Euthanasie : ne touchons pas aux Intouchables !
par Charles Vaugirard, 10/12/2014
13,5 millions de téléspectateurs. Un record d’audimat pour TF1 dimanche 7 décembre pour la diffusion d’Intouchables. La poignante histoire de Philippe Pozzo di Borgo n’en finit pas de toucher le grand public français. Record d’entrées au cinéma, de vente de DVD… Intouchables est cet hymne à la vie qui va droit au cœur des Français : un message d’espérance qui va à l’encontre des discours pro-euthanasie de l’ADMD.
Philippe Pozzo di Borgo est publiquement opposé à l’euthanasie. Il reconnait y avoir pensé au début de sa vie de tétraplégique. Mais maintenant non, sa vie a repris un sens grâce à l’amitié et à l’amour.
Etrange coïncidence, Intouchables connait un nouveau record cinq jours avant la remise au Président du rapport Leonetti-Claeys. Ce rapport, accompagné d’un projet de loi, est très attendu. Voulu comme un vaste compromis, il semble qu’il préconise une « sédation profonde terminale jusqu’au décès dans un délai non-déraisonnable ». La crainte que cette « sédation » soit une euthanasie déguisée est importante. En effet, si cette formule est maintenue, alors cela signifie que le but de cette sédation n’est pas seulement le soulagement de la douleur mais la venue du décès selon un court délai. Donner un délai raccourci à la mort revient à la provoquer.
Le risque est grand que cette loi soit la première étape vers l’euthanasie, puis le suicide assisté. La logique politique des petits pas est imparable : on commence avec une sédation, on continue avec une mort donnée dans la dignité, on finit avec le suicide assisté. Et enfin, quarante ans après, le suicide sera reconnu comme une liberté fondamentale.
Jean Leonetti connaitra-t-il le destin de Simone Veil, dont la loi d’exception a été transformée, et finalement trahie, pour devenir un « droit fondamental » quarante ans plus tard ? Monsieur Leonetti peut encore changer d’avis et s’en tenir à la loi, votée à l’unanimité, qui porte son nom.
Il est grand temps de nous mobiliser contre l’euthanasie. Le collectif Soulager mais pas tuer organise aujourd’hui un rassemblement à 19h au Trocadero. Il a aussi lancé un appel que nous vous invitons à signer. Philippe Pozzo di Borgo est le parrain de Soulager mais pas tuer.
Nous pourrions être tentés par le découragement devant certains sondages affirmant que 92% des français sont favorables à l’euthanasie. Ne baissons pas les bras, car ces sondages ne révèlent rien : alors qu’une majorité est pour l’euthanasie, nous trouvons aussi une majorité de français qui plébiscite Intouchables… Contradiction ? Peut-être, ou pas. L’attitude change d’une situation à l’autre. Une question de sondage présentant une situation atroce sans espérance induira une réponse favorable à l’euthanasie. En revanche, un film délivrant un message de joie de vivre aux tétraplégiques transmettra de l’espérance aux téléspectateurs. Qui dirait qu’il faut euthanasier le personnage joué par François Cluzet après avoir vu le film ? Personne.
Philippe Pozzo di Borgo explique : «Si vous m’aviez demandé quand j’étais valide de signer un papier comme quoi il fallait me débrancher si j’étais dans un état catastrophique, je l’aurais signé, comme 92% des Français le disent aujourd’hui» et il ajoute : «On me pose la question: “Est-ce que tu aurais souhaité que l’on te débranche quand ça allait si mal après ton accident?” J’ai souhaité me suicider, bien sûr. Mais je suis content, vingt ans plus tard, qu’on ne m’ait pas débranché». Autrement dit, il est très difficile de juger d’une question aussi difficile sur un simple sondage. Un Français qui se prononce pour l’euthanasie sera peut-être finalement contre quand il sera en fin de vie…
Peut-on alors prendre le risque de faire passer de telles lois aux conséquences irréparables ? C’est la question qui se pose en ce moment avec ce projet qui sera peut-être la première étape vers le suicide assisté.
Il est donc grand temps de se mobiliser.
Charles Vaugirard
Source : cahierslibres.fr