Patients en état de conscience minimale : stimuler et rééduquer par la stimulation cérébrale ?
par Gènéthique, 21/10/2019
La stimulation cérébrale non-invasive[1] est sur le point d’être testée pour la première fois sur des patients en état de conscience minimale ou en état végétatif, en parallèle de techniques avancées d’imagerie cérébrale[2] qui permettront de suivre les effets de la stimulation pour un petit groupe de 5 patients. Cette expérimentation (nommée RAINDROP) s’appuie sur les résultats de l’Université de Birmingham[3] qui suggèrent que la stimulation cérébrale non-invasive pourrait améliorer les chances de succès pour la rééducation de ces patients. Elle s’effectue en collaboration avec l’hôpital de Wellington au Royaume-Uni.
La prise en charge des traumatismes a permis d’augmenter les chances de survie pour la plupart des cas de lésions cérébrales sévères. « 20% des patients ont un niveau de conscience bien supérieur à ce qu’on aurait pu attendre suite au diagnostic médical. Cependant ces patients ne sont pas capables de démontrer leur conscience, piégés dans un corps qui ne répond pas ». Dans ce contexte, l’objectif est de mieux comprendre comment les techniques de stimulation pourraient être mises en œuvre pour améliorer la communication et la rééducation de ces patients. Et pourquoi pas un jour améliorer le rétablissement des patients inconscients souffrant de troubles prolongés.
Une cible pour le traitement a pu être proposée sur la base de travaux antérieurs : « De faibles stimulations électriques seront dirigées vers des régions précises du cerveau, via des électrodes placées sur la tête du patient ». Le courant sera dirigé « vers la région responsable du contrôle moteur, ainsi que vers le thalamus, une région à l’intérieur du cerveau qui relaie les signaux moteurs et contrôle la conscience ». Le docteur Davinia Fernández-Espejo de l’Université de Birmingham, en charge de l’étude, explique : « Les différentes zones de notre cerveau ont besoin d’avoir de bonnes connexions entre elles afin d’assurer diverses fonctions. En trouvant les moyens appropriés de stimuler ce réseau, nous sommes capables d’améliorer ces connexions, aidant ainsi le cerveau à compenser les chemins endommagés et le patient à améliorer son aptitude à répondre ». Elle ajoute : « Ces techniques ont déjà pu démontrer leur potentiel sur des sujets en bonne santé. Cette prochaine étape importante nous permettra de tester leurs effets parmi les patients ».
En cas de succès, un important essai clinique devrait suivre, recrutant des patients de divers centres spécialisés au Royaume-Uni.
[1] transcranial direct current stimulation (tDCS)
[2] IRM fonctionnelle et électrophysiologie
[3] Centre for Human Brain Health
Source : genethique.org