"À l’heure où le débat sur la fin de vie se poursuit dans notre pays, où un mouvement important s’affirme en faveur d’une mort lucide, digne, dont on soit le sujet, on pense trop souvent que la seule façon d’arracher la mort à la maladie ou aux médecins et de la faire sienne est de demander l’acte qui tue, l’euthanasie.
On réclame le « droit de mourir » en exigeant d’un tiers qu’il nous donne la mort si nous le décidons, sans aucune conscience de ce que représente cette demande pour autrui. Mais il existe une tout autre façon d’être sujet, celle qui consiste à être lucide, responsable, conscient. Préparer sa mort, oser interpeller ses médecins à propos de ses peurs, laisser à ceux qui vont rester une parole de vie, une parole de bénédiction qui les aident à vivre sans nous. Et puis il est difficile de mourir dignement, lorsqu’on est pris dans une conspiration du silence, lorsque nos plus proches, dans l’angoisse, assistent impuissants et muets à notre lente disparition.
Lorsqu’ils ne peuvent pas ou ne veulent pas nous accompagner. Comment se mettre en paix avec soi-même et les autres, dire au revoir, transmettre quelque chose de soi et de son expérience de vie, si tout le monde prend la fuite ou fait comme si on n’allait pas mourir ? La façon dont nous quittons ce monde dépend autant de la façon dont nous avons vécu que de l’attitude de ceux qui nous entourent."
Source: Grand Rabbinat de France