Communion de prière pour la Vie : "Jésus, Marie, protégez la vie " ! (ou toute autre prière à Dieu)
Pour vous inscrire, cliquez ici ! Nombre de priants : 4 385
Emmanuelle WILMART
Ancienne aumônière d'hôpital
A vous qui avez choisi de prendre soin des malades, des êtres vieillissants, des agonisants que tôt ou tard, nous serons tous, je vous adresse un appel : S'il vous plaît, au nom de ce qui anime en profondeur votre travail et qui présida à votre orientation professionnelle, au nom de vos mains et de vos cœurs quotidiennement engagés auprès de personnes malades et souffrantes, au nom de notre humanité commune fragile et belle à la fois, entrez en résistance !
Oui, résistez à cet esprit mortifère qui se propage dans notre humanité et qui tente de raccourcir et d'oppresser le cœur de l'homme ni vu ni connu.
L'euthanasie (et tout élargissement de cette pratique) est un acte qui sape de l'intérieur le don de deux vies : la vie diminuée et souffrante de celui qui est tenté de voir dans l'euthanasie la solution à sa détresse spirituelle profonde et la vie de ceux qui tentent de répondre et de prendre soin de celui-ci en pratiquant l'euthanasie. Pourquoi?
Notre cœur humain est un cœur pour autrui, un cœur habitable, un cœur en creux pour un autre quels que soient son visage et sa proximité. La voie du bonheur est de devenir une maison habitable pour autrui et d'avoir des chez-nous chez les autres. Vivre, c'est accueillir chez soi et être accueilli. Pour que ce mouvement de rencontre et de vie circule, croisse et ne tarisse pas au long d'une vie, il faut 3 combustibles: une Source aimante, la confiance et l'espérance.
La Confiance car la peur de sortir et de ne pas être accueillis nous taraude et nous condamne au repli, l'espérance car nous rencontrons parfois en nous et dans les autres des fermetures de cœur et que nous ne voyons pas toujours les fruits de notre amour, et une source Aimante car l'amour s'éveille et grandit en nous à mesure qu'on se laisse aimer. La fécondité de la vie et sa surabondance impliquent la lutte intérieure et concrète contre tout ce qui l'abîme de l'intérieur ou de l'extérieur : repli, désespérance, abandon, égoïsme, déception,...
Euthanasier un être humain en panne d'espérance, d'amour ou de confiance, c'est l'abandonner dans la mort spirituelle. Répondre à la détresse spirituelle par l'acte de l'euthanasie revient à enfermer l'autre dans la mort spirituelle. C'est la victoire de la Mort dans la mort !
C'est aussi ruiner en soi le mouvement même de la vie et sa fécondité. Donner la mort, c'est condamner son espérance et perdre l'horizon sur lequel donner sa vie au jour le jour. D'euthanasie en euthanasie, le risque est grand de perdre le goût de la vie ! Sans horizon, le don s'épuise...
Quand l'un des nôtres a épuisé ses ressources vitales, puisse-t-il trouver dans ceux qui l'entourent de quoi s'abandonner dans l'amour et la confiance. Puisse-t-il réchauffer son âme au contact des vôtres et se laisser porter! Nos trésors spirituels communiquent, nous sommes profondément solidaires les uns des autres. De la même façon que nous pouvons partager (pour une part) la souffrance d'autrui et compatir, nous pouvons rayonner avec délicatesse et douceur ce qui anime et soutient notre vie, la Vie dans la vie !
S'il vous plaît, ne cédez pas à cette tentation lancinante de croire que refuser de pratiquer l'euthanasie vous rendrait moins aimants et moins compatissants.
Au contraire, refuser de pratiquer l'euthanasie, c'est refuser d'introduire un germe de mort dans un cœur qui vous est confié. Dire non à l'euthanasie, c'est reconnaître et prendre soin de ce sanctuaire intérieur qui fait que l'homme est homme. C'est l'aimer et l'honorer dans son plus profond mystère !
Bien sûr, refuser l'euthanasie implique dans le même mouvement de construire des espaces d'accueil concrets et structurellement bienfaisants pour les mourants, de propager la culture palliative au-delà des unités de Soins palliatifs. La vie intérieure est tellement abîmée quand le corps est délaissé, malmené, ignoré ! Il s'agit de prendre soin de tout l'homme et de bâtir pour lui une société qui lui offre réellement une « maison habitable » pour toutes les saisons de sa vie.
Pour conclure, je lance un appel : Pourquoi ne pas créer aujourd'hui davantage de « maisons palliatives » ? Manquons-nous réellement de moyens économiques et humains pour oser proposer des structures neuves où la Vie circule jusqu'au bout ? Je ne le crois pas ! Nous sommes capables de plus, tellement plus ! Je l'ai vu de près, à vos côtés. Vos compétences médicales, la générosité du don qui vous habite, vos cœurs hospitaliers à la détresse d'autrui sont pour moi les « preuves » tangibles de ce qualitativement plus humain que nous pouvons mettre en œuvre.
Source : euthanasiestop
MàJ. Bye-bye Papy:
"L'euthanasie, un homicide"
La rédaction
Marie-Thérèse Weber-Gobet,
membre du Conseil de fondation de Pro Senectute
s'exprime sur sa compréhension de l'euthanasie.
Un point de vue assez flou.
Marie-Thérèse Gobet joue sur les mots, qui accuse la presse alémanique de lui reprocher son soutien à l'euthanasie. Reste que si la fribourgeoise rejette l'euthanasie active directe, un "homicide intentionnel [...] interdit en Suisse" elle soutient les yeux fermés "l'euthanasie active indirecte et l'euthanasie passive, comme elle est pratiquée par Exit et Dignitas"; pratique qui surtout l'avantage de pas être "contre la loi".
L'on attendait certes mieux d'un membre du Conseil de fondation de la principale association de défense des aînés du pays.
La différence entre un cocktail lytique inoculé de force et un gobelet tendu, après des mois de pression et de construction culpabilisante sur son inutilité matérielle et sa propre pesanteur à charge de la communauté, à un patient âgé, seul, isolé par la maladie et souvent fragile psychologiquement, paraît aussi mince que la feuille de papier sur laquelle la fondation a couché ses ambitions.
Que Pro Senectute jette ainsi l'éponge du combat en fin de vie pour se draper dans les justifications fumeuses du "suicide organisé" déçoit notamment Marc Früh, UDF bernois:
"Ca me pose un problème quand j'entends ce discours [...] Nous estimons que l'on doit aider les personnes âgées dans leur vieillesse, à accepter leur vieillesse.
[...] J'ai peur que l'interprétation qui peut-être donnée de ce bémol [la distinction effectuée par Mme Gobet] ne mette quelques personnes dans une mauvaise posture dans le sens qu'ils auront le sentiment: "Oh, je suis de trop et puis finalement, maintenant, je suis inutile à la société, pour moi c'est le temps de dégager".
Et ça me fait mal qu'on donne, de la part de Pro Senectute, un signal dans cette direction."
