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Affaire Bonnemaison : un débat sur l’euthanasie qui n’a pas lieu d’être

par Antoine Pasquier, 10/06/2014

Les pouvoirs ont parfois la manie de se télescoper. Quand l’exécutif essaie de temporiser le débat sur la fin de vie, le pouvoir judiciaire appuie sur l’accélérateur. En moins de dix jours, deux juridictions auront à se prononcer sur deux affaires médiatiques : le 11 juin, devant les assises des Pyrénées-Atlantiques, s’ouvrira le procès du Dr Bonnemaison ; puis le 20 juin, le Conseil d’État tranchera le cas de Vincent Lambert, cet infirmier de 38 ans tétraplégique depuis un accident de la route en 2008.

Qu’ont en commun ces deux affaires ? En apparence, rien. Dans le premier cas, la justice poursuit un médecin urgentiste soupçonné d’avoir empoisonné en 2011 sept de ses patients en fin de vie. Dans le second cas, la haute juridiction administrative doit, pour la première fois de son existence, statuer sur la vie ou la mort d’un homme en état végétatif chronique, dont une partie de la famille demande l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation. Pourtant, l’une et l’autre affaire vont longuement s’attarder sur deux notions-clés des débats entourant l’euthanasie : le consentement et la définition de la dignité.

De consentement, il n’en a jamais été question dans l’affaire Bonnemaison. Particulièrement vulnérables, les sept victimes du médecin urgentiste bayonnais n’étaient pas en état d’exprimer leurs souhaits lorsque le médecin urgentiste leur a délibérément donné la mort. On ne peut dès lors, comme essaie de le faire la défense, parler d’un procès en faveur de l’euthanasie ou alors ce serait avaliser le fait qu’une euthanasie puisse être pratiquée sur une personne contre sa volonté au nom d’une certaine idée de la compassion. En justifiant les gestes du Dr Bonnemaison, les partisans d’une aide active à mourir ne font rien d’autre.
Comment peuvent-ils ensuite affirmer qu’une législation encadrée de l’euthanasie (consentement éclairé, stade avancé d’une maladie…) protégera de toute dérive quand eux-mêmes font déjà sauter les verrous au gré de leurs intérêts ? Comment peut-on raisonnablement faire de ce procès le débat citoyen sur la fin de vie dont tout le monde parle, à tort et à travers, depuis deux ans, alors même que les termes en sont faussés depuis le commencement ? Sans parler du risque d’aborder ces questions dans un contexte passionné. Tout ce qu’il ne faut pas faire, en somme.

De consentement, les experts nommés par le Conseil d’État n’en ont pas décelé la moindre expression dans les réactions de Vincent Lambert. Les juges pourront-ils balayer d’un revers de la main ce doute persistant qui avait déjà justifié la décision du juge de première instance de rétablir son alimentation et son hydratation ?

Ces procès seront aussi, et surtout, ceux de la dignité de la personne humaine. Est-elle une notion subjective ? Autrement dit, perd-on sa dignité lorsque l’on n’est plus en capacité d’entrer pleinement en relation avec l’extérieur, comme ce serait le cas pour Vincent Lambert, ou lorsque notre état est « perdu d’avance », comme l’a jugé le Dr Bonnemaison de ses sept patients ? Ou au contraire, est-elle intrinsèque et inaliénable à la personne humaine ? « Fixer des critères à la dignité, ce serait la mettre au conditionnel », met en garde la philosophe Chantal Delsol (Les Pierres d’angle, Cerf). Et risquer de la bafouer. Au nom de la compassion ou en fonction des changements d’idées ou d’humeur de la société.

Antoine Pasquier

Source : famillechretienne.fr