ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE
22 avril 2014
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Réponse à la saisine du Conseil d’Etat
(extraits)
(...) La position de l’ANM, maintes fois réitérée, est très précise :
L’arrêt de vie, en réponse à une demande volontaire à mourir alors que la vie en elle-même n’est ni irrémédiablement parvenue à son terme ni immédiatement menacée ne peut être assimilée à un acte médical.
Sans équivoque, quand bien même il s’agirait « seulement » d’une aide au suicide, il n’est pas dans la mission du médecin de provoquer délibérément la mort. (...)
Elle confirme et fait sienne la réflexion d’E. Hirsch (2) :
« L’approche des modalités d’accueil et de suivi des personnes cérébro-lésées n’y est à aucun moment conditionnée par une réflexion portant sur la fin de leur vie, même s’il convient d’anticiper de manière concertée les phases d’évolution. Des professionnels compétents ont su développer une expertise indispensable dans un contexte douloureux, complexe et incertain qui sollicite une qualité d’attention et de retenue tant à l’égard de la personne en état de conscience minimal que de ses proches. L’existence de ces personnes se poursuit sans le recours aux moyens qui « apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie » que réprouve la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie ».
(...)
- L’Académie nationale de médecine (A.N.M.) considère que la difficulté d’appréhender la conscience subjective d’une personne victime de lésions cérébrales ne permet pas de faire la distinction entre État végétatif chronique (E.V.C.) et État de conscience minimal (E.C.M.) communément appelés État pauci relationnel.
- Rappelle qu’aucun médecin ne peut accepter que le droit de la personne, qu’il a
mission de soigner, à l’alimentation, aux autres soins (kinésithérapie, prévention des escarres, hygiène) et mesures appropriées à la qualité de vie, soit subordonné à sa capacité relationnelle.
- Ne pourrait souscrire à une distinction entre état végétatif chronique et état de conscience minimal. Cette interprétation globale conduirait à considérer que parmi les personnes ayant survécu aux conséquences majeures de leur accident, celles qui n’ont pas retrouvé une capacité relationnelle, si minime soit-elle, ne sont pas en vie, ni même en survie, mais « maintenues artificiellement en vie ».
Il ne saurait y avoir là pour les médecins quelque justification que ce soit à prendre l’initiative de transgresser l’interdit fondamental de donner délibérément la mort à autrui, qui est à la base de la relation de confiance entre la personne malade et le médecin.
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Source : academie-medecine.fr