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DIGNITÉ: L´ESSENTIEL TRONQUÉ

par Bertrand Galichon, 09/12/2014

Pourquoi vous resservir la question de la dignité au risque de vous en lasser ?

Première raison : l’actualité nationale.

Le rapport de la « Commission Léonetti – Claeys » qui va proposer de nouvelles réflexions pour orienter la troisième révision de la loi d’avril 2005. Inévitablement la dignité va se trouver au centre des débats, tiraillée dans un sens ou dans un autre ou un troisième.

Deuxième raison : l’actualité associative.

Le hasard fait bien les choses à quelques jours de la publication de ce rapport, en plusieurs endroits  des hommes et des femmes, chrétiens pour la plupart, se sont interrogés sur notre fin de vie. Le groupe « Questions de médecine » aux Bernardins a consacré sa troisième soirée du trimestre au « mourant parfait », après avoir envisagé le bébé parfait et le malade parfait. La dignité était au centre des réflexions. Jacques Ricot, par son regard philosophique, a permis de définir les contours de notre débat en décrivant ceux de la dignité. Ce week-end, l’association « Confrontations », a consacré deux journées sur les relations humaines en fin de vie. Là aussi nous avons tourné autour de cet essentiel tronqué.

Pourquoi tronqué ? Car il reste un « OND », un objet non défini. J’emploie aussi ce mot tronqué pour vous renvoyer au très bon livre écrit par Louis Puybasset et Marine Lamoureux « Ethique, le débat tronqué ».

« Tronqué » car l’objet du débat est insaisissable. Ainsi ce haut dignitaire reçoit des mains de la société les marques de sa dignité car il a su se montrer digne de la mission confiée. Mais s’il devait un jour en devenir indigne, je l’affirme avec dignité et assurance : il n’en perdra pas pour autant sa dignité. Ainsi, l’indigne dignitaire garde sa dignité.

Vous avez parfaitement reconnu les différents déplacements infligés au mot dignité sans pouvoir pour autant le définir. Voici cette pointe insaisissable qui donne toute sa gravité à notre humanité et nous  sommes  incapables de la définir, chacun voyant midi à sa porte. Dans une soif d’instrumentalisation, nous la réduisons à des concepts opérationnels obligatoirement simplistes. Ainsi, notre dignité s’en trouve amputée, vidée de son sens. Elle ne peut plus dire sa complexité, ni son mystère si essentiel pour notre liberté.

Jean-Guilhem Xerri, dans son dernier livre « A quoi sert un chrétien » (Editions du Cerf) nous dit à juste titre que l’homme moderne est confronté à une « crise d’intériorité » (p. 234). Mais j’irai plus loin, il traverse une « crise de dignité ». L’homme moderne est convaincu que sa dignité fonde son humanité, et inversement. Il ne peut plus ou ne veut plus en nommer la source… Le voilà tournant en rond sur lui-même. Aussi l’homme moderne se trompe de combat en voulant reconnaître sa dignité dans plus de performances brillantes au risque d’éliminer le plus faible. Il se doit au contraire d’approcher sa dignité en explorant plus avant son humanité. Mais cela suffit-il, comme nous le rappelle Rémi Brague?

Troisième raison : l’actualité liturgique.

À défaut de pouvoir préciser notre dignité, cherchons en la source qui la rend inaltérable, inconditionnelle. Quel est le pourquoi de cette dignité ontologique ? Clin d’œil du Ciel, ce débat sur la dignité s’invite en plein temps de l’Avent. Cette fête de Noël nous dit certes l’Emmanuel. Mais aussi, elle nous invite à méditer le mystère de l’Incarnation. Dieu se fait homme, pas par coquetterie ou soif d’aventures, mais pour nous dire que l’homme porte en lui une part de divin. Le Christ, chemin de vie, est pour nous humains chemin de divinité. Notre unité est le fruit de notre humanité et de notre divinité. Notre dignité ontologique est justifiée par cette unité unique, irremplaçable. Notre divinité justifie notre dignité. Notre humanité n’en est que l’expression tronquée, inachevée. Médecins chrétiens (du CCMF ou non !), nous devons rester vigilants et toujours considérer que le souffle spirituel est essentiel à la vie.

Louis Puybasset et Marine Lamoureux, Ethique le débat tronqué, Calmann Levy,Paris 2012.

Jean-Guilhem Xerri, A quoi sert un chrétien, les Editions du Cerf, Paris 2014.

Source : fiamc.org