’agit d’un film où l’on regarde quelqu’un mourir. Certes, il existe une distance entre le personnage et le spectateur - c’est une fiction, un produit culturel. Mais qu’importe : cette mort est captivante. Je me suis alors demandé quel intérêt nous trouvions, en tant que spectateur, à observer quelqu’un mourir, même dans le cadre d’un film. Il me fallait toutefois trouver un ’’terrain’’ pour répondre à cette question. J’avais entendu parler de la démarche de groupes de bénévoles qui accompagnent en Suisse des patients en fin de vie. Cela m’a interrogé : ces personnes expriment-elles un intérêt similaire à celui du spectateur face au personnage de Visconti ? Et quel est au juste la nature de cet intérêt ? En partant de ces questionnements, j’ai commencé par étudier les travaux universitaires sur la mort. Je dois dire qu’ils m’ont laissé un peu sceptique et dubitatif, car ils ne contiennent aucune piste permettant de comprendre ce que font ces bénévoles. »

Ces derniers évoluent au sein des soins palliatifs. Comment la mort est-elle considérée par cette discipline médicale ?

« Dans son ethnographie, fondatrice, sur l’émergence des soins palliatifs, Michel Castra étudie les valeurs et les normes qui imprègnent cette gestion quotidienne du mourir. Le palliatif participe à l’invention d’une période nouvelle de la vie, distincte des autres - ’’la fin de vie’’ - où tout concourt à faire de la mort un ’’projet’’, une étape permettant de faire le point sur son existence. La mort est idéalisée. Castra expose très bien cette idéologie du ’’bien mourir’’ promue par les équipes soignantes - et qui s’applique quelquefois au détriment du patient. Mais il la lie à une rationalisation des affects et à une volonté de neutralisation des effets néfastes de la mort (pour le mourant, sa famille et les soignants). Encore une fois, la mort reste l’élément qui fait peur.

Pendant mon travail d’enquête, je me suis pourtant rendu compte que les soignants et les bénévoles tirent parfois parti de leur engagement auprès des mourants. Ils y trouvent un gain, un bénéfice symbolique, quelque chose d’un autre ordre qu’un phénomène de déni, de deuil, ou de neutralisation. »

Ces réactions face à la mort ne sont-elles pas liées à la place que l’on occupe vis-à-vis du mourant ?

« La mort est prise dans un maillage social. En fonction de la position que l’on occupe dans ce maillage, on peut la vivre de différentes manières. On ne réagit pas face à la mort d’un proche de la même manière que face à la mort d’un patient. Par ailleurs j’essaie de démontrer que cette chaîne de réactions négatives est une occurrence parmi d’autres : on peut ne pas avoir peur de la mort, vouloir l’approcher, en savoir plus, selon la proximité - affective notamment - que l’on entretient ou non avec la personne mourante. »

Ces bénévoles bousculent un schéma classique selon lequel seules certaines personnes légitimes (la famille, les proches, les soignants) seraient autorisés à s’approcher d’un malade ou d’un mort…

« La présence des bénévoles en soins palliatifs est présentée comme une manière de ’’re-socialiser’’ la mort. La théorie du déni resurgit ici : quand la mort arrive, la société se replierait. En ce sens, les bénévoles seraient des représentants de la ’’société civile’’, des intermédiaires.

En réalité, je ne sais pas vraiment ce qu’ils représentent, car les patients se fichent un peu de la société civile. La plupart du temps, les bénévoles sont appelés par les professionnels de santé dans l’idée de seconder les familles auprès des mourants. Parfois les familles sont épuisées, ou ont besoin de s’absenter. La tâche des bénévoles est relativement claire : ils ne doivent pas intervenir dans le soin. S’il se passe quelque chose d’anormal, il leur faut appeler un soignant. Dès que la famille arrive, ils sortent. C’est paradoxal : ces bénévoles n’ont droit qu’à un espace très réduit au sein de l’institution, mais à partir du moment où ils y accèdent, personne ne contrôle vraiment ce qu’ils font, tant que cela n’a pas d’incidence explicite. Les bénévoles appartiennent à des associations qui les encadrent, mais ils évoluent seuls et librement face aux patients. »  ...

Et que trouvent-ils finalement dans cette expérience ?

« Ces bénévoles – dont les trajectoires sont par ailleurs toutes différentes – ont pour point commun d’éprouver l’expérience de la mort sans prendre le risque de mourir. Le plus souvent, ils savent s’adapter à la situation, mais il y a toujours un moment de ’’décrochage’’ : il s’agit du moment où ils essaient de tirer un enseignement de leur expérience. Avec cette particularité qu’ils ramènent à eux une expérience qui, au départ, ne les concerne pas (la mort d’un inconnu), et qui les concerne d’autant moins qu’ils n’ont aucun service particulier à offrir (à part ’’être là’’). Les conflits d’interprétation sont alors forts : les bénévoles s’accordent pour dire qu’il se passe quelque chose de beau avec le mourant ; par contre, personne ne trouve ce moment beau pour la même raison. » ...

Or vous montrez qu’il y a pas une bonne mesure… Il y a cette scène, sur la terrasse de l’hôpital, où les bénévoles s’opposent sur le moment où il leur faudrait se retirer face à un patient qui les ignore : Michel attend en silence, alors que Judith préfère s’en aller...

« Ces bénévoles agissent dans un paradoxe : ils se situent en permanence dans une tension entre proximité et distance, engagement et désengagement, attachement et détachement. Dans toute relation de soin, le souci de l’autre est en balance avec le souci de soi (apprendre à dire non, se protéger de la détresse de l’autre, tirer une satisfaction de son expérience…). Avec ces bénévoles, il y a des moments où on a l’impression que ces deux pans sont équilibrés. Et puis, il y en a d’autres où le souci de soi pèse beaucoup plus lourd que le souci de l’autre, et réciproquement. Quand Rosy s’adresse au patient comme si c’était son père, par exemple. Ou à l’inverse, quand un bénévole passe la nuit sur une chaise et s’empêche de dormir à côté du patient. Qui l’y a obligé, sinon lui-même ? »

Ce qui est troublant, c’est que les bénévoles se glissent dans l’institution alors que le mourant n’en a pas vraiment exprimé le besoin, et qu’il n’a rien à leur offrir en retour… Quelle réflexion ce schéma vous a-t-il permis d’introduire sur la notion de don ?

« Au départ, je penchais plutôt pour la thèse de Bourdieu sur ’’l’intérêt au désintérêt’’. Selon celle-ci, il n’y aurait pas d’attention altruiste ou bienveillante : le don désintéressé serait forcément une illusion, il servirait une stratégie sociale (par exemple, affirmer sa puissance en obligeant le receveur). Mais en menant mes observations, je me suis rendu compte que certains bénévoles s’oubliaient vraiment le temps d’une visite. Aucun jeu de pouvoir ne se mettait en place autour de leur don. Ils étaient entièrement à disposition, sans rien revendiquer. Pour décrire cela, je reprends la proposition de l’anthropologue Jacques T. Godbout : ces bénévoles façonnent eux-mêmes leur contre-don, leur gain symbolique. C’est ce que l’on retrouve quand Marie-Pierre dit : ’’Le patient m’accueille dans son intimité, c’est un cadeau.’’ » ...

Cette posture d’a-moralité que vous revendiquez ne se retrouve pas chez les chercheurs et professionnels qui estiment que l’extériorisation de ces « vécus mineurs de la réalité » (ici, la fin de vie) entraînerait un désordre social...

« Les professionnels du deuil clament souvent qu’il n’y aurait plus de ’’fiction collective’’ par rapport à la mort. Un point de vue que reprend par exemple le sociologue Jean-Hugues Déchaux : selon lui, ’’l’intimisation’’ de la mort comporte un risque de dérive fictionnelle susceptible de porter atteinte à l’intégrité de la société. À partir de ce constat, il plaide pour un retour à une ritualité commune, qu’il faudrait encore définir. Sauf que la ritualisation est une normalisation : il faut établir des codes, un maître de cérémonie, une hiérarchie. Il faudrait ensuite faire le tri entre différents types de rituels, en fonction de leurs légitimités supposées. Par exemple : interdire la crémation et faire de l’inhumation la norme, etc. Ce qui est drôle, c’est que les sciences sociales se sont évertuées pendant des décennies à contester le pouvoir du religieux, à déconstruire la pensée magique, à tuer Dieu. Mais maintenant que ce dernier est gravement blessé, il nous faudrait réinventer des normes de référence.

La seule chose dont je suis certain, c’est que la place qu’occupait l’Église chrétienne par rapport à la mort n’a pas été remplacée. Je ne dis pas que c’est bien ou mal. Je dis juste que les gens sont un peu désemparés quand la mort survient, et qu’ils doivent inventer d’autres pratiques. Ces dernières ne prennent pas forcément la forme d’un gros rituel empreint d’une grosse symbolique. »

À travers leur engagement discret et peu revendicatif, ces bénévoles développent des pratiques étonnamment subversives au regard des discours dominants, qui disqualifient toute confrontation volontaire à la mort d’autrui...

