par Jean Daniel Reuss, 06/07/2015
Voici mes directives anticipées qui deviendront donc appropriées quand je serai incapable de communiquer d'une manière ou d'une autre.
1) *** Ma conception de la dignité consiste à lutter jusqu'au bout dans les conditions de survie les plus extrêmes, les plus artificielles et les plus désespérées. La notion de situation dégradante est située en dehors de mon univers mental.
Résister à la torpeur permanente et pouvoir garder une chance d'atteindre une bref éclair de lucidité sont pour moi plus importants que le soulagement des douleurs ou autres symptômes. Je ne souhaite donc pas de sédation et encore moins de sédation profonde. Sur le plan physique, en cas de douleurs réfractaires, je fais confiance à mes soignants pour chercher à les atténuer par des doses d'antalgiques les plus réduites possible. Ne pas se laisser impressionner par mes plaintes et gémissements pour en conclure que les soins entrent dans la catégorie des souffrances intolérables. Pour ce qui concerne mes souffrances morales et mes souffrances psychologiques : ne pas s'en préoccuper.
2) *** Il va de soi que je n'ai aucune objection contre n'importe quelles formes de traitements ou de techniques artificielles.
3) *** Pour définir l’obstination déraisonnable et l'acharnement thérapeutique chaque médecin place le curseur où il veut. En conséquences ne pas faire confiance à l'avis d'un seul médecin, ou aux avis des personnes susceptibles d'être influencées par lui, quand ils décideront d'arrêter mon traitement de survie. Vérifiez que ma ration journalière d'eau ne soit jamais restreinte.
4) *** J'autorise la diffusion publique sans aucune condition restrictive de toutes les images ou vidéos sur lesquelles je serais visibles.
5) *** Pour la raison que les administrations, associations, juridictions énumérées ci-après, ont clairement exprimé ou manifesté certaines conceptions inquiétantes qui sont opposées aux miennes ; pour ce qui viendrait à me concerner : Je voudrais que personne ne tienne compte des avis, arrêts, ou condamnations du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, du Conseil d'État, de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales du Conseil de l’Europe, de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité...
Il s'agit d'un modèle provisoire de directives anticipées qui a été rédigé dans l'urgence de l'affaire Vincent Lambert. Une version ultérieure, en projet, n'éludera pas complètement l'existence de l'entourage et de ses différents soucis.
Jean Daniel Reuss, Rebais le 6 Juillet 2015.