L'affaire Vincent Lambert, une violence pour 1 700 familles
par Cécile Coumau, 25/06/2014
Vincent Lambert est bien malgré lui la personne la plus présente dans les médias aujourd'hui. Mais derrière lui, 1 700 familles de patients en état paucirelationnel ou de conscience altérée tremblent face à la médiatisation de ce cas. « Nous avons l'impression que l'on juge nos familles, nos choix de vie », confie Philippe Petit, administrateur de l'Union nationale des associations de familles de traumatisés crâniens et de cérébro-lésés (UNAFTC), dans les colonnes du Figaro.
Certes, le Conseil d'Etat a confirmé hier dans un arrêt la décision d'arrêt des traitements de Vincent Lambert, mais il a bien précisé que cette décision ne devait pas faire jurisprudence et ne concernait que Vincent Lambert. « L'état médical le plus grave, y compris la perte irréversible de toute conscience, ne peut jamais suffire à justifier un arrêt de traitement », a bien spécifié le Conseil d'Etat. Mais, il n'empêche... Ces familles qui vivent des situations similaires à celle de la famille Lambert craignent qu'on leur impose des décisions d'arrêt de traitement. « Aujourd'hui, le rapporteur du Conseil d'Etat conclut que cela peut se faire contre l'avis d'une partie des proches. Qu'en sera-t-il pour nous demain », s'interroge Philippe Petit. « Le discours ambiant est d'une immense violence. On est en train de nous dire qu'il s'agit d'acharnement thérapeutique, que cela n'a aucun sens, de réduire à néant tous nos efforts et ceux du personnel soignant », témoigne dans le Figaro la mère d'un jeune cérébro-lésé.
Bien sûr, la Cour européenne des droits de l'homme a suspendu l'arrêt du Conseil d'Etat. Vincent Lambert sera donc maintenu en vie pendant encore des mois, voire des années, le temps que la CEDH examine le dossier sur le fond. Mais, pour les 1 700 familles qui accompagnent au quotidien un proche en état végétatif, l'hypermédiatisation d'une fin de vie reste une violence. Pour eux, comme pour les proches de Vincent Lambert, que la justice, le Conseil d'Etat et la Cour européenne des droits de l'homme se mêlent d'une situation aussi intime est un déchirement.
Source : pourquoidocteur.fr