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Pour Vincent Lambert, ouvrez les yeux !

par Legrand Blond, ledoigtdessus, 21/06/2014

Pour l’instant, nous ne savons rien de plus que la demande de mise à mort requise par le Rapporteur du Conseil d’Etat.
L'affaire est mise en délibéré et c’est mardi ou mercredi qu’ils vont rendre la sentence.

Ce qui n'empêche pas, mais stimule plutôt, quelques réflexions :

I- L’euthanasie, pour l’instant, est interdite en France.

La Loi Leonetti qui, de soi, est discutable, ne s’applique pas à n’importe qui mais à des patients bien précis (et ce n'est pas le législateur, une fois sa loi votée, qui pourrait les désigner comme bon lui semble !). Il faut que le patient :

- soit en fin de vie
- souffre
- que cette souffrance soit incurable (souffrance, je dis bien ! pas maladie !)
- exprime sa demande de mourir

Vincent Lambert, de l’avis même de la nouvelle expertise, ne souffre pas. D'ailleurs, il est totalement inconscient d’après l’expertise.
Il n'y a donc pas de souffrance incurable puisqu'il n'y a pas de souffrance tout court.
J'ajoute qu'il n'a pas davantage de souffrance d'être "emmuré dans sa nuit et dans sa solitude". D'une part parce qu'il n'est pas dans la nuit, il n'est pas aveugle, ouvre et ferme ses yeux, réagit aux stimuli ; d'autre part parce que, pour percevoir une solitude, il faut être conscient.
Enfin, ses parents sont près de lui et n'ont pas l'intention de le laisser dans une quelconque solitude que, de toute façon, il ne pourrait pas percevoir s'il n'est pas conscient, comme dit l'expertise.

Il n’est pas en état de vouloir en finir ni donc de l’exprimer. D’autant moins qu’il est inconscient.

Il n'est pas non plus en fin de vie. Il ne remplit donc aucune des quatre conditions requises.

Nous pourrions comparer cet état à une anesthésie générale profonde où le patient n’exprimera plus rien mais il faut que l’anesthésie soit bien profonde.

Je dis, en passant, que cette raison-là, de son inconscience, justifie et exige d'avance l’abstention des psychotropes. Il ne faudra pas accompagner Vincent Lambert avec en plus l’administration de psychotropes qui n’auront comme résultat que la modification de ce qui pourrait lui rester de conscience et éventuellement l’induction de terreurs, de cauchemars, d'un état psychologique de souffrance.

Pour résumer notre premier point, Vincent Lambert
n’est pas en fin de vie,
ne souffre pas,
est handicapé profond
mais n’a pas pu exprimer, n’exprime pas actuellement, ni ne peut exprimer une demande d’en finir
et ce, d’autant moins qu’il n’est pas en état de souffrance, donc il n’y a pas de raison pour lui d’en finir.

II- A qui profite le crime ?

A qui profiterait la mise à mort de Vincent Lambert ?

a- Serait-ce à Rachel, sa femme ? je ne le pense pas. Certes, on pourrait m'objecter que l'euthanasie de son époux lu permettrait de se remarier en tout bien tout honneur ce qu’elle ne peut pas faire, Vincent Lambert étant dans cet état. Non, le divorce lui serait accordé sans aucune difficulté. D'ailleurs ce serait sûrement une attitude plus honnête que de mettre à mort le conjoint pour libérer la conjointe.
Personnellement je ne pense donc pas que Rachel détienne le mobile réel de l'affaire.

b- Serait-ce à l’Etat ?  A la collectivité ?

Sur le plan financier, peut-être. Mais alors il faudrait en venir à décider la mort de toute personne à l'âge de la retraite qui ne serait plus un bon consommateur, et évidemment de toute personne handicapée, quel que soit son âge.

