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L'autre visage de l'euthanasie : les médecins hollandais tirent la sonnette d'alarme face au triplement du nombre de malades mentaux dont la vie a été abrégée


(suite)

L'euthanasie pour des personnes atteintes de troubles mentaux doit-elle être considérée différemment ?Tous les cas sont différents. Toutes les catégories sont particulières. Pourquoi ceux-ci ?Pourquoi ceux-là ? Des discussions infinies peuvent avoir lieu. Mais elles sont vaines à partir du moment où l’idée que nous nous faisons de la "dignité" passe par l’euthanasie. Qui pourrait alors restreindre le "droit à la dignité" ? Qui pourrait mesurer, définir ou préciser ces "souffrances insupportables" mise en avant ? Alors, cette alliance de la dignité par l’euthanasie, de la "souffrance insupportable" (de nature physique, sociale, psychologique, affective ?) et d’un "droit à l’euthanasie", nous fait entrer dans une logique implacable. Plus rien ne peut justifier que ce droit soit "permis" pour les uns et refusé aux autres. Il nous faut donc mesurer le double risque de l’euthanasie.Son autorisation de principe et son extension pratique à l’infinie. Les deux vont ensemble. Les deux se suivent  par un effet démocratique de lutte contre les "discriminations" - à savoir ce qui pourrait être refusé à certains à l’encontre du droit de tous les individus à avoir les mêmes droits. Et ceux qui pensent qu’il est possible d’accepter des "exceptions d’euthanasie" plutôt que l’euthanasie nous trompent. Ceux qui pensent qu’il faut accepter l’euthanasie avec un encadrement massif et des garde-fous puissant nous trompent. Ceux qui croient qu’il est possible de faire des expérimentations limitées, des tentatives restreintes nous trompent. Ils ne veulent pas prendre en considération la pente naturelle des droits qui détricotent sans cesse les corsets mis en place. Les pays étrangers nous le montrent : existe un inévitable effet "boule de neige" de l’euthanasie qui augmente les ayant-droits d’années en années.     
Où fixer la limite lorsqu'une personne n'est pas jugée en pleine possession de ses facultés mentales ? Qui peut juger et sur quels critères si une vie vaut la peine d'être vécue ?Toute la question est là, en effet surtout pour des personnes qui ne peuvent plus s’exprimer, n’ont plus "les idées claires" ou sont écrasés sous d’effrayantes angoisses. Soit nous considérons qu’il y a un droit à la différence, à la faiblesse, à la fragilité, aux capacités mentales altérées et qu’il nous faut faire avec. Que nous devons prendre soin d’elles et aménager des lieux réservés, des médecines adaptés. Soit nous considérons qu’il y a un "droit à l’euthanasie" qui s’instaure au dessus de tous les autres droits. Mais ce droit pourrait devenir une obligation, une manière sociale de juger si la vie "vaut la peine d’être vécue". A coté de l’euthanasie-liberté existe, pas très loin de la première, l’euthanasie-sociale,  quand le "cout" d’une personne handicapées devient excessif, quand une personne devient "à la charge" de tous – et que cette charge est très lourde.

Cette perspective est éloignée de nous et, en même temps, elle n’est pas loin de nos conceptions. Et s’il fallait trouver un récit emblématique de ce monde a-venir (pas forcément désirable), pensons au film : La Ballade de Narayama. Dans ce village reculé, au Japon, par solidarité (une sorte de solidarité inversée), les "vieux", au-delà de soixante-dix ans, doivent aller rejoindre la "montagne aux chênes" pour y mourir seuls. Ils sont devenus un "poids", une charge insupportable. Et la loi sociale impose cette sorte d’euthanasie programmée et obligatoire à laquelle personne ne doit se soustraire. Est-on en droit de penser que nous allons vers une ballade obligatoire vers le sommet de la montagne de Narayama ? Cette perspective est aujourd’hui impensable.

Mais tous ceux qui, sans toujours le savoir, militent pour une réduction de l’homme à son corps et du corps à une masse biologique sans âme, détricotent le monde commun – cette enveloppe invisible qui nous tient les uns aux autres et nous conforte dans une forte solidarité humaine.

Faut-il y pour autant en conclure qu'une pratique comme l'euthanasie est impossible à contrôler ?

Posons cette question autrement : s’il est possible de contrôler l’euthanasie, en circonscrire son champ d’application et les cas spécifiques où elle pourrait intervenir, est-il possible de restreindre, pour le futur, la conquête des droits toujours plus grande qui s’opère dans nos démocraties ? Autant je crois que les législateurs sont suffisamment intelligents pour poser un système d’euthanasie équilibré, autant je crois que personne ne peut garantir que la démocratie s’arrêtera là, qu’elle acceptera cet équilibre une fois pour toute. Nos démocraties sont travaillées par cette quête "du droit a avoir les mêmes droits que les autres", à n’être pas restreints dans ses droits propres. Et rien ni personne ne peut juguler ce tropisme égalitaire, cette quête-là.

Ainsi, il nous faut considérer que l’interdit de l’euthanasie est une position éthique, une frontière anthropologique, une frontière. Franchir cette frontière nous conduit dans des régions inconnues qui nous conduiront inévitablement là-même où nous ne voulons pas aller. Tenir cette frontière est la seule façon de "contrôler" l’euthanasie – en aménageant des pratiques en amont qui permettent d’aller jusqu’à "la mort douce" aménagée par les équipes médicales en concertation avec les familles.

Source : atlantico.fr