Mme Gobet se défend en insistant sur le droit à la vie des vieux et en parlant d'investissement, tout en admettant, de fait, un droit moral à les pousser dehors.
Un "droit à la mort", qui semble avoir les faveurs de l'intervieweur, et que Marie-Thérèse Gobet baptise benoîtement de l'euphémisme "liberté individuelle". Mais alors si un droit au suicide existe et se justifie pour les personnes âgées sur la base de la seule liberté individuelle, il doit exister pour tous les âges et doit être également bon, que l'on ait 20 ans ou 80. Curieusement, cela, personne ne le dit. Mais si le suicide est mauvais à 20 ans, pourquoi, au nom de quelle vision, ne l'est-il plus à 80 ?
Manque encore l'acception matérialiste et financière qui, somme toute, détermine la totalité des choix moraux de notre époque. L'humain ? Une tête de bétail qui doit rapporter à 20 ans et cesser de coûter à 80; voilà tout.(...)
Et, au hasard d'internet, ce à quoi peut ressembler une euthanasie "légale"? La mise en scène des pourvoyeurs d'euthanasie sur la personne de Michèle Causse, théoricienne lesbienne, auteur, écrivain, avec quelques dernières manifestations d'esprit:
"C'est comme si on était un peu un chien, chez un vétérinaire"
L'infirmière de Dignitas lui retirant son dernier carré de chocolat, ultime douceur terrestre, pour qu'il ne reste pas dans la bouche de la morte, tout en lui parlant de nuages, sans doute pour lui parler du ciel, alors que l'autre est en train de crever, l'oeil révulsé...
Tant de conscience professionnelle, d'automatisme, glace. La fausse tendresse, les faux sourires pétrifient. Ces hommes et ces femmes qui invoquent la mort et la convoquent comme un dieu qu'on soumet ont quelque chose de profondément inhumain.
Et puis il y a cette phrase, cette seule phrase qui dit tout du désarroi de celle qui vivait encore et qui ne vit plus déjà:
"J'avais tellement de vertiges ces derniers temps"
Elle avait des vertiges.
Source : les observateurs.ch
par Hélène Bonin, lapresse.ca, 23/04/2013
Victime d'une phobie collective
Avouez que depuis que le débat sur l'euthanasie s'intensifie, vous et moi pensons plus souvent à la façon dont nous mourrons. La publication du «Point de vue» du Dr Dupré à ce sujet a rouvert chez moi une plaie. En effet, il s'est peu à peu insinué dans ma tête l'idée que ma mort sera aussi insupportable que ce qui est rapporté par ces témoignages autorisés. De quoi ai-je peur? De calmants inefficaces? Peut-être. Mais je suis surtout minée par l'idée insoutenable de devenir un poids insupportable pour un temps tout aussi insupportable. Et je suis loin d'être la seule à m'inquiéter de plus en plus des circonstances qui entoureront mon trépas! Serais-je donc devenue victime d'une phobie collective?
Vous comprenez maintenant le besoin que je ressens d'une campagne du genre: «En santé ou malades, vous êtes importants». Sans cela, le Québec pourrait même aller jusqu'à demander un élargissement de l'euthanasie, sans restriction, sur demande, et ceux qui craignaient le dérapage n'auront pas eu tort.
Hélène Bonin, Québec
Source : lapresse.ca
Gagatorium : 4 ans dans un mouroir doré. Christie Ravenne dénonce
Elle s'appelle Christie Ravenne. Ancienne journaliste, elle vient de vivre 4 années d'enfer. 4 années passées dans une résidence services qu'elle qualifie de "mouroir doré", où les personnes âgées sont malmenées, plumées, baillonnées.
4 années pendant lesquelles elle dit avoir perdu sa santé et son patrimoine. Dans un livre réquisitoire, "Gagatorium", publié aux éditions Fayard, elle dénonce et accuse avec véhémence la mafia de l'or gris qui abuse en toute impunité, et sans contrôle des autorités, des personnes âgées, fragilisées.
Le ton est vif, acerbe et les propos sont parfois drôles, sûrement pour nous éviter de pleurer. Car le quotidien à Ker-Eden (un nom d'emprunt de bonne "augure") est terrifiant. Chaque page déborde d'exemples de situations plus sordides les unes que les autres. Des piqûres réalisées par le docteur "Pique-Pique"pour assagir les insoumis, sans autorisation des familles, des couches-culottes qui débordent et ne sont changées que par des infirmières privées, un concours de slam, ultime instant de liberté et de plaisir filmé par la télé locale mais que personne dans la résidence ne verra...
Les situations ubuesques et les abus se multiplient comme ce traiteur breton qui utilise gracieusement les locaux de la résidence comme siège social, la facturation aux résidents d'un droit de passage dans le couloir, les négligences et les humiliations quotidiennes. Et c'est sans compter une directrice autoritaire et incompétente, qui refuse de faire monter des médicaments à une personne malade, laisse errer des personnes âgées dans le couloir, contre-carre toutes les initiatives d'amélioration de la vie quotidienne...
Si Christie Ravenne a songé au suicide, elle a finalement préféré la lutte. "Ma fille m'a suppliée de nous sortir de ce pétrin. J'étais propriétaire de deux appartements dans la résidence qui me coûtaient 2000 euros par mois (1000 euros de charges et 1000 euros de services que je n'utilisais d'ailleurs pas). Si j'avais abandonné la lutte, je lui aurais imposé des charges bien trop importantes".
A peine installée dans cet établissement, j'ai tout de suite compris que j'avais commis une erreur mais je pensais que j'allais pouvoir m'impliquer dans la vie de l'établissement et améliorer les choses. C'est faux."
"Je songe de plus en plus à m'enfuir", explique t-elle page 78. "Je ne vois que trois issues possibles. (...) la fuite, la résignation, la mort."
La résignation ne semble pas faire partie de son tempérament. La fuite est impossible avec deux appartements à charge. Quant à la mort... Mais en tant qu'ancienne journaliste, elle s'est promis de témoigner.
Témoigner de l'omerta, du système mafieux qui plume les vieux et leur ôte toute possibilité de discuter, de protester, d'agir. Et sensibiliser les familles.
"Le nombre de places en ehpad est totalement insuffisant. Alors les familles mettent leurs proches dans ces établissements, les résidences services, en attendant d'obtenir une place ailleurs. Mais ils n'imaginent pas combien les gens y sont malheureux."
Avec ses deux "anges gardiens", juristes d'associations de consommateurs, elle démonte le système, point par point. "J'envoyais des lettres avec accusé de réception, et je mettais tout le monde en copie, les élus locaux, les conseils de quartier, le syndicat des copropriétaires... car tous devaient savoir", explique-t-elle.
Pendant des années, Christie Ravenne se débat dans l'indifférence générale. Elle ne voit pas de solutions car elle n'arrive pas à vendre ses appartements. La directrice orientant toujours les acheteurs potentiels vers la SCI principale. Son salut viendra, selon elle, d'une phrase lâchée en clôture d'un énième courrier "Si vous m'aidiez à partir, au moins vous feriez deux heureuses, vous et moi".
