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Euthanasie pour souffrances psychiques : la pente glissante qui fait basculer ?

Quatre auteurs, à savoir le Fr. Dr. René Stockman, Dr. Marc Calmeyn, Dr. Marc Eneman et Prof. Dr. Herman De Dijn, ont écrit un essai qui est maintenant publié en format livre sur la question de la légitimation de l’euthanasie pour  souffrances  psychiques. Ils l’analysent d’un point de vue médical, philosophique et croyant, et arrivent à la conclusion que l’on emprunte un  chemin  très  dangereux  en pratiquant l’euthanasie pour  souffrances  psychiques.
Ils fournissent ici une précieuse contribution dans le débat public qui en laisse peu indifférents.

Depuis 2002, l’euthanasie pour des maladies incurables et des souffrances intolérables est légalisée à certaines  conditions.  Si, au  départ, on  ne  prenait  en  compte  que  les souffrances  physiques pour envisager l’euthanasie, les patients avec des souffrances psychiques  sont eux  aussi,  ces  dernières  années, de  plus  en  plus concernés  par  la question. Aujourd’hui,  même  les  mineurs  peuvent  sans accord  de  leurs  parents demander l’euthanasie, et les voix s’élèvent pour étendre cela aux personnes  âgées démentes et aux personnes handicapées. Dans l’un des journaux, nous avons pu lire aujourd’hui, qu’un habitant  sur  vingt,  en Flandres, meurt par euthanasie.  Nous sommes clairement en train de glisser sur un terrain dangereux. Ce qui était autrefois considéré  comme  une  exception,  devient  maintenant  une  règle, bientôt  élevée  à  un droit du patient, où l’euthanasie devra être acceptée sur simple demande de celui-ci.

Autrement dit, l’euthanasie semble devenir désormais une thérapie.

Une réflexion d’un point de vue médical.

Les  auteurs  de  l’essai  sont,  outre  leur opposition  fondamentale  à  toute  forme d’euthanasie,  profondément  préoccupés par la  question  de  l’euthanasie  pour souffrance psychique.

Il y a en effet une nette différence entre les troubles physiques et les troubles mentaux. Alors que pour les souffrances physiques, la « maladie » est considérée en  tant  que  telle, concernant les  troubles  psychiques,  on  parle  de «personnes» atteintes d’une maladie.

Si l’on arrive plus ou moins à objectiver une douleur physque,  cela l’est beaucoup  moins dans  la  souffrance  psychique.  Une souffrance psychique, considérée comme insupportable par le patient, ne doit pas être immédiatement  classée  comme  incurable.  De  plus,  lorsqu’un  trouble  psychique semble au premier abord résister aux traitements classiques, cela ne signifie pas que le patient perd de lui-même  toute  capacité  de  récupération.  Un  psychiatre  traite  avant tout  un  humain  et  non  une  maladie, et c’est cet être humain  qui  peut  développer et développera des mécanismes propres, parfois sous forme d’effet secondaire positif lors d’un traitement semblant peu efficace, et qui peuvent engendrer un renversement de situation.

Dans le même temps, on peut se poser de sérieuses questions sur la capacité juridique des patients qui passent par une phase dépressive très sévère, compte tenu de la  diminution  de  leur  discernement. N’est-ce  pas justement le  propre d’une souffrance psychique de ne plus avoir aucune perspective d’avenir ?

Nous  pouvons légitimement  nous  demander, dès lors qu’un patient est considéré comme incurable, combien d’énergie les soignants voudront encore déployer dans son traitement et son accompagnement. N’est-il pas littéralement condamné à mort ?

Traiter des questions sur l’euthanasie exige des soignants qu’ils soient avant tout proches  des personnes, qu’ils ne les abandonnent jamais et qu’ils développent et aiguisent toute leur créativité et leurs qualités professionnelles pour transformer leur désir de mourir en volonté de vivre. « Notre société, qui n’a jamais disposé d’autant de  moyens  thérapeutiques  et d’accompagnement,  choisit-elle  maintenant  plus  que jamais  la  mort ? », question  pertinente  avec  laquelle nous  clôturons notre réflexion d’un point de vue médical.

Une réflexion d’un point de vue croyant

Même en tant que chrétien nous avons le droit et le devoir de réfléchir à la demande et la pratique de l’euthanasie pour souffrances psychiques.

Nous retombons ici sur une réflexion générale sur la vision de l’homme que nous essayons de développer à partir de notre foi chrétienne, dans laquelle le respect pour chaque vie humaine occupe une place centrale. Pour un chrétien, l’inviolabilité de la vie est absolue, et sans juger la demande et le choix d’un patient individuel, nous traiterons attentivement cette question, avec un respect fondamental quant à l’autonomie du patient, l’accompagnant de manière professionnelle, mais ne participant pas activement à la pratique éventuelle de l’euthanasie, précisément en raison de l’inviolabilité de la vie que nous considérons comme absolue.

Après tout, nous considérons la vie humaine comme sacrée parce qu’elle est, dès son origine, marquée par l’action créatrice de Dieu. L’image de Dieu est présente en chaque homme, par celle-ci, la nature humaine est en quelque sorte divinisée.

Le caractère sacré de la vie est à l’origine de son inviolabilité. On ne peut toucher à ce qui est sacré, mais uniquement le traiter avec respect et mettre tout en œuvre pour protéger et promouvoir la sainteté.

Nous n’avons qu’une intendance sur notre vie, et n’avons pas le droit de disposer de notre vie, ni de notre mort, ni de celle de notre prochain. En tant qu’être humain, nous avons en revanche le devoir de tout mettre en œuvre pour respecter et promouvoir notre propre vie et celle des autres et de ne pas commettre d’acte qui puisse y nuire.

On jongle souvent avec le concept de « qualité de vie », et l’on affirme que lorsque la vie n’a plus la  même qualité, il serait mieux d’y mettre fin. Mais qu’entend-on  par qualité ? Nous faisons une distinction entre la qualité ontologique qui porte sur la vie en tant que telle et la qualité accidentelle qui porte plutôt sur la condition dans laquelle se trouve actuellement la personne. Dans le discours à propos de la qualité de vie, l’on se limite souvent à cette qualité accidentelle et l’on néglige la qualité ontologique, qui, en chaque situation, par exemple aussi dans un stade avancé de la démence, demeure toujours intacte. On ne peut donc jamais dire qu’une vie humaine a perdu en qualité, car on ne peut jamais perdre le caractère ontologique de l’humain.

Le terme désespoir est considéré comme un facteur objectif, tandis que la souffrance insupportable  est  un  facteur  subjectif.  Même  si  le caractère  incurable  des  troubles physiques est  plus  ou  moins  objectable,  cela l’est  beaucoup  moins dans les  soins psychiatriques, ces facteurs concernent toujours la qualité accidentelle de la vie. La vie humaine en tant que telle a une dignité universelle, une qualité essentielle, une valeur intrinsèque et cette valeur est indépendante des circonstances physiques, psychiques, sociales, culturelles et historiques dans lesquelles elle se trouve.

Et vu que l’homme vit à travers et avec son corps, le corps fait partie de l’essence de l’homme et le corps a la même valeur que la vie.

La  fin  de  la  vie  corporelle,  pour  mettre  fin  à  la  souffrance,  signifie  que  le  corps  est sacrifié  comme  moyen pour mettre fin à la souffrance. Par l’euthanasie, on élimine l’homme en son corps pour justement résoudre le problème que l’homme a avec son corps,  qui  souffre  physiquement  ou  psychiquement.  Cela  signifie  que  le  corps  est rabaissé à un moyen.

Une réflexion d’un point de vue philosophique

La réflexion d’un point de vue philosophique correspond tout à fait à la réflexion précédente. Au centre de la conception éthique du bien et du mal, il y a la sauvegarde et le respect de la   dignité   humaine.   Cette   dignité   est   concrétisée par  l’idée d’inviolabilité  de  la  vie  humaine  et  même  du  corps  humain.

