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Proposition de loi Claeys Leonetti: Mgr Rey s’inquiète d’une euthanasie déguisée

par Mgr Dominique Rey, Evêque du diocèse de Fréjus-Toulon, 26/01/2016

Qu’est-ce que la proposition de loi Claeys-Leonetti ? Qu’en pense l’Eglise ?

Ce texte vise à modifier la législation française sur la fin de vie. La conférence des évêques de France a exprimé ses réserves par la voix d’un groupe de travail. Deux éléments principaux sont problématiques : la question de l’hydratation et de la nutrition, la sédation profonde et continue jusqu’à la mort.

Quels sont exactement les enjeux qui touchent la nutrition et l’hydratation ?

La nutrition et l’hydratation sont des besoins vitaux. La proposition de loi les considère comme des traitements, et non comme des soins. Aux derniers instants de la vie, la poursuite de la nutrition cause parfois de grandes souffrances et peut être interrompue dans une démarche de soins palliatifs. En revanche, refuser d’hydrater un minimum une personne revient à hâter sa mort.

Pourquoi la sédation profonde et continue pose-t-elle problème ?

La proposition de loi prévoit que les patients en fin de vie puissent être endormis jusqu’à leur mort. Une sédation profonde est parfois nécessaire selon les médecins, mais elle doit être réversible. La sédation profonde et continue jusqu’à la mort est une forme d’euthanasie lente et déguisée.

Que faire lorsqu’on ne peut pas lutter contre la douleur d’un patient en fin de vie ?

Même si tout doit être fait pour la diminuer, la souffrance suscite l’angoisse. Elle nous semble absurde. Il faut en retrouver le sens. Elle est un chemin de conversion. Elle touche le cœur de Jésus. Elle participe à sa douleur sur la Croix. Notre rôle est d’accompagner les patients et leurs familles par notre compassion, notre prière et notre foi. C’est l’attitude de Marie, silencieuse au pied de la Croix. Le sacrement des malades, reçu en pleine conscience, aide à préparer sa mort.

Pourquoi l’Eglise s’oppose-t-elle à l’euthanasie volontaire et au suicide assisté ?

Le discours ambiant est passé du slogan « mon corps m’appartient » à « ma mort m’appartient ». Sans préjuger de la sincérité de ceux qui y ont recours, l’euthanasie directe est une offense à la vie, une faute morale. Le suicide assisté est contraire au juste amour de soi. Attenter à la vie d’un être détruit les fondements du vivre-ensemble, c’est-à-dire l’acceptation de l’autre. En termes religieux, c’est un péché grave.

Qu’est-ce que les chrétiens proposent pour répondre à tous ces défis ?

La force du lobby pro-euthanasie est gonflée par la faiblesse des soins palliatifs. En 1999, une loi a consacré le droit d’avoir accès aux soins palliatifs. Un grand effort doit encore être fait pour obtenir leur développement sur tout le territoire, dans les hôpitaux, les EHPAD et à domicile. Nous devons retrouver le sens de la dignité humaine. Rien ne peut justifier qu’on remette en cause la sacralité de la vie.

Source : osp.frejustoulon.fr

 

 

par

Mgr Jozef De Kesel s’est confié au quotidien Het Belang van Limburg  le week-end. Au cours de l’entretien, l’archevêque de Malines-Bruxelles a notamment déclaré que les hôpitaux catholiques avaient le droit de refuser de pratiquer l’avortement ou l’euthanasie, propos qui n’ont pas manqué de faire réagir. ...

« Je peux comprendre que quelqu’un qui a un mode de vie laïque n’éprouve pas de problème à ce sujet », explique Mgr De Kesel dans les pages du journal limbourgeois. « Mais du point de vue de ma foi ce n’est pas évident. Je pense que j’ai le droit de dire cela, et davantage encore: je trouve qu’au niveau institutionnel nous avons aussi le droit de décider que nous n’allons pas pratiquer l’euthanasie et l’avortement. Je pense notamment aux hôpitaux catholiques. » ...

Pour « clore » un débat qu’il estime non fondé, nos confrères de Kerknet ont réaffirmé lundi que les hôpitaux catholiques ne sont pas tenus d’assurer l’euthanasie. Il en veut pour preuve le rapport parlementaire concernant le projet de loi relatif à l’euthanasie. A la page 178 de celui-ci, est déclaré que « les établissements de soins auront, après l’entrée en vigueur de la loi en projet, la possibilité de refuser de collaborer à la pratique de l’euthanasie et que dès lors, les établissements pourront également choisir de ne pas pratiquer l’euthanasie pour des raisons de principe ».

De son côté, le père Tommy Scholtès s.j., attaché de presse de la conférence épiscopale, rappelle que même si les institutions catholiques ne permettent pas l’euthanasie en leurs murs, elles respectent pleinement la loi. Pour Kerknet, « la loi ne crée par un droit fondamental à l’euthanasie. Elle se limite à la dépénaliser, et à permettre aux médecins de l’effectuer dans des conditions légales ».

(Avec Belga)

Source : cathobel.be

 

 

Mgr Philippe Barbarin: «Les politiques n'ont pas à changer la nature humaine»

itw par Jean-Marie Guénois, 24/12/2015, extrait


Pensez-vous que les politiques ont suffisamment tiré les leçons des élections régionales et de la nette montée du Front national?

Ce sont les prochaines élections qui le diront ! Il y a quelques mois, le maire de Lyon avait invité le gouvernement à faire plus de social, et un peu moins de sociétal. Il me semble que pour ce qui concerne l'avenir, il y a par exemple des attentes bien plus fortes en matière de soins palliatifs qu'en matière d'euthanasie. À ma connaissance, les responsables politiques n'ont pas pour mission de changer la société, ni la civilisation, et encore moins la nature humaine. La responsabilité qui leur est confiée, c'est de donner à la société les meilleures conditions d'une vie commune: l'emploi, la santé, la sécurité, l'éducation, les transports… de sorte que chacun ait la liberté et les moyens de réaliser librement sa vie et les projets qui lui tiennent à cœur.

Source : lefigaro.fr

 

Déclaration commune sur l’euthanasie et le suicide assisté publiée par la Conférence des évêques catholiques du Canada et l’Alliance évangélique du Canada

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) et l'Alliance évangélique du Canada (AÉC) ont publié cette déclaration commune sur l'euthanasie et le suicide assisté. Celle-ci a été appuyée par plus de 30 dénominations chrétiennes, de même que par plus de 20 dirigeants juifs et musulmans à travers le Canada. 28/10/2015

Le suicide assisté et l’euthanasie soulèvent de profondes questions sociales, morales, légales, théologiques et philosophiques. Ce sont des enjeux qui touchent le cœur même de notre conception de ce que nous sommes, du sens de la vie et du devoir de sollicitude que nous avons les uns envers les autres. Le récent jugement de la Cour suprême du Canada a ramené la question au premier plan du débat public et nous oblige toutes et tous, comme citoyennes et citoyens, à réfléchir à la réponse que nous donnons, personnellement et comme société, à ceux et celles qui ont besoin de notre compassion et de notre sollicitude.

Nous soussignés, chacun et chacune sur la base des traditions et des enseignements que nous tenons pour sacrés, affirmons le caractère sacré de toute vie humaine et la dignité égale et inviolable de tous les êtres humains. Des sociétés et des cultures du monde entier partagent cette conviction depuis toujours. La dignité humaine n’est pas uniquement une croyance religieuse, bien qu’elle possède pour nous un profond sens religieux. De plus, nous soutenons que le respect de la vie humaine est le fondement et la raison de notre compassion, de notre responsabilité et de notre engagement à prendre soin de tous les êtres humains, nos frères et sœurs qui souffrent

Le caractère sacré de la vie humaine est un principe fondamental de la société canadienne. Ce principe a une double portée, personnelle et communautaire. Il sous-tend la reconnaissance de l’égale dignité de chaque individu, quelles que soient ses capacités ou ses limites, et il façonne et oriente notre vie ensemble, notamment nos systèmes de droit, de santé et d’aide sociale. Il inspire la promotion collective de la vie et la protection des personnes vulnérables.

Alors que la société canadienne continue d’affirmer l’importance de la dignité humaine, on observe une tendance inquiétante à définir celle-ci de manière subjective et émotionnelle. Pour nous, la dignité humaine désigne avant tout la valeur de la vie de la personne devant son Créateur et au sein d’un réseau de relations familiales et sociétales. Nous sommes convaincus que les seules façons d’aider les gens à vivre et à mourir dans la dignité consistent : à veiller à ce qu’ils soient entourés d’amour et de sollicitude; à leur fournir des soins holistiques qui incluent aussi bien le contrôle de la douleur qu’un soutien psychologique, spirituel et affectif; et à améliorer et à augmenter les ressources consacrées aux soins palliatifs et aux soins à domicile.

En nous appuyant sur nos traditions et nos croyances respectives, nous insistons pour dire que toute action visant à mettre fin à une vie humaine est contraire à la morale et à l’éthique. Ensemble, nous sommes déterminés à travailler à alléger la souffrance humaine sous toutes ses formes, mais jamais en éliminant intentionnellement ceux et celles qui souffrent.

Il faut distinguer l’euthanasie et le suicide assisté du refus ou du retrait de traitements disproportionnés. Dans ce dernier cas, l’intention n’est pas de causer la mort, mais de la laisser survenir naturellement. Nous comprenons que, dans certaines circonstances, il est moralement et légalement acceptable de refuser ou d’arrêter un traitement. Le refus d’un traitement médical, notamment de soins extraordinaires, est bien différent de l’euthanasie ou du suicide assisté. L’euthanasie consiste à tuer délibérément une personne, avec ou sans son consentement, dans le but affiché de mettre un terme à ses souffrances. On parle de suicide assisté quand une personne en aide, en conseille ou en encourage une autre à se suicider. Il y a une différence fondamentale entre tuer une personne et la laisser mourir de mort naturelle.

L’euthanasie et le suicide assisté traitent la vie de personnes défavorisées, malades, handicapées ou mourantes comme si elle valait moins que celle des autres. Un tel message contredit le respect dû à l’égale dignité de nos sœurs et frères vulnérables.

Les systèmes de soins de santé doivent continuer de promouvoir une éthique de défense de la vie. Les professionnels de la médecine sont formés pour aider les malades à se rétablir et à rehausser leur qualité de vie. Ils ne sont pas formés pour administrer la mort et ce n’est pas ce qu’on attend d’eux. Tout changement à cet égard brouillerait radicalement les rapports entre médecins et patients. De même, tous les membres de la société sont appelés à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger la vie ou la sécurité de leurs voisins. Les efforts soutenus visant à rendre facilement disponibles et à améliorer les soins palliatifs et les soins à domicile illustrent bien ce souci et cette sollicitude, si essentiels à notre société.

Santé Canada définit les soins palliatifs comme « une approche pour soigner les personnes atteintes d’une maladie qui met leur vie en danger, peu importe leur âge. Ces soins visent à assurer le confort et la dignité des personnes au seuil de la mort, tout en maximisant la qualité de vie des patients, de leur famille et de leurs proches. Les soins palliatifs correspondent aux divers aspects des soins prodigués en fin de vie : la gestion du soulagement de la douleur et des autres symptômes; l’apport d’un soutien social, psychologique, culturel, émotif, spirituel et pratique; la prestation d’une aide aux personnes soignantes; l’offre d’un soutien en période de deuil. » Le suicide assisté et l’euthanasie sont contraires aux principes et à la pratique des soins palliatifs.

À la lumière du récent jugement de la Cour suprême du Canada, nous exhortons les législateurs et les législatrices fédéraux, provinciaux et territoriaux à adopter et à défendre des lois qui rehaussent la solidarité humaine en promouvant le droit à la vie et la sécurité de toutes les personnes ; à rendre accessibles dans tout le pays des soins à domicile et des soins palliatifs de qualité ; à mettre en œuvre des règlements et des politiques qui assurent le respect de la liberté de conscience de tous les travailleurs et les administrateurs de la santé qui ne voudront ni ne pourront voir dans le suicide assisté ou dans l’euthanasie une solution médicale à la douleur et à la souffrance.

La force morale de l’humanité repose sur la solidarité, la communion et la communication – en particulier avec ceux et celles qui souffrent. C’est l’attention personnelle et les soins palliatifs, et non le suicide assisté et l’euthanasie, qui respectent le mieux la valeur de la personne humaine. C’est quand nous sommes disposés à prendre soin les uns des autres dans les circonstances les plus difficiles et même au prix de lourds inconvénients que la dignité humaine et la bonté fondamentale de la société trouvent leur plus belle expression et leur meilleure protection.

 Source : cccb.ca

La fin de vie : un défi éthique collectif

Déclaration du groupe de travail sur la « Fin de vie »

 La proposition de loi concernant la fin de vie arrive en deuxième lecture au Sénat. Elle a suscité de notre part deux prises de parole détaillées auxquelles nous renvoyons : la déclaration « Ne prenons pas le problème à l’envers ! » (20 janvier 2015) ; le livre « Fin de vie, un enjeu de fraternité », Salvator, mars 2015.

 Durant le processus législatif, deux situations distinctes, relatives à la vulnérabilité extrême, ont marqué l’opinion : les conflits sur la volonté et sur le bien de M. Vincent Lambert ; les pratiques controversées du Dr Nicolas Bonnemaison sur des patients en agonie. Leur retentissement judiciaire et médiatique a troublé bon nombre de nos concitoyens. Ces « affaires » montrent une fois de plus que notre société doit encore apprendre comment vivre avec les personnes d’extrême fragilité, en particulier nos anciens en fin de vie. De quelle manière mieux prendre soin d’eux ? Il nous faut inventer un vivre ensemble qui les intègre pleinement, de façon respectueuse et attentionnée, car aucune vie humaine n’est et ne peut être déclarée « inutile ». Voilà notre défi collectif !

 Le processus législatif étant sur le point d’aboutir, nous attirons à nouveau l’attention sur cinq points :

 1 – Tous les rapports sur la fin de vie alertent sur la déficience française dans l’accès aux soins palliatifs. Le droit d’en bénéficier par tous ceux qui en ont besoin est établi par la loi de 1999. Tel est le premier droit à rendre effectif. Il exige un effort sérieux et déterminé pour que ces soins se développent sur tout le territoire français, à l’hôpital, en EPHAD ou à domicile. Ce développement passe nécessairement par un accroissement de la formation. Nous nous réjouissons de l’annonce d’un nouveau plan triennal pour développer ces soins. Il n’est que stricte justice. Ce plan suffira-t-il ? Il devra être financé, évalué, poursuivi et sans doute amplifié au-delà de ces trois années.

2 – Il est juste et bon de rendre hommage aux soignants et à leur expertise autorisée concernant la médecine palliative. Les recommandations de bonne pratique élaborées par les instances compétentes tracent de mieux en mieux le chemin sûr et responsable d’une médecine palliative qui sait prendre soin de chaque personne en fin de vie en respectant ses souhaits, en bannissant l’obstination déraisonnable, en apaisant les souffrances, en permettant à l’équipe soignante d’être là au temps de l’agonie, en accompagnant les familles et en les associant aux décisions de soin.

3 – La nutrition et l’hydratation, même quand elles sont administrées de façon artificielle, demeurent des besoins de base nécessaires à la vie. En France, elles sont de plus en plus considérées comme des « traitements », alors que dans d’autres pays elles restent des « soins ». Elles ne peuvent être arrêtées que si elles provoquent en elles-mêmes une altération de la santé ou si le patient, à cause d’elles, manifeste une souffrance qu’on ne sait pas apaiser. L’arrêt de la nutrition et/ou de l’hydratation artificielles nécessite un discernement séparé car elles ne répondent pas aux mêmes besoins en fin de vie.

4 – La sédation profonde et continue jusqu’au décès est déjà prescrite et administrée au cas par cas. C’est toujours en dernier recours après avoir constaté que la souffrance est réfractaire à tout autre traitement, selon une délibération collégiale qui permet au médecin d’en prendre la responsabilité. Ces cas sont plutôt rares. Il appartient au jugement médical de vérifier que les conditions requises sont réunies pour que ce traitement de dernier recours soit prescrit.

En respectant le droit du patient à vouloir « dormir », les professionnels de santé, dûment formés, savent répondre à cette volonté par une sédation adaptée prescrite au moment adéquat, laquelle peut être réversible sans que ce patient souffre. Nous joignons notre voix à ceux qui insistent sur la nécessité de la formation de tous les soignants à cette utilisation de la sédation dans le respect des recommandations de bonne pratique. Il serait regrettable qu’une loi vienne simplement pallier un manque de formation des équipes médicales

5 – La loi d’avril 2005, dite loi « Leonetti », fait clairement droit à une dimension inhérente à la réflexion humaine sur l’action : « le double effet ». Mis au jour depuis des siècles, ce principe clarifie la responsabilité et permet une juste prise de décision médicale. La volonté d’apaiser la souffrance par un traitement approprié peut avoir pour effet non voulu la survenue plus rapide de la mort. En effet, le traitement qui soulage la souffrance peut affaiblir les résistances de l’organisme face à la maladie. Le patient ainsi soulagé meurt alors de « mort naturelle », expression qui signifie « la mort non provoquée directement par la volonté humaine ».

L’intention droite du médecin, partagée par l’équipe soignante, qui cherche à prendre soin du patient jusqu’au bout est l’honneur de la profession médicale. Cette intention est au cœur du serment d’Hippocrate. Elle demeure le roc de la confiance mutuelle entre soignants et soignés. Elle a permis les progrès considérables de la médecine palliative. Certes, il y aura toujours des situations qui demeureront difficiles à accompagner et à vivre. Celles-ci nous questionnent et nous bouleversent. Face aux hésitations de notre société devant ces situations et devant la mort, nous avons tous à soutenir cette recherche de la meilleure qualité de soin et d’accompagnement jusqu’en toute fin de vie.

Dans son texte Laudato Si’, le pape François invite à orienter les prouesses techniques par une éthique, une culture et une spiritualité qui permettent de « retrouver la profondeur de la vie » ainsi que « les valeurs et les grandes finalités ». Il est en effet gravement incohérent de vouloir des techniques qui protègent notre planète tout en bravant l’éthique du respect envers les plus pauvres et les plus faibles qui y habitent. Le progrès éthique et spirituel est global ; il demande l’effort conjugué et courageux de tous. Prendre soin de notre maison commune exige une écologie intégrale qui prenne soin de nos concitoyens les plus fragiles, en particulier quand ils s’approchent de leur mort. Dieu nous a confié le soin car il nous sait capables de responsabilité et de fraternité. Voilà la direction du progrès adéquat aux hommes et à leur bonheur de vivre ensemble ! Alors, nous développerons un soin digne de nos frères et sœurs vulnérables en fin de vie. Partageant toujours notre vie, ils nous appellent à un surcroît d’humanité, c’est-à-dire de cœur et de raison.

Le mercredi 28 octobre 2015

Mgr Pierre d’Ornellas
Archevêque de Rennes et responsable du Groupe de travail sur la fin de vie.

Mgr Michel Aupetit
Évêque de Nanterre

Dr Marie-Sylvie Richard, xavière
Chef de service à la Maison Médicale Jeanne Garnier (Paris)

Dr Claire Fourcade
Médecin coordinateur, pôle de soins palliatifs de la polyclinique Le Languedoc (Narbonne)

Dr Alexis Burnod
Institut Curie, Service soins palliatifs

P. Bruno Saintôt, jésuite
Directeur du département éthique biomédicale du Centre Sèvres (Paris)

P. Brice de Malherbe
Codirecteur du département d’éthique biomédicale du Collège des Bernardins (Paris)


Source : eglise.catholique.fr

Cardinal Nichols : "Le droit d’une personne à mourir donne à une autre le devoir de tuer"

L'archevêque de Westminster, en pèlerinage à Lourdes, a exhorté dans son homélie à ne pas succomber au "grand mensonge" du suicide assisté.

par Mathilde Rambaud, 31/07/2015

"Nous apprenons que nous devons nous entendre ; nous apprenons que nous devenons plus forts quand nous marchons ensemble ; nous apprenons que nous avons besoin de temps au calme pour nous-même ; nous apprenons à regarder autour de nous ceux qui sont dans le besoin ; nous apprenons que nous gagnons plus en donnant qu'en prenant", a rappelé dans son homélie le cardinal Vincent Nichols, archevêque catholique de Westminster, aux pèlerins britanniques réunis à Lourdes dimanche dernier à l'occasion du Day of Life ("Journée de la vie").

"Chérissons la vie et embrassons la mort"

Le thème de ce pèlerinage était : "Chéris la vie, accepte la mort", et le prélat n'a pas manqué d'y faire référence à de nombreuses reprises et avec des paroles fortes : "Chérissez la vie en effet. Et, je dirais, embrassez la mort quand elle se présente, a-t-il ajouté. La vie que nous avons en ce monde est bonne, très bonne, mais elle passera. Et alors nous entrerons dans une vie qui n’aura pas de fin, en passant par la porte de la mort". Et, reprenant les paroles du pape François qui avait adressé un message aux participant, il a dénoncé le "grand mensonge" qui consiste à "convaincre les gens que vivre avec une maladie grave n’est plus vivre". "Nous comprenons clairement les raisons qui nous poussent à nous opposer à ceux qui souhaitent introduire des lois en faveur du suicide assisté, donnant le droit aux gens de mourir quand ils le veulent. Le droit d’une personne à mourir donne à une autre le devoir de tuer, a-t-il souligné. Nous ne pouvons l'accepter."

Être prêt quand viendra l'heure de rejoindre le Père

"Nous chérissons la vie jusqu’à sa fin, tout comme nous embrassons la mort. Au cours de ce pèlerinage, nous faisons l’expérience de la vie. Nous apprenons à chérir de plus en plus cette vie, combien elle est précieuse. Nous apprenons à nous réjouir de la vie du Ciel et à embrasser ce moment où Dieu nous rappellera à Lui", a-t-il conclu, invitant à prier "pour que nous chérissions toujours la vie et la défendions de son commencement jusqu’à sa fin naturelle, et pour que soyons prêts quand notre moment viendra de rejoindre le Père".

Source : aleteia.org 

 

 

Aujourd’hui le visage le plus fragile de notre société se prénomme Vincent.

A l’avant-veille de la décision du Dr Simon qui pourrait annoncer « l’arrêt des traitements », voici la déclaration des évêques de Rhône-Alpes au sujet de Vincent Lambert, dont les parents vivent dans la Drôme.

Dans quelques jours, une décision médicale risque de provoquer délibérément la mort de Vincent Lambert.

Il n’est pourtant pas en fin de vie et il ne fait l’objet d’aucun soin disproportionné. En lui donnant la nourriture et l’hydratation nécessaires, ceux qui prennent soin de lui respectent simplement le cours de cette vie dont le mystère nous échappe et dont le terme n’appartient à personne.

Les débats auxquels nous assistons prouvent que notre société hésite sur des principes majeurs, comme « Tu ne tueras pas » ou « Nul ne peut décider de mettre fin à la vie d’autrui ». Ils étaient considérés jusqu’à présent comme des valeurs fondamentales, comme le socle de notre vivre ensemble [1]. Et si l’on venait à y renoncer, on voit mal comment le corps médical pourrait continuer à prononcer le serment d’Hippocrate [2].

C’est le renoncement à ces principes qui fait peser sur la famille un poids insupportable. Nous voudrions exprimer à tous ses membres notre compassion, en respectant leur souffrance.

A l’issue des travaux menés sur la situation de Vincent Lambert par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, les cinq membres qui se sont opposés de toute leur force à la décision votée par les sept autres ont crié leur révolte. Ils ont déclaré que la Cour ne méritait plus de porter le titre de « conscience de l’Europe » qu’elle s’était donné en 2010 [3].

En union avec beaucoup d’autres, croyants ou non, nous lançons un appel aux autorités politiques, juridiques et médicales. Que ceux qui ont à en juger sachent que derrière la personne de Vincent Lambert, c’est le symbole de la vie la plus fragile qui est en jeu pour l’avenir de notre société.

Si sa mort doit survenir, nous prierons pour que tous puissent accueillir cet événement dans l’espérance. Mais aujourd’hui, notre frère Vincent n’est pas en fin de vie, et plusieurs établissements spécialisés se sont déclarés prêts à le recevoir. Qu’est-ce qui l’empêche ?

Mgr Philippe Ballot, archevêque de Chambéry, Maurienne et Tarentaise
Mgr Jean-Louis Balsa, évêque nommé de Viviers
Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon
Mgr Yves Boivineau, évêque d’Annecy
Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne
Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne
Mgr Patrick Le Gal, évêque auxiliaire de Lyon
Mgr Pierre-Yves Michel, évêque de Valence
Mgr Pascal Roland, évêque de Belley-Ars

21/07/2015

[1] C’est le titre et le sens de l’appel interreligieux signé pendant le débat parlementaire sur la fin de vie http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/09/nous-hauts-dignitaires-religieux-demandons-a-ce-que-soit-preserve-l-interdit-de-tuer_4589691_3232.html
[2] Serment d’Hippocrate. Article R 4127-38 du code de la santé publique
[3] http://hudoc.echr.coe.int/sites/fra/pages/search.aspx?i=001-155264

 

 


Plaidoyers pour la vie

Laval, le 15 juillet 2015

     Depuis que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a validé l'arrêt des soins de Vincent LAMBERT, ce patient accueilli à l'Hôpital Sébastopol de Reims dans un état de polyhandicap profond, de nombreuses personnalités ont souhaité faire connaître leurs réactions et leurs interrogations, parmi lesquels un certain nombre d'évêques de France.

