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Soirée de réflexion sur le projet de loi «Mourir dans la dignité»

par La Nouvelle Union, Québec, 31/03/2014 (extraits)

À l’invitation des responsables de l’unité pastorale de Victoriaville, quelque 250 personnes se sont rassemblées à l’église Sainte-Famille le vendredi 28 mars en soirée pour réfléchir sur le projet de Loi 52 «Mourir dans la dignité». À tour de rôle, les deux conférenciers et la conférencière invités ont succinctement et brillamment cerné le sujet en attachant ensemble les aspects éthiques et juridiques avec les aspects plus pratiques des soins palliatifs à développer.

Peu de voix, hormis celle des évêques du Québec, se sont récemment élevées pour susciter un regard de foi face aux questions éthiques entourant la fin de vie. M. Bernard Keating, professeur de l’Université Laval, a d’abord établi les distinctions à faire dans le vocabulaire : acharnement thérapeutique, euthanasie, refus de traitement, sédation palliative ou terminale, soins palliatifs, suicide assisté.

Dans sa «typologie des gestes qui pourraient contribuer à la mort», M. Keating s’est plus longuement attardé aux cas, plus fréquents, où on est confronté à l’arrêt d’un traitement quand celui-ci est un support à la vie : «On débranche où on ne débranche pas?». Notre devoir de préserver la vie de l’autre a certaines limites. Comme l’écrivait le pape Pie XII, «On n’a pas l’obligation d’accepter des moyens extraordinaires». Entendons par là des moyens qui imposent sur soi-même et sur les autres une charge trop lourde. «Il y a un juste milieu à trouver entre acharnement et abandon» de préciser M. Keating avant d’ajouter que «c’est l’intention qui compte». En augmentant la dose de morphine, l’intention est de soulager la souffrance, pas de donner la mort. Et la foi nous apprend que la souffrance peut avoir un sens.

Il nous faut résister à la tentation de vouloir régler le débat «à partir d’un seul principe» comme, par exemple, celui de l’autonomie : «Comme si une personne en perte d’autonomie perdait son droit d’exister». Une confusion règne entre la compréhension de l’autonomie fonctionnelle et la dignité. On ne perd pas sa dignité la journée où on a besoin d’aide. La dépendance les uns des autres fait partie de notre condition humaine. La dignité fondamentale d’une personne tient au fait qu’elle est une personne. Cette dignité constitue le socle des droits humains et tous nos devoirs moraux sont là pour la respecter.

Étonnamment, l’idée du «caractère sacré de la vie» n’est pas une idée traditionnelle de l’Église catholique. L’éthique de l’Église catholique se base plutôt sur la conviction que c’est Dieu qui «donne la vie» et c’est Dieu «qui la reprend». Ainsi, un homicide serait un crime contre la souveraineté de Dieu et non contre le caractère sacré de la vie.

Le deuxième conférencier est interniste à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska. Le Dr Claude Richard a d’abord partagé sa fierté que 50% des gens de la région puissent bénéficier de soins palliatifs à domicile, ce qui est cinq fois plus élevé que la moyenne québécoise. En tant que médecin, M. Richard a soumis que la morphine demeure pour l’instant le médicament le plus approprié pour soulager les malades en phase terminale. ... En faisant de l’aide médicale à mourir «un soin», on l’a fait passer dans la législation provinciale plutôt que fédérale, mais personne n’a démontré en quoi l’aide médicale à mourir peut constituer un soin. Selon le Dr Richard, trop de personnes malades se voient comme «un poids» pour leurs proches et souhaiteraient recourir à l’euthanasie pour les libérer de cette charge. Le rapport de confiance avec le médecin traitant est primordial.

La troisième conférencière, Mme Nicole Deshaies nous a transmis son enthousiasme pour cette belle réalisation collective qu’est la Maison Marie-Pagé de Victoriaville. Les personnes en fin de vie et leurs proches y trouvent gratuitement des services adaptés à leur condition. La philosophie de l’établissement et ses valeurs s’inspirent de celles de Sr Marie Pagé, fondatrice de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska. Offrant un compromis entre les soins palliatifs à domicile et les mêmes soins à l’hôpital, la Maison Marie-Pagé peut compter sur une soixantaine de bénévoles formés, trois médecins désignés et un personnel infirmier dévoué. «Le caractère naturel de la mort est perçu comme une expérience humaine qui peut conduire à des occasions de croissance et d’accomplissement», a-t-elle conclu.

Bref, malgré le sérieux et la gravité du sujet, une agréable soirée toute en nuance et parfois même en humour. Quand sonne l’heure de l’ultime passage, la citation de M. Bernard Keating traduit bien l’essentiel du message : «Guérir parfois, soulager souvent, réconforter toujours».

Source : lanouvelle.net