« Le fait de raconter que j’enquêtais sur ces bénévoles a souvent suscité d’étranges réactions. On sous-entendait volontiers que j’avais affaire à des êtres morbides, à problèmes, en pleine réparation… Ou à des personnes forcément extraordinaires. On en revient à ce que je disais sur les évidences anthropologiques dominantes : quand le rapport à la mort est trop frontal, il est vu comme anormal.À mon avis, ces personnes offrent un effet grossissant d’une réalité difficilement décelable au quotidien. Quand on ouvre un journal, c’est rarement pour y lire uniquement la rubrique nécrologique, ou les faits divers narrant des accidents mortels ; mais il faut bien admettre que la mort est souvent présente et qu’elle nourrit notre intérêt de façon oblique. Enfin, ce qu’interrogent malgré eux ces bénévoles, c’est l’absence de points d’accord sur la mort, et de lieux pour en parler. »

Source : article11.info

 

 

Fin de vie

par Une Ménagère, 03/12/2008

Au moment où les parlementaires se préparent à discuter la possibilité de légaliser l'euthanasie, il me paraît opportun de vous replonger dans mon "baistoffe".
(...)

Personnellement, on aura du mal à me faire admettre qu'éliminer quelqu'un, même à sa demande, représente un progrès. D'autant que, même là où on a légalisé l'euthanasie, dès qu'on met en place des soins palliatifs, dès qu'on soulage la souffrance, les demandes d'euthanasie baissent. (Et cela commence à se savoir, n'en déplaise à l'ADMD !

Ce qui représente un progrès, par contre, est de rémunérer un congé pour accompagner un proche en fin de vie. A mes yeux, une société "de progrès" se mesure à la capacité qu'elle a d'accueillir les plus faibles, les plus malades, les plus démunis, les plus vieux, pas de les éliminer! C'est cela qui ferait une société "digne": la notion de dignité, selon Paul Ricoeur, renvoie à l'idée que « quelque chose est dû à l'être humain du seul fait qu'il est humain » (Wikipedia)

Hélas, il me semble que la tendance générale est d'aller vers une société où seules de jeunes et belles personnes pleines de santé auraient droit de cité (dans le sens premier du terme: "vivre dans la cité"), et tous les autres, hop, à la poubelle! La publicité nous assène tellement d'images de jeunisme, de beauté qu'elle finit par formater la société entière!

Eh bien moi, je n'en veux pas, de cette société-là!

Source : lamenagere.over-blog.com

: Les colères d'une Ménagère de plus ou moins 50 ans (ou presque !)

 

 

Cela s’appelle l’euthanasie

par Lise Ravary, 6/06/2014 (extraits)

... Voilà, c’est fait. La loi «Mourir dans la dignité» a été adoptée. Le Québec reconfirme une fois de plus son increvable et admirable progressisme et devient un des quatre endroits au monde, avec la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, où les médecins peuvent désormais euthanasier leurs patients, avec leur consentement, sans crainte d’être accusés de meurtre.

À moins qu’Ottawa ne s’en mêle car selon le Code criminel, cela demeure un meurtre.

Mourir dans la dignité, soins en fin de vie, basta les euphémismes. Il s’agit d’euthanasie, point à la ligne. Et qu’il existe un large consensus dans la société ne change rien au fond de l’affaire : des médecins, dont le rôle est de soigner, vont tuer des êtres humains à la demande.

Si des malades pourront mourir dans la «dignité», c’est parce que des médecins auront accepté de mettre leur dignité de soignants de côté et de trahir leur serment professionnel. Et possiblement leur conscience. ...

Les dérives en Belgique

Aujourd’hui, donc, une ère nouvelle commence. Où cela nous mènera-t-il ? L’exemple belge est troublant. En 2002, année du passage de la loi sur l’euthanasie – les Belges ont eu le courage d’appeler un chat un chat – 24 personnes se sont prévalues du droit à mourir. En 2013, ce chiffre était passé à 1816 personnes, une moyenne de cinq par jour. Une augmentation de 27 pour cent sur l’année précédente. La Belgique a aussi élargi l’application de la loi pour permettre aux enfants d’être euthanasiés. Et les cas «limites», de gens souffrant de dépression, ou tout simplement vieux et las de vivre, s’accumulent, malgré la loi qui l’interdit. Prochaine étape : euthanasier les personnes souffrant de démence.

Ici même au Québec, un comité de médecins se penche déjà sur la question de l’Alzheimer et le Collège des médecins du Québec a déjà fait connaitre son appui à cet éventuel élargissement de la loi «Mourir dans la dignité».

La loi prévoit qu’on peut mettre fin à la vie d’une personne en proie à des souffrances psychiques. Beau fourre-tout s’il en est un. Que la Belgique a utilisé pour euthanasier des jumeaux sourds de 45 ans en raison de leur souffrance psychique causée par leur handicap et angoissés par la perspective de devenir aveugles, mais nullement à l’article de la mort. On a aussi euthanasié une femme de 44 ans souffrant d’anorexie et un transgenre dont les interventions chirurgicales se sont mal déroulées et qui ne voulait plus vivre dans le corps de femme, mutilé, avec lequel il était né. Et pourtant ces gens n’étaient ni des malades incurables, ou dans une situation sans issue, comme l’exige la loi belge.

Nouveau développement: la Belgique accepte désormais d’euthanasier des prisonniers qui en font la demande. Sans qu’ils soient malades. La corde du sénateur Boisvenu sous forme d’injection. La peine de mort est-elle de retour sous des habits humanitaires ?

Permettre de donner la mort pour abréger des souffrances ouvre la porte à mille dérives. Le nier, c’est faire l’autruche. Ou mentir pour se donner bonne conscience.

Le palliatif plus cher que l’euthanasie

La composante «soins en fin de vie» de la loi québécoise exige des établissements de santé qu’ils offrent des soins palliatifs, y compris la sédation terminale, à tous mais on sait que pour l’instant, la couverture n’est pas universelle au Québec. Environ 30 pour cent des patients en phase terminale ont accès à des soins palliatifs. Dans un contexte de compressions budgétaires, comment s’attendre à un accès universel d’ici peu ?

J’ai été frappée par l’ironie de l’adoption du projet de loi 52 le lendemain de la présentation d’un budget d’austérité.

Le législateur sait tout cela et se protège quand il précise : «Les dispositions … s’appliquent en tenant compte des dispositions législatives et réglementaires relatives à l’organisation et au fonctionnement des établissements, des orientations, des politiques et des approches des maisons de soins palliatifs ainsi que des ressources humaines, matérielles et financières dont ils disposent» (mes italiques).

Si les soins palliatifs étaient disponibles pour tout le monde, les patients en phase terminale auraient un véritable choix entre souffrir, l’apaisement de la souffrance et la mort. Pour l’instant, dans la majorité des cas, ce sera la souffrance ou la mort.

Au final, c’est toujours une question d’argent. Si on pouvait garantir à tous les malades en phase terminale qu’ils auront droit à des soins palliatifs de qualité ... aurions-nous besoin de permettre l’euthanasie ? C’est la peur que nous ressentons tous d’avoir un jour à faire face à des souffrances insupportables qui nous incite à accepter l’inacceptable. Le moindre des deux maux.

Or, la science aujourd’hui sait comment contrôler la douleur en fin de vie ... Mais cela coûte plus cher qu’une fiole de pentobarbital. Et prend plus de temps.

Le mouvement des médecins québécois opposés à l’euthanasie regroupe un grand nombre de spécialistes en soins palliatifs : il me semble que cela aurait dû sonner des cloches chez les élus. Ces gens-là passent leurs jours et leurs nuits au chevet des mourants. Ce sont les plus grands experts de la fin de la vie qui existent. Pourquoi sont-ils contre ?

Vivre dans une société qui estime qu’une vision utilitariste de la vie, où tout est calculé en fonction des coûts et bénéfices, est supérieure à une vision humaniste, m’attriste profondément.

J’espère ne pas vivre assez longtemps pour voir le jour où la majorité de mes concitoyens cesseront de voir la vie comme étant sacrée, selon des définitions laïques du terme : «À qui on doit un respect absolu, qui s’impose par sa haute valeur» ou «Qui parait essentiel à la civilisation».

La liberté suprême ?

Qu’en est-t-il des libertés individuelles ? Ce fut pour moi la question la plus difficile dans ce débat. Le philosophe français André Comte-Sponville, militant en faveur de l’euthanasie comme extension des droits de l’Homme, écrivait récemment : «il ne faut pas revendiquer un droit de mourir dans la dignité mais un droit de mourir dans la liberté».  On ne peut défendre les libertés individuelles, comme je le fais, sans considérer ce point de vue.

Mais c’est néanmoins Comte-Sponville qui m’a fourni l’argument qui manquait à mon arsenal pour affirmer mon opposition à la loi 52 quand il dit : «La liberté suprême n’est pas la liberté de mourir mais la liberté de vivre.»

De vivre dans la dignité.

Source : Le Journal de Montréal

 

 

Euthanasie : "On ne répond pas à l’intolérable par l’intolérable"

Alors que le premier Congrès francophone d’accompagnement et de soins palliatifs commence aujourd’hui, mardi 28 juin 2011 à Lyon, La Croix interroge le philosophe Fabrice Hadjadj sur la question de l’euthanasie, dont certains réclament la légalisation en France au nom de la "dignité" de chacun.

Il y a bien sûr un "droit de mourir dans la dignité", souligne Fabrice Hadjadj, mais il faut d’abord se demander : "qu’est-ce que la dignité ?" Utilisé "à toutes les sauces", le terme de "dignité" en vient à être vidé de son sens. Fabrice Hadjadj se dit "frappé par l’idée selon laquelle chacun serait seul juge de sa propre dignité. Comme si le sentiment de ma dignité ne dépendait nullement du regard des autres, comme si je pouvais être entièrement détaché de ceux qui m’entourent". La dignité est livrée à tous les caprices dès lors qu’elle est rendue totalement subjective : il est en effet "très facile de susciter chez quelqu’un le sentiment qu’il n’est plus "digne". [...] Imaginez une grand-mère souffrante ou un jeune homme paralysé, il est facile de les laisser penser qu’ils sont un poids et les pousser à demander qu’on les aide à mourir". Un danger d’autant plus grand dans une société gouvernée par l’efficience et le jeunisme. Légaliser l’euthanasie ne peut aboutir qu’à l’élimination des plus vulnérables et fragiles car en oubliant que la dignité humaine est inconditionnelle, il devient aisé d’extorquer des demandes de mort aux plus souffrants.

