Fin de vie. La Haute Autorité de santé veut encadrer plus fermement la sédation jusqu’au décès
par Ouest-France,
Les « recommandations de bonnes pratiques » pour la fin de vie, et notamment le protocole de la « sédation profonde et continue », ont été dévoilées jeudi 15 mars par la Haute Autorité de Santé. Les défenseurs de l’euthanasie et certains praticiens jugent ces règles trop difficiles à mettre en place.
La Haute Autorité de santé (HAS) a publié jeudi 15 mars ses recommandations à destination des professionnels pour la fin de vie et notamment l’encadrement du protocole de la « sédation profonde et continue ».
Mais à peine communiquées, ces recommandations sont déjà contestées, notamment par les partisans de l’euthanasie. Certains les jugent trop détaillées pour être applicables.
Une procédure très encadrée
Le droit à cette sédation puissante est prévu par la loi Claeys-Leonetti de 2016, écrite pour offrir une fin de vie digne, sans aller jusqu’à l’euthanasie ou au suicide assisté. « Cette sédation a pour objectif d’endormir profondément la personne jusqu’à son décès », quand le pronostic vital est engagé à court terme, a précisé la HAS dans un communiqué. Tout patient encore en capacité d’exprimer sa volonté peut la demander « s’il présente une souffrance réfractaire aux traitements » ou « s’il décide d’arrêter un traitement et que cette décision […] est susceptible d’entraîner une souffrance insupportable ».
Chez une personne qui ne peut exprimer sa volonté, cette sédation peut être administrée « si à l’issue d’une procédure collégiale, le médecin arrête un traitement de maintien en vie au titre du refus de l’obstination déraisonnable ». Dans ce cas « le médecin en charge du patient prend seul la décision de réaliser ou non la sédation », à l’issue d’une « concertation » obligatoire avec « tous les professionnels impliqués », recommande la HAS.
Des recommandations contestées
Pour les partisans de l’euthanasie, la HAS va toutefois dans le mauvais sens. « On a eu trois lois sur la fin de vie, en 2005, 2010 et 2016, toujours plus restrictives. Aucune n’a mis fin à un débat qui dure depuis l’affaire Vincent Humbert, et toutes étaient à contre-courant de ce qu’attendent les Français », estime le président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, Jean-Luc Romero. « Les recommandations sont le fait de mandarins, déconnectés d’une certaine réalité. Ils ne font que reprendre la loi en l’exagérant encore », accuse-t-il.
Déjà la 3è loi Leonetti de 2016 avait réduit la sédation terminale au pronostic vital engagé contrairement à la circulaire de 2010, la #HAS veut encore aller plus loin ! De qui se moque-t-on ? Il faut vraiment une autre loi ! #NousSommesPrets #ADMD https://t.co/lmFN9syrIU
— Jean-Luc Romero (@JeanLucRomero) 15 mars 2018
De plus, les praticiens n’étaient pas forcément demandeurs, d’après Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France. « Moins on encadrera ces fins de vie, moins on légiférera, plus ce sera simple à prendre en charge, explique-t-il. En tant que généraliste installé depuis 45 ans, qui comme tous les autres ai dû gérer des fins de vie, je vais le dire franchement : face à un patient sur le point de mourir, je ne regarderai jamais un protocole sur la fin de vie. »
Source : ouest-france.fr