Du blog de Jeanne Smits :
L'Ordre national des médecins vient de publier un texte sur la « Fin de vie » d'où le mot « euthanasie » est soigneusement maintenu absent, si ce n'est dans la dernière ligne d'un dernier encadré où il s'engage à apporter « sa contribution au débat sociétal quant à l'euthanasie délibérée et au suicide assisté ».
C'est qu'il ne veut pas de l'euthanasie, du moins pour le moment, et du moins à ce qu'il dit. Le préambule en est d'ailleurs excellent :
« En préambule, l'Ordre tient à rappeler les principes éthiques qui ont toujours été ceux des médecins depuis l'origine : ne pas donner délibérément la mort mais s'interdire toute obstination déraisonnable. » (...)
Et voici ce que propose l'ordre des médecins : une « sédation terminale » mise en œuvre à la demande expresse du patient et sous réserve d'un accord médical « collégial ».
(...)
« Une sédation, adaptée, profonde et terminale délivrée dans le respect de la dignité pourrait être envisagée, par devoir d'humanité, par un collège dont il conviendrait de fixer la composition et les modalités de saisine. Ce collège fonderait son avis sur l'évaluation de la situation médicale du patient, sur le caractère réitéré et autonome de sa demande, sur l'absence de toute entrave à sa liberté dans l'expression de cette demande. »
Et ce n'est pas de l'euthanasie, ça ? (...)
Mais il faut en tout cas relever cette phrase du texte de l'Ordre des médecins qui précise, sans ambiguïté :
« L'interdit fondamental de donner délibérément la mort à autrui, au mépris de toutes les considérations précédemment exposées, ne saurait être transgressé par un médecin agissant seul. »
A deux, ça va ? (...)
Il s'agit en réalité de pousser à bout la logique de la loi Leonetti qui autorise déjà l'euthanasie par omission par l'arrêt de l'alimentation mais qui ne prévoit pas la sédation lourde susceptible d'annihiler les souffrances liées à un tel arrêt.
Mais tout cela de manière finalement ambiguë, brouillant la frontière entre le licite et l'illicite.
La sédation terminale (...) peut être une manière inacceptable de donner la mort – mais la mort lente, il ne s'agit pas de donner une piqûre létale efficace en quelques minutes ou quelques heures.
(...)
Au Royaume-Uni, la sédation palliative ou la sédation terminale est monnaie courante, et (...) elle est aussi – parfois ? souvent ? – utilisée de manière à faire cesser la vie et appliquée alors que le patient n'était pas près de mourir, n'en voulait pas, n'en était pas informé, contre la volonté des proches, etc. De telle sorte qu'une enquête vient d'être ouverte.
(...)
A toutes ces considérations on peut ajouter un soupçon d'hypocrisie car s'il faut en croire au moins un témoignage entendu d'une infirmière travaillant auprès de mourants, la sédation terminale avec intention homicide est déjà utilisée d'une façon ou d'une autre dans des hôpitaux français.
Source : leblogdejeannesmits.blogspot.fr