     Tout récemment encore, la CEDH ayant rejeté la demande de révision de cet arrêt réclamée par les parents, une convocation leur a été adressée pour le 15 juillet par le CHU de Reims pour tenir un conseil de famille « en vue d'une décision d'arrêt des traitements ». Même si rien n'indique qu'une décision définitive sera prise à cette date, nous voudrions ici redire un certain nombre de convictions que tous peuvent partager :
          - Chaque personne possède une égale dignité, quels que soient sa condition ou son état de santé. Cette reconnaissance est le fondement de notre lien social.
          - L'alimentation et l'hydratation répondent aux besoins fondamentaux communs à tous les hommes, malades ou bien portants, et ne peuvent par conséquent être considérés comme de simples traitements.
          - L'attention à celui qui est en situation de faiblesse est le principe de toute attitude éthique.

     Dans le cas présent, les chrétiens ne peuvent rester silencieux, tout en appelant au plus grand respect des personnes :
          - Au respect de Vincent Lambert, qui ne doit pas devenir l'otage d'une cause ou d'une idéologie ;
          - Au respect des proches de Vincent LAMBERT, notamment son épouse et ses parents, qui cherchent de bonne foi à faire ce qu'ils jugent être le meilleur pour leur époux et fils ;
          - Au respect du corps médical, dont le dévouement mérite notre confiance.

     Sur la base de cette attitude, nous voulons rappeler que
          - L'interdit de tuer délibérément l'innocent, même par omission, est la marque de notre humanité. La loi elle-même se doit d'être au service de la vie.
          - La vie humaine reste un don de Dieu, au service duquel se trouvent les médecins. La toute-puissance que nous donne la technologie doit reconnaître cette limite.
          - Comme le Christ, l'Eglise n'est pas là pour condamner des personnes mais pour annoncer la miséricorde de Dieu. Seul Dieu juge les personnes, et seul il donne la vie et la reprend.

     Si la sentence portée à l'encontre de Vincent LAMBERT était mise à exécution, nous ne pourrions pas ne pas nous interroger avec inquiétude sur le sort que pourraient subir les très nombreux patients qui se trouvent dans des situations comparables à la sienne. La vie est un bien éminemment précieux et l'attitude que la société adopte à son égard nous concerne tous. Ensemble, soyons d'inlassables plaidoyers en faveur de la vie !

Mgr Thierry SCHERRER
et les membres de la Commission de Bioéthique du diocèse de Laval

Source : Diocèse de Laval 

 

 

Message de l’OCVF (Organisme Catholique pour la Vie et la Famille) à l’occasion de la

SEMAINE NATIONALE POUR LA VIE ET LA FAMILLE

11-17 mai 2015

Chaque année, l’Église au Canada encourage les baptisés à prier et à réfléchir de façon spéciale à l’occasion de la Semaine nationale pour la vie et la famille. Dans la foulée du récent jugement de la Cour Suprême relativement au suicide assisté, il est bon de s’interroger sur l’importance pour la famille d’accompagner avec amour ses proches ou toute autre personne souffrante parvenue à la fin de sa vie.

L’expérience prouve que ce n’est pas tant la souffrance que la solitude que craignent par-dessus tout les personnes qui voient venir leur dernière heure. Rien ne peut mieux soulager cette souffrance que la présence aimante des membres de la famille.

Aujourd’hui, pour bien des gens, la vie n’a de valeur qu’en fonction de son utilité. Une telle perspective mène facilement à l’abandon des plus vulnérables. On oublie souvent la dignité intrinsèque de la vie humaine – dignité que rien, pas même la maladie, ne peut diminuer. Cette vérité doit être vécue et transmise de génération en génération, et d’abord par notre façon de nous aimer les uns les autres.

En tant que disciples du Seigneur Jésus, nous sommes appelés à imiter son amour par le don de nous-mêmes. Dieu veut que la famille soit le lieu privilégié où nous faisons l’expérience de cet amour inconditionnel – surtout par l’intermédiaire de l’amour désintéressé d’un père et d’une mère. Nous devenons ces personnes aimantes que Dieu nous appelle à être en restant unis au Christ par la prière et les sacrements; c’est là que sa miséricorde nous guérit de nos faiblesses.

Comme l’a si bien dit le Pape François, lors de sa visite aux Philippines en janvier dernier : « En famille, nous apprenons comment aimer, comment pardonner, comment être généreux et ouverts, et non pas fermés ni égoïstes. Nous apprenons à aller au-delà de nos besoins, à rencontrer les autres et à partager nos vies avec eux. Voilà pourquoi il est si important de prier en tant que famille, si important! Voilà pourquoi les familles sont si importantes dans le plan de Dieu pour l’Église ! »

Profitons de cette Semaine nationale pour la vie et la famille pour réfléchir au rôle impressionnant qui a été confié à la famille. Demandons-nous comment nous pouvons mieux refléter l’amour inconditionnel de Dieu dans le contexte de notre vie quotidienne en famille et de nos relations avec d’autres familles. Rappelons-nous ces mots immortels de Saint Jean-Paul II: «  Comme va la famille, ainsi va la nation, et ainsi va le monde où nous vivons.»

Source : colf.ca

 

 

Evêques catholiques de Belgique: "La dignité de la personne humaine même démente"

par les Evêques catholiques de Belgique, 02/03/2015

Ce lundi, dans les colonnes du "Standaard" et dans celles de "La Libre Belgique", l’Eglise de Belgique lance une mise en garde contre l’extension de l’euthanasie aux personnes démentes. Une opinion des évêques catholiques de Belgique. 

Le vieillissement croissant de la population constitue un défi majeur pour notre société. Il va de pair avec une augmentation des cas de démence. La société investit, de longue date et largement, en faveur des personnes âgées, voire très âgées, des personnes souffrant d’un handicap mental profond ou gravement perturbées, des patients comateux et des malades en phase terminale. Nous voudrions avant tout exprimer notre reconnaissance vis-à-vis de tous ceux et celles qui sont engagés dans l’accompagnement de ces personnes fragiles. Ce n’est pas économiquement rentable, mais nous estimons - toutes obédiences confondues - qu’il doit en être ainsi. Cette conviction répond à un choix purement éthique. Mais nous craignons que ce choix soit mis à rude épreuve en raison du "climat d’euthanasie" dans lequel nous baignons depuis 2002 et face au risque d’appliquer légalement l’euthanasie aux personnes démentes. Parce que les personnes concernées sont justement celles qui peuvent le moins faire entendre leur voix, nous jugeons, en tant qu’évêques, que c’est un impérieux devoir pour nous de faire entendre la nôtre en leur faveur.

En tout premier lieu, un être humain, même atteint de démence, demeure une personne à part entière jusqu’à sa mort naturelle. La dignité humaine ne peut dépendre de ce qu’on possède ou non certaines capacités. Elle est liée de manière inaliénable au simple fait d’appartenir à l’espèce humaine. Toute personne, même en état de démence, mérite donc le respect et doit recevoir en conséquence les soins appropriés.

L’autonomie est très importante dans notre société. Mais nous nous demandons si certaines manières de la mettre en œuvre ne sont pas marquées par un individualisme excessif. "Moi, et moi seul, décide de ce que je fais de ma vie et les autres n’ont pas à s’en mêler" semble être devenu le slogan du jour. Cela va si loin qu’un acte devrait être considéré comme bon du seul fait qu’il est le fruit d’un choix autonome.

Une telle conception de l’autonomie en vient à considérer chacun comme un îlot sans lien avec autrui. Mais les individus ne sont pas des îles. Chaque être humain vit dans un environnement social, culturel, historique et relationnel.

C’est pourquoi une autonomie en "relation" ou en "communion" rend beaucoup mieux compte de notre vraie identité et du fonctionnement effectif de notre liberté. De la naissance à la mort, nous dépendons les uns des autres. La tradition chrétienne exprime cela en considérant les êtres humains comme des frères et sœurs, reliés au même Père. Mais il n’est pas nécessaire d’être chrétien pour comprendre combien nous avons besoin les uns des autres. En plus du critère de l’autonomie, la notion de qualité de vie joue également un rôle important dans pas mal de décisions. Le problème de ce second critère est la difficulté d’en donner une définition objective, si bien que les éléments subjectifs risquent toujours d’être prépondérants. En ce qui concerne les personnes démentes, le risque est grand que des tiers projettent sur le patient leurs préoccupations et angoisses personnelles. La confrontation avec une personne démente doit d’abord susciter, auprès de tous, la responsabilité éthique d’en prendre soin. L’appel lancé par le prochain qui a besoin de soins renforce le fait que nous sommes ses frères et sœurs en humanité. Je suis le gardien de mon frère, que je le veuille ou non.

Même s’il nous est possible d’étouffer cet appel de notre conscience, cela n’enlève rien à notre obligation morale de prendre soin de notre prochain.

Depuis la loi de 2002 sur l’euthanasie, le constat s’impose : la dérive prédite à l’époque est devenue réalité. Les limites de la loi sont systématiquement contournées, voire transgressées. L’éventail des groupes de patients entrant en ligne de compte pour l’euthanasie ne cesse de s’élargir. La souffrance existentielle, comme, par exemple, la fatigue de vivre, est ainsi placée sans hésitation dans le champ d’application de la loi sur l’euthanasie par des personnes ayant autorité dans la société - sans indice de désordre psychologique ou psychiatrique sous-jacent -, ce qui d’ailleurs n’est pas de la compétence de la médecine.

Demande est aussi faite d’un nouvel élargissement de la loi afin de pouvoir procéder à l’euthanasie de personnes démentes, et ce à un moment précédemment indiqué par elles, sur base d’une déclaration de volonté anticipée. On en viendrait ainsi, par exemple, à une déclaration anticipée stipulant que l’euthanasie est demandée dès lors qu’on ne reconnaîtrait plus les membres de sa propre famille. Alors qu’auparavant on argumentait à partir du critère de "souffrance intolérable", on va maintenant un cran plus loin. Lorsqu’on perd sa capacité cognitive, on perdrait aussi son identité individuelle. Selon cette logique, on devrait, dès ce moment, pouvoir mettre un terme à la vie de cette personne.

Nous nous opposons résolument à cette tendance. Une perte d’autonomie n’est pas pour nous synonyme de perte de dignité.

Pareil raisonnement - nous y insistons - nous engage de manière encore plus périlleuse sur la pente entamée. Le danger n’est pas illusoire que l’on veuille réserver le concept de personne humaine - et les droits qui y sont afférents - à ceux qui sont capables de reconnaître pour et par eux-mêmes la valeur de leur propre vie. Ceux qui ne le peuvent pas, ou ne le peuvent plus, risquent d’être éliminés ou de se voir privés des soins nécessaires.

Notre société doit continuer à prendre en charge ses membres les plus vulnérables en se mobilisant pour la détection et le diagnostic précis de la démence, en assurant un soutien aux soignants bénévoles, des ressources suffisantes pour les soins palliatifs aux malades lors des stades ultimes de la démence et des moyens adéquats pour les maisons de repos et de soins.

Malgré les économies à réaliser en divers domaines, la société se doit de continuer à offrir, en fin de vie, des soins de haute qualité.

Le niveau moral d’une société se mesure au traitement qu’elle réserve aux plus faibles de ses membres. Beaucoup de personnes fragiles interpréteront un éventuel élargissement de la loi sur l’euthanasie dans ce domaine comme une invitation à ne pas se montrer égoïste au point de devenir un fardeau pour autrui.

Le risque n’est-il pas grand que beaucoup comprennent une extension de la loi sur l’euthanasie comme "une invitation à en finir" voire comme un "devoir de mourir" ? Mais, selon notre conception, jamais, dans une société authentiquement humaine, l’autre ne peut devenir une charge inutile.

Et quand un frère ou une sœur en humanité réclame une attention et des soins redoublés, cette charge supplémentaire sera portée avec amour. Telle doit être la réponse. Une réponse qui témoigne d’une solidarité inconditionnelle. Ce n’est pas la porte de l’euthanasie qui doit s’ouvrir davantage, mais bien celle de la fraternité et de la solidarité.

Les évêques catholiques de Belgique, le 2 mars 2015

Source : lalibre.be

 

 

Fin de vie : l'inquiétude légitime des évêques

La Conférence des évêques de France (CEF) s’inquiète de la « loi fin de vie », examinée les 10 et 11 mars 2015 à l’Assemblée nationale.

par Sylvain Dorient, 10/03/2015, extraits

« Le contexte actuel manque de lisibilité, et la période que nous traversons est difficile (…). Un nouveau débat sur la fin de vie risque d’y ajouter de la confusion », écrit Philippe Barbarin, cardinal archevêque de Lyon. Bien que le mot d’euthanasie n’ait pas été jusqu’à ce jour prononcé par les promoteurs de cette loi, c’est bien cette question qui demeure sous-jacente, avec notamment la possibilité de voir introduire une sédation « profonde et continue » qui hâterait le décès.

La médecine palliative au cœur des débats

Pour Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo, la question de cette sédation n’est pas tout à fait le cœur du débat. « Tous les rapports, sans nuances, sont unanimes pour dire qu’il y a une demande de soins palliatifs. » ...  Or, en termes de médecine palliative, le chantier est immense : les lits restent en nombre dérisoire à l’échelle nationale et les formations dispensées aux futurs médecins et infirmières sont anecdotiques. Alix Frenais, étudiante en 4e année de médecine et porte-parole de l’association Soigner dans la dignité, le confirme : « Durant toutes nos années d’études, nous n’avons que huit heures consacrées aux soins palliatifs ».

« Ne votez pas contre les médecins »

Les défenseurs de la loi fin de vie avancent pour leur part qu’elle permettra aux patients de reprendre le pouvoir sur les soins. Avec le volet des directives anticipées prévu, le patient pourra imposer sa volonté de recevoir une sédation profonde à l’équipe médicale en charge. Cette idée pourrait aboutir à faire des médecins de simples exécutants... d’une demande qui peut pourtant varier : les équipes médicales savent que, le plus souvent, une demande d’euthanasie disparaît quand des soins appropriés sont prodigués.

« Nous attendons une parole forte contre l’euthanasie »

Pour le moment, la Conférence des évêques de France évite de crier au loup, précisant dans son communiqué de presse que sa conviction est que la main qui soigne ne peut être celle qui tue. Elle ne préjuge pas des débats qui entourent la loi fin de vie. Mgr d’Ornellas exprime « sans agressivité » une « inquiétude » à l’égard des convictions du gouvernement. « Jacques Chirac, alors chef de l’État français, avait annoncé clairement et définitivement qu’il n’y aurait pas de clonage en France. Récemment, le chef du gouvernement Manuel Valls s’était de même prononcé contre la GPA. Nous aimerions entendre une prise de parole aussi claire contre l’euthanasie. »

Source : aleteia.org

 

 

Mgr Philippe Barbarin, Cardinal Archevêque de Lyon, au micro de Philippe Lansac, RCF, 10 mars 2015 :

 

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Source : rcf.fr

 

L’archevêque de Los Angeles en guerre contre l’euthanasie

par Joaquim De Alburquerque, 05/02/2015 

Etats-Unis – L’archevêque de Los Angeles, Mgr José Gómez, a exhorté les catholiques à prier et à travailler pour l’échec du projet de loi 128 du Sénat, présenté par les représentants de la Californie afin de légaliser l’euthanasie pour les personnes âgées, malades et handicapées.

Le prélat a lancé cet appel dans le cadre de la récente Marche pour la vie, qui a rassemblé quelques 200 000 personnes à Washington DC en rappel des millions de morts d’enfants à naître, après la dépénalisation de l’avortement il y a plus de 40 ans.

« Cette semaine, alors que nous nous souvenons de ce jour tragique où la privation de vie pour l’enfant à naître a été légalisée dans notre pays, certains de nos dirigeants de Californie introduisent une loi qui légaliserait la possibilité de tuer les personnes âgées, les malades et les handicapés. Nous devons prier et travailler pour que ce projet de loi n’aboutisse pas.« 

L’archevêque a déclaré qu’il y a beaucoup d’injustices dans notre société, et cependant, la plus grave est « la destruction routinière et quotidienne de la vie humaine innocente. Le problème n’est pas seulement culturel ou politique; c’est quelque chose de profondément personnel, une question à la fois morale et spirituelle« .

«Aucun de nous -personne- n’a le droit de décider qui peut vivre et qui peut mourir ou quand arrive ce moment. Nous voulons tout contrôler, mais nous ne pouvons pas. Seul Dieu a ce droit. Dieu, qui est Seigneur et Maître de notre commencement et notre fin. », a-t-il rappelé.

Mgr Gomez a répété que «le droit à la vie est le fondement de tous les autres droits » et donc « on ne peut pas permettre que triomphe la logique cruelle qui dit que la vie humaine est jetable; la logique cruelle qui dit que dans certains cas ce n’est pas la peine de vivre, pas la peine de protéger des vies« .

L’archevêque a déclaré qu’une société civilisée ne cherche pas à résoudre ses problèmes en permettant que les gens se suicident ou en évitant que des personnes naissent. « Et nous ne pouvons nous permettre de devenir une nation qui répond à la souffrance humaine en éliminant ceux qui souffrent« .

« Par conséquent, nous demandons à Dieu de nous remplir de courage et de conviction renouvelée pour proclamer ce bel Evangile de la vie dans notre société, pour aimer et nous mettre au service de la vie. De toute vie, et en particulier de ceux qui ont besoin de plus de soins, plus d’attentions, ces vies qui peuvent être un fardeau pour les autres (…). Tant qu’il y a des chrétiens, personne ne devrait avoir à souffrir seul ! «

Source : medias-presse.info

 

 

Les lois sociétales ne font que promouvoir une vision désespérée de la personne humaine

Extrait de l homélie de Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne, lors de la Messe célébrée en l’anniversaire de l’apparition de la Très Sainte Vierge à Pontmain, 17/01/2015

" ... Nous les chrétiens du XXIème siècle, nous devons être témoins de l’espérance dans un monde qui a perdu le sens du réel et de la transcendance, suscitant divisions et violences. Les signes de désespérance sont nombreux dans notre société ; les lois sociétales depuis quelques décennies, ne font que promouvoir une vision désespérée de la personne humaine : on ne croit pas l’être humain capable de dépasser ses passions égoïstes, on ne croit pas que la vie humaine vaut plus que la non existence ou la mort, on ne croit pas que l’altérité est au fondement d’une vraie communion. En évacuant Dieu de l’espace public et de la culture, on a fermé le monde sur lui-même : notre société contemporaine n’a d’autres horizons que son propre nombril, et elle n’a d’autre absolu que la liberté de faire n’importe quoi, jusqu’à revendiquer le droit de blasphémer et d’humilier les croyants. Le terrorisme n’est pas le moindre signe de désespérance, quand on n’a plus que la violence pour imaginer changer le monde.

Mais je vais m’arrêter dans ces constats négatifs pour ne pas tomber dans la désespérance que je veux dénoncer.

Si nous, chrétiens, perdons l’espérance, qui ouvrira un avenir à notre monde ? Marie, Mère de l’Espérance, nous invite à la confiance, et surtout à recevoir du Christ les signes d’un avenir possible, les signes du monde nouveau. Les joies de ce monde ne suffisent pas, comme le premier vin des noces de Cana, à combler notre soif ; de fait, les joies humaines sont courtes, limitées, tandis que le coeur de l’être humain aspire à l’absolu. Qui peut combler la soif du coeur humain ? Les chrétiens ont trouvé, dans le Christ, le fondement de leur espérance, la source de la vraie joie : Seul le Christ peut apporter ce vin nouveau qui est donné en surabondance, et qui met les coeurs dans une joie que nul ne peut nous ravir (cf. Jean 16, 22).

Oui, notre espérance repose sur la venue dans notre chair du Fils de Dieu. Il est Lumière née de la Lumière, Lumière inaccessible qui vient éclairer nos ténèbres et réchauffer nos coeurs. Marie apparaît à Pontmain en une fin d’après-midi d’hiver et au début de la nuit ; il fait nuit et il fait froid dans les coeurs tentés par la désespérance ; sa présence et son message sont lumière dans la nuit ; elle réchauffe les coeurs, elle fait tomber les peurs ; le beau sourire de Marie met les enfants dans une joie communicative. Marie nous rappelle toujours que Dieu s’est fait homme ; elle atteste de l’Incarnation du Fils de Dieu : “Dieu a envoyé son Fils ; Il est né d’une femme…, pour faire de nous des fils”, disait la deuxième lecture. En son Fils Unique, Dieu s’est engagé définitivement avec l’humanité ; Jésus a pris sur Lui notre péché et Il a vaincu la mort, nous ouvrant les horizons infinis auxquels notre coeur aspire. L’avenir est non seulement possible, mais certain. Désormais, “Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur”, dit Saint Paul (Rom. 8, 39). ..."

Source : diocese-laval.fr

 

 

19/11/20119/11/2014

Interview du Cardinal Philippe Barbarin

par la Fondation Lejeune,19/11/2014 (extrait)

Le dimanche 25 janvier 2015 aura lieu la 10ème Marche pour la vie. L’objectif est de maintenir une conscience en France sur l’importance du respect de la vie humaine fragile comme principe essentiel de notre société. Cette année la mobilisation ne peut ignorer l’enjeu de l’euthanasie, compte-tenu de l’actualité politique. Un message de mobilisation pour ce 25 janvier ?

Cette manifestation garde une grande valeur symbolique, et elle touche plus qu’on ne le croit. Elle rappelle que la suppression d’une vie humaine qui commence son cours est une profonde injustice, un acte d’une terrible gravité. Dans l’année du 50ème anniversaire de la clôture du Concile Vatican II, on ne peut oublier la clarté avec laquelle la constitution Gaudium et spes s’exprime à ce sujet. Il n’est pas question de juger les personnes qui ont vécu (ou participé à) un avortement. Dieu connaît leur cœur et elles savent que Sa miséricorde leur est toujours offerte. Mais quand j’ai entendu, l’an dernier, que maintenant une page s’était tournée, que c’en était fini avec la loi Veil ou avec les situations de détresse, et que chacun pouvait disposer de son corps, je me suis décidé à participer à « la Marche pour la vie ».

Pour janvier 2015, je n’ai pas encore regardé si mes obligations pastorales me permettront d’y prendre part, mais la question de l’euthanasie et de l’accompagnement de tous ceux qui sont en fin de vie, est aujourd’hui un enjeu essentiel et bien embrouillé dans toute l’Europe. Sur ce point aussi, nous avons un témoignage à donner. Je pense aux derniers mois de la vie de saint Jean-Paul II, au début de l’année 2005. Jusqu’au bout, il est resté conscient de sa situation. En février, il a accepté de subir une trachéotomie pour ne pas mourir étouffé, mais le mois suivant, il a refusé, m’a-t-on dit, qu’on lui fasse une gastrectomie. Quand l’heure du départ est venue, pourquoi la craindre ? Nous sommes aimés et attendus !

Source : fondationlejeune.org

Le dimanche 25 janvier 2015 aura lieu la 10ème Marche pour la vie. L’objectif est de maintenir une conscience en France sur l’importance du respect de la vie humaine fragile comme principe essentiel de notre société. Cette année la mobilisation ne peut ignorer l’enjeu de l’euthanasie, compte-tenu de l’actualité politique. Un message de mobilisation pour ce 25 janvier ?

Cette manifestation garde une grande valeur symbolique, et elle touche plus qu’on ne le croit. Elle rappelle que la suppression d’une vie humaine qui commence son cours est une profonde injustice, un acte d’une terrible gravité. Dans l’année du 50ème anniversaire de la clôture du Concile Vatican II, on ne peut oublier la clarté avec laquelle la constitution Gaudium et spes s’exprime à ce sujet. Il n’est pas question de juger les personnes qui ont vécu (ou participé à) un avortement. Dieu connaît leur cœur et elles savent que Sa miséricorde leur est toujours offerte. Mais quand j’ai entendu, l’an dernier, que maintenant une page s’était tournée, que c’en était fini avec la loi Veil ou avec les situations de détresse, et que chacun pouvait disposer de son corps, je me suis décidé à participer à « la Marche pour la vie ».

Pour janvier 2015, je n’ai pas encore regardé si mes obligations pastorales me permettront d’y prendre part, mais la question de l’euthanasie et de l’accompagnement de tous ceux qui sont en fin de vie, est aujourd’hui un enjeu essentiel et bien embrouillé dans toute l’Europe. Sur ce point aussi, nous avons un témoignage à donner. Je pense aux derniers mois de la vie de saint Jean-Paul II, au début de l’année 2005. Jusqu’au bout, il est resté conscient de sa situation. En février, il a accepté de subir une trachéotomie pour ne pas mourir étouffé, mais le mois suivant, il a refusé, m’a-t-on dit, qu’on lui fasse une gastrectomie. Quand l’heure du départ est venue, pourquoi la craindre ? Nous sommes aimés et attendus !

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Lettre de Mgr Aillet au sujet de la Marche pour la Vie du 25 janvier 2015

(extrait)

Dans un autre ordre d’idée, si notre réaction face à cet attentat barbare est plus que légitime, ayons le courage et la cohérence de nous indigner aussi pour d’autres formes de violences faites à l’intégrité physique de tant et tant d’innocents. Je pense au signal d’alarme que le Pape François a tiré devant les Institutions européennes pour dénoncer la « culture du déchet » qui caractérise notre vieille Europe, en défendant la dignité de la vie humaine depuis son commencement jusqu’à son terme : « L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme,qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que – nous le remarquons malheureusement souvent – lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades, des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître » (25 novembre 2014 devant le Parlement européen).

