Un vieil homme étonnant
par Marie de Hennezel
J’étais assise sur un tronc d’arbre, reprenant mon souffle, lorsque j’ai vu déboucher du chemin un homme qui devait avoir 80 ans.
Il marchait très lentement et semblait essoufflé. Il est venu s’asseoir à côté de moi. J’ai appris qu’il faisait cette excursion tous les étés depuis l’âge de 30 ans. Cinquante ans qu’il montait ici !
« Mais je vis les choses très différemment maintenant, m’a-t-il dit. Lorsque j’étais jeune, mon but était d’arriver en haut le plus vite possible. Je fonçais. Je ne voyais rien. Maintenant je mets cinq, six, voire sept heures à monter. Je marche très lentement, je m’arrête souvent pour reprendre mon souffle. Mais je vois, j’apprécie ce que je ne savais par voir ni apprécier lorsque j’étais plus jeune. »
Il me décrit alors la manière dont il regarde les bas-côtés du chemin, nomme les fleurs, les bruits qu’il capte, celui des cascades, celui des cloches accrochées au cou des vaches. Il me décrit une expérience qui n’a plus rien de sportif, mais qui est au contraire contemplative. Sa façon de marcher est devenue contemplative ! Elle s’accompagne d’élans de gratitude.
« Regardez comme elle est belle, cette vallée ! Quand je vois cette beauté, je sens monter en moi des mercis. Merci à la vie. »
Source : l1visible.com