Les  philosophes contemporains eux-mêmes parlent aujourd’hui du caractère sacré de la vie humaine et aussi du  corps  humain.  Mettre  intentionnellement  fin  à  la  vie  humaine  est généralement considéré comme éthiquement inacceptable.

Il  y  a,  cependant,  une  éthique  philosophique,  l’utilitarisme,  qui  subordonne l’inviolabilité de l’homme à la création du maximum de bien-être, d’un  minimax  de douleur  et  bonheur.  La  vision  derrière  cette éthique  ne  tient  pas  compte  de  quelque chose de fondamental : dans leur vie, les individus accordent plutôt de l’importance aux relations interpersonnelles et à la reconnaissance des autres. L’absence de douleur et la présence de toute sorte de plaisirs ne sont évidemment pas à négliger, mais la vie ce n’est pas que cela . De plus, douleur et souffrance deviennent surtout insupportables lorsque  l’on est dans la négation de la douleur, lors de grande solitude ou lorsqu’il semble ne plus y avoir aucune issue possible dans la vie. Celui qui n’analyse pas les valeurs  de  la  société  au  prisme  du  bien  et  du  mal,  ne  peut  faire  autrement  que  de réduire l’éthique à une sorte de protection thérapeutique contre la douleur. Les termes de souffrances insupportables et sans espoir sont également très subjectifs.

Le  désespoir  en  cas  de souffrances  purement  psychiques  est  toujours  discutable.  Il s’agit ici de jugements subjectifs du patient ou du médecin. Des personnes peuvent se trouver   dans   des   situations   que   l’on  appelle  inhumaines,  dont elles souffrent gravement, et à cause desquelles elles pensent ne plus compter aux yeux des autres, être devenues un poids ou bien simplement répugnantes. C’est alors que nous devons essayer par tous les moyens de les tirer de cette condition et leur montrer qu’elles sont, à  nos  yeux,  toujours  des  personnes méritant  tout  simplement  le  respect  en  tant  que personnes et que nous n’abandonnerons pas.

Des  études  ont  aussi  montré  que  les  aides-soignants qui pratiquent l’euthanasie développent  deux  comportements  dominants :  soit  ils  sont  en  ordre  avec  les  règles, soit ils répondent autant que possible aux souhaits du patient. Il reste cependant un certain malaise chez eux, montrant que les questions éthiques plus profondes n'ont pas totalement  disparu,  mais  ne  peuvent toutefois  plus être  aiguisées.  Le  ressentiment éthique est ici en quelque sorte refoulé. La peur de la mort et celle de tuer est restée, mais la réflexion éthique est dominée par une certaine forme de procédurisme et de sentimentalisme.

La demande d’euthanasie d’un patient est une demande que chaque personne doit prendre au sérieux. Mais cela ne signifie pas que les professionnels de santé doivent y faire  droit.  Avec  les  progrès  que  nous  connaissons,  nous  devrions  être  capables  de réagir  individuellement  et  collectivement à certaines  circonstances autrement qu’en honorant le souhait de mourir.

En  conclusion  de  cette  réflexion  philosophique,  «on peut attendre d’une société décente qu’elle respecte la dignité humaine, ce qui signifie qu’elle procure avant tout le soutien et les soins élémentaires aux faibles et vulnérables, et surtout la protection de leur corps et de leur vie.» Voici la conclusion qui peut être entièrement souscrite sous les trois points de vue.

Fr. René Stockman

Le   livre «Euthanasie   bij   psychisch   lijden :   het   hellend   vlak   dat   overslaat ?» (Euthanasie pour souffrances psychiques : le terrain glissant qui bascule de l’autre côté ?) est  publié  par  Garant  et  coûte  13,90  euros.  Disponible en  néerlandais en librairie ou par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Source : enthanasiestop.be