Prévoir avec précision la sortie du coma ?
Une nouvelle technique d’IRM dite « quantitative » devrait permettre de prédire avec une précision inédite le réveil des patients en coma profond après un arrêt cardiaque. Cette information éviterait des cas de conscience, lorsqu’il faut choisir de continuer ou d’arrêter les soins. « Dans certains pays, on arrête très vite les traitements, dans d'autres on les poursuit longtemps. Ça dépend beaucoup des opinions. Le but, c'est de sortir de la culture de l'opinion pour se baser sur des preuves solides », explique le professeur Puybasset, de l'hôpital Pitié Salpêtrière, qui a piloté l'étude.
L’IRM « quantitative » mesure le mouvement des molécules d’eau dans la substance blanche du cerveau qui permet la connexion entre les neurones. Les mesures du degré de désorganisation de ce mouvement ont permis d’identifier plusieurs valeurs seuil permettant de pronostiquer le réveil éventuel au bout de six mois. « Au-dessus d’un certain seuil, on est certain que ça ira ; au-dessous, on est certain que ça n’ira pas. Dans la zone grise, il faut attendre ».
« Cette technique est supérieure à tous les autres tests utilisés à ce jour », a commenté l'AP-HP dans un communiqué publié jeudi, car « c'est une mesure anatomique, qui ne fluctue pas », permettant d’avoir « un niveau de preuves très élevé ».
Cette étude a porté sur 200 patients adultes dans le coma depuis plus de sept jours et a été menée dans 14 centres en France, en Italie et en Belgique. 185 patients entre octobre 2006 et juin 2014, puis 50 patients entre avril 2015 et mars 2016. La fiabilité des pronostics a pu être vérifiée mais nécessite encore d’être confirmée par des essais à grande échelle.
Si l’étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Lancet Neurology le 27 février 2018, a porté uniquement sur les comas après arrêt cardiaque, les chercheurs travaillent déjà à l’étendre à d’autres types de coma (traumatismes crâniens, rupture d’anévrisme…).