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Lettre pastorale aux catholiques du Québec proposant un parcours de réflexion sur les soins de fin de vie à la lumière de la Parole de Dieu

par Assemblée des évêques catholiques du Québec, décembre 2015

« L'Assemblée des évêques catholiques du Québec est  intervenue  à maintes reprises, au cours du débat  entourant  le  projet  de  loi  52  sur  l'aide
médicale  à  mourir, pour redire  sa  conviction  profonde  —  qui  est  celle de l'Église  — que la vie humaine doit être protégée et respectée jusqu'à
sa fin  naturelle.  Comme  l'écrivait notre  regretté  président, Mgr Pierre-André  Fournier,  le  6  juin  dernier  au  lendemain  de  l'adoption  de  la
loi 52,  “l'euthanasie,  même  légalisée,  est  tout  à  fait  contraire  à  la  dignité de la vie et de la personne”. » — Extrait de la déclaration du 6 février 2015 1 de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec

Pour de nombreux catholiques de chez nous,  comme pour bien d'autres Québécois et  Québécoises de  toutes croyances et  convictions,  le  débat  des dernières années sur les soins à  donner  aux personnes qui  sont en phase  terminale  et  sur les conditions nécessaires pour  «  mourir  dans  la dignité »  a  été  l'occasion  d'une  profonde réflexion et d'un douloureux questionnement.

D'une part,  beaucoup partagent avec l'Église  la conviction que la  vie humaine doit  être  protégée  et  respectée  jusqu'à  sa  fin  naturelle  sans  intervention,  médicale  ou autre,  pour  provoquer directement  la  mort:  l'euthanasie,  même  sous  l'appellation d'« aide médicale à  mourir »,  ne doit pas être considérée comme une  option. Mais d'autre   part,   on   reste   toujours   bouleversé   par  les  souffrances  physiques  et
psychologiques  de  personnes  qui  vivent  une  longue  et  difficile  agonie  et  qui,  si elles n'ont pas accès à de véritables soins palliatifs,  demandent parfois qu'on mette fin à leur vie.

1. Témoigner de notre espérance

Ce  débat a fait  surgir des questions fondamentales qui sont  parmi les plus délicates et  les plus difficiles.
Qu'est-ce  que  la  compassion  ?  Qu'est-ce vraiment  que  la dignité  ?  Qu'est-ce,  en vérité,  que  vivre  et mourir  dans la  dignité  ? Comment apporter  soutien  et  réconfort  aux  grands  malades  incurables  le  plus  humainement
possible ? Comment  accompagner avec  empathie ceux et celles qui vont mourir ?
Comment se préparer soi-même aux dernières étapes de cette vie et à la mort ?

Sur  ces  enjeux,  bon  nombre  des  opinions,  des  idées  et  des  propositions  qui circulent maintenant  dans notre milieu ne font  référence  ni  à Dieu,  ni  à l'Évangile de  Jésus-Christ,  ni  à  la  foi  de  l'Église.  Pour  nous,  catholiques  du  Québec,  les
occasions d'affirmer notre  foi  et  de  promouvoir  nos  convictions  vont  donc  se multiplier dans une société  dont les valeurs dominantes sont parfois différentes de celles que nous chérissons.

Dans  ce  contexte,  les  paroles  de  l'apôtre  saint  Pierre,  dans  sa  première  lettre, paraissent d'une grande actualité:
« Soyez  prêts  à  tout  moment  à  présenter  une  défense  devant  quiconque vous  demande  de  rendre  raison  de  l'espérance  qui  est  en  vous;  mais faites-le avec douceur et respect 2. »

C'est  dans cette  perspective  que  les évêques du Québec  interviennent  de  nouveau aujourd'hui:  d'une  part,  pour  faire  le  point  après  l'adoption  de  la Loi  concernant les soins de fin de vie (la « loi  52 ») et,  d'autre part,  pour proposer un  parcours de réflexion sur ces soins à la lumière de la Parole de Dieu.