Les partisans de l’euthanasie évoquent la liberté de chacun pour justifier une pratique légale de celle-ci. Or, "quelle est la réalité du libre arbitre quand on souffre et qu’on est exclu, quand on n’a plus sa place ?" La volonté de la personne qui demande à mourir étant submergée par la douleur, peut-on "considérer qu’une demande ainsi arrachée est le signe d’une liberté lucide ?" En outre, l’objet de la demande vise la douleur et non l’élimination de soi-même : "on ne demande pas à être supprimé soi-même, mais que la douleur soit supprimée, ou du moins rendue supportable". Du côté du médecin qui aurait à euthanasier quelqu’un, la liberté n’est pas respectée non plus. Il serait doublement aliéné : en tant qu’homme, et en tant que médecin, le but de la médecine étant de soigner et non de tuer.

Si des personnes meurent encore dans des conditions déplorables en France, "on ne répond pas à l’intolérable par l’intolérable - en légalisant la mise à mort !", explique Fabrice Hadjadj. L’enjeu réel est ici de "supprimer les conditions de cet intolérable", ce qui passe par le développement de la recherche médicale pour combattre la douleur physique, la lutte contre l’acharnement thérapeutique, et surtout le soulagement de la douleur morale, car "c’est là la plus grande douleur : l’isolement, la désocialisation, la perte de sens..."

Le temps passé auprès d’un plus faible, d’un souffrant, est considéré comme "contre-productif" dans notre société de l’efficience, pourtant, "il nous ramène à l’essentiel". Certaines sociétés traditionnelles plaçait justement le mourant au centre de la vie du village "parce qu’il était perçu comme un éclaireur, alors que nous, bien au contraire, nous parquons les mourants pour ne pas les voir".

Nous avons pourtant toujours le choix, rappelle Fabrice Hadjadj, qui voit dans le développement des soins palliatifs et les initiatives de solidarité à l’égard des plus vulnérables, la capacité de l’homme d’expérimenter son être propre, comme être de communion. Dans les débats sur la mort, la société doit avoir l’ambition de faire surgir les questions fondamentales du sens de la vie et de la spécificité humaine.

Source : Revue de presse de  Genethique

 

 

Vers une civilisation mortifère?

par Nathalie Elgrably-Lévy Mardi, 27/05/2014

Sur le plan économique, le nouveau gouvernement tient, pour l’instant du moins, un discours intéressant. En revanche, il a perdu définitivement le capital de sympathie que j’avais pour lui en déposant le projet de Loi 52, baptisé Loi concernant les soins de fin de vie.

C’est que, voyez vous, l’expression « soins de fin de vie » est une hypocrisie lexicale. Soigneusement choisie pour inspirée la bienveillance, elle farde qu’il s’agit réellement d’institutionnaliser l’euthanasie. Elle prétend vouloir permettre aux malades de mourir dans la dignité, mais elle vise véritablement à permettre à l’État de tuer dans la légalité.

J’exagère? Le texte de loi contient 70 articles étalés sur 20 pages. Il détermine essentiellement les exigences bureaucratiques des médecins et des établissements offrant l’injection létale. Il met l’emphase sur la technique, mais rien ne traite de l’éthique. À cet égard, l’article 26, paragraphe 4 est si imprécis qu’il pourrait s’appliquer à une infinité de situations. Plus précisément, le texte stipule qu’une personne peut demander l’euthanasie si «elle éprouve des souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions qu’elle juges tolérables».

Or, la douleur est une sensation extrêmement subjective, surtout lorsqu’elle est de nature psychique. Ainsi, dès l’instant où tuer deviendra acceptable, voire légitime, les critères donnant droit à l’injection létale pourraient s’assouplir de manière aussi dangereuse qu’immorale. Au nom de l’équité, de l’égalité des droits et de la «compassion», les législateurs ne devront-ils pas rapidement autoriser l’euthanasie aux personnes handicapées, à celles qui souffrent de maladies chroniques, dégénératives ou mentales, et à celles atteintes de troubles génétiques? Et pourquoi pas également à celles qui n’ont simplement pas envie de vivre pour des raisons qui leur sont propres, mais qui considèrent que leurs souffrances sont insupportables? Après tout, comment pourra-t-on justifier qu’il soit acceptable d’apaiser la douleur des uns tout en restant insensible à celle des autres?

Il faut aussi réfléchir sérieusement aux effets pervers que cette loi pourrait avoir. Considérant qu’une injection de morphine est infiniment plus économique que d’offrir de longs mois de soins palliatifs, ne deviendra-t-il pas immensément tentant pour le système de santé de mal soulager les malades pour les pousser à choisir l’injection létale, et ainsi réduire les coûts et libérer rapidement des lits? Cette possibilité est bien réelle, et il est inconcevable et inquiétant que cette dérive probable ne soit jamais soulevée par la classe politique censée débattre de cette loi. À moins, évidemment, que l’euthanasie ne s’inscrive dans le plan comptable de l’État!

Angèle Arsenault chantait «Je veux toute toute toute la vivre ma vie». Je pense qu’elle exprimait la pensée de tous. Fondamentalement, personne ne veut mourir. La mort n’est envisagée que pour échapper à la douleur, et non à la vie. C’est donc à la douleur qu’il faut s’attaquer, et à rien d’autre! Éliminer, ce n’est pas soulager. Halte à la civilisation mortifère !

Source : fmradiosjuives.com

 

 

par Jean-Marc Dupuis, 18/05/2014

C’est donc cette question qu’il nous faut résoudre de toute urgence.

Que dois-je faire aujourd’hui, non pour éviter la douleur physique puisqu’on sait que les moyens techniques existent désormais dans les centres de soins palliatifs, mais pour éviter la terrible souffrance psychique d’avoir l’impression d’avoir raté sa vie, et de mourir dans l’absurdité et privé de tendresse ?

Il n’existe pour cela à vrai dire qu’un seul moyen : nous concentrer sur la seule tâche qui en vaille la peine, à savoir découvrir et exploiter tous les talents que nous avons pour contribuer, à notre échelle, à embellir le monde.

Chacun, selon sa situation, peut trouver des moyens d’embellir le monde : dès que vous déclenchez un sourire sur un visage, le monde devient plus beau. Dès que vous cuisinez un plat qui répand une bonne odeur, qui réjouit les personnes autour de vous, le monde devient plus beau.

Dès que vous arrachez une mauvaise herbe, que vous taillez un arbuste, le monde devient plus beau. Et si vous parvenez à faire s’épanouir un rang de salades bien vertes, de magnifiques carottes, de beaux poireaux appétissants, le monde devient plus beau encore.

Que dire alors si, sous vos mains, fleurissent des arbres fruitiers, des roses éclatantes, des massifs de rhododendrons ?

Et que dire si vous réjouissez un enfant en lui racontant de belles histoires, en chantant des chansons, en lui apprenant un magnifique poème ?

Que dire, enfin, si, rendant votre maison pimpante et accueillante, vous en faites un foyer de joie et d’amitié, où s’accumulent pour vous et les personnes que vous aimez des souvenirs plein de douces émotions ?

C’est ainsi que vous pourrez peut-être rêver un jour, non de mourir brutalement, sans vous en apercevoir, mais au contraire lentement, calmement, baigné dans une mer… de tendresse.

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis

Source : santenatureinnovation.com

 

 

La médecine efficace contre les douleurs physiques

par Jean-Marc Dupuis, 18/05/2014

S’il nous reste des choses importantes à faire ou à dire avant de mourir, alors nous préférons que la vie se prolonge un peu, et ce d’autant plus que la médecine moderne nous offre aujourd’hui de très efficaces moyens de supprimer la douleur, sans pour autant nous tuer.

Dans le pire des cas, par exemple pour les grands brûlés, on vous met en coma artificiel, avec l’espoir de pouvoir vous réveiller au moins quelques minutes avant le décès pour dire adieu à votre entourage. Dans les cas moins extrêmes, il y la morphine et même, depuis peu dans certains hôpitaux de pointe (John Hopkins Hospital) la psilocybine, un extrait de champignon hallucinogène qui plonge dans un état de grande sérénité, sans pour autant vous faire perdre conscience ni créer de dépendance, lors de traitements douloureux et inquiétants comme la chimiothérapie.

Nous sommes en passe de gagner la bataille de la douleur. Et si, malgré cela, la demande d’euthanasie ne cesse d’augmenter, c’est évidemment parce qu’il y a un autre problème, sous-jacent, et beaucoup plus grave que celui de la douleur.

Ce problème, c’est le fait de mener des vies qui n’ont plus aucun sens.

Le plus inquiétant problème

La vie moderne rend possible, voire courant d’atteindre la fin de sa vie en ayant perdu toute raison de vivre.

On n’a plus aucun désir, aucun espoir, aucune conviction ni croyance. Plus personne ne tient à vous, ni n’a besoin de vous. Vous n’avez plus aucune tâche importante à terminer ; aucun message à transmettre ; plus rien à faire ici, et donc plus aucune raison valable de vivre.

