par Jean-Marc Dupuis, 18/05/2014
La mort idéale serait de mourir d’un coup, sans douleurs, sans même avoir le temps de voir la mort arriver.
Ainsi seraient évitées la déchéance, les souffrances préalables et inutiles.
Cette approche, qui nous paraît évidente, ne l’était pas pour nos ancêtres.
La « grâce » d’une bonne mort
J’ai découvert récemment la célèbre « Danse des Morts » du peintre allemand de la Renaissance Hans Holbein.
C’est une série de gravures si fines que vous avez besoin d’une énorme loupe pour en voir tous les détails. Ces gravures représentent des personnages de toutes conditions, de la plus humble mendiante jusqu’au pape, en passant par l’empereur, l’impératrice, les rois et reines, dames et chevaliers, bourgeois et artisans, jeunes filles, servantes et jeunes gens, paysans et paysannes, nourrissons et vieillards. Chacun se fait saisir par un squelette hideux et grimaçant, armé d’une faux, représentant la Mort, avant même de s’être aperçu qu’elle approchait.
Pour nos ancêtres, c’était là l’aspect le plus terrifiant de la mort : qu’elle puisse vous prendre par surprise, à tout moment, au détour d’un chemin, dans votre sommeil, sans que nous n’ayez eu le temps de vous y préparer.
C’est pourquoi il existait des prières, oubliées aujourd’hui y compris des chrétiens pratiquants, pour recevoir « la grâce d’une bonne mort », autrement dit une mort à laquelle on aurait eu le temps de se préparer sur le plan spirituel et matériel.
Que la mort existe et attende tout le monde, il était impossible de l’ignorer à cette époque. Il était rarissime dans une famille de ne pas perdre des enfants en bas âge. Accidents, maladies, épidémies, guerres rendaient la mort omniprésente. À chaque décès, des veilles, cérémonies, processions et habits de deuil rendaient la mort encore plus visible à tous, si besoin était.
Mais le simple fait de vivre à la campagne faisait qu’on côtoyait la mort en permanence, ne serait-ce que celle des animaux. Par contraste, qui, parmi nous, a déjà tué un cochon ou égorgé un agneau de ses propres mains ? Ou même un poulet ou un lapin ? Ce geste, que connaissaient les enfants dès le plus jeune âge, participait à rendre la mort extrêmement familière à chacun.
C’est pourquoi la grande terreur n’était pas de mourir, mais de mourir sans préparation.
A suivre...
Source : santenatureinnovation.com