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par Véronique Demers
Publié le 2 Mars 2013

«L'euthanasie contrevient à mes valeurs, mais aussi au Code criminel canadien», souligne le Dr Marc Bergeron, médecin au CHU de Québec Hôpital de l'Enfant-Jésus.

 

Confronté quotidiennement à la mort, le Dr Marc Bergeron souhaite freiner le projet de loi québécois sur l'euthanasie – aussi nommé aide médicale à mourir – des patients atteints de maladies très graves et irréversibles, qui sera adopté d'ici la fin juin.

Le médecin en hémato-oncologie au CHU de Québec Hôpital de l'Enfant-Jésus juge que la très grande majorité des patients peuvent être soulagés avec la science moderne, et que l'aide médicale à mourir existe déjà sous forme de soins palliatifs.

«De plus, tous les soins connexes devraient être gratuits et faire partie de l'assurance-maladie du Québec, comme l'acupuncture, des massages thérapeutiques et de l'aide psychologique. C'est la voix à privilégier», souligne-t-il.

Un médecin de Québec organise une manifestation le 9 mars

Le Dr Bergeron croit que le sujet n'a pas été débattu suffisamment, c'est pourquoi il invite tous les citoyens contre l'euthanasie à manifester le 9 mars devant l'Assemblée nationale. «Je suis inscrit au Collectif des médecins du refus médical de l'euthanasie; la manifestation du 9 mars est une démarche personnelle», a précisé le médecin résidant à Sainte-Foy.

Le médecin du CHU de Québec fait remarquer que les partis politiques étaient unanimement en faveur de la proposition de la Commission mourir dans la dignité, lors du dépôt en mars 2012, malgré l'avis d'experts et du fait que plus de 50% des gens qui venus en commission parlementaire étaient contre.

Intégrité personnelle menacée

Le Dr Bergeron croit que la loi – si elle est adoptée – risque d'être dangereuse à long terme. «Le fait de permettre l'euthanasie au Québec n'aidera pas la cause du suicide qui est un problème de société très grave au Québec. On favorise la mort», avance-t-il.

L'euthanasie contrevient aux valeurs personnelles du Dr Bergeron, mais aussi au Code criminel canadien. «Le gouvernement québécois veut contourner le Code criminel canadien, en permettant l'euthanasie dans un cadre réglementaire bien précis. Ça signifie que le procureur du Québec pourra décider de ne pas poursuivre le médecin ou l'infirmière qui procèdera dans les règles, mais tant que le Code criminel canadien ne sera pas amendé, l'euthanasie restera un crime», explique-t-il.

«Tant que le Code criminel canadien ne sera pas amendé, l'euthanasie restera un crime» -

«Toute ouverture à cette loi-là menace à court, moyen ou long terme mon intégrité personnelle. On ouvre la porte à toutes sortes d'inclusions de malades. Je ne me sens pas rassuré», poursuit le médecin.

Administration lourde

Selon Marc Bergeron, plusieurs dérapages surviennent notamment en Belgique, où l'euthanasie est légalisée depuis 10 ans. «Les médecins ne déclarent pas tous les cas d'euthanasie, alors qu'ils sont obligés de le faire dans un registre régional. Un médecin qui omet de déclarer l'euthanasie peut être poursuivi, mais en réalité, les médecins délinquants ne sont pas poursuivis», souligne-t-il.

Toujours en Belgique, le nombre de décès par euthanasie représente un faible pourcentage selon les dernières statistiques, soit 0,5%. «C'est un petit nombre de personnes qui requièrent une administration lourde», conclut le Dr Bergeron.

Source : Québec Hebdo