La vie elle-même semble absurde, quand bien même elle serait confortable et sans douleur. Alors si en plus vous êtes un poids pour la société et que vous souffrez, et ce depuis des années et sans espoir d’amélioration, pourquoi vivre un instant de plus ?

Quant à la vie après la mort, soit il n’y a rien et donc rien à redouter. Soit il y a quelque chose et, dans ce cas, autant aller voir tout de suite car ce sera de toute façon plus intéressant qu’ici bas.

Dans ce cadre, il est normal que l’on se soit mis à parler partout d’euthanasie. Puisque la vie ne vaut plus la peine d’être vécue, demandons aux médecins de nous faire mourir tout de suite et sans douleur.

On vous augmente vos doses de morphine, non plus pour atténuer vos douleurs mais dans le but de vous faire mourir, parce que vous estimez, ou vos proches estiment, que votre vie n’en vaut pas la peine, qu’elle n’est « plus digne ».

A suivre

Source : santenatureinnovation.com

 

 

Souhaitez-vous vraiment mourir d’un coup ?

par Jean-Marc Dupuis, 18/05/2014

Celui qui a perdu un proche brutalement, sans avoir eu le temps de lui dire pardon, merci et au revoir, sait combien le deuil est plus difficile, long et douloureux. Sans cesse revient le remords lancinant de n’avoir pas eu le temps de lui dire ces choses si importantes.

Le succès actuel des « assurances-vie » montre que la plupart des personnes qui ont charge de famille craignent que, venant à mourir brutalement, leurs enfants, conjoints ou vieux parents, se retrouvent démunis.

Beaucoup de jeunes familles, où les deux parents travaillent, ont absolument besoin de la présence d’un ou plusieurs grand-parents, dont le décès brutal aurait des conséquences graves pour l’éducation des enfants.

On n’en parle que rarement dans les journaux mais, pour de nombreux employés, il est dramatique que leur chef d’entreprise décède du jour au lendemain. Bien des entreprises ne survivent pas à la mort de leur patron, surtout dans les PME, commerces et entreprises artisanales, privant les clients de prestations sur lesquelles ils comptaient et mettant les employés au chômage.

Réciproquement, ce peut être une catastrophe pour un employeur de perdre du jour au lendemain un salarié qui détenait un savoir clé qu’il n’avait pas pu transmettre.

Si nous réfléchissons un peu, nous nous apercevons donc que, lorsque nous parlons de notre désir de mourir un jour dans notre lit, nous « oublions » de préciser que, bien entendu, il s’agit de mourir une fois accomplies toutes nos tâches, et si possible après avoir passé une dernière soirée dans la tendresse, entouré des personnes que nous aimons, sans laisser de graves conflits ou malentendus non résolus.

A suivre

Source : santenatureinnovation.com

 

 

par Jean-Marc Dupuis, 18/05/2014

Pourquoi se préparer à mourir ?

On voulait d’abord mourir la conscience en paix : avoir le temps de s’être fait pardonner les fautes commises, en réparant les offenses faites à son entourage. Mais aussi, pour toutes les fautes ne pouvant pas être excusées par autrui, demander pardon à Dieu.

Le but était bien sûr de se préparer à entrer dans l’Au-delà. Mais les difficultés de la vie pratique rendaient indispensable de laisser autant que possible ses affaires en ordre, sous peine d’entraîner la mort des personnes qu’on laissait derrière soi. Ainsi, un homme qui terminait le toit de sa maison, ou de creuser un puits, ou de faire les semailles, ou de faire vêler une vache, redoutait de laisser en plan un projet vital pour la survie de sa famille. L’artiste, le savant qui avaient consacré leur vie entière à accumuler un savoir qu’ils étaient les seuls à détenir, craignaient de ne pouvoir terminer une œuvre qui serait irrémédiablement perdue pour la postérité.

C’était une question de responsabilité vis-à-vis du monde que l’on quittait. L’attitude du « après moi le déluge », consistant à mourir sans se soucier de ce qu’il allait advenir ensuite, était considérée comme déplorable. Pendant toute votre vie, vous vous étiez créé des responsabilités en employant des personnes, en mettant des enfants au monde, en engageant des projets. Ces personnes, ces enfants, ces projets allaient continuer à exister après votre mort et il ne fallait pas les compromettre.

Ainsi, très peu de personnes souhaitaient, comme actuellement, avoir dépensé tout leur argent avant de mourir. Au contraire, on avait travaillé et économisé toute sa vie, le but était que cela contribue à laisser derrière soi un monde meilleur. Soit en léguant sa ferme à ses héritiers, pour qu’ils continuent à la faire prospérer et puissent la transmettre, à leur tour, à leurs enfants. Soit, en l’absence d’hériter, on donnait son patrimoine à une bonne œuvre pour améliorer la vie matérielle de pauvres gens, via la construction d’hospices, d’orphelinats ou d’écoles, ou pour améliorer la vie spirituelle de la communauté grâce à la construction d’un édifice public, d’un monastère (pour les plus riches) ou d’un beau vitrail dans une église, d’une peinture ou d’une belle statue, qui pourraient inspirer les générations futures.

Tout cela demandait du temps et de la réflexion, et il valait mieux que la Mort ne vienne pas vous surprendre sans crier gare.

On comprend que, dans cette vision, la question de savoir si l’on allait souffrir avant de mourir paraissait secondaire. Au contraire, si l’on n’avait pas eu le temps de tout faire, par exemple de dire pardon, merci, et au revoir aux personnes que l’on aimait, on était content de gagner des moments de vie supplémentaire, y compris avec une jambe broyée par la roue d’un chariot, une pointe d’arbalète enfoncée dans le ventre, ou le visage gagné par une lèpre affreuse.

Mais au fond, sommes-nous si différents aujourd’hui ?

A suivre

Source : santenatureinnovation.com

 

 

par Jean-Marc Dupuis, 18/05/2014

La mort idéale serait de mourir d’un coup, sans douleurs, sans même avoir le temps de voir la mort arriver.

Ainsi seraient évitées la déchéance, les souffrances préalables et inutiles.

Cette approche, qui nous paraît évidente, ne l’était pas pour nos ancêtres.

La « grâce » d’une bonne mort

J’ai découvert récemment la célèbre « Danse des Morts » du peintre allemand de la Renaissance Hans Holbein.

C’est une série de gravures si fines que vous avez besoin d’une énorme loupe pour en voir tous les détails. Ces gravures représentent des personnages de toutes conditions, de la plus humble mendiante jusqu’au pape, en passant par l’empereur, l’impératrice, les rois et reines, dames et chevaliers, bourgeois et artisans, jeunes filles, servantes et jeunes gens, paysans et paysannes, nourrissons et vieillards. Chacun se fait saisir par un squelette hideux et grimaçant, armé d’une faux, représentant la Mort, avant même de s’être aperçu qu’elle approchait.

Pour nos ancêtres, c’était là l’aspect le plus terrifiant de la mort : qu’elle puisse vous prendre par surprise, à tout moment, au détour d’un chemin, dans votre sommeil, sans que nous n’ayez eu le temps de vous y préparer.

C’est pourquoi il existait des prières, oubliées aujourd’hui y compris des chrétiens pratiquants, pour recevoir « la grâce d’une bonne mort », autrement dit une mort à laquelle on aurait eu le temps de se préparer sur le plan spirituel et matériel.

Que la mort existe et attende tout le monde, il était impossible de l’ignorer à cette époque. Il était rarissime dans une famille de ne pas perdre des enfants en bas âge. Accidents, maladies, épidémies, guerres rendaient la mort omniprésente. À chaque décès, des veilles, cérémonies, processions et habits de deuil rendaient la mort encore plus visible à tous, si besoin était.

Mais le simple fait de vivre à la campagne faisait qu’on côtoyait la mort en permanence, ne serait-ce que celle des animaux. Par contraste, qui, parmi nous, a déjà tué un cochon ou égorgé un agneau de ses propres mains ? Ou même un poulet ou un lapin ? Ce geste, que connaissaient les enfants dès le plus jeune âge, participait à rendre la mort extrêmement familière à chacun.

C’est pourquoi la grande terreur n’était pas de mourir, mais de mourir sans préparation.

A suivre...

Source : santenatureinnovation.com

 

 

Un guide européen sur les traitements de la fin de vie

par Denis Durand de Bousingen, Le Quotidien du Médecin, 05/05/2014

Le Conseil de l’Europe vient de publier un « guide sur le processus décisionnel relatif aux traitements médicaux en fin de vie », destiné à la fois aux professionnels de santé et aux familles, et qui résume en une trentaine de pages les grandes questions éthiques posées par la fin de vie. Élaboré par le Comité de Bioéthique du Conseil de l’Europe, avec l’aide de plusieurs experts dont le Pr Régis Aubry, il propose des repères pour la mise en œuvre du processus décisionnel relatif aux traitements médicaux en fin de vie, notamment dans les cas où le patient n’est plus en mesure d’exprimer un consentement éclairé. Il rappelle les grands principes éthiques et juridiques régissant cette phase de la vie, puis rassemble les références normatives et éthiques en fonction des situations rencontrées et de leurs enjeux.

Le recours aux soins palliatifs encouragé

Il répond enfin aux principales questions posées par ces processus décisionnels en Europe, et propose une large documentation sur le sujet.