Un certain nombre d’associations, engagées aux côté des plus fragiles et sans défense, auxquels on dénie si facilement les droits humains les plus fondamentaux, appellent à une Marche pour la vie à Paris, le dimanche 25 janvier 2015. J’accorde volontiers mon soutien aux organisateurs de cette manifestation qui ont reçu la bénédiction du Saint-Père, et j’encourage tous ceux qui choisiront ce moyen pour se manifester à y participer. Comme le dit encore le Pape François : « Ce n’est pas un progrès de prétendre résoudre les problèmes en éliminant une vie humaine » (La joie de l’Evangile, n. 214). On ne se contentera certes pas de manifester publiquement son « oui à la Vie », mais on s’engagera concrètement dansdes initiatives au service de la vie des plus fragiles : écoute et accueil de femmes enceintes en difficulté, à qui la société ne donne souvent pas d’autre alternative que l’avortement ; accompagnement de femmes blessées par l’avortement en recherche de guérison ; accompagnement et soulagement de malades en phase terminale ou de personnes âgées dites en « fin de vie », auxquels on risque de proposer, sinon une euthanasie active ou un suicide assisté qui semble écarté par le rapport Claeys – Léonetti, une « sédation profonde et prolongée » qui ressemble fort à une euthanasie déguisée…

Source : Diocèse de Bayonne

 

 

Fin de vie : « un urgent devoir de fraternité » pour les évêques français

 

Le rapport rédigé par les députés Jean Leonetti (UMP) et Alain Claeys (PS) sur la fin de vie fait réagir la Conférence des Eveques de France. (extraits)

 

...Mgr d'Ornellas met en garde contre le risque d'incertitude introduit sur l'objectif poursuivi par le médecin avec « la suppression de la référence à l’effet secondaire » lorsque le médecin, à la demande du patient, « met en place "un traitement à visée antalgique et sédative jusqu’au décès"». Par ailleurs, il souligne que « ce nouveau droit ne supprime pas les causes de ce "mal-mourir". (...) Il risque de multiplier les demandes d’une sédation profonde jusqu’au décès », s'inquiète-t-il.
Le rapport affirme « qu’il faut financer les actes d’accompagnement, plutôt que de rester à la tarification à l’activité » pour « mettre en œuvre l’accompagnement bienveillant que nous devons à chaque malade ». Pour Mgr d'Ornellas, c'est précisément à ce niveau que se situe « notre devoir de fraternité », devenu urgent à accomplir : « c’est dans la fraternité que peut se vivre la juste autonomie de la personne vulnérable. Le soin global de la personne contribue au bien-mourir, comme le montrent chaque jour tant d’unités de soins palliatifs », relève-t-il. ...

Mgr d'Ornellas conseille enfin de renforcer les formations du corps médical sur la question des soins palliatifs ; tout en reconnaissant notre vulnérabilité face à la mort : « n’entrons pas dans le mythe de la mort toujours apaisée ou de "la mort propre" écrit-il, aucune loi ne supprimera le fait que la mort est difficile parce qu’elle est toujours une épreuve ». ...

Source : aleteia.org

 

 

Euthanasier, c'est tuer

par Abbé F. Castel, 06/2007

Nous assistons depuis quelques années à une offensive en faveur de la légalisation de l'euthanasie. La méthode est bien connue ; elle a déjà permis de faire passer les lois en faveur de l'avortement, du mariage des homosexuels et autres lois de la culture de mort. On commence par présenter un projet de loi à l'assemblée sans espoir de le faire accepter mais simplement pour donner à l'idée une certaine légitimité et lancer le débat. On travaille ensuite à influencer l'opinion en pratiquant la désinformation (1) pour donner à penser que l'absence d'une loi réglementant cette pratique a des conséquences désastreuses pour la société ; en publiant des manifestes de soi-disant autorités morales qui se prononcent pour la légalisation de la pratique souhaitée et en montant en épingle quelques cas choisis pour leur contenu émotionnel. Une fois obtenu un consensus en faveur de cette pratique, un projet de loi est de nouveau présenté aux députés de l'assemblée nationale qui l'adoptent tout naturellement.

Durant tout ce temps, le débat est volontairement maintenu au niveau émotionnel pour semer la confusion et empêcher une analyse sereine des principes. Il nous faut donc, loin de l'émotion volontairement provoquée autour du sujet, analyser calmement et sans passion les principes régissant l'euthanasie. Commençons d'abord par bien définir les termes pour clarifier la question.

Définition des termes

De façon générale on parle d’euthanasie pour désigner l’acte de mettre fin à la vie d’une personne gravement malade.

Euthanasie active et passive

L’euthanasie active est en fait l’euthanasie proprement dite : poser un acte qui cause la mort du patient. L’autre s’appelle passive car elle n’attente pas à la vie du “patient ” ; elle consiste à ne pas accomplir un ou plusieurs actes nécessaires ou utiles à conserver sa vie. Pour faire plus simple et appeler les choses par leur nom : l’euthanasie active est le meurtre du “ malade ”, alors que dans le cas de l’euthanasie passive, il s’agit plutôt de non-assistance à personne en danger.

De nombreux auteurs récusent cette distinction. Pour eux, l’euthanasie s’accomplit aussi bien par action que par omission à partir du moment où il y a intention de mettre un terme à la vie du patient. Nous adopterons cette façon de voir qui nous paraît plus conforme à la réalité et parlerons donc d’euthanasie par omission de soins. On distingue alors entre les soins ordinaires (alimentation par exemple) dont le refus équivaut à une euthanasie et les soins extraordinaires qui eux peuvent être légitimement omis. Nous y reviendrons.

Nous utiliserons donc la définition de Patrick Verspieren qui est conforme à celles des juristes :

“ l’euthanasie consiste dans le fait de donner sciemment et volontairement la mort ; est euthanasique le geste ou l’omission qui provoque délibérément la mort du patient dans le but de mettre fin à ses souffrances. ”

Euthanasie et suicide

Quand c’est le patient lui-même qui décide de mettre fin à ses jours, il ne s’agit plus d’euthanasie mais tout simplement de suicide. On ne devrait parler d’euthanasie que dans le cas où la décision de mettre fin à la vie est prise par un autre que le patient que ce soit la famille ou le médecin soignant.

On parle aussi de suicide assisté quand, à la demande du malade, une tierce personne l’aide à mettre fin à ses jours, ou même la tue directement à sa demande. Mais cela reste toujours un suicide.

Principe de résolution

L’euthanasie est le meurtre d’un innocent et, comme tel, est condamnée par la loi naturelle et le cinquième commandement de Dieu. Seul Dieu a pouvoir sur la vie qu’il donne et retire selon son bon vouloir. Il ne cède ce droit aux hommes qu’envers le coupable qui devient un danger pour autrui. On peut alors mettre fin à sa vie pour se protéger. Ce sont les cas de légitime défense, de guerre et de condamnation à mort prononcé par un tribunal compétent. C’est là la seule exception. L’euthanasie concerne des innocents et est donc toujours intrinsèquement mauvaise. Cela est valable quel que soit celui qui décide de l’accomplir : l’état, le prochain ou même le propre détenteur de la vie (suicide).

L’état ne peut prétendre au droit de vie ou de mort sur ses administrés. “ Certes l’individu est une partie qui doit coopérer au bien du tout, mais d’un autre côté il transcende ce tout par sa dignité de personne et sa des- tinée éternelle ! Dès lors la société ne peut “ se débarrasser des inutiles ” sans sombrer proprement dans le tota- litarisme qui fait du “ tout ” un absolu.  ” Mgr Bernard Tissier de Mallerais dans le Respect de la vie, éditions Fideliter, p. 112.

Ce principe condamne aussi le suicide qu’il soit “ assisté ” ou non car, comme le dit Saint Augustin, “ celui qui se tue n’est-il pas le meurtrier d’un homme ? ”. “ La vie, dit Saint Thomas d’Aquin, est un don de Dieu concédé à l’homme, et qui demeure toujours soumis au pouvoir de Celui qui “ fait vivre et mourir ” (Deut. XXXII, 39). Aussi quiconque se prive lui-même de la vie pèche contre Dieu, absolument comme pèche (…) celui qui s’arroge le droit de juger une cause qui ne relève pas de sa juridiction. Décider de la mort ou de la vie n’appartient qu’à Dieu seul.” (IIa IIae, Q. 64, a. 5)

Réponses à quelques objections

Face à l’universalité de ce principe protégeant la vie de l’innocent, les partisans de l’euthanasie réclament une exception qui serait d’après eux justifiée par le soucis d’éviter aux malades soit des souffrances intolérables, soit une perte de dignité insupportable. Avant de répondre séparément à ces deux objections, notons d’abord que le meurtre d’un innocent est un acte intrinsèquement mauvais. Il ne peut donc y avoir d’exception car il n’est jamais permis de faire le mal même en vue d’un bien.

Des souffrances intolérables

L’euthanasie, nous dit-on, aurait pour but d’éviter aux malades de grandes souffrances, souffrances inutiles puisque sa maladie est incurable. Ces propos sont tendancieux. Ils laissent entendre que les souffrances du malade ne peuvent être soulagées et que l’euthanasie est la seule façon d’y mettre fin. Or, cela est faux. De nombreux médecins affirment le contraire. Tel le professeur Julien Israël, cancérologue et membre de l’académie des sciences morales et politiques qui écrit : “ Il n’y a aucune douleur, aucune souffrance physique, que la médecine aujourd’hui ne puisse contrôler et apaiser. Je vous assure qu’une combinaison de soins locaux, de soins généraux et d’anti-dépresseurs permet au patient de ne pas souffrir. ”

Certes, il y a encore beaucoup à faire en France pour procurer adéquatement ces soins à tous les malades. Mais alors, la solution n’est-elle pas dans une amélioration de cette situation par le développement des soins pallia- tifs ? L’euthanasie est une réponse totalement disproportionnée aux souffrances du malade qui d’ailleurs ne la souhaite généralement pas. Le docteur Théo Klein affirme que “ les malades qui demandent réellement la mort sont extrêmement rares et, une fois leurs maux soulagés ne réitèrent pas une telle demande.

Cette demande vient le plus souvent de l’entourage qui, ayant une fois admis que la fin est inéluctable, veut que cela se termine au plus vite. C’est pour se protéger eux-mêmes d’une image qui leur déplaît, qu’ils demandent qu’on supprime l’autre. ” (Cahiers Saint Raphaël, N° 59, Juin 2000, p. 39) . Il n’est certes pas facile d’assister impuissant au dépérissement d’un être cher ; l’entourer et le soutenir demandent un grand investissement à la fois émotionnel et matériel ; mais peut-on pour autant le priver de ses derniers instants de vie en mettant prématurément fin à celle-ci ? C’est choisir égoïstement la solution de facilité ; pour éviter d’avoir à faire face au problème, on le fait disparaître. L’euthanasie est-elle au service du malade ou de son entourage et de la société ? La question mérite d’être posée. On est bien loin en tous cas des belles intentions avancées par les promoteurs de l’euthanasie.

Ajoutons aussi que ces propos dénient toute valeur à la souffrance ce qu’un chrétien ne peut accepter. La passion de Notre-Seigneur Jésus Christ lui enseigne que la souffrance offerte à Dieu en soumission à sa volonté a une grande valeur à ses yeux. Elle permet au malade de réparer les errements de sa vie en expiant ses péchés. L’une des fins du sacrement des malades est d’ailleurs d’aider ceux-ci à supporter leurs souffrances dans cet état d’esprit au lieu de chercher à les fuir à tout prix.

La souffrance peut aussi être merveilleusement féconde. Dieu nous l’a enseigné par l’exemple de plusieurs saints tel Sainte Rafqa (1832 -1914). A l’âge de 53 ans, sa vie devint un véritable calvaire qui allait durer 29 ans. Elle se mit à endurer des douleurs atroces à la tête et aux yeux au point de ne plus supporter la lumière et devint complètement aveugle en 1899. A partir de 1906, ses os se disloquèrent un à un. En 1911, elle n’était plus qu’un tas d’os que ses soeurs (elle était religieuse) déplaçaient dans un drap de peur que ses os disloqués ne tombent. Elle vécut ainsi pendant trois ans sans jamais se plaindre. Sa foi l’aida à trouver un sens à sa vie de souffrance qu’elle sut rendre extrêmement féconde par les grâces obtenues de Dieu. Aujourd’hui, notre société moderne lui proposerait de mettre fin à sa vie jugée inutile et sans valeur, est ce vraiment un progrès ?

Une insupportable perte de dignité

Les partisans de l’euthanasie revendiquent ce qu’ils appellent le droit de mourir au nom du respect de la dignité de la personne qui serait compromise par un état insupportable de déchéance physique et mentale causé par la maladie. Mais la dignité de la personne humaine ne se juge pas à ses fonctions biologiques. Elle ne se perd pas par une diminution des capacités physiques. “ La vie terrestre trouve son sens dans la vie éternelle ; même souffrante ou inconsciente, la personne conserve sa dignité d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, la dignité d’un “ être d’éternité ”. C’est pourquoi, dit Pie XII (aux médecins chirurgiens, 13.02.1945), “ le médecin méprisera toute suggestion qui lui sera faite de détruire la vie, si frêle et si humainement inutile que cette vie puisse paraître ”. ”

Le refus de soins

L’euthanasie peut aussi se réaliser par l’omission des soins nécessaires à la conservation de la vie. Pie XII nous explique dans quelle mesure cette omission est coupable :

“ La raison naturelle et la morale chrétienne disent que l’homme (et quiconque est chargé de prendre soin de son semblable) a le droit et le devoir, en cas de maladie grave, de prendre les soins nécessaires pour conserver la vie et la santé. Ce devoir, qu’il a envers lui-même, envers Dieu, envers la communauté humaine, et le plus souvent certaines personnes déterminées, découle de la charité bien ordonnée, de la soumission au Créateur, de la justice sociale et même de la justice stricte, ainsi que de la piété envers sa famille mais il n’oblige habituellement qu’à l’emploi des moyens ordinaires (suivant les circonstances de personnes, de lieux, d’époques, de culture), c’est-à-dire des moyens qui n’imposent aucune charge extraordinaire pour soi-même ou pour un autre.

Une obligation plus sévère serait trop lourde pour la plupart des hommes, et rendrait trop difficile l’acquisition de biens supérieurs plus importants. La vie, la santé, toute activité temporelle, sont en effet subordonnées à des fins spirituelles.

Par ailleurs, il n’est pas interdit de faire plus que le strict nécessaire pour conserver la vie et la santé, à condition de ne pas manquer à des devoirs plus graves. ” (Pie XII, Allocution du 24 novembre 1957)

Les dangers d'une loi sur l'euthanasie

Porte ouverte à tous les abus

Admettre ne serait ce qu’une exception à un principe, c’est le remettre en question et ouvrir la porte aux abus. Il sera vite bafoué pour la moindre raison. Tel fut le cas avec l’avortement qui fut accepté comme une exception au principe du respect de la vie de l’innocent. Il ne fut d’abord autorisé que pour répondre à une situation exceptionnelle. Il est désormais entré dans les mœurs au point d’être reconnu comme un droit de la femme. “ Une telle dérive ne saurait épargner la pratique de l’euthanasie dans une société où la longévité s’accroît régulièrement avec ses souffrances et multiples dépendances, ce qui pèsera de plus en plus sur le budget de la Santé, d’où certaines tentations… ”

Incitation au suicide

Il est à craindre qu’une loi autorisant l’euthanasie ou même seulement le suicide assisté devienne une véritable incitation au suicide.

En effet, il faut savoir qu’un grand malade passe par des périodes de profond désespoir souvent accompagné de tentations de suicide. La pratique habituelle face à une personne à tendances suicidaires (prisonnier, malade psychiatrique) est d’éloigner de lui tout instrument qui lui permettrait d’attenter à sa vie et de le surveiller pour l’empêcher de passer à l’acte. Ici, non seulement, on ne fait rien de tout cela, mais encore on propose au malade toute l’assistance nécessaire pour réussir son suicide.

Le malade est aussi très sensible au fait qu’il devient une charge pour son entourage. Il sera donc particulièrement vulnérable aux pressions de celui-ci qui pourra être tenté de l’encourager à profiter d’une telle loi. Il coûte cher à la société ; il est un fardeau pour ses proches ; et tout cela pour quoi : prolonger de quelques jours une vie dont il ne peut plus profiter. Ne serait-il pas préférable pour tout le monde, lui compris, s’il se décidait à mettre fin à tout cela sans plus tarder ?

Conclusion

L’euthanasie est le meurtre d’un innocent. Comme tel, elle est intrinsèquement mauvaise et n’est donc jamais permise. Sa légalisation serait un pas de plus dans la revendication de la liberté absolue de la personne humaine qui doit être à même de “ choisir sa vie, choisir sa mort ” (thème du congrès tenu par l’ADMD - association pour le droit de mourir dans la dignité, Nice, 21-23.09.1984) Elle affirmerait ainsi sa liberté - même face à Dieu - en ne se laissant pas imposer une mort à subir contre son gré.

Abbé François Castel, prêtre de la fSSPX

Extrait de La Sainte Ampoule n° 153 de juin 2007

 

 

Rapport Claeys-Leonetti : Entre ambiguïté et tentation de l’euthanasie

Communiqué de Mgr Dominique Rey, évêque de Frejus-Toulon, 13/12/2014

L’embarras qui entoure la publication du rapport Claeys-Leonetti remis au président de la République reflète l’ambiguïté dont il se refuse à sortir. On comprend qu’il n’est pas question d’aborder de front euthanasie et suicide assisté. Dont acte. En revanche, la proposition phare du rapport jongle avec les mots lorsqu’elle parle de « sédation profonde et continue ». Quel est cet « accompagnement vers la mort» pour permettre de «mourir dans la dignité » dont parle M. Hollande ?

Un « nouveau droit à mourir » ?

Créer ou reconnaître un nouveau droit à mourir, c’est pour le moins favoriser le développement d’une mentalité euthanasique. Faire de la sédation en phase terminale, déjà pratiquée par les médecins en particulier dans le cadre de soins palliatifs, un droit du patient, c’est modifier de fait la relation entre le médecin et son patient. On a du mal à comprendre pourquoi ce protocole devrait faire l’objet d’un droit sauf à penser que les médecins ne remplissent pas leur mission ou, plus simplement, à induire des pratiques euthanasiques là où une sédation peut être légitime face à une détresse extrême. La sédation en phase terminale, acte pris collégialement, est déjà suffisamment délicate pour qu’on ne rajoute pas de pression aux médecins en les empêchant de privilégier toujours l’écoute et la qualité de la relation avec leurs malades. Pour soulager les souffrances il faut parfois prendre le risque d’accélérer la mort du malade, mais « faire mourir ne peut jamais être considéré comme un soin médical, même si l’intention était seulement de répondre à une demande du patient ».

Le nouveau droit n’introduit-il pas de la confusion là où l’on attend clarté et apaisement ? Ne nous leurrons pas : l’utilisation d’un vocabulaire très technique pourrait servir à détourner le principe du respect de la vie en permettant certaines dérogations.

Lorsqu’une loi prétend introduire et défendre un nouveau droit, il est inévitable de voir les demandes d’en bénéficier affluer, en l’espèce demandes d’ « endormissement » jusqu’à la mort. Le nouveau droit n’introduit-il pas de la confusion là où l’on attend clarté et apaisement ? Ne nous leurrons pas : l’utilisation d’un vocabulaire très technique pourrait servir à détourner le principe du respect de la vie en permettant certaines dérogations. Il est tout à fait adapté de parler ici de « droit fondamental » à la vie, principe inviolable qui est à la base de toute vie en société, principe qui ne doit pas conduire non plus à l’acharnement thérapeutique. Il ne souffre aucune exception : un régime de « dérogation encadrée » mène souvent aux pires excès.

Il est à craindre également que les directives anticipées, si elles devaient s’imposer au médecin, ne favorisent pas la confiance et le dialogue entre patients et soignants. Elles pourraient même inciter les plus fragiles à des demandes radicales, qui disparaissent lorsque les personnes en fin de vie sont prises en charge dans de bonnes conditions.

Prendre soin de la fragilité

Si l’on doit saluer la volonté de développer les soins palliatifs et d’améliorer la formation des médecins sur les questions de fin de vie, il est urgent de ne pas céder à des dérives qui pourront conduire à l’euthanasie. Comment ne pas rappeler à ceux qui préparent et votent les lois les paroles fortes du Pape François, lors de sa visite à Strasbourg, sur la vocation de parlementaires : « Vous êtes appelés à prendre soin de la fragilité », c’est-à-dire à lutter contre la « culture du déchet » qui a tendance à ne considérer la vie humaine qu’en fonction de son utilité. Lorsqu’elle ne l’est plus, « elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades, des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin. »

L’Eglise, qui encourage l’argumentation rationnelle sur ces questions, se souvient aussi que l’euthanasie est une grave violation de la loi de Dieu. « Affirmer la dignité de la personne, c’est reconnaître le caractère précieux de la vie humaine, qui nous est donnée gratuitement. » Pas plus que de sa vie, qu’il reçoit de Dieu, l’homme n’est le maître de sa mort. Aimer la personne mourante, c’est aussi accepter de se laisser désarmer par sa fragilité extrême : la vulnérabilité ne fait jamais perdre la dignité. Rien ne justifie de provoquer la mort d’une personne pour laquelle « on ne peut plus rien ».

Enfin, il n’est pas inutile de se souvenir que la mort n’est pas irrémédiablement fermée à toute perspective de sens et à toute espérance. Pouvoir ne pas la vivre seul est aussi un droit de la personne qu’il faudrait être capable d’honorer de même que la possibilité de la préparer à la rencontre avec Dieu.

Source : osp:frejustoulon.fr

 

 

Mgr. Fernando Chomali: « l’avortement et l’euthanasie sont des actes de violence » 

par Julia Sandero, 03/12/2014

Dans le cadre d’une marche pour la défense de la vie, qui a attiré des milliers de personnes dans la ville de Concepcion, au sud du Chili, Mgr. Fernando Chomali, archevêque de Concepción et membre de l’Académie pontificale pour la Vie, a déclaré dimanche, qu’il y avait de nombreuses attaques contre la vie:« Nous avons vu le tollé dans le monde entier contre les 43 jeunes tués au Mexique. Nous voyons comment on tue les chrétiens en Irak et en Syrie et comment ils doivent fuir; nous voyons la violence contre la vie, la pauvreté, l’oppression par le travail. Nous voyons tant d’injustices sociales…. Maintenant, cette violence contre la vie, ces lois qui favorisent l’avortement, nous ne voulons pas cela pour le Chili. L’expérience du monde nous le confirme. L’avortement est un acte de violence comme l’est aussi l’euthanasie »

 Le prélat a déclaré que «nous défendons la vie avec l’arme que nous donnent la raison, la science et la foi et qui est l’amour. Le Chili perdra beaucoup si une loi permettant l’avortement est approuvée et de même si le Chili permet la loi sur l’euthanasie ».

 Mgr. Chomali a également déclaré que «la vie est une grande valeur et ne peut être laissée à l’arbitraire d’une personne ou d’un groupe de personnes. Nous voulons démontrer qu’une véritable démocratie est celle qui prend soin de tous ses membres. Le bonheur ne dépend pas de l’état de santé, mais de l’amour que l’on donne et que l’on reçoit. »

 Il a souligné qu’«un état de droit est vrai lorsque la force de la raison l’emporte sur la logique de la force. Une état de droit est celui qui garde ou prend soin de ceux qui ne peuvent pas se défendre. »

 La marche pro-vie a été aussi suivie par des politiques. Parmi eux, le député Christian Campos, qui a déclaré que la manifestation répondait entièrement à sa position de défense de la vie. «Je suis préoccupé par la situation qui pourrait s’installer dans le pays avec une politique publique qui pourrait générer une situation dramatique chez les femmes qui voient aujourd’hui l’avortement comme une solution à leur problème ».

Sergio Bobadilla, président régional de l’UDI (Union Démocrate Indépendante, parti chilien conservateur), après l’appel de l’Église à défendre la vie, a déclaré que « nous devons manifester publiquement que nous sommes en faveur de la vie dès la conception. Je lance un appel à tous pour que nous manifestions ouvertement en défense de la vie et de la famille »

Source : la-nouvelle-gazette.fr

 

 

Mgr d’Ornellas lance un blog sur la fin de vie

par Maximilien Bernard, 31 octobre 2014 

Suite à une promesse de campagne de 2012 du président François Hollande, une révision de la loi sur la fin de vie est programmée en 2015. L’Église catholique entend être partenaire du débat qui s’ouvre sur ce thème complexe. les évêques de France ont créé pour cela un groupe de travail, présidé par Mgr Pierre d’Ornellas. Celui-ci a déjà été auditionné par les députés en charge de la préparation du nouveau texte de loi.

Pour accompagner cette réflexion, la Conférence des Évêques de France a souhaité ouvrir un blog, comme en 2009 pour la révision de la loi bioéthique (http://bioethique.catholique.fr/). Ce blog est conçu comme un espace de dialogue, ouvert aux internautes qui souhaitent éclairer leur réflexion en vue d’un discernement sur les questions délicates et complexes qui se posent dans le cadre de l’accompagnement des personnes en fin de vie.

La parole sera donnée, tous les 15 jours, à des personnes reconnues dans leurs domaines de compétence et d’expérience  : médecins, soignants, accompagnants, juristes, philosophes, théologiens, etc. Des témoignages seront également prévus. Chaque contributeur s’exprime à titre personnel par la rédaction d’un billet et répond ensuite pendant 15 jours aux internautes. C’est ainsi qu’il suscite la réflexion et le dialogue ; leurs points de vue ne sauraient engager la Conférence des Évêques de France.

Le blog propose pour l’instant plusieurs catégories qui reprennent, entre autre, les 3 misions fixées pour le futur texte de loi :

  • La médecine palliative
  • Les directives anticipées
  • L’apaisement des souffrances

Le blog y ajoute 5 autres catégories :

  • Dimension économique
  • L’assistance médicale au suicide
  • La fin de vie en néonatologie
  • La loi Leonetti
  • La mort dans la société contemporaine

Conçu comme un espace de dialogue et un outil de travail, le blog propose également une liste de liens (« Pour aller plus loin ») donnant accès à des contenus externes : législation, documents de référence, Magistère catholique, adresses utiles.

http://findevie.catholique.fr sera modéré par Jean Matos, à Rennes, spécialiste des questions bioéthiques en tant que chargé de mission pour la Province ecclésiastique de Rennes.

