Le design au service de la fin de vie
par Céline Zünd, 05/06/2021, extraits
Lorsque la dernière étape de la vie se déroule à l’hôpital, l’espace se réduit souvent à un lit, une table de chevet et un quotidien rythmé par les soins et les visites médicales. Pour rompre avec cet univers uniformisé, la designer Bitten Stetter, enseignant à l’Université des Arts de Zurich, a créé une ligne d’objets et de vêtements destinés à ce dernier «voyage». Elle exposait récemment sa collection, Travel wear, au festival Hallo, Tod! (salut, la mort!), à Zurich, où artistes et professionnels exerçant des métiers liés à la mort mêlaient leurs voix pour interroger le public «de manière créative» sur nos derniers moments.
La réflexion de Bitten Stetter part d’une expérience personnelle: elle a passé quatre années à accompagner sa maman malade, en fin de vie, durant ses séjours à l’hôpital puis dans une unité de soins palliatifs. Le manque de commodités l’a frappée: «Le personnel médical devait sans cesse déplacer les affaires de ma maman pendant les soins... Un jour, j’ai apporté un panier de vélo, que j’ai accroché au bord du lit, pour rassembler les objets qu’elle avait emportés: son carnet de notes, un stylo, son téléphone, ses lunettes. C’était si simple.» ...
Retrouver l’autonomie et la dignité
«J’ai remarqué que le personnel soignant fermait parfois les chemises d’hôpital des patients avec du scotch pour préserver leur intimité.» La designer conçoit alors un vêtement qu’elle nommera «compagnon de voyage». Large pour faciliter les soins, il est aussi assez long pour dissimuler le corps lorsqu’on le noue. La Zurichoise a développé une gamme d’objets en carton plié, ainsi, ils n’ont pas besoin d’être nettoyés: une pochette pour le téléphone – à suspendre à la poignée triangulaire du lit médical –, un porte-photo ou encore des récipients pour disposer des bougies parfumées.
«Autour de la naissance, il existe une offre pléthorique de commodités. En revanche, en fin de vie, on se retrouve d’ordinaire entouré d’objets bon marché, fabriqués sans amour», souligne Bitten Stetter, qui considère son travail comme un complément aux soins palliatifs. Il ne s’agit pas que de confort ou d’esthétique: les choses qui nous entourent, estime la designer, influencent notre bien-être et jusqu’à notre perception de nous-même. «C’est aussi une question d’autonomie et de dignité.»
Source : letemps.ch