« Que cessent les conflits armés qui ensanglantent la terre, que se taisent les armes! Entendons le cri de ceux qui pleurent, souffrent et meurent à cause de la violence, du terrorisme ou de la guerre, en Terre Sainte, tant aimée de Saint François, en Syrie, dans l'ensemble du Moyen-Orient, dans le monde », a supplié le pape François au cours de la messe célébrée en plein air sur la Place de la Basilique Saint-François à Assise.
« Que Saint François nous enseigne à être des instruments de paix, de la paix qui a sa source en Dieu, la paix que nous a amenée le Seigneur Jésus », a-t-il insisté devant les quelques 60 000 à 100 000 fidèles.
Comme saint François huit siècles auparavant, - à une période où les privilèges et les scandales étaient également nombreux dans l'Église – ce pape semble avoir entendu lui aussi la voix de Dieu lui dire: « Va et répare mon église ».
En expliquant le choix de son saint patron, Jorge Mario Bergoglio livre ce qui l'inspire :
« La rencontre avec Jésus le conduisit à se dépouiller d'une vie aisée et insouciante, pour épouser « Dame Pauvreté » et vivre en vrai fils du Père qui est aux cieux. Pour saint François, ce choix indiquait une manière radicale d'imiter le Christ, de se revêtir de Celui qui, de riche qu'il était, s'est fait pauvre afin de nous enrichir par sa pauvreté (cf. 2Co 8, 9). Durant toute la vie de François aimer les pauvres et imiter le Christ allait de pair, étaient deux éléments inséparables, les deux faces d'une même médaille. »
« Comme je voudrais une Église pauvre pour les pauvres ! », avait lancé le nouveau pape aussitôt après son élection. En l'espace d'une journée, à Assise, il a réaffirmé toutes ses priorités. A ses côtés : les huit membres du « Conseil des cardinaux » avec lesquels il s'est réuni pendant trois jours pour discuter du gouvernement de l'Eglise et des réformes à venir.
Dès son arrivée, le pape a plaidé pour une Église solidaire avec les handicapés et les personnes marginalisées, et avec « tous ceux qui fuient l'esclavage, la faim pour trouver la liberté, et trouvent la mort », en allusion à la journée de deuil décrétée en Italie, au lendemain du naufrage à Lampedusa, qui a vraisemblablement coûté la vie à quelque 350 migrants.
Le chemin de François vers le Christ, explique-t-il, « part du regard de Jésus sur la croix », Jésus qui « n'a pas les yeux fermés, mais ouverts, grand ouverts » qui « parlent au cœur ... d'une mort qui est vie, qui engendre la vie, parce qu'elle nous parle d'amour, parce que c'est l'Amour de Dieu incarné, et que l'Amour ne meurt pas, au contraire, il triomphe du mal et de la mort.».
Dans cette pièce où le Poverello, en 1206, se délesta de ses vêtements devant son père pour montrer qu'il renonçait aux biens terrestres, le pape priera une fois encore le Seigneur de donner à tous les hommes le courage de « se dépouiller », notamment de « la mondanité spirituelle » qui n'est qu' « idolâtrie » :
« Le danger de la mondanité est un très grand péril (...) Nous devons tous nous dépouiller de cet esprit du monde qui est contraire aux Béatitudes et à l'Esprit de Jésus. Cet esprit mondain nous rend malades (...) c'est un « tue-l'âme » pour les hommes et l'Eglise (...) la lèpre, le cancer de la société, l'ennemi de Jésus ».
Et à ceux, comme certains médias, qui disent que le pape dépouillera l'Eglise, il répond en improvisant :
« Mais de quoi le Pape pourrait-il donc dépouiller l'Eglise? des vêtements du Pape, des Cardinaux et des Evêques ! Mais l'Eglise, c'est nous tous, les baptisés, qui devons suivre le chemin de Jésus, un chemin de dépouillement jusqu'à l'humiliation de la croix. Pour être vraiment des chrétiens, il n'existe pas d'autre voie. Serait-il possible d'avoir un christianisme plus humain, se demandent certains, c'est à dire sans croix, sans Jésus et sans dépouillement ? Ce serait alors un christianisme de vitrine, doucereux, où les chrétiens seraient comme de jolis gâteaux en devanture. Un christianisme peut-être superbe mais pas chrétien. Alors de quoi donc l'Eglise devrait-elle se dépouiller ? Je réponds qu'elle doit se dépouiller maintenant d'un gravissime péché, qui menace chacun de ses membres. Ce danger c'est la mondanité, l'esprit du monde ».
Et le pape d'insister: « Lorsque les media parlent d'elle, ils croient que l'Eglise ne sont que le clergé et les religieux, les évêques, les cardinaux et le Pape. Or, comme je viens de le dire, l'Eglise c'est nous tous. Nous devons donc tous nous dépouiller de l'esprit du monde »
Un peu auparavant, lors de la première étape de son « pèlerinage » à Assise, le pape François avait rendu visite à plusieurs dizaines d'enfants handicapés et malades de l'Institut Séraphique. Il y avait lancé un appel à « soigner » les « plaies de Jésus », ces plaies qui ont besoin « d'être écoutées, d'être reconnues », a-t-il déclaré : « Jésus est caché dans ces jeunes, dans ces enfants, dans ces personnes. Sur l'autel nous adorons la Chair de Jésus, en eux nous trouvons les plaies de Jésus... le chrétien qui adore Jésus, qui le cherche, saura reconnaître ses plaies », a-t-il souligné avec force.
Source : Zenit