ALLIANCE ÉVANGÉLIQUE FRANCOPHONE DE BELGIQUE
MEMBRE DE L'ALLIANCE ÉVANGÉLIQUE EUROPEENNE
Déclaration à propos d'un projet de loi
autorisant l'euthanasie des enfants et des déments (extraits)
L'Alliance Évangélique Francophone de Belgique a jugé opportun d'exprimer l'opinion de la plupart des croyants répartis dans quelque deux cents cinquante communautés protestantes évangéliques de Wallonie et de Bruxelles.
Le point de vue exprimé ici représente un consensus minimaliste sur le délicat problème de l'euthanasie en générale, et de celle des enfants et des déments en particulier. (...)
Comme la plupart des croyants monothéistes, les Protestants évangéliques partagent la conviction que la vie humaine est un don de Dieu et qu'il Lui appartient seul de la reprendre.
En d'autres termes, l'homme ne dispose pas plus de sa propre vie que de celle d'autrui.
Nous réprouvons donc toute disposition qui encouragerait l'être humain à mettre fin à sa propre vie ou à celle d'autrui... Et ce, quelles qu'en soient les motivations, puisque notre opinion en matière de non-violence c'est qu'il n'existe pas de bonne raison de tuer. (...)
Nous partageons d'ailleurs le souci de l'ensemble de la population belge en ce qui concerne l'importance de pouvoir mourir dans la dignité. À ce propos, nous estimons que la plupart des détresses morales et physiques pourraient trouver une solution satisfaisante dans le développement systématique et généralisé des soins palliatifs, aussi bien à domicile qu'en milieu hospitalier. (...)
De façon générale – et quelque peu schématique – on pourrait définir les positions adoptées par la majorité des Protestants évangéliques francophones de la façon suivante :
1° Oui à l'euthanasie "passive" lorsqu'elle est assimilée à un refus de l'acharnement thérapeutique. Cela implique le droit de débrancher les appareils de survie artificielle quand n'existe plus l'espoir raisonnable d'un retour à la vie.
2° La souffrance ne présentant aucune valeur "rédemptrice" : oui à un apaisement optimal de la souffrance, même si certains traitements de dernier recours risquent d'écourter la vie du patient ; étant admis qu'il n'existe pas ou peu de médicaments sans effets secondaires néfastes.
3° Oui aux soins palliatifs et autres formes d'accompagnement en fin de vie : encore trop peu développés chez nous, au regard d'autres pays. Ils demeurent la réponse à privilégier au souci légitime de mourir – ou de voir mourir ses proches – dans la dignité.
4° Non à l'euthanasie "active" comprise comme une injection létale – ou toute autre technique – destinée à mettre délibérément fin à la vie d'un être humain; et ce, aussi bien à sa demande qu'à l'initiative de ses proches... Ceci implique donc un "non" au suicide assisté.
L'instinct de vie est solidement chevillé au corps de tout être humain. Aussi, quand elle vient du patient, on sait qu'une demande d'euthanasie répond au désir de ne pas imposer sa souffrance ou sa déchéance à ses proches, bien plus souvent – mais sans l'exclure pour autant – qu'à un souci de d'apaisement personnel.
Lorsqu'elle émane d'un enfant, une telle demande est d'autant plus suspecte que l'on sait les enfants extrêmement perméables à l'angoisse parentale.
Dans ces conditions, une loi autorisant l'euthanasie des enfants nous paraîtrait d'autant plus inique qu'elle encouragerait le besoin de "bonne conscience" de ses proches, plutôt qu'elle ne contribuerait à sauvegarder la dignité du jeune malade. (...)
Car si l'on veut y voir la liberté pour l'enfant, pour le dément ou pour leurs proches, de choisir la manière et l'heure de sa mort, il faut aussi avoir l'honnêteté de considérer l'euthanasie comme ce qu'elle est de facto : une mise à mort sur ordonnance...
Et l'on comprend que nombre de médecins, croyants ou non, aient quelque problème à y consentir après avoir prononcé le serment d'Hippocrate ! (...)
Pour l'Alliance Evangélique Francophone de Belgique,
Roger Lefèbvre, pasteur
Président de l'AEFB
Source : Euthanasie STOP