Le Conseil de l’Europe, qui a toujours condamné toute forme d’euthanasie et qui encourage le recours aux soins palliatifs depuis de longues années, a organisé plusieurs symposiums et débats de spécialistes européens sur la question de la fin de vie, dont les contributions ont nourri cette publication. Cet ouvrage aidera ses lecteurs à s’orienter face à de nombreuses situations, en leur donnant les moyens d’y répondre de la meilleure manière possible. De plus, il s’inscrit aussi dans la mission de la bioéthique qui est d’ouvrir les débats sur les grands enjeux de la vie et de la science à l’ensemble de la population, et non pas seulement aux spécialistes.

Source : lequotidiendumedecin.fr

 

 

par l'Abbé Dominique Fabien Rimaz, 24/04/2014 (extraits)

L'euthanasie n'a rien d'une mort douce, idéale et pacifiante. L'euthanasie est une mort violente. Elle est une profonde blessure infligée, à la personne qui quitte ce monde, à l'entourage et à toute la société.

(...) Volonté d'atténuer et d'occulter la réalité de la mort, en insistant sur le moyen, et insinuant sournoisement cette idée: de toute façon la personne aurait pu mourir autrement, soit en étant jetée par une fenêtre, soit en recevant une balle dans la tête; mais finalement la personne fut étouffée, bien moins tragique.

(...) Dans le domaine judiciaire, un meurtre restera toujours un meurtre. La peine ne saurait être changée selon le moyen du crime, à savoir si la personne fut poignardée ou étouffée.

Victor Frankl et le "pour quoi" vivre

Victor Frankl, auteur du célèbre livre "Un psychologue dans le Lager", qui a survécu dans un camp de concentration en pensant à l'amour de sa femme, l'a magnifiquement compris: lorsque l'on a un "pour quoi", un projet, une raison de vivre, l'homme peut malgré tout arriver à supporter tous les comment (j'ajoute avec l'aide de la médecine, l'amour et l'aide des autres, la prière et le réconfort des sacrements).

Une société qui tue ses mourants, qui ne soutient guère ses malades, accueille froidement ses personnes handicapés et se débarrasse des personnes âgées et faibles marche tout simplement vers sa mort.

Ne pas être aimé et désiré, c'est déjà subir la mort

Tous les êtres humains ont ce désir: aimer et être aimé. Merci au Pape François d'aimer les petits de notre monde, les malades, les personnes handicapées, les pauvres. Il réchauffe ce monde glacial par la chaleur de sa tendresse et de son amour qu'il va puiser chez Dieu.

Source : lesuisseromain.hautetfort.com

 

 

Faut-il euthanasier ses opposants ?

par Koz Toujours, 9/03/2012 

admd euthanasie opposants

Vous êtes en visite à l'hôpital. Vous entrez dans la chambre de ces trois personnes, mourantes. Quelle est votre réaction spontanée : (a) apaiser leur souffrance et les entourer d'affection ou (b) les piquer ? (*) La réponse donnée est une bonne indication de votre conception de l'humanité.

Pour le commanditaire de cette campagne de publicité, l'ADMD, il n'y a qu'une réponse valable. Et la question qu'elle pose est censée porter en elle sa réponse :

"Monsieur (Madame) le (la) candidat(e), doit-on vous mettre dans une telle position pour faire évoluer la vôtre sur l'euthanasie ?"

L'ADMD postule qu'une unique réponse est possible : l'euthanasie. En postulant également que ces trois personnes n'ont pas pu se mettre en situation pour déterminer leur position, qu'elles n'ont aucune expérience de la vie et de la mort, qu'elles n'ont jamais croisé cette dernière, n'ont connu aucun proche malade, elle feint de croire  qu'une seule option serait possible dès lors que l'on serait informé. Les autres convictions sont celles des gens froids, insensibles, dépourvus d'empathie comme d'intelligence.

C'est qu'à l'ADMD, l'émotion, on connaît. Et l'on n'est pas surpris que cette association ait choisi le pire moment politique pour lancer le plus fondamental débat de société avec une campagne de publicité d'une odieuse violence. On ne sera pas non plus surpris qu'à l'ADMD, la notion de respect de la personne n'ait pas été assez présente pour les retenir d'infliger à ces trois personnes - certes, publiques - la violence de les grimer en mourants.

Puisque l'ADMD soumet déjà l'opinion publique à la dictature de l'émotion, pourquoi ne soumettrait-elle pas les politiques à la pression de l'élection ?! Dans les deux cas, la technique employée devrait alerter les acteurs du débat, et tout citoyen : quel est donc ce besoin d'occulter la raison ? Pourquoi lui préférer l'émotion de cas médiatiques habilement manipulés ? Pourquoi choisir la pression d'une élection présidentielle dont on sait bien (et on le constate chaque jour) qu'elle n'est paradoxalement pas le temps des débats de fond ? De quel débat l'ADMD a-t-elle peur, elle qui se dit forte de sondages attestant d'une quasi-unanimité des Français en faveur de l'euthanasie (à relativiser fortement par leur méconnaissance compréhensible du sujet) ? Elle qui peut également compter sur la position affirmée, quoique confuse, d'un candidat que tous les sondages donnent vainqueur ?

Tugdual Derville vient de publier un livre d'intérêt public : La bataille de l'euthanasie. Comme La Croix s'en faisait l'écho, il est allé au plus près de chacune des "7 affaires qui ont bouleversé la France", pour rappeler, avec une grande humanité, comment à chaque fois on a privé l'opinion publique de sa raison pour la soumettre à l'émotion.

Rappeler comment l'ADMD a soutenu Christine Malèvre jusqu'à écrire: "Est-il aujourd’hui impossible de dire en France, qu’elle a été touchée par la grâce, qu’elle est une sainte moderne qui a sauvé des vies de l’enfer parce que l’enfer est ici bas et qu’il prend la forme de la douleur physique ?". La justice, pourtant clémente en la matière, la condamnera à 12 ans de réclusion criminelle.

Rappeler comme le témoignage des soignants de Vincent Humbert a été écrasé sous le rouleau médiatique pour ne laisser entendre qu'une version. Pourtant, la volonté même d'être euthanasié de celui que la France entière avait prestement condamné à cette fin est mise en doute.

Rappeler que, si Chantal Sébire était certainement une femme d'une volonté admirable, si elle avait certainement ses raisons et le droit de refuser tout traitement et de soigner son cancer au seul paracétamol, son cas ne peut pas servir à engager ce bouleversement anthropologique fondamental que serait la légalisation de l'euthanasie.

Au bout du compte, souligner que si l'ADMD ne trouve pas mieux que des cas qui sont autant de contre-exemples, alors l'opinion doit se ressaisir et revendiquer l'usage de sa raison, contre la manipulation par l'émotion. Et les politiques, refuser le chantage électoral.

*

Cette campagne est d'autant plus odieuse qu'elle est inutile puisque les partisans de l'euthanasie sont en passe d'arriver à leurs fins.

Emmanuel Hirsch souligne ainsi que le Sénat a démarré des auditions "dans la perspective probable d'un vote expéditif de la proposition de loi relative à l'assistance médicalisée pour mourir présentée le 31 janvier 2012 par le groupe socialiste et les apparentés".

Il ne manquera plus qu'un vote de l'Assemblée Nationale nouvellement composée pour que l'euthanasie soit légalisée en France.

Parce que, en période de crise budgétaire, c'est une mesure qui ne coûterait rien, elle pourrait tout à fait se retrouver à l'ordre du jour de la première session parlementaire. Pour le symbole.

Et les parlementaires voter cet été l'hiver de notre humanité.

De cela aussi, les électeurs doivent être conscients.

(*) La question est sommairement posée, je le reconnais. Disons que l'on reste ainsi dans l'ambiance de la campagne.

Source : koztoujours.fr

 

 

Pourquoi les pentes glissantes de l’euthanasie ne peuvent être évitées

par Margaret Somerville, 05/03/2014, MarcatorNet, traduction par Campagne Québec-Vie

Madame Margaret Somerville est un éminente éthicienne, ayant fondé le Centre de médecine, d'éthique et de droit de l'université Mc Gill à Montréal. Elle nous met en garde contre les dérives inévitables que la légalisation de l’euthanasie entraînera, mettant en danger les personnes les plus vulnérables de notre société. Nous devons l’écouter !

(…) Les pentes glissantes, logiques et pratiques, de l’euthanasie sont inévitables et inéluctables, parce que ces conséquences sont intégrées dans l'acte de légalisation par l’intermédiaire de sa justification d'infliger la mort. Une fois que nous avons traversé la frontière claire de l’interdiction de tuer intentionnellement une autre personne, il n'y a pas de point d'arrêt logique.

Je m'explique.

Lorsque l'euthanasie est légalisée pour la première fois, d'habitude la justification nécessaire et suffisante pour ouvrir une brèche dans cette frontière, est une justification conjuguée, composée du respect de l'autonomie individuelle et du soulagement de la souffrance. Mais à mesure que les gens et les médecins s’habituent à l'euthanasie, ils se demandent : « Pourquoi pas juste le soulagement de la souffrance ou le respect de l'autonomie seulement? », et ces arguments deviennent des justifications alternatives.

Or, isolée, la justification du soulagement de la souffrance permet l'euthanasie de personnes incapables de donner leur consentement. Les défenseurs de l’euthanasie soutiennent en effet que permettre l'euthanasie, c’est faire du bien à des personnes souffrantes mentalement compétentes; par conséquent, il est injuste d’en refuser l’accès aux personnes souffrantes mentalement incompétentes, incapables de consentement, car c’est de la discrimination basée sur le handicap mental. Donc, les personnes souffrantes atteintes de démence, les bébés ou les enfants nés handicapés devraient avoir accès à l'euthanasie, comme nous venons de le voir légalement autorisé en Belgique.