La semaine suivante, les deux appartements étaient vendus.
Aujourd'hui Christie Ravenne loue un deux-pièces avec un ascenseur et une douche. Elle va au marché avec son déambulateur et se réjouit de pouvoir profiter de ses petits enfants. Agée de 80 ans, elle se dit fatiguée et "impotente". "J'ai laissé beaucoup de plumes dans cette histoire mais je suis vivante. Si je me bats c'est parce que les conséquences sont dramatiques. Beaucoup en meurt.
Je voudrais que l'Etat se remue, légifère, contrôle et punisse ceux qui agissent dans l'illégalité. Même si l'activité appartient au secteur privé".
Source : agevillage.com
par cracrapo, aufeminin, 19/04/13
J'ai eu des cours de "fin de vie" par une equipe de soin palliatifs
et franchement super équipe y avait le médecin, l'inf et le psy et ils nous ont bcp parlé de leur travail et franchement le systeme est tres bien fait actuellement
ils ont bien remis le contexte, qu'il fallait voir la fin de vie du coté du patient et non pas de la famille qui veut absolument accelerer les choses pour ne plus souffrir elle meme.
La souffrance est en general du coté de la famille qui doit attendre ...la fin ...qui peut mettre 3 semaines mais tout est fait et est possible du coté médical
le médecin peut tout a faire faire tout ce qui est possible avec la loi actuelle pour la souffrance du patient, ils n'ont jamais de patient qui reclame la fin de vie, ceux qui le reclament ce sont des appels a l'aide ou des personnes sans famille pour lequel rien ne les retient, mais meme dans ces situations la il est important nous ont dit le psy et le médecin que le patient prenne le temps, la fin de vie est aussi une étape qui se prépare etc....et la famille peut elle aussi se préparer et ne prend pas la responsabilité de la fin de vie du proche, c'est bien que cela reste de la responsabilité du médecin et non pas des proches pour le deuil.
Les équipes sont en general des super equipes etc...j'etais franchement scotchée
Source : Forum aufeminin.com
Physiologie du mourir : Conscience préservée en fin de vie ? (extraits)
Dr Patrick Vinay
Service des soins palliatifs du Centre Hospitalier Universitaire de Montréal
Les témoignages directs ou indirects
Différents témoignages permettent d'aller encore plus loin. Il arrive que des patients comateux ou anesthésiés revenant à la conscience disent qu'ils étaient alors conscients mais qu'ils ne pouvaient ni répondre ni manifester leur conscience : ils racontent des conversations ou des évènements survenus durant leur coma.
Nous voyons parfois aux soins palliatifs des exemples frappants survenant chez des patients en coma de fin de vie. Considérez le cas de cette dame en coma depuis trois jours. Elle paraît tellement absente que la famille fait état qu'ils en ont assez d'attendre et nous demande devant elle d'abréger sa vie. Deux grosses larmes coulent le long du nez de la patiente 'inconsciente'. Est-ce un hasard? Et tel autre malade 'inconscient' qui s'agite mais qui se calme quand son épouse lui prend la main ou chante auprès de lui? Et ce malade dont on attend le décès d'une minute à l'autre : sa fille qui vit en Australie ne doit arriver que dans trois jours. Il l'attend. Elle vient enfin le voir et, quelques heures après, il est mort. Comment a-t-il attendu cette dernière rencontre, s'il n'avait aucune conscience?
Plus troublant encore ces histoires de patients qui font un arrêt cardiaque. Quinze secondes plus tard, il sont en silence électrique cérébral : un définition biologique de la mort. Mais des manoeuvres de ressucitation (ndlr : réanimation) sont entreprises et le rythme cardiaque reprend. Le malade se réveille. Il n'a pas vécu une interruption de conscience, pourtant il raconte des expériences parfois étonnantes, dont il se rappelle... Il pourrait donc avoir de la conscience même avec un substratum biologique minimal.
Conclusion
On ne peut pas dire que les malades en fin de vie soient absents même s'ils ne donnent pas de signe de leur conscience. La modulation de leurs réponses physiologiques à la douleur, leur réponse à l'analgésie, l'analogie avec les patients en ECM, les témoignages occasionnels de patients émergeant d'un coma, suggèrent qu'ils aient, au moins pour un temps, une conscience résiduelle d'eux-mêmes et de leur environnement, même si les observateurs ne la détectent pas.
Ceci indique qu'il est nécessaire de soigner leur douleur et de nous comporter en présence du malade comme si il ou elle nous entendait. Cette attitude est précieuse pour la famille et suscite des gestes qui influenceront autant celui qui part que ceux qui restent : on respectera ce temps de fin de vie qui appartient au malade, on lui tiendra la main, on lui parlera, on le soulagera. Ceci pose bien sûr la question de la qualité des opérations intérieures effectuées par le malade durant cette période de coma : est-ce un espace de souffrance ou un espace d'évolution intime et précieux? Que projetons-nous de notre propre souffrance sur ce patient apparemment absent et confortable?
Source : Vivre dans la dignité (document complet au format pdf)
De la revue de presse de genethique.org :
Dans son édition du 7 octobre, le Quotidien du Médecin revient sur les conditions de la mort de Vincent Humbert telle qu'elle a été vécue par l'équipe médicale du centre héliomarin de Berck-sur-Mer où était soigné le jeune homme. Ce témoignage de l'équipe nous oblige à la réflexion.
Même si la vie semble avoir repris son cours normal, l'équipe du service du Dr Pascal Rigaux est aujourd'hui en état de choc. Une cellule psychologique doit se réunir cette semaine pour les accompagner. Par ailleurs, certains patients atteints d'affections communes à celles de Vincent Humbert "redoutent une loi qui pourrait mener à leur élimination" explique le Dr Rigaux.
Revenant sur le cas de Vincent Humbert, le Dr Rigaux affirme "on a été dans l'incapacité de faire le bilan complet en raison de l'importance de ses troubles sensoriels mais il semble qu'il présentait une certaine rigidité de pensée qui l'empêchait de changer d'idée". Ainsi par rapport à son projet de mort, il semblait "emmuré" dans son choix.
A la suite du courrier envoyé par Vincent Humbert au président Jacques Chirac, celui ci a décidé de dégager les moyens financiers pour son retour à la maison et a dépêché un psychiatre de Sainte Anne pour lui proposer ainsi qu'à sa mère une assistance. Mais ceux-ci ont refusé.
Toutes les tentatives pour transformer le projet de mort de Vincent en projet de vie par l'équipe médicale ont elles aussi échoué : "Il passait toutes ses journées enfermé dans sa chambre, avec la visite, quasiment unique, tous les après midis de sa mère". La vie de Vincent Humbert peut donc se résumer ainsi : aucune sortie, pas de soulagement psychologique ou psychiatrique, pas de rapport avec les autres patients, aucun projet de vie et une "symbiose fusionnelle" avec sa mère. Sur la question de l'euthanasie, le Dr Rigaux explique "moi, je n'ai pas fait médecine et cette spécialité pour en arriver à ça".
