La justice s'oppose à l'euthanasie passive de Vincent Lambert
par le Nouvel Observateur avec AFP, 16/01/2014
Le tribunal administratif a donné raison aux parents de Vincent Lambert qui s'opposent à l'euthanasie passive de leur fils décidée par le corps médical en accord avec sa femme et une partie de sa famille.
Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a suspendu jeudi 16 janvier la décision du CHU de Reims d'arrêter l'alimentation de Vincent Lambert. Il s'oppose donc à l'euthanasie passive décidée par le corps médical en accord avec la femme du tétraplégique et une partie de sa famille. La femme de Vincent Lambert, Rachel Lambert, et son neveau, François Lambert, vont faire appel de cette décision devant le Conseil d'Etat.
Les parents, une soeur et un demi-frère de Vincent Lambert avaient saisi la justice après l'annonce du docteur Kariger, chef du service de médecine palliative du CHU, d'arrêter prochainement les traitements de nutrition et d'hydratation artificielles du patient tétraplégique en état de conscience minimale. Tout au long des quatre heures d'audience mercredi, devant une famille divisée qui est repartie de part et d'autre de la salle en s'évitant du regard, les parties se sont opposées mercredi sur la place de Vincent Lambert dans le cadre de la loi Leonetti qui régit les droits des patients en fin de vie, son état de conscience et sa situation au sein du service de soins palliatifs.
Le tribunal a notamment "jugé que la poursuite du traitement n'était ni inutile, ni disproportionnée et n'avait pas pour objectif le seul maintien artificiel de la vie et a donc suspendu la décision d'interrompre le traitement", explique notamment la juridiction.
"On a sauvé la vie de Vincent", a estimé Me Jean Paillot, l'un des avocats des parents.
"C'est une victoire du droit, c'est une lecture de la loi Leonetti (sur la fin de vie, ndlr) à la lumière de la dignité. C'est une victoire pour tous les handicapés", a-t-il ajouté.
"Le tribunal a reconnu que Vincent n'était ni malade ni en fin de vie et la loi ne pouvait pas s'appliquer. Dans le cas de Vincent, les éléments pour arrêter l'alimentation ne sont pas réunis", a conclu l'avocat.
Selon le corps médical, Vincent est totalement aphasique et dans un état pauci-relationnel (état de conscience minimale) qui permet une certaine interaction avec l'environnement par la vue notamment, sans pour autant "être sûr qu'il intègre correctement les informations sensorielles". ...
Depuis le début de l'année 2013, le malade avait multiplié, d'après les médecins, des comportements d'opposition aux soins, "faisant suspecter un refus de vivre". En avril 2013, un premier protocole de fin de vie avait déjà été engagé mais sans consulter explicitement les parents vivant dans le sud de la France, qui avaient saisi la justice et obtenu la reprise des soins de leur fils. L'action judiciaire avait mis au jour un conflit familial, alimenté, selon plusieurs témoignages, par les convictions religieuses très ferventes des parents de Vincent.
Lors des débats, l'avocate du CHU de Reims a insisté sur "l'obstination déraisonnable" que représente la continuation des soins "vu l'état de Vincent qui n'a pas de conscience au sens de la médecine et aucune vie relationnelle".
Une partie de la famille, dont sa femme, a signifié que Vincent Lambert avait témoigné de sa volonté de refuser l'acharnement, mais c'est au médecin seul que revient la décision", a ajouté Me Catherine Weber-Seban.
"Personne ne souhaite s'il est bien portant être dans la situation de Vincent Lambert, mais qui peut savoir maintenant ce qu'il en pense", lui avait répondu Me Triomphe. A l'audience, Rachel Lambert, son épouse, qui est quasi quotidiennement au chevet de son mari depuis son accident a plusieurs fois fondu en larmes, prostrée auprès de ses avocats. ...
Source : nouvelobs.com
Droit des patients en fin de vie ? Mais quel est ce langage manipulateur à propos de "droit" ? S'agit-il finalement du droit de vivre ou du droit de mourir ?
Heureusement pour Vincent Lambert, il n'a pas été "inclus" dans la loi Leonetti qui lui aurait octroyé le droit de mourir de soif - droit qu'il ne réclame certainement pas puisque c'est une torture que cette euthanasie-là.