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La révolte de Sandrine Bonnaire

par Jean-Luc BERTET, Le Journal du Dimanche, 29/01/2008

Pour son premier passage derrière la caméra, Sandrine Bonnaire a décidé de se consacrer à un portrait de sa soeur autiste, Sabine. Il en ressort un document poignant et sensible. Au-delà de la souffrance, montrée parfois très crûment, l'actrice exprime sa colère face au manque criant d'infrastructures adaptées et entend se faire la porte-parole de ce combat.

Gros plan sur un visage absorbé dans la vision d'une vidéo familiale. "J'avais les cheveux longs dans ce temps-là", commente-t-elle. Quelques images encore, puis elle éclate en sanglots. Une voix lui demande si elle veut que l'on arrête. "Non, ça me fait pleurer de joie." Cette scène du documentaire de Sandrine Bonnaire consacré à sa soeur, Elle s'appelle Sabine, en est un émouvant raccourci. Il montre, sur des vidéos de famille, Sabine, fine jeune fille, ravissante et enjouée. Seul son regard parfois décroche, trahit une différence diagnostiquée troubles autistiques. Sabine néanmoins se passionne pour l'anglais, prend le métro seule. C'était avant un internement en hôpital psychiatrique. Car la disparition d'un frère aîné va bouleverser le comportement de Sabine. Elle devient violente avec elle-même et avec les autres. Après, Sabine grossie, méconnaissable, bave bouche ouverte. Le va-et-vient entre ces deux réalités dresse un terrible constat. L'actrice n'a pas réalisé ce film uniquement pour parler de sa soeur, "mais pour défendre une cause".

"Ma démarche est purement politique, explique-t-elle. Je trouve ça scandaleux que des destins, celui de Sabine et d'autres, soient les victimes d'un système qui ne fonctionne pas. Dans les hôpitaux, on tue des gens par manque de moyens. L'hôpital a brisé Sabine, poursuit Sandrine Bonnaire. Elle a été assommée de médicaments." Après cinq ans d'internement, la jeune fille ressort transformée, alourdie de trente kilos, presque totalement éteinte et dépendante. "Sabine a passé tout ce temps dans un hôpital parce qu'il n'y avait pas d'endroit pour les gens comme elle."

Porte-drapeau du handicap

Aussi, depuis 2001, Sandrine Bonnaire a mis sa notoriété au service d'associations qui se battent pour créer des structures d'accueil. C'est dans l'une d'entre elles, en Charente, que vit désormais Sabine. L'actrice, devenue porte-drapeau du handicap, a rencontré en septembre dernier Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand. Elle dit avoir plaidé pour les petites structures. "L'hôpital, même amélioré, ne deviendra jamais une maison. Les petites unités favorisent le lien entre le personnel soignant et les pensionnaires. C'est de ce lien et de cette bienveillance dont ils ont le plus besoin. La demande de tels endroits est énorme. Enfin cela coûte moins cher à l'Etat, même si c'est plus difficile à mettre en place car ça fait intervenir, les régions, les départements?"

Changer le regard sur les personnes différentes, l'actrice et son compagnon, le scénariste Guillaume Laurant (Amélie Poulain), se sont attelés à cette tâche. Ils travaillent à une fiction sur ce thème qui se tournera fin 2008. Les circonstances de l'histoire sont réelles. Un TGV bloqué par le froid de l'hiver s'arrête en rase campagne. A proximité, une maison pour personnes différentes se propose d'accueillir quelques-uns de ces voyageurs et de partager leur réveillon. Sandrine Kiberlain interprète une naufragée du rail qui retrouve par hasard sa soeur autiste, incarnée par Sandrine Bonnaire. D'abord dans le déni et la honte, elle finira par l'accepter.

Elle s'appelle Sabine
Documentaire de Sandrine Bonnaire. 1h25.

Jean-Luc BERTET

Source : lejdd.fr