Certes,  il  se  trouve  bien  des  personnes,  même  parmi  les  catholiques,  qui  ont accueilli   favorablement   le   projet   de   loi   et   ont   applaudi   son   adoption   par l'Assemblée   nationale.  Puissions-nous  cheminer  ensemble   en   toute   sérénité, malgré les divergences d'opinion,  à l'écoute de la Parole de Dieu et de l'expression des convictions portées par l'Église universelle 3.

2. La nouvelle situation légale au Québec

Au terme d'un long processus de  consultation publique et après un débat  sous des gouvernements  successifs  formés  par  deux  partis  politiques  différents,  la Loi concernant les soins de fin de vie a été adoptée par l'Assemblée nationale le 5 juin 2014 4 par  un  vote  de  quatre-vingt-quatorze  voix  contre  vingt-deux.   C'était  une  très  nette  majorité,  mais  non  pas  le  consensus  annoncé  par  les  promoteurs  du projet de loi. De  fait,  le  conseil des ministres lui-même  était profondément  divisé sur la question puisque onze des vingt-sept ministres ont voté contre 5.

La  nouvelle  loi  englobe  sous  l'appellation de  «  soins de  fin de  vie  » à  la  fois les soins palliatifs et l'« aide médicale à mourir »
qu'elle définit de la façon suivante 6 :
- les soins palliatifs sont, selon les termes de cette loi, ...
« les soins  actifs  et  globaux  dispensés  par  une  équipe  interdisciplinaire aux  personnes atteintes d'une  maladie  avec  pronostic  réservé,
dans le but de soulager leurs souffrances, sans hâter ni  retarder la mort, de  les aider à  conserver la  meilleure  qualité  de  vie  possible  et  d'offrir à  ces personnes et à leurs proches le soutien nécessaire; »
 - et l'«aide médicale à mourir» consiste, toujours d'après cette loi, en ...
« un soin consistant en l'administration de  médicaments ou de substances par un  médecin à  une  personne en fin de  vie, à la demande  de  celle-ci,
dans le but de soulager ses souffrances en entraînant son décès. »

La  différence  entre  les  deux  pratiques  saute  aux  yeux.  Les  soins  palliatifs  sont vraiment, comme leur nom l'indique,  des soins;  ils sont dispensés «dans le but de soulager  les  souffrances,  sans  hâter  ni  retarder  la  mort».  L'«aide  médicale  à mourir», c'est le contraire: elle consiste à renoncer aux soins palliatifs,  à cesser en fait tout soin au malade et à provoquer directement et délibérément sa mort.

Cette  «aide  médicale  à  mourir » que  le  médecin  pourra  pratiquer,  à  la  demande d'une  personne qui est en fin de  vie,  correspond de  fait à  la définition courante de l'euthanasie:
« Euthanasie: usage  de  procédés qui permettent d'anticiper ou  de  provoquer la mort, pour abréger l'agonie d'un malade incurable, ou lui épargner des souffrances extrêmes 7. »

En termes clairs,  donc : la Loi  concernant les soins de  fin de  vie permet  à  une personne  qui  est  en  phase  terminale de  demander et  d'obtenir  d'être  euthanasiée  par un médecin.

L'Assemblée  des  évêques  tient  à  redire  aujourd'hui  ce  qu'elle  a  affirmé  tout  au long des débats et consultations des dernières années:
ce que la nouvelle loi désigne  sous  le  nom  d'«  aide  médicale  à  mourir  »  est,  en  vérité,  l'euthanasie  sur demande.  Ce  n'est  pas  un  soin  et  ne  devrait  jamais être  associé,  de  quelque  façon que ce soit, aux véritables soins de fin de vie que sont les soins palliatifs.

3. L'intervention de la Cour suprême

La  loi  québécoise  sur  les soins de  fin de vie  précise  bien  que  l'« aide  médicale  à mourir » ne sera accessible qu'à des personnes qui sont déjà « en fin de vie ».