La médiatisation croissante de cette affaire a fini par faire baisser les bras à l'équipe médicale. Le "plan média" dit-elle semblait tellement bien orchestré que les médecins ont eu "l'intime conviction" qu'un mouvement militant très expérimenté dirigeait de l'extérieur les opérations. Face à la perspective du passage à l'acte, le parquet a été saisi mais n'a pas donné suite.
C'est pourquoi au sentiment d'échec thérapeutique ressenti par l'équipe médicale s'ajoute l'impression d'avoir été manipulé et trahi. Ils ont vécu la libération de la mère de Vincent Humbert comme "un désaveu judiciaire de notre travail".
source : Le Quotidien du Médecin (Christian Delahaye) 07/10/03
Source : genethique.org
Euthanasie: un témoignage
par Isabelle Resplendino, 16.08.2011, extraits
Aujourd'hui, nous parlons de ce médecin que d'aucuns décrivent comme un héros et d'autres un criminel parce qu'il a mis fin à la vie de patients. À ce stade de l'enquête, nous ne savons pas si les patients en question étaient consentants ou pas, aussi, je me garderais bien d'émettre un jugement dans un sens ou un autre. Je vais plutôt vous raconter cette histoire personnelle que j'ai connu dans le pays où je vis, la Belgique, pays où l'euthanasie active est permise depuis quelques années, bientôt dix.
Ici, vous avez un lien qui vous explique les dispositions légales qui régissent cette disposition.
Tout ça, c'est du papier, des écrits...
Ma belle-mère était gravement malade. Cancer des intestins en phase terminale. Douleurs rebelles aux drogues, elle ne pouvait plus rien avaler depuis longtemps et mourait de sensation de faim, bien qu'elle fût sous perfusion.
Elle avait pris ses dispositions légales pour l'euthanasie. Le jour et l'heure avait été fixés, cela devait se dérouler à l'hôpital où elle était rentrée depuis quelques semaines pour ne plus jamais en sortir. Nous sommes venus ce jour-là pour notre dernière visite, son fils mon époux, sa fille et son gendre, et moi-même.
Les infirmières, les médecins... tout cela s'est passé dans les larmes, bien sûr.
Alors que j'avais toujours été pour l'euthanasie AVANT DE CONNAÎTRE, j'ai changé d'avis ce jour-là. (...)
Nul doute qu'elle n'aurait pas eu ce projet si les douleurs avaient été supportables. Je crois que la grande question réside en fait dans la solution de rendre la fin de vie supportable ou pas. Certains d'entre nous ont vécu des drames terribles, qui les ont fait tellement souffrir psychologiquement, et/ou sentimentalement et/ou physiquement qu'ils ont déjà été tentés d'en finir, qu'ils ont même essayé. Et puis le temps passe, et parfois l'on sort de l'ornière et on se dit que si on était mort on ne connaîtrait pas notre bonheur actuel, et qu'on aurait fait du mal pour rien à ceux qui nous aiment.
Car la mort, voyez-vous, est irrémédiable, et si l'on doit tous mourir un jour, à partir du moment où l'on est conçu, quand ce n'est pas l'heure, ce n'est pas l'heure. Je comprends que des douleurs insupportables, morales et/ou physiques nous fassent l'avancer. Quand l'issue fatale est de toute façon à très brève échéance, on n'ampute pas grand-chose ; mais l'euthanasie active peut être pour d'autres cas, comme dans la loi belge où le seul fait d'être atteint d'une maladie incurable, sans même être mortelle, est suffisant. Sachons bien ce que l'on fait avant de légiférer.
Oui, sachons bien ce que l'on fait. Car, voyez-vous, en Belgique, les factures d'hôpitaux sont très détaillées. Chaque acte y est consigné. Cela devrait se faire aussi en France, cette proposition revient régulièrement sur le tapis. Alors, le jour où vous aurez assisté, dans les deux sens du terme, à la mort de votre parent, de votre conjoint, de votre enfant, et que, quelques mois plus tard, vous recevez la facture détaillée de l'hôpital :
- Honoraires de l'infirmière X de telle heure à telle heure : tant
- Honoraires de l'infirmière Y de telle heure à telle heure : tant
- Honoraires du médecin X de telle heure à telle heure : tant
- Honoraire du médecin Y de telle heure à telle heure : tant
- Bassines : tant
- Alèses : tant
- 4 seringues : tant
- 4 aiguilles : tant
- Penthotal : tant
- Etc.
Même pas un « kit euthanasie » comme chez le véto. Non, tout est détaillé.
Oui, quelques mois plus tard, quand justement vous commenciez à respirer à nouveau sans être pris chaque minute dans le carcan de ce fardeau d'avoir assisté et été complice de la mort de votre être cher, là c'est à cette période-là que vous recevez cette putain de facture détaillée qui est comme une immense gifle dans votre gueule. Et que vous replongez encore dans cette culpabilité avec laquelle vous serez somme toute obligé de vivre tout le long de votre restant de vie.
D'Isabelle, en réponse à un commentaire :
(...) Jamais ma belle-mère n'aurait voulu abréger sa vie si celle-ci avait été supportable, et c'est bien là le noeud de l'affaire.
Il faut surtout savoir que les euthanasies dites "sauvages" ont augmenté en fortes proportions dans les pays où elle est devenue légale. Le protocole ne pouvant pas toujours être respecté, le fait que l'euthanasie soit légale annihile la culpabilité morale du soignant et/ou du proche qui va passer à l'acte sans respecter le protocole : et c'est la porte ouverte à tous les abus. Pourtant le protocole est prévu pour les éviter.
Ce paradoxe est à prendre en compte. L'euthanasie est depuis longtemps pratiquée sur les animaux. Des gens qui partent en vacances abandonnent leur chien, leur chat, leur grand-mère, leurs vieux parents, leurs enfants, leur conjoint. Oui, j'ai vu des parents d'enfant autiste "oublier" leur gamin à l'hôpital après une opération d'appendicite. C'est évidemment aussi dû à la part de non-prise en charge par l'état, et ceci est un combat.
Tous les vétérinaires vous le diront : combien d'animaux âgés ont-ils dû euthanasier avant un départ en vacances à la demande du propriétaire, alors que cet animal ne souffrait pas, et aurait pu encore eu avoir de beaux jours ? Vous me trouvez immorale de comparer ces situations ? Certains ne s'encombrent pas tant de scrupules : ils ne sont pas comme vous tous qui commentez ici.
A ce stade de l'enquête sur le médecin, il apparaît que les personnes euthanasiées n'avaient pas demandé que l'on mette fin à leur vie. Les familles n'ont pas porté plainte. Et les morts ? Que voulaient-ils ?
Si on légifère et qu'on rend possible l'euthanasie, nous aurons des morts de trop, par cette "libération morale". Cependant, j'entends bien les réflexions des personnes qui souffrent trop, et de leur entourage aimant. Nous avons le non-acharnement thérapeutique. Il faut encore évoluer pour la recherche sur la douleur, et le confort. Mais si nous mettons la charrue avant les boeufs, nous aurons des abus. Et l'on ne pourra plus revenir en arrière car cette loi qui sera votée ne pourra plus être l'objet d'un retour. Ce sont des sujets de société où l'on ne peut pratiquement plus revenir dessus si l'on a légiféré.