Ce blog peut être suivi sur Twitter : @blogfindevie

Et pendant que les évêques réfléchissent, nous, nous irons dans la rue.

Source riposte-catholique.fr

 

 

Sermon de l'évêque et Cardinal de Münster, Clemens August comte von Galen, le dimanche 3 août 1941 dans l'église de St Lambert, à Münster.

"A mon regret je dois vous informer que pendant la semaine passée la Gestapo a continué sa campagne d'annihilation contre les ordres catholiques. Mercredi 30 juillet, ils ont occupé le centre administratif de la province des soeurs de Notre-Dame à Mühlhausen dans le district de Kempen, qui a autrefois appartenu au diocèse de Münster, et ils ont déclaré que le couvent devait être dissous. La plupart des soeurs, dont beaucoup viennent de notre diocèse, ont été expulsées et elles ont reçu l’ordre de quitter le district le même jour. Jeudi, selon des sources fiables, le monastère des frères missionnaires de Hiltrup à Hamm a été également occupé et confisqué par le Gestapo et les religieux ont été expulsés. Déjà le 13 juillet, à propos de l'expulsion des Jésuites et des soeurs missionnaires de Sainte Claire de Münster, j'ai publiquement déclaré dans cette même église: Aucun des occupants de ces couvents n'est accusé de quelqu’offense ou de crime, aucun n’a été amené devant un tribunal, aucun n’a été reconnu coupable. J'entends que des rumeurs sont maintenant répandues dans Münster qu’ après tout, ces religieux, en particulier les Jésuites, ont été accusés, ou même convaincus d’actes criminelles, et même de trahison. Je déclare ceci :

Ce sont de basses calomnies de citoyens allemands, nos frères et nos soeurs, que nous ne tolérerons pas. J'ai déjà déposé une plainte pénale auprès du procureur en chef contre un individu qui est allé si loin qu’il a fait de telles allégations devant des témoins. J'exprime l'espoir que l'homme sera amené rapidement à rendre compte et que nos Tribunaux auront toujours le courage de punir les calomniateurs qui cherchent à détruire l'honneur de citoyens allemands innocents dont la propriété a été déjà enlevée. J'invite tous mes auditeurs, oui, tous mes respectables concitoyens, qui à l'avenir entendront des accusations faites contre les religieux expulsé de Münster de donner le nom et l'adresse de la personne portant ces accusations et de tous les témoins. J'espère qu'il y a toujours des hommes à Münster qui ont le courage de faire leur devoir en demandant la mise en examen judiciaire contre de telles accusations qui empoisonnent la communauté nationale, en s’engageant par leur personne, leur nom et au besoin leur témoignage. Je leur demande, si de telles accusations contre les religieux sont faites en leur présence, de les rapporter immédiatement à leur curé ou au Vicaire général et de les faire enregistrer. Je demande pour l'honneur de nos ordres religieux, pour l'honneur de notre église catholique et également pour l'honneur de nos compatriotes allemands et de notre ville de Münster de rapporter de tels cas au service de poursuite de l'État de sorte que les faits puissent être établis par un tribunal et les calomnies contre nos religieux punies.

(Après la lecture de l’Evangile pour le 9ème dimanche après la Pentecôte : "et quand il fut proche (de Jérusalem) , à la vue de la ville, il pleura sur elle...", Luc 19,41- 47):

Mes chers diocésains! C'est un événement profondément émouvant que nous lisons dans l’évangile d’aujourd'hui. Jésus pleure! Le fils de Dieu pleure! Un homme qui pleure souffre d’une peine – une peine du corps ou du coeur. Jésus n'a pas souffert dans son corps, mais il a pleuré. Combien grande a été la douleur de son âme, la souffrance du cœur du plus courageux des hommes pour qu’il pleure! Pourquoi a-t-il pleuré? Il a pleuré sur Jérusalem, sur la ville sainte de Dieu qui lui était si chère, la capitale de son Peuple. Il a pleuré sur ses habitants, ses concitoyens, parce qu'ils ont refusé de reconnaître la seule chose qui pourrait éviter le jugement qu’il connaissait par son omniscience et qui était déterminé à l'avance par le divin juge: "Si en ce jour tu avais reconnu, ... le message de paix !" Pourquoi les habitants de Jérusalem ne le reconnaissent-ils pas? Peu de temps avant, Jésus l’avait apostrophée : "O Jérusalem, Jérusalem... combien de fois, combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et tu n’as pas voulu!" (Luc 13.34).

Tu n’as pas voulu ! Moi, ton roi, ton Dieu, je le voulais ! Mais tu n’as pas voulu ! Combien elle est en sécurité, comme elle est protégée la couvée des poussins sous l'aile de la poule: elle la réchauffe, elle la nourrit, elle la défend. De la même manière j'ai désiré vous protéger, pour vous garder, pour vous défendre contre tout mal. Je le voulais , mais vous ne le vouliez pas ! C'est pourquoi Jésus pleure; c'est pourquoi cet homme fort pleure; c'est pourquoi Dieu pleure… Sur la folie, l'injustice, le crime de ceux qui ne veulent pas… Et sur le mal auquel cela donne lieu - que son omniscience voit venir, que sa justice doit imposer - si l'homme pose son refus contre les ordres de Dieu, en opposition aux remontrances de la conscience, et à toutes les invitations affectueuses de l'ami divin, le meilleur des pères:

" Si tu avais donc reconnu , encore aujourd’hui, en ce jour ce qui sert à la paix ! Mais tu n’as pas voulu !" C’est quelque chose de terrible, quelque chose d’incroyablement faux et fatal, quand l'homme met sa volonté en opposition à la volonté de Dieu. Je voulais ! Mais tu n’as pas voulu ! C'est pourquoi Jésus pleure sur Jérusalem.

Chrétiens chèrement aimés! La lettre pastorale commune des évêques allemands, qui a été lue dans toutes les églises catholiques en Allemagne le 26 juin 1941, dit entre autres : " Il est vrai que, dans l'éthique catholique, il y ait certains commandements positifs qui n’obligent plus si leur observance provoquait des difficultés excessivement grandes ; mais il y a également des engagements sacrés dont en conscience personne ne peut nous libérer, que nous devons accomplir même s’il nous en coûte notre vie. Jamais, en aucune circonstance, un homme ne peut , sauf en cas de guerre ou de légitime défense, mettre à mort une personne innocente."

J'ai eu l'occasion, le 6 juillet, d’ajouter les commentaires suivants à ce passage de la lettre pastorale commune: "Depuis quelques mois nous entendons des rapports selon lesquels des personnes internées dans des établissements pour le soin des maladies mentales, qui ont été malades pendant une longue période et semblent peut-être incurables, ont été de force enlevées de ces établissements sur des ordres de Berlin. Régulièrement, les parents reçoivent, peu après un avis selon lequel le patient est mort, que son corps a été incinéré et qu'ils peuvent recevoir ses cendres.

Il y a un soupçon général, confinant à la certitude, selon lequel ces nombreux décès inattendus de malades mentaux ne se produisent pas naturellement, mais sont intentionnellement provoqués, en accord avec la doctrine selon laquelle il est légitime de détruire une soi-disant " vie sans valeur" - en d'autres termes de tuer des hommes et des femmes innocents, si on pense que leurs vies sont sans valeur future au peuple et à l'état. Une doctrine terrible qui cherche à justifier le meurtre des personnes innocentes, qui légitimise le massacre violent des personnes handicapées qui ne sont plus capables de travailler, des estropiés, des incurables des personnes âgées et des infirmes!"

Comme j’en ai été bien informé, dans les hôpitaux et les hospices de la province de Westphalie sont préparés des listes de pensionnaires qui sont classés en tant que "membres improductifs de la communauté nationale" et doivent être enlevé de ces établissements et être ensuite tués rapidement. La première partie des patients est partie de l'hôpital de malades mentaux de Marienthal, près de Münster, au cours de cette semaine. Des hommes et des femmes allemands!

L'article 211 du code pénal allemand est toujours en vigueur, et dit en ces termes:   "Qui intentionnellement tue un homme, en ayant l’intention de donner la mort, sera puni de mort pour meurtre".

Il n’y a aucun doute : afin de protéger ceux qui tuent intentionnellement ces pauvres hommes et femmes, membres de nos familles, de cette punition établie par la loi, les patients qui ont été choisis pour le massacre sont déplacés de leur environnement vers quelque endroit éloigné. Quelque maladie ou autre est alors donnée comme cause de la mort. Puisque le corps est immédiatement incinéré, les parents et la police criminelle ne peuvent pas établir si le patient en fait avait été malade ou ce qu'était réellement la cause de la mort. J'ai été assuré, cependant, qu'au ministère de l'intérieur et au Service de l'officier médical en chef du Reich, le Dr Conti, qu’aucun secret n’est fait du fait qu'en effet un grand nombre de personnes mentalement malades en Allemagne ont été déjà tuées intentionnellement et que ceci continuera.

L'article 139 du code pénal prévoit que "quiconque a la connaissance d'une intention de commettre un crime contre la vie de toute personne... et n'informe pas les autorités ou la personne dont la vie est menacée, en temps voulu... commet une faute punissable ".

Quand j'ai eu connaissance de l'intention d'enlever des patients de Marienthal, j'ai déposé le 28 juillet une plainte chez le procureur de Münster, au tribunal du Land à Münster, et à Monsieur le président de la Police par lettre recommandée ayant la teneur suivante :

"Selon l'information que j'ai reçue il est projeté au cours de cette semaine (la date a été mentionnée comme étant celle du 31 juillet) de déplacer un grand nombre de patients internés de l'hôpital provincial de Marienthal, classés comme 'membres improductifs de la communauté nationale ', à l'hôpital psychiatrique d’Eichberg, où ils doivent être intentionnellement tué comme on croit généralement que cela s’est produit dans le cas de patients enlevés d'autres établissements.

Puisqu'une telle action est non seulement contraire à la loi morale divine et naturelle mais est qualifiée à l'article 211 du code pénal allemand comme meurtre et entraîne la peine de mort, je rapporte par la présente ce fait en accord avec mon obligation de l'article 139 du code pénal et demande que des mesures soient immédiatement être prises pour protéger les patients concernés par des démarches contre les autorités projetant leur déplacement et leur meurtre, et que je puisse être informé de la mesure prise ".

D’information au sujet de ma démarche, aucune ne m’est venue en retour que ce soit du procureur ou de la police. J'avais déjà écrit le 26 juillet aux autorités de la Province de Westphalie qui sont responsables du fonctionnement de l'hôpital psychiatrique et des patients confiés à eux pour veiller sur eux et pour les soigner, protestant dans les termes les plus forts. Cela n'a eu aucun effet. Le premier transport des victimes innocentes sous sentence de mort a quitté Marienthal. Et de l'hôpital de Warstein, ce sont, comme je l’ai entendu, 800 patients qui ont été déjà enlevés.

Nous devons nous attendre, donc, à ce que les pauvres patients sans défense soient, tôt ou tard, tué. Pourquoi? Non pas parce qu'ils ont commis quelque offense que ce soit justifiant leur mort; non pas parce que, par exemple, ils ont attaqué une infirmière ou un préposé à leur surveillance, qui seraient autorisés pour cause de légitime défense à répondre avec violence à la violence. En ce cas l'utilisation de la violence menant à la mort est permise et peut être invoquée, comme dans le cas où l’on tue un ennemi armé. Non : ces malheureux patients doivent mourir, non pas pour quelque raison semblable mais parce que par le jugement d'un certain organisme officiel, sur la décision d'un certain comité, ils sont devenus "indignes de vivre," parce qu'ils sont classés en tant que "membres improductifs de la communauté nationale". Le jugement est qu'ils ne peuvent plus produire aucun bien : Ils sont comme une vielle machine qui ne fonctionne plus, comme un vieux cheval qui est devenu boiteux de manière incurable, comme une vache qui ne donne plus de lait. Qu'arrive-t-il à une vielle machine ? Elle est mise à la ferraille. Qu'arrive à un cheval boiteux, à une vache improductive?

Non ! Je ne pousserai pas la comparaison jusqu’au bout - si affreuse est sa convenance et son pouvoir d’illumination.

Mais nous ne sommes pas concernés ici par de vielles machines, nous n'avons pas affaire à des chevaux et à des vaches, dont l’unique fonction est de servir l'humanité, de produire des biens pour l'humanité. Elles peuvent être détruites, ils peuvent être abattus quand ils ne remplissent plus cette fonction. Non: ici il s’agit d’hommes et des femmes, nos prochains, nos frères et soeurs! De pauvres êtres humains, des êtres humains malades. Ils sont improductifs, si vous voulez... Mais cela signifie-t-il qu'ils ont perdu le droit de vivre? As-tu, ai-je le droit de vivre seulement aussi longtemps que nous sommes productifs, aussi longtemps que nous sommes reconnus par d'autres comme productifs?

Si l’on pose et met en pratique le principe selon lequel les hommes sont autorisés à tuer leur prochain improductif, alors malheur à nous tous, car nous deviendrons vieux et séniles ! S'il est légitime de tuer les membres improductifs de la communauté, alors malheur aux invalides qui ont sacrifié et perdu dans le processus de production leur santé ou leurs membres !

       Si l’on peut se débarrasser des hommes et des femmes improductifs par des moyens violents, alors malheur à nos courageux soldats qui reviennent au pays gravement atteints par des blessures de guerre, estropiés et invalides !

       Si on l'admet, une fois, que les hommes ont le droit de tuer leurs prochains "improductifs" – quoique cela soit actuellement appliqué seulement à des patients pauvres et sans défenses, atteints de maladies - alors la voie est ouverte au meurtre de tous les hommes et femmes improductifs: le malade incurable, les handicapés qui ne peuvent pas travailler, les invalides de l’industrie et de la guerre. La voie est ouverte, en effet, pour le meurtre de nous tous, quand nous devenons vieux et infirmes et donc improductifs. Alors on aura besoin seulement qu’un ordre secret soit donné pour que le procédé, qui a été expérimenté et éprouvé avec les malades mentaux, soit étendu à d'autres personnes "improductives", qu’il soit également appliqué à ceux qui souffrent de tuberculose incurable, qui sont âgés et infirmes, aux personnes handicapées de l'industrie, aux soldats souffrant de graves blessures de guerre !

Alors aucun homme ne sera en sûreté : n’importe quelle commission pourra le mettre sur la liste des personnes "improductives", qui dans leur jugement sont devenues "indignes de vivre". Et il n'y aura aucune police pour le protéger lui, aucun tribunal pour venger son meurtre et pour amener ses meurtriers à la justice. Qui pourra alors avoir une quelconque confiance dans un médecin? Il pourrait signaler un patient comme improductif et pourraient être alors données des instructions pour le tuer!

On ne peut s’imaginer, la dépravation morale, la méfiance universelle qui s'étendra au coeur même de la famille, si cette doctrine terrible est tolérée, admise et mise en pratique. Malheur aux hommes, malheur au peuple allemand quand le saint commandement de Dieu : "Tu ne tueras pas ! ", que le seigneur a donné au Sinaï dans le tonnerre et les éclairs, que Dieu notre créateur a écrit dans la conscience de l'homme au commencement, si ce commandement n'est pas simplement violé mais sa violation est tolérée et exercée impunément !

Je vous donnerai un exemple de ce qui se produit. Un des patients de Marienthal était un homme de 55 ans, un fermier d'une paroisse de campagne dans la région de Münster - je pourrais vous donner son nom - . Il a souffert pendant quelques années de perturbation mentale et a été donc admis à l'hôpital de Marienthal. Il n'était pas mentalement malade dans le plein sens du terme: il pouvait recevoir des visites et était toujours heureux, quand sa parenté venait le voir. Il y a seulement une quinzaine, lui rendirent visite son épouse et un de ses fils, un soldat qui se trouvait stationné au front et avait un congé à la maison. Le fils est très attaché à son père malade, aussi la séparation fut difficile… Qui sait si le soldat reviendra, s’il reverra son père, car il peut tomber au combat pour son pays.

Le fils, le soldat, ne reverra sans doute sûrement pas son père sur la terre car il a été depuis mis sur la liste des "improductifs".

Un parent, qui a voulu rendre visite au père cette semaine à Marienthal, s’en est retourné avec l'information que le patient avait été transféré ailleurs sur les instructions du Conseil des ministres pour la défense nationale. Aucune information ne pourrait être fournie sur le lieu où il avait été envoyé, mais les parents seraient mis au courant d’ici quelques jours. Quelle sera cette information? La même que dans d'autres cas semblables? Que l'homme est mort, que son corps a été incinéré, que les cendres seront remises contre paiement d’honoraires? Car le soldat, risquant sa vie au champ d’honneur pour ses compatriotes, ne reverra pas son père sur terre, parce que des compatriotes à la maison l'ont tué. Les faits que j'ai énoncés sont bien établis. Je puis donner les noms du patient, de son épouse et de son fils le soldat, et de l'endroit où ils vivent. " Tu ne tueras pas !" Dieu a écrit ce commandement dans la conscience de l'homme longtemps avant que n'importe quel code pénal ait établi de pénalité pour le meurtre, longtemps avant qu’il n’y ait n'importe quel procureur ou n'importe quelle cour pour instruire et punir un meurtre. Caïn, qui a tué son frère Abel, était un meurtrier longtemps avant qu'il n’y ait eu d’États ou de tribunaux. Et il avouait sa faute, pressé par sa conscience qui l’accusait : " Mon méfait est trop grand pour que je puisse trouver le pardon ... le premier venu qui me trouvera me tuera" (Genèse 4.13-14). "

" Tu ne tueras pas !" Ce commandement de Dieu, qui seul a le pouvoir de décider de la vie ou de la mort, a été écrit dans le coeur des hommes au commencement, longtemps avant que Dieu ait donné aux enfants de l'Israël sur la montagne du Sinaï sa loi fondamentale dans ces phrases lapidaires inscrites sur la pierre, qui sont écrites pour nous dans l’Écriture Sainte et que comme enfants nous avons apprises par coeur au catéchisme.

" Je suis le Seigneur ton Dieu ! " Ainsi commence cette loi immuable. " Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi ! " Dieu – le seul Dieu, transcendant, tout-puissant, omniscient, infiniment saint et juste, notre créateur et juge à venir - nous a donné ces commandements. En raison de son amour pour nous il a écrit ces commandements dans notre coeur et les a proclamés. Car ils correspondent au besoin de notre nature créée par le Dieu; ce sont les normes indispensables de tout vie raisonnable, pieuse, salutaire et sainte individuelle et communautaire.

Avec ces commandements, Dieu notre père, veut nous rassembler, nous ses enfants, comme la poule rassemble ses poussins. Si nous suivons ces commandements, ces invitations, cet appel de Dieu, nous serons gardés et protégés et préservés du mal, défendus contre la mort et la destruction menaçantes comme les poussins sous les ailes de la poule.

"O Jérusalem, Jérusalem... combien de fois, combien de foi j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et tu n’as pas voulu!" Est-ce que cela va de nouveau arriver à notre pays, à l'Allemagne, à notre province de Westphalie, à notre ville de Münster? Qu’en est-il de l’obéissance aux commandements divins, en Allemagne, ici chez nous ?

Le huitième commandement: "Tu ne donneras pas de faux témoignage, tu ne mentiras pas ! "

Combien de fois il est violé sans scrupule et publiquement!

Le septième commandement: " Tu ne voleras pas !"

La propriété de qui est-elle encore sûre après l'expropriation arbitraire et sans égards de celle de nos frères et de sœurs qui font partie d'ordres religieux catholiques ? La propriété de qui est-elle protégée si cette propriété saisie illégalement n'est pas restituée ?

Le sixième commandement: "Tu ne commettras pas d’adultère."

Pensez aux instructions et aux assurances de rapports sexuels libres et de maternité sans mariage, dans la lettre ouverte notoire de Rudolf Hess, qui a disparu depuis. Cette lettre a été éditée dans tous les journaux. Et combien de conduites dévergondées et déshonorantes de cette sorte avons-nous lu et observé… Nous en avons constaté l’existence dans notre ville de Münster! A quel manque de pudeur dans l’habillement nos jeunes ont-t-il été forcés de s’accoutumer. C’est la préparation pour le futur adultère! La modestie, le rempart de la chasteté, est sur le point d'être détruit.

Et maintenant le cinquième commandement: " Tu ne tueras pas !", est mis de côté et est violé sous les yeux des autorités dont la fonction devrait être de protéger la règle de la loi et la vie humaine, quand les hommes prévoient de tuer des innocents intentionnellement, simplement parce qu'ils sont "improductifs", parce qu'ils ne peuvent plus produire aucune marchandise.

Et qu’en est-il aussi de l'observance du quatrième commandement, qui nous enjoint d’honorer nos parents et ceux qui ont autorité sur nous et de leur obéir? Le statut de l'autorité des parents est déjà bien ébranlé et est de plus en plus mis à mal par tous les engagements imposés aux enfants contre la volonté de leurs parents. Qui donc peut croire que le respect sincère et l’obéissance consciencieuse aux autorités de l'État peut être maintenu quand les hommes continuent à violer les commandements de l'autorité suprême, les commandements de Dieu, quand ils combattent même et cherchent à rejeter la foi au seul véritable Dieu transcendant, Seigneur de ciel et de terre?

L'observance des trois premiers commandements a en réalité pendant de nombreuses années été en grande partie suspendue dans la vie publique en Allemagne et à Münster. Par combien de personnes le dimanche et les jours de fêtes sont-ils profanés et soustraits au service de Dieu! Combien le nom de Dieu est profané, déshonoré et blasphémé!

Et le premier commandement: " Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi ! " Au lieu du seul et véritable Dieu éternel, les hommes installent leurs propres idoles qu’ils servent et adorent: la nature, ou l'état, ou le peuple, ou la race. Et combien sont ceux dont le Dieu, selon le mot de Paul, "est leur ventre" (Philippiens 3.19) - leur propre bien-être - auquel ils sacrifient tout, leur honneur même et leur conscience - les plaisirs des sens, la convoitise de l'argent, la convoitise de la puissance! Ensuite on veut aussi essayer de s’arroger à soi-même les attributs divins, pour se faire des seigneurs au-dessus de la vie et de la mort de leurs prochains. Quand Jésus est venu près à Jérusalem et vit la ville il pleura sur elle disant : "Ah! si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix! Mais non, il est demeuré caché à tes yeux. Oui, des jours viendront sur toi, où tes ennemis t'environneront de retranchements, t'investiront, te presseront de toute part. Ils t'écraseront sur le sol, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas reconnu le temps où tu fus visitée!"

Regardant avec ses yeux de chair, Jésus a vu seulement les murs et les tours de la ville de Jérusalem, mais l'omniscience divine a vu plus profondément et connaît ce qui se passe dans le ville et ce qu’il en est de ses habitants : "O Jérusalem, Jérusalem... combien de fois, combien de foi j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et tu n’as pas voulu!" C'est la grande douleur qui oppresse le coeur de Jésus, qui fait monter des larmes à ses yeux. J'ai voulu ton bien mais tu ne veux pas !

       Jésus a vu combien coupable, terrible, criminel, désastreux est ce refus . Ce petit homme, cette créature frêle, oppose sa volonté créée à la volonté de Dieu! Jérusalem et ses habitants, son Peuple choisi et favorisé oppose sa volonté à celle de Dieu ! De manière folle et criminelle, ils défient la volonté de Dieu! C’est pourquoi Jésus pleure sur le péché horrible et la punition inévitable. On ne se moque pas de Dieu!

Chrétiens de Münster! Est-ce que le fils de Dieu dans son omniscience, en ce jour, a vu seulement Jérusalem et ses habitants? A-t-il pleuré seulement sur Jérusalem? Est-ce que le peuple d'Israël est le seul peuple que Dieu a entouré, qu’il a protégé avec le soin d'un père et l’amour d’une mère, qu’il a aimé ? Est-ce le seul peuple qui ne voulait pas? Le seul qui a abandonné la vérité de Dieu, qui a rejeté la loi de Dieu et ainsi s'est condamné à la ruine? Jésus, Dieu omniscient, a-t-il également vu en ce jour notre peuple allemand, notre pays de Westphalie, notre région de Münster, la Rhénanie inférieure? A-t-il également pleuré sur nous? Pleuré sur Münster ? Pendant mille ans, il a instruit, il nous a instruit nous et nos ancêtres dans sa vérité, il nous a guidés par sa loi, nourris, nous, de sa grâce, rassemblés comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes. Le fils omniscient de Dieu a-t-il vu en ce jour, qu’en notre temps, il doit également prononcer ce jugement sur nous: "Tu n’as pas voulu ! Voici que votre maison va vous être laissée !" Comme ce serait terrible !

Chers fidèles du Christ ! J'espère qu'il est toujours temps… Mais alors il est grand temps ! Reconnaissons encore aujourd’hui ce temps qui nous apporte la paix, qui seul peut nous sauver du tribunal de Dieu : Acceptons sans retour en arrière et sans réserve, nous, la vérité évidente de Dieu et reconnaissons-le par notre vie. Faisons des commandements divins une ligne directrice de notre vie et prenons au sérieux l’expression : plutôt la mort que le péché !

