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"REFUSER L'EUTHANASIE ACTIVE LEGALISEE"

Témoignage d'un médecin de Belgique

L'euthanasie va-t-elle être légalisée ? Certains le souhaitent et l'annoncent. D'autres le redoutent. J'en fais partie. C'est un sujet d'éthique très important qui, depuis des années, est abordé, sans jamais qu'aucune réponse y soit apportée de façon satisfaisante.

Ceux qui sont pour une loi sur l'euthanasie active savent souvent mettre en avant des arguments émouvants et réels : - Ayons pitié de ces hommes, de ces femmes, voire de ces enfants dont les maladies physiques ou psychologiques sont telles que, pour eux, la vie est devenue un supplice. - Hâtons la mort de ceux qui, proches de la fin, ne veulent pas se voir " glisser " d'abord dans une déchéance physique puis vers la mort. - Aidons les handicapés mentaux ou psychiques à " partir " dignement, eux qui ne supportent plus leur état dégradant. - La vie vaut-elle d'être vécue pour le tétraplégique cloué irrémédiablement dans un lit et qui ne peut plus communiquer avec le reste du monde ?

Les réponses aux questions sont difficiles, parfois ambiguës. Mais elles ne doivent pas se résumer en une formule lapidaire issue d'une loi.

L'euthanasie active, la mise à mort, n'est pourtant pas la bonne réponse. Elle est trop simpliste. N'est-elle pas plutôt une réponse que nous nous faisons à nous-mêmes, en bonne santé, pour nous éviter de regarder en face le spectacle de la mort des autres, tout en nous donnant bonne conscience ?

Notre société est hypocrite et lâche ; nous voulons tous la beauté, la jouissance et le bonheur ; nous refusons de regarder la proximité de la mort et de la souffrance. Nous refusons le regard de celui qui sait qu'il va partir.

Si nous tolérons encore la famine au Soudan, c'est que nous pouvons éteindre la télévision ou regarder un match de football. Mais nous ne tolérons plus ni la mort ni la déchéance de nos amis, de nos parents ; ils sont trop près de nous.

Alors nous réclamons pour nous le droit de leur administrer une mort propre. Cette loi, réclamée au nom de ceux qui veulent mourir dans la dignité, est souvent une excuse pour ne pas être dérangés par nos proches qui s'en vont trop lentement.

Si nous acceptons une loi sur l'euthanasie, pourquoi garder en vie les arriérés mentaux, les vieillards atteints de la maladie d'Alzheimer ? Et d'ailleurs, à partir de quand un handicap devient-il inacceptable ?

La voici cette rencontre entre " le cœur et la raison " que je redoute tellement. Côté cœur, ce vieillard qui, petit à petit, s'isole du monde, s'enfonce dans la folie et qui fait pitié ; côté raison, l'économie bien sûr ! Soigner ce vieillard incurable et qui va mourir coûte cher. A une époque où il nous est répété chaque jour que la santé coûte trop cher - les économistes nous le disent - les dépenses de santé sont les plus élevées dans les derniers mois de la vie. Supprimons ces derniers mois, les économies seront énormes.

Rendre service au malade tout en rendant service à la société, quelle belle conjonction ! Quelle terrifiante conjonction ! D'ailleurs, pourquoi ne pas prévenir au lieu de guérir ? Dans peu d'années, la science va permettre de trier les embryons ; la société va ainsi pouvoir " éviter " la naissance d'individus qui auraient été programmés génétiquement pour " faire " un cancer actuellement incurable, ou pour développer une maladie physique ou psychique inacceptable. Ce triage pourrait être proposé au nom d'une " pitié " préventive. Le voici, ce monde propre, réservé aux forts et aux puissants, à ceux qui gagnent.

Refuser, comme je le fais, l'euthanasie active légalisée n'est pas, comme certains pourraient le prétendre, refuser d'aborder la réalité de la souffrance et de la fin de vie.

Il faut d'abord lutter contre la souffrance. Il est intolérable aujourd'hui, de laisser souffrir un patient. Que cette souffrance soit due à une maladie passagère et douloureuse, à un traitement chirurgical ou à une maladie irrémédiable. La souffrance n'est pas le prix à payer pour je ne sais quelle rédemption. L'ambiguïté vient de ce que certaines drogues, tout en atténuant la douleur, peuvent, chez des personnes en fin de vie, hâter la mort. Mais la finalité de ces drogues, qu'il convient cependant d'administrer, reste avant tout antalgique. Acceptons-les. C'est cette barrière invisible entre la lutte contre la souffrance et ce risque de hâter la mort qui fait la grandeur et la complexité de l'acte médical. Il est impossible de le confier à la loi.

Il faut ensuite lutter contre la solitude de la fin de vie. La mort chez soi, entouré par les siens, a disparu au profit d'une mort médicalisée, dans la solitude de l'hôpital ou d'une maison de retraite. Il faut multiplier les unités de soins palliatifs encore trop peu nombreuses. Elles sont l'une des réponses les plus dignes à notre égoïsme.

Il faut enfin, bien entendu, refuser certaines formes d'acharnement thérapeutique. Il est indécent de pratiquer l'acharnement thérapeutique vis-à-vis de certains malades ou de vieillards, que l'on maintient artificiellement en vie. Evitons cependant d'être trop simplistes. Combien de personnes, ayant fait un infarctus ou après un coma traumatique, ont été sauvées par la réanimation et ont repris une vie normale, alors qu'ils étaient jugés perdus.

Il ne faut pas de loi autorisant l'euthanasie. La loi est manichéenne. Or la médecine refuse la règle du tout ou rien, d'une loi fût-elle dictée par de bonnes intentions.

Soigner, c'est être présent à côté d'un malade au début comme à la fin. Soigner, c'est aussi empêcher de souffrir et ne pas s'acharner sur un corps qui s'éteint.

Il ne faut pas de loi, car légiférer, c'est avant tout maintenir certaines valeurs fondamentales qui façonnent une nation. La modernité d'une nation, c'est aussi accepter de prendre en charge les handicapés et les vieillards. Ce n'est pas éliminer ceux qui pourraient gêner et qui coûtent cher.

Nous entrons dans un monde qui va offrir à l'homme un pouvoir gigantesque sur sa propre destinée, comme sur celle de l'Univers. C'est aujourd'hui qu'il faut impérativement un rappel à l'éthique et à la morale. Peut-être aussi, devant tant de pouvoir prochain, faut-il un peu de spiritualité ; sinon, sans cette étincelle, l'homme ne serait plus qu'une machine conjoncturelle. Il serait alors possible de tout faire.

Source : 1000questions.net