Et la recherche sur la douleur descendra dans l'échelle des priorités, puisqu'on aura, toute prête, la réponse pour la faire cesser. Et donc, on euthanasiera encore plus : ce sera un cercle vicieux. Sans parler des autres douleurs qui pourraient bénéficier de cette recherche. Décider d'en finir, c'est une décision personnelle, même si certains n'ont plus la condition physique pour le faire eux-mêmes. Certains soignants prennent aussi le risque de l'overdose en tentant de soulager la douleur, ce qui a une autre justification.
Source : Blog d'Isabelle Resplendino
par Marine Lamoureux, La Croix, 19/03/3013 (extraits)
A la Croix-Saint-Simon, les patients sont accompagnés chez eux
Grâce à « l'hospitalisation à domicile » (HAD), des personnes malades en fin de vie peuvent rester chez elles jusqu'au bout, entourées de leurs proches et de professionnels. Les soignants en HAD apprécient de pouvoir passer du temps auprès des malades.
Il est 10 heures, Hélène Bescher gare sa voiture devant un petit pavillon de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Ce matin, la jeune infirmière se rend chez un homme de 63 ans atteint d'une tumeur au cerveau qui, désormais en phase palliative, a quitté l'hôpital pour vivre chez lui auprès de son épouse. Hélène s'enquiert de son état, puis se penche doucement au-dessus du malade, endormi dans le lit médicalisé installé dans le salon, entre une grande fenêtre et le piano. Ici, on est loin des rythmes imposés par l'hôpital ou de celui des infirmières libérales, payées à l'acte.
Prendre le temps de soigner et d'écouter
« En libéral, les infirmiers voient en moyenne 30 à 40 patients par jour, certains n'enlèvent même pas leur casque de moto pour effectuer le soin ! Nous, c'est six à sept malades maximum dans la journée, explique Hélène. Certains gestes techniques nous prennent beaucoup de temps, comme les pansements complexes par exemple, d'autres moins. Mais, même dans ces cas-là, on reste un bon moment au domicile pour échanger avec le patient et ses proches, les écouter. Cela fait aussi partie de notre travail. »
Ce temps passé et l'impression d'exercer vraiment le métier de soignant ont convaincu la jeune femme de travailler en HAD, l'hospitalisation à domicile. Depuis quelques mois, après une longue expérience en réanimation, Hélène Bescher a donc rejoint l'HAD Croix-Saint-Simon, l'une des plus importantes d'Île-de-France, avec près de 250 patients suivis à domicile ou en Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes).
Cette prise en charge est une alternative à l'hospitalisation traditionnelle pour des patients de tous âges atteints de pathologies graves, y compris en fin de vie. « Nous suivons beaucoup de personnes atteintes de cancer, qui peuvent ainsi, même en phase avancée, vivre dans leur environnement aux côtés de leurs proches », souligne la jeune femme.
Une prise en charge globale
L'équipe à laquelle elle appartient s'occupe d'une quarantaine de patients dans l'est de Paris et la Seine-Saint-Denis. Elle est composée de 10 infirmières, quatre aides-soignantes, un médecin coordinateur, une psychologue et une assistance sociale. La prise en charge, en étroite collaboration avec le médecin traitant et le médecin hospitalier, est globale : outre les soins proprement dits, l'HAD comporte un volet social et psychologique.
« C'est un véritable défi, il faut déployer une énorme énergie mais c'est aussi tout l'attrait du métier, fait observer Nadine Rosenfeld, cadre de santé de l'HAD Croix-Saint-Simon. C'est gratifiant, car nous sommes au plus près des besoins du malade. »
Lors de la réunion d'équipe, ce jour-là, elle s'inquiète du risque de fuite de gaz chez une patiente de 93 ans, qui oublie parfois de le fermer lorsqu'elle cuisine. « Il faut convaincre sa fille de lui installer une cuisinière électrique », lance le cadre de santé. « Le problème, objecte une infirmière, c'est qu'elle minimise et qu'elle ne veut pas qu'on intervienne là-dessus. » « Je vais voir cela avec le bailleur social », tranche Colette, l'assistante sociale. « Dans ce genre de cas, il faut intervenir, car le danger est réel, mais sans heurter la patiente dans son intimité, décrypte Nadine Rosenfeld. L'équilibre n'est pas toujours simple à trouver. »
Se préoccuper des « aidants »
De fait, à domicile, la dimension psychologique, la personnalité du patient, les relations familiales sont, plus encore qu'à l'hôpital, des données incontournables. Comment parler de soins palliatifs à quelqu'un qui se trouve dans le déni de la gravité de sa maladie ? Comment respecter la volonté du patient lorsque ses choix semblent déraisonnables du point de vue médical ? Ou bien lorsque l'aidant est sur le point de « craquer » ? Au cours de la réunion, l'équipe évoque régulièrement la situation des proches. (...)
« On est ensemble, c'est ce qui compte »
À Rosny-sous-Bois, l'épouse du malade atteint d'une tumeur au cerveau fait face pour le moment. Cette femme douce et cordiale a dû suspendre son activité professionnelle pour être auprès de son mari, mais elle se dit avant tout soulagée qu'il ait pu rentrer à la maison. « Il y a des moments difficiles mais on est ensemble, c'est ce qui compte, confie-t-elle. Nous partageons beaucoup de choses, nous écoutons de la musique, nous discutons un peu lorsqu'il n'est pas trop fatigué et je lui fais des massages. Nos deux filles viennent aussi nous rendre visite. »
Grâce à l'HAD, Monique se sent entourée et dans un cadre sécurisant. « Je suis très reconnaissante vis-à-vis du personnel. C'est l'HAD qui a tout organisé, loué le matériel médical, mis en place un planning de visite et de surveillance. Je sais aussi que, si mon mari souffre ou s'il y a une urgence, je peux appeler le service 24 heures sur 24, c'est très rassurant », insiste-t-elle, en désignant un classeur bleu sur lequel le numéro est inscrit en gros.
Avant la maladie de son mari, elle ignorait jusqu'à l'existence de l'HAD. Elle avait même commencé à organiser seule la prise en charge en libéral, dans la perspective de son retour à domicile. « Mais je me sentais assez démunie, se souvient-elle. Quel matériel fallait-il ? Comment allais-je le financer ? Comment gérer seule certaines situations délicates ? » L'intervention de la fondation Œuvre de la Croix-Saint-Simon fut « d'un grand soutien », explique-t-elle en posant son regard bleu sur le corps frêle de son mari, recouvert d'une grosse couette.