Dans la prière et le pénitence sincère prions pour que la rémission et la pitié de Dieu puissent descendre sur nous, sur notre ville, notre pays et notre chère peuple allemand. Mais avec ceux qui continuent à provoquer le jugement de Dieu, qui blasphèment notre foi, qui dédaignent les commandements de Dieu, qui font cause commune avec ceux qui aliènent nos jeunes au christianisme, qui volent et bannissent nos religieux, qui provoquent la mort d’hommes et de femmes innocents, nos frères et sœurs, avec tous ceux-là nous éviterons n'importe quel rapport confidentiel, nous nous maintiendrons, nous et nos familles hors de portée de leur influence, de peur que nous soyons infectés de leurs manières athées de penser et d’agir, de peur que nous devenions des complices de leurs fautes et soyons ainsi exposé au jugement que le Dieu juste doit rendre et infliger à tous ceux qui, comme la ville ingrate de Jérusalem, ne veulent pas ce que Dieu veut. O Dieu fais nous reconnaître à tous aujourd’hui avant qu’il soit trop tard ce qui nous apporte la paix ! O très sacré coeur de Jésus, affligé de larmes à cause de l’aveuglement et des iniquités des hommes, aide-nous par ta grâce que nous aspirions toujours à ce qui te plaît et renoncions à ce qui te déplaît, pour que nous demeurions dans ton amour et que nous trouvions la paix de nos âmes ! Amen."

Source : abbaye-saint-benoit.ch

 

 

DÉCLARATION DE FOI

de la Fédération Internationale des Associations Médicales Catholiques

À nous, médecins, il nous a été confié de protéger la vie humaine dès son début…

1. JE CROIS en un seul Dieu, Seigneur de l’Univers, qui a créé l’homme et la femme à son image.

2. JE RECONNAIS que le corps humain et la vie, en tant que dons de Dieu, sont sacrés et inviolables : - le corps est soumis aux lois de la nature qui est l’œuvre du Créateur, - le moment où la personne est conçue et celui où elle quitte ce monde dépendent exclusivement de la décision de Dieu. Si c’est l’homme qui prend cette décision, non seulement il viole les Dix Commandements, en commettant des actes comme l’avortement, la contraception, la fécondation artificielle et l’euthanasie, mais par la fécondation in vitro il rejette le Créateur lui-même.

3. J’ACCEPTE comme vérité que le sexe de la personne donné par Dieu est déterminé biologiquement et qu’il est le mode d’existence de la personne humaine. Il est un anoblissement, un privilège, puisque les êtres humains possèdent des organes grâce auxquels par la condition de parents ils deviennent « collaborateurs de Dieu Lui-même dans l’œuvre de la création ». La vocation de parents correspond à un plan divin et seules les personnes choisies par Dieu et liées à Lui par le saint sacrement du mariage peuvent utiliser ces organes sacrés du corps humain.

4. J’AFFIRME que la dignité et la liberté d’un médecin catholique reposent uniquement sur sa conscience éclairée par l’Esprit Saint et l’enseignement de l’Église, et qu’un médecin catholique a le droit d’agir selon sa conscience et la déontologie médicale qui tient compte du droit de s’opposer aux actes violant la conscience.

5. JE RECONNAIS la priorité du droit divin sur le droit humain, le besoin de nos jours de s’opposer aux idéologies inhumaines de la civilisation contemporaine ainsi que le besoin d’approfondir non seulement les connaissances professionnelles mais aussi la connaissance de l’anthropologie chrétienne et de la théologie du corps.

6. JE CONSIDÈRE que  les médecins catholiques ont le droit, , sans imposer à quiconque leurs opinions et leurs convictions, d’attendre et exiger le respect de leurs opinions et la liberté d’exercer en respectant leur conscience.

Source : fiamc.org

 

 

Canada: Archevêque, imam et rabbin défendent la liberté de conscience des médecins

Euthanasie : Médecins forcés de «laisser leur éthique à la porte»  

par apic 08/08/2014

Mgr Terrence Prendergast, archevêque d’Ottawa, l'imam Samy Metwally et le rabbin Reuven Bulka ont publié une prise de position commune sur le droit à la liberté de conscience pour les médecins. Dans leur adresse au Collège des médecins et chirurgiens de l'Ontario, ils écrivent qu'»aucun citoyen canadien, y compris n’importe quel médecin, ne devrait risquer de perdre son statut professionnel pour effectuer son travail en conformité avec ses convictions éthiques ou religieuses».

Selon la dernière édition de l'hebdomadaire catholique national canadien «The Catholic Register», les trois responsables religieux s'estiment «profondément troublés par les nombreuses voix négatives qui ont fortement encouragé le Collège pour forcer les médecins à 'laisser leur éthique à la porte'», en faisant référence notamment à la légalisation de l’euthanasie au Québec.

Ne pas transformer les médecins en de simples mécaniques

Ils relèvent le débat grandissant sur la question de l’euthanasie au Canada, affirmant que «nous sommes arrivés au pire moment possible dans l’histoire canadienne pour transformer les médecins en de simples mécaniques dont le devoir est de faire aveuglément les ordres de leurs clients».

Les leaders religieux estiment crucial de conserver le droit des médecins de refuser de participer à ce type de services, même s'ils sont légaux. «L’euthanasie et le suicide assisté continuent d’être considérés comme profondément immoraux par de nombreuses religions du monde, y compris le christianisme, le judaïsme et l’islam».

Les signataires relèvent que la liberté de conscience est un droit humain fondamental, reconnu par de nombreux accords internationaux et protégé par la Charte canadienne des droits et libertés. Ce droit est «essentiel pour une société véritablement démocratique et fondamental pour la protection de tous les autres droits de l’Homme, y compris la liberté de religion».

Au Québec, le projet de loi «Mourir dans la dignité» a été adopté en juin dernier

L'Association médicale canadienne (AMC), qui représente les médecins au Canada, a rendu public les résultats d'un sondage en ligne sur l'euthanasie. Il en résulte qu'une grande majorité des médecins sont opposés à la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté. L'euthanasie active est légalement interdite dans le pays, mais il existe une tolérance dans certaines provinces sur l'euthanasie passive lors de la phase terminale. L'Assemblée nationale du Québec a adopté en juin dernier le projet de loi 52 qui encadre les soins de fin de vie.

Malgré la ferme opposition des évêques catholiques du Québec et celle du gouvernement conservateur canadien, l'Assemblée nationale du Québec a adopté le 5 juin 2014, par 94 voix contre 22, le projet de loi 52 baptisé «Mourir dans la dignité». Cette nouvelle loi, largement débattue par une commission parlementaire spéciale depuis 2009, permet à un malade en phase terminale de recourir à l'aide médicale pour mettre fin à sa vie.

Source : apic/cr/com/be

 

 

Cardinal Clemens August von Galen (1878-1946), Evêque de Münster

Juillet 1941. Le troisième Reich allemand est à l'apogée de sa puissance. Hitler vient de déclencher une attaque contre l'URSS et rien ne semble devoir arrêter la Wehrmacht.

C'est alors qu'un évêque allemand décide d'élever la voix contre l'euthanasie massive des malades mentaux, qui vient d'être décidée à Berlin. Soixante mille personnes ont déjà été regroupées en vue de leur discrète élimination dans des camps d'extermination.

Mgr Clemens August von Galen ne se fait pas d'illusions: s'il parle, il risque d'être arrêté comme « ennemi du peuple allemand » et exécuté. Il parlera pourtant, et dès le dimanche suivant, dans la chaire de sa cathédrale. Ce courageux Pasteur, que l'on appellera le « Lion de Münster », a été proclamé bienheureux le 9 octobre 2005.

Sermon du 3 août 1941, cathédrale de Münster

«C'est une doctrine effrayante que celle qui cherche à justifier le meurtre d'innocents, qui autorise l'extermination de ceux qui ne sont plus capables de travailler, les infirmes, de ceux qui ont sombré dans la sénilité... N'a-t-on le droit de vivre qu'aussi longtemps que nous sommes productifs ? ...

Il s'agit d'hommes et de femmes, notre prochain, nos frères et soeurs ! De pauvres êtres humains malades. Ils sont improductifs, si vous voulez... Mais cela signifie-t-il qu'ils ont perdu le droit de vivre?... Si l'on pose et met en pratique le principe selon lequel les hommes sont autorisés à tuer leur prochain improductif, alors malheur à nous tous, car nous deviendrons vieux et séniles !... Alors aucun homme ne sera en sûreté : n'importe quelle commission pourra le mettre sur la liste des personnes «improductives», qui, selon leur jugement, sont devenues «indignes de vivre». Et il n'y aura aucune police pour le protéger, lui, aucun tribunal pour venger son meurtre et pour amener ses meurtriers à la justice. Qui donc pourra encore avoir confiance dans son médecin ? Il décidera peut-être que ce malade est devenu «improductif», ce qui reviendra à le condamner à mort. On ne peut s'imaginer la dépravation morale, la méfiance universelle qui s'étendront au coeur même de la famille, si cette doctrine terrible est tolérée, admise et mise en pratique.

Malheur aux hommes, malheur au peuple allemand si le saint commandement de Dieu : Tu ne tueras pas, que le Seigneur a donné au Sinaï dans le tonnerre et les éclairs, que Dieu notre Créateur a écrit dans la conscience de l'homme au commencement, si ce commandement n'est pas seulement violé mais sa violation tolérée et exercée impunément !»

Source : herodote.net et nouvl.evangelisation.free.fr

 

 

Deux médecins s'expriment conjointement avec les évêques de Belgique

07/03/2013 - Fin de vie

Alors que les commissions du Sénat, Justice et Affaires sociales réunies, du Sénat, procédaient à une nouvelle audition d'experts à propos de l'élargissement de la loi euthanasie aux enfants, une conférence de presse avait lieu au cours de laquelle était lue par Mgr André-Joseph Léonard, Président de la conférence épiscopale, la position des évêques belges « Peut-on euthanasier le lien social ? ». Deux médecins, les docteurs Catherine Dopchie et Chantal Kortmann, s'exprimant à titre personnel ont aussi livré leur point de vue à partir de leur réflexion et de leur expérience de soignantes.

En ce qui concerne la proposition d'étendre la loi aux mineurs d'âge, les évêques jugent qu'il est étrange que ceux-ci soient considérés comme légalement incapables de certains actes, par exemple de se marier, mais que tout à coup ils seraient suffisamment mûrs pour se faire donner la mort. En outre, les évêques trouvent risqué de donner à long terme à autrui, via un "testament de vie" (déclaration anticipée d'euthanasie ), la possibilité de décider à la place d'une personne démente d'accomplir l'euthanasie. "Cette décision (...) est-elle vraiment compatible avec un État de droit ? ", se demande Mgr Léonard.

Le Dr. Catherine Dopchie, oncologue et responsable d'une unité de soins palliatifs, abonde dans ce sens: "Si la déclaration anticipée de demande d'euthanasie est à durée illimitée pour la perte de 'conscience de soi', l'euthanasie sera pratiquée sur la base du document, sans connaître le vécu de la personne à ce moment-là."

"Plutôt que de résoudre la question du 'bien mourir' en laissant chacun organiser (...) sa 'sortie de scène', n'est-il pas plus humain d'être tous solidaires de l'épreuve de chacun, de chacune, en posant sur eux un regard qui confirme leur dignité et en cherchant activement à soulager la souffrance qui les accable ?" ajoute Mgr Léonard. Dès lors, les évêques appellent le législateur "à rompre avec une logique qui, d'une certaine façon, euthanasie le lien social lui-même". Plutôt que d'étendre la dépénalisation de l'euthanasie, ils l'invitent "à considérer comment les grands malades, mineurs ou déments, pourront être mieux encore pris en charge par la Santé publique, notamment dans le cadre des soins palliatifs".

Enfin, selon les évêques, l'euthanasie exerce également une pression sur le secteur médical et paramédical. "Il ne s'agit plus seulement de l'art de soigner et de guérir; cela implique aussi l'art de laisser mourir." Pour le Dr. Dopchie, "l'euthanasie est une manière technique de prendre en compte la souffrance humaine. Elle ne prend pas en compte la personne humaine."

Source : Institut Européen de Bioéthique

 

 

L’Euthanasie ou le négationnisme de la mort


Merci Monsieur l’abbé d’avoir accepté de répondre aux nombreuses questions qu’ont soulevées les derniers rebondissements judiciaires de l’affaire Bonnemaison et du sort du malheureux Vincent Lambert. Il nous a semblé assez évident de nous adresser à vous puisque vous avez exercé votre ministère des années à La Pitié Salpêtrière comme aumônier.

MN : Vous avez dû être souvent confronté à la fin de vie ou en langage non politiquement correct à l’agonie ?

Abbé Iborra : C’est essentiellement aux urgences que la mort est présente. Dans ce service, la mort est habituelle et l’échec des techniques médicales est mieux accepté. Un chef de service m’a cependant expliqué que beaucoup de jeunes urgentistes faisaient vraiment le maximum et sauvaient du coup des cas parfois désespérés. A posteriori, on pouvait penser qu'il aurait été plus sage de les laisser partir naturellement. En revanche, dans des services plus orientés vers des soins thérapeutiques -médicaux ou chirurgicaux- , la mort est vécue comme un drame. Elle vient troubler le sentiment de la médecine toute-puissante, plus forte que la mort.

MN : Comment expliquez-vous que les institutions catholiques n’aient pas réagi au moment de l’application de la loi Leonetti ?

Abbé Iborra : Cette loi est passée en silence parce que l’on s’attendait à pire. Il est évident que certains soins sont choquants sur des mourants. En plus de n’avoir plus d'utilité thérapeutique, ils font souffrir et entretiennent la relation triangulaire du mensonge. Je m’explique : le médecin ment au patient sur son état en prodiguant des soins inutiles, la famille ment au patient pour ne pas l’inquiéter ou l’angoisser et, le patient à sa famille, pour ne pas ajouter à son angoisse, et se ment parfois à lui-même. L’aumônier et les unités de soins palliatifs ont alors un rôle à jouer en désamorçant ce cycle. Ils ont une action très positive puisqu’ils soulagent les familles et le malade en réintroduisant la normalité de la mort. Le médecin n’est pas à même de le faire car pour lui, quand il se situe seulement au niveau technique, la mort reste quand même un échec.

MN : La loi Leonetti est-elle acceptable au regard de l’Église ?

Abbé Iborra : La loi Leonetti est quand même contre l’euthanasie active. Elle comporte néanmoins une grave ambiguïté en ce qui concerne l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation. L’Église est ferme : « ces deux actions sont considérées comme un acte positif d’Euthanasie ».

MN : Est-ce que cette loi, en autorisant des injections massives et létales d’antidouleur, ne nous vole pas notre mort ?

Abbé Iborra : Oui, effectivement la médecine vole la mort des patients. Ce dernier se trouve plongé dans bien des cas en un état comateux. Nul profane ne peut dire s’il est mort ou vivant. La frontière entre la vie et la mort s'épaissit, on peine à repérer l'avant et l'après. Le médecin est gêné par la mort. C’est à la fois pour des raisons psychologiques et matérielles. Psychologiques parce qu'il doit reconnaître son impuissance. Matérielles parce que l'administration massive de médicaments évite de subir les critiques des familles ne supportant pas la souffrance des leurs et, d’une certaine manière, permet d’occulter la laideur de la mort. Il est plus facile d’endormir le patient que d’entendre ses cris. On oublie ce que le mourant peut apporter aux vivants de richesses spirituelles.

Pour ma part, tous les 6 mois environ, je croisais des patients qui m'évangélisaient. Je voudrais parler de deux cas précis, tous deux anglais, de malades agonisants qui voulaient présider à leur mort. Une dame anglicane, de 60-70 ans, atteinte de 3 cancers qui refusait la morphine. Lorsque je lui demandais si elle ne souffrait pas trop, elle me répondit que le Christ avait refusé le vinaigre donné pour adoucir les souffrance des condamnés et que, lui, était innocent. Elle a vécu sa mort en union à la passion du Christ. Elle voulait être aussi plus présente aux siens. L’autre cas est celui d’un professeur souffrant lui aussi d’un cancer. Il avait pris la même résolution. Il bénéficia d’une courte rémission après l’extrême onction qui lui permit de faire ses adieux à sa famille et à ses amis.

On peut dire que notre société en voulant instaurer l’euthanasie légale fait une tentative vaine de faire disparaître la mort et son caractère hideux. Les sociétés anciennes s’y sont employées aussi en recourant à des rites funéraires comme la momification ou l’incinération. La réponse chrétienne est tout autre. Les franciscains italiens du 18ème siècle la mettaient même en scène avec des ossements d'une manière qui nous paraît aujourd'hui bien morbide mais qui, à l'époque baroque, témoignait de l'espérance joyeuse de la résurrection sur la mort. Citons également le texte magnifique du Cardinal Newman : « le songe de Gérontius ». Ce poème, nous décrit le passage de l'âme, accompagnée de son ange gardien, pour comparaître devant son Créateur. La mort doit être prise au sérieux mais ne doit pas nous terrifier, nous désespérer.

En conclusion, on peut dire que la technique médicale va souvent trop loin en anesthésiant la conscience du mourant. Il n’a plus les moyens de dire adieu. Il ne peut pas pardonner et demander pardon. L’homme part avec des non-dits. Combien de fois, un fils n’a pu dire à son père qu’il l’aimait.

Source : mauvaisenouvelle.fr

 

 

Débat sur l’euthanasie – Pour Mgr Ginoux, « il est impossible de nous taire »

par Antoine Pasquier, 30/06/2014

Ancien aumônier d’hôpital de 1994 à 2000, l’évêque de Montauban a vivement réagi à la décision du Conseil d’État concernant Vincent Lambert et à l’acquittement du Dr Bonnemaison par la cour d’assises de Pau. Ces deux affaires ouvrent la porte, selon lui, à une légalisation prochaine de l’euthanasie.

Le Conseil d’État a ordonné le 24 juin l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert. Cette décision ne signe-t-elle pas une forme de renoncement, voire de violence, face à la vulnérabilité humaine ?

Cet arrêt constitue une forme inouïe de violence : au lieu d’accompagner humainement, on préfère voir mourir. Alors que l’on pouvait attendre de leur part un avis prudentiel, les juges amorcent une ouverture grave vers une décision de mort pour toute personne qui ne pourra pas se manifester comme communicante ou comme répondant à des appels de l’extérieur. L’interdit de tuer l’autre est franchi, et cette décision ouvrira à des cas semblables.

En tant qu’ancien aumônier d’hôpital, cette ordonnance du Conseil d’État m’a profondément peiné et révolté. Les personnes en état végétatif chronique vivent réellement, personne ne peut dire le contraire. Vincent Lambert vit, tout le monde l’a constaté, mais il ne peut pas être nourri naturellement. Comment peut-on dire que des soins excessifs sont pratiqués sur sa personne ? Répondre à la satisfaction du besoin premier de boire et de manger n’a rien d’anormal. On oublie trop souvent de rappeler que Vincent Lambert est avant tout un être humain, qui vit certes dans conditions exceptionnelles, mais qui n’est pas fin de vie et dont la pathologie ne conduit pas à la mort.

Là où est la vie humaine, le Seigneur est présent. Une relation mystérieuse perdure entre les personnes qui ne communiquent plus et Dieu, car Lui continue toujours de communiquer avec elles.

La cour d’assises de Pau a acquitté, le 25 juin, le Dr Bonnemaison poursuivi pour empoisonnement à l’encontre de sept de ses patients. Que vous inspire ce verdict ?

Le Dr Bonnemaison a totalement oublié sa mission première qui est de soigner, et non de tuer. Car si toutes les personnes en fin de vie peuvent être tuées de manière inconsidérée, la médecine deviendrait alors un danger public. Ce serait là le contraire de la confiance et de la proximité que doit donner un soignant. Les applaudissements entendus à la lecture du verdict sont ignobles et constituent une insulte envers les familles qui ont perdu un être cher. Quand une cour d’assises acquitte un médecin qui tue délibérément, la direction est donnée pour une loi légalisant l’euthanasie.

La décision des jurés ne reflète-t-elle pas l’état d’esprit de nos concitoyens sur la question de la fin de vie ?

Assurément. Notre société a peur de la mort et du vieillissement. Le jeunisme ambiant fait que tout ce qui se dégrade inquiète. Mon expérience d’aumônier d’hôpital m’a montré à quel point les réactions humaines devant la mort étaient à la fois étranges et émotionnelles. Face à une situation physique ou mentale qui se dégrade gravement, la famille désire que tout s’arrête pour garder une image sereine de la personne qui va disparaître.

Nos contemporains ne veulent plus voir la mort faire son œuvre. L’idéal du bien-mourir, c’est de mourir dans son sommeil, le plus discrètement possible et ne rien avoir à souffrir. On n’accepte plus l’idée du passage, cette naissance à une nouvelle vie avec toutes les difficultés que comporte, bien entendu, ce passage.

Cette vision de la mort est contraire à ce que les siècles de christianisme avaient donné à la civilisation occidentale, c’est-à-dire la mort entourée des siens. Cette conception du bien-mourir nous conduit à donner la mort par un phénomène prétendu de compassion, car l’image dégradée de la personne en fin de vie ou handicapée est devenue insupportable. Notre société n’est plus capable de voir en elle l’image de Dieu.

Comment en est-on arrivé là ?

Dans une société, où l’idée de progrès des sciences et des techniques est assimilée à ce qui est utile, performant et rentable, la mort est devenue incongrue. Il existe une sorte de quête éperdue d’une vie indéfinie de l’être humain, une vie sans fin. N’était-ce pas au fond le credo des positivistes du XIXe siècle ? Cette mentalité matérialiste ne donne plus de place à la vie spirituelle. Sa dimension transcendante a disparu. C’est la conséquence directe de la sécularisation croissante de notre société.

Curieusement, lorsque la mort devient inéluctable, plutôt que de l’affronter et de la dépasser, on la crée comme pour se donner l’impression de la dominer. Or, cette conception correspond à un individualisme profond de la société. Nous avons entendu, il y a trente ans : « Mon corps est à moi ». C’est toujours le même slogan qui est brandi de nos jours.

90% des Français se disent favorables à l’euthanasie. Comment résister à ce rouleau compresseur ?

Commençons par dire la vérité. Nous sommes marqués par le désir que tout acte médical fasse le mieux et au mieux. Alors, lorsqu’une personne accidentée ou foudroyée par un AVC est emmenée aux urgences, elle est réanimée, car c’est la logique médicale de faire triompher la vie sur la mort. Quels proches – lorsqu’ils sont présents ou arrivent à temps – diraient aux médecins : ne faites rien ? Personne. Or, souvent, les conséquences de cette réanimation s’avèrent tragiques. C’est à ce moment-là que tout commence. Cette réalité nouvelle de la personne nous contraint et nous oblige à l’humilité et à la prudence. Elle nous oblige à poser un regard différent sur l’être souffrant. Malgré sa faiblesse, cette vie blessée garde toujours un sens et, moi, chrétien, comme dans la parabole du Bon Samaritain, je dois m’en faire proche ; car dans chaque personne souffrante, dans chaque malade défiguré, je vois le visage du Christ torturé et abîmé par la Passion et la Croix.

Les chrétiens doivent donc prendre conscience – et c’est une nécessité – que leur devoir est d’être auprès de toutes ces personnes. Sans eux, ces malades ne pourront pas être reconnus comme portant l’image du Christ.

Le gouvernement a demandé à Jean Leonetti et Alain Claeys de travailler sur une modification de la loi du 22 avril 2005. À force de légiférer, ne risque-t-on pas de franchir le pas de trop vers la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie ?

Ne nous leurrons pas. L’objectif de cette mission parlementaire est de faire passer, à terme, la loi sur l’euthanasie. Nous le savons. Notre sens de chrétien – et d’homme avant tout – est de nous y opposer : on ne met pas fin à une vie, quelle que soit sa situation, car toute vie a un sens. L’être qui meurt est celui qui a vécu, aimé, et il a droit au respect inconditionnel jusqu’à son terme. C’est un fondement anthropologique. L’émotionnel et le sensible ne peuvent remplacer cette vérité de l’être. Personne n’a le droit de penser qu’une vie est inutile, qu’elle coûte cher ou qu’elle ne vaut plus la peine d’être vécue.

Les parlementaires saisis affirment qu’ils n’iront pas jusqu’à l’euthanasie. François Hollande lui-même semble y être très réticent.

Si nous regardons tout ce qui s’est fait depuis 1975, ce discours nous a été resservi à chaque nouvelle loi, et à chaque fois la transgression a été franchie. Je ne veux pas être complètement pessimiste. Des mobilisations comme celles de l’an dernier ralentiront le processus, mais comme le disait Bernadette Soubirous : « Je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire ».

Même si l’issue ne fait guère de doute, il est impossible de nous taire. Et nous devons avoir bien en tête que nous sommes plongés dans un véritable combat de société où l’homme veut se faire maître de la vie et la mort. Il veut devenir son propre Dieu. Cette idéologie est fortement enracinée dans une opposition frontale à la foi chrétienne. C’est une évidence.

Source : famillechretienne.fr

 

La vie est un don

Dans un communiqué publié le 26 juin 2014, Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France, réagit à l'Affaire Vincent Lambert, plaidant pour « une fidélité palliative » : « ni acharnement, ni suicide assisté ».

Le Conseil d’État français a en effet autorisé l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert, un patient de 38 ans en état pauci-relationnel, le 24 juin dernier.

Saisie par les parents de Vincent Lambert, la Cour européenne des droits de l'homme a demandé à la France le 25 juin de « suspendre provisoirement l’exécution de l’arrêt du Conseil d’État » en attendant que la Cour se prononce sur la recevabilité et le bien-fondé de l’affaire.

 

Mille signes de Mgr Podvin

 par Monseigneur Barnard Podvin, 26/06/2014

Qu’est-donc cette idéologie qui cherche à amalgamer l’hydratation d’un frère souffrant à de l’acharnement ? Un trait de civilisation élémentaire n’est-il pas depuis toujours de prodiguer le verre d’eau à autrui, humecter ses lèvres, serait-il notre pire ennemi? En quoi serait-il inconvenant de le faire à un proche en état « pauci-relationnel »?

