Communion de prière pour la Vie : "Jésus, Marie, protégez la vie " ! (ou toute autre prière à Dieu)

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Extraits des interventions du Cardinal VINGT-TROIS, Archevêque de Paris et Président de la Conférence des Évêques de France

"Quand nous rejetons l'idée que quelqu'un soit habilité légalement à disposer de la vie de son semblable, quels que soit son âge et son état de santé, nous ne défendons pas une position particulière. Nous rappelons simplement que la vie en société suppose que l'interdit du meurtre soit un des fondements de la confiance mutuelle."
Homélie lors de l'Assemblée plénière des Évêques de France, Lourdes, 4/11/2012

"Toute personne, quel que soit son âge, son état de fatigue, son handicap ou sa maladie, n'en garde pas moins sa dignité. Pour cette raison, « l'euthanasie est une fausse solution au drame de la souffrance, une solution indigne de l'homme » (Benoît XVI), car elle vise, sous prétexte de compassion, à abandonner les personnes au moment où elles ont le plus besoin d'aide et d'accompagnement. L'arrivée de générations importantes dans le grand âge doit inviter la société à une plus grande solidarité. Le développement des soins palliatifs, fruit d'un progrès éthique et scientifique, doit être poursuivi pour que tous ceux qui en ont besoin puissent en bénéficier."
"Quelle société voulons-nous ?", livre paru en janvier 2012

Radio Notre Dame : Autre sujet, Mgr Vingt-Trois, deux études, parues ces derniers jours à propos de la fin de vie, ont eu des conclusions différentes, voire contradictoires. Dans La Croix de mardi, il était souligné que les soins palliatifs ne suffisaient pas toujours à faire disparaître les demandes d'euthanasie et dans le Figaro, le même jour, était souligné une large opposition des personnes âgées à l'euthanasie. Que révèlent selon vous ces différences d'interprétation ?

Cardinal Vingt-Trois : Elles révèlent surtout qu'on n'a pas interrogé les mêmes personnes ! Il est certain que si l'on interroge des gens pour qui l'hypothèse de fin de vie est quelque chose de très lointain, ils auront une vision tout à fait théorique et facilement catégorique sur la question : « Moi, jamais, toujours... » Mais quand on interroge des gens qui ont plus de 75 ans, comme c'est le cas de l'une des études, ceux-ci sont effectivement entrés dans la phase de leur vie qui s'approche de la fin, et leur opinion sur la manière de finir leurs jours n'est pas exactement la même que quand ils avaient 40 ans. La différence est donc très compréhensible. Mais ce qui est significatif, précisément, c'est que les gens qui sont le plus concernés, si je puis dire, c'est-à-dire ceux qui sont au-delà de 75 ans, éventuellement déjà dans une situation de maladie grave ou de soins palliatifs, ne demandent pas du tout à pouvoir être euthanasiés ! Ce n'est pas du tout leur désir le plus cher !

RND : C'est la question de la confiance dans le corps médical qui est soulevée ?

CVT : Bien sûr, et l'intérêt d'une étude comme celle-là est qu'elle montre précisément - justement entreprise par une équipe médicale pour essayer de mieux comprendre la situation des personnes en fin de vie et leurs motivations - que la lecture de la fin de vie, quand on y est réellement, est sensiblement différente de ce qu'elle est quand on discourt sur les estrades.

RND : Une des études souligne quand même que lorsque les soins palliatifs sont mis en place, il reste quelques demandes d'euthanasie. Comment répondre à la souffrance dans ces cas-là, lorsque les soins palliatifs ne suffisent pas.

CVT : En étant réellement présent. C'est à dire qu'une demande d'euthanasie en général est une expression d'une angoisse et d'un « mal à vivre », et surtout d'une perte du sens de la vie. Ce qui ressort de ces études, c'est que ce dont les gens ont besoin, c'est que leur vie ait un sens. Or, la vie ne peut pas avoir de sens si on est seul et si personne ne s'occupe de vous. C'est donc l'accompagnement qui est décisif, pas seulement l'accompagnement thérapeutique, même s'il est fait de façon très évoluée et très humaine, mais aussi l'accompagnement familial, amical... ; une présence et une relation à travers laquelle la personne qui est malade perçoit qu'elle apporte quelque chose.
Interview à Radio Notre Dame, 17/10/2011

Radio Notre Dame : Une proposition de loi sur l'euthanasie doit être présentée jeudi prochain à l'Assemblée Nationale. On voit au fil des sondages que les personnes interrogées sont de plus en plus nombreuses à être favorables à une légalisation ou une dépénalisation de l'euthanasie, y compris chez les catholiques pratiquants. Que vous inspire ce projet de loi ?

Cardinal Vingt-Trois : J'ai surtout l'impression d'une répétition perpétuelle. Chaque fois que ce thème est abordé, on fait comme s'il n'y avait rien eu. Or la loi Leonetti a été votée en 2005 et un rapport remis l'an passé. Nous ne sommes pas sur un terrain où il n'y a rien. Au contraire, beaucoup de dispositions ont été prises. Je ne dis pas qu'elles sont toutes appliquées, mais ce n'est pas parce que l'on tuera les gens que les dispositions seront mieux appliquées. La question est de savoir si on considère qu'une société a la responsabilité d'accompagner ses membres dans toutes les vicissitudes de leur vie et y compris dans leur fin de vie, ou bien si elle doit organiser la manière de se débarrasser de ceux qui sont devenus encombrants. Périodiquement, nous verrons des groupes proposer un projet de loi sur l'euthanasie puisque leur objectif, c'est d'obtenir une loi sur l'euthanasie envers et contre tout.