Voyons : nourrir Vincent Lambert, le maintenir en vie, coûte un peu.
Coûte peu, certes.
Les poches de gastrostomie, un peu de nutriment et surtout d'hydratation par cette poche de stomie, ne coûte pas bien cher, soyons honnêtes ! Mais, bon, ça coûte un petit peu. Alors, devant cela, l’honnêteté de l'Etat consisterait à dire : « Madame, Monsieur, votre fils coûte trop cher à l’Etat, si vous voulez le garder en vie, reprenez-le, mettez-le où vous voulez, mais nous ne pouvons pas rembourser tous ses soins, nous en rembourserons certains, pas tout – ce qui serait d’ailleurs une honte –  faites-en ce que vous voulez, mais nous, l‘Etat français, nous ne voulons pas payer pour lui », ce qui est une franche honte, mais bon ! au moins on ne le tuerait pas.
Pire encore serait de le tuer. Pour de l'argent. Pour le peu qu'il coûte.
Comme au temps du nazisme, quoi...

III- Qu’est-ce que cette question et cette décision présagent quant à la loi en débat sur l’euthanasie ?

1- cela fera jurisprudence

2- cela influera sur la rédaction de la Loi, où on dira, à cause de cette jurisprudence, qu’on mettra à mort les gens qui le demandent, ou ceux que le médecin, (ou la famille, ou l’Etat, ou le Maire, ou finalement deux personnes quelconques), jugent indignes de vivre, ou inaptes à vivre, parce que trop dépendants (ou un peu dépendants) et on les met à mort, qu’ils le veuillent ou pas.
Par "compassion".
Mais quoi de plus abject que de défigurer, jusqu'au mot même de compassion, ce sentiment hautement digne et élevé qui caractérise précisément l'humanité de l'homme par rapport à tout ce qui existe sur la terre !

3- Relativisation des directives anticipées : qu'elles existent ou pas, quelle importance finalement ! Au total c'est la médecin, les médecins (attention : collégialement comme pour les bourreaux lors des exécutions) qui vont décider. Avec l'équipe, bien sûr, la sacro-sainte équipe qui va pousser vers la sortie ce patient en trop et qui "n'en finit pas de mourir" ... naturellement, aussi, "après avoir entendu la famille". Qui va se déchirer comme pour Vincent. Mais cela ne fait rien : dans la loi il y aura de beaux mots.
Des mots.
Vincent Lambert n’a pas besoin de directives anticipées demandant l'euthanasie, pour être mis à mort !

4- La loi ne s’appliquera pas en fonction du désir du patient mais en fonction des critères économiques. Mort à deux vitesses, choix en fonction de la résultante des positions idéologiques des acteurs.
Mais sans doute que finalement c'est le portefeuille qui décidera.

5- La loi ne va pas seulement viser les personnes malades, en grande souffrance, que rien ne peut soulager (comme prévu au début d'évocation d'une loi sur l'euthanasie !) mais elle va s’appliquer aussi à des personnes handicapées qui peuvent coûter un tant soit peu par leur "dépendance". Comme si la "dépendance" était désormais inaccessible à une humanité devenue égoïste, égocentrique, ipsolipsiste, enfermée, emmurée dans son ego de plus en plus dégradé, dévalorisant et, par là-même, dévalorisé...
Une humanité à euthanasier au nom et à cause de l'euthanasie.
L'euthanasie pour l'euthanasie, quoi...

7- La loi va s'appliquer in fine à toute personne polypathologique ou autre qui coûterait trop cher à la Sécurité Sociale...

8- ...et/ou dont une partie de la famille souhaiterait la destruction.

9- La loi finira par s’appliquer à toutes les personnes inutiles, non rentables, ne pouvant pas communiquer, ne plaisant pas à tel ou tel groupe ou à tel ou tel membre d'un groupe de pression...