Et si chacun possède sa propre vie et que personne d'autre n'a le droit de se mêler des décisions de chacun à cet égard, ainsi que les défenseurs pro-euthanasie le prétendent aussi, alors le respect de l'autonomie de la personne est une justification suffisante pour l'euthanasie. Autrement dit, la personne n’a pas besoin de souffrir pour y avoir accès, d'où la proposition des Pays-Bas que l'euthanasie soit disponible pour les « plus de 70 ans qui sont fatigués de la vie.»

Et une fois que la justification initiale de l'euthanasie est élargie, pourquoi ne pas permettre d'autres justifications, par exemple, la réduction du coût des soins de santé, en particulier en  présence d’un vieillissement de la population? Jusqu'à très récemment, il s'agissait d'une question taboue. Maintenant, elle est évoquée à propos de l'euthanasie. C'est anecdotique, mais un étudiant en dernière année de médecine, dans une classe où j'enseignais, s’est mis très en colère parce que je rejetais son allégation —insistante — que la légalisation de l'euthanasie est essentielle pour réduire le coût des soins de santé d'une population vieillissante.

La pente glissante pratique est inévitable parce que la familiarité avec l’acte d’infliger la mort nous fait perdre de vue l’énormité de ce que l'euthanasie implique : tuer un autre être humain. La même chose est vraie si l’on fait de l'euthanasie un acte médical.

En résumé, la familiarité avec l’acte d’infliger la mort et la transformation de l'euthanasie en un acte médical rendent toutes deux beaucoup plus probables, et même, je crois, inévitables, leurs prolongements logiques et leurs abus. Cela signifie que nous devons nous tenir fermement derrière la frontière claire qui établit l’interdiction de nous tuer intentionnellement les uns les autres, en rejetant la légalisation de l’euthanasie.

Source : Campagne Québec Vie

 

 

Soirée de réflexion sur le projet de loi «Mourir dans la dignité»

par La Nouvelle Union, Québec, 31/03/2014 (extraits)

À l’invitation des responsables de l’unité pastorale de Victoriaville, quelque 250 personnes se sont rassemblées à l’église Sainte-Famille le vendredi 28 mars en soirée pour réfléchir sur le projet de Loi 52 «Mourir dans la dignité». À tour de rôle, les deux conférenciers et la conférencière invités ont succinctement et brillamment cerné le sujet en attachant ensemble les aspects éthiques et juridiques avec les aspects plus pratiques des soins palliatifs à développer.

Peu de voix, hormis celle des évêques du Québec, se sont récemment élevées pour susciter un regard de foi face aux questions éthiques entourant la fin de vie. M. Bernard Keating, professeur de l’Université Laval, a d’abord établi les distinctions à faire dans le vocabulaire : acharnement thérapeutique, euthanasie, refus de traitement, sédation palliative ou terminale, soins palliatifs, suicide assisté.

Dans sa «typologie des gestes qui pourraient contribuer à la mort», M. Keating s’est plus longuement attardé aux cas, plus fréquents, où on est confronté à l’arrêt d’un traitement quand celui-ci est un support à la vie : «On débranche où on ne débranche pas?». Notre devoir de préserver la vie de l’autre a certaines limites. Comme l’écrivait le pape Pie XII, «On n’a pas l’obligation d’accepter des moyens extraordinaires». Entendons par là des moyens qui imposent sur soi-même et sur les autres une charge trop lourde. «Il y a un juste milieu à trouver entre acharnement et abandon» de préciser M. Keating avant d’ajouter que «c’est l’intention qui compte». En augmentant la dose de morphine, l’intention est de soulager la souffrance, pas de donner la mort. Et la foi nous apprend que la souffrance peut avoir un sens.

Il nous faut résister à la tentation de vouloir régler le débat «à partir d’un seul principe» comme, par exemple, celui de l’autonomie : «Comme si une personne en perte d’autonomie perdait son droit d’exister». Une confusion règne entre la compréhension de l’autonomie fonctionnelle et la dignité. On ne perd pas sa dignité la journée où on a besoin d’aide. La dépendance les uns des autres fait partie de notre condition humaine. La dignité fondamentale d’une personne tient au fait qu’elle est une personne. Cette dignité constitue le socle des droits humains et tous nos devoirs moraux sont là pour la respecter.

Étonnamment, l’idée du «caractère sacré de la vie» n’est pas une idée traditionnelle de l’Église catholique. L’éthique de l’Église catholique se base plutôt sur la conviction que c’est Dieu qui «donne la vie» et c’est Dieu «qui la reprend». Ainsi, un homicide serait un crime contre la souveraineté de Dieu et non contre le caractère sacré de la vie.

Le deuxième conférencier est interniste à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska. Le Dr Claude Richard a d’abord partagé sa fierté que 50% des gens de la région puissent bénéficier de soins palliatifs à domicile, ce qui est cinq fois plus élevé que la moyenne québécoise. En tant que médecin, M. Richard a soumis que la morphine demeure pour l’instant le médicament le plus approprié pour soulager les malades en phase terminale. ... En faisant de l’aide médicale à mourir «un soin», on l’a fait passer dans la législation provinciale plutôt que fédérale, mais personne n’a démontré en quoi l’aide médicale à mourir peut constituer un soin. Selon le Dr Richard, trop de personnes malades se voient comme «un poids» pour leurs proches et souhaiteraient recourir à l’euthanasie pour les libérer de cette charge. Le rapport de confiance avec le médecin traitant est primordial.

La troisième conférencière, Mme Nicole Deshaies nous a transmis son enthousiasme pour cette belle réalisation collective qu’est la Maison Marie-Pagé de Victoriaville. Les personnes en fin de vie et leurs proches y trouvent gratuitement des services adaptés à leur condition. La philosophie de l’établissement et ses valeurs s’inspirent de celles de Sr Marie Pagé, fondatrice de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska. Offrant un compromis entre les soins palliatifs à domicile et les mêmes soins à l’hôpital, la Maison Marie-Pagé peut compter sur une soixantaine de bénévoles formés, trois médecins désignés et un personnel infirmier dévoué. «Le caractère naturel de la mort est perçu comme une expérience humaine qui peut conduire à des occasions de croissance et d’accomplissement», a-t-elle conclu.

Bref, malgré le sérieux et la gravité du sujet, une agréable soirée toute en nuance et parfois même en humour. Quand sonne l’heure de l’ultime passage, la citation de M. Bernard Keating traduit bien l’essentiel du message : «Guérir parfois, soulager souvent, réconforter toujours».

Source : lanouvelle.net

 

 

De l’euthanasie : Main secourable, main assassine

par Nicolas Martinet, cyrano.net, 28/03/2014

Le nourrisson qui tète le sein de sa mère aime de sa petite menotte saisir le doigt de sa maman, doigt qui le rassure. Lorsque les premiers pas arrivent, la petite main se glisse dans celle du Papa pour une marche plus assurée.

L’adolescent désemparé, en quête de sécurité que la société n’est plus en mesure de lui apporter, recherche désespérément auprès d’un parent ou d’un ami cette main à saisir qui l’empêchera de  commettre l’irréparable en cherchant refuge dans le vide de l’alcool, de la drogue ou pire du suicide.

Tout au long de la vie lorsque la détresse vous saisit au détour du chemin, c’est immédiatement la main que l’on tend dans l’espoir d’une main secourable.

La main, dernière partie du corps que l’on peut apercevoir lorsque quelqu’un se noie parce qu’aucune main secourable n’a pu la saisir. C’est ainsi dans tous les naufrages de la vie, la main du malade souffrant dans son lit et qui attend un réconfort, celle du chômeur qui sonne désespérément à toutes les portes fermées ou celle du sans-logis qui se tend pour demander l’aumône.

À la fin de la vie, sur un drap blanc, alors que tout le corps devenu inerte annonce la mort prochaine la main reste et demeure le lien privilégié qui relie à la vie. Mais y a-t-il toujours une main bienveillante pour la saisir, la caresser. Ne verra-t-on pas bientôt cette main emplie de douceur et de compassion être remplacée par cette main mortelle porteuse du cocktail assassin qui viendra pour seule réponse à ces appels parce que l’économie supplantant l’humain en aura décidé ainsi. Ce vieux qui va mourir dans quelques heures ou dans quelques jours coûte cher. Alors, pourquoi cette souffrance inutile, pourquoi cette attente sans but, le supprimer c’est laisser une place pour le suivant et doucement le génocide se met en route, caché derrière les bonnes consciences.

Savons-nous encore, à la main tendue, appel d’amour, tendre une main qui soit une main tendresse, une main patience, une main prière, une main pour aider doucement à quitter cette vie, comme l’on y est entré quelques décennies plus tôt, accompagné d’une chaleur humaine. Chaque fois que nous le pouvons, tendons une main qui soit signe d’amour, qui soit signe de l’Amour qui est le seul à pouvoir mettre fin à cette culture de mort qui ronge peu à peu notre beau pays.

Témoignage.