Mais la Cour suprême du Canada  n'a pas repris cette condition dans son jugement du 6 février 2015.

En  effet,  appelée  à  statuer sur  les articles du Code criminel  interdisant  l'euthanasie,  la  plus haute  cour  du  pays
  les a  invalidés « dans la mesure  où  ils prohibent l’aide d’un médecin pour mourir à une personne adulte capable qui  (1) consent clairement à mettre fin à sa vie; et qui (2) est  affectée  de  problèmes  de  santé  graves  et  irrémédiables  (y  compris une  affection,  une  maladie  ou  un  handicap)  lui  causant  des  souffrances persistantes qui lui sont intolérables au regard de sa condition. 8 »

Il  faut bien  noter qu'il  n'est pas seulement  question ici  d'un mourant  ou  d'un  malade qui est en phase terminale,  mais de quelqu'un ayant des «
problèmes de santé graves et irrémédiables (y compris une affection, une maladie ou un handicap) ».

L'exemple  des dérives  observées en Belgique,  où  l'euthanasie  en fin  de  vie  a  été légalisée  il  y  a  une  douzaine  d'années,  vient  alors  à  l'esprit.  Le  témoignage  des évêques belges,  dans une déclaration publiée récemment dans les journaux de leur pays, laisse entrevoir à ce sujet des perspectives fort inquiétantes:
« Depuis  la  loi  de  2002  sur  l’euthanasie,  le  constat  s’impose:  la  dérive prédite  à  l’époque  est  devenue  réalité.  Les limites de  la  loi  sont  systématiquement  contournées,  voire  transgressées.  L’éventail  des  groupes de  patients  entrant  en  ligne  de  compte  pour  l’euthanasie  ne  cesse  de s’élargir. La souffrance existentielle, comme, par exemple, la fatigue de vivre, est ainsi placée sans hésitation dans le champ d’application de la loi  sur l’euthanasie par des personnes ayant  autorité dans la société  – sans indice de désordre psychologique ou  psychiatrique sous-jacent, ce
qui d’ailleurs n’est pas de la compétence de la médecine.

« Demande  est  aussi  faite  d’un  nouvel  élargissement  de  la  loi  afin  de pouvoir  procéder  à  l’euthanasie  de  personnes  démentes,  et  ce  à  un moment précédemment indiqué par elles, sur base  d’une déclaration de volonté anticipée 9. »

4. L'aide dont les mourants ont vraiment besoin

« Le jugement rendu aujourd'hui par la Cour suprême du Canada ... nous incite  à  redoubler d'efforts pour promouvoir les soins palliatifs et pour
insister pour qu'ils soient accessibles à tous, dans toutes nos régions. » Extrait de la déclaration du 6 février 2015 de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec

Aider les mourants, c'est d'abord en prendre soin.
C'est les accompagner,  les soulager,  les consoler,  les soutenir moralement et spirituellement,  en leur offrant tous les soins médicalement et humainement  possibles, y compris,  le temps venu,  les soins palliatifs,  qui  doivent absolument être  accessibles à tous.

C'est  aussi  savoir  renoncer  à  l'acharnement  thérapeutique,  c'est-à-dire  cesser  des traitements inutiles, disproportionnés,  périlleux ou trop pénibles qui sont une sorte de refus de la mort qui doit venir en son temps. Cet arrêt de traitement est une décision tout à fait légitime qu'il ne faut surtout pas confondre avec l'« aide médicale à mourir ». Cesser un traitement qui ne sert à rien ou « débrancher » quelqu'un qui
ne pourra jamais recouvrer la santé et qui est maintenu en vie artificiellement n'est pas de l'euthanasie; c'est  tout simplement  laisser mourir  quand  le  temps est venu.

Comme le dit le Catéchisme  de l'Église  catholique, « on ne veut  pas ainsi  donner la mort; on accepte de ne pas pouvoir l'empêcher 10. »

Aider les mourants, c'est également les aider à se préparer à la mort et  au passage dans la vie  éternelle,  en particulier par la  prière pour eux et, s'ils le souhaitent,  par les sacrements et la prière avec eux.

Aider les mourants,  c'est les aider à bien mourir, en prenant bien soin d'eux,  et non pas les faire mourir.

Il  s'agit,  pour  reprendre  les  mots  de  conclusion  du  mémoire  de  l'Assemblée  des évêques   catholiques   du   Québec   à   la   commission   spéciale   de   l'Assemblée nationale « sur la question de mourir dans la dignité » de rendre la fin de vie «  la  plus  humaine  et  la  plus  humanisante  possible,  tant  pour  les individus  que  pour  notre  société.  Nous  pensons que  ce  sera  le  cas  si cette  fin  survient  à  son  heure  :  pas  avant  par  euthanasie  ou  aide  au suicide, pas après à cause d’acharnement thérapeutique 11. »

5. La grâce des sacrements

« Ainsi,  comme  les  sacrements  du  Baptême,  de  la  Confirmation  et  de l’Eucharistie  constituent  une  unité  appelée ‟les sacrements de  l’initiation  chrétienne”,  on  peut  dire  que  la  Pénitence,  la  Sainte  Onction  et l’Eucharistie, en tant  que  viatique, constituent, quand la vie chrétienne touche  à  son  terme, ‟les  sacrements qui  préparent  à  la  Patrie”  ou  les sacrements qui achèvent la pérégrination. » — Catéchisme de l'Église catholique, no 1525.

Dans l'aide pastorale et  le  soutien spirituel qu'on peut  offrir à l'approche  de  la  fin de cette  vie,  une place toute  spéciale  revient  aux sacrements de la Pénitence et de la Réconciliation, de l'Onction des malades et de l'Eucharistie.

La  célébration de  l’Onction des malades,  en particulier,  est un signe  privilégié de la  tendresse  de  Dieu  et  de  sa  miséricorde.  Aux  personnes  qui  hésiteraient  à recevoir  ce  sacrement ou à  le demander pour un  proche  parce  qu'il était  autrefois associé  uniquement  à  la  mort imminente,  on  fera  découvrir  la  sollicitude  de l'Église  qui,  depuis  le  concile  Vatican  II  (1962-1965),  a  revalorisé  cette  onction comme source d'«
une  grâce de réconfort, de paix et de courage pour vaincre les difficultés propres à l'état  de  maladie  grave  ou  à  la  fragilité de  la  vieillesse 12 ».

C'est  pour  cette  raison  que  le  Concile  a  d'ailleurs  recommandé  de  délaisser l'ancien  nom  d'Extrême-onction,  lui  préférant  celui  d'Onction  des  malades 13. Ce sacrement peut de fait être reçu plusieurs fois et à tous les âges de la vie.

« Si  un  malade  qui  a  reçu l’Onction recouvre  la  santé, il peut,  en cas de nouvelle maladie grave, recevoir de nouveau ce  sacrement. Au cours de
la   même   maladie,   ce   sacrement   peut   être   réitéré   si   la   maladie s’aggrave.  (...)  Il  en  va  de  même  pour  les  personnes  âgées  dont  la fragilité s’accentue 14. »

« Il  arrive  même à des jeunes, et  cela  a du sens, de demander à  recevoir le  sacrement des malades, si, par exemple, ils sont sur le  point  de subir
une opération grave 15. »

Tous  ceux et  celles qui  accompagnent  et  soignent  des  personnes âgées ou  gravement  malades  peuvent  témoigner  des  difficultés  psychologiques  ainsi  que  des hauts et  des bas dont  ces malades font  l'expérience. On  le  sait,  « la  maladie  peut conduire  à l’angoisse,  au repliement  sur soi,  parfois  même  au  désespoir  et  à  la révolte contre Dieu 16. »

Mais  il  est  également  vrai  que  la  maladie  peut  aussi  « rendre  la  personne  plus mûre,  l’aider à  discerner dans sa  vie  ce  qui  n’est  pas essentiel  pour se  tourner vers  ce  qui  l’est.  Très souvent,  la  maladie  provoque  une  recherche  de  Dieu,  un retour à Lui 17.» Le sacrement  de l'Onction des malades pourra  sans aucun doute contribuer à un tel  retournement intérieur. Il a aussi  pour effet « le pardon des péchés si le malade n'a pas pu l'obtenir par le sacrement de la Pénitence 18.»

L'Onction des malades peut  être un secours très précieux et  une  étape décisive de la  vie  de  foi « lorsque  le  fidèle  commence  à  se  trouver  en  danger de  mort  pour cause  de  maladie  ou  de  vieillesse 19 ». La  grâce  reçue  par  ce  sacrement  « est  un don du Saint-Esprit  qui renouvelle la confiance  et la foi  en Dieu et  fortifie contre les tentations du malin, tentation de découragement et d’angoisse  de la mort 20. »

Elle pourra être déterminante pour donner la lucidité et le courage pour vivre cette étape ultime et cruciale de la vie et même pour refuser la possibilité de s'enlever la vie ou de demander de l'aide pour le faire. 

« Tout  chrétien  est  appelé à vivre  son existence  quotidienne en intime  union  avec Jésus-Christ.  C'est  encore  vrai  du  chrétien  malade 21.»  La  réception  du  sacrement  de  l'Eucharistie  étant  un  sommet  de  l'union avec  le  Christ,  elle  est  d'autant plus significative et importante  qu'approchent  la  fin de  cette vie et l'entrée dans la vie éternelle. C'est cette dernière communion qui est appelée le Viatique.

« Reçue à ce moment de  passage vers le Père, la Communion au Corps et au  Sang  du  Christ  a une  signification  et  une  importance  particulières.
Elle est semence de vie  éternelle et puissance  de  résurrection, selon les paroles du Seigneur :
‟Celui qui  mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour 22.” »

6. Liberté de conscience et témoignage de foi

« Notre  société  devra  maintenant  relever  le  grand  défi  du  respect  de  la liberté  de  conscience.  Au  personnel  médical  qui  sera  confronté  à  des demandes d'euthanasie, à tous ceux  et  celles qui ne peuvent pas accepter le suicide  comme réponse de la médecine à la souffrance, nous souhaitons force et courage  pour invoquer, le moment  venu, le  droit à l'objection de conscience. » — Extrait de la déclaration du 6 février 2015 de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec

Nous pensons d'une façon  toute particulière aux catholiques œuvrant  dans les milieux de soins de santé:  médecins omnipraticiens,  infirmières,  infirmiers et préposés  aux  malades,  oncologues  et  autres  médecins spécialistes,  mais  aussi  intervenants  en  soins  spirituels,  bénévoles  et  autres  membres  du  personnel  qui  seront confrontés  à  des  demandes  d'« aide  médicale  à  mourir  ».   Ils  auront  besoin  de l'encouragement, du soutien et de la prière de leurs frères et sœurs dans la foi pour être capables d'aller, s'il le faut, jusqu'à l'objection de conscience. 

Comme  l'a  rappelé  le  président  de  la  Conférence  des  évêques  catholiques  du Canada  dans  son  communiqué  du  6 février  2015,  il  faut  continuer  à  demander avec insistance aux autorités politiques ainsi qu'aux organisations professionnelles « de  mettre  en  place  des politiques et  des directives  qui  respectent  la liberté  de  conscience  de  tous  les  travailleurs  et  administrateurs  de  la santé  qui  ne  voudront  pas  et  qui  ne  pourront  pas  accepter  le  suicide comme une solution médicale à la souffrance et à la douleur 23. »

Portons dans notre prière  personnelle et  communautaire  les personnes plus fragiles  et  vulnérables,  affectées  d'une  façon  ou  d'une  autre  par  la  loi  permettant l'« aide  médicale  à  mourir »,  et en  premier  lieu les   grands malades,  les handicapés  et  les  vieillards  —  qui  pourront  en  être  troublés,  inquiétés,  voire  insécurisés — et  particulièrement  ceux  et  celles qui  seraient  tentés d'envisager  de  mettre fin à  leurs jours.

Il faut aussi se  préparer à accueillir et  à  aider tous ceux et celles qui  auront  été  impliquées dans la  mise  en œuvre  de  l'euthanasie  —  membres des familles et du personnel médical,  administrateurs et législateurs — et qui pourront par la suite avoir besoin d'accompagnement.

Enfin,  nous  prions  et  nous intercédons toujours,  dans  la  solidarité  de  la  communion  des  saints,  pour les personnes qui  s'enlèvent  la vie,  avec  ou sans aide  médicale, et nous les confions à l'amour et à la miséricorde du Seigneur.

« Vous êtes le  sel de la terre  » a  dit Jésus à  ses disciples dans son célèbre sermon sur la montagne. « Mais si le sel devient  fade, comment  lui rendre  de  la saveur ? (...) Vous êtes la lumière  du  monde. (...) Que  votre  lumière  brille devant  les hommes: alors, voyant  ce  que  vous faites de bien, ils rendront gloire  à  votre Père qui est aux cieux 24. »

Ces paroles sont plus que jamais d'actualité.

« J’aime  rappeler  ce  que  saint  François  d’Assise  disait  à  ses  frères: Prêchez  toujours  l’Évangile  et,  si  c’est   nécessaire,  aussi   par  les paroles”.   Les paroles viennent... mais d’abord le témoignage : que  les gens voient l’Évangile dans notre vie. » — Pape François 25

C'est  pour aider à devenir de  véritables témoins du  Christ  et  de  l'Évangile  —  des témoins dont  notre Québec aura sûrement  besoin quand  il  sera confronté à  la réalité de  la multiplication de l'euthanasie — que les évêques proposent aujourd'hui à ceux et  celles qui voudront  bien s'y engager un parcours de réflexion sur les soins de fin de vie à la lumière de la Parole de Dieu.

C'est une invitation à prendre du temps pour se laisser imprégner et travailler intérieurement par la Parole de Dieu et,  si on le désire,  pour en discuter avec d'autres, en famille, entre amis ou entre membres d'une communauté chrétienne.

Que  l'Esprit  Saint nous guide,  chacun,  chacune  et  tous ensemble,  dans la  découverte et l'approfondissement,  à l'écoute et à l'exemple de Jésus-Christ,  de l'authentique humanisme,  seule voie pour  vivre  et  mourir en toute dignité  dans l'amour et la miséricorde de Dieu, Père, Fils et Esprit-Saint.

+ Paul Lortie

évêque de Mont-Laurier
et président de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec,

le 8 décembre 2015,
solennité de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie et premier jour de l'année jubilaire de la miséricorde.

1 Cette déclaration, publiée à l'occasion  du jugement  de  la Cour  suprême du  Canada qui  a invalidé les  articles du  Code criminel interdisant le  suicide  assisté et  l'euthanasie,  était signée par  Mgr André  Rivest,  évêque de Chicoutimi,  vice-président   de  l'Assemblée,  à  la  suite  de  la  mort   subite  du  président,  Mgr Pierre-André Fournier,  survenue  le  10   janvier.    L'Assemblée  a  élu   un   nouveau  président   en  mars,  en   la  personne  de Mgr Paul Lortie, évêque de Mont-Laurier.

2 Première lettre de saint Pierre, chapitre 3, versets 15 et 16.

3 Voir  surtout   la  section  intitulée  «  Le  drame  de  l'euthanasie  »  dans  la  lettre  encyclique Evangelium  Vitae (L'Évangile  de  la  vie)
 du  pape  Jean-Paul  II,  aux  paragraphes  64  à  67.  On  pourra  également  consulter  la synthèse  sur  l'euthanasie  et  le  suicide  dans  le
Catéchisme  de  l'Église  catholique,  aux nos  2276  à  2283,  et 2324-2325.

