Euthanasie et assistance aux mourants : éléments de réflexion
La proposition de résolution soumise au Parlement européen présentait la demande d' euthanasie comme formulée par un malade, lorsqu'il a perdu le sentiment que sa vie est "digne" d' être vécue. Il n' est pas inutile toutefois de remarquer que toutes les souffrances morales ne sont pas concentrées sur le souci de "dignité", et que c' est souvent plutôt d' amour que les mourants ont soif. Restent ces situations où la personne ne sent pas sa vie comme "digne" d' être vécue. Cette question est une vraie question, qui de près ou de loin rejaillit sur l' entière condition humaine.
Mais de quelle "dignité" s' agit-il? Aujourd'hui, on place trop cette dignité dans une image de l' Homme, qui est celle de l' individu moderne, assuré de sa forme physique et de sa formation professionnelle, de sa conscience, sujet maître de ses objets et mesure du monde. Jamais morale ne fut plus impérieuse et plus normative que celle-là !
Par exemple, il n' est pas possible de dire que c' est le niveau de conscience qui définit l' être humain. Comme si l' image de la dignité était toujours la même, à tous les âges, pour tous les types de maladies ou simplement d' existences! Là où cette image de la dignité se met à trembler, on découvre des dignités qui ne tiennent ni à une "conscience" ni à une "forme", mais qui attestent que tout "corps" peut aussi être sujet, et que nous n' en savons rien.
Pour nous la dignité est d' être à l' image de Dieu. C' est pourquoi, cette dignité n' est à la libre disposition de personne, et nul ne peut en administrer le critère (pas même les Églises) ! Ainsi, aucune loi ni aucune instance morale ne peut prétendre supprimer la responsabilité éthique du patient, des médecins, et de l' entourage; ni en légalisant la pratique de l' euthanasie, ni en l' interprétant systématiquement comme un meurtre. Dans les deux cas d' ailleurs, de graves dérives seraient possibles.
Source : Fédération Protestante de France