A propos de Nicolas Martinet
Directeur de la maison de retraite Saint-Antoine à Desvres, auteur de : « Le grand âge est à l'abandon ! Propositions pour éviter le pire » aux éditions Salvator

Source : cyrano.net

 

 

Le projet de loi sur l'euthanasie est une prescription pour les décès prématurés des personnes vulnérables

par CNW Telbec, 30/03/2014

L'euthanasie entraînera des répercussions irréparables et ne doit pas être légalisée au Québec. L'examen des répercussions de la légalisation de ces procédures démontre clairement que les garanties et les contrôles ne fonctionnent pas et l'euthanasie ouvre la porte toute grande pour inclure :

  • les personnes déprimées, un groupe qui est maintenant euthanasié dans les Pays-Bas et en Belgique;
  • les enfants où la loi a été récemment adoptée en Belgique et est tolérée aux Pays-Bas. Cette pratique est actuellement recommandée par la Commission des droits et de la jeunesse du Québec.

En outre, l'euthanasie provoque le décès prématuré de personnes en raison des circonstances suivantes:

  • des diagnostics incorrects
  • des erreurs de prédiction sur la durée restante de la vie
  • Les patients souffrant d'une affection très lourde peuvent être euthanasiés sur demande du patient lui-même ou du personnel médical et / ou des membres de la famille.

Aucun système de surveillance ne peut éviter les dérapages. En Belgique, il existe une commission pour surveiller les dommages collatéraux de cette législation. Il est clair que cette commission s'est montrée impuissante à imposer des mesures correctives dans  les cas suivants:

  • En Belgique, 32 % des patients n'ont pas donné un libre consentement (Journal de l'Association médicale canadienne, 2010) et 47% des cas d'euthanasie n'ont pas été signalés aux autorités concernées ( British Medical Journal , 2010) .
  • Les personnes déprimées et celles qui sont épuisées sans aucune maladie physique sont euthanasiées.

L'euthanasie ne devrait être une option pour une personne.

Pour ceux qui sont en phase terminale, de la compassion et des soins palliatifs adéquats sont des moyens efficaces pour accompagner nos proches en fin de vie. Malheureusement, seulement aussi peu que 20 % des gens ont accès aux soins palliatifs au Québec.

Coalition des médecins pour la justice sociale

Source : newswire.ca

 

 

par Gaëlle Bertrand, 25/03/2014

Les « questions de la contraception, de la sexualité, de la régulation des naissances, de l’avortement, du clonage, du statut de l’embryon humain, de l’euthanasie (...) » sont devenues des sujets d’inquiétude en Afrique. La vie est sacrée pour l’Africain...

Le 15 mars s’est tenu à Ouagadougou un colloque international de bioéthique. L’euthanasie et la procréation assistée furent au cœur des échanges.

« Les problèmes que pose aujourd’hui la bioéthique provoquent et ne peuvent laisser muet ». C’est par ce difficile constat que le Professeur Jacques Simpore, aussi religieux camillien, justifie le colloque international de bioéthique qui s’est tenu à Ouagadougou le 15 mars dernier.

Organisé à l’occasion des 400 ans de la mort de leur fondateur, Saint Camille de Lellis, les Camilliens (ou « serviteurs des malades ») ont voulu mettre en avant les nouvelles problématiques que rencontrent les soignants africains. Le colloque a été l’occasion de revenir plus précisément sur les thèmes de l’éthique médicale, de la procréation assistée et de l’euthanasie. L’Eglise du Burkina et Monseigneur Justin Kientega précisent ainsi que l’objectif est de développer à cet égard des « initiatives courageuses pour notre Église et notre pays ».

Les « questions de la contraception, de la sexualité, de la régulation des naissances, de l’avortement, du clonage, du statut de l’embryon humain, du VIH-sida, de l’euthanasie (…) » sont effectivement devenues des sujets d’inquiétude en Afrique. Ces thématiques, qui étaient jusqu’à présent plutôt cantonnées à l’Occident, s’élargissent désormais au continent africain et ne vont pas sans poser quelques problèmes : elles sont en profonde contradiction avec la culture africaine et sa conception de la vie.

Si l’euthanasie n’est pour l’instant pas légalisée sur le continent, l’homme de culture Titinga Pacérée, a exprimé le malaise qui entoure la question car « la vie est sacrée pour l’Africain. A mon sens, il n’est pas possible dans une situation concernant l’Afrique, qu’il y ait l’euthanasie. Je sais qu’il y a des peines de mort, je sais qu’il y a des exécutions et de graves violations des droits de l’homme en matière de vie. Un homme qui souffre fait pitié,  mais qu’on se décide à le tuer, cela n’est pas l’Africain. »

Lors du colloque, le Dr Paul Ouedraogo, Vice Provincial des religieux camilliens au Burkina, a aussi présenté la lettre encyclique « Humanae Vitae », écrite par le Pape Paul VI en 1968 sur le mariage et la régulation des naissances. Pour le médecin, cette lettre est « l’acte fondateur et interrogateur sur les enjeux des questions éthiques de notre temps ».

Il souhaite ainsi que l’appel de l’Eglise à un « choix courageux de l’amour et de la responsabilité face à la vie » « continue d’être une réalité chez nous, en vue de combattre l’esprit de profit qui gouverne certaines décisions internationales combien déstabilisatrices de nos valeurs traditionnelles en matière de respect de la vie ».

Gaëlle Bertrand

Source : cameroonvoice.com

 

 

Donnons-lui envie de vivre ! Réponse à Monsieur Comte-Sponville sur l’euthanasie

par Cyril Brun, cyrano.net, 20/03/2014, 3ème partie

1ère partie : Euthanasie et société

2ème partie : Dignité de la vie humaine

Un rapide survol des arguments présentés par M. Comte-Sponville, nous montre qu’il se situe à un tout autre niveau et que sa pensée profondément imprégnée par un certain libertarisme excessif du monde actuel ne considère pas l’homme en vérité, mais seulement son rapport au monde.

Premier argument :

Celui pour lequel il faut une loi, c’est l’idéal républicain. On ne peut pas accepter qu’une loi soit régulièrement et publiquement violée sans sanction. A chaque fois qu’un médecin, des dizaines de médecins aujourd’hui disent « j’ai pratiqué l’euthanasie, je pratique l’euthanasie, je vais continuer », aucun n’est sanctionné. C’est un mauvais coup contre la République, contre la démocratie, contre l’éducation de nos enfants. Il faut, soit sanctionner ces médecins, soit changer la loi. Je propose qu’on change la loi.

Donc la République repose sur le principe législatif suivant : commettre en nombre des actes illégaux jusqu’à ce qu’ils deviennent légaux ? Donc la république est un socle mouvant sur lequel rien de stable ne peut se fonder ? Voilà de quoi donner du grain à moudre pour les antirépublicains et vider de toute substance les fondements du droit.

Deuxième argument :

L’euthanasie existe de fait et elle est très loin d’être exceptionnelle. Je rappelle les chiffres donnés par le professeur François Lemaire qui dirige le service de réanimation de l’hôpital Henri Mondor : sur 50 % des décès dans les services de réanimation, 50 % relèvent de l’euthanasie passive, et 10 % du total relèvent de l’euthanasie active, à savoir d’injections avec intentionnalité de décès. C’est considérable, 10% ! Autrement dit, quand bien même l’euthanasie resterait une exception pour la très grande majorité des médecins, à l’échelle de la société ce n’est plus une exception. Dès lors, on ne peut plus accepter de laisser cette question dans le silence de la loi.

La loi n’est pas silencieuse. Se donner la mort est un suicide, donner la mort est un meurtre. Il suffit d’appliquer la loi pour pallier à ce second argument. Un tel argument est donc irrecevable. La république a déjà légiféré. Avec de tels argumentaires, nous pouvons nous poser la question suivante, le nombre d’actes pédophiles débouchera-t-il un jour sur une légalisation de l’exception ?

Troisième argument :

Faire une loi sur l’euthanasie est la seule façon de la contrôler réellement et de combattre d’éventuelles et déjà réelles dérives. On ne dira jamais assez qu’il y a dans nos pays des services où l’on pratique l’acharnement thérapeutique, c’est vrai, mais aussi d’autres services où l’on pratique l’euthanasie à la sauvette et de manière abusive. On m’a rapporté un nombre énorme de cas de patients conscients, euthanasiés sans qu’on leur demande leur avis. Ce n’est pas de l’euthanasie, c’est un assassinat ! La seule façon de contrôler l’euthanasie, c’est qu’il y ait une loi : dès lors que l’euthanasie est censée ne pas exister aucun contrôle n’est possible. Comment voulez-vous contrôler le néant ? Reconnaissons que l’euthanasie existe, légiférons justement pour combattre le risque de dérive et pour instaurer un certain nombre de contrôles en amont et en aval. De ce point de vue, les exemples des Pays-Bas et de la Belgique sont tout à fait intéressants.

Il s’agit encore de légiférer sur l’exception ce qui nous renvoie au point précédent. La réponse à cet argument semble bien au contraire dans l’organisation des contrôles, par une éthique et une véritable application de la loi. Le problème que soulève M. Comte-Sponville est finalement un simple problème judiciaire. Il conviendrait donc plutôt d’organiser une action pour l’application scrupuleuse de la loi.

Quatrième argument :

Le plus désagréable, le plus glauque, mais enfin il faut bien en parler aussi. C’est le coût économique de l’acharnement thérapeutique. Un médecin me disait que la moitié de ce que dans notre existence, nous allons coûter à la Sécurité sociale, nous le lui coûterons dans les six derniers mois de notre vie. Quand c’est pour six mois de bonheur, ou simplement de bien-être relatif, ceci vaut largement le coût. Quand c’est pour six mois d’agonie pour quelqu’un qui, au contraire, supplie qu’on l’aide à mourir, je trouve que c’est payer un peu cher ces six mois de malheur et d’esclavage.

