Message de Noël
par Monseigneur Jacques Suaudeau, FIAMC, 25/12/2018
Aujourd’hui, dans La Cité de David, un sauveur vous est né, qui est le Christ Seigneur
Aujourd’hui : c’est aujourd’hui que vient à nous le Seigneur, le Sauveur, dans l’évocation liturgique de la Nativité, dans la représentation matérielle de nos crèches, dans l’esprit de Noël qui vient habiter nos cœurs et changer l’atmosphère autours de nous.
Cet évènement s’est passé il y a 2018 ans (ou 2020 ans si l’on rectifie les dates), et pourtant c’est toujours « aujourd’hui ».
Parce que le Christ est toujours la nouveauté absolue, Celui qui intervient dans nos petites affaires pour nous dire qu’il y a une vérité, et une seule, par delà toutes nos préoccupations humaines, par delà toutes nos questions d’argent, de position, de pouvoir, de profit, et que cette vérité transcende tous les temps et toutes les places. Elle nous invite à entrer dans son « Royaume », à voir les choses différemment, en profondeur, à ouvrir notre cœur à son message lumineux et toujours actuel.
Noël est second après Pâques dans l’importance des fêtes chrétiennes, mais il n’y aurait pas eu de Pâques s’il n’y avait pas eu Noël. Et il n’y aurait pas eu Noël s’il n’y avait pas eu d’abord Marie, disant « oui » en notre nom à tous, au plan du Seigneur, Marie illuminée de l’Esprit Saint.
Nous irons contempler la crèche, dans la nuit de Noël, comme chaque année. La crèche est tout un enseignement, que peuvent percevoir petits et grands, enfants comme personnes âgées, avec différentes perspectives, certes, mais avec un même profit, si le cœur y est, par delà les yeux. Il est significatif que, dans la présentation commerciale, omniprésente de Noël, cette crèche tend aujourd’hui à se réduire, sinon à disparaître totalement. Il reste les platitudes, les guirlandes, les boules, la fausse neige, quelques ours polaires, et éventuellement un vendeur déguisé en Père Noël. Le Mystère, la joie : évacués ! Place à l’électronique et au sapin synthétique ! Cet appauvrissement volontaire est typique de l’époque où nous vivons, une époque qui nie le mystère, nie le transcendant, et se captive pour l’intelligence artificielle ou l’homme augmenté. Une époque appauvrie et du coup en proie à un grand vide « existentiel », une perte de sens. Une époque mortifère où le Comité des Droits de l’homme de l’ONU n’a rien su faire de plus brillant que de faire rentrer, dans un chef d’œuvre de fausseté mentale, l’avortement et l’euthanasie comme des « droits » , au cœur même du « droit à la vie ». Face à la crèche que l’on élimine, c’est toute la brillante réponse que notre « culture » est capable d’apporter. Une culture en déclin, malgré les paillettes, une culture qui perd l’espérance.
C’est pourquoi la crèche est importante. Dans sa simplicité, dans son dénuement, dans son ouverture sur l’avenir, elle est signe et réalisation de l’espérance, la vraie espérance, l’espérance chrétienne fondée en Jésus Christ. La crèche nous dit le « oui » de Marie. Marie qui, bouleversée par le message de l’ange, se dépasse totalement, et, sans crainte, ose dire pour nous « Que tout m’advienne selon ta parole ». Marie a pu dire cela en notre nom parce que son âme était jeune, simple et pure, capable du don total de soi, de se remettre totalement à la volonté du Seigneur. Or « rien n’est impossible à Dieu ». Et Dieu a fait des merveilles par Marie, parce qu’elle avait totalement confiance en Lui.
La crèche nous invite à cette totale confiance, à reprendre devant Dieu et son immense mystère une attitude d’enfant, aux yeux brillant de joie et d’espérance, pas encore corrompu par les paillettes du monde, par les fausses promesses du tout digital, par l’idéologie d’un surhomme physique sans dimension spirituelle, incapable d’aimer.
Pour le médecin chrétien, la crèche offre une dimension supplémentaire : elle est le lieu où toutes les personnes vulnérables, dans leur esprit, dans leurs moyens, dans leur corps peuvent se retrouver. Elle est le lieu où la solidarité apprend à se développer, entre ceux qui observent et ceux qui viennent prendre place dans la crèche, comme acteurs : les pauvres, les exclus, les souffrants. « Ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez », a dit Notre Seigneur. Sachons placer nos malades, les personnes que nous visitons, examinons, soignons, sur la mangeoire, à la place de l’Enfant Jésus. Il y avait à Bethlehem, dans la grotte-étable, selon la tradition, le bœuf et l’âne pour réchauffer l’enfant de leur présence. Faisons nous un peu « bœuf et âne » pour nos patients, en ce temps de Noël, et en particulier pour les plus âgés, les plus frêles, parfois les plus abandonnés. Le temps manque, les consultations doivent se faire et la salle d’attente doit désemplir : nous « n’avons pas le temps ». Mais cela ne nous empêche pas de donner un sourire, une phrase d’encouragement, un signe d’empathie. Ils et elles en ont tant besoin !
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime »
Mgr Jacques Suaudeau
Assistant Ecclésiastique FIAMC