« Changer les habitudes et les mentalités »
De nombreux freins demeurent, cependant. « La marge de progression est très grande mais cela implique de changer les habitudes et les mentalités, analyse Nadine Rosenfeld, le cadre de santé de l'HAD. C'est aussi à nous de nous faire mieux connaître des services hospitaliers, pour qu'ils pensent à orienter leurs patients vers nous. » Un enjeu de taille puisque, d'après une étude de l'Ifop, en 2010, 81 % des Français souhaiteraient « passer leurs derniers instants chez eux » (Enquête Ifop réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 1 500 personnes du 26 juillet au 4 août 2010, via un questionnaire auto-administré en ligne).
Source : La Croix
A la place de l'euthanasie : la compassion.
Benoît XVI au service pédiatrique de Gemelli
Cette caresse du pape Benoît XVI à l'un des petits patients de la polyclinique Gemelli
"Tu seras bénie (benedetta) pour toujours."
Paroles murmurées par le Pape, tandis qu'avec tendresse, il effleure le visage défiguré de Benedetta, une année de vie, entièrement vécue sur son petit lit d'hôpital.
Les prélats qui l'accompagnent lors de la visite à Gemelli, se penchent sur le berceau: regards hébétés, pleins de compassion. Et l'une des personnes de la suite murmure, émue: "C'est le visage du Christ souffrant."
Le secrétaire du pape s'attarde devant le berceau.
Il continue à caresser les petites mains inertes tout en répétant: " Tu es belle, Benedetta, tu es belle" et ne parvient pas à s'en détacher.
Chambre 22, service de pédiatrie, au cinquième étage de la polyclinique Gemelli de Rome. Ici s'est écrite la page peut-être la plus belle de ces jours de Noël.
C'est la veille de l'Epiphanie du Seigneur et Benoît XVI a décidé de tenir un peu compagnie aux enfants hospitalisés à l'hôpital de Rome. L'occasion est la bénédiction du nouveau centre pour le traitement et les soins des enfants atteints de spina bifida. Le pape est arrivé peu après 17 heures et est monté directement au cinquième étage, service pédiatrie. Il apporte un petit cadeau pour chacun des patients. Il entre chambre après chambre.
Il commence par Suami, une petite fille péruvienne. Il lui donne un ours en peluche: il est plus grand qu'elle, mais Suami le sert contre elle. Elle est heureuse.
Pour Andrea, un petit philippin, et pour Paolo, il y a un petit train et un téléphone parlant.
Eduardo pleure à chaudes larmes. Le pape le regarde, un peu interdit, il ne sait que faire: se rapprocher? le caresser pour essayer de le calmer? Puis il lui met entre les mains la marionnette colorée de Topo Gigio. Eduardo cesse de pleurer et le pape l'embrasse.
Dans la chambre de Samuele c'est sa maman Chiara qui l'accueille: Samuele est attaché à une machine et est immobile sur le petit lit. "Merci beaucoup, Père", l'accueille Chiara. Elle n'est pas familière avec la hiérarchie, mais elle sait reconnaître un geste d'affection pour elle et son petit. Elle accepte la caresse du Pape comme celle d'un père.
Evelina a entrepris de s'occuper de l'énorme lapin en peluche que le pape vient de déposer dans ses mains; elle est visiblement heureuse. "Imagine, maman - dit-elle en la regardant droit dans les yeux - je pourrais dire à mes amies à l'école que j'ai embrassé le pape"
Et Benoît XVI entre dans la chambre numéro 22.
Il y a Benedetta. Elle est née il y a un an avec une très grave malformation cérébrale.
Les parents, en la voyant naître si défigurée l'ont abandonnée. Et ils se sont enfuis de l'hôpital.
Les infirmières du département ont accueilli Benedetta, elles lui ont donné ce nom. Elles prennent soin d'elle, comme si elle était la fille de chacune. Elles l'entourent d'amour. "C'est un miracle qu'elle soit toujours vivante", dit Claudia, mais ce pourrait être Santina, Maria ou ou n'importe laquelle des nombreuses autres mères de Benedetta.
Le pape s'est ému en écoutant l'histoire de Benedetta. Il l'a caressé longuement, tendrement. Il a marqué une croix sur son front, puis il a murmuré: "Tu seras toujours bénie"
La visite se poursuit. Les yeux du pape restent voilés de tristesse. Ils se rallument au moment où il est entouré par d'autres enfants, dans la salle de la polyclinique où est prévu le discours. Il échange à nouveau des cadeaux avec eux: friandises et peluches en échange de trois statues des Rois Mages et de nombreux dessins que le Pape témoigne apprécier d'une manière particulière.
Puis Francesca, 15 ans, atteinte de spina-bifida, le salue et l'embrasse pour tout le monde.
Elle lui confie tous leurs espoirs. Ils viennent d'apprendre que la myrrhe représente la souffrance. "Voici notre myrrhe - dit-elle au Pape - nous la mettons entre tes mains, Saint-Père, afin que tu la portes à Jésus. Nous prierons pour toi. Pour ta santé et pour que nos prières t'aident à soutenir le poids des grands problèmes auxquels tu es confronté chaque jour. "
Et puis le départ. Comme quand ils l'ont accueilli, le Pape est salué par le cardinal vicaire (pour le diocèse de Rome) Vallini, l'évêque délégué pour l'assistance religieuse dans les hôpitaux du diocèse, Mgr Brambilla, le recteur Ornaghi et tout le personnel.
Benoît XVI rentre au Vatican avec les membres de la suite qui l'accompagnait, parmi lesquels le sous-secrétaire d'Etat Mgr Filoni, le préfet de la Maison pontificale, Mgr Harvey, son secrétaire Mgr Gänswein, son médecin personnel le Docteur Polisca et le directeur de notre journal Gian Maria Vian.
(Mario Ponzi, L'Osservatore Romano - 7-8 Janvier 2011, traduction benoit-et-moi)
Source : benoit-et-moi.fr
Trouvé dans notre courrier le 11 février 2013 :
« Ma fille et mon gendre commentent l'actualité, qu'est-ce que vous voulez ! C'est normal. Mais pourquoi parle-t-ils autant de l'euthanasie ? Du coût de notre vie à nous et la chèreté de leur vie à eux. Du coup, j'ai rendu en cachette mes vitamines à la pharmacie. Et aussi tout ce que je prends pour mes arthroses. Puis j'ai rajouté le prix à leurs étrennes. Je supprime le beurre et l'huile de foie de morue que j'ai dû prendre pour mes os.
Pourquoi prendre tant de précautions pour ne pas tomber malade ? De toute façon, s'il y a un problème, il n'y a qu'à « sortir ». On m'a parlé de ces « directives anticipées ». comme quoi, si j'ai besoin de soins trop coûteux, ou même simplement coûteux, bref un peu coûteux, voire de soins tout court (c'est plus simple à formuler), je peux toujours demander ce fameux cocktail, vous savez, celui qui vous fait mourir. En douceur, paraît-il. Je ne sais pas si c'est vraiment si doux. Mais bon, je n'ai pas le choix.