10- La question de l'obstination déraisonnable ( et qui va déterminer le raisonnablement correct ?) va remplacer totalement l'expression : acharnement thérapeutique (qui elle-même était assez discutable, puisqu'en cas de succès thérapeutique, ce n'était plus considéré comme de l’acharnement ; or avant de traiter on ne peut pas savoir si cela va être un succès ou un acharnement, mais bon, fermons la parenthèse car nous n'en sommes plus à la médecine héroïque tendant à sauver des vies mais à la médecine pleutre, tendant à les perdre... pour ne surtout pas déplaire !
A qui ?
A une société en pleine dégringolade.
Qu'il faudrait soigner pour l'âme et pour le corps.
Avant, il n'y a pas si longtemps, le médecin avait vocation à cela...

Alors, forcément, dans cette quasi universelle dégringolade, la manipulante préparation de la "loi sur l'euthanasie", nous pousse à dégringoler de plus en plus concernant le pourquoi de cette loi réclamer à cor et à cri par certains (qui parlent fort et le font en notre nom sans notre accord, ce qui est un comble !) :
- d'abord seulement pour des souffrances atroces, insupportables, insoulageables, pour des malades en fin de vie qui supplient de manières répétées.

- puis pour n'importe qui coûtant un peu ? Pour toute dépendance ?

Mais où allons-nous ?
Réveillez-vous !

Quels sont les soins coûteux ? Si nous sommes arrivés à ce point de non-retour que le soin élémentaire de donner à manger et à boire, laver et vêtir que réclame la plus élémentaire hospitalité dans les peuples les plus primitifs (et heureux sont-ils tant qu'ils le restent !) que donc boire et manger, par voie même artificielle,  soient coûteux pour un patient, eh bien, il n’y a plus d’humanité dans cette société !

Alors, il y aura lieu de s'inquiéter grandement pour notre pays !

IV Devrons-nous faire le constat de la déshumanisation et de l’horreur intégrale installée dans la société occidentale européenne qui est mûre pour toutes sortes de souffrances car elle n’a aucune pitié de ses semblables ? Pas seulement de Vincent mais surtout de ses parents...
Vincent est inconscient ? mais pourquoi ne pas le laisser alors à ses parents, au moins pour leur joie à eux ! au lieu de vouloir le ravir à leur affection...
En tuant leur enfant, on les tue : quelle souffrance morale et physique pour eux !
Ils en font quoi ?
N'ont qu'à demander l'euthanasie pour eux-mêmes pour souffrance psychique insupportable ?
Ou bien ils n'ont même plus besoin de la demander, ce sera compris dans le paquet ?

Mais réveillons-nous ! ou bien notre pays finira par concurrencer les nazis dans cette horreur !

V Le non-respect de la liberté personnelle et une intrusion violente dans la vie privée sont à notre porte ; déjà en train d'entrer !
Parce que, si Vincent Lambert ne souffre plus, les parents ont autant le droit de le garder en vie qu’ils auraient le droit de garder près d’eux n'importe quel être inoffensif. Dès lors, au nom de quoi ont-ils à subir cette effraction dans leur vie privée ?
Au nom de quoi on empêche ces parents qui ont envie d’avoir près d’eux leur enfant, somme toute une personne inconsciente, plutôt que de la tuer.
Mais, de quel droit on intervient ?

On en arrive à des procédés dignes de la dernière des sectes !

Et si, d'ici 10 ans la recherche médicale arrivait à stimuler les comateux pour leur faire reprendre conscience et revivre... par des moyens aujourd'hui aussi inconnus que l'étaient naguère la microchirurgie au laser ou les électronico-stimulations dans certaines zones du cerveau ?

Pourquoi vouloir tuer, tuer, tuer, et faire des lois de plus en plus étendues dans leur permission, devenant peu à peu droit voire obligation, de tuer encore et toujours ?
Par désespoir ?

Mais, réveillons-nous !
La vie est notre vie !
Elle vaut toujours la peine d'être vécue !
Pour tous !
Oui : la VIE POUR TOUS !

Source : ledoigtdessus.blogspot.fr