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Parents à domicile: trois générations sous le même toit

par Sandrine Tournigand, 03/06/2019, extraits

Recueillir ses parents vieillissants chez soi ou venir vivre chez eux... Alors que la durée de vie s'allonge, de plus en plus de familles assument avec bonheur ce choix.

Héberger sa mère de 93 ans? Une évidence pour Solange.

"Dans nos métiers, les parents laissent leur terre aux enfants qui éprouvent une dette morale. L’entraide est une habitude du monde paysan. C'est une tradition de garder les vieux parents. Et la maison de retraite est trop chère !" Si par le passé, ces cohabitations intergénérationnelles étaient plus fréquentes mais souvent forcées, elles sont aujourd’hui désirées.

Dans certaines familles, trois, voire quatre générations se rassemblent. Ainsi, plutôt que de vendre la maison familiale lors de la succession, Kevin a préféré la garder avec sa mère. Dorénavant, il habite avec sa femme et ses enfants au premier étage, sa mère a investi le second et le grand-père octogénaire occupe le rez-de-chaussée.

Difficultés à se loger, perte d’emploi, divorce, maison de retraite trop onéreuse… Les raisons qui poussent les familles à vivre sous le même toit sont nombreuses. Selon le baromètre Ipsos pour la France Mutualiste, la famille reste le lieu où se vivent et se construisent des liens entre générations, à la fois riches et multiples. La majorité des Français se disent reconnaissants envers leurs grands-parents pour la transmission de l'histoire familiale, leurs parents pour le soutien quotidien dans les moments difficiles, et leurs enfants pour leur présence affective.

"Ces solidarités sont descendantes, mais aussi très souvent ascendantes. Et c’est tout l’enjeu de ces prochaines années, souligne Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos. En 2030, pour la première fois dans l’histoire démographique, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 20 ans." Les personnes âgées dépendantes seront 2,3 millions en 2060 contre 1,15 million en 2010. A l'automne prochain, le projet de loi sur le grand âge et l’autonomie va proposer des solutions, notamment pour favoriser le maintien à domicile. Si la majorité des Français se disent prêts à financer une aide à domicile ou des travaux pour permettre à leurs aînés de rester chez eux, l'idée de les héberger dans leur propre logement reste avancée par 44% des sondés**, comme le montrent ces familles que nous avons interrogées. « Les Français, la transmission et les solidarités intergénérationnelles », Ipsos pour la France Mutualiste, 2019; « Les Français face aux enjeux du logement », Harris Interactive pour Guy Hoquet, 2018

“Chacun respecte son espace": Rémi, et Christelle, 49 ans chacun, vivent avec les parents de Rémi

“Voilà plus d’un an que nous habitons dans la maison de mes parents, en pleine nature, dans un village de la Drôme. Depuis plusieurs mois, ma mère envisageait de vendre : elle n’était plus très rassurée de vivre aussi isolée avec mon père qui devient fragile. Ma mère a beau être très active, la situation de leur logement nécessite de prendre sans cesse la voiture pour faire les courses, et le parc demande pas mal d’entretien. Je sais que cet endroit est essentiel pour mon père. Il se serait laissé mourir s’il avait dû l’abandonner. On a donc décidé de quitter notre maison en centre-ville pour s’installer ici avec ma femme et notre fille de 14 ans. Si ma femme craignait cette proximité, aujourd’hui, elle se réjouit de notre nouvelle vie. Chacun respecte son espace : nous vivons dans deux ailes de la maison. Cela me permet d’aider mes parents au quotidien. Je fais leurs courses et les aide pour les travaux. Je pense que notre présence les rassure. Ma mère s’autorise à nouveau à sortir, à partir en week-end. C’est aussi plus confortable pour notre fille de 14 ans quand on sort. J’aime l’idée de cette solidarité familiale.”

"Tous les matins, on s’apporte le café au lit": Denis, 52 ans, vit avec sa mère de 80 ans

“La cohabitation avec ma mère s’est faite un peu par hasard. Au départ, on avait juste envie de trouver un pied-à-terre où mon frère, ma mère et moi, qui vivions dans des régions différentes, pourrions nous retrouver pour les vacances. C’est sur cette petite maison en ruines, dans un village de Bretagne, qu’on a jeté notre dévolu lors d’un week-end en famille. Pendant des mois, je venais régulièrement de Dordogne pour la restaurer. Mais il y a neuf ans, j’ai quitté mon job de cadre pour me lancer dans une aventure associative et j’ai décidé de m’y installer. Ma mère et moi, on s’entend super bien. Je voyage beaucoup, mais quand je suis là, on partage nos repas et on a pas mal d’activités communes. Le matin, la tradition veut que le premier réveillé apporte le café au lit ! Le fait que je sois un célibataire endurci facilite les choses. Évidemment, si je rencontrais quelqu’un, j’envisagerais sûrement de partir. En attendant, je suis heureux. Ce refuge familial est un bonheur pour nous deux et mon frère qui vient régulièrement.”

“Un juste retour des choses”: Serge Guérin, sociologue, membre au Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge

« La difficulté à trouver ou à financer une place en EHPAD conduit certaines familles à devoir accueillir leurs parents à la maison. Dans ce cas, la nécessité fait loi et la cohabitation est subie. Mais ce n’est pas le lot de tous. Vouloir vivre sous le même toit est pour certain un choix délibéré et heureux. Leurs parents les ont soutenus, aidés, parfois financés jusqu’ils deviennent jeunes adultes donc c’est pour eux normal de s’en occuper à leur tour. Ils ne se considèrent pas comme des héros et n’ont pas le sentiment de faire un quelconque sacrifice. C’est finalement un juste retour des choses et une organisation simple à mettre en place lorsque l’on dispose d’un logement spacieux. Les défaillances des solidarités publiques conduisent notre société à se tourner vers des solutions d’entraide collectives au sein de la sphère privée. D’autant que les liens familiaux sont encore très solides de nos jours. L’individualisme n’a pas encore tout submergé. Avec l’accroissement des divorces, la monoparentalité, la montée du chômage, il y a beaucoup d’entraide au sein des familles. »

Sandrine Tournigand

Source : femmeactuelle.fr