Affaire Lambert : « la décision de la CEDH ouvre une brèche »
par Antoine Pasquier, 10/06/2015
Le Docteur Cherillon sur KTO, à 17min 50 :
Invité sur le plateau de KTO, le 9 juin, le Dr Emmanuel Chevrillon, médecin spécialiste en rééducation et membre de France Traumatisme crânien, s’inquiète des conséquences de la décision de la CEDH dans l’affaire Vincent Lambert.
Interrogé le 9 juin sur l’antenne de KTO, le Dr Emmanuel Chevrillon, médecin spécialisé en rééducation et membre fondateur de l’association France Traumatisme crânien, regroupant les professionnels de santé en charge des personnes cérébro-lésées, s’est dit « bouleversé » par la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), dans l’affaire Vincent Lambert. Cet arrêt montre, selon lui, un « glissement sémantique des valeurs au nom de la dignité ». « Les personnes qui vivent avec un handicap profond ne seraient plus dignes d’être des êtres humains », s’indigne-t-il. « Ce n’est pas le faible qui est protégé, mais son environnement et sa famille. Certes, elle vit un drame, c’est incontestable. Mais est ce que ça nous donne le droit de supprimer une vie, surtout quand la personne ne peut pas s’exprimer, et qu’elle est bien vivante ? », dénonce le praticien, parlant d’une « brèche » pour les 1 700 autres patients dans le même état que Vincent Lambert.
« Chaque famille qui a en charge un proche en état végétatif ou pauci-relationnel vit un drame quotidien et prolongé. Elle se pose des questions, comme les professionnels qui s’en occupent (…). Cette décision va leur faire se reposer la question de l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation artificielles, alors qu’elle n’était plus d’actualité ».
Cette décision ne sera pas non plus sans conséquences, estime le Dr Chevrillon, sur l’organisation des structures spécialisées chargées d’accueillir ces patients depuis une circulaire du 3 mai 2002. « Il ne va plus y avoir de nouvelles structures », craint-il.
Pour l’association France Traumatisme crânien, l’alimentation et l’hydratation artificielles sont des soins de base. Son conseil d’administration a encore confirmé cette position en juillet 2014, après la décision du Conseil d’État dans l’affaire Vincent Lambert.
Source : famillechretienne.fr