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La lettre de remerciement d’une femme africaine à Meriam Ibrahim

par Obianuju keocha, traduction de Jeanne Smits, 24/07/2014

Je traduis ci-dessous la lettre très émouvante de Obianuju Ekeocha à Meriam Ibrahim, la Soudanaise condamnée à mort pour « apostasie », après sa libération  et son exfiltration qui a été marquée par une première halte au Vatican. Mme Ekeocha est nigériane ; elle vit au Royaume-Uni. Cette scientifique biomédicale a fondé Culture of Life Africa et collabore avec des médias catholiques pour promouvoir la défense de la dignité et du caractère sacré de la vie.

La grande nouvelle de l’arrivée de Meriam Ibrahim m’a procuré tant de joie, tant d’enthousiasme. Les images de cette femme Africaine si gracieuse, si belle, son bébé dans les bras, descendant de l’avion appelaient les regards, spécialement après la douleur et la souffrance innommables qu’elle a vécues dans la prison soudanaise.

Alors j’ai pensé que, par une lettre très simple, je devais poser sur le papier mes réflexions et mes pensées de gratitude pour cette intrépide fille de l’Afrique dont le monde entier célèbre aujourd’hui la libération.

Au nom de toutes les femmes africaines, je vous remercie, Meriam Ibrahim, pour avoir montré à la face du monde le courage indomptable qui est au cœur de la féminité authentique. Je dis cela parce que votre douleur et votre persécution étaient liées si clairement à votre féminité. Et par conséquent, votre triomphe a été un témoignage des plus puissants pour la vie, pour la maternité, pour le mariage, pour l’amour et pour la foi.

Vous êtes vraiment une image fidèle de la foi et de la vertu, un vrai symbole de la force et de la capacité de faire face. Vous êtes, à mon humble avis, une vraie femme de poids, une femme de poids africaine dont l’histoire remplit mon cœur de courage et d’audace pour ma propre vocation, la défense de notre culture africaine de la vie, du mariage, de la maternité, de la foi et de la famille, peu importe les difficultés, la honte ou la douleur que cela peut me causer.

Car sous le coup d’une persécution intense, vous avez refusé de renier votre foi chrétienne. Sous les menaces des extrémistes, vous êtes restée debout : témoin et martyre.

Dans la souffrance de l’incarcération, vous avez refusé de renier votre mari ou de renoncer à votre mariage.

Entravée par les lourdes chaines de la prison, vous aviez encore assez de force et de fierté pour donner la vie, pour donner naissance.

Sous le coup d’une sentence de mort certaine vous avez eu assez de détermination pour allaiter votre précieux petit bébé.

Par votre puissant exemple, le monde a pu voir la ténacité d’une jeune femme africaine qui, dans les pires conditions, a témoigné héroïquement des vertus de la foi, du mariage, de la maternité. Vos luttes indicibles, ces dernier mois, auront été le rayon lumineux le plus radieux qui a percé les nuages les plus noirs, en apportant la contradiction à un monde moderne qui nous dit que la foi ne signifie rien, que la liberté religieuse n’est pas si importante, que le mariage n’est que ce que nous voulons en faire, que la maternité doit résulter d’un choix afin de la réservé aux périodes qui nous arrangent le mieux, que nos bébés ne doivent naître qu’aux moments qui nous conviennent.

Vous, ma sœur africaine, vous êtes devenue un paratonnerre par rapport aux féministes radicales de notre temps qui répudient et dénigrent chaque vertu que vous incarnez. En votre corps, vous avez subi les marques et les cicatrices du vrai chrétien : comme épouse, mère et martyre. Et ainsi vous nous avez montré ce qu’est une femme autonome et libérée – et je suis heureuse de dire que cela n’a rien à voir avec ce que voudraient nous faire croire les radicaux et les idéologues d’Occident. Ils essaient de nous dire que pour que les femmes africaines deviennent autonomes, il leur faut devenir « sexuellement libérées » : égoïstes, individualistes et férocement autonomes. Mais vous, Meriam, par votre propre exemple, vous nous avez enseigné que la femme africaine libérée est la femme libre de vivre et de pratiquer sa foi, d’aimer son mari, et d’aimer ses enfants, nés ou pas encore nés. Une femme libérée, c’est une femme de foi, une femme pour la famille. C’est cela, la vérité qui doit être proclamée d’un bout à l’autre de l’Afrique.

Aujourd’hui, le monde entier vous regardait alors que vous respiriez l’air léger de la liberté, et que vous avez fait votre première halte, non pas à la Maison Blanche, mais plutôt à la maison de sainte Marthe – Casa Santa Marta – qui est aussi la maison du Saint-Père, le pape François. Au lieu de la poignée de main présidentielle que beaucoup auraient désirée d’abord, vous avez choisi celle du pape. Plutôt que la réception politique, vous avez choisi la bénédiction apostolique pour vous et pour votre famille. Vous avez préféré le pape au POTUS (ndlr : President of the United States of America).

Vous êtes une femme de grande sagesse, de grande force, et l’Afrique vous porte haut, elle vous honore, elle vous célèbre.

Nous sommes dans la joie avec vous et pour vous.

Nous sommes dans la joie parce que vous êtes enfin libre.

Et grâce à notre joie, je prie pour que davantage de femmes – de notre Afrique et de tous les coins du monde – réfléchissent profondément à votre expérience, afin de faire comme vous.

Je prie pour que des femmes de foi se lèvent et portent leur courageux témoignage, s’il le faut jusqu’au martyre.

Je prie pour que les femmes enceintes choisissent la vie pour leurs bébés, à tout prix.

Je prie pour les femmes qui sont épouses et mères pour qu’elles restent fidèles à leurs vœux et à leurs vocations.

Je prie pour qu’au-delà de la joie qui a gagné toute la terre, nous puissions être embellies de ne serait-ce qu’un peu de la vertu héroïque du féminisme authentique de Meriam Ibrahim, purifié et forgé dans le creuset enflammé de la persécution religieuse.

Obianuju Ekeocha,

Fondatrice et responsable de www.cultureoflifeafrica.com .

Source : leblogdejeannesmits.blogspot.fr