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OMS : Mgr Jurkovic plaide pour la couverture de santé universelle

Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations Unies et d’autres organisations internationales à Genève, est intervenu à la 71e Assemblée mondiale de la Santé, à Genève, le 23 mai 2018.

Discours de Mgr Ivan Jurkovic

Monsieur le Président,

  1. La délégation du Saint-Siège souhaite remercier le Directeur général et le Secrétariat pour avoir maintenu une attention de premier plan sur la couverture sanitaire universelle et pour la maintenir en tête des priorités de l’Organisation mondiale de la santé. Au cours des dernières décennies, les États et les acteurs non étatiques ont fait de grands progrès vers la réalisation de cet objectif ; néanmoins, nous sommes encore loin du résultat escompté, car pour de nombreuses communautés, familles et individus pauvres, l’accès aux services de soins de santé indispensables reste un objectif non atteint. Nous sommes tous impressionnés par le fait inquiétant que la moitié de la population mondiale n’est toujours pas en mesure d’obtenir de nombreux services de santé essentiels. En même temps, des centaines de millions de personnes sont poussées dans l’extrême pauvreté, parce qu’elles doivent payer les services de santé entièrement à partir de leurs maigres ressources. (1) Puisque tout le monde devrait pouvoir bénéficier des services de santé nécessaires sans sombrer dans la pauvreté, la vertu de la solidarité nous exhorte à travailler vers cet objectif.

L’expérience a montré que les progrès en matière de couverture sanitaire universelle exigent une volonté politique forte et un engagement à prendre des mesures concrètes pour améliorer la santé de tous. Alors que les pays peuvent toujours compter sur l’appui technique et les conseils de l’Organisation mondiale de la santé, le renforcement de la couverture sanitaire universelle dans chaque pays nécessitera à la fois le renforcement des systèmes de santé et l’abandon des approches axées sur les maladies et les institutions en direction de services de santé qui placent la personne fermement au centre. De plus, les pays doivent s’engager de manière fructueuse avec le secteur privé, dont la contribution à cette couverture sanitaire universelle est cruciale. Les institutions confessionnelles constituent une partie importante de ce secteur privé et, dans de nombreux pays, elles sont les principaux partenaires de l’État dans la prestation de services de santé à travers le pays, notamment par leur vaste réseau d’établissements de santé dans des zones très reculées et inaccessibles.

  1. Monsieur le Président, nos efforts pour promouvoir la santé pour tous doivent tenir compte du lien essentiel entre l’environnement et la santé, qui implique également la gestion des déterminants environnementaux de la santé. Ma délégation souhaite remercier le Directeur général pour les rapports sur la santé, l’environnement et les changements climatiques (A71 / 10, A71 / 11 et A71 / 10 Add.1), qui mettent en évidence de nombreux risques environnementaux croissants et présentent une feuille de route pour un meilleure réponse globale aux effets néfastes de la pollution de l’air sur la santé. Actuellement, les changements environnementaux et les phénomènes météorologiques extrêmes se produisent à un rythme sans précédent. De nombreux pays ayant des populations vulnérables sont confrontés au lourd fardeau des maladies transmissibles et non transmissibles. Comme l’indique le rapport, « les facteurs de risque environnementaux évitables causent au moins 13 millions de décès chaque année et représentent environ un quart du fardeau mondial de la maladie. La pollution de l’air cause à elle seule environ 6,5 millions de décès par an, soit un sur huit de tous les décès, ce qui la place parmi les principaux risques mondiaux pour la santé » (A71 / 10, n.2).

Monsieur le Président, dans sa lettre encyclique Laudato si’, sur le souci de notre maison commune, le pape François souligne que « le défi urgent de protéger notre maison commune comprend le souci de rassembler toute la famille humaine pour rechercher un développement durable et  intégral, car nous savons que les choses peuvent changer… L’humanité a toujours la capacité de travailler ensemble pour construire notre maison commune… Nous avons besoin d’une conversation qui inclut tout le monde, puisque le défi environnemental que nous subissons et ses racines humaines, nous concerne et nous affecte tous… En effet, les talents et l’implication de chacun sont nécessaires pour réparer les dommages causés par les abus humains sur la création de Dieu » (Laudato si’, nn.13-14) (3). Nous accueillons donc la feuille de route pour une réponse globale améliorée aux effets de la pollution de l’air sur la santé (A71 / 10 Add.1) comme un pas dans la bonne direction.

Merci, Monsieur le Président.

  1. http://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/universal-health-coverage-(uhc). Les données les plus récentes de 117 pays montrent qu’en moyenne 9,3% des habitants de chaque pays dépensent plus de 10% du budget de leur ménage pour les soins de santé, un niveau de dépenses susceptible d’exposer un ménage à des difficultés financières. Cf. OMS, Statistiques sanitaires mondiales 2017 : suivi de la santé pour les ODD, Objectifs de développement durable, p.12.
  2. La progression de la couverture sanitaire universelle nécessitera à son tour un renforcement des systèmes de santé pour fournir des services efficaces et abordables afin de prévenir les problèmes de santé et de fournir des services de promotion de la santé, de prévention, de traitement, de réadaptation et de soins palliatifs.
  3. Le pape François, dans Laudato si’, met en garde contre les dangers pour la santé dus à la pollution et aux graves conséquences du changement climatique. Il appelle donc à un développement de solutions globales aux problèmes de notre maison commune à travers un dialogue fructueux, cf. Laudato si’ nn. 20-61.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat