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Réflexion sur l'euthanasie : la personne dépossédée de sa valeur propre

par Dr François Primeau, 28/10/10, extraits

À partir de mon expérience professionnelle de gérontopsychiatre et de ma formation en éthique, j'aimerais proposer une brève réflexion que m'inspire le débat actuel sur l'euthanasie. J'ai déjà contribué à ce débat dans un mémoire, hébergé sur le site de l'Assemblée nationale du Québec, auquel le lecteur pourra se référer.

La méconnaissance des facteurs psychiatriques et psychologiques dans ce débat me semble stupéfiante. Il existe en effet une différence notable entre les motifs invoqués pour la légalisation de l'euthanasie (douleur intolérable non soulagée) et ceux qui motivent les demandes réelles d'euthanasie, soient la dépression et la démoralisation. Une étude récente de 2009 du Marie Curie Palliative Care Institute de Liverpool (155 hôpitaux et 3893 patients du Royaume-Uni) révèle que 65% des patients dans les dernières 24 heures de vie sont confortables sans médication, 31% reçoivent de faibles doses d'analgésiques et 4%, des doses plus élevées de médication. En fin de vie, la douleur peut donc être prise en compte adéquatement. Cependant, seulement 3% des patients en phase terminale sont traités pour dépression, alors que de 20% à 50% en souffrent. Or les patients déprimés sont susceptibles de demander l'euthanasie 5.29 fois plus souvent que ceux qui ne le sont pas, et ces demandes sont éphémères: 50% changent d'idée après avoir exprimé une demande d'euthanasie en moins de deux semaines. Face à la détresse existentielle profonde que vivent ces patients, la demande d'euthanasie est un impératif clinique afin d'ouvrir un dialogue entre le patient, le médecin et l'équipe traitante pour en comprendre la signification. Cette évaluation permet d'apporter davantage de sérénité en traitant ce qu'un auteur a appelé la démoralisation psycho-spirituelle. ...

Enfin, d'un point de vue plus fondamental, cette pression pour l'euthanasie enlève la dignité inaliénable et «le respect dû à tout être humain du simple fait qu'il est humain» (Paul Ricoeur). La valeur de la personne ne dépend plus que de son propre regard subjectif ou du regard d'autrui sur soi-même. Quand la date de « péremption » approche et que la qualité de vie diminue, la personne est jugée sans valeur et mieux vaudrait qu'elle soit euthanasiée! Une réflexion en profondeur est donc incontournable pour respecter, par la compassion et l'accompagnement, le mystère de la personne dans tout son être, et résister à l'attraction vers le néant que propose l'euthanasie.

François Primeau, MD, CSPQ, FRCPC, BPh, CTh

Professeur agrégé de clinique en psychiatrie et neuro-sciences, Université Laval
Chef, Service de gérontopsychiatrie, CHAU-Hôtel-Dieu de Lévis

Source : lesoleil.com