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Euthanasie – Jean-Marie Le Mené : « L’opinion obéit par peur à la pensée dominante »

par Antoine Pasquier, 01/07/2014

Pour le président de la Fondation Jérôme-Lejeune, l’affaire Vincent Lambert confirme les faiblesses congénitales incluses dans la loi Leonetti, qui permet de faire mourir de faim et de soif sous couvert d’acharnement thérapeutique.

Le Conseil d’État a ordonné le 24 juin l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert. Cette décision ne signe-t-elle pas une forme de renoncement, voire de violence, face à la vulnérabilité humaine ?

Cette décision est conforme à une loi, portée par le député UMP Leonetti, qui date de 2005. On fait semblant de découvrir aujourd’hui qu’elle permet l’euthanasie. En 2005, la Fondation Jérôme-Lejeune a compté parmi les rares observateurs à déplorer que cette loi, dont tout le monde se félicitait, permette l’euthanasie, en assimilant arrêt de l’hydratation et de la nutrition à un refus d’acharnement thérapeutique, c’est-à-dire en confondant des soins qui sont toujours dus avec des traitements qui peuvent être suspendus. À l’époque, cette observation n’était pas politiquement correcte, mais elle était juste, on le voit aujourd’hui. S’il y a renoncement, il ne date donc pas d’aujourd’hui mais de 2005.

En revanche, je ne crois pas que la société, dans son ensemble, soit solidaire de ce renoncement. Si on lui explique mal, elle comprend mal et elle répond mal aux sondages qui nous diront invariablement que l’euthanasie est une demande sociale. En laissant croire à l’opinion, comme s’y emploient la majorité et l’opposition, que dans l’affaire Lambert, il n’est pas question d’euthanasie mais de refus de l’acharnement thérapeutique, on ment. L’effet de ce mensonge est qu’on peut désormais donner la mort sans tuer.

En s’appliquant à des personnes lourdement handicapées, la loi Leonetti ne montre-t-elle pas ses limites ?

La loi Leonetti ne montre pas ses limites aujourd’hui, elle avait des faiblesses congénitales. Elle a introduit des imprécisions et des confusions, alors que le code de déontologie médicale était suffisant. Ainsi elle ne donne pas de définition précise de l’euthanasie ; elle n’établit pas de distinction claire entre le refus d’un traitement disproportionné et l’euthanasie par omission, pas plus qu’entre soin et thérapie ; elle ne donne pas de définition des traitements, laissant entendre que l’alimentation peut être considérée comme un traitement.

Dans la culture contemporaine qui évacue la souffrance et la mort parce qu’elle n’en comprend plus le sens, le juge hérite d’une marge d’interprétation réduite. C’est ce que montre le cas de Vincent Lambert qui n’est pas en fin de vie et dont personne ne dit qu’il est en proie à des souffrances intolérables. Vincent Lambert est devenu handicapé, avec un degré de conscience diminué, à la suite d’un accident. Il vit d’une vie qui n’est pas petite, mais qui est la sienne. La société, nous dit-on, n’est plus prête à poser son regard sur des vies qui, à ses yeux, ne valent pas la peine d’être vécues.

La cour d’assises de Pau a acquitté, le 25 juin, le Dr Bonnemaison, poursuivi pour empoisonnement à l’encontre de sept de ses patients. La décision des jurés ne reflète-t-elle pas l’état d’esprit de nos concitoyens sur la question de la fin de vie ?

Je ne pense pas que la décision des jurés reflète le fond du cœur des gens. Il faut bien voir que nous sommes tous plus ou moins victimes d’un terrorisme compassionnel permanent qui inhibe la faculté d’appréhender la vérité. On nous recommande abusivement de pratiquer une sorte d’irénisme en décalage avec la violence qui nous est imposée. Autant ces injonctions sont pertinentes s’agissant des personnes, autant elles sont dangereuses s’agissant des principes.

À l’évidence, il doit être dénoncé qu’un empoisonneur ait fait l’objet d’un soutien aussi obscène que celui de Bernard Kouchner et aussi pathétique que celui de Jean Leonetti. Si l’appréciation morale d’actes homicides n’est plus possible, n’est plus exprimée, n’est plus reçue, et cela au nom d’une pitié fallacieuse, comment voulez-vous que l’opinion s’y retrouve ? Elle obéit par peur et par commodité à la pensée dominante.

Mais que nos contemporains soient en accord avec une justice qui, dans le même temps, condamne un malade et acquitte un homicide, cela, je ne puis l’imaginer.

L’Église a été très silencieuse sur ces deux affaires. Sa voix n’est-elle pas attendue avec force sur un sujet qu’elle maîtrise bien par ailleurs ?

Il faut distinguer le plan doctrinal et le plan pastoral. L’enseignement magistériel de l’Église existe et il est très clair. On avait même l’habitude de dire : il est connu de tous, ce n’est pas la peine de le répéter sans cesse. C’était peut-être encore le cas naguère. Cela ne l’est plus maintenant en raison d’une défaillance quasi généralisée de l’enseignement du catéchisme depuis des dizaines d’années. L’Église devrait donc redire ces vérités qui ne sont plus connues des générations les plus récentes.

Sur le plan pastoral, on a parfois abusé des témoins et écarté les maîtres. Or on a besoin des deux et sans doute plus des maîtres que des témoins. Ceci ne devrait pas poser de difficulté à l’Église qui maîtrise beaucoup mieux les sujets bioéthiques aujourd’hui qu’il y a vingt ans.

Je ne crois pas que l’Église ait peur de déplaire, elle qui brandit depuis 2000 ans l’image d’un mourant sur une croix ! Les silences de l’Église sont des mystères…

Le gouvernement a demandé aux députés Jean Leonetti (UMP) et Alain Claeys (PS) de travailler sur une modification de la loi du 22 avril 2005. À force de légiférer, ne risque-t-on pas de franchir le pas de trop vers la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie ?

« Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires », écrivait Montesquieu. C’est pourtant ce qui va se passer. Voir Jean Leonetti former un attelage avec Alain Claeys pour légiférer sur l’euthanasie nous donne une information très inquiétante sur les courants de pensée auxquels ils s’abreuvent l’un et l’autre.

Nous arriverons avec eux à boucler le cycle révolutionnaire classique, dont l’avortement a été l’archétype, caractérisé par :

– les « illégalités fécondes » qui mettent en échec une loi morale (sur le modèle des « 343 ») ;

– la « réflexion sans tabou » qui évacue le principe du respect de la vie ;

– l’« encadrement des dérives » qui légalise une pratique criminelle ;

– le « lifting sémantique » qui fait disparaître le mot « euthanasie » pour dissimuler la chose… Ainsi le crime est parfait.

L’étude des bons auteurs (dont le manuel Euthanasie de la Fondation Jérôme-Lejeune), ainsi que de grandes manifestations populaires que j’appelle de mes vœux, sont encore des moyens d’encourager de nouveaux Salomon à rendre justice à ceux qui défendent la vie des plus fragiles.

Antoine Pasquier

Source : famillechretienne.fr