Dans les civilisations anciennes, le Vieillard était symbole de
Sagesse, et vivre vieux était signe de bénédiction divine... Les
vieillards - appelés Anciens - n’avaient nul besoin de lever la voix
pour être entendus : leurs paroles pleines d'expérience et de
méditation, de sagesse et de contemplation, étaient attendues,
entendues, reçues, méditées. C’est eux qui faisaient office de
Maîtres, de Juges, parce que Sages...
La proximité de la mort, ultime et véritable Initiation qui se prépare
par toute une vie pour le grand réveil dans la Lumière et l’Amour,
cette proximité même les rendait précieux, de jour en jour plus
précieux aux yeux de leurs Communautés.
Or, la grandeur d'une civilisation ne se mesure-t-elle pas,
précisément, au respectueux amour dont elle entoure ses Anciens ?
Car il est facile de choyer un enfant, émouvant... il est facile
d'encourager un jeune, prometteur... il est facile de se ranger aux
cotés des forts... Mais il est grand de soutenir un Vieillard.
Si la jeunesse rappelle déjà à l’homme ce qu'il a été, le Vieillard
lui annonce ce qu'il sera.
Mais sommes-nous assez purs et sages pour oser ce regard, en ouvrant
notre coeur qui, seul, est capable de "voir bien" ?
Comme il est digne des enfants de la Vierge Compatissante d'être aussi
un rayon du Soleil Levant venu nous visiter, et ne pas laisser
"passer" (en tous les sens du terme) les trésors uniques cachés en le
"Jardin fermé" de nos Aînés... En leur cellier, creusé dans le Roc de
l'expérience par le burin de la quête, le vin de la Sagesse
ancestrale, redécouverte, nous attend...
Avons-nous le droit de pleurer nos morts, si nous ne savons pas
écouter, entourer, recevoir nos Vieillards ?
Eux, sont sereins, eux sont intérieurs, eux seuls sont toujours jeunes
en vérité, car le temps qui "passe" les rapproche de l'éternelle
jeunesse, alors que le nôtre nous éloigne de la temporelle jeunesse.