Ce que l’on nomme  « l’affaire Lambert » fait, hélas, dire de nombreuses aberrations. L’essentiel est d’être près de celui que l’on aime jusqu’au bout. Présence humble et aimante. Les mains vides en offrande d’une affection partagée. Le plus fragile serait-il devenu indigne d’être accompagné ?

Le fait que les proches de Vincent se déchirent, le fait qu’une instance supérieure ne se suffise pas à en discerner et juger, tout cela doit rendre humble devant la complexité et la douleur. Ces limites humaines et institutionnelles attestent que la vie est toujours plus grande que ce que nous en disons. Elle est un don ! Ne vouloir ni acharnement, ni suicide assisté, consiste à choisir la voie étroite d’une fidélité palliative. Redisons-le avec la force de l’amour.

Mgr Bernard Podvin

Porte-parole des évêques de France

Source : Eglise catholique en France

 

 

Communiqué de Mgr Marc Aillet du 26 juin 2014

L’injection létale pourrait bien devenir légale. C’est ce que laisse entendre le message délivré par l’acquittement du docteur Nicolas Bonnemaison.

Comment laisser passer un tel aveu de non-assistance à personne en danger ? Comment ne pas entendre la soif de mourir vivants et aimés ? Oui, il s’agit bien de cela : c’est notre société qui est en état pauci-relationnel et non les personnes comme Vincent Lambert qui attendent au contraire un sursaut d’amour.

Je m’adresse aux médecins, aux soignants, à tous ceux qui font partie de cette chaîne solidaire qui nous unit les uns aux autres, surtout au terme de notre existence. Soyez des témoins de la vie, évaluez avec prudence les limites de l’acharnement thérapeutique et procédez à la mise en place de justes soins palliatifs. La question de la mort ne se résout pas par la mort, mais par la vie !

Qu’as-tu fait de ton frère ? Telle est la question que nous pourrions entendre à notre tour au jour dernier…

Osons la solidarité ! Osons l’espérance ! Osons la compassion, la vraie, celle qui dit je t’aime en disant oui à la vie.

+ Marc Aillet,

évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, le 26 juin 2014.

Source : Diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron

 

 

L'appel du Cardinal Barbarin pour les chrétiens d'Irak

par le Cardinal Philippe Barbarin, 26/06/2014

Les mots semblent impuissants devant la tragédie des chrétiens d’Orient. En Irak, les informations parfois contradictoires qui nous parviennent témoignent du chaos et de l’angoisse de nos frères. Mardi soir, j’ai reçu l’appel du Patriarche des Chaldéens, Louis-Raphaël Ier Sako, que j’avais eu la joie d’accueillir à Lyon en mars. Il est actuellement en synode avec une vingtaine d’évêques de la région. Il me dit que la situation est effrayante, mais que des menaces beaucoup plus graves sont encore à venir. L’éradication des minorités religieuses n’est hélas pas un dommage collatéral de la folle stratégie des assassins : c’est leur but affiché.

En France, il faut bien le dire, la situation des chrétiens d’Irak n’est pas un grand générateur d’émotions. Comment expliquer que, jusque dans nos paroisses, nous ne portions pas davantage le souci de nos frères d’Orient ? Plusieurs raisons l’expliquent sans doute. La presse est le reflet des consciences de notre pays : les chrétiens de là-bas sont considérés comme un problème étranger. Il y a sans doute aussi une espèce de fatalisme : la région est en proie à des secousses meurtrières depuis si longtemps que tous, nous nous habituons à l’inacceptable.

Le fait qu’ici, en Occident, les religions soient officiellement respectées mais aussi fréquemment suspectées, n’arrange rien. La situation des chrétiens persécutés dans le monde ne provoque souvent chez nos politiques qu’une compassion polie, tardive et peu suivie d’effets. Asia Bibi entame sa 4e année de détention préventive dans une prison pakistanaise de haute sécurité sans que cela n’empêche grand-monde de dormir ; ces dernières semaines, Meriam Yahia Ibrahim Ishag a accouché dans les prisons soudanaises, enchaînée pour allaiter son petit dans le couloir de la mort ; la pression américaine a permis une libération... de quelques heures, puisqu’elle a de nouveau été arrêtée. Là encore, il a manqué de grandes voix françaises pour s’y opposer simplement, fortement, fermement.

Le réflexe communautaire d’un groupe humain l’invite à défendre ses membres. Que les chrétiens aient reçu la vocation d’aimer tout homme sans distinction de race, de culture ou de religion est un enseignement directement issu de l’Evangile. Mais, de grâce ! que cela ne nous fasse pas fermer les yeux sur les malheurs de nos frères les plus proches.

En 1794, l’un des plus grands massacres de prêtres de notre histoire s’est déroulé à Rochefort. 829 prêtres réfractaires y ont été déportés par le Comité de Salut public ; sur les 829, seuls 274 survécurent : ils firent le serment de ne jamais parler de l’horreur qu’ils avaient vécue, pour permettre à la France de se relever. Aujourd’hui, la ville de Qaraqosh, dans la plaine de Ninive, est devenue sous l’afflux des réfugiés la plus grande ville chrétienne d’Irak. Entendez-vous le cri qui monte ? C’est celui d’un camp de réfugiés. Qaraqosh n’est pas Rochefort, car le massacre est en cours. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas rester silencieux.

Le Patriarche me disait hier qu’une partition du pays serait préférable à une guerre civile qui tue d’abord les innocents. Si seulement la communauté internationale pouvait aider à trouver une solution… Mais n’attendons pas tout des États et de leur diplomatie. Agissons ici et maintenant, comme le pape nous y a appelés.

Lorsque Jean-Paul II m’a accueilli dans le collège des cardinaux, il a insisté sur le sens de la pourpre cardinalice : c’est le rappel du sang des martyrs. C’est pourquoi j’appelle aujourd’hui les chrétiens d’ici à faire monter vers le ciel une prière fervente pour nos frères d’Orient. Je les invite à cultiver la conscience de cette fraternité qui nous lie par-delà les kilomètres et les siècles. Je veux leur redire les paroles du Patriarche : « Ce qui nous manque le plus, c’est votre proximité, votre solidarité. Nous voulons avoir la certitude que nous ne sommes pas oubliés ! »

Je propose d’encourager les associations œuvrant actuellement dans la plaine de Ninive. Je supplie les chrétiens d’ici et tous les hommes et femmes de bonne volonté qui travaillent dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’alimentation, de l’aide d’urgence de venir en aide aux survivants. J’ai le désir de lancer un jumelage entre notre diocèse et l’un de ceux qui en a le plus besoin. Je suggère qu’un pourcentage des quêtes de nos paroisses qui le souhaitent soit versé durant l’année qui vient pour le soulagement de la détresse de nos frères d’Irak. J’invite tous les chrétiens à rester éveillés et attentifs, à être les veilleurs de leurs frères.

Que les héritiers de saint Pothin deviennent les frères de ceux de saint Thomas, apôtre de l’Orient. Comme l’a dit le pape François, nous sommes face à un œcuménisme de sang : ce ne sont pas des catholiques, des protestants, des orthodoxes que l’on martyrise : ce sont des chrétiens. Il est d’ailleurs à craindre que les persécutions ne s’arrêteront pas aux chrétiens. Il faut dès aujourd’hui que la ville de Qaraqosh devienne un sanctuaire pour tous les belligérants, et un havre de paix pour les populations civiles qui, par milliers et de toutes les confessions, y affluent. Car ce sont des hommes que l’on tue, dans le silence, entre deux ola d’un stade de foot brésilien.

Le Patriarche me l’a dit : « Nous gardons espoir, mais comme vous le savez, l’espoir est fragile. » Et si leur espoir était aussi entre nos mains ? Le pape François le rappelle : « Les chrétiens persécutés pour leur foi sont si nombreux ! Jésus est avec eux. Nous aussi. » Nous aussi !

Philippe card. Barbarin

Archevêque de Lyon

Source : lyon.catholique.fr

 

 

Affaire Vincent Lambert : la grande discrétion des évêques de France

par Jean-Marie Guénois, 24/06/2014

 

La conférence des évêques a choisi, lundi, de publier une note interne sur son site Internet rédigée par un prêtre du diocèse de Paris, spécialiste de bioéthique.

Aucun évêque de l'Église de France n'a voulu commenter, mardi après-midi, la décision du Conseil d'État à propos de l'affaire Vincent Lambert.

À l'exception du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon qui, sollicité par Le Figaro, a observé :

«Devant toute grande souffrance humaine, c'est le silence qui s'impose.

Mais devant l'avis du Conseil d'État, nous ne pouvons pas ne pas nous interroger: notre pays gardera-t-il le respect de toute vie humaine comme une norme fondamentale de notre vivre ensemble?»

En tant que telle, la conférence des évêques semble donc avoir choisi la discrétion même si, en avril dernier, Mgr Georges Pontier, président des évêques, avait rappelé d'une phrase dans son long discours d'ouverture de l'assemblée de printemps à Lourdes, le principe fondamental défendu par l'Église: «L'humanisation de la société ne viendra pas de pratiques eugéniques en début de vie, ni d'assistance au suicide en fin de vie (…) Éliminer l'autre ne sera jamais une solution humaine.»

«Il est « abusif » de considérer « l'alimentation » et « l'hydratation » de Vincent Lambert comme un « traitement » alors que c'est un « besoin de base de tout être humain ».

Père Brice de Malherbe

Si la conférence des évêques dispose d'un service complet «Famille et société» dédié à ce genre de problématique, elle a choisi, lundi, de publier une note interne sur son site Internet, rédigée par un prêtre du diocèse de Paris, spécialiste de bioéthique. Le père Brice de Malherbe, chercheur au Collège des Bernardins, y reprend avec précision les différents volets de cette affaire dont «les questions d'éthique médicale» et dénonçant une première «confusion» entre «les unités de soins palliatifs» et les «unités d'accueil à long terme de patients en état végétatif chronique» où aurait dû être pris en charge Vincent Lambert. Structures qui manquent cruellement de capacité d'accueil. Car, conteste ce prêtre qui a consacré une thèse de doctorat à cette question et qui a passé beaucoup de temps dans les services médicaux concernés, il est «abusif» de considérer «l'alimentation» et «l'hydratation» de Vincent Lambert comme un «traitement» alors que c'est un «besoin de base de tout être humain». Il faut donc «distinguer entre traitement et soin». Reprenant ensuite un avis de l'Académie nationale de médecine, il rappelle que «le droit d'accès à l'alimentation ne saurait être conditionné par la capacité relationnelle» du malade.

Joint, sitôt la décision connue du Conseil d'État, le père de Malherbe a espéré qu'elle «ne créerait pas de précédent» puisque cette instance a assuré qu'elle légiférait «exclusivement» sur un cas unique. Mais il a affirmé «ne pas comprendre la décision finale» car «aucun des motifs invoqués» ne lui paraît recevable pour justifier l'arrêt de l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert. Ce sont des actes de «soin» et non de traitement médical.

Pour sa part, Tugdual Derville, le président d'Alliance Vita, auteur d'un ouvrage de référence sur le sujet (La Bataille de l'euthanasie, éditions Salvator) et organisateur d'une manifestation de protestation, a vu dans cette décision le feu vert à «un acte d'euthanasie qui ne dit pas son nom» réclamant «la création de structures appropriées» pour ce genre de cas.

Source : lefigaro.fr

 

 

Communiqué de presse de Mgr Aillet sur l'euthanasie

par Mgr Marc Aillet, Evêque de Bayonne, 15/08/2011, (extrait)

... Il n'est pas concevable qu'un médecin, dont la vocation est de soigner les personnes qui lui sont confiées, puisse s'arroger le droit de supprimer un patient (malade incurable en fin de vie, personne âgée ou handicapée, etc.) au nom d'une compassion mal comprise (« j'ai trop souvent vu la pitié s'égarer » écrivait Antoine de Saint-Exupéry...).

Certes, la confusion qu'entretiennent certains médias est telle que beaucoup de nos concitoyens se disent ou se croient favorables à l'euthanasie, alors qu'ils sont simplement (et tout à fait légitimement) opposés à l'acharnement thérapeutique.

Moralement inacceptable, l'euthanasie, qui consiste à mettre fin à la vie d'un malade, est parfaitement illégale en France. L'acharnement thérapeutique (c'est-à-dire « l'obstination déraisonnable » par laquelle un malade est artificiellement maintenu en vie au prix d'actes inutiles et disproportionnés) est également interdit par la « loi Léonetti » du 22 avril 2005, qui impose au corps médical la prise en charge des malades en fin de vie et l'obligation de soulager leurs souffrances, mais la mise en oeuvre de cette loi se heurte, en particulier, à l'insuffisance des centres de soins palliatifs, dont le développement devrait être une des priorités des pouvoirs publics en France.

D'une façon générale, la banalisation de l'euthanasie, et a fortiori, sa légalisation, est une « évolution » (ou plutôt, une terrible régression) à laquelle nous nous opposons au nom même du droit de chacun de vivre et de mourir dignement.

+ Marc Aillet,

évêque de Bayonne, Lescar et Oloron,

le 15 août 2011

Source : eglise.catholique.fr

 

 

Protection de la vie : « plus on parle de dignité moins on la respecte »

par Radio Vatican, 06/06/20142014-06-06

(RV) Entretien - Les évêques suisses s'inquiètent pour la protection de la vie. Ils l’ont fait savoir lors de leur 304ème assemblée ordinaire du 2 au 4 juin à l’Abbaye bénédictine d’Einsiedeln.
Pendant leur assemblée sont tombées les décisions du Conseil national sur les conditions pour l’autorisation du diagnostic préimplantatoire dans le pays. Juste avant, le Conseil des États s’était penché sur les modifications concernant la Constitution fédérale et la loi fédérale sur la procréation médicalement assistée.

Les évêques se sont dits convaincus que, dans ce cas, la médecine et la politique ne vont pas dans le sens du progrès. Et pour François-Xavier Putallaz, professeur à l'université de Fribourg, membre de la Commission « Bioéthique » de la Conférence des évêques suisses, on assiste à un phénomène paradoxal en Suisse, comme dans d’autres pays en Europe :

Pourquoi les évêques sont-ils inquiets ?

D’un côté, on proclame la dignité humaine qui est présentée et proclamée à tout bout de champs et de l'autre on assiste sur le terrain et dans les législations à un phénomène d’érosion. Autrement dit, plus on parle de dignité, finalement moins on la respecte dans les faits. Et cette dignité humaine en Suisse, porte sur deux éléments ou deux pratiques inquiétantes. D’une part, la fin de vie avec le phénomène de l’aide au suicide et d’autre part, les discussions actuelles et l’ouverture au diagnostic préimplantatoire.

On n’est plus en train de parler de procréation médicalement assistée mais vraiment d’un tri, d’une sélection et donc d’une affirmation que certains s’arrogent le droit de prétendre que certaines vies valent la peine d’être vécues et que d’autres ne valent pas la peine d’être vécues. Lutter contre une maladie en supprimant le porteur de la maladie peut être considéré comme un progrès, d’où l’inquiétude des évêques suisses.

Quelles sont les particularités de la Suisse ?

Le problème qui se pose pour la fin de vie, c’est qu’on assiste à une pente glissante, c’est-à-dire que les indications qui sont utilisées par les associations d’aide au suicide, qui sont nombreuses en Suisse, s’élargissent de plus en plus.Au début, c’était pour des malades en fin de vie qui avaient par exemple un cancer en phase terminale. Ensuite, c’était pour des malades chroniques dont les souffrances sont lourdes. Maintenant, ce sont pour des gens qui ont des polypathologies et puis pour des personnes âgées, fatiguées de vivre, etc.

Donc on voit que l’élargissement des indications conduit sur ce qu’on appelle une pente glissante. Et l’idéologie, c’est qu’on ne respecte pas la dignité humaine alors que toutes les associations s’appellent « Dignitas », « Aide pour le droit de mourir dans la dignité ». On respecte beaucoup moins la dignité objective de la vie humaine que l’individu, la liberté individuelle qui s’autoproclame souveraine. Et cela, c’est l’une des raisons pour lesquelles les évêques ont une inquiétude.

Par rapport à la protection de la vie, quelle est l’attitude des autorités ?

L’attitude des autorités est extrêmement prudente, c’est-à-dire qu’ils pensent qu’il ne faut pas légiférer en la matière ou ajouter des lois. Pourquoi ? Parce que plus on légifère, plus on cautionne. L’arsenal juridique suisse est déjà largement équipé si on voulait éviter les abus. Mais encore faut-il la volonté d’appliquer ces lois. Hors la situation, il ne faut pas s’en cacher, empire dans un contexte démographique de vieillissement de la population et d’autre part, dans l’augmentation des coûts pour la vie ou les derniers mois, les dernières années de la vie des gens. Donc, il ne faut pas négliger tout l’aspect économique qu’il y a derrière le discours qui la bouche en cœur vient dire « il faut respecter l’individualité. La vie ne vaut pas la peine d’être vécue pour certaines personnes ».

Avez-vous l’impression que les évêques suisses sont entendus sur ces questions ?

Absolument pas ! Parce que dans nos sociétés, dès qu'une autorité religieuse se prononce et en particulier les évêques, la population a l’impression que c’est une position confessionnelle.Bien sûr, c’est une position catholique mais elle est de surcroît humaniste et c’est cet aspect de rejaillissement de la foi, de la grâce dans la vie de tous les jours qui est difficilement reçu dans nos sociétés.
On assiste à une montée de ce qu’on appelle un eugénisme libéral, non plus l’eugénisme racial, où finalement ce sont les préférences individuelles qui deviennent le critère. Et souvent, ces préférences individuelles sont guidées par les lois du marché. Alors, c’est difficile mais ce sera toujours ainsi. La voix de l'Évangile doit être dite à temps et à contretemps parce que l’Église, c’est l’Évangile qui continue.

Vous parlez de l’émergence d’un eugénisme libéral. Qu’en est-il au niveau européen ?

Le mouvement est le même. Simplement, par exemple pour l’aide au suicide, la Suisse a un cran d’avance (je ne dis pas de progrès mais d’avance) et le problème est le suivant : il est possible que des pays environnants se greffent sur la pratique de la Suisse. En revanche pour le diagnostic préimplantatoire, c’est l’inverse. Plusieurs pays comme l’Espagne, la Belgique autorisent depuis plusieurs années ce diagnostic et alors la Suisse s’adapte à la situation des autres pays.
Et finalement, ce mouvement conduit progressivement à une baisse de vigilance parce qu’on adapte finalement l’éthique aux pratiques des autres pays. Autrement dit, on va de plus en plus vers un plus petit dénominateur commun. Et dans ce sens-là, ce n’est pas le rôle de l’éthique de s’adapter à la pratique, c’est le rôle de l’éthique d’indiquer des voix qui sont normatives, qui sont belles pour essayer d’orienter la pratique médicale dans un sens plus humain.

Qu’est-ce qui se joue aujourd’hui concernant la protection de la vie ?

D’abord la protection des personnes et des individus humains vivants, que ça soit avant la naissance ou alors en fin de vie. Mais plus gravement, il y a un problème politique, on voit un glissement extrêmement inquiétant pour nos démocraties : c’est un glissement de la défense des droits de l’homme, c’est-à-dire de la dignité objective des personnes vers quelque chose qui est son ennemi ou en tout cas son opposition qui est une sorte d’exaltation des droits de l’individu qui s’ouvre. Et c’est cet aspect là, sous couvert de relativisme, sous couvert de tolérance qui au nom même de la démocratie risque d’éroder, c’est-à-dire de saper progressivement les fondements-mêmes du système démocratique.Et c’est peut-être cela le véritable enjeu politique de l’Europe et pas que de la Suisse.

Ces questions de fin de vie, de début de vie et il y en a bien d’autres sont politiques dans les deux sens du terme. Premier sens, elles sont débattues dans l’arène politique, les parlements, le peuple, etc. Mais elles sont en même temps au fondement-même de la pratique politique et c’est dans ce sens-là qu’elles doivent être prises avec beaucoup de sérieux et c’est dans ce sens-là qu’on peut saluer la prise de position des évêques suisses.

Source : news.va

 

 

LES PAPES ET LES ASSOCIATIONS DE MÉDECINS CATHOLIQUES

·

Bref résumé issu de la lecture des textes pontificaux, des bulletins associatifs,

et de 20 années au Comité Exécutif de la FIAMC.

Dr François Blin,

Président de la FEAMC, ancien Secrétaire Général de la FIAMC

C’est sous l’impulsion du Pape Léon XIII (1878-1903) – auteur de l’encyclique Rerum Novarum – que naquirent en 1884, en France (Dr Le Bèle) et en Catalogne (Dr Anguera), les deux premières Associations Médicales Catholiques. Elles furent rapidement suivies par beaucoup d’autres.

Le St-Père Pie X (1903-1914) accueillit en audience le 9 avril 1904 plus de 300 médecins de Belgique, Espagne, France, Hollande, Italie, Lorraine, Luxembourg, Suisse, et Canada, à l’occasion du premier pélerinage international des médecins catholiques à Rome du 5 au 15 avril 1904.

Le Pape Benoît XV (1914-1922) fit tout son possible pour mettre fin aux hostilités de la guerre de 1914. La fin de son pontificat fut contemporaine de la création – à Genève – de la Société Des Nations (SDN) et du Bureau International du Travail (BIT), ce qui y motiva le déplacement ou la création d’Organisations Internationales Catholiques.

Le Pape Pie XI (1922-1939), alpiniste chevronné qui a ouvert des voies dans les Alpes, a écrit au moins quatre encycliques restées célèbres: Casti connubii (1930, sur le mariage chrétien), Quadragesimo Anno (1931, encyclique sociale faisant suite à Rerum Novarum), Mit brennender Sorge (1937, encyclique condamnant le nazisme, et rédigée avec la collaboration du Cardinal Eugenio Pacelli, son 2e Secrétaire d’Etat, et de l’Archevêque de Munich Michel von Faulhaber), et enfin Divini Redemptoris (1937, condamnant le communisme). Son premier secrétaire d’état, le Cardinal Pietro Gasparri (qui négocia des accords du Latran en 1929) soutint la création à Paris en 1924, par le Dr Octave Pasteau, du Secrétariat International des Médecins Catholiques, et lui envoya un message (de même que Mgr Pacelli) à l’occasion du cinquantenaire de la Société St-Luc à Paris en 1934, qui fut l’occasion d’une des premières rencontres européennes. Le Pape adressa des messages aux Congrès de Bruxelles en 1935, et de Vienne en 1936, mais le 3e congrès, prévu à Rome à Pâques 1937 à son initiative, fut annulé du fait de sa maladie (il mourut en février 1939).

Le Pape Pie XII (1939-1958) n’eut qu’un seul Secrétaire d’Etat, le Cardinal Luigi Maglione, qui décéda en août 1944. Sa première encyclique Summi Pontificatus, en octobre 1939, fut vécue par les autorités nazies comme une “une attaque directe contre le troisième Reich”. De 1944 à sa mort il prononça plus de 80 discours, allocutions, ou messages aux professions de santé. Il accueillit en audience les médecins catholiques au Congrès International de Rome en septembre 1949, adressa un message par l’intermédiaire de Mgr Montini (substitut, futur Paul VI) aux Congrès de Lisbonne en 1947, et de Dublin en 1954, et de Mgr Roncalli (Nonce apostolique, et futur Jean XXIII) présent au Congrès de Paris en 1951. Il diffusa un long radiomessage en Français au Congrès International de La Haye le 11 septembre 1956, et une allocution radiotélévisée au Congrès de Bruxelles fin juillet 1958 (deux mois avant sa mort). Il fut un précurseur pour les questions de fin de vie, à travers ses discours du 24 février 1957 sur les problèmes moraux de l’analgésie (1), et du 24 novembre 1957 sur les problèmes moraux de la réanimation (2). Ses positions ont été reprises, non seulement dans les textes ecclésiaux ultérieurs, mais aussi dans la littérature médicale mondiale, dans les “directives” de Sociétés de Réanimation, et ont encore récemment influencé des textes législatifs sur la fin de vie.

Le St-Père Jean XXIII (1958-1963) a laissé l’image d’un Pape profondément humain, au-delà de ses encycliques, notamment Mater et Magistra (commémorant Rerum Novarum), et Pacem in Terris (face à la guerre froide), et de sa convocation du Concile. Il adressa un message de sympathie aux Congrès de Munich fin juillet 1960, et de Londres en juillet 1962.

Le Pape Paul VI (1963-1978) assura la suite et le rayonnement du Concile. Il était très proche des organisations de laïcs, et c’est lui qui créa en 1967 le “Conseil Pontifical des Laïcs” (qui devint en 1976 “Conseil Pontifical pour les Laïcs”). Il se fit représenter par Mgr Silvio Luoni au Congrès de la FIAMC à Manille en novembre 1966, envoya par l’intermédiaire du Cardinal Villot, Secrétaire d’Etat, un message de soutien au Congrès de Washington en 1970, ainsi qu’au Congrès de Barcelone en 1974, et se fit représenter par Mgr Giuseppe Caprio au Congrès international de Bombay en 1978. L’encyclique Humanae Vitae, parue le 25 juillet 1968, déclencha de nombreuses réactions, et fut sa dernière encyclique, 10 ans avant la fin de son Pontificat.

Le pontificat du Pape Jean-Paul 1er (1978) ne dura que 33 jours, mais sa simplicité et son sourire le firent immédiatement aimer.