RND : Il y a souvent une peur de l'acharnement thérapeutique chez ceux qui demandent une dépénalisation de l'euthanasie. Où se situe la limite entre le respect de la vie et l'acharnement thérapeutique ?

CVT : C'est très clairement défini depuis longtemps ! On appelle acharnement thérapeutique le fait de prodiguer des soins qui n'ont pas pour objectif d'obtenir la guérison mais qui ont pour objectif de faire quelque chose même si cela ne sert rien. Or les soins palliatifs ne sont pas de l'acharnement thérapeutique puisqu'ils mettent en œuvre une procédure d'accompagnement qui soulage la douleur et qui permet au malade de garder le plus longtemps possible sa conscience et sa capacité de relations. On le sait, cela a été dit, expliqué, redit, réexpliqué.

Mais la vraie question n'est pas celle-là, elle est bien de savoir si oui ou non, nous pouvons prendre le pouvoir sur la vie de notre prochain.
Interview à Radio Notre-Dame, 14/11/2009

"Une récente campagne a été orchestrée, une nouvelle fois, à partir du drame personnel d'une personne gravement malade pour faire passer dans l'opinion le sentiment qu'il y aurait urgence à délivrer légalement un permis de disposer de sa vie. En réalité, il s'agirait d'un nouveau permis de disposer de la vie de son prochain, disons-le simplement : d'un permis de tuer. Alors que nous ignorions tout de la situation médicale réelle de la personne, des traitements possibles, des traitements proposés, acceptés ou refusés, on a voulu capter l'émotion légitime pour la substituer à la réflexion ; on a fait monter les enchères émotionnelles ; on a instrumentalisé une situation douloureuse pour la cause. On parle beaucoup de dignité ! Nous n'avons certainement pas la même conception ni la même pratique de ce mot.

Sournoisement, le travail admirable des équipes de soins palliatifs a été discrédité et dévalué aux yeux de l'opinion. Honteusement, des milliers de personnes gravement atteintes ou dans le dernier âge de leur vie ont été soupçonnées de ne pas avoir le courage de la « dignité ». Frauduleusement, la requête de reporter la décision de sa mort sur la société a été présentée comme un progrès humain. La loi, votée il y a deux ans et pas encore vraiment appliquée, a été occultée. La passion pour la mort a remplacé la compassion pour la vie.

Plusieurs d'entre nous se sont exprimés justement et sobrement sans faire le jeu médiatique de cette vente aux enchères de la dignité. Aujourd'hui, nous voulons dire ensemble notre conviction que la société n'a pas vocation à organiser la mort, la mort de personne : ni celle de l'enfant à naître, ni celle du grand malade en phase terminale, ni celle des vieillards en fin de vie. Si elle le faisait, elle saperait les fondements mêmes de son existence. Elle deviendrait un lieu du doute : veut-on encore de moi ?

Comme évêques mais tout simplement comme êtres humains, nous voulons rappeler que la dignité humaine n'est pas de chercher dans la mort la solution aux situations graves et angoissantes auxquelles tous les hommes sont confrontés un jour ou l'autre. Nous voulons dire encore une fois notre estime et notre admiration pour les hommes et les femmes qui assument leur vie avec courage et discrétion, pour les médecins qui cherchent sans cesse à soulager la souffrance, pour les équipes soignantes qui respectent, elles, la dignité de leurs malades, pour les familles qui accompagnent courageusement leurs membres éprouvés. Surtout, nous voulons exprimer notre résolution d'agir conformément à ces convictions en soutenant tous ceux qui se mettent vraiment au service de la vie. Nous le faisons particulièrement en n'abandonnant pas les malades graves à leur détresse et à leur souffrance. Nous voulons encourager le travail des aumôneries d'hôpitaux et de maisons de retraite. Nous voulons appeler les fidèles laïcs ou consacrés à se proposer pour des services de visite et d'accompagnement auprès des personnes malades ou des personnes âgées, en particulier celles qui sont en grande souffrance physique ou psychologique.

La dignité humaine est vraiment à promouvoir, mais cette promotion ne peut pas passer par le déni de la valeur de chaque existence humaine quels que soient ses handicaps ! Une société pour la vie est une société qui aide ses membres à vivre jusqu'au bout leur vie, qui ne les fait pas douter de la valeur de leur présence ici-bas."
Discours d'ouverture de l'Assemblée plénière de la Conférence des Évêques de France, Loures, 01/04/2008

Le Parisien : Euthanasie (...), est-ce logique que l'Église refuse ?

Cardinal Vingt-Trois : L'euthanasie, c'est donner légalement le droit à quelqu'un de tuer l'autre. Mais nous ne disposons pas de notre vie. Quant à la souffrance, c'est une question d'accompagnement. S'il y a une telle campagne d'opinion en faveur de l'euthanasie, c'est aussi parce qu'on ne sait que faire avec les gens en fin de vie. Moi, je dis qu'il faut aider nos aînés jusqu'au bout.

Tout à l'heure, j'irai voir ma mère, qui a 96 ans et ne peut plus marcher. Elle trouve le temps long mais on ne dispose pas de sa vie et, moi, j'ai à l'accompagner jusqu'à la fin. Cela fait partie de la grandeur de l'homme.
Rencontre avec les lecteurs du Parisien, 23/12/2007

Source : Radio Notre-Dame