La France périt aujourd’hui d’une confusion dans le langage de ses élites. Malheur et souffrances ne sont pas la même chose. L’accompagnement de la fin de vie a vu se multiplier de très nombreuses initiatives qui révèlent que c’est la souffrance morale, celle de l’abandon et de la relégation comme un être inutile et pesant que veulent combattre les personnes qui souffrent. Aimer quelqu’un, lui donner d’être attentif aux autres, ne coûte rien. .. Sauf en investissement personnel.

L’acharnement thérapeutique demande aussi une meilleure application et peut-être un meilleur encadrement législatif, c’est une évidence. Mais ce n’est pas parce qu’il manque d’huile dans les gongs de la porte qu’il faut jeter toute la porte.

Cinquième argument :

Un argument de justice sociale. On ne peut accepter qu’il y ait dans notre pays une mort à deux vitesses. Certains, parce qu’ils ont les moyens de choisir leur clinique, parce qu’ils connaissent des médecins à l’inverse d’autres, des millions de gens qui ne sont pas maîtres de leur mort, me paraît un scandale social.

Traduit, un tel argument revient à dire que se suicider, acte privé et personnel qui ne concerne pas la société doit être pris en charge par la société. L’euthanasie ne concerne pas le bien commun et pas même l’intérêt général, sauf à dédouaner les responsabilités médicales et familiales de solidarité élémentaires. C’est une décision privée.

Dernier argument :

Nous ne pouvons pas laisser aux médecins ni aux proches des malades le poids d’une telle responsabilité, ou en tout cas, et pour mieux dire, nous ne pouvons pas les laisser porter seuls cette responsabilité. Personne ne peut bien sûr les en dispenser, mais il faut au moins que le corps social, c’est-à-dire la démocratie donc la loi dans l’Etat de droit, assume collectivement cette responsabilité afin que les médecins, d’une part, et les proches, d’autre part, puissent ensuite individuellement assumer la charge qui leur revient.

Cet ultime argument illustre la réponse au précédent, il s’agit bien de dédouaner et donc de déresponsabiliser les premiers concernés. Le rôle de la loi dans un Etat de droit est de régler les relations humaines de cet état et non de se substituer aux responsabilités personnelles. La vie doit être protégée parce qu’elle est le fondement même de la dignité humaine. Porter atteinte à la vie reste et restera toujours une atteinte à la dignité humaine intrinsèque, que la loi l’autorise ou non. La loi n’est pas là pour inventer la dignité humaine, mais pour la protéger, ce qui suppose de la considérer en vérité. Faire une loi pour l’exception, c’est ouvrir la porte à toutes les exceptions. Ce fut le cas des lois sur l’avortement, sur la manipulation embryonnaire etc. C’est aussi un aveu d’impuissance de la part de l’Etat, à faire respecter la loi et à tenir son rôle de garant du Bien Commun.

A propos de Cyril Brun 
Directeur de la rédaction du site Cyrano.net, docteur en histoire, chargé de cours à l'université de Quimper, chargé de TD à l'université de Rouen, chef d'orchestre, critique musical

Source : cyrano.net

 

 

Donnons-lui envie de vivre ! Réponse à Monsieur Comte-Sponville sur l’euthanasie

par Cyril Brun, cyrano.net, 20/03/2014, 2ème partie

1ère partie : Euthanasie et société

Réponse aux « Six raisons de légiférer par André Comte-Sponville »

« Certes, c’est la vie qui vaut, mais elle vaut d’autant plus qu’elle est davantage libre. C’est en ce sens que le Comité consultatif national d’éthique a raison de parler d’une exception d’euthanasie. Qui dit exception dit règle. La règle, évidemment, c’est le respect de la vie humaine, mais respecter vraiment la vie humaine c’est aussi lui permettre de rester humaine jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la mort inclusivement ».

La vie vaut d’autant plus qu’elle est davantage libre. Cela suppose de s’entendre sur le terme de liberté. J’ai plus d’argent donc je suis plus libre de dépenser donc je suis plus libre que mon voisin qui a moins. La liberté étant liée à la dignité humaine, (ne l’entendons-nous pas si souvent de nos jours ?) la dignité humaine se trouve donc dépendante de la liberté, autant dire qu’une vie moins libre, est moins digne et donc vaut moins. C’est bien le soubassement de l’argument en faveur de l’euthanasie. Cet argument est extrêmement dangereux, car il a montré ses nombreuses dérives. (Voir le paradigme de l’OMS de 1995 qui a justifié les campagnes de stérilisations massives dans les pays émergeants), La dignité humaine semble ne reposer que sur certains attributs et non sur la nature même de l’homme. Un homme qui ne pourrait, pour une raison ou pour une autre, ne fût-ce que financière, faire valoir sa liberté sur le choix de sa mort ne serait plus digne alors ? Nous sommes ici la proie des amalgames affectifs. La dignité ne repose pas sur ma capacité de choisir ma vie, ma mort, mais sur le fait que je suis un être humain. L’oublier, c’est faire le jeu de l’instrumentalisation de l’homme. Ainsi, le marxisme ne fait-il pas du fondement de la dignité humaine, son utilité pour la société ? Le capitalisme ultralibéral, ne réduit-il pas la dignité humaine à sa capacité productive ? Comment concevoir qu’un homme perdrait sa dignité parce qu’il n’est pas ou plus bon à rien ?

Nous confondons le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur les autres avec la vérité profonde de l’homme. Ce n’est pas parce que je redoute personnellement l’affaiblissement ou la débilité de mon corps et de mon esprit ou que je suis mal à l’aise en les voyant gangréner peu à peu un proche, que cela change la vérité profonde de cet être. Or quelle est la vérité profonde d’un être, c’est précisément qu’il est humain avec ses grandeurs et ses limites. Même privé de liberté, il reste un homme avec toute sa dignité. Même emprisonné, même dément, il reste un être humain égal en dignité à tous les autres. La vie ne se mesure pas en termes de valeur ou de liberté. Elle ne se mesure pas, elle est. Et elle est une réalité contre laquelle personne ne pourra jamais rien, la vie n’est pas un concept idéal ou modélisable. La vie est. Je ne la maîtrise pas, car je n’ai pas décidé de vivre, je n’ai pas décidé d’avoir tel ou tel gène, tel ou tel parent. La vie se reçoit ou se refuse. Je peux refuser la vie, c’est ma liberté. Mais cela ne changera rien à ce qu’est la vie, à ce qu’est ma vie. Ce n’est pas en acceptant ou refusant la vie que je lui donnerai ou lui retirerai plus ou moins de valeur. Mon choix privé face à ce que je fais de ma vie n’a pas d’impact sur ce qu’est la vie. On ne peut donc fonder intelligemment un argumentaire pour ou contre l’euthanasie sur la valeur de la vie, car l’euthanasie porte non sur la vie, mais sur le rapport que l’on avec la vie, avec sa vie. Il peut être, à vue humaine, fondé de dire je ne veux pas vivre ainsi et donc je souhaite mourir. Mais il est infondé de vouloir changer la nature de ce qu’est la vie pour se donner les arguments de mourir. L’argument unique de l’euthanasie est ‘je ne veux pas ou plus vivre’. Les raisons de vouloir ne plus vivre sont toutes particulières et la décision demeurera toujours personnelle. C’est ma vie et c’est moi qui n’en veux plus et qui décide d’en finir. Cela s’appelle un suicide. Il est de la seule responsabilité de celui qui veut mettre fin à ses jours. En aucun cas, il ne concerne la société.

« Respecter vraiment la vie humaine c’est aussi lui permettre de rester humaine jusqu’au bout. » A partir de quand n’est-on plus un être humain ? Y a-t-il donc un moment où l’homme cesse d’être un homme ? Que devient-il alors, une bête, un végétal, un minéral ? La personne humaine se caractérise fondamentalement par une capacité de relation réciproque avec les autres. Pour être humaine en vérité, cette relation est une relation amoureuse. Tant que la personne est aimée et qu’elle sent cet amour, sa dignité n’est pas remise en cause. Mais quand elle se sent un poids parce que l’hôpital a besoin de lit, parce que les enfants considèrent comme une corvée de venir lui témoigner son amour, alors on peut se poser la question de la dignité humaine. Ce n’est pas cette personne qui perd sa dignité, mais ce sont ses proches qui ne se comportent pas humainement. C’est tout différent. Un hôpital qui est un mouroir, une maison de retraite qui dispense les enfants d’entourer les personnes âgées, voilà qui est contraire à la dignité de la personne humaine.

La souffrance fait partie intégrante de la personne humaine, ainsi que la dégradation biologique. On n’est pas moins humain parce qu’on souffre ou parce qu’on est devenu débile. Cette conception malthusienne et libertaire s’est malheureusement infiltrée à tous les niveaux de la pensée. On peut se sentir moins humain lorsqu’on est regardé comme un poids, comme inutile. La question fondamentale n’est pas la dignité intrinsèque de la personne diminuée, mais celle du rapport que les autres ont avec cette personne diminuée. Rapport de gênes, de pesanteur, de honte et de peur. Gênes face à la souffrance que l’on refuse de nos jours, pesanteur de l’abnégation personnelle que suppose aimer un être qui souffre, honte de son incapacité à aimer, peur de se voir soi-même ainsi déconsidéré par le regard des autres.

A suivre...

A propos de Cyril Brun :
Directeur de la rédaction du site Cyrano.net, docteur en histoire, chargé de cours à l'université de Quimper, chargé de TD à l'université de Rouen, chef d'orchestre, critique musical

Source : cyrano.net