CONFÉRENCE DE PRESSE DU SAINT-PÈRE
AU COURS DU VOL DE RETOUR DE TURQUIE
Dimanche 30 novembre 2014
(extrait)
Je crois qu’avec l’orthodoxie nous sommes en chemin. Ils ont les sacrements, ils ont la succession apostolique… nous sommes en chemin. Que devons-nous attendre ? Que les théologiens se mettent d’accord ? Ce jour n’arrivera jamais, je vous l’assure, je suis sceptique. Ils travaillent bien, les théologiens, mais je me rappelle de ce qu’on disait à propos de ce qu’avait dit Athenagoras à Paul VI : « Nous, avançons seuls ; et mettons tous les théologiens sur une île, qu’ils réfléchissent ! ». Je croyais que ce n’était pas vrai, mais Bartholomée m’a dit : « Non, c’est vrai, il a parlé ainsi ». On ne peut pas attendre : l’unité est un chemin, un chemin que l’on doit faire, que l’on doit faire ensemble. Et c’est cela l’œcuménisme spirituel : prier ensemble, travailler ensemble, il y a beaucoup d’œuvres de charité, beaucoup de travail… Enseigner ensemble… Aller de l’avant ensemble. C’est l’œcuménisme spirituel. Puis, il y a l’œcuménisme du sang, quand on tue les chrétiens ; nous avons tant de martyrs… à commencer par ceux de l’Ouganda, canonisés il y a 50 ans : ils étaient pour moitié anglicans, et pour moitié catholiques ; mais ceux-là [qui les ont tués] n’ont pas dit : « Tu es catholique… Tu es anglican… ». Non : « Tu es chrétien », et le sang se mélange. C’est l’œcuménisme du sang. Nos martyrs crient : « Nous sommes un ! Déjà nous avons une unité, dans l’esprit et aussi dans le sang ». Je ne sais pas si j’ai raconté ici l’anecdote d’Hambourg, du curé d’Hambourg… Je l’ai racontée ? Quand j’étais en Allemagne, j’ai dû aller à Hambourg pour faire un baptême. Et le curé s’occupait de la cause de canonisation d’un prêtre qui avait été guillotiné par les nazis parce qu’il enseignait le catéchisme aux enfants. Et à un certain point, dans son étude, il a découvert que derrière lui, dans la file, il y avait un pasteur luthérien, condamné à la guillotine pour le même motif. Le sang des deux s’était mélangé. Et ce curé est allé voir l’évêque et a dit : « Je ne poursuis pas cette cause seulement pour le prêtre : ou pour les deux ou pour personne ! ». C’est l’œcuménisme de sang, qui nous aide beaucoup, qui nous dit beaucoup. Et je crois que nous devons aller courageusement sur ce chemin. Oui, partager les chaires universitaires, il le faut, mais de l’avant, de l’avant…
Je dirai une chose que peut-être l’un ou l’autre ne pourra pas comprendre, mais… Les Églises catholiques orientales ont le droit d’exister, c’est vrai. Mais l’uniatisme est un mot d’une autre époque. Aujourd’hui on ne peut pas parler ainsi. On doit trouver une autre route.
Source : vatican.va