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91 ans tout juste sonnés, Janette Bertrand, comédienne et écrivain québécoise, sort son nouveau best-seller...

 

Leçons pour la vieillesse

Janette Bertrand s’en prend à l’exclusion des vieux et appelle à la mixité des âges

par Danielle Laurin, 26/03/2016, extraits

Témoignage

La vieillesse par une vraie vieille
Janette Bertrand
Libre Expression
Montréal, 2016, 304 pages

La peur de la vieillesse et de tout ce qui vient avec. Peur de mourir, d’être un poids pour sa famille, de manquer d’argent. Peur du changement, de la solitude, du corps qui lâche, de l’Alzheimer… Dans La vieillesse par une vraie vieille, Janette Bertrand met le doigt sur ce qu’on refuse de voir en face jusqu’à ce que la vieillesse nous rattrape.

Une dizaine d’années après son autobiographie Ma vie en trois actes, et trois romans plus tard, cette féministe de la première heure qui a bravé la Grande Noirceur et contribué à faire tomber bien des tabous nous amène à nous questionner sur la place des vieux dans la société et sur le genre de vieillesse qu’on peut, qu’on veut se donner, alors que l’espérance de vie s’est accentuée.

Comme elle le faisait dans son autobiographie, qui alternait entre son parcours personnel et l’avancée des droits des femmes au Québec, Janette tisse sa toile en passant de son propre cheminement et des préoccupations qui sont les siennes à des observations plus générales sur les comportements sociaux envers les vieux.

Ce n’est pas tant aux personnes âgées comme telles qu’elle s’adresse, qu’à celles qui vont le devenir. Une façon pour elle de nous préparer à ce qui nous attend, à la lumière de ce qu’elle constate, qu’elle a elle-même traversé, traverse encore, elle qui vient de célébrer ses 91 printemps.

« Je pense que vieillir, ça s’apprend… », écrit-elle. Et ce qu’elle a appris, elle veut nous le communiquer à tout prix. Dans un langage simple, accessible, direct. Du Janette tout craché, quoi.

On croirait presque l’entendre parler. Et la voir, toutes voiles dehors, brasser la cage des idées reçues, sur la sexualité des vieux, notamment. Elle se mouille, jusqu’au cou, elle se livre.

Elle nous interpelle, nous pose des questions, émet des opinions, parfois tranchées, qui peuvent faire sourciller. À propos de la prostitution, par exemple, qu’elle perçoit comme un frein au féminisme : « Tant qu’il y aura de la prostitution, il n’y aura pas d’égalité. » ...

Essentiellement, ce qu’elle veut faire passer comme message dans son ouvrage, sans tomber dans l’angélisme, c’est que la vieillesse n’est pas un naufrage. Qu’il y a moyen de s’organiser pour vivre une vieillesse heureuse. Malgré tous les irritants, les inconvénients. « Il ne s’agit pas d’idéaliser la vieillesse, mais de l’apprivoiser. »

Elle se sait privilégiée : pas de problème d’argent ; un amoureux attentionné, plus jeune qu’elle ; des enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants aimants…

Mais ça n’empêche pas le déclin physique, les trous de mémoire, les maux de dos constants, les difficultés à se déplacer. Ça n’empêche pas les moments de découragement, de déprime. Et un sentiment de rejet parfois. « La jeunesse est tellement valorisée aujourd’hui qu’un sentiment de honte accompagne la perte des capacités physiques, comme marcher et courir. »

Ce qui fait pencher la balance, selon elle, c’est la manière dont on rebondit. La façon qu’on a de s’accrocher à la vie. « Plus la mort est proche, plus je suis vivante et plus j’ai le goût de profiter de chaque instant qui me reste à vivre. » ...

Contrer l’âgisme

Elle s’en prend à la façon dont on infantilise les vieux. Elle dénonce les choix qu’on leur impose. Que leur imposent leurs enfants, très souvent, pour se rassurer eux-mêmes. Elle s’insurge contre la ghettoïsation dans les résidences pour vieux et prône la mixité des âges : « Je suis certaine qu’on s’épanouit mieux en étant entouré de personnes de tous âges et de toutes conditions », insiste-t-elle.

Elle en fait un combat : « On a beaucoup parlé du Québec inclusif, mais quand parle-t-on de l’inclusion des vieux dans le Québec ? » Ça vaut sur tous les plans. Il s’agit de faire tomber ces « compartiments que la société impose », de contrer l’exclusion qui commence à la retraite. « Il est injuste qu’à partir d’un certain âge nous soyons jugés plus selon notre âge que selon nos compétences. » Bref, elle appelle à un dialogue égalitaire entre les générations.

Elle ne se gêne pas non plus pour semoncer les vieux repliés sur eux-mêmes qui maugréent à coeur de jour contre leur condition. Elle dit que le bonheur, ça se cultive. Et que tous les petits bonheurs sont à savourer.

Simple comme bonjour, à première vue, les conseils prodigués par cette « vraie vieille ». Mais parce que ça vient d’une « vraie vieille », justement, parce qu’elle ne fanfaronne pas, ni ne conceptualise à outrance, parce que Janette, c’est Janette, authentique comme toujours, et bienveillante, et chaleureuse, on se laisse convaincre.

Le moteur de sa vie

Bien sûr, elle, elle a l’écriture. Sa bulle. Sa façon de se sentir utile aussi. « Je veux me rendre utile, pas juste à mon conjoint, à ma famille ou à tous ceux qui me suivent, mais à la société. » ...

Peu lui importe les préjugés : « Il est mal vu dans le milieu littéraire d’avoir un succès de librairie. C’est un trait caractéristique de notre peuple de rabaisser tout ce qui sort du rang. Le complexe de la haie de cèdres : dès qu’une branche sort de la haie, le sécateur ! » ...

Pour le reste : « La vie va se poursuivre et je veux être là avec ceux que j’aime, continuer à faire ce que je fais, satisfaire l’insatiable intérêt que j’ai pour le genre humain, moteur de ma vie. »

Source : ledevoir.com