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Euthanasie: un témoignage

par Isabelle Resplendino, 16.08.2011, extraits

Aujourd'hui, nous parlons de ce médecin que d'aucuns décrivent comme un héros et d'autres un criminel parce qu'il a mis fin à la vie de patients. À ce stade de l'enquête, nous ne savons pas si les patients en question étaient consentants ou pas, aussi, je me garderais bien d'émettre un jugement dans un sens ou un autre. Je vais plutôt vous raconter cette histoire personnelle que j'ai connu dans le pays où je vis, la Belgique, pays où l'euthanasie active est permise depuis quelques années, bientôt dix.

Ici, vous avez un lien qui vous explique les dispositions légales qui régissent cette disposition.

Tout ça, c'est du papier, des écrits...

Ma belle-mère était gravement malade. Cancer des intestins en phase terminale. Douleurs rebelles aux drogues, elle ne pouvait plus rien avaler depuis longtemps et mourait de sensation de faim, bien qu'elle fût sous perfusion.

Elle avait pris ses dispositions légales pour l'euthanasie. Le jour et l'heure avait été fixés, cela devait se dérouler à l'hôpital où elle était rentrée depuis quelques semaines pour ne plus jamais en sortir. Nous sommes venus ce jour-là pour notre dernière visite, son fils mon époux, sa fille et son gendre, et moi-même.

Les infirmières, les médecins... tout cela s'est passé dans les larmes, bien sûr.

Alors que j'avais toujours été pour l'euthanasie AVANT DE CONNAÎTRE, j'ai changé d'avis ce jour-là. (...)

Nul doute qu'elle n'aurait pas eu ce projet si les douleurs avaient été supportables. Je crois que la grande question réside en fait dans la solution de rendre la fin de vie supportable ou pas. Certains d'entre nous ont vécu des drames terribles, qui les ont fait tellement souffrir psychologiquement, et/ou sentimentalement et/ou physiquement qu'ils ont déjà été tentés d'en finir, qu'ils ont même essayé. Et puis le temps passe, et parfois l'on sort de l'ornière et on se dit que si on était mort on ne connaîtrait pas notre bonheur actuel, et qu'on aurait fait du mal pour rien à ceux qui nous aiment.

Car la mort, voyez-vous, est irrémédiable, et si l'on doit tous mourir un jour, à partir du moment où l'on est conçu, quand ce n'est pas l'heure, ce n'est pas l'heure. Je comprends que des douleurs insupportables, morales et/ou physiques nous fassent l'avancer. Quand l'issue fatale est de toute façon à très brève échéance, on n'ampute pas grand-chose ; mais l'euthanasie active peut être pour d'autres cas, comme dans la loi belge où le seul fait d'être atteint d'une maladie incurable, sans même être mortelle, est suffisant. Sachons bien ce que l'on fait avant de légiférer.

Oui, sachons bien ce que l'on fait. Car, voyez-vous, en Belgique, les factures d'hôpitaux sont très détaillées. Chaque acte y est consigné. Cela devrait se faire aussi en France, cette proposition revient régulièrement sur le tapis. Alors, le jour où vous aurez assisté, dans les deux sens du terme, à la mort de votre parent, de votre conjoint, de votre enfant, et que, quelques mois plus tard, vous recevez la facture détaillée de l'hôpital :

- Honoraires de l'infirmière X de telle heure à telle heure : tant

- Honoraires de l'infirmière Y de telle heure à telle heure : tant

- Honoraires du médecin X de telle heure à telle heure : tant

- Honoraire du médecin Y de telle heure à telle heure : tant

- Bassines : tant

- Alèses : tant

- 4 seringues : tant

- 4 aiguilles : tant

- Penthotal : tant

- Etc.

Même pas un « kit euthanasie » comme chez le véto. Non, tout est détaillé.

Oui, quelques mois plus tard, quand justement vous commenciez à respirer à nouveau sans être pris chaque minute dans le carcan de ce fardeau d'avoir assisté et été complice de la mort de votre être cher, là c'est à cette période-là que vous recevez cette putain de facture détaillée qui est comme une immense gifle dans votre gueule. Et que vous replongez encore dans cette culpabilité avec laquelle vous serez somme toute obligé de vivre tout le long de votre restant de vie.

D'Isabelle, en réponse à un commentaire :

(...) Jamais ma belle-mère n'aurait voulu abréger sa vie si celle-ci avait été supportable, et c'est bien là le noeud de l'affaire.

Il faut surtout savoir que les euthanasies dites "sauvages" ont augmenté en fortes proportions dans les pays où elle est devenue légale. Le protocole ne pouvant pas toujours être respecté, le fait que l'euthanasie soit légale annihile la culpabilité morale du soignant et/ou du proche qui va passer à l'acte sans respecter le protocole : et c'est la porte ouverte à tous les abus. Pourtant le protocole est prévu pour les éviter.

Ce paradoxe est à prendre en compte. L'euthanasie est depuis longtemps pratiquée sur les animaux. Des gens qui partent en vacances abandonnent leur chien, leur chat, leur grand-mère, leurs vieux parents, leurs enfants, leur conjoint. Oui, j'ai vu des parents d'enfant autiste "oublier" leur gamin à l'hôpital après une opération d'appendicite. C'est évidemment aussi dû à la part de non-prise en charge par l'état, et ceci est un combat.

Tous les vétérinaires vous le diront : combien d'animaux âgés ont-ils dû euthanasier avant un départ en vacances à la demande du propriétaire, alors que cet animal ne souffrait pas, et aurait pu encore eu avoir de beaux jours ? Vous me trouvez immorale de comparer ces situations ? Certains ne s'encombrent pas tant de scrupules : ils ne sont pas comme vous tous qui commentez ici.

A ce stade de l'enquête sur le médecin, il apparaît que les personnes euthanasiées n'avaient pas demandé que l'on mette fin à leur vie. Les familles n'ont pas porté plainte. Et les morts ? Que voulaient-ils ?

Si on légifère et qu'on rend possible l'euthanasie, nous aurons des morts de trop, par cette "libération morale". Cependant, j'entends bien les réflexions des personnes qui souffrent trop, et de leur entourage aimant. Nous avons le non-acharnement thérapeutique. Il faut encore évoluer pour la recherche sur la douleur, et le confort. Mais si nous mettons la charrue avant les boeufs, nous aurons des abus. Et l'on ne pourra plus revenir en arrière car cette loi qui sera votée ne pourra plus être l'objet d'un retour. Ce sont des sujets de société où l'on ne peut pratiquement plus revenir dessus si l'on a légiféré.

Et la recherche sur la douleur descendra dans l'échelle des priorités, puisqu'on aura, toute prête, la réponse pour la faire cesser. Et donc, on euthanasiera encore plus : ce sera un cercle vicieux. Sans parler des autres douleurs qui pourraient bénéficier de cette recherche. Décider d'en finir, c'est une décision personnelle, même si certains n'ont plus la condition physique pour le faire eux-mêmes. Certains soignants prennent aussi le risque de l'overdose en tentant de soulager la douleur, ce qui a une autre justification.

Source : Blog d'Isabelle Resplendino