Le combat pour Vincent Lambert n’est donc non seulement pas terminé, mais il n’est pas perdu
par Michel Janva, 27/11/2018
Le 18 novembre, trois experts ont rendu un nouveau rapport concernant l’état de santé de Vincent Lambert. Maître Triomphe, un des avocats des parents, explique à Anne Isabeth dans Présent.
Les experts désignés par le tribunal disent cinq choses. Tout d’abord que les lésions de Vincent sont irréversibles, ce que nous n’avons jamais contesté en l’état actuel de la science. Ensuite, ils prétendent qu’il serait en état dit végétatif et qu’il n’aurait plus accès à sa conscience. Or, les spécialistes, qui parlent d’éveil non-répondant, le contestent : ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de manifestation de conscience qu’il n’y a pas conscience, même altérée. Par ailleurs, ils ont établi ce diagnostic totalement contesté à la suite de l’examen d’une IRM de 2014 et de deux évaluations, l’une le 7 septembre 2018 tard à un moment où Vincent est fatigué (entre 20 h 30 et 21 h 30) alors que personne n’avait été informé et que nos médecins experts n’ont pu être présents, ce qui est illégal, l’autre le 8 septembre 2018 pendant 1 h 30 alors que sa mère leur disait que Vincent n’était pas bien et pas réceptif ce jour-là. C’est une ignorance absolue des règles d’évaluation s’agissant des patients cérébro-lésés : ils sont fluctuants selon les moments et peuvent rester non réceptifs en fonction des personnes qui les examinent. Les plus grands spécialistes, comme le Pr Laureys, rappellent que l’échelle CRS-R utilisée ne peut être fiable que si elle est répétée cinq fois sur dix jours minimum. Ce n’est pas faute que nos médecins experts le leur ait rappelé.
Or, ses parents contestent qu’il soit en éveil non répondant. Ils constatent chez lui des interactions et des réponses à leurs stimulations. Encore en mai 2018, ils l’ont filmé en train de tourner les yeux et la tête et vocaliser à l’appel de son nom… On ne peut pas accepter un tel diagnostic péremptoire en dehors du respect des règles d’évaluation !
Ceci étant, cela ne change rien sur un plan éthique et médical, les patients cérébro-lésés sont pris en charge de la même manière dans les unités spécialisées quel que soit leur état et c’est ce que vont dire les experts, d’une certaine manière.
Il y a ainsi des motifs d’espérance : d’abord, les experts nommés par le tribunal ont rappelé que Vincent pouvait être pris en charge à domicile ou dans une unité spécialisée, sous-entendant qu’il ne pouvait pas rester à Reims (ils ont souligné le caractère anormal de la situation). Enfin, surtout, ils ont tenu à affirmer dans leur pré-rapport et à maintenir dans leur rapport définitif, ce qui gêne beaucoup les partisans de la mort de Vincent qui leur ont demandé de le supprimer, que, s’agissant de Vincent, le nourrir et l’hydrater ne constituait pas une obstination déraisonnable.
Les médias bêlants ont vu dans l’affirmation du caractère irréversible des lésions le tournant de l’affaire. Or, le tournant de l’affaire, c’est l’affirmation que nous martelons depuis presque six ans avec nos experts : Vincent n’est pas en situation d’obstination déraisonnable !
Que va-t-il se passer maintenant ? Quelles possibilités s’offrent à vous ?
Sans attendre la fin du délai d’un mois que prévoit le code de justice administrative pour présenter nos observations sur le rapport, le tribunal a fixé une audience le 19 décembre à 14 heures. Il veut manifestement rendre une décision quoiqu’il arrive avant les vacances de Noël… Il peut toujours ordonner une contre-expertise s’agissant du non-respect des conditions d’évaluation de Vincent. Il peut valider la décision de mort du Dr Vincent Sanchez, et nous en ferions appel devant le Conseil d’Etat avec cet élément nouveau qu’est l’affirmation de l’absence d’obstination déraisonnable par les experts. Il peut nous donner raison et constater qu’il n’y a pas d’obstination déraisonnable, et dire que le Dr Sanchez a commis une erreur manifeste d’appréciation. Dans ce dernier cas, il me paraît évident qu’il y a aura un appel de François Lambert, le demi-neveu omniprésent dans les médias dominants. Le combat pour Vincent n’est donc non seulement pas terminé, mais il n’est pas perdu ! Je rappelle qu’il aurait dû mourir en mai 2013 si on les avait laissé faire.
Source : lesalonbeige.fr