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L'euthanasie à marche forcée

par Charlotte d'Ornellas, 20/09/2020

Emmanuel Macron a récemment refusé d'accéder à la demande d'un citoyen français gravement malade, militant de la légalisation de “l'aide active à mourir” . Des députés dits “progressistes” espèrent déjà modifier la loi.

Jean-Louis Touraine n'aime pas le mot “euthanasie”, mais espère déjà que le Parlement français se penchera sur « l'aide active à mourir » d'ici à la fin du mandat d'Emmanuel Macron. Il vient de réactualiser sa proposition de loi et souhaite la soumettre rapidement à ses collègues. Pourquoi maintenant ? En raison de la récente médiatisation de l'histoire d'Alain Cocq, un homme atteint d'une maladie dégénérative qui a demandé au chef de l'État de lui accorder l'euthanasie « à titre compassionnel ». Emmanuel Macron a répondu que même le président n'est « pas au-dessus des lois ». Dans l'entourage élyséen, on précise que « le président n'est pas favorable à une évolution de la législation sur la fin de vie » et qu'il préconise plutôt de « faire connaître et faciliter l'application de la loi Claeys-Leonetti ».

À ceci près que cette loi, votée en 2016, ne semble pas satisfaire grand monde. À l'époque, François Hollande avait renoncé à dépénaliser clairement l'euthanasie juste après l'énorme mobilisation de La Manif pour tous. Mais beaucoup, alors, considéraient la loi Claeys-Leonetti comme “transitoire”. À commencer par la ministre de la Santé de l'époque, Marisol Touraine, qui voyait cette loi comme « un pas supplémentaire en direction » de l'euthanasie, et qui y décèle encore aujourd'hui « un changement de paradigme historique sur lequel on ne pourra pas revenir ». En l'occurrence, le droit de “choisir sa mort”.

Concrètement, cette loi concerne les « malades et personnes en fin de vie », sans que nul n'ait jamais clairement défini la “fin de vie”. Elle s'adresse en réalité à des personnes atteintes d'une « affection grave ou incurable » ainsi qu'à celles qui décident d'arrêter un traitement en engageant ainsi leur pronostic vital : la loi leur permet alors d'avoir recours à une « sédation profonde et continue […] jusqu'au décès ».

L'intention du médecin relève bien d'un acte d'euthanasie

Les opposants à l'euthanasie y voient une pudeur hypocrite, que résume le professeur d'éthique médicale à l'université Paris-Saclay Emmanuel Hirsch : « L'intention du médecin relève bien d'un acte d'euthanasie, mais différé dans le temps plutôt que de provoquer une mort rapide. » Il reconnaît à Alain Cocq le mérite de lever le voile sur les ambiguïtés de la loi. Car ce dernier fait partie des militants de l'euthanasie : il aurait pu se suicider, il aurait aussi pu réclamer la sédation profonde et continue après avoir arrêté ses traitements, son hydratation et sa nutrition. Dès lors, il aurait été, de facto, en fin de vie. Mais Alain Cocq a refusé de mourir « dans les vapes », réclamant la légalisation du suicide médicalement assisté. Devant une trop grande souffrance causée par sa décision d'arrêter traitements et alimentation, il a finalement accepté de bénéficier de soins palliatifs, mais compte poursuivre son combat.

Cette fois-ci, Emmanuel Macron a dit non. Mais un an plus tôt, à l'époque de l'“affaire” Vincent Lambert, le gouvernement ne s'était pas empêché d'intervenir. Au terme d'une interminable bataille juridique, la cour d'appel de Paris venait d'ordonner la reprise de l'alimentation et de l'hydratation de Vincent Lambert, le gouvernement s'était alors pourvu en cassation. Vincent Lambert a fini par mourir, neuf jours après le début d'une sédation profonde et continue alors qu'il n'était pas en fin de vie et qu'il n'avait jamais rédigé de directives anticipées. Quelque 1 500 personnes se trouvent aujourd'hui dans la situation de Vincent Lambert, accompagnées dans des établissements spécialisés. Si Vincent Lambert est mort au nom d'une conception de la mort “dans la dignité”, quel est pour eux le message ainsi adressé ? La société oserait-elle répondre que leur existence est indigne d'être vécue ?

La situation avait fait réagir Michel Houellebecq. Discret sur les questions qui animent la société, si ce n'est dans ses romans, l'écrivain était sorti de son silence dans les colonnes du Monde , puis en préface de l'ouvrage d'Emmanuel Hirsch consacré à ce sujet ( Vincent Lambert, une mort exemplaire ?, Les Éditions du Cerf). À l'époque, Houellebecq se demandait si le devoir de la société n'était pas de prendre en charge, de soigner et de donner un cadre de vie à ces patients très lourdement handicapés. Sa réponse était sans appel : « La réponse est oui, pour des raisons morales évidentes (et, si notre société venait à répondre par la négative, je devrais, dès lors, me séparer d'elle). » Aujourd'hui encore, l'écrivain est terrifié par ce qui s'est passé, et peut-être plus encore par l'évolution euthanasique que certains souhaitent.

Des limites sans cesse discutées ou repoussées

Écrivain populaire s'il en est, l'homme est pourtant bien seul sur ce terrain. Comme le répète Jean-Louis Touraine, 96 % des Français attendent qu'on laisse la possibilité à ceux qui le demandent et qui sont en fin de vie de choisir leur mort. Le député insiste sur les quelques “affaires” qui ont défrayé la chronique et qui semblent appeler un changement. L'émotion a emporté le débat, dans une société décidément façonnée par l'individualisme, le matérialisme et le relativisme : chacun désire maintenant choisir sa mort, sous la contrainte abstraite de l'imagination du pire.

Du côté des soignants concernés, le discours est parfois très différent. C'est le cas d'un collectif de 175 associations de bénévoles en soins palliatifs, qui commente le chiffre : « C'est une demande de bien-portants, qui occulte la parole des patients ! Personne ne peut se projeter sincèrement dans sa fin de vie et affirmer savoir ce qu'il souhaiterait alors effectivement. » Alain Cocq et d'autres avant lui semblent démentir. Mais combien n'ont pas de parole médiatique ? Combien pourraient raconter une réconciliation de dernière minute, une amélioration inespérée, une fin de vie entourée et paisible ? Sans doute la notion de “dignité” s'en trouverait-elle changée.

Si la loi devait - déjà - évoluer, il faudrait regarder alentour. Certains pays ont déjà dépénalisé l'euthanasie et les limites ne cessent jamais d'être discutées ou repoussées. Dès lors que le principe de l'interdiction de tuer est bafoué, qui pourra contester la légitimité de tel ou tel à vouloir mourir ? Pourquoi certains seraient autorisés à bénéficier d'un suicide médicalement assisté et d'autres non ? Au nom de quels principes supérieurs à la liberté individuelle puisqu'elle prévaut déjà dans le débat ? En d'autres termes, continuerons- nous à être un pays où on envoie les pompiers sauver celui qui tente de se jeter d'un pont parce que nous préférons aider à vivre plutôt qu'à mourir ? Et que celui qui établit une différence entre un jeune dépressif et un handicapé lourd, entre un adolescent désespéré et une personne très âgée se pose la question : qui décide de la dignité d'une personne si la dignité n'est plus inhérente au fait même d'être une personne ? Le débat devrait, au minimum, donner le vertige.

Source : valeursactuelles.com