Canada : la Cour suprême du British Columbia refuse le retrait de l'alimentation et de l'hydratation à une malade d'Alzheimer
par Jeanne Smits, 5/02/2014
LifeSite rapporte qu'un tribunal de la Colombie britannique, province anglophone du Canada, vient de rejeter la demande d'une famille visant à faire cesser l'alimentation et l'hydratation d'une patiente de 82 ans atteinte d'un stade avancé d'Alzheimer. ...
La décision, très longue, envisage de multiples aspects de la question ...
• Même si cette forme d'alimentation constituait un soin,(...) la décision de la faire mourir par son retrait ne correspondait pas nécessairement la volonté actuelle de la patiente, les êtres humains ayant la faculté d'évoluer et de changer d'avis, et que même les personnes de confiance désignées par Mme Bentley ne peuvent l'exprimer valablement.
• Le juge a noté que d'après le témoignage du personnel soignant, Mme Bentley se voit proposer la nourriture, sans insistance excessive, qu'elle mange des quantités différentes selon les jours et les heures, qu'elle peut refuser de continuer de manger d'un plat salé puis accepter de manger son dessert. Elle exprime donc d'une certaine manière sa volonté de manger.
• Le juge a noté que l'avis d'un expert médical spécialiste de son état doit être pris en considération plutôt que celui d'un généraliste : en l'occurrence, cet expert a estimé que le fait de pouvoir montrer ses préférences alimentaires et d'avoir accepté de manger de cette manière depuis plusieurs années indique quelle est la volonté de Mme Bentley, en même temps que cette durée montre qu'il n'y a aucune urgence ni raison pour lui enlever l'alimentation et l'hydratation.
• Le juge Greyell souligne que même si l'alimentation et l'hydratation orales constituaient un traitement, ce qu'il n'estime pas exact, pour autant le fait de les qualifier ainsi ne changerait rien à sa décision. Car il ne s'agirait pas d'un traitement d'urgence mais d'un traitement ordinaire dont on ne peut soudain affirmer qu'il ne serait pas accepté par le patient (paragraphe 87 de la décision). Il ajoute que la désignation d'une personne de confiance par la patiente, mais dans le cadre de directives anticipées qui ne sont pas absolument claires, ne suffit pas à donner à un proche la possibilité de prendre une telle décision.
• Le juge maintient que, même si une personne est en mesure de demander une aide au suicide, cela n'en fait pas moins un crime puni de 14 ans de prison, et qu'aucune décision de sa part ne pourrait exonérer les responsables de la clinique où réside Mme Bentley de leur responsabilité criminelle s'ils décidaient de la priver de nourriture et d'hydratation, étant entendu que c'est cette privation qui serait cause de la mort, et non la maladie dont elle souffre. ...
Source : leblogdejeannesmits.blogspot.fr