Il est difficile de parler brièvement du St-Père Jean-Paul II (1978-2005), du fait de l’immensité du travail accompli. Il se souciait de ceux qui souffrent, et la “Vie” était son message: la création des Journées Mondiales de la Jeunesse (1984), du Conseil Pontifical pour la Pastorale de Santé (1985), de la Journée Mondiale des Malades (1992), de l’Académie Pontificale pour la Vie (1994), l’encyclique “Evangelium Vitae” (1995), ainsi que sa lutte contre la maladie, ont jalonné son itinéraire, sans oublier Assise (1986), et le retentissement libérateur de ses prises de position sociales. Il accorda des audiences aux Congrès des Médecins Catholiques à Rome en octobre 1982, juillet 2000 (où il donna – après Pie XII – une Prière du Médecin Catholique), et mars 2004 (Congress on Life-sustaining treatments and vegetative state). La FIAMC a consacré un CD (en Anglais et Italien) à ses textes en matière de Santé. Son sens du contact humain était exceptionnel. J’ai eu la chance de lui être présenté lors du Congrès de juillet 2000, alors que ses forces commençaient à décliner. Lors de sa mort, deux pays non chrétiens, l’Egypte, et l’Inde, ont décrété un deuil national de 3 jours, d’autres un deuil national plus bref.

Le Pape Benoît XVI (2005-2013) est encore parmi nous. Il a accordé des audiences aux participants des Congrès organisés à Rome par la FIAMC et l’Académie Pontificale pour la Vie, sur les Cellules souches en septembre 2006, et sur le Don d’organes en novembre 2008. Ce fut pour moi un grand privilège de lui être présenté lors de l’audience qu’il accorda aux participants du Congrès de la FEAMC à Rome le 17 novembre 2012, et j’en garde un souvenir ému. Enfin, c’est lors de la célébration de la Journée Mondiale des Malades, le 11 février 2013 à Altötting – sanctuaire marial bavarois proche de Marktl son village natal – que nous avons appris, non sans émotion, son courageux renoncement à ses fonctions.

Sa Sainteté le Pape François a déjà accordé plusieurs entretiens à José-Maria Simon. J’ai eu le privilège – avec les membres du Comité exécutif – de dîner près de sa table le 1er novembre 2013 à Domus Santae Marthae, et de le rencontrer, de façon tout à fait informelle le lendemain matin au cours de la Réunion du Groupe de Travail sur le Trafic d’êtres humains qui se tenait à l’Académie Pontificale des Sciences. Son sens pastoral lui a déjà valu d’être universellement reconnu comme l’Homme de l’année 2013.

______________________________

(1) Discours de Pie XII sur les problèmes moraux de l’analgésie, du 24 février 1957: «Si… l’administration de narcotiques entraîne par elle-même deux effets distincts, d’une part le soulagement des douleurs, et d’autre part l’abrègement de la vie, elle est licite… s’il y a entre ces deux effets une proportion raisonnable…»… «La suppression de la douleur et de la conscience par le moyen des narcotiques (lorsqu’elle est réclamée par une indication médicale) est-elle permise… (même à l’approche de la mort et si l’on prévoit que l’emploi des narcotiques abrégera la vie)? … S’il n’existe pas d’autres moyens et si, dans les circonstances données, cela n’empêche pas l’accomplissement d’autres devoirs religieux et moraux: Oui.»

(2) Discours de Pie XII sur les problèmes moraux de la réanimation, du 24 novembre 1957: «Le devoir… de prendre les soins nécessaires pour conserver la vie et la santé… n’oblige habituellement qu’à l’emploi des moyens ordinaires… c’est-à-dire des moyens qui n’imposent aucune charge extraordinaire pour soi-même ou pour un autre …» Le médecin peut interrompre une tentative qui apparaît comme une charge qu’on ne peut imposer au patient ou à sa famille car «il n’y a dans ce cas aucune disposition directe de la vie du patient, ni euthanasie ce qui ne serait jamais licite… L’interruption des tentatives de réanimation n’est jamais qu’indirectement cause de la cessation de la vie, et il faut appliquer dans ce cas là le principe du double effet…». Dans ce discours, de même que dans des discours précédents, il rappelle que «le médecin ne peut agir que si le patient l’y autorise…».

Source : FIAMC

 

 

Déclaration du président de l'Assemblée des évêques
à la suite de l'adoption de la loi 52 sur les soins de fin de vie

L'adoption de la loi autorisant l'euthanasie en fin de vie sous le nom d'« aide médicale à mourir » nous cause une profonde déception et une vive inquiétude.

La répartition du vote à l'Assemblée nationale — 94 députés « pour », 22 « contre » — reflète l’absence de consensus en notre société à ce sujet. Ils sont nombreux les citoyens et citoyennes qui ne peuvent accepter le fait qu'on considère comme un droit de pouvoir demander de recevoir une injection causant la mort.

Nous comprenons, bien sûr, l’angoisse et la peine de tous ceux et celles qui ont entendu un proche réclamer la mort pendant une difficile agonie. La véritable réponse de la société et de la médecine à cette situation, ce sont les soins palliatifs: ils sont la meilleure façon de soulager la souffrance d'une personne approchant la fin de sa vie et de l’aider à vivre cette étape ultime avec humanité et dignité.

Nous disons notre solidarité et notre soutien à tous ceux et celles qui oeuvrent dans ce domaine des soins palliatifs. Nous espérons que ces soins seront offerts le plus tôt possible dans toutes les régions du Québec. Nous pouvons entendre le pape François nous redire : « Ne vous laissez pas voler l’espérance. »

Au personnel médical qui sera confronté à des demandes d'euthanasie, nous souhaitons force et courage pour invoquer, le moment venu, le droit à l'objection de conscience. Notre soutien et notre prière vous accompagnent.

Nous voulons redire enfin notre conviction profonde, qui est celle de l'Église, que la vie humaine doit être protégée et respectée jusqu'à sa fin naturelle. L'euthanasie, même légalisée, est tout à fait contraire à la dignité de la vie et de la personne.

+ Pierre-André Fournier

Archevêque de Rimouski

Président de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec

6 juin 2014

Source : Assemblée des Evêques catholique du Québec

 

 

Réflexions sur l'euthanasie

Le drame du jeune Vincent, à Berck, a conduit Mgr Thierry Jordan à s'exprimer le 26 septembre 2003 sur les ondes de RCF, et le 28 septembre 2003 dans une homélie à la cathédrale. Mgr Thierry Jordan a communiqué à la rédaction de SNOP, les notes personnelles à partir desquelles il a bâti ses interventions.

Un jeune homme, victime il y a trois ans d'un accident qui l'a rendu tétraplégique, quasiment aveugle et incapable de s'exprimer. Une longue plainte. Un drame familial programmé jusque dans les détails. Nous prions pour Vincent, pour sa mère, pour les grands malades face à leur vie abimée et face à la mort.

Je m'étais exprimé sur l'euthanasie il y a un peu plus de deux dans la presse écrite où des groupes divers s'efforçaient de promouvoir en France une évolution du droit. Il est utile de le faire aujourd'hui encore devant vous qui attendez une parole claire de votre évêque, une parole humaine et chrétienne à la fois. Mais peut-on séparer les deux, ou les opposer, dans la mesure où nous avons à trouver dans notre foi ce qui éclaire notre chemin ?

Nous ne parlerons pas directement, si vous le voulez bien des personnes en cause. Vous pouvez imaginer par quelles angoisses, pas quels doutes, par quelle nuit, par quels déchirements elles sont passées. C'est en prenant du recul que je désire poser trois types de questions qui ne peuvent pas nous laisser indifférents.

1 - Dans l'ordre de la proximité et de l'engagement. Comment être proche d'un grand malade ? Comment l'écouter ? Comment oser dialoguer avec lui sur la vie et sur la mort, sur ce qui l'habite au plus profond ? La solitude, la détresse, sont atténuées par l'amitié d'une visite, mais pas totalement si le visiteur, lorsque les circonstances s'y prêtent, ne favorise pas les conditions pour que l'échange puisse aller au fond des choses. Comment, aussi, entourer une famille dans le désarroi ? Peut-être cette mère, son mari et son autre fils ont-ils été trop seuls depuis trois ans. Soutien aux membres des équipes d'aumônerie d'hôpital, du Service évangélique des malades, des Conférences Saint-Vincent de Paul, de JALMALV et autres associations.

2 - Qui a le pouvoir sur la vie et sur la mort ? J'ai déjà l'occasion de déclarer que la naissance comme la mort étaient choses trop graves pour être laissées entre les seules mains des hommes. À cet égard, la plus grande preuve d'amour est bien de donner la vie, mais peut-on dire, comme nous l'avons vu dans la presse, que dans certains cas extrêmes c'est aussi de procurer la mort ? Pensons à cette maman qui avait donné la vie à son fils, qui lui a tout donné ensuite, qui l'a accompagné chaque jour dans son calcaire, mais qui ne pourra pas oublier la décision finale.

3 - En matière médicale, l'Église est très claire sur l'acharnement thérapeutique. Celui-ci ne se justifie pas quand il engage des moyens sans rapport avec l'espérance d'un mieux. Mais le dénoncer ne justifie pas l'euthanasie pour autant. Il semble que ce soit en matière médicale que nous puissions le plus progresser, en affinant précisément la notion d'acharnement thérapeutique. Dans le cas des maladies évolutives, mettre l'accent sur les soins palliatifs, qui ne sont pas encore suffisamment développés chez nous, alors qu'ils donnent des résultats cliniques et humains remarquables là où ils sont pratiqués. Attention aussi à soutenir les médecins et les soignants, et à ne pas les laisser seuls face à leurs responsabilités.

Le débat sur l'euthanasie est donc relancé. C'était inévitable, mais c'est d'une extrême complexité. Qu'est-ce que le droit de mourir dans la dignité ? L'homme blessé, meurtri dans sa chair, souffrant autant moralement que physiquement, n'a-t-il plus de dignité quand il a perdu l'espérance ? Ou bien n'est-t-il digne que si les autres le reconnaissent comme tel ? Quel message Jésus, sur la croix, a-t-il perdu l'espérance ? Ou bien n'est-il digne que si les autres le reconnaissent comme tel ? Quel message Jésus, sur la croix, a-t-il voulu transmettre ?

Nous nous trouvons devant une pression médiatique formidable. Dans un sujet aussi grave,, peut-on s'appuyer simplement sur l'opinion (orienter l'opinion), se laisser guider par des sondages inspirés par des questions habiles, pour en tirer ensuite argument ? Peut-on chercher la vérité en privilégiant le registre émotionnel ? La société n'essaye-t-elle pas d'évacuer tout ce qui, dans la vie, est trop dur, tout ce qu'on sait de moins en moins assumer ? N'essaye-t-elle pas de présenter comme un bien ce qui objectivement, est un drame ?

Les législations de pays présentés comme évolués (Suisse, Pays-Bas ou Belgique par exemple) sont-elles vraiment plus avancées ? On dit qu'elles ont été établies pour «encadrer» l'euthanasie et éviter les débordements. Je ne crois pas du tout à la pertinence de ce raisonnement. On l'a vu à propos de l'avortement. Je ne vois pas du tout comment une législation de ce type, chez nous, n'aurait pas pour effet dans quelques années de banaliser l'euthanasie et de lui enlever toute connotation morale. Même sans loi, l'effet d’entrainement a déjà commencé.

Mgr Thierry Jordan
Archevêque de Reims
29 septembre 2003

Source : Conférence des Evêques de France

 

 

Déclaration urgente du président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec

Jeudi, 29 mai 2014

Le secrétaire général de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, Bertrand Ouellet, a fait parvenir cette déclaration urgente, datée du 27 mai, de Mgr Pierre-André Fournier, président de l’AECQ. M. Ouellet précise que « l’urgence est due au fait qu’il est possible que le vote final sur le projet de loi survienne dès cette semaine ».

Le Québec doit se doter d’une politique sur les soins palliatifs et non pas s’engager sur la voie de l’euthanasie.

Les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale se sont entendus pour réintroduire le projet de loi qui permettrait aux médecins de pratiquer l’euthanasie sous l’appellation « aide médicale à mourir ». L’adoption de ce projet de loi aurait des conséquences graves et néfastes pour l’avenir du Québec.

Faire mourir n’est pas un soin. Les expressions « mourir dans la dignité » et « aide médicale à mourir » employées pour qualifier une injection mortelle sèment la confusion et induisent en erreur. Il s’agit purement et simplement d’euthanasie, et non d’un soin de fin de vie.

Nous avons déjà le droit de refuser l’acharnement thérapeutique. Nous avons déjà le droit de ne pas voir notre vie prolongée artificiellement en étant branchés à toutes sortes d’appareils. Mais ce dont il est question dans le projet de loi, c’est de tout autre chose: c’est de permettre aux médecins de causer directement la mort. Cela contredirait le but même de la médecine: donner la mort à un patient, ce n’est pas le soigner.

Nous comprenons, bien sûr, l’angoisse et la peine de tous ceux et celles qui ont entendu un proche réclamer la mort pendant une difficile agonie. Personne ne peut rester insensible à cette détresse. Mais la vraie réponse de la médecine et de la société à cette situation, ce sont les soins palliatifs: ils sont la meilleure façon de soulager la souffrance de la personne approchant de la fin de sa vie et de l’aider à vivre cette étape ultime avec humanité et dignité.

Cette question interpelle et engage la conscience de chacun et chacune. Les soins palliatifs ont fait leurs preuves. Nous avons au Québec l’expérience nécessaire pour les implanter dans toutes nos régions. C’est ce qu’il faut demander de toute urgence à nos élus: que le Québec se dote d’une politique sur les soins palliatifs et sur leur accessibilité universelle mais qu’il ne s’engage pas sur la voie de l’euthanasie.

+ Pierre-André Fournier, Archevêque de Rimouski

Président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec

Source : Diocèse de Chicoutimi

 

 

L’urgence bioéthique

Lettre aux catholiques de Vendée

par Monseigneur Alain Castet, Evêque de Luçon, 13/04/2014 (extrait)

Le domaine précis de la fin de vie

Dans nos sociétés du bien-être où seul ce qui est utile a de la valeur, les
personnes âgées en nombre croissant ou les personnes handicapées sont
parfois perçues comme un fardeau. Au sein de ces personnes fragilisées mais
aussi parfois isolées de leur famille et ignorées de la société, peut naître un
sentiment d’inutilité qui semble légitimer ce que l’on appelle aujourd’hui
l’euthanasie.

Par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une
omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi
toute douleur9. L’euthanasie est par conséquent une grave violation de la loi
de Dieu en tant que meurtre délibéré.

C’est en face de la mort que l’énigme de la condition humaine atteint
son sommet10 nous rappelle le Concile Vatican II. Devancer la mort c’est par
conséquent se couper d’une lumière essentielle à la personne et à son
entourage.

Dans les derniers moments de l’existence humaine, l’homme atteint son
point de fragilité le plus extrême. Il n’y a souvent plus rien à faire, sinon être
là, témoins de la vie qui nous dépasse tous, prendre conscience du caractère
partiel de toutes nos actions où finalement beaucoup de choses nous
échappent. Ceci nous plonge dans la vérité même de la vie. Alors la question
principale de l’existence n’est plus celle du bien-être mais celle de l’être, qui
est la question fondamentale de toute personne humaine.

Depuis les origines, les yeux fixés sur la Passion du Christ, l’Église
exerce auprès des mourants le ministère de la compassion par le sacrement
des malades, la confession et le viatique. Elle réconforte celui qui est éprouvé
et l’accompagne à l’heure du passage. Comment ne pas manifester notre
reconnaissance aux très nombreux prêtres, consacrés et laïcs qui ont exercé et
exercent ce ministère essentiel.

Le temps infiniment fragile et précieux de la préparation à la rencontre
du Sauveur ne doit jamais être volé, sinon nous prenons le risque d’un
incroyable appauvrissement de l’existence humaine et qui nous conduirait, par
conséquent, vers un certain obscurcissement de la société elle-même.

Cependant le danger et la tentation demeurent de vouloir abréger ce
temps qui conduit à la mort parce que considéré comme inutile et indigne, et
ceci, peut-être pas en donnant la mort directement, mais en ne réalisant pas
tous les soins vitaux. C’est alors qu’il importe de considérer la moralité de
l’acte et de nous rappeler qu’un acte bon doit être nécessairement droit.

Parmi les soins vitaux, citons notamment la nutrition et l’hydratation,
lesquelles sont trop facilement exclues du projet de soin dès lors que la vie
d’une personne gravement handicapée ne répond pas aux critères d’une
existence « enviable ».

L’usage des sédatifs ou « sédation » est tout à fait légitime lorsque la
personne est accablée par des souffrances physiques et morales reconnues par
l’équipe médicale. Les papes Pie XII et Jean-Paul II l’admettent, y compris si
cette pratique risque d’abréger la vie du malade. Les soignants, formés au
traitement de la douleur, peuvent intervenir sans que la personne ne perde
nécessairement sa conscience, lui permettant ainsi de vivre ses obligations
morales et familiales et de se préparer à la rencontre définitive avec Dieu11.

Toutefois, nous ne sommes pas conduits chaque jour à prendre des
décisions complexes. Mais notre qualité de disciples du Christ fait de nous
des sentinelles de la vie, émerveillées par la beauté du don de Dieu.

Les accompagnements que nous vivons nous engagent. N’oublions
jamais que l’attention portée par de nombreux chrétiens aux personnes et à
leur dignité ne trouve son plein accomplissement que dans l’annonce de la
bienheureuse Espérance. Le Seigneur agit avec nous et par nous en nous
donnant de prononcer ses propres paroles. Ainsi, les sacrements de la
guérison - pénitence et sacrement des malades - manifestent l’œuvre de Dieu
à ceux qui souffrent et qui sont accablés. Au bout de la route, le pardon de
Dieu et le viatique soutiennent le croyant à l’heure du grand passage et
donnent la grâce d’une paix profonde.

Par delà l’épreuve et le mystère bouleversant de la mort l’homme ouvre
les yeux, émerveillé, sur « l’éternelle vie ». Il goûte le bonheur tant espéré, tout
en comprenant clairement ce qui a pu l’en éloigner au long de son pèlerinage
terrestre. Dans la rencontre du Créateur, s’accomplit la vocation de l’homme,
comme l’enseigne le Catéchisme de l’Église Catholique : « le désir de Dieu est
inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui, et ce n’est qu’en Dieu que l’homme trouvera la vérité et le bonheur qu’il ne cesse de chercher12 ». Comment ne pas entendre en écho le
témoignage de Saint Augustin : « tu nous as fait pour toi et notre cœur est sans repos
jusqu’à ce qu’il ne repose en toi 13».

J’exprime ma reconnaissance à tous ceux qui accompagnent les
malades, les personnes fragilisées et celles qui sont en fin de vie. Je pense à
tous les personnels soignants, mais aussi à tous ceux et celles qui participent à
la mission des aumôneries et au service évangélique des malades. Par leur
présence, leur attention et la compassion qu’ils savent exprimer, l’Église est
présente auprès de ceux qui sont éprouvés. Par eux, le Christ devient proche
(Mt 25, 31-40). A travers le ministère de l’Église, il se donne lui-même dans
les sacrements comme le Serviteur souffrant. Il est à leurs côtés pour les
illuminer dans le mystère de sa Pâque.

J’encourage toute initiative qui, au sein de nos communautés, permettra
de rendre présents ces frères éprouvés ou souffrants. La proposition du
sacrement des malades, comme cela se fait déjà dans de nombreuses
paroisses, manifeste par la présence de ceux qui le reçoivent la plénitude du
Corps du Christ qui accueille en son sein nos fragilités et nos souffrances.
Mais cette célébration apparaît en même temps comme un signe d’espérance
qui veut proclamer la victoire de la vie.

Un grand nombre de nos frères apportent le Corps du Christ aux
personnes malades. Pourquoi ne pas rendre plus visible, au cœur de
l’assemblée domininicale, l’envoi de ces ministres au nom de la communauté
toute entière ?

En ce temps pascal, que le Christ ressuscité nous renouvelle, qu’il
fortifie l’espérance des malades, qu’il affermisse dans la foi ceux qui souffrent
et qui sont tentés par le désespoir. Que sa Parole habite le cœur des soignants
et de tous ceux qui accompagnent les personnes fragilisées afin qu’ils sachent
discerner ce qui est juste et bon pour que la dignité et la vie de l’homme
soient honorées et respectées.

À Luçon, le dimanche des Rameaux et de la Passion

13 avril 2014

Alain Castet,
Évêque de Luçon

9 Jean-Paul II, Lettre encyclique sur la valeur et l’inviolabilité de la vie humaine, Evangelium vitae, 25 mars 1995, n°65.
10 Concile Vatican II, Constitution dogmatique Gaudium et Spes, n°18.
11 Cf., Conseil Pontifical pour la pastorale des Services de la Santé, Charte des personnels de la santé, Pierre Téqui,
éditeur, 1995.
12 Catéchisme de l’Église Catholique, Mame/Plon, 1992, n° 27, p.21.
13 Saint Augustin, Les Confessions, Livre 1 , Ch. 1, Paris : Flammarion, 2008, p. 5.

Source : Diocèse de Luçon

 

 

Appel urgent à tous les catholiques: il faut prier et intervenir
pour dire oui aux soins palliatifs accessibles à tous au Québec,
mais non à l’euthanasie

Le nouveau gouvernement du Québec a fait connaître son intention de remettre à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale un projet de loi sur les « soins de fin de vie » qui permettrait aux médecins de pratiquer l’euthanasie. Un tel projet de loi aurait des conséquences graves et néfastes pour l’avenir du Québec.

Faire mourir n’est pas un soin. Les expressions « mourir dans la dignité » et « aide médicale à mourir » employées pour qualifier une injection mortelle sèment la confusion et induisent en erreur. Il s’agit purement et simplement d’euthanasie.

Nous comprenons, bien sûr, l'angoisse et la peine de tous ceux et celles qui ont entendu un proche réclamer la mort pendant une difficile agonie. Personne ne peut rester insensible à cette détresse. Mais la vraie réponse de la médecine et de la société à cette situation, ce sont les soins palliatifs: ils sont la meilleure façon de soulager la souffrance de la personne approchant de la fin de sa vie et de l'aider à vivre cette étape ultime avec humanité et dignité.

Les soins palliatifs ont fait leurs preuves. Nous avons au Québec toutes les compétences et toute l'expérience nécessaires pour les implanter dans toutes nos régions. C'est ce que nous espérons de l’Assemblée nationale: que le Québec se dote d’une politique sur les soins palliatifs et sur leur accessibilité universelle.

Prions donc pour nos députés, afin que chacun et chacune sache ouvrir son coeur et sa
conscience à l'action de l’Esprit-Saint. Et n’hésitons pas à communiquer avec eux —
personnellement ou par lettre collective ou même par pétition — pour demander que tous les Québécois et Québécoises puissent bénéficier en fin de vie d’une véritable aide aux mourants sous la forme de soins palliatifs, et non de l’euthanasie, qui est le contraire des soins palliatifs.

Au cours des prochaines semaines, que notre prière à ces intentions soit fréquente et intense et qu’elle soit nourrie de la Parole de Dieu et des sacrements. Prions individuellement, dans le coeur à coeur avec le Seigneur, et aussi en nous réunissant avec d’autres pour la liturgie, l’adoration, la louange et la récitation du rosaire. Et comme nous y invite la grande tradition de l'Église, associons à notre prière des actes de pénitence, de jeûne, de don de soi et de partage.

+ Pierre-André Fournier
archevêque de Rimouski
président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec

le 13 mai 2014, fête de Notre-Dame de Fatima

Source : eveques.qc.ca

 

 

Interview de Monseigneur Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes

Par

Les chrétiens sont parfois moqués comme anachroniques, ils provoquent souvent l'indifférence. Sont-ils condamnés à vivre à contre- courant et à perdre les combats temporels ?

Les chrétiens n'ont pas la mission de gagner des combats. Ils veulent seulement témoigner de l'amour de Dieu pour tout homme, un amour sans condition qui les appelle à la vie. C'est cet amour, et lui seul, qui sauve le monde. Il ne s'impose pas par la force du droit ou par des jeux politiques. Il est accueilli dans le cœur des croyants comme un feu qui embrase tout leur être et qui illumine leur conscience, leurs décisions, leurs projets. L'Evangile se répand de cette manière ; sans bruit, sans violence, sans stratégie. C'est, comme vous le dites, un peu à contre-courant…

A Lourdes vous côtoyez sans cesse des malades, des handicapés. Considérez-vous que la société les aide et les protège suffisamment ?

La force incroyable de l'Evangile est de nous aider à penser l'homme non seulement dans son génie et sa grandeur mais également dans sa faiblesse et sa précarité. Ce qui m'a toujours frappé, à Lourdes, c'est que les personnes malades ou handicapées ont toujours la première place. Nous vivons avec elle, nous prions avec elles et nous recevons beaucoup d'elles en vivant à leurs côtés. A vrai dire, elles nous évangélisent par leur paix, par leur joie, par leur profondeur, par leur simplicité. La dépendance et la fragilité ne sont pas des défaites pour la personne humaine. Parce que sa dignité ne lui est pas donnée par son autosuffisance, par son pouvoir ou par sa bonne santé. Elle vient de plus haut ; elle vient de Dieu. Elle vient de ce qu'elle est aimée inconditionnellement. Et de ce qu'elle est capable d'aimer inconditionnellement. Notre société fait beaucoup pour les personnes fragiles. Mais elle gagnerait à cultiver ce regard d'absolue bienveillance. Pour ne pas être tentée d'écarter les plus faibles en succombant à une logique de coût, de rentabilité et de confort. Toute personne mérite de vivre. C'est notre appel, notre vocation. Nous sommes faits pour la vie !