4 Un délai de 18 mois a été prévu avant son entrée en vigueur en décembre 2015.

5 Le  compte rendu détaillé du  vote,  incluant la liste de tous les  membres de l'Assemblée nationale qui ont voté pour ou  contre  le  projet  de  loi,  se  trouve  dans Le  Journal  des  débats,  en  date  du  5  juin  2014.  On  peut  le consulter  dans   la  section Travaux  parlementaires du   site  Web  de  l'Assemblée  nationale,   à  l'adresse www.assnat.qc.ca.

6 Les définitions sont données à l'article 3 de la Loi concernant les soins de fin de vie.  Soulignement ajouté.

7 Le Petit Robert de la langue française. Édition 2015, page 958.

8 Carter  c. Canada  (Procureur général) [2015] 1  R.C.S. page 334. Voir la  section «Jugements»  du site Web  de  la  Cour  suprême,  www.scc-csc.ca.  Cette  décision  prendra  effet  le  6  février  2016,  douze  mois  après  la publication du jugement.  

9 Extrait de la déclaration du 26 février 2015 des  évêques catholiques  de Belgique, intitulée  « La dignité de  la personne humaine, même démente », publiée dans les journaux le lundi 2 mars 2015. Source: www.cathobel.be/2015/03/02/la-dignite-de-la-personne-humaine-meme-demente/

10 Catéchisme de l'Église catholique, Édition définitive (1998),  no 2278. Les  paragraphes  nos 2276 à 2279  ainsi que le no 2324 portent sur l'euthanasie.

11 Mémoire  de  l'AECQ  présenté à la Commission sur  la  question de mourir dans la  dignité.  Déposé le  30  juin  2010. Présenté le 30 septembre 2010.

12 Catéchisme de l'Église catholique, no 1520.

13 Voir: Concile œcuménique Vatican II,  Constitution sur la Sainte Liturgie (4 décembre 1963), no73: « “L’extrême-onction”,  qu’on  peut  appeler  aussi et  mieux  l’onction  des   malades,  n’est  pas  seulement  le sacrement de ceux qui  se trouvent à la  dernière extrémité.  Aussi,  le temps opportun  pour le recevoir  est déjà certainement arrivé lorsque le fidèle commence à être en  danger  de mort  par  suite d’affaiblissement physique ou de vieillesse. »

14 Catéchisme de l'Église catholique, no 1515.

15 Youcat - Catéchisme de l'Église catholique pour les jeunes, no 243.

16 Catéchisme de l'Église catholique, no 1501.

17 Catéchisme de l'Église catholique, no 1501.

18 Catéchisme de l'Église catholique, no 1532.

19 Catéchisme  de l'Église  catholique, no  1528.  Les  paragraphes  nos 1499 à 1532  du Catéchisme  traitent du sacrement de l'Onction des malades.

20 Catéchisme de l'Église catholique, no 1520.

21 Extrait du paragraphe  no 6 des Notes doctrinales et  pastorales pour le rituel de l'Onction des  malades, dans: Sacrements  pour  les  malades  — Pastorale  et  Célébration, Paris,  Éditions  Chalet-Tardy,  1980  (©  A.E.L.F. 1977), page 13.

22 Catéchisme de l'Église catholique, no 1524. La citation biblique est  de l'Évangile selon saint Jean, chapitre 6, verset 54.

23 Communiqué du 6  février  2015  du président de  la Conférence des  évêques  catholiques  du Canada  (CECC), Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau (Québec) en réaction au jugement de la Cour suprême.

24 Évangile selon saint Matthieu, chapitre 5, versets 13 à 16.

25 Pape François, Discours aux catéchistes en pèlerinage à Rome, 27 septembre 2013. Source: www.vatican.va
Source : Assemblée des évêques catholiques du Québec