par Pierre Bienvault, La Croix, 20/12/2013, extraits
Dans un avis, rendu public le jeudi 19 décembre, l’Ordre des infirmiers estime qu’il y a une « incompatibilité complète » de l’euthanasie et du suicide assisté « avec le rôle de l’infirmier et ses règles professionnelles ».
L’Ordre des infirmiers a décidé de prendre la parole sur le dossier de la fin de vie. Avec une position claire et tranchée. « Et une volonté de ne pas être instrumentalisés par qui que ce soit », prévient son président, Didier Borniche. Dans un avis, publié jeudi 19 décembre, l’Ordre affiche son refus de toute légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. « Dans l’état actuel des textes régissant la déontologie de l’infirmière, il y a incompatibilité complète de l’assistance à mourir, du suicide assisté, a fortiori de l’euthanasie, avec le rôle de l’infirmier et ses règles professionnelles », affirme l’instance ordinale.
Une meilleure prise en charge de la douleur
Selon elle, la première réponse, « indispensable », est l’amélioration de la prise en charge de la douleur. « Avant de demander l’interruption des soins ou l’interruption de la vie, la personne souhaite avant tout ne pas souffrir, ce qui est un droit consacré par la loi (…) Bien souvent, une bonne prise en charge de la douleur éloigne le désir d’interrompre les soins et de ne plus vivre », indique l’Ordre, en déplorant que, trop souvent, cette prise en charge de la douleur reste encore inégale et insuffisante. (...)
Généraliser les infirmières de nuit dans les maisons de retraite
Autre problème concret : celui de la présence, largement insuffisante, du personnel infirmier, la nuit, dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Une enquête de l’Observatoire de la fin de vie, publiée en septembre, constatait que seulement 14 % d’entre eux ont une présence infirmière la nuit. Le rôle de cette profession est pourtant crucial dans les Ehpad où 90 000 résidents décèdent chaque année. Elle peut en effet, face à une situation de fin de vie, délivrer un protocole de soins sur place et éviter des transferts mal préparés et souvent délétères vers les urgences hospitalières. Face à ce constat, l’Ordre réclame une « politique volontariste » pour généraliser l’infirmière de nuit dans les Ehpad, mais aussi dans les établissements pour personnes handicapées. (...)
Le refus de tout « glissement » en matière d’euthanasie
Enfin, au terme de son avis, l’Ordre refuse toute légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. En juillet, dans son avis sur la fin de vis, le Comité national d’éthique avait évoqué la banalisation de l’euthanasie en Belgique en soulignant qu’il n’était pas rare qu’elle soit pratiquée par des infirmières alors qu’en théorie, elles n’en ont pas le droit. Pour les infirmiers, il n’est pas envisageable d’accepter un tel glissement en France. « Or, il est très prévisible qu’il advienne en cas de légalisation de l’euthanasie comme le montrent ces exemples étrangers. Faire porter tout le poids de l’euthanasie sur l’infirmière n’est absolument pas acceptable. La loi doit être extrêmement claire sur ce point », avertit l’Ordre.
Source : la-croix.com