Source : lefigaro.fr

 

 

du Père Luc Onambele, du diocèse d'Obala au Cameroun

Préface du Cardinal Robert Sarah, président du Conseil pontifical Cor Unum

Paru aux éditions de L'Harmattan, 14/04/2014

La loi naturelle est le fondement de toute rationalité publique. Tout discours relatif à la défense de la vie humaine en général et singulièrement à l'euthanasie devrait s'appuyer sur la loi naturelle, loi de Dieu à laquelle l'homme participe rationnellement pour éviter de tomber dans les pièges de l'arbitraire, des intérêts particuliers, de la manipulation des esprits et de la dictature de la majorité.

Dans un projet de société d'où la transcendance et la loi naturelle sont bannies, il reste le pouvoir de l'homme sur l'homme et la dernière instance normative de la société dans ce cas se limite à l'autonomie de la personne comprise comme exigence d'une liberté absolue n'ayant aucun lien avec la vérité objective. Dans un tel contexte, la souffrance, réalité de l'existence humaine, est censurée, rejetée et combattue surtout lorsqu'elle est insurmontable et que la perspective de la disparition du bien-être pointe à l'horizon. L'homme pense que la vie a perdu son sens et la tentation grandit en lui de la supprimer : c'est l'euthanasie.

Le regard tourné vers Jésus-Christ, «Évangile de vie et accomplissement de la loi naturelle», l'homme découvre la grandeur et la beauté du don de la vie qu'il a reçu du Créateur. Ainsi, peut-il alors la valoriser, la défendre et l'aimer dans n'importe quelles circonstances où cette vie se trouve accablée par la souffrance.

 

 

Monseigneur Léonard s'exprime sur une extension de la loi sur l'euthanasie

par Begla, 02/04/2014

"Après la loi sur l'euthanasie pour les mineurs, de nouvelles étapes dans l'extension de la loi sur l'euthanasie verront le jour. J'espère que nous nous mobiliserons encore mieux pour faire entendre notre voix", a indiqué l'archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr André-Joseph Léonard, mercredi à l'occasion de la présentation à Gand de l'ouvrage 'La boîte de Pandore, réflexion sur l'euthanasie sous une perspective chrétienne' rédigé par René Stockman de la congrégation des Frères de la Charité. Le Frère René Stockman, supérieur général des Frères de la Charité, expose dans son livre des arguments contre l'extension de la loi sur l'euthanasie. Le recteur de l'université de Leuven (KUL), Rik Torfs, et Monseigneur Léonard ont participé au débat organisé lors de l'introduction de l'ouvrage. "Le noeud de la question est l'auto-détermination", indique Mgr Léonard. "Mais en réalité, ce n'est jamais juste une question d'auto-détermination. Une demande d'euthanasie représente une importante pression sur le libre choix de beaucoup d'autres personnes. Elle touche en premier lieu la profession médicale. Le serment d'Hippocrate doit être modifié en cas de banalisation de l'euthanasie."

L'archevêque met également en garde contre une nouvelle extension de la loi sur l'euthanasie. "Que se passera-t-il si elle est acceptée dans le cas de personnes âgées fatiguées de la vie ou désirant ne pas être un fardeau pour leur entourage? Les médias présentent les demandeurs d'euthanasie comme des personnes généreuses, en citant à titre d'exemple un écrivain et un prix Nobel (probablement Hugo Claus en Christian de Duve, ndlr). Les personnes qui ne rendront pas leur dernier souffle à temps et discrètement seront-ils considérés comme des égoïstes?"

Le livre 'La Boîte de Pandore, réflexion sur l'euthanasie sous une perspective chrétienne' ('De doos van Pandora, reflectie over euthanasie vanuit christelijk perspectief') est paru chez les éditions Halewijn.

Source : lalibre.be

 

 

par Nicolas Vigneault, canoe.ca, 23/02/2014

Contre l'euthanasie

Sur une note plus politique, Mgr Lacroix a parlé sur les ondes de la volonté du gouvernement québécois de légaliser l'euthanasie avec le projet de loi Loi concernant les soins de fin de vie. «Nous avons tout fait pour dénoncer cette décision qui mènerait à l'avènement d'une civilisation de mort, a-t-il dit, ajoutant que même si le règlement devenait légal, il ne deviendrait d'aucune façon «moral».

Mgr Lacroix a aussi décrit l'«effet François» qui a pris naissance au Québec depuis l'élection du nouveau pape. «On parle d'un véritable phénomène!, a-t-il dit en riant. Nombreux sont ceux qui spontanément viennent me dire combien ils aiment le pape et sa façon d'être, sa simplicité.»

Source : canoe.ca

 

Euthanasie: Communiqué des évêques de Belgique, 13 Février 2014

Réaction des évêques de Belgique sur l’approbation de la loi sur l’élargissement de l’euthanasie

Les évêques de Belgique sont très déçus de l'approbation par la Chambre des représentants de la loi relative à l'élargissement de l’euthanasie pour les mineurs. Ils déplorent l'adoption d'une loi que de nombreux experts considèrent comme inutile et qui comporte de nombreux défauts.

Les évêques partagent l’avis de tous ceux qui, dans le débat sur l'euthanasie, se sont prononcés sans ambiguité contre cette loi  en fonction de leur expérience ou de leur expertise.

Ils soutiennent totalement les droits de l'enfant, dont le droit à l'amour et au respect est le plus fondamental. Mais le droit de l'enfant à demander sa propre mort est un pas de trop. Il s’agit de la transgression de l’interdit de tuer, qui constitue la base de notre société humaine.

Les évêques craignent que cette nouvelle loi ouvre grande la porte à une prochaine extension aux personnes handicapées, aux personnes démentes, aux malades mentaux, voire à celles qui sont fatiguées de vivre. Ils insistent pour que tout soit mis en œuvre pour combattre au maximum la douleur et la souffrance et pour que tous ceux qui – professionnels et volontaires - accompagnent des personnes malades et souffrantes, soient soutenus d’une façon optimale.

SIPI – Bruxelles, jeudi 13 février 2014

Source : catho.be

 

 

Projet de loi 52 : Un appel à la conscience

2014-02-10

Une question de vie ou de mort : Un appel à la conscience  

Très bientôt, à Québec, nos députés vont voter sur le projet de loi 52 : Loi concernant les soins de fin de vie. S'il est adopté, l'euthanasie deviendra légale sous l'appellation d' « aide médicale à mourir ».

Or, devancer la mort ce n'est pas aider à mourir mais faire mourir. C'est donner à nos médecins le pouvoir de tuer des patients vulnérables dans certaines circonstances.

Nous aimons les personnes vulnérables, et un jour nous serons tous vulnérables. Il est important que nous sachions tous que notre famille et la société ne devanceront pas notre mort, mais seront là pour nous soutenir jusqu'à la fin.

Nous sommes appelés à faire le choix inconditionnel du respect de la vie jusqu'à la mort naturelle. L'être humain est constitué pour respecter et servir la vie en toute situation de fragilité. Il ne peut se mettre à causer la mort de personnes innocentes - si encadrée soit la décision - sans blesser en lui-même la conscience de sa propre dignité.

Donner la mort à une personne humaine innocente, c'est aussi se donner la mort à soi-même...

† Christian Lépine
Archevêque de Montréal 

Mardi, 11 février, aura lieu la Journée mondiale des malades. À cette occasion, Mgr Lépine a invité les fidèles de l'archidiocèse de Montréal à participer à une messe spéciale qui aura lieu à la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde, à 19 h 30 :

"Faisons de la Journée mondiale des malades, le 11 février, une journée de prière et de jeûne, participons à la Messe et confions-nous à la médiation maternelle de Marie."

 

Source : Diocèse de Montréal

 

Fragilité et valeur de la vie

par Mgr Christian Lépine, Archevêque de Montréal, 2014-02-05

Les questions d'accompagnement des personnes gravement malades et en fin de vie occupent nos pensées et nos cœurs depuis quelques décennies. Les soins palliatifs se sont développés pour répondre à la souffrance et à la douleur, tout en évitant l'acharnement thérapeutique. Au Québec, nos députés s'apprêtent à voter très bientôt sur le Projet de loi 52, « Loi concernant les soins de fin de vie », qui rendrait possible l'euthanasie sous l'appellation d' « aide médicale à mourir ». Or, devancer la mort ce n'est pas aider à mourir mais faire mourir. C'est pourquoi j'estime important de vous faire part d'une réflexion sur le choix inconditionnel du respect de la vie, quel que soit l'état de faiblesse d'une personne, invitant à tenir ensemble fragilité et valeur de la vie, compassion et espérance.

« Pourquoi Dieu donne-t-il la lumière à un malheureux, la vie à ceux qui sont pleins d'amertume, qui aspirent à la mort sans qu'elle vienne, qui la recherchent plus avidement qu'un trésor ? » (Job 3, 20-21). La prière de Job exprime ici que son angoisse est telle qu'il ne veut plus vivre. Il s'en remet pourtant à Dieu qui « tient en son pouvoir l'âme de tout vivant et le souffle de toute chair d'homme » (Job, 12, 10) en disant dans la confiance et l'espérance : «  Je sais que tu peux tout et que nul projet pour toi n'est impossible. » (Job 42, 2).

Dans la vie, comme Job, nous faisons constamment l'expérience de la fragilité de la vie, en même temps que de la valeur de la vie. Lorsqu'il s'agit de la maladie et de l'approche de la mort, la souffrance peut être telle que l'on perd de vue que non seulement la vie est un bien, mais qu'elle est toujours un bien. Quelle que soit la faiblesse, quelle que soit la fragilité, quelle que soit la douleur, la vie est toujours un bien. Le défi est de tenir ensemble la fragilité de la vie qui nous appelle à la compassion et la valeur de la vie qui nous appelle à l'espérance.

Nous sommes appelés à témoigner de la bonté de la vie, quelles que soient les situations de détresse que l'on puisse rencontrer lorsque des personnes sont gravement malades ou à l'article de la mort. Nous sommes appelés à témoigner de notre bonté envers les personnes malades et mourantes en les accompagnant volontiers, de grand cœur, quel que soit l'inconnu concernant l'évolution de la maladie et les délais, quel que soit l'état de conscience de la personne malade.

Nous sommes appelés à faire le choix inconditionnel de la vie. La dignité de l'être humain n'est pas basée sur les conditions de vie, elle est basée sur le seul fait d'être un être humain et elle touche par le fait même tout être humain. La dignité de tout être humain appelle et réclame le droit à la vie pour tous, quelle que soit la tragédie qui puisse frapper une personne. La dignité de tout être humain oblige au respect de la vie de tous et de chacun, car supprimer la vie, si fragile et si faible soit-elle, c'est supprimer les droits. Même sans référence à Dieu, il est important de rester inébranlable dans le respect de la valeur de la vie afin que la vie en société demeure libre et confiante. Il est important que nous sachions tous que notre famille et la société ne devanceront pas notre mort mais seront là pour nous soutenir jusqu'à la fin.

Contempler Dieu nous ouvre le cœur à défendre la vie et nous donne la force de vivre en aimant jusqu'au bout, car Dieu est Vie : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C'est par lui que tout est venu à l'existence, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1, 1-4). La vie, avant d'être notre vie, notre vie humaine, c'est la vie de Dieu, la vie éternelle. Dieu nous a posés dans l'existence en nous créant à Son image et en nous appelant à participer à Sa vie.

En Jésus, le Fils de Dieu fait homme, la vie éternelle est entrée dans le temps, la vie éternelle vient à la rencontre de chacun et chacune d'entre nous. Dans la prière et les sacrements on reçoit cette vie éternelle maintenant, et elle s'accomplira en plénitude dans le Royaume éternel. Parce que Jésus-Christ vient à nous en cette vie, la vie éternelle c'est « du déjà et du pas encore »; elle est déjà commencée et pas encore accomplie. En Jésus, la vie s'est manifestée : « Oui, la vie s'est manifestée, nous l'avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s'est manifestée à nous. » (1Jn 1, 2). La vie humaine est faite pour rencontrer le don de Dieu.

Jésus, qui est la vie divine et qui est source de notre participation à la vie divine, participe à notre humanité, s'expose à la fragilité, à la souffrance et à la mort. Il a embrassé notre fragilité, il n'a pas fui notre fragilité. Il a embrassé notre humanité blessée, il a embrassé la croix. Il a fait face à l'angoisse de la souffrance jusqu'à dire « mon âme est triste à en mourir » (Mt 26, 38), jusqu'à suer sang et eau lors de sa prière à l'agonie (cf. Lc 22, 44). Jésus n'a pas laissé la souffrance, l'angoisse et la mort détruire la beauté et la valeur de la vie. Il a continué de vivre, de prier et d'aimer jusqu'au bout. Il est mort en priant et en aimant.

Jésus s'est fait proche de tous ceux et celles qui n'en peuvent plus, qui ont l'impression que la vie n'a plus de sens et qui ne veulent plus vivre. Il n'y a aucun sentiment de désespoir dont Jésus ne se soit fait proche. Par sa mort, dans son amour sur la Croix, il a porté tous nos péchés, toutes nos souffrances, toutes nos angoisses, toutes nos morts. Il s'est fait proche de toute personne, de toute douleur, de toute vie au moment de la mort. Lorsqu'on est frappé par la douleur et la perspective de la mort on peut aller à Jésus-Christ, quelle qu'ait été notre vie, car Il s'est fait proche de tout être humain, sans exception.

Pour témoigner de la bonté, de la beauté et de la valeur de la vie, quelle que soit notre expérience de la fragilité, nous sommes appelés à être des témoins de la vie éternelle en Jésus Christ, des témoins de Celui qui est vivant, des témoins de Celui qui est mort et ressuscité. Ce qu'il y a de plus beau sur la terre, c'est le défiguré crucifié qui rayonne l'Amour divin. Ce qu'il y a de plus beau sur la terre c'est l'amour qui se donne à travers la fragilité, c'est l'amour qui va jusqu'au bout. Par la grâce du Ressuscité, l'amour a le pouvoir de transfigurer la souffrance et de la vaincre en ouvrant sur l'espérance.

Oui, il y a le drame qui fait partie de la vie. Mais il y a aussi l'amour qui fait partie de la vie. Oui, il y a l'épreuve qui nous terrasse, mais il y a aussi l'amour et la force de la relation, la force de la présence de Dieu, la force des relations familiales, la force des relations d'amitié et la force des relations avec les personnes qui nous procurent des soins. Accompagner quelqu'un dans la maladie grave, accompagner quelqu'un au soir de son existence, c'est donner un espace à l'amour, c'est donner un espace aux relations et aux réconciliations, c'est donner un espace à Jésus-Christ, à sa grâce et à sa Paix. Rien ne peut « nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 39).

Lorsque, devant la grande fragilité de la vie, on diminue la valeur de la vie, on va à l'encontre de la soif de vivre qui est ancrée très profondément dans l'être humain. Quand on est tenté de ne plus accompagner la vie jusqu'à ce que survienne naturellement la mort, mais de la supprimer car la vie apparaît insupportable, cela est certainement compréhensible, mais prendre cette direction c'est s'engager sur un chemin de déshumanisation. La conscience personnelle des personnes impliquées, de près ou de loin, dans la famille, le monde médical et la société, ne peut qu'être abimée si elle se laisse entraîner dans une telle démarche. L'être humain est constitué pour respecter et servir la vie en toute situation de fragilité. Il ne peut se mettre à causer la mort de personnes innocentes - si encadrée soit la décision - sans blesser en lui-même la conscience de sa propre dignité. Donner la mort à une personne humaine innocente c'est aussi se donner la mort à soi-même...

Alors que nous sommes à quelques jours du 11 février, fête de Notre-Dame-de-Lourdes et Journée mondiale des malades, je vous invite à faire de cette journée un temps de prière et de jeûne. De plus, le soir à 19 h 30, il y aura une messe à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde en faveur des malades et des personnes qui les accompagnent, avec possibilité de recevoir l'onction des malades.

La valeur d'une personne qui est malade ne diminue pas parce qu'elle est dans la fragilité ou l'extrême faiblesse. Il est d'une importance capitale de voir le bien qu'est la vie de toute personne malade. Cette invitation se fait dans un contexte social où l'évidence de la valeur de la vie en toutes circonstances de détresse s'affaiblit et que les députés à Québec s'apprêtent à voter sur le projet de loi 52 qui veut ouvrir la porte à l'euthanasie en en parlant comme d' une aide à mourir .   

Nous avons besoin de Jésus-Christ qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, Lui qui est Vie éternelle et qui vient nous apporter sa grâce, tant lorsque nous accompagnons les malades que lorsque nous sommes malades.   

Faisons de la Journée mondiale des malades, le 11 février, une journée de prière et de jeûne, participons à la Messe et confions-nous à la médiation maternelle de Marie.

+Christian Lépine

Archevêque de Montréal

Source : Archidiocèse de Montréal

 

 

Veillée contre l’euthanasie des mineurs: 1.300 personnes réunies à Bruxelles 

 

 

Euthanasie : le Card. Simonis des Pays-Bas parle à cœur ouvert

La "mort douce" : une terrible pression pour les personnes âgées

par ZENIT.org/AVVENIRE, 06/12/2000

"J’ai encore l’espoir que le Sénat n’approuve pas cette loi de l’euthanasie", a déclaré le Cardinal Adrian Simonis. Interrogé par le quotidien italien "Avvenire" depuis son domicile à Maliebaan, le Cardinal Simonis, qui est en quelque sorte la conscience souvent ignorée des Pays-Bas, explique les conséquences de la loi sur l’euthanasie.

"Le Conseil de l’Europe a fait savoir à la Hollande que la loi sur l’euthanasie est en contradiction avec les droits de l’homme. La loi n’est passée qu’au parlement ; j’espère que les conséquences de cette loi feront réfléchir", a-t-il déclaré.

Le 28 novembre dernier le parlement hollandais approuvait par 104 voix contre 40 la loi concernant l’euthanasie, même pour les enfants à partir de 12 ans avec l’accord du père ou de la mère. C’est la première fois qu’un pays va aussi loin dans la légalisation de la "mort douce".

Q : Les sondages montrent que 80 % des néerlandais sont en faveur de l’euthanasie.

Cardinal Simonis : Il faut bien analyser ces sondages. La mentalité qui règne en ce moment est celle de l’autonomie, du droit absolu à disposer de soi-même. Si les gens sont en faveur de l’euthanasie c’est à cause d’un malentendu concernant la liberté. Ils disent qu’ils ne demandent pas l’euthanasie pour eux-mêmes mais qu’on ne peut pas la refuser à ceux qui la désirent. C’est la question soulevée par "Veritatis Splendor", la question de la maladie moderne de l’homme qui n’accepte plus la vérité objective mais la subjectivité des sentiments. Dans le raisonnement commun, la vérité disparaît, et il ne reste que ce que l’on ressent. On ne s’intéresse pas à ce qui est vrai mais uniquement à ‘ce que je ressens comme vrai’.
Le pape a parfaitement raison, et ce qu’il dit dans "Veritatis Splendor" est vrai.

Q : On dit aussi que beaucoup de malades en phase terminale demandent l’euthanasie.

Cardinal Simonis : Je me souviens de la dernière semaine de ma mère, avec nous, ses onze enfants, autour de son lit. Elle n’arrêtait pas de dire : ‘je suis un tel poids pour vous ! Comment est-ce que vous allez faire pour aller en vacances ?’ Les personnes âgées ont l’impression d’être un poids. Elles demandent l’euthanasie pour ne pas être un poids pour les autres, dans cette société qui ne vit que pour le bénéfice, où personne n’a le temps. Ainsi, cette loi, qui prétend donner une nouvelle ‘liberté’, impose en fait tout le contraire. Elle oublie ceux qui ont le plus besoin de solidarité humaine. Maintenant il y a une loi qui ‘permet’. Et dans un environnement qui n’a aucun respect pour la dignité de ceux qui souffrent, pour la vieillesse, pour l’agonie, dans un pays où la moitié de la population déclare ne croire en rien, cette loi devient une pression pour les personnes âgées : on peut, c’est ‘licite’, et donc, cesse d’être un poids ! Mais la demande d’euthanasie est presque toujours uniquement une demande d’aide. Il n’y a qu’une société cruelle, qui ne pense qu’à l’argent et aux affaires, à ne pas pouvoir comprendre cela.

Q : Il y a déjà eu des cas de demandes d’euthanasie de la part de malades souffrant d’une pathologie mentale qui l’entraîne précisément vers le suicide. L’État assiste-t-il ces personnes dans le suicide ?

Cardinal Simonis : L’État a le devoir de défendre ses citoyens, tous ses citoyens, même en allant contre eux-mêmes. C’est un raisonnement en accord avec le droit et la raison. Combien de fois avons-nous utilisé ces arguments philosophiques, rationnels, contre les attentats à la vie, nous les évêques des Pays-Bas ? Les protestants, les évangéliques nous reprochent même d’utiliser des arguments trop ‘rationnels’, trop philosophiques et purement humains, trop laïcs.

Q : Quels arguments utilisent les pasteurs protestants ?

Cardinal Simonis : Uniquement des arguments pris dans les Écritures. Mais ce n’est pas notre ligne à nous : ‘gratia supponit natura’, la grâce ne remplace pas la nature. Nous nous sommes aventurés dans le domaine technique, nous avons signalé les nouvelles thérapies contre la douleur. Nous avons dénoncé les pressions des lois actuelles sur les médecins qui finissent souvent par se trouver en difficulté pour avoir refusé l’euthanasie, comme si cela était un droit…

Q : Y a-t-il des résultats ?

Cardinal Simonis : L’abondance de nos documents et de nos déclarations finit même par être contre-productive. La presse contre-attaque : voilà les éternels évêques qui interdisent tout… Les media ont une grande responsabilité. Ils ont changé la mentalité des gens, tout doucement, année après année.

Q : Et les magistrats ? Et les hommes politiques ?

Cardinal Simonis : La porte a été ouverte par l’avortement. La légalisation de l’avortement a été difficile. La loi est passée à une voix près. Déjà à l’époque nous avions lancé un avertissement : ‘vous finirez par autoriser l’euthanasie. Vous êtes sur la pente…’. Ils ne nous ont pas écoutés. Et maintenant l’euthanasie est légale.

Q : Est-il exact que Mgr Roermond a interdit de donner l’extrême onction aux personnes ayant donné leur consentement préventif à leur propre euthanasie ?

Cardinal Simonis : C’est vrai et c’est juste. On ne peut quand même pas demander à l’Église de bénir par un sacrement un acte de suicide !

Source : zenit.org

 

 

Luigi Novarese, apôtre des malades

La consolation du Christ, par les malades

Mgr Luigi Novarese (1914-1984), fondateur des Ouvriers silencieux de la Croix et du Centre des volontaires de la souffrance. ...

Il voyait dans le malade un personne "active" aussi pour répandre la "consolation" du Christ et intercéder dans la prière pour les autres, pour le monde.

Luigi Novarese est né à Casale Monferrato (Alessandria), le 29 juillet 1914. Le pape Jean-Paul II l'a défini comme « l'apôtre des malades », nom qui a accompagné sa béatification.

En effet, tout en travaillant à la Secrétairerie d'État du Saint-Siège – de 1942 à 1970 – puis à la Conférence des évêques d'Italie – de 1970 à 1977 – il s'engage tout entier dans la lutte contre l'exclusion des personnes handicapées pour les sortir des ghettos dans lesquels elles sont confinées et les intégrer dans la société.

Il leur enseigne un métier avec pour objectif, dans la limite des possibilités de chacun, de les rendre autonomes y compris sur le plan économique. Il dialogue sans complexes avec la médecine, montrant l'efficacité thérapeutique de la motivation spirituelle dans les soins donnés au malade. Il fonde des maisons de santé, des centres d'aide, des cours professionnels pour personnes handicapées et infirmes, leur enseignant à penser et à vivre la maladie autrement.

En 1943, il fonde la Ligue sacerdotale mariale, pour venir en aide aux prêtres infirmes, blessés ou vivant dans des conditions économiques difficiles à cause de la guerre. Quatre ans plus tard, il lance le Centre des volontaires de la souffrance, association dans laquelle il enseigne aux malades à avoir un regard nouveau sur eux-mêmes et sur la maladie. En 1960, le père Luigi crée la fondation des Ouvriers silencieux de la Croix, « une association d'âmes consacrées, hommes et femmes, prêtres et laïcs, engagés pour apporter aux malades un éclairage sur le sens chrétien de la douleur et les soutenir à travers des œuvres d'aide et de réhabilitation professionnelle ». En 1952, il commence la construction de la Maison du Cœur immaculé de Marie, à Re (Verbania) qui, à partir de 1960, accueille chaque année des milliers de malades pour des sessions d'exercices spirituels. Toujours en 1952, afin de rendre plus efficace l'accompagnement des malades, Mgr Novarese créé une quatrième association, les Frères et Sœurs des malades, personnes en bonne santé qui s'engagent dans l'apostolat des malades en partageant le même programme spirituel qu'eux et en les soutenant dans leurs besoins.

Le 7 octobre 1957, Mgr Novarese réussit à étonner la hiérarchie ecclésiastique en organisant le plus grand rassemblement de malades jamais réalisé jusque là, à l'intérieur du Saint-Siège, amenant 7000 malades dans la Cour du Belvédère pour une audience avec le pape Pie XII. Une multitude de sept mille fidèles sur des brancards ou dans des fauteuils roulants, venant de toute l'Italie et du canton du Tessin, qui touchera profondément le pape Pacelli.

Sa vie terrestre prend fin le 20 juillet 1984 à Rocca Priora, près de Rome, où il se trouve pour un temps de convalescence. Son corps repose à Rome dans l'église Sainte-Marie-du-Suffrage, au numéro 49 de la via Giulia, la rue du consulat de France.

Source :(Zenit 11 mai 2013) © Innovative Media Inc.