Evidemment, si j'avais le choix, j'irais plutôt dans un endroit où on en finirait plus vite qu'avec cette fameuse « sédation terminale ». Ça a l'air terrible. Vu ce qu'ils utilisent dedans. Un psy de mes amis (aujourd'hui mort de sa belle mort), m'a dit qu'en fait ces psychotropes, ça n'empêche pas les angoisses (au contraire, ça en donne souvent) et même que ça peut donner des délires et des choses terrifiantes à vivre. Des terreurs qui vont en augmentant jusqu'à la mort, et on meurt dans des visions d'horreur. Mais ces drogues empêchent qu'on les exprime. En fait, c'est pour ne pas faire de peine à nos petits chéris d'enfants, en finir plus vite pour qu'ils n'aient pas besoin de nous visiter. Vous comprenez, si on ne peut plus exprimer nos angoisses, ils n'y aura plus besoin qu'ils en parlent avec nous. Evidemment, nous, on reste enfermés dedans. Jusqu'à la mort. Puis ce sera leur tour. Parce que tous les hommes (et femmes) vieillissent.
Maintenant, j'ai peur. Je ne veux plus voir de médecin ni d'infirmière. Je préfèrerais encore m'enfermer à clé chez moi, vous comprenez. Mais ma fille et mon gendre ne le laisseraient pas. Ils prennent soin de moi. A leur façon.
En y réfléchissant - parce qu'évidemment les journaux en parlent de plus en plus, de ce que nous coûtons à la société - j'aimerais bien mieux qu'on m'achève avec une balle en plein cœur. Avec un silencieux, pour pas faire peur aux autres. Le coup de grâce. Il n'y aurait pas besoin que ce soit des médecins. Des gens compatissants formés tout exprès, ça suffirait. Au moins là on n'aurait ni angoisse ni souffrance, vous comprenez. Puis ça irait plus vite aussi. Une balle, on n'a pas le temps de s'en apercevoir.
Mais cauchemarder, devenir fou de soif (il paraît qu'on nous coupe l'hydratation pendant cette « sédation terminale ») c'est terrible. On ne ferait pas ça à des animaux. La SPA protesterait. L'homme n'est vraiment cruel qu'avec l'homme.
Savoir qu'on me met un truc dans la perfusion, et que je vais agoniser pendant des jours et des jours !
J'ai peur. Peur d'aller à l'hôpital, même pour une broutille, parce que, vous comprenez, maintenant je me méfie de l'infirmière qui arrive avec sa seringue, on ne sait jamais ce qu'ils peuvent mettre dedans de nos jours.
S'il vous plaît.... achevez-moi d'une balle en plein cœur !
Le coup de grâce !
De grâce !
Faites-nous grâce !»
La grand-mère fut euthanasiée par sédation terminale.
Sa fille a trouvé ce texte dans son journal. Sous forme de lettre, jamais envoyée.
Elle en est devenue folle. Un an après, elle s'est suicidée. En se jetant dans le vide.
Elle n'a laissé qu'une phrase sur un papier : « Que ça aille plus vite pour moi que pour maman. »
par M. Herman WOUTERS, Éducateur à la Fondation M.M.Delacroix, 04/03/2013 (extraits)
J'ai été introduit au service pour les personnes atteintes d'un profond handicap mental il y a 32 ans et j'y travaille toujours en tant qu'orthopédagogue.
Cette première visite suscita chez moi un grand étonnement.(...)
En effet, à l'université j'avais appris que les handicaps mentaux profonds provoquaient souvent une vie végétative, un état comparable à des plantes... Mais au contraire, j'ai remarqué lors de la visite dans les différents départements que ces personnes n'étaient absolument pas des plantes ! Tous les malades réagissaient en fait d'une manière ou d'une autre à mon contact. Jean est une personne que je connais atteinte du handicap mental le plus profond. Il est aveugle et sourd. Il a une déformation de la tête. Il ne peut pas s'asseoir et il est donc couché sur un lit médicalisé. Mais il apprécie le contact physique. A chaque contact, un sourire radieux se dessine sur son visage. Il apprécie aussi les massages et les bains quotidiens. Il a un développement intellectuel équivalent d'un enfant de 1 à 2 mois. Il vit uniquement au moment présent : chaque geste affectif le fait sourire de bonheur. Il vit ainsi depuis 50 ans dans une unité de soins entouré d'excellentes aides soignantes qui s'occupent de lui à merveille.
Il y a quelque temps il s'est cassé la jambe et devait du coup rester plusieurs semaines dans son lit sans pouvoir s'installer dans son lit médicalisé. En même temps se déroulait une activité musicale dans la grande salle du service, à quelques centaines de mètres de son lieu d'accueil. J'avais promis d'aider à transporter les habitants en chaises roulantes. En arrivant chez Jean j'hésitais. Devait-il être transporté à travers tout le domaine dans son lit à roulettes vers la salle où se déroulait la représentation musicale ? Cet effort en valait-il la peine : il était sourd de toute façon ! En exprimant mon hésitation à l'aide soignante, elle réagit indignée : « Evidemment que Jean va venir, pourquoi ne pourrait-il pas ! » Je commençai donc à rouler le lit et Jean se mit immédiatement à sourire. Son sourire se fit encore plus large lorsqu'on roula sur l'asphalte. Jean appréciait les tremblements que le transport provoquaient à son lit. Nous – des personnes normales et « en bonne santé » - devons nous entrainer pendant des semaines dans des Mindfullness pour apprendre à réapprécier le moment présent....Pour Jean c'est « naturel ».
Jean survivrait-il à la nouvelle loi s'il naissait aujourd'hui ? Il serait probablement considéré comme un personne vivant une vie végétative et sa condition de vie serait perçue comme étant sans intérêt. Et un argument supplémentaire serait probablement le fait qu'il aura besoin de soins à vie.
Ce serait pourtant si dommage qu'il n'y ait plus de place pour lui alors que le fait même de s'occuper d'autrui est une nécessité sociale pour l'homme et une source de tant de bonheur !
Source : Euthanasie STOP
Témoignage rapporté par le Docteur Elisabeth Kübler-Ross
"Bobby est un jeune enfant américain suivi depuis des années dans un service de pédiatrie pour un cancer ORL. Toute l'équipe le connaît bien. La maladie de l'enfant s'aggrave progressivement.
Un temps arrive où Bobby n'arrive plus à parler car le cancer a envahi sa gorge. Bobby a une ardoise et une craie, et il s'exprime à travers des dessins.
Un jour, tandis que la maladie a beaucoup évolué, il fait le dessin suivant : Un bonhomme séparé d'un tank par un panneau stop.
L'équipe comprend que le tank représente sa maladie et sa mort. Elle comprend que Bobby en a peur. Que faire et que lui dire ?
L'équipe se réunit pour réfléchir.
Quelqu'un dit : « On pourrait effacer le tank. »
Le médecin : « On ne peut pas effacer le tank puisque la maladie est réellement là et qu'on ne sait pas la guérir. »
L'infirmière, qui est la plus proche de l'enfant et qui est un peu comme sa seconde maman, dit à son tour : « Effaçons le bonhomme. Car si on le supprime, il n'aura plus peur. C'est un service à lui rendre. »
Le médecin répond : « Ce n'est pas possible. Nous ne pouvons pas faire cela. »
Quelqu'un dit encore : « Il reste le panneau stop que l'on peut effacer. »
Le médecin : « On ne peut pas effacer justement ce qui le protège actuellement de sa peur. »
Finalement, le médecin entre dans la chambre de l'enfant et s'assoit un moment près de lui. Puis il prend la craie et trace un deuxième bonhomme à côté du premier pour lui signifier qu'il n'est pas seul. L'enfant sourit.
Le lendemain, Bobby fait un autre dessin : c'est un oiseau qui vole dans le ciel.
Et peu après, l'enfant meurt paisiblement de sa mort naturelle."
Source :
Elisabeth Kübler-Ross France (fr)
Elisabeth Kübler-Ross Foundation (en)
Arbeitsgemeinschaft Elisabeth Kübler-Ross (de)
Une très belle entrevue du Dr Patrick Vinay, sur la fin de la vie, dans la revue Notre-Dame du Cap de novembre 2012, dont voici un extrait :
(Le Dr Patrick Vinay, chercheur et médecin spécialiste des soins palliatifs)
"Les gens ne réalisent pas que la fin de la vie est une période très précieuse pour les humains. Voilà un moment où nos convictions, nos priorités se mettent à changer. C'est comme si notre vie était dans un grand tamis. Toutes nos priorités et nos occupations sont cordées les unes sur les autres. Il y en a tellement que cela ne peut plus bouger. Nos petites priorités empêchent le mouvement des plus grandes. Le tamis est fortement secoué lorsque la maladie grave fait son apparition. Les petites priorités comme refaire la cuisine ou réaménager le chalet, tombent. Qu'est-ce qui reste dans le tamis? Il reste des choses qui ont un nom propre. Il reste les interactions que nous avons avec nos proches. On pense tout à coup à son frère à qui on n'a pas parlé depuis quelques années. On se souvient qu'il faudrait dire quelque chose à son ex-conjoint. Nous consacrons le temps de la fin de la vie à se concentrer sur les choses essentielles. Il y a un désir profond de rencontrer les gens autrement. C'est un moment très précieux. La vie d'une personne ressemble à un arbre. Il n'y a presque plus de feuilles. Il ne reste que l'essentiel mais la personne a encore beaucoup de choses à dire. Il est temps pour elle de se dépouiller afin que les autres puissent la voir autrement. La fin de la vie a toujours été un morceau essentiel de la vie.
La fin de la vie est aussi une expérience collective. En ce sens elle ressemble au début de la vie. Vous ne verrez jamais un bébé tout seul. Il ne pourrait pas survivre sans son entourage. C'est une mini-société qui a permis ce que nous sommes devenus. Il en est de même à la fin de la vie. Nous avons besoin d'un micro environnement afin d'aider la personne malade à se comprendre. Nous avons besoin d'être entourés.
Nous devons accepter que la fin de la vie fasse partie de notre vie et que ce n'est pas une période qu'il faut couper. Les questions suivantes sont importantes : comment meurt-on? De quoi meurt-on? Quand meurt-on? Nous ne sommes pas là pour prendre des décisions pour l'autre même lorsqu'il est dans le coma. Cette personne est encore présente à l'intérieur d'elle-même. Ce temps lui appartient. Nous devons la rendre confortable dans cet état. C'est elle qui va décider du moment où elle va partir. Je vois souvent des personnes dans le coma qui ne meurent pas. Tout à coup sa fille qui réside en Australie vient la voir. Elle n'a rien dit à sa fille mais sa fille a pu lui dire quelque chose. Il y a eu un contact. Et puis, quelques heures plus tard, la mère meurt. La mère a attendu sa fille. Il y a eu une délicatesse de la part de la mère."
Source : Campagne Québec-Vie
Par Arnaud BÉLIER, 07/10/2016
Nuque brisée, cerveau endommagé : Sam Hemming, étudiante britannique de 22 ans, victime cet été d’un terrible accident de la circulation, a été plongée dans le coma. Les médecins s’apprêtaient à la « débrancher » des machines qui la maintenaient en vie, quand, soudain, la jeune femme a bougé un doigt de pied… Aujourd’hui, elle reparle et marche à nouveau.
À 22 ans, elle se déplace avec un déambulateur. Ses longs cheveux bruns n’ont pas encore complètement repoussé. Mais elle affiche un large sourire. Sam Hemming savoure chaque instant de sa nouvelle vie. La première s’est achevée le 20 juillet sur la M6, la plus longue des autoroutes britanniques, qui longe Birmingham et Manchester jusqu’à la frontière écossaise.
Ce jour-là, l’étudiante en droit, fraîchement diplômée de l’université de Bangor, aux Pays de Galles, est en voiture avec son petit ami Tom Curtis. Elle retourne chez ses parents à Hereford, quand la voiture fait un tonneau. Sa tête heurte la vitre, lui arrachant l’oreille gauche et lui brisant quatre vertèbres cervicales. Des morceaux de métal sont enfoncés dans son bras fracturé à trois endroits. Tom, lui, est indemne. Transportée par hélicoptère à l’hôpital de Conventry, Sam est opérée durant six heures. Les chirurgiens décident de la placer en coma artificiel.
19 jours dans le coma
Dix-neuf jours et trois opérations plus tard, elle n’a toujours pas repris reconnaissance. Les chirurgiens annoncent alors aux parents, dévastés, qu’il n’y a plus rien à faire : le cerveau est endommagé, l’hémisphère gauche ne s’en remettra pas.
« Nous étions dans sa chambre en train de dire adieu à notre fille quand les médecins ont éteint le respirateur artificiel, j’ai crié, raconte au Daily Mail Carol, la mère de la jeune femme. C’est alors que Sam a bougé son gros orteil ! Les médecins ont immédiatement rallumé la machine… »
Quelques jours plus tard, l’étudiante subit une trachéotomie. Les médecins éteignent de nouveau le respirateur. Pari gagné : Sam Hemming respire par elle-même ! Huit jours plus tard, elle est jugée suffisamment en état pour rentrer chez elle à Hereford auprès de sa mère Carole et de son père Jason. Mieux : bien que la partie gauche de son cerveau soit irrémédiablement endommagée, elle est capable de marcher et elle reparle ! Ce qui ne laisse pas d’étonner les neurochirurgiens, l’hémisphère droit n’ayant en théorie pas accès à la parole.
« Elle est littéralement revenue de la mort. Si elle n’avait pas bougé son orteil, elle ne serait pas là aujourd’hui », tremble Carol Hemming. Sam suit aujourd’hui une thérapie, les neurochirurgiens tentant d’aider son cerveau croupion à développer ses fonctionnalités, qui semblent inépuisables. « Quand je regarde des photos de moi dans le coma, cela me semble irréel. Avant mon accident, je voulais être notaire. Mon ambition n’a pas changé, je veux toujours bosser dans le domaine juridique », affirme la jeune femme avec un sourire éclatant.
Source : ouest-france.fr
© 2025 Site de Christophore