Euthanasie : le protestantisme dit non
par Antoine Nouis, 22/01/2014, extraits
La Fédération protestante de France et le Conseil national des évangéliques de France ont adopté des textes sur la fin de vie qui sont très proches.
Lors des vœux de la Fédération protestante, le pasteur François Clavairoly avait annoncé la parution prochaine d’un texte de réflexion sur la fin de vie. Le texte est sorti, accompagné en annexe de quatre autres éléments de réflexion proposés par l’Église unie, la Fondation des diaconesses, l’Église adventiste et enfin la Commission d’éthique protestante évangélique.
En diffusant plusieurs textes, la Fédération protestante de France est fidèle à sa tradition de ne pas présenter une prise de position définitive mais des éléments de réflexion pour permettre à chacun de se forger sa propre opinion.
Le texte de la FPF commence par affirmer que « la manière dont la fin de vie est vécue dans notre pays n’est pas satisfaisante. Elle se vit le plus souvent à l’hôpital, hors du cadre familier de la personne, et fréquemment dans une certaine solitude ».
La fin de vie n’est pas une question abstraite, nous l’abordons à partir de notre propre expérience du décès des personnes qui nous sont les plus proches – parents, conjoint et parfois même enfants. Sans compter la façon dont nous appréhendons notre propre mort, ce qui relève au sens propre de l’im-pensable : comment penser sa propre absence ? ...
La Fondation diaconesses de Reuilly rappelle dans sa déclaration le fondement de l’éthique médicale : « Apaiser la souffrance est un devoir avant d’être un droit. Avec sa devise “Accompagnons la vie“, la fondation milite pour une vie digne. Elle proclame qu’il est inacceptable qu’un être humain soit enfermé dans sa souffrance ou abandonné dans sa douleur.
À cette fin, elle promeut toutes les formes d’accompagnement : médical, soignant, psychologique, spirituel. » Face aux demandes d’abréger la fin de vie, le texte de la Fédération protestante rappelle que « nombreux sont les cas où une attention affectueuse et un accompagnement de la personne dans ses différents besoins ont abouti à un apaisement réel et à la fin de la demande ».
Dans son opposition au suicide assisté, le pasteur Franck Vermesse, secrétaire général du Comité protestant évangélique pour le dignité humaine, souligne que « l’amour envers les personnes âgées, isolées, dépréciées, apeurées, sera toujours plus manifeste dans le temps passé à leur côté pour apaiser leurs souffrances physiques, morales, spirituelles, les fortifier et les rassurer, que dans l’inoculation dans leur veine d’un poison censé leur apporter la solution finale ». ...
Dans une grande unanimité, tous les textes sont d’accord avec l’Église adventiste pour rappeler qu’il « existe une grande différence d’ordre moral entre la décision de provoquer la mort (euthanasie active) et le fait de laisser mourir en interrompant les interventions médicales (euthanasie passive) ». Faut-il aller plus loin et ouvrir la porte à ce que le Comité consultatif national d’éthique avait appelé un temps une exception d’euthanasie, même si le Comité est revenu sur cette notion qui ne tient pas la route juridiquement ? ...
Louis Schweitzer développe ce dernier point en déclarant que dans « les pays – la Suisse pour le suicide assisté et la Belgique ou les Pays-Bas pour l’euthanasie – où la loi est en vigueur depuis une dizaine d’années, on voit bien qu’une fois qu’on a accepté le principe de dépasser cet interdit, la tendance est d’aller toujours plus loin et d’élargir le champ des personnes concernées ». À partir du moment où la frontière du « tu ne tueras pas » est franchie, où placer la limite ?
Pour le protestantisme, l’ouverture de la loi n’est donc pas opportune. Avec un brin de malice, Franck Vermesse souligne que l’engagement électoral de François Hollande était que les malades puissent « bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer leur vie dans la dignité », ce qui correspond à la démarche des soins